Les réfugiés climatiques trois fois plus nombreux que ceux des conflits en 2013
AFP
www.liberation.fr/monde/2014/09/17/les-refugies-climatiques-trois-fois-plus-nombreux-que-ceux-des-conflits-en-2013_1102199?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
Planète terre, mode d’emploi
Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/planete-terre-mode-d-emploi,50004?xtor=EPR-9
L’agroécologie ne peut être que paysanne !
Confédération Paysanne, Amis de la Terre, Attac, Minga, etc.
www.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=2908
Transition, es-tu là?
Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-es-tu-la,49776?xtor=EPR-9
Stopper les 1000 vaches, Sivens, NDDL, Lyon-Turin, EuropaCity pour laisser place aux alternatives
Maxime Combes
http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/170914/stopper-les-1000-vaches-sivens-nddl-lyon-turin-europacity-pour-laisser-place-aux-alternatives-cit
Mille milliards pour sauver les banques. Et rien pour le climat ?
Pierre Larrouturou
www.reporterre.net/spip.php?article6251
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Les réfugiés climatiques trois fois plus nombreux que ceux des conflits en 2013
AFP
www.liberation.fr/monde/2014/09/17/les-refugies-climatiques-trois-fois-plus-nombreux-que-ceux-des-conflits-en-2013_1102199?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
Selon le Norwegian Refugee Council, 22 millions de personnes ont dû quitter leurs foyers en raison de catastrophes naturelles.
Les catastrophes naturelles ont provoqué en 2013 le déplacement de trois fois plus de personnes que les conflits, ce qui prouve l’urgence à s’attaquer au changement climatique, indique mercredi une étude.
Selon le Norwegian Refugee Council (NRC, Conseil norvégien pour les réfugiés), une organisation indépendante spécialisée dans l’aide d’urgence, 22 millions de personnes ont été déplacées en 2013 en raison des désastres naturels. Le rapport de l’association humanitaire est publié avant le sommet sur le climat qui aura lieu mardi prochain au siège des Nations unies à New York.
Le problème est en train de s’aggraver avec deux fois plus de déplacés dans le monde que dans les années 1970, ajoute le rapport, qui l’explique par la montée de l’urbanisation lors des 40 dernières années dans les pays les plus vulnérables. Le NRC, dirigé par Jan Egeland, ancien coordonnateur de l’ONU pour l’aide d’urgence, a appelé les politiques à faire de cette question des déplacés une priorité, à l’occasion des discussions en vue d’un accord sur le changement climatique en 2015. «Les gouvernements doivent s’assurer que les projets et les donateurs soient attentifs à ce risque grandissant des déplacements, en facilitant les migrations et en prévoyant des relogements d’une façon qui respecte les populations vulnérables», suggère le rapport.
L’étude pointe les résultats des études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), qui estime que l’activité humaine est responsable du nombre croissant de ces désastres. Plus de 80% des personnes déplacées par les catastrophes naturelles l’an dernier se trouvaient en Asie, ajoute-t-elle.
Les Philippines ont subi l’an dernier les catastrophes les plus sérieuses, avec les typhons Haiyan (ou Yolanda) et Trami qui, à eux deux, ont déplacé 5,8 millions de personnes. Par rapport à la taille de leur population, huit des 20 catastrophes les plus graves ont eu lieu en Afrique sub-saharienne, ajoute le rapport, selon lequel l’Afrique risque de plus en plus d’être touchée en raison de la croissance plus forte qu’ailleurs de sa population.
Les nations riches ne sont pas épargnées, comme le Japon avec le typhon qui a touché la région de Chubu (centre), les Etats-Unis avec les tornades dans l’Oklahoma (sud), et le Canada avec les inondations en Alberta (ouest) qui ont déplacé ensemble 600 000 personnes. Le rapport alerte également sur les risques naturels dans les régions en conflit, avec les inondations survenues en 2010 au Pakistan.
Planète terre, mode d’emploi
Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/planete-terre-mode-d-emploi,50004?xtor=EPR-9
Booster l’économie mondiale tout en luttant contre le changement climatique, c’est possible. Un groupe international de personnalités proposent quelques solutions audacieuses, bien loin du projet de loi sur la transition énergétique.
Voilà une étude qui tombe à pic. Une semaine avant l’ouverture du sommet de l’ONU sur le climat, 24 anciens chefs d’Etat, ministres, entrepreneurs, scientifiques et élus donnent leur vision du monde. Dans un rapport de 72 pages, dont la rédaction a été coordonnée par l’économiste Nicholas Stern, le prestigieux aréopage rappelle quelques fondamentaux. Sans action d’ampleur menée urgemment, le climat mondial devrait prendre un coup de chaud de 4°C d’ici la fin du siècle. Le gros des efforts est à mener dans les villes qui produisent 80% du PIB mondial et consomment 70% de l’énergie finale.
Au vu de la vitesse de dégradation des sols agricoles et de l’accroissement de la population, la sécurité alimentaire pourrait être compromise dans certaines régions. Une population plus importante, qui aura des besoins sans cesse croissants, annonce une forte hausse de la consommation d’énergie. Bref, sans une importante inflexion de notre développement, la route s’annonce chaotique.
Réduire les subventions aux énergies fossiles
A moins, bien sûr, que l’on fasse bouger quelques curseurs économiques, -ce que proposent les 24 signataires de l’étude. Leur première recommandation est de rétablir une certaine vérité des coûts. énergétiques, tout d’abord, en éliminant rapidement les subventions données à la consommation d’énergies fossiles. Selon des estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les états (France comprise) consacrent près de 600 milliards de dollars par an (463 milliards d’euros) à réduire artificiellement le prix des carburants et combustibles. A contrario, le montant des aides publiques aux énergies renouvelables, tellement décrié, ne dépasse pas les 100 Md$/an (77 Md€). Renchérir le prix de l’énergie ne suffira pas.
Les auteurs du rapport sur la nouvelle économie du climat militent aussi pour l’instauration d’un prix du carbone. Une élégante façon d’inciter les acteurs économiques à maîtriser leurs émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de remplir les caisses des trésors publics, bien vides jusqu’à présent. Car, de l’argent, il en faudra, rappelle l’aréopage. «Pour favoriser l’émergence de la prochaine vague de technologies bas carbone efficaces, les investissements publics dans la recherche-développement du secteur énergétique devra tripler et atteindre 100 Md$/an vers 2025», estiment-ils.
Eliminer la déforestation
Partout, il faudra moderniser et étendre les infrastructures de transport collectif, les systèmes énergétiques et d’adduction d’eau. L’urbanisme devra être réformé pour que les cités du futur soient plus denses et plus compactes qu’elles ne le sont aujourd’hui, en particulier dans le Nouveau monde. Les auteurs proposent aussi de financer la protection des forêts de sorte que la déforestation (émettrice de GES) s’arrête vers 2030. Coût: 5 Md$/an. Ils recommandent aussi chaudement de partir à la reconquête de 150 millions d’hectares de terres dégradées. De quoi améliorer l’ordinaire alimentaire de plus de 200 millions de personnes.
Le montant du devis, on l’imagine, est considérable. De l’ordre de 90.000 Md$ (69.521 Md€) en l’espace de 15 ans. Aussi considérable soit-il, ce chiffre doit être relativisé. Il ne représente, somme toute, que 1% à 4% du PIB mondial des 15 prochaines années. Dans son précédent rapport sur l’économie du climat, Nicholas Stern estimait le prix de l’adaptation et de l’atténuation à environ 1% du PIB mondial. Dans les deux cas, le formidable coup de pouce donné aux investissements, tant scientifiques que productifs, dynamisera l’activité économique sans nuire aux grands équilibres écologiques.
L’agroécologie ne peut être que paysanne !
Confédération Paysanne, Amis de la Terre, Attac, Minga, etc.
www.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=2908
Nous souhaitons par cette déclaration alerter les participants au Symposium International sur l’Agroécologie pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition organisé par la FAO* le 18 et 19 septembre 2014. Nous affirmons que l’agroécologie ne peut être que paysanne : elle n’est ni compatible avec les «services écosystémiques» ou la notion de «Capital Naturel», ni avec la présence de l’industrie agroalimentaire et chimique dans ce colloque. Ces visions économiques de la nature ne servent pas les pratiques agro-écologiques paysannes mais cherchent à ouvrir de nouveaux marchés aux multinationales qui en profitent pour redorer leur image. Ces alliances et l’agriculture qu’elles dessinent ne portent pas nos ambitions de justice sociale, mais au contraire en sapent les bases.
Nous, mouvements sociaux organisés, associatifs, syndicaux et professionnels, français affirmons que l’agro-écologie paysanne existe aujourd’hui. Nous sommes obligés de la qualifier d’ «agro-écologie paysanne » pour la distinguer de la campagne de communication du Ministère français de l’Agriculture et de son ministre, M. Stéphane Le Foll, qui brandit le drapeau de l’agro-écologie dans le seul but de consolider une politique agricole à vocation majoritairement exportatrice, ainsi que sa volonté de « produire plus », y compris à des fins énergétiques. En continuant de travailler avec les protagonistes du modèle agricole industriel, il ne contribue qu’à verdir une agriculture qui élimine les paysans et standardise toujours plus l’alimentation. Derrière le juste constat que le modèle agricole actuel est dans une impasse, se cache une vision purement technico-économique de l’agro-écologie qui fait la promotion de pratiques qui n’ont rien à voir avec celle-ci. Pire, il y a une volonté de légitimer la financiarisation et l’appropriation de la nature. Les « services écosystémiques » sont marchandisés, la « biomasse » sauvage et cultivée est confisquée par des droits de propriété intellectuelle. La nature est mise sous brevet ! Ces objectifs sont incompatibles avec l’autonomie paysanne et la souveraineté alimentaire, éléments pourtant centraux de l’agroécologie. Dans ce cadre, il n’est pas étonnant que rien ne soit fait pour agir sur le contexte politique et économique global qui détermine les choix agricoles et alimentaires. Ainsi, les politiques publiques et les échanges internationaux ne sont pas remis en question, la question foncière et les enjeux sociaux ne sont pas pris en compte. De fait, en continuant à appliquer les mêmes politiques, le gouvernement français, au lieu d’offrir un cadre favorable aux pratiques paysannes agroécologiques, prend des décisions qui conduisent à l’exclusion progressive de celles et ceux qui les mettent en œuvre. Dans cette agriculture qui se targue de vertus environnementales, les fermes à taille humaine continueront à être remplacées par des usines, les savoirs paysans par des technologies brevetées (comme les drones par exemple) et le travail humain par des machines ou des intrants chimiques. Cette agriculture qui ne survit que grâce à une énergie fossile déclinante et l’exploitation grandissante d’une main d’œuvre précaire cherche son salut dans la « bioéconomie », pour le plus grand bonheur des multinationales et des marchés financiers. Elle camoufle sa fuite en avant destructrice derrière le vocabulaire des alternatives.
Ce à quoi nous sommes confrontés en France se reproduit dans de nombreux autres pays, aussi nous souhaitons partager avec les participants de ce Symposium international notre préoccupation et nos résolutions. Nous entendons défendre les valeurs et promouvoir les initiatives portées par les paysannes, les paysans et les acteurs du mouvement social ainsi que dénoncer les fausses solutions. L’agroécologie paysanne est avant tout un corpusde pratiques vivantes porté par des mouvements sociaux avec un objectif politique commun : une agriculture sociale et écologique ancrée dans les territoires. Elle est partie prenante d’une dynamique de transformation sociétale globale qui touche tous les secteurs d’activité : nous en sommes les principaux acteurs !
Transition, es-tu là?
Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-es-tu-la,49776?xtor=EPR-9
Alors que les travaux parlementaires sur le projet de loi sur la transition énergétique ont démarré le 9 septembre à l’Assemblée, les élus vont devoir enrichir le texte s’ils veulent atteindre les engagements pris par la France. C’est ce que démontrent, noir sur blanc, les associations spécialistes du climat et de l’énergie en s’appuyant sur un outil innovant, le «transitiomètre».
Dévoilé à la presse ce 10 septembre, le transitiomètre possède une vertu précieuse en ces temps d’annonces politiques à tout va puisqu’il confronte, de façon très pragmatique, les mesures du projet de loi sur la transition énergétique (PLTE) aux engagements principaux pris par la France. «Nous avons voulu innover en évaluant le texte, non pas au regard des demandes des ONG, comme on le fait d’habitude, mais par rapport aux propres objectifs du gouvernement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie, etc.», explique au JDLE Anne Bringault, coordinatrice des questions liées à la transition énergétique pour le réseau Action Climat-France (RAC-F) et le réseau pour la transition énergétique (Cler). Une nouvelle façon de mettre les députés et les sénateurs face à leurs responsabilités.
Le grand oubli des transports
Développé avec le cabinet Ecofys, cet outil offre une notation du PLTE au regard de 9 engagements pris par les gouvernements pour lutter contre le réchauffement climatique. On y retrouve la réduction de moitié de la consommation d’énergie finale en 2050, claironnée par le président Hollande en septembre 2013 (16% de chances de réussite seulement), le facteur 4[1] (35%), ou encore la baisse de 20% des émissions de gaz à effet de serre des transports en 2020 actée par la loi Grenelle I (12%). «Les transports sont les grands oubliés de la transition. Le texte n’évoque que les véhicules propres mais fait l’impasse totale sur le fret, les transports en commun, ou la fiscalité diesel», commente Anne Bringault. Un commentaire d’ailleurs revenu plusieurs fois lors de l’audition, le 9 septembre, de la ministre de l’écologie par les députés de la Commission spéciale.
Du côté du bâtiment, le transitiomètre évalue à 13% l’assurance que sa consommation d’énergie sera réduite d’au moins 38% en 2020 par rapport à 2009 (Grenelle I).
La baisse de l’intensité énergétique? Très mal engagée
Le plus mauvais score (8%) est atteint dans le secteur de l’industrie puisque la loi Pope de 2005 fixe à 2% en 2025 et à 2,5% en 2030 la baisse de l’intensité énergétique finale. Un score toutefois sans surprise au regard de l’absence de l’industrie du débat national sur la transition énergétique.
Sans surprise non plus, l’engagement de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité en 2025 ou 2020 ? n’est garanti qu’à 10% à la lecture du PLTE. «Quelle sera la trajectoire de la consommation? Quelles sont les prévisions d’exportations? Quels réacteurs devront fermer? Le projet de loi n’apporte aucune information», relève Anne Bringault.
L’essor des énergies renouvelables? En bonne voie
Quant à la réduction de 30% de la consommation d’énergies fossiles en 2030, elle n’obtient qu’un petit 14%. Au final, seul l’objectif d’atteindre 23% d’énergies renouvelables dans la consommation finale en 2030 est bien engagé, avec 51% de chances d’y arriver. «Malgré l’infléchissement qui a été opéré au cours des dernières années, au rythme de politiques erratiques !!! , le PLTE contient plusieurs mesures précises comme le permis unique pour développer les projets éoliens ou le doublement du fonds Chaleur», évalue Anne Bringault.
En matière de précarité énergétique, enfin, c’est un engagement issu du débat national qui a été retenu. Soit la rénovation annuelle de 330.000 logements de ménages précaires. Le résultat est peu glorieux (18%) notamment parce que le chèque énergie, déjà flou, ne permettra pas à lui seul d’y parvenir. L’obligation de construire des bâtiments à énergie positive, annoncée récemment par la ministre de l’écologie, n’a d’ailleurs pas été retenue puisqu’elle n’apparaît dans la version actuelle du PLTE qu’avec la mention «chaque fois que c’est possible».
Accessible en ligne, le transitiomètre sera réactualisé au fur et à mesure des avancées parlementaires. Actuellement bloqué à 20%, il devrait bouger dès le 23 septembre, en fonction des amendements retenus par la commission spéciale de l’Assemblée nationale.
[1] C’est-à-dire la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050
Stopper les 1000 vaches, Sivens, NDDL, Lyon-Turin, EuropaCity pour laisser place aux alternatives
Maxime Combes
http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/170914/stopper-les-1000-vaches-sivens-nddl-lyon-turin-europacity-pour-laisser-place-aux-alternatives-cit
L’actualité est frappante. Les protestations contre une série de projets inutiles et imposés, et le déploiement du processus Alternatiba, invitent à imaginer et construire le monde de demain, tandis que quelques-uns, dont le gouvernement, essaient de faire perdurer à tout prix le siècle passé.
Dans le Tarn, un Conseil général socialiste fait détruire une zone humide – le Testet – dans le but de construire un barrage visant à alimenter en eau (sans production électrique) quelques agriculteurs désireux d’étendre la production insoutenable de maïs dans la région. Dans la Somme, les promoteurs de la ferme-usine des 1000 vaches ont installé ce week-end, sous la protection des gendarmes et de manière illégale, les premières vaches qui ont vocation à être réduites à des productrices de méthane. A Notre-Dame des Landes, le gouvernement se refuse d’annoncer officiellement la fin du projet, laissant doutes et interrogations planer et limiter le déploiement des projets alternatifs actuels et à venir. Entre la France et l’Italie, les gouvernements Italiens et Français tentent de passer en force, quitte à manipuler tout ce qui peut l’être (voir ces deux articles sur le site de Attac France ici et ici), pour construite une nouvelle ligne ferroviaire dispendieuse, inadaptée aux besoins et nocive sur le plan de l’environnement. A Gonesse, quelques hommes d’affaire et investisseurs frappadingues, et soutenus par de nombreux élus locaux, veulent construire (et climatiser) des pistes de ski aux portes de Paris en lieu et place d’une rare zone toujours agricole.
La liste de ces grands projets inutiles et imposés (voir cette carte), pourrait s’étendre longuement, surtout si l’on y rajoute tous « les petits projets de merde » qui, partout sur le territoire, remplacent des milieux naturels et des terrains agricoles par des routes, des habitations et des zones d’activités, au rythme insoutenable de 165 ha par jour. De Notre-Dame des Landes à Sivens en passant par les 1000 vaches, des femmes et des hommes ont décidé de protester contre ces projets symboles d’un monde qui se meurt et qui nous conduit dans l’impasse. Une impasse productiviste qui détruit les populations et l’environnement. Une impasse du toujours plus vite et toujours plus grand qui appauvrit notre rapport au monde et aux autres. Une impasse climatique qui hypothèque notre avenir et celui de la planète. Enfin, une impasse démocratique où les décisions qui comptent sont prises sans celles et ceux qu’elles concernent.
Qui dit qu’il n’y a pas d’alternative ?
Du côté des promoteurs de ces grands ou petits projets, toujours la même rengaine du progrès, du développement et de la modernité pour justifier l’injustifiable : il est pourtant exceptionnel que ces projets résistent à une analyse critique des arguments qui sont supposés en justifier la construction. Ainsi, l’aéroport de NDDL est surdimensionné pour Nantes et sa région, au détriment de zones agricoles nécessaires à leur alimentation et de zones humides dont la perte ne pourra être compensée. Autre exemple, la ferme des 1000 vaches détruit des emplois, pollue les sols et poursuit un modèle agricole insoutenable au moment où de plus en plus de monde, y compris au ministère de l’agriculture, voudrait promouvoir des pratiques « agro-écologiques » (dont il faudrait bien-entendu préciser les contours).
« Mais ces opposants systématiques ne font que s’opposer et n’ont rien à proposer si ce n’est revenir à la bougie » maugréent promoteurs et zélateurs mal informés de ces projets inutiles. Que nenni ! Pas de chance, cible manquée ! Pour donner à voir, pour renforcer, pour dynamiser et pour déployer les milliers d’alternatives concrètes qui s’inventent sans bruit – et souvent sans bulldozers – dans les territoires, ces mêmes opposants, et quelques autres, ont lancé le processus « Créons 10, 100, 1000 Alternatiba » à l’issue d’une première initiative des plus réussies à Bayonne le 6 Octobre 2013. Un processus qui essaime partout, y compris à Gonesse, à l’endroit-même où Auchan veut construire des pistes de ski et un gigantesque complexe touristico-commercial. Alternatiba Gonesse, c’est ce WE des 20 et 21 septembre. Et c’est à ne pas manquer pour se rendre compte que la transition se construit sur les territoires, avec et par les populations, comme une alternative sérieuse et fondée à l’inaction politique et aux mal-actions d’un secteur privé inconséquent.
Passer à l’action, oui ! Mais pas à n’importe quelle action !
Passer à l’action, comme l’annonce le secrétaire Général des Nations-Unies Ban Ki-moon qui organise un (nouveau!) sommet mondial sur le climat le 23 septembre, oui bien sûr ! Mais pas n’importe quelle action ! Et pas à n’importe quelle condition ! Promouvoir des fausses solutions comme c’est envisagé par Ban Ki-moon, c’est non ! Nous n’avons point besoin de livrer l’agriculture et les forêts des pays du Sud à la finance carbone pour maximiser le stockage du carbone et améliorer les rendements. Pas plus que nous n’avons besoin de mega-projets énergétiques, y compris renouvelables, aux quatre coins de l’Afrique. Ni de donner toujours plus de pouvoirs à des multinationales et des acteurs financiers qui ont généré les désastres que nous connaissons. Encore moins des projets techno-scientifiques élaborés par quelques apprentis-sorciers du climat qui sont prêts à tester tout et n’importe quoi sous prétexte de lutte contre les dérèglements climatiques.
Non ! Nous avons besoin de la mobilisation des énergies citoyennes pour reprendre le contrôle sur nos vies, sur nos économies, sur nos sociétés, et entamer un profond changement de système. Comme l’exprime la déclaration rendue publique ce mardi 16 septembre et signée par 330 organisations, nous avons besoin d’un « système qui vise l’harmonie entre les humains et la nature, et non maintenir un modèle de croissance sans fin », « un nouveau système qui réponde aux besoins de la majorité et non de quelques-uns ». Les pistes alternatives existent et fleurissent partout où des gens se mobilisent et utilisent leurs marges de manœuvre pour inventer des modes de vie, des pratiques et des biens et services soutenables qui satisfont les besoins et construisent la résilience des populations face aux dérèglements climatiques. Bref, qui construisent la transition énergétique et sociale dont nous avons besoin.
Que le gouvernement choisisse donc son camp, si ce n’est pas déjà fait.
Nous avons choisi le nôtre.
Tant qu’il ne sera pas prêt à mettre en œuvre les propositions que nous portons, nous ne l’appellerons pas à « passer à l’action » : nous combattrons ses projets et les projets qu’il soutient, pour inventer un autre futur, pour inventer notre futur.
Maxime Combes, membre d’Attac France et de l’Aitec, engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)
Mille milliards pour sauver les banques. Et rien pour le climat ?
Pierre Larrouturou
www.reporterre.net/spip.php?article6251
Des milliards d’euros ont été avancés pour sauver les banques. Si l’on peut mettre tant d’argent sur la table pour les banques, il faut en faire autant pour sauver le climat. À quelques mois du sommet Climat de Paris, il est temps de lancer un grand plan de financement de la transition énergétique et d’affirmer avec force qu’il y a une alternative au dogme néo-libéral destructeur du climat défendu par les pseudo-socialistes.
Pour sauver les banques, la Banque Centrale Européenne a mis mille milliards sur la table en décembre 2011. En juillet 2014, la BCE annonçait qu’elle allait de nouveau mettre mille milliards à disposition des banques à taux « zéro ». Si l’on peut, à deux reprises, mettre mille milliards pour sauver les banques, il faut en faire autant pour sauver le climat.
C’est en partant de cette idée qu’un certain nombre de réseaux préparent depuis deux mois une Initiative Citoyenne Européenne. Notre objectif est d’obtenir un Pacte européen « Énergie Climat Pouvoir d’achat » qui permettrait à chaque État d’emprunter chaque année pendant vingt ans 1 % de son PIB à taux nul auprès de la Banque européenne d’investissement.
Pour la France, cela signifie vingt milliards chaque année pendant vingt ans pour isoler les bâtiments et développer les énergies renouvelables. Ce pacte devrait aussi financer un grand plan de recherche européen sur les énergies renouvelables, les nouveaux moyens de transport et l’efficacité énergétique.
En dix ans, plus de 2 600 milliards ont été créés par les banques privées et pour les banques privées. Il est urgent de remettre la création monétaire au service des peuples et du bien commun plutôt qu’au service des banques.
– Création monétaire par les États : 0 euro
– Création monétaire par ou pour les banques privées : 2 628 000 000 000 euros
Relancer la création monétaire « publique » ? Cette idée est de moins en moins tabou. En Allemagne, le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) affirmait en mars 2014 que pour éviter que l’Europe retombe en récession, il serait temps de faire de la création monétaire. C’est une piste qu’a également évoquée le CESE dans son dernier avis sur le financement de la transition énergétique.
De plus en plus d’études montrent que la transition énergétique est une chance, qu’elle peut être source d’économies (jusqu’à 1 000 € d’économie par ménage et par an, d’après la Commission européenne) et créatrice d’emplois (200 000 emplois en France en 2020, 632 000 en 2030 d’après l’étude de P.Quirion basée sur le scénario négaWatt).
Au-delà des études et des grands discours, il est fondamental que la France et l’Europe prouvent avant le sommet climat organisé à Paris fin 2015, qu’on peut agir efficacement contre le dérèglement climatique.
En un an, l’ICE sur l’eau a rassemblé 1 880 000 signatures. Nous pensons qu’il est possible de lancer une démarche semblable pour imposer dans le débat public l’idée d’un financement massif de la transition énergétique qui ne repose pas en premier lieu sur les ménages.
Avec un tel financement à taux 0, rendre obligatoire les travaux de mise aux normes n’est pas de « l’écologie punitive » mais peut être un contrat gagnant-gagnant pour tous les acteurs.
(www.youtube.com/watch?v=v3SvC5ayCWQ – Une minute pour comprendre mille milliards d’euros pour sauver le climat. Nouvelle Donne)
Convergence joyeuse
« Il n’y a pas d’alternative » affirment Manuel Valls et Pierre Gattaz. « Il n’y a pas d’alternative » répètent en chœur Christine Lagarde et Pascal Lamy. Mais nous sommes des millions à savoir qu’une alternative est possible : nous étions des milliers l’an dernier à Bayonne pour Alternatiba (Bizi, qui organisait ce rassemblement, est parmi les soutiens de l’ICE 1000 milliards pour le climat). Nous sommes des milliers à nous battre contre le projet d’aéroport de NDDL ou contre l’usine des 1000 vaches (la Confédération paysanne est aussi avec nous).
Nous sommes des dizaines de réseaux à soutenir l’Initiative Stop TAFTA. Ça aurait de l’allure (comme on dit poliment) que nous soyons des dizaines de réseaux aussi à nous rassembler pour l’initiative Climat. Nous pourrions faire campagne en disant « Voilà ce que nous ne voulons pas (Stop TAFTA) et voilà ce que nous voulons (1000 milliards pour sauver le climat). »
En sortant du Tribunal d’Amiens le 1er juillet, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, parlait de « la convergence joyeuse » des réseaux et des citoyens nombreux venus soutenir les démonteurs de l’usine des Mille vaches. Dans la crise politique gravissime que provoque l’alignement du gouvernement pseudo-socialiste sur les thèses néolibérales, cette convergence joyeuse est un vrai signe d’espoir.
Elle était bien visible aussi lors des journées d’été des mouvements sociaux organisées par ATTAC : 2.000 citoyens venus de toute la planète, qui phosphorent ensemble pour construire des solutions concrètes, ça fait du bien !
Donner plus de force encore à cette convergence, prendre l’habitude de travailler ensemble sur des objectifs communs dans le respect de nos différences, aller ensemble à la rencontre des citoyens qui désespèrent, pour leur prouver qu’il y a de la lumière au bout du tunnel, c’est aussi un des objectifs de l’initiative Climat.
Si vous voulez que votre association, votre ONG, votre collectivité ou votre syndicat s’engage à son tour, vous êtes tous les BIENVENUS. Le texte d’appel en cinq langues et le contact sont sur le site Sauver le climat.
Source : Pierre Larrouturou pour Reporterre
Lire aussi : Climat : Le Bourget doit être la conférence du peuple