Obama et le climat : encore un effort, Mister President !
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www.lemonde.fr/a-la-une/article/2014/06/03/obama-et-le-climat-encore-un-effort-mister-president_4430977_3208.html
Les salariés allemands veulent travailler moins
AFP
www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/05/20/97002-20140520FILWWW00244-les-salaries-allemands-veulent-travailler-moins.php
Repenser l’économie à partir du concept universel d’énergie ?
Matthieu Auzanneau
http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/05/14/repenser-leconomie-a-partir-du-concept-universel-denergie/
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Obama et le climat : encore un effort, Mister President !
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Mardi 3 juin, Barack Obama n’est pas arrivé en Europe les mains vides. La veille, en effet, le président américain a pris une initiative sans précédent dans la lutte contre le réchauffement climatique : il a rendu public son projet de réglementation destiné à réduire de 30 % les émissions de CO2 des centrales électriques américaines d’ici à 2030, par rapport à leur niveau de 2005.
Haussant le ton face à la puissante industrie du charbon, M. Obama a décidé d’agir par décrets et directives : autrement dit par la voie administrative. Il entend ainsi contourner le Congrès, et en particulier le Sénat, où le projet de loi contre le réchauffement climatique est bloqué depuis quatre ans. Au risque de déclencher les cris d’orfraie des républicains, qui dénoncent cet abus de pouvoir.
Echaudés depuis la conférence de Copenhague de 2009, où M. Obama leur avait tourné le dos pour s’allier avec la Chine et l’Inde et repousser un traité international, les Européens espéraient ce geste depuis longtemps.
« LEADERSHIP PAR L’EXEMPLE »
Mais il a fallu attendre que passe l’élection présidentielle de 2012 – et que l’économie américaine donne des signes de rétablissement – pour que le président des Etats-Unis ose se réengager sur le dossier du climat. Dès son deuxième discours d’investiture, il a lié la question du changement climatique à l’intérêt national américain. Et, dans son discours de West Point, le 28 mai, il en a fait une composante du nouveau « leadership par l’exemple » qu’il entend développer.
Cette fois-ci, la volonté politique semble donc bien présente. Les circonstances, il est vrai, ont changé. La révolution énergétique pousse les Etats-Unis à s’émanciper du charbon, le principal pollueur. De même, en cinq ans, les Etats-Unis ont réduit leur dépendance énergétique grâce à la fracturation hydraulique et à l’exploitation des gaz de schiste.
Parallèlement, la multiplication d’événements climatologiques extrêmes – sécheresse, incendies, ouragans – a fait prendre conscience aux Américains du péril que l’imprévisibilité du climat fait peser sur leur économie. L’année 2012 a ainsi enregistré le record absolu de chaleur aux Etats-Unis, et les événements climatiques, selon la Maison Blanche, ont coûté 100 milliards de dollars à l’économie.
Les Européens ont pourtant quelques raisons de se montrer circonspects. Les normes envisagées par l’Agence pour la protection de l’environnement ne seront pas finalisées avant un an et font la part belle à l’initiative locale des Etats. Il faudra donc analyser, dans le détail, si elles permettront effectivement aux Etats-Unis de respecter leur objectif immédiat de réduction de 17 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.
En outre, si l’initiative de M. Obama marque un pas significatif, elle ne transforme pas les Etats-Unis en héros de la négociation climatique. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que le deuxième pays pollueur de la planète – après la Chine – agisse à la hauteur de ses responsabilités dans le réchauffement en cours. Les autres pays ne s’y tromperont pas au moment de signer – ou pas – le premier accord mondial sur le climat, à Paris, en décembre 2015.
Les salariés allemands veulent travailler moins
AFP
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Près de 70% des salariés allemands souhaitent travailler 35 heures ou moins, selon une enquête réalisée par IG Metall auprès de 500.000 personnes, adhérentes ou non du syndicat. Selon ce sondage très détaillé, 45% des personnes interrogées souhaitent travailler 35 heures, 18,5% entre 21 et 34 heures et 4,8% encore moins, alors qu’actuellement 17,9% d’entre elles travaillent 35 heures et quelque 9% moins. La durée hebdomadaire officielle du travail en Allemagne est de 40 heures.
« Les gens veulent un nouvel équilibre entre travail et vie privée », a commenté le patron du syndicat, Detlef Wetzel lors d’une conférence réunissant près d’un millier d’adhérents pour leur présenter ces chiffres à Francfort. Estimant que cela sera l’un des « sujets de société des prochaines années », il a réclamé que « le travail s’adapte à la vie des gens et pas seulement le contraire ».
La ministre du Travail Andrea Nahles, invitée de la conférence, s’est étonnée de l’ampleur du chiffre mais en a conclu que les Allemands souhaitaient « davantage de flexibilité » pour pouvoir se consacrer à leurs enfants ou leurs aînés. La flexibilité réclamée aux salariés, qui sous-entend en particulier qu’ils peuvent être amenés à être joignables ou travailler en dehors de leurs horaires de travail, ne doit pas être « une route à sens unique », a réclamé IG Metall. Si l’enquête montre que 78% des personnes interrogées disent pouvoir s’adapter à la flexibilité réclamée par leurs employeurs, elles réclament aussi une plus grande flexibilité en retour.
Repenser l’économie à partir du concept universel d’énergie ?
Matthieu Auzanneau
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Je tente ici de faire le point après l’interview de Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, publiée le mois dernier sur ‘Oil Man’ («Le vrai rôle de l’énergie va obliger les économistes à changer de dogme»), et suite aux nombreux commentaires que cet interview a suscités.
Nous aurions juste tout faux. Selon Gaël Giraud et d’autres avant lui, l’énergie se révèle être, tout compte fait, le paramètre essentiel qui influe sur l’activité économique et permet de la comprendre : son grand faiseur. La valeur du capital dans le capitalisme serait, par conséquent, largement sur-cotée. Au moment où certaines conséquences du réchauffement climatique apparaissent d’ores et déjà « inarrêtables« , l’économie a-t-elle besoin d’un nouveau thermomètre ?
Le rôle de l’énergie est-il si massif qu’il déborde de notre cadre habituel de pensée ? [Bloomberg]
Le prix véritable de l’énergie serait bien différent de ce qui est écrit sur les pompes à essence et de ce qu’énonce la théorie économique. Une théorie économique construite à l’époque où l’on pouvait concevoir une croissance infinie sans que le ciel ne menace de nous tomber sur la tête, où l’Homme était en train de tuer ses dieux et pouvait s’imaginer en être un lui-même. En ce temps-là, le litre de carburant ne coûtait presque rien, mais pomper « l’or noir » sous terre revenait bien moins cher encore. Se sont ainsi offerts aux compagnies pétrolières les fabuleux profits qui ont bâti et consolidé sans cesse les plus formidables places fortes de l’économie mondiale (le pétrole pèse aujourd’hui bien plus lourd que tout autre secteur industriel, et ne cède le pas que devant la seule finance ; or les clés de voûte de la banque internationale que sont JP Morgan Chase et Citigroup sont presque tout autant qu’ExxonMobil des rejetons de l’empire Rockefeller)…
Si la valeur de l’énergie est infiniment sous-estimée, deux questions s’imposent :
– à qui cette plus-value devrait-elle revenir : aux titans capitalistes de l’énergie, dont les plus anciens, à commencer par ExxonMobil, ne parviennent plus depuis déjà une décennie à maintenir leurs volumes de production, en dépit de chiffres d’affaires sans précédent ?
– avec quoi rémunérer ce que serait la vraie valeur de l’énergie : avec notre monnaie fiduciaire qui, depuis l’abandon de l’étalon-or, se trouve déconnectée de tout lien tangible avec une réalité physique quelconque, une « fiat money« devenue plus que jamais prophétie auto-réalisatrice par la grâce des « assouplissements quantitatifs« chargés de remédier à la crise de 2008,… crise qui pourrait bien elle-même s’avérer être la conséquence du choc pétrolier permanent advenu à partir du milieu des années 2000 ?
Une insanité latente pèse sur les réponses envisageables à de telles questions. Si jamais elle appartient à quelqu’un ou à quelque chose, l’énergie revient à la nature entière, et en particulier aux générations à venir (en Norvège, tandis que la manne pétrolière s’épuise, menaçant de saper l’Etat providence, un débat historique vient de diviser le Parlement : faut-il continuer à investir dans les énergies fossiles ?) Et à quoi bon recourir à un étalon monétaire douteux pour mesurer la véritable valeur de l’énergie, puisque celle-ci dispose déjà du joule, son unité de mesure parfaitement objective (le joule comme mesure universelle de la valeur des échanges, voilà une idée, non ?)
Comme bien d’autres histoires naturelles, les phénomènes économiques s’écoulent souvent selon des pentes de plus faible résistance – pentes, hélas dans notre cas présent, largement pré–dic-!tibles! – jusque et bien avant que leurs sources d’énergie se tarissent.
Un grand nettoyage conceptuel s’impose, il me semble. Derrière, il se pourrait qu’apparaissent quelques réponses tragiquement simples à deux problèmes sur lesquels le politique se fracasse vainement depuis plus d’une génération : le chômage de masse et le ralentissement de la croissance.
L’abondance et les coûts très faibles du fioul marin et du kérosène ont autorisé à la fin des années quatre-vingt-dix l’intensification des délocalisations et l’apparition de ce qu’on appelle depuis la mondialisation. Simultanément, la productivité des machines (on pourrait dire aussi bien leur efficacité énergétique) s’est envolée. Ne s’agit-il pas, tout bêtement, de facteurs… puissants… dans la persistance et l’aggravation du chômage de masse au sein des vieilles puissances industrielles ?
D’après les calculs de Gaël Giraud, il FAUT accroître en moyenne la consommation d’énergie de 1 pour aboutir à une croissance de 0,6 du PIB par habitant. Or, sans doute notamment à cause des effets combinés de l’expansion démographique et du très net ralentissement de la croissance de la production mondiale de brut à partir de 1973 (ralentissement intervenu en dépit de l’incitation constante de prix de l’or noir radicalement plus élevés que durant quelque cent années auparavant…), la consommation d’énergie par habitant a plafonné dans les pays riches à partir de l’époque des chocs pétroliers : est-ce là, à l’amélioration de l’efficacité énergétique près, la cause décisive de l’étiolement de la croissance survenu depuis dans ces pays ?
Le germe intellectuel de la sous-évaluation du rôle de l’énergie constatée empiriquement – après d’autres – par Gaël Giraud, tient peut-être tout simplement en ceci : « l’Homme » est l’unique mesure de la théorie économique en vigueur depuis la révolution industrielle. La fonction de production de l’économie classique ne connaît que deux facteurs essentiels : le capital (K) et le travail (L). Si l’énergie (E) se révélait être effectivement le véritable facteur fondamental de la production, alors tout serait à repenser, en premier lieu parce que contrairement au capital et au travail, l’énergie n’est en rien à la mesure de l’homme, avec ou sans grand « h ».
Dans pareil cas, la pensée économique actuelle ne serait rien de plus qu’un anthropocentrisme bêlant, attendant son Copernic et son Galilée, ou pire, ne les ayant même pas vu passer.
L’énergie (en particulier l’énergie colossale et néanmoins limitée emprisonnée dans les chaînes complexes de molécules d’hydrocarbures) n’est pas plus produite par l’homme qu’elle ne lui appartient.
L’énergie, par définition, se conserve. Du capital et du travail sont certes nécessaires, non pour « produire » cette énergie, mais seulement (comme le souligne de façon limpide le physicien français Etienne Klein) pour la transférer d’un système à un autre ou pour en modifier la forme. Et la formation du capital comme la mobilisation du travail, elles-mêmes, réclament de l’énergie. Sans apport d’énergie, capital et travail sont impotents, inertes, voués à se désagréger.
Si d’autres chercheurs viennent confirmer les résultats de Gaël Giraud et de ses collègues, « on peut parier que les théories économiques du futur ne ressembleront pas du tout à celles d’aujourd’hui, et que les économistes qui soutiennent [les théories actuelles] seront un jour aussi ridicules que les médecins de Molière » : je souscris à ce commentaire d’un lecteur, à ceci près que le travail de Giraud prolonge une piste ouverte il y a longtemps déjà !
A force d’échanger depuis dix ans avec des physiciens (Ayres), des ingénieurs (Jancovici) et des économistes (Hourcade, Kumhof et maintenant Giraud) qui ont entrepris de regarder la réalité économique pour ce qu’elle est primordialement, c’est-à-dire une histoire de joules bien avant que de dollars, d’euros ou de yuans, j’ai pour ma part la conviction que tôt ou tard, un paradigme nouveau émergera.
Prix Nobel de chimie en 1921, Frederick Soddy critiquait déjà les conceptions de la théorie économique classique, les comparant à l’impossible machine à mouvement perpétuel.
Même dans des sciences plus « molles » encore que l’économie, il y a beau temps qu’on n’attend plus pour demander ce qu’est l’énergie. Carl Gustav Jung a été l’un des premiers à percevoir que les notions de conservation et de dissipation de l’énergie (les deux lois aujourd’hui bien connues de la thermodynamique) se discernent parmi les plus primitives intuitions symboliques de l’humanité. Nulle trace d’anthropocentrisme dans ces conceptions anciennes, constate le père de l’analyse de l’inconscient collectif : « En réalité, par leur représentation d’une force, les primitifs n’entendent pas du tout des âmes ou des esprits, mais vraiment quelque chose que le savant américain Lovejoy désigne de façon pertinente sous le nom de « primitive energetics ». Cette dernière notion correspond à une représentation de l’âme, de l’esprit, de Dieu, de santé, de force physique, de fertilité, de magie, d’influence, de puissance, de considération, de médicament, ainsi que de certains états d’âme qui se caractérisent par le déclenchement d’affects. (…) Cette image, au cours de l’histoire, s’est développée en des variations toujours nouvelles. Dans l’Ancien Testament, la force magique brûle dans le buisson ardent (…) ; dans les Evangiles, elle pleut du ciel, incarnant le Saint-Esprit sous forme de langues de feu. Chez Héraclite, elle apparaît comme l’énergie de l’univers, comme « un feu éternellement vivant » ; chez les Perses, elle est la splendeur du feu de « l’haôma », de la grâce divine ; chez les stoïciens, on la retrouve dans la chaleur originelle, la force du destin. Dans les légendes du Moyen Âge, (…) elle s’échappe, flamme rougeoyante, du toit de la chaumière dans laquelle le saint est en extase. Dans leurs visions, les saints voient le rayonnement de cette force comme un soleil, comme la plénitude de la lumière. D’après une conception ancienne, c’est l’âme elle-même qui est cette force. La notion de son immortalité comporte sa conservation, et dans la représentation bouddhique et primitive de la métempsychose (ou migration des âmes) se trouve exprimée son aptitude illimitée aux métamorphoses, jointe à sa conservation constante. » (C’est moi qui souligne).
La définition même de la « libido » posée par Carl Jung – qui fréquentait aussi bien les Rockefeller que quelques-uns des pionniers de la physique nucléaire – est littéralement celle-ci : « énergie vitale »[*]. Un astrophysicien français, François Roddier, objecteur de croissance et essayiste « hardi », prétend montrer aujourd’hui que toute l’histoire de l’évolution, et en particulier de l’intelligence, n’a eu jusqu’ici pour seul aiguillon que la recherche d’une dissipation maximale de l’énergie, recherche que Roddier considère (là encore après d’autres) comme une authentique « troisième loi de la thermodynamique ».
Einstein s’est aperçu il y a plus d’un siècle que l’énergie est la clé des interactions physiques (vous savez, E=mc²). Tout phénomène EST énergétique, l’économie comprise. Alors qu’attendent les économistes ? Le temps… presse.
[*] cf. « L’inconscient individuel et l’inconscient collectif ou supra-individuel » (1942) et « L’énergétique psychique » (1928), La réalité de l’âme, 1. Structure et dynamique de l’inconscient, La Pochotèque, Paris, 2008, pp. 55 à 75 et 279 à 346.