TAFTA versus COP 21 : Le sacrifice du développement et de l’économie durable sur l’autel de la croissance
Guy Mathiolon et Bruno Charles
http://acteursdeleconomie.latribune.fr/debats/opinion/2015-11-27/tafta-versus-cop-21-le-sacrifice-du-developpement-et-de-l-economie-durable-sur-l-autel-de-la-croissance.html
Le nucléaire n’est pas une bonne réponse au réchauffement climatique
Yves Marignac, directeur de Wise-Paris (World Information Service on Energy).
www.reporterre.net/Le-nucleaire-n-est-pas-une-bonne-reponse-au-rechauffement-climatique
« Les multinationales ont empêché les COP de résoudre le problème du climat »
Émilie Massemin, entretien avec Vandana Shiva
http://reporterre.net/Les-multinationales-ont-empeche-les-COP-de-resoudre-le-probleme-du-climat
COP21: klimaren zero urtea?
Unai Brea
www.argia.eus/blogak/unai-brea/2015/12/01/cop21-klimaren-zero-urtea/
TAFTA versus COP 21 : Le sacrifice du développement et de l’économie durable sur l’autel de la croissance
Guy Mathiolon et Bruno Charles
http://acteursdeleconomie.latribune.fr/debats/opinion/2015-11-27/tafta-versus-cop-21-le-sacrifice-du-developpement-et-de-l-economie-durable-sur-l-autel-de-la-croissance.html
Un chef d’entreprise et un élu écologiste lyonnais dénoncent conjointement l’opacité des négociations sur le traité transatlantiques TAFTA et son impact potentiellement ravageur sur la vie des citoyens, des PME-ETI et des collectivités locales. Par Guy Mathiolon PDG de SERFIM Groupe, ancien Président de la CCI de Lyon, et Bruno Charles, Vice-président de la Métropole de Lyon (EELV), chargé du Développement durable.
Alors que les états vont ces jours prochains négocier difficilement un traité sur la limitation du réchauffement climatique, la Commission Européenne et les États-Unis continuent d’avancer sur le traité TAFTA, dont certaines dispositions iront pourtant à l’encontre des engagements de la COP 21. Le traité TAFTA, s’il est signé, aura des conséquences très importantes pour la vie des institutions, des entreprises, mais aussi pour chaque famille de notre pays. Et les informations qui nous parviennent au compte-goutte nous fournissent des motifs légitimes d’inquiétude. Que l’on soit chef d’entreprise, responsable politique ou simple citoyen, nous devons nous y intéresser.
Un libre-échange sans garde-fou ?
Balayons d’abord une idée répandue, mais fausse. Ce projet de traité transatlantique n’est pas une manœuvre américaine pour affaiblir l’Europe. Au contraire, la Commission européenne est à l’offensive. Le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, l’affirme : « Le Tafta est plus dans l’intérêt de l’Europe que des États-Unis ». L’objectif avoué est de réduire le déséquilibre commercial existant entre l’Europe et les États-Unis dans l’accès aux marchés publics. En effet les marchés publics européens sont ouverts à 85 % aux entreprises étrangères quand ceux des Américains ne le sont qu’à 35 %. D’autre part, les États-Unis ont depuis longtemps mis en place un « small business act », permettant de réserver une part importante des marchés publics aux PME. Ce sont ces réglementations que la commission a en ligne de mire. Mais bien sûr, comme dans toute négociation, il y a une contrepartie. Si les Américains acceptent de lever les barrières protectrices de leurs marchés, c’est en échange de l’allègement des normes sanitaires, environnementales et sociales européennes.
Les PME françaises sacrifiées au profit des grands groupes ?
Deuxième observation importante, le traité TAFTA est élaboré pour et avec les grandes multinationales : 88 % des « parties prenantes » consultées par la commission européenne ont été des lobbies d’affaires, essentiellement liés aux multinationales. Si le traité est taillé pour les grands groupes, son impact sur les ETI/PME/TPE est beaucoup plus ambigu. Les représentants des PME et entreprises familiales allemandes ont publiquement exprimé des fortes inquiétudes : « (…) ce sont les avocats de grands cabinets internationaux qui siègent et les investisseurs américains qui mènent la danse. La culture entrepreneuriale allemande – ses valeurs de long terme, de tolérance environnementale – est inconnue dans ces milieux, voire tournée en ridicule ».
De fait, on voit mal les PME européennes aller concurrencer les entreprises locales américaines sur les marchés publics locaux : seuls les grands groupes en ont la force de frappe. Et cela aura pour contreparties la mise en concurrence des ETI et PME européennes avec des entreprises appliquant des normes sociales, sanitaires ou environnementales moins élevées. Or, ce serait une erreur grave économique de sacrifier les ETI et PME : entre 2009 et 2013, les ETI ont créé 79 000 emplois pendant que les grands groupes en ont supprimé 57 000
Les collectivités locales limitées dans leur liberté d’organiser le service public ?
Troisième observation, le traité comporte des risques de dégradation tant du niveau de service public que des normes sanitaires et environnementales. TAFTA limitera la liberté des collectivités locales d’organiser librement ses services publics. Une ville ne pourrait ainsi plus décider de re-municipaliser son service de l’eau. Une multinationale américaine de la restauration collective pourrait contester à une ville française la subvention votée en faveur de la cantine publique, ou encore la mise en place de critère d’approvisionnement local pour les cantines…
Des normes environnementales et sanitaires illégales ?
Enfin, TAFTA va nous forcer à abaisser nos normes sociales et environnementales, qui seront considérées comme des obstacles au libre-échange. Le mécanisme appelé « ISDS » autorisera les multinationales à attaquer les gouvernements devant un tribunal d’arbitrage privé si elles s’estimaient lésées par leur législation. Un État pourra être attaqué par une grande multinationale alors qu’il prend mesures de santé publique ou d’intérêt général, et condamné au versement d’amendes ponctionnées sur les budgets publics. Nous ne sommes malheureusement pas dans la politique-fiction. Rappelons que les multinationales du tabac ont attaqué l’Australie devant un tribunal arbitral pour s’opposer à la mise en place du paquet de cigarettes neutre, avec pourtant un objectif fondamental de protection de la santé publique ; que le groupe suédois Vattenfall a récemment attaqué l’Allemagne pour sa décision de sortir du nucléaire en 2022 et lui réclamant 5 milliards d’euros ; ou encore la condamnation de l’État de l’Ontario au Canada, sur requête du Japon et de l’Union Européenne, pour avoir mis en place une politique de développement des énergies renouvelables privilégiant l’approvisionnement local.
Nous sommes favorables à l’économie de marché. Mais elle doit être encadrée par des règles permettant un haut niveau de compromis social et environnemental. Le traité TAFTA aura des conséquences trop graves pour être négocié en secret par un groupe de technocrates dont nous ne connaissons pas la feuille de route. Nous appelons à ce qu’un débat lucide s’engage avec tous les acteurs concernés, institutions, entreprises, ONG, citoyens pour mesurer les enjeux de la négociation qui est en cours avant toute décision irréversible.
Le nucléaire n’est pas une bonne réponse au réchauffement climatique
Yves Marignac, directeur de Wise-Paris (World Information Service on Energy).
www.reporterre.net/Le-nucleaire-n-est-pas-une-bonne-reponse-au-rechauffement-climatique
Pour contenir le réchauffement climatique sous le seuil des 2 °C, Nuclear for Climate propose de doubler la capacité de l’énergie nucléaire dans le monde. Mais cette solution est inefficace et dangereuse, démontre Yves Marignac.
Comme à chaque conférence internationale sur le climat, l’industrie nucléaire va saisir l’opportunité de la COP 21 pour convaincre qu’elle constitue une solution indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’initiative Nuclear for Climate, plate-forme qui dit réunir 140 organisations professionnelles et sociétés savantes du secteur nucléaire, affirme ainsi que « pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C, nous devons doubler la capacité nucléaire dans le monde » [1].
Il ne faut pas s’étonner que le ban et l’arrière-ban du lobby nucléaire se mobilisent pour cette campagne. L’industrie nucléaire a sincèrement cru, à la fin des années 1990, que la lutte contre le climat allait provoquer sa « renaissance ». Sa vertu climatique devait permettre de passer outre les problèmes économiques, et surtout les risques spécifiques à cette énergie – prolifération nucléaire, accident majeur, déchets radioactifs – qui en empêchaient le développement. Après près de vingt ans de déclin continu, qui ont vu sa contribution à la production d’électricité dans le monde passer de près de 17 % à moins de 11 %, l’argument climatique est devenu pour elle une question de survie.
L’idée est pourtant a priori logique : le nucléaire ne brûle pas de combustible fossile, donc n’émet pas directement de CO2, donc il constitue une énergie non-carbonée pouvant se substituer au gaz, au pétrole et au charbon.
Méthode de calcul réaliste
Elle trouve cependant rapidement plusieurs limites, que Wise-Paris vient de rappeler dans un rapport commandé par plusieurs ONG sur le sujet [2]. Tout d’abord, le nucléaire émet indirectement, dans son cycle de vie, des gaz à effet de serre. Ces émissions varient fortement selon les conditions et les méthodes de calcul, dans une fourchette considérée par le Giec entre 4 et 110 grammes de CO2 par kWh. Soit quelques dizaines de grammes en moyenne, une valeur plus faible que les centaines de grammes des énergies fossiles, cependant non négligeable.
Centrale à charbon de la ville de Sarrebruck, en Allemagne.
Ces émissions indirectes doivent être comparées, pour mesurer les émissions que le nucléaire permet d’éviter, à celles qui auraient été émises, toutes choses égales par ailleurs, sans recours au nucléaire. Il faut évidemment introduire ici une hypothèse. L’industrie nucléaire ne s’embarrasse pas sur ce point et considère, afin de maximiser le bénéfice attribué à ses réacteurs, qu’un kWh nucléaire remplace un kWh de centrale électrique thermique au fioul ou au charbon. On pourrait, à l’inverse, considérer que chaque kWh nucléaire aurait pu être remplacé par une production à base d’énergies renouvelables, voire par des actions d’économie d’énergie permettant de se passer de l’électricité correspondante, ramenant ce bénéfice à zéro.
Wise-Paris propose sur ce point une méthode de calcul réaliste : il s’agit de considérer qu’un kWh nucléaire produit à un moment donné remplace un kWh fourni par le reste du mix électrique réel du moment. Cette méthode fournit une estimation de l’évolution des émissions évitées par le nucléaire depuis son développement, qui peuvent être rapportées à l’ensemble des émissions de CO2 générées par la production et l’utilisation d’énergie dans le monde.
Système énergétique productiviste
Le résultat est édifiant. Il apparaît en effet que le nucléaire n’a eu qu’un rôle très marginal sur l’évolution des émissions. Sa contribution représente aujourd’hui environ 1,5 milliard de tonnes de CO2 évitées, ce qui ne correspond qu’à 4 % des émissions réelles de CO2 liées à l’énergie. Cette contribution n’a jamais représenté plus de 6 % des émissions réelles, pic que le nucléaire a atteint en 2000.
Ainsi, le développement du nucléaire jusqu’à son niveau actuel n’a jamais été en mesure ne serait-ce que d’infléchir significativement la croissance vertigineuse des émissions. Celle-ci a représenté depuis les années cinquante, moment où le nucléaire a été introduit, une augmentation de près de 30 milliards de tonnes par an, soit vingt fois plus que ce que le nucléaire a permis, au mieux, d’éviter.
Le nucléaire n’apparaît donc pas comme une alternative aux énergies fossiles, mais beaucoup plus comme une composante du système énergétique productiviste fondé sur ces énergies dont le développement nous a conduit à la crise actuelle. Ce constat, établi à l’échelle mondiale, s’applique d’ailleurs aussi dans les pays qui ont le plus développé le recours au nucléaire. Les États-Unis, par exemple, qui exploitent un quart du parc nucléaire mondial, sont aussi restés longtemps les premiers émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, avant d’être dépassés par la Chine.
L’exemple de la France est encore plus significatif. Avec près de 80 % d’électricité nucléaire, celle-ci a poussé le rôle de cette énergie plus que tout autre pays. Cet effort, qui lui a valu une réduction de 15 % environ de l’ensemble de ses émissions de gaz à effet de serre, lui permet certes de se targuer d’un niveau d’émissions par habitant plus faible que de nombreux pays développés. Mais la France consomme toujours beaucoup d’énergie, dépend toujours à 70 % des énergies fossiles (contre 80 % au niveau mondial), et ses émissions de gaz à effet de serre restent quatre fois supérieures au niveau recommandé par le GIEC.
Contribution mineure
Faut-il, pour autant, rejeter la revendication de l’industrie nucléaire à « faire partie de la solution » au dérèglement climatique ? Il ne s’agit pas ici, comme elle cherche à le faire croire, d’additionner les efforts dans le développement équilibré de toutes les productions bas-carbone. L’urgence commande de se concentrer sur les solutions les plus efficaces et de les combiner de la façon la plus cohérente et rapide possible. L’enjeu est une transformation profonde du système énergétique, s’appuyant d’abord sur des efforts de maîtrise de la consommation d’énergie, et sur le déploiement des énergies renouvelables au plus près des potentiels territoriaux. Ces filières sont désormais matures, et leur capacité à se déployer pour réduire les émissions de CO2 est, en termes de coût, de délais et de performance, sans commune mesure avec le nucléaire. Cette transformation doit intervenir au plus vite.
Plate-forme pétrolière à Abu Dhabi.
Le doublement de la capacité nucléaire recommandé par Nuclear for Climate représente, compte tenu du vieillissement du parc actuel, un effort de construction de réacteurs dans le monde sans commune mesure avec les niveaux actuels de construction, très supérieur au rythme moyen observé dans le passé, et difficilement atteignable en l’état des capacités industrielles de la filière. Un tel développement constituerait un investissement majeur pour une contribution qui resterait mineure.
On ne peut investir un euro qu’une fois. L’urgence commande de faire les meilleurs choix. Partout dans le monde, les solutions plus performantes, plus compétitives et plus rapides de la transition énergétique seraient retardées par l’engagement de nouveaux réacteurs. La priorité ne pourra pas être de sauver le nucléaire si elle est de sauver le climat.
[1] Dans une étude rendue publique début novembre.
[2] Marignac, Y. & Besnard, M., L’option nucléaire contre le changement climatique – Risques associés, limites et frein aux alternatives, Wise-Paris, octobre 2015. Voir le rapport, sa synthèse et sa présentation sur le site du Réseau action climat – France.
« Les multinationales ont empêché les COP de résoudre le problème du climat »
Émilie Massemin, entretien avec Vandana Shiva
http://reporterre.net/Les-multinationales-ont-empeche-les-COP-de-resoudre-le-probleme-du-climat
Le système agro-industriel, contributeur massif au réchauffement climatique, se montre aussi incapable de résoudre les problèmes environnementaux et alimentaires de la planète. Pour Vandana Shiva, la solution est à chercher du côté des « systèmes d’alimentation locale contrôlés par la communauté et gérés par les citoyens ».
Reporterre – Quels impacts ont les modèles agro-industriels sur l’environnement en général, et sur le climat en particulier ?
Vandana Shiva – Plusieurs études ont démontré qu’une part importante des gaz à effet de serre proviennent d’un système d’agriculture mondialisé et industriel. L’agriculture industrielle intensive utilise des engrais issus de combustibles fossiles. Leur production demande beaucoup d’énergie et émet des volumes importants de gaz à effet de serre. Le protoxyde d’azote (N20) qu’ils relâchent est 28 fois plus « réchauffant » que le dioxyde de carbone (CO2).
Les gaz à effet de serre émis lors du transport des aliments ont un coût environnemental très élevé. Quand vous vous procurez vos légumes via une association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), il n’y a pas besoin de réfrigération. Quand vos légumes sont acheminés par des hypermarchés, si. De plus, 50 % de la nourriture transportée sur de longues distances est perdue. Elle se transforme en déchets qui répandent du méthane, un autre gaz à effet de serre. Enfin, la production d’emballages repose sur une industrie extractive polluante – d’aluminium, par exemple.
Par ailleurs, la déforestation représente 15 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Or, l’agriculture industrielle détruit les arbres. En Indonésie, on fait brûler les forêts pour produire de l’huile de palme. Dans la forêt amazonienne, on tue des indigènes pour planter du soja. Ces faits sont en contradiction avec le discours de l’agriculture industrielle, qui prétend qu’elle participe à la conservation des terres.
Alors qu’elle détruit le climat, l’agriculture industrielle ne produit que 30 % des aliments consommés par les humains. Ce n’est pas de la vraie nourriture, seulement des denrées, des marchandises. 70 % des aliments proviennent d’une agriculture paysanne, et c’est une vraie nourriture.
Qui sont les premières victimes de ce système agro-industriel ?
Ceux qui souffrent le plus de ce système et de ses conséquences sur le climat, ce sont les petits paysans. Parmi eux, on compte une grande majorité de femmes. Elles perdent leurs moyens de subsistance, leur sécurité alimentaire et sont déplacées. Dans les cas extrêmes, cela aboutit à une désintégration de la société.
Dans ma région de l’Uttarakhand, en 2013, nous avons connu un désastre. De fortes pluies ont provoqué des inondations. Les femmes des communautés ont dû être déplacées. Aujourd’hui encore, elles sont réfugiées. Elles vivaient dans de beaux logements de bois sculpté. À présent, elles se retrouvent sous des tentes en plastique. Je tremble en pensant à ces paysannes, qui nourrissent la terre et se retrouvent dans des situations terribles.
Pensez-vous que l’agriculture sera un sujet lors de la COP 21 ?
Lors de la COP 21, on parlera de « Climate Smart Agriculture », d’agriculture « climato-intelligente ». C’est l’agriculture que défendent les grandes industries et les entreprises transnationales, qui veulent créer plus de produits artificiels pour, soi-disant, résoudre les problèmes. Les gouvernements, sous l’influence des entreprises, proposent ces fausses solutions qui prônent les OGM et davantage d’intrants chimiques. Ils veulent continuer à dérégler le climat sous prétexte de répondre aux besoins des peuples.
Si on parle de COP 21, c’est que les vingt précédentes COP ont été empêchées par les entreprises transnationales de résoudre un problème pourtant bien connu.
On parle aussi beaucoup de financements climat. Si les pays en finissaient avec les 400 milliards de dollars de subventions accordées à l’agriculture industrielle, on aurait largement les moyens de lutter contre les changements climatiques.
Si on se débarrassait des pesticides, des intrants chimiques et des différentes choses qui posent problème, on aurait une meilleure santé, de meilleures démocraties et des économies plus saines. Donc, qui cherche de vraies solutions doit se tourner vers une agriculture agroécologique et vers des systèmes d’alimentation locale contrôlés par la communauté et gérés par les citoyens.
Pour vous, les Amap représentent une alternative sérieuse au système agro-industriel. C’est pour cela que votre organisation, Navdanya, a signé le Pacte pour la Terre avec l’ONG Solidarité…
En Inde, les Amap ont clairement montré le pouvoir et l’importance des systèmes d’alimentation locaux. Ils réduisent les dépenses de santé et améliorent l’économie. Aujourd’hui, nous pouvons monter en puissance de deux manières. Soit en grandissant et en nous massifiant, soit en nous disséminant partout sous la forme de petits projets. Une chose est sûre : nous avons peu d’options. Les gouvernements peuvent échouer. Mais nous, les peuples, nous ne pouvons pas nous le permettre. C’est pourquoi je suis venue me joindre à l’association Solidarité pour lancer ce Pacte pour la Terre. Il ne s’agit pas d’une pétition, car une pétition serait adressée à des détenteurs de pouvoir. Nous invitons chaque citoyen concerné à faire ce pacte avec les autres, avec la Terre, de cette manière à façonner de nouvelles économies, de nouvelles démocraties et de nouveaux systèmes agricoles. Nous n’allons pas attendre d’une conférence internationale qu’elle apporte la solution. C’est à nous, citoyens, de nous réapproprier les moyens d’action. Parce que nous pensons que l’union fait la force et qu’un citoyen plus un citoyen plus un citoyen peuvent créer un lobby fort et être entendus.
Comment récupérer des terres pour mettre en œuvre cette agriculture paysanne ?
Dans un premier temps, il faut résister à l’accaparement de nouvelles terres. Le modèle de l’Inde est intéressant. Cela fait trois fois que le gouvernement indien essaie de passer une loi permettant d’accaparer plus facilement les terres, et cela fait trois fois qu’il échoue face aux rassemblements de paysans. L’Inde est un pays de petits paysans, pourtant, les terres sont aux mains de grands propriétaires. Il faut donc mener des réformes agraires, et revoir comment on distribue les terres aux petits paysans. Là, le modèle des Amap est utile : une Amap, ce n’est pas seulement des paysans qui cultivent des légumes pour les vendre à des consommateurs. L’idée est que citoyens et paysans se regroupent pour acheter des terres collectivement.
Comment le mouvement pour des semences libres s’inscrit dans cette lutte contre les changements climatiques ?
Il s’y inscrit à trois niveaux. Tout d’abord, il permet aux petits paysans de sauvegarder et de développer les semences traditionnelles. Il permet ensuite aux paysans d’utiliser les semences pour promouvoir l’agroécologie. Ce modèle agricole améliore la fertilité des sols, produit davantage de nourritures et capte les gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère, contrairement à l’agriculture industrielle, qui en émet. Enfin, il permet de résister aux fausses solutions, comme les OGM, développées par de grandes firmes type Monsanto, qui s’approprient les semences traditionnelles paysannes capables de résister aux changements climatiques.
Êtes-vous optimiste sur le développement à grande échelle de l’agroécologie et des Amap ?
Oui, je suis très optimiste. Je crois beaucoup au pouvoir de la vérité. Même si, à court terme, les gouvernements et les lobbies vont avoir leur part de la pomme d’or, c’est la vérité qui va finir par triompher. On peut manipuler un temps les gouvernements, mais pas les peuples.
Les fausses solutions ne font pas leurs preuves. Les OGM ne nourrissent pas la planète, alors que les modèles type Amap, si. On le voit au niveau local, au sein du réseau des Amap d’Île-de-France par exemple : c’est un système qui fonctionne, économiquement parlant.
Je suis optimiste parce que l’histoire, mon expérience, mon activisme, me montrent tous les jours que la démocratie participative est un modèle gagnant pour une véritable souveraineté alimentaire.
COP21: klimaren zero urtea?
Unai Brea
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Hasi da Parisen COP21, beharbada historian ikusmin handiena sortu duen klimari buruzko goi-bilera. Ez da horretarako arrazoirik falta. Kyotoko Protokoloa 2012an agortu zen, atmosfera berotzen duten gasen emisioak murrizteko helburua bete gabe –guztiz kontrakoa–, eta haren luzapen batean gaude orain, 2020ra arte. Urte horretan sartu behar du indarrean Parisen hartuko den akordioak.
Porrotez porrot, Kopenhageko COP15etik sei urte joan dira Kyoto ordezkatuko duen itunaren ezaugarriak definitzeko ahaleginean; ez da denbora nahikoa izan Parisko biltzarrera proposamen ausart barekin iristeko. 2009an adostu zen klima aldaketaren ondorio latzenak saihesteko, mende honen amaieran tenperatura igoera –industrializazioaren aurreko garaitik– 2 ºC-tik gorakoa ez izatea lortu behar zela. COP21 hasterako estatuek aurkeztu dituzten asmoen arabera, ordea, igoera hori gutxienez 2,7 gradukoa izango da.
Bitartean, klima aldaketa aztertzen duen nazioarteko zientzialari taldea, IPCC, argi mintzatu da bere bosgarren txostenean: benetako konponbideari ekin behar diogu lehen bai lehen, denbora agortzen ari zaigu eta.
2011ko World Energy Outlook txostenean, Nazioarteko Energi Agentziak –ez elkarte ekologista batek– zioen atea ixten ari zela, eta 2017rako neurri zorrotzak martxan jarri ezean betiko itxiko zela. Klimaren “zero hamarkadan” gaude, Naomi Kleinek This changes everything (Honek dena aldatzen du) liburuan dioen bezala.
Kapitalismoa klimaren aurka da Kleinen liburuaren azpititulua. Horixe da Parisen, debekuari aurre eginez, eta mundu osoan, milaka lagunek kalean aldarrikatu dutena: klima aldatzeko ez dago beste irtenbiderik gure ekoizpen eta kontsumo ereduak errotik aldatzea baino. Bereziki, erregai fosilei uko egiten hasteko tenorea dugu. Gainerakoa makillaje ariketa hutsa da, eta hogei COP egin eta gero badakigu ez duela funtzionatzen.
Berotegi efektuko gasen emisioak behar beste eta behar bezain azkar murrizteko, lur azpian dauden hidrokarburo gehienak hortxe behar genituzke: lur azpian. Arazoa da milioika dolarreko balioa dutela, edo egozten diegula.
Naomi Kleinek azaltzen duen moduan, mundu osoko konpainiek kontabilizatuta dituzten –eta honez gero euren akziodunentzat irabaziak dakartzaten– hidrokarburo erreserbetan 2.795 karbono giga-tona dago. Baina beroketa globala bi gradutik behera mantendu nahi badugu, ez genuke 565 giga-tona baino gehiago erre behar 2050era bitartean. Bost aldiz gutxiago! Erregai-industriaren bide orria jarraituz gero “planeta frijituko dugu”, Montrealgo idazlearen esanetan.
Hortik dator erregaien %80 lurpean uztearen aldeko kanpaina, aurtengo maiatzean Pello Zubiriak Net Hurbil atalean ARGIAko irakurleei esplikatu ziena. Baina Parisen ez da horretaz hitz egingo, ez eta hidrokarburoen industriaren bide orriari mugak jartzeaz. Makillajeaz hitz egingo da Parisen.