Articles du Vendredi : Sélection du 25 mai 2012

Le Sommet des Peuples à Rio et les mobilisations en défense des droits en Europe

Fátima Mello FASE – Solidarité et éducation
21.05.2012

L’Union européenne accusée de jouer un double jeu en matière de déchets

Gilles van Kote
Le Monde du 17.05.2012

Les populations indigènes d’Afrique et d’Asie contestent le projet Socfin/Bolloré

Frédéric Mousseau, directeur politique du Oakland Institute
Le Monde 22.05.2012

Kapitalismoaren ondorioak ingurumenean: zor ekologikoa

ELA-Ingurumena
4. Ingurumen Buletina – 2012ko maiatza

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Le Sommet des Peuples à Rio et les mobilisations en défense des droits en Europe

Fátima Mello FASE – Solidarité et éducation
21.05.2012

Alors que les mouvements sociaux entament la dernière ligne droite dans la construction du Sommet des Peuples à Rio+20, jeunes, femmes, travailleurs, travailleuses et militants des droits de l’Homme luttent et se mobilisent dans les rues de centaines de villes en Europe.

Les deux processus ont beaucoup en commun.

Dans de nombreux pays européens l’attaque faite aux droits, la précarisation du travail, la séquestration du pouvoir politique par le pouvoir financier et la fragilisation de la démocratie créent les conditions d’émergence de mobilisations de masse.

A Rio+20, les multinationales et le système financier prennent de plus en plus le contrôle des résultats de la Conférence Officielle, écartant les droits du draft du document final, éliminant les conquêtes exprimées par les principes et conventions approuvés dans le système international, livrant au système financier le contrôle de la nature, renforçant une architecture institutionnelle qui mettra à mal l’idée d’une ONU des peuples et renforcera la tendance d’une ONU tournée vers les intérêts du capital.
Rio+20 menace de se tourner en mécanisme d’institutionnalisation et de formalisation du contrôle par le système financier et les multinationales sur diverses institutions et régimes internationaux. Ainsi, la fragile ossature des droits conquis durant des décennies de luttes globales courre le risque de disparaître au profit de l’avancée du contrôle par le secteur privé. De la même façon, le système financier en est venu à séquestrer et à contrôler le pouvoir politique dans des pays comme la Grèce et l’Italie.
Il existe au moins deux points communs forts entre ce qui se passera à l’Aterro do Flamengo et ce qui se passe actuellement dans les rues européennes : la financiarisation de la politique et de la nature, la perte des droits au profit de l’augmentation des bénéfices des multinationales et du système financier.
La crise globale étant au centre de la préoccupation des gouvernements, la Conférence Officielle de Rio+20 va tendre à la polarisation entre deux voies de sortie face à la crise globale via l’austérité et la récession ou via le développementisme et la consommation visant à l’inclusion sociale. Avec pour arrière plan commun la légitimation de l’économie verte comme nouvelle forme de maintien de la croissance économique, des flux globaux d’investissement et de marchandises, et de l’expansion des profits en livrant la nature au marché financier.

Face à ce scénario, le Sommet des Peuples doit affronter d’importants défis.

Il devra venir s’ajouter aux voix des peuples qui en Europe disent largement non à l’attaque faite aux droits et à la financiarisation de la politique.

Il devra aussi chercher de nouvelles formes de convergence afin d’articuler les luttes qui aujourd’hui ont lieu sur plusieurs plans et dans divers lieux, et faire en sorte que se nourrissent mutuellement les nouvelles et traditionnelles formes d’organisation des mouvements sociaux.

Et il devra chercher le chemin difficile de la reconnaissance de l’importance des politiques d’inclusion sociale et du maintien du travail, tout en pointant la nécessité d’altération du modèle de production et de consommation en vigueur.
Pour toutes ces raisons, le Sommet des Peuples à Rio+20 ne sera pas qu’un évènement.

Il s’agira plus d’un moment dans la trajectoire de construction et de renforcement d’un mouvement global qui chaque jour intègre à de nouveaux défis, de nouvelles dimensions, de nouveaux agendas et de nouveaux acteurs, et par conséquent de nouvelles possibilités et aussi de nouvelles contradictions.

Ce sera donc un moment crucial et stratégique dans cette trajectoire car tout indique qu’il pourra inaugurer un nouveau cycle, où l’unité qui existait auparavant autour de l’anti-néolibéralisme pourra s’élargir à une critique plus profonde, et en arriver à placer la nature au centre des luttes pour les droits et la justice.

La lutte pour l’emploi et les droits en viendra à marcher main dans la main avec celle de la défense de Biens Communs et de la nature.

Ceci pourra être le principal leg du Sommet des Peuples à Rio+20 pour le mouvement global.

L’Union européenne accusée de jouer un double jeu en matière de déchets

Gilles van Kote
Le Monde du 17.05.2012

Afin d’acquérir des droits d’émissions de gaz à effet de serre, les pays de l’Union européenne (UE) financent dans les pays en développement, dans le cadre du Mécanisme de développement propre (MDP), des projets de traitement de déchets ménagers qu’ils ne toléreraient pas sur leur territoire, assure un rapport de l’Alliance globale pour les alternatives à l’incinération (AGAI), présenté mardi 15 mai à Bruxelles.

 

Intitulé “Le double standard de l’Union européenne sur le traitement des déchets et la politique climatique”, le document se fonde sur l’étude d’environ 300 projets, qui permettent aux pays européens qui les financent d’obtenir des crédits carbone destinés à être vendus aux entreprises industrielles ayant choisi de ne pas réduire leurs propres émissions. “Alors que la législation européenne insiste à juste titre sur la nécessité d’éviter la mise en décharge des déchets organiques, d’améliorer la collecte sélective à la source, de recycler et de contrôler strictement les émissions des incinérateurs et des décharges, de nombreux projets financés par l’UE dans le cadre du MDP font exactement le contraire”, affirment les auteurs.

 

Le rapport s’en prend principalement aux projets d’incinération et de captage des gaz issus de l’enfouissement de déchets, dont il estime qu’ils se font au détriment des efforts de réduction à la source et de recyclage que l’UE promeut sur son territoire.

NORMES MOINS STRICTES

Il cite une étude de 2005 selon laquelle “le recyclage peut permettre d’économiser trois à cinq fois plus d’énergie que n’en produit l’incinération”. L’AGAI, qui affirme rassembler 650 organisations de 90 pays, en conclut que privilégier l’incinération aux dépens du recyclage des plastiques, papiers ou cartons revient à augmenter les émissions de gaz à effet de serre.

 

Le rapport insiste sur le fait que les normes et contrôles imposés aux incinérateurs financés avec des fonds du MDP sont bien moins stricts qu’en Europe, citant l’exemple de la Chine, principal pays d’implantation de ces installations, où le plafond autorisé d’émissions de dioxines est dix fois plus élevé que dans l’UE.

 

L’étude condamne également la logique qui prévaut en matière de mise en décharge avec récupération du biogaz. Elle pousse les exploitants à enfouir toujours plus de déchets afin d’obtenir davantage de crédits carbone. “Plus on capte de gaz, plus le projet est profitable”, écrivent les auteurs, qui estiment que ce système conduit à augmenter les émissions de méthane, car, en raison de fuites, moins de la moitié des gaz émis par les ordures serait réellement récupérée.

 

L’AGAI déplore enfin le peu de cas fait des récupérateurs qui travaillent sur les décharges dans les pays du Sud et contribuent au recyclage des déchets. Les projets financés par le MDP les excluent, assure l’organisation, qui cite l’exemple de la décharge de M’beubeuss, à Dakar. Un projet de récupération du biogaz financé par le Royaume-Uni y priverait de travail 2400 récupérateurs.

Les populations indigènes d’Afrique et d’Asie contestent le projet Socfin/Bolloré

Frédéric Mousseau, directeur politique du Oakland Institute
Le Monde 22.05.2012

Les tribus Bunong du Cambodge, les pygmées Bagyeli du Cameroun et les villageois de la chefferie de Malen en Sierra Leone ont une chose en commun : ils sont tous aux prises avec le développement de plantations industrielles de palmiers à huile et d’hévéas par des filiales de Socfin (Société Financière des Caoutchoucs), une société dont le principal actionnaire est le groupe Bolloré, détenu par l’homme d’affaires français Vincent Bolloré.

Depuis 2008, dans chacun de ces pays, la résistance s’est organisée face à la perte de terres agricoles, aux conditions douteuses d’attribution des concessions et à l’impact sur l’environnement des activités du groupe et de ses filiales, Socfin KCD au Cambodge, Socapalm au Cameroun et Socfin SL en Sierra Leone. Une lutte inégale est engagée contre un géant présent dans 92 pays – dont 43 en Afrique – qui contrôle non seulement des plantations mais aussi étend son emprise dans de grands secteurs stratégiques tels que pétrole, transport, logistique, manutention et surtout ports africains (13 en 2012).

Dans un rapport publié en avril 2012, l’Oakland Institute a dressé un panorama pour le moins inquiétant de l’opposition des populations locales de ces pays aux plantations de Socfin. Ce rapport détaille en particulier les raisons de l’opposition au plus récent d’entre eux, un projet signé en mars 2011, par Socfin SL portant sur 6 500 hectares (ha) pour établir des plantations de palmiers à huile dans le sud de la Sierra Leone (avec un projet d’extension de 5 000 ha supplémentaires).

Promettant création d’emplois, compensation pour les exploitations agricoles perdues et la construction d’infrastructures, l’investissement a bénéficié d’un soutien au plus haut niveau du gouvernement Sierra Léonais. Malgré ce soutien politique, le projet de Socfin SL se heurte à une forte résistance de la population locale. En octobre 2011, 40 manifestants ont été arrêtés, suite à une tentative de blocus de la plantation par les villageois. Ces derniers protestaient contre le projet d’investissement, le manque de transparence de la société, l’absence de consultation adéquate des populations locales, et le manque d’information sur les perspectives de réinstallation. Ils se plaignaient également des conditions de travail “abominables” et des faibles rémunérations des ouvriers, de la corruption d’élites locales, et de la pression exercée sur les propriétaires de terres et les chefs de villages pour la signature de l’accord.

Réagissant à ce rapport dans un document publié en ligne le 11 avril 2012, Socfin réfute en bloc ces accusations, insiste sur les objectifs de développement durable du projet et accuse les auteurs de manipulation, de malhonnêteté intellectuelle et même de poursuite d’objectifs politiques, ces derniers concernant la proximité – critiquée – entre l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui a passé un séjour en 2007 dans le yacht de l’industriel Vincent Bolloré.

Dans la défense de son projet en Sierra Leone, Socfin omet de façon notoire de commenter le blocus de la plantation opéré par les populations locales et les arrestations de dizaines d’opposants en octobre 2011. Accusant l’Oakland Institute de “paternalisme intellectuel occidental” la société feint d’ignorer que les critiques dont le rapport fait écho reprennent l’essentiel des griefs communiqués à la société par l’association locale des petits propriétaires de Malen, mis en ligne sur le site internet du Oakland Institute.

Alors que la société prétend être engagée en faveur du développement durable, Socfin viole manifestement avec ce projet le principe de consentement libre, informé et éclairé des populations, un principe internationalement reconnu pour ce type d’investissement. En mettant en place en Afrique et en Asie des monocultures de palmier à huile et d’hévéas, elle participe à la perte de biodiversité et à la dégradation de l’environnement. Pourtant, de nombreuses études d’organismes et d’experts internationaux ont montré sans ambiguïté que la voie du développement durable passe par la diversification agricole ainsi que l’utilisation de méthodes écologiques et biologiques de fertilisation et de production.

Enfin, l’accusation de malhonnêteté intellectuelle pourrait être retournée contre la société. Ainsi, pour justifier le faible niveau des salaires dont se plaignent les villageois – fixé à 250 000 leones soit 50 dollars ou 38 euros par mois pour 6 jours par semaine, 8 heures par jour – Socfin fournit un argument bien commode, et fait valoir qu’elle respecte le code du travail sierra léonais et entend éviter de “créer un déséquilibre au niveau macro dans le pays”. Autrement dit, la société refuse d’augmenter les salaires parce que justement les salaires sont bas dans ce pays !

Socfin insiste également dans son communiqué sur le fond de développement social de 75 000 dollars qu’elle offre aux populations locales. Cette somme peut paraître significative au vu du niveau extrême de pauvreté en Sierra Leone. Elle est cependant sans commune mesure avec les bénéfices engrangés par la société ces dernières années. Pour ses 158 800 ha de plantations en Asie et en Afrique, les comptes du groupe Bolloré enregistraient ainsi 250 millions de dollars de bénéfice en 2011, soit une augmentation de 163 millions de dollars (187 %) depuis 2009. Ces chiffres correspondent à un bénéfice annuel moyen de 1 500 dollars par hectare de plantation, soit plus de 10 millions de dollars par an pour une plantation de 6 500 hectares. Même si une nouvelle plantation prend quelques années avant de devenir bénéficiaire, Socfin dispose donc largement des ressources nécessaires pour compenser convenablement les propriétaires des terres qu’elle utilise et assurer des salaires décents aux ouvriers agricoles dans ses nouveaux projets. Mais cela supposerait évidemment d’entamer les dividendes versés aux actionnaires de la société, Vincent Bolloré et ses associés.

Les conditions du projet Socfin en Sierra Leone doivent être revues et les poursuites contre les villageois de Pujehun immédiatement abandonnées. Assurer une réelle transparence dans la mise en œuvre du projet et permettre que toutes les personnes concernées soient réellement consultées sont des conditions indispensables à la poursuite du projet. Publier une étude d’impact environnemental et social approfondie et objective est essentiel afin de donner aux populations locales les informations nécessaires pour renégocier les conditions et modalités de l’accord, voire de le rejeter si elles le jugent contraire à leurs intérêts.

Kapitalismoaren ondorioak ingurumenean: zor ekologikoa

ELA-Ingurumena
4. Ingurumen Buletina – 2012ko maiatza

Aurreko buletinetan mundu mailako ingurumen krisiaz hitz egin dugu, zein krisi ekonomikoarekin eta sozialarekin estuki loturik dagoen.

Egoera hau sistema kapitalistaren ondorioa da. Daukagun alternatiba bakarra sistema aldatzea da, baina horretarako kapitalismoak suposatu duena aztertu behar da.

Sistema honen hitz gakoetako bat hazkundea da. Ekonomia baliabide natural mugatuen esplotazioan, eraldatzean, kontsumoan eta hondakin bihurtzean dago oinarrituta.

Kapitalismoak hazkunde mugagabearen aukera saldu nahi digu, baina hau ezinezkoa da, esan bezala, baliabideak mugatuak direlako. Planetak izan duen bidegurutze zailenean gaude eta oraindik ere irtenbidea hazkundean dagoela esaten digute. Ez, irtenbidea aberastasunaren banaketa justuan eta ditugun baliabideekin funtzionatzean dago eta ez ezer aldatzen ez duen hazkundean. Kapitalismoak ingurumenean eragiten dituen kalteak begi-bistakoak dira ingurura begiratuz gero. Arnasten dugun airea, edaten dugun ura, jaten ditugun elikagaiak,… kutsatuta daude. Sufritzen ditugun gaixotasun asko kutsadura honen ondorio dira. Azpiegituren eraikuntzak eta hirigintza bortitzak lurraldea suntsitu dute, paisaia naturalak desagertzen ari dira, hitz batean, bizi kalitatea galtzen ari gara. Hondakinen gehiegi sortzearen arazoa ere oso gertutik ikusten ari gara erraustegiak eraikitzearen mehatxua dela eta. Eta egunero datozkigun beste arazo pilo bat. Ondorio hauek dira urrats ekologikoa deritzoguna, lurraldean uzten dugun urrats ekologikoa. Baina badira beste ondorio batzuk zuzenean ikusten ez ditugunak, oso urruti agertzen baitira, eta ikusten ez duguna ez dugu kontuan hartzen.

Guk gure lurraldean ez ditugu nahikoa baliabide natural bizi garen bezala bizitzeko, horregatik beste herrialde batzuetatik ekartzen ditugu, gehienetan hegoaldeko herrietatik (Latinoamerika, Afrika,…). Baliabide hauek modu guztiz jasanezin eta miserablean esplotatzen dira ondorio izugarriak eraginez: kutsadura, ondare naturalaren suntsitzea, nekazariei lurrak kentzea, pobrezia, gosea, gaixotasunak, hilketak, nahitaezko migrazioak, eskulanaren esklabotza, herrialde aberatsenekiko menpekotasuna, kanpo zorra,…

Hau eragiten duten enpresa transnazionalak estatubatuarrak, Repsol YPF bezalako europarrak, edo Iberdrola bezalako euskaldunak dira. Enpresa hauek baliabide naturalak oso prezio baxuan ateratzen dituzte herrialde hauetatik, ez baitira eragiten dituzten kalte ekonomiko, sozial eta ingurumenekoez arduratzen. Eta ekiditen dituzten ardura eta kalte horiek dira zor ekologikoa deritzoguna.

Zor ekologikoa zera da: Iparraldeko herrialde industrializatuek eta bertako instituzioek, elite ekonomikoak eta enpresek duten ardura baliabide naturalen jabetze eta kontrolagatik, eta baita beraien produkzio eta kontsumo ereduak eragindako planetaren suntsiketagatik ere. Honek eragin zuzena du tokian tokiko garapenean eta gizon-emakumeon etorkizunean. Definizio honetan oinarriturik, Hegoaldeko herrialdeak dira hartzekodunak eta herrialde aberatsenak gara zordunak. Zor honen oinarrian daude gure eredu industriala, gehiegizko kontsumoa, hondakinen gehiegizko sorrera, berotegi efektuko gasen emisioak, eta halaber, kapitalismoa eta merkatu librea.

Gu ere, herrialde hauetako hiritar bezala eta baliabide hauen kontsumitzaile bezala, zor ekologikoaren arduradun eta zordun gara.

Gure ongizatea beste batzuen ongizatearen kontura.

Errealitate honek gure garapen eredua berriz pentsatzeko eta aldatzeko balio behar digu.