Articles du Vendredi : Sélection du 16 décembre 2022

Défendre le territoire climatique
Nicolas Goñi
www.enbata.info/articles/defendre-le-territoire-climatique

Comment faire la jonction entre notre culture de la participation et la défense de la stabilité climatique, composante essentielle de notre territoire comme de tous ceux de la surface du globe.

Guerres et territoires

En mai dernier, le sociologue et anthropologue Bruno Latour se demandait si le sol européen est en train de changer sous nos pieds, à travers une analyse dans la lignée de son ouvrage « Où atterrir » . Il pointe un décalage quant à la perception de l’Europe, qui, contrairement aux États respectifs qui la composent, est trop souvent vue uniquement comme institution, et très peu comme réalité physique et affective, autrement dit comme territoire. Territoire à la fois au sens culturel et historique, et au sens matériel de milieu physique avec ses écosystèmes, ses ressources et ses fragilités face au climat. Il pointe également un second décalage, quant à la compréhension de ce qu’est un conflit territorial: l’invasion de l’Ukraine par les chars marqués du «Z» est évidemment comprise par tous comme un conflit territorial, par contre ce n’est pas du tout ainsi que sont comprises les masses d’air de 50˚C qui ont écrasé l’Inde et le Pakistan ce printemps, causant morts, impacts sanitaires (épuisement dû à la chaleur mais aussi pollution de l’air par les poussières, l’ozone et les particules des centrales électriques à charbon tournant à plein régime), pénuries d’eau, incendies dans les décharges publiques, coupures électriques massives, débordements de lacs glaciaires causant crues et destruction d’infrastructures, pertes agricoles (récolte de blé parfois réduite de moitié, troupeaux morts d’insolation ou de soif), incendies de forêts, etc. Pourtant, nous dit Latour, cette température de 50° est associée à un envahissement par les peuples européens, en particulier anglophones, qui ont depuis deux siècles modifié la température de la planète, ce qui revient à un envahissement du territoire de l’Inde aussi sûrement qu’à l’époque des conquêtes coloniales et de la création du Raj. […] si l’on a bien raison de caractériser le conflit en Ukraine comme une guerre coloniale, alors c’est aussi le cas bien plus encore des guerres climatiques. La rapidité et la coordination des réactions de l’UE – quoiqu’imparfaites et non dénuées de contradictions – dès le début de la guerre en Ukraine contraste avec l’inaction à peu près complète concernant le problème climatique, dont l’ampleur ne fait pourtant plus de doute. Sur cette question, globalement nous n’arrivons pas à croire ce que nous savons comme le disait le philosophe Jean-Pierre Dupuy il y a déjà 20 ans.

Le climat est une composante du territoire

Pour tous ceux qui ont à cœur la préservation d’une agriculture dynamique en Iparralde, les terres agricoles de Marienia, comme l’an dernier celles de Berrueta à Arbonne, et toutes celles menacées par la bétonisation ou les GPII, sont immédiatement perçues comme faisant partie de notre territoire. On pourrait presque dire que les arguments logiques contre l’artificialisation et pour la préservation du foncier agricole sont « en plus », dans le sens où en amont de cette dimension rationnelle, ce qui donne l’énergie humaine de ces luttes s’exprime d’abord à un niveau intuitif, viscéral : ces terres nourricières qui soutiennent une agriculture à échelle humaine prolongeant et renouvelant celle de nos grands-parents, sont une part de nous. Dans un autre domaine mais de la même façon, les arguments sur les avantages du bilinguisme ou de l’apprentissage par immersion sont « en plus », en amont il y a la défense viscérale de l’euskara, qui est sur un autre plan aussi une part de nous. Par contre, pour la défense de l’équilibre climatique, nous ne faisons pas (encore) intervenir les mêmes mécanismes intérieurs. À l’instar de l’Europe dans la description de Latour, la dynamique de l’atmosphère est encore perçue comme une abstraction, et pas comme une part de notre territoire. Bien que le climat conditionne les bases de nos vies c’est-à-dire le cycle de l’eau, les écosystèmes qui nous entourent et la possibilité de s’en nourrir de façon stable – à travers l’agriculture – il reste globalement perçu comme « ailleurs », hors de portée. Gazeuse, transparente, non délimitée par des bordures, l’atmosphère n’a pas la même matérialité, et encore moins la même dimension affective, que la vallée des Aldudes, de Sakana ou d’Orba par exemple. Bien qu’elle fasse aussi des va-et-vient dans nos poumons à longueur de journée, elle demande un effort supplémentaire pour être comprise comme une part de nous.

En tant qu’humanité, notre territoire physique c’est cette mince couche à la surface du globe terrestre : quelques dizaines de centimètres de sol fertile, les océans, rivières et lacs, et cette couche d’air dont la stabilité permet la vie dans et à la surface des sols, dans l’eau, et même dans l’air. À une échelle locale, en tant que communautés de destin, nos territoires perceptibles sont des parts de cette surface de sols et d’eau.

Quant à l’atmosphère, elle est le lien entre local et global, l’élément commun entre notre territoire ici, et celui du Pakistan écrasé par la canicule, celui du Bangladesh, des Vanuatu, Tuvalu et Salomon qui subissent la montée des eaux, celui de la Somalie où une cinquième année de sécheresse consécutive menace 7 millions de vies, et celui des régions riches où l’industrie pétrolière engrange des bénéfices records, la même industrie qui a déployé des efforts de communication depuis 50 ans pour nier ou semer le doute quant aux effets de la combustion de carbone fossile sur le climat. À la nuance près que dans les régions riches, majoritairement non tropicales, le déséquilibre du climat n’a pas encore des conséquences aussi destructrices, ce décalage permettant entre temps de mener cette guerre climatique différée qu’évoque Latour.

Identités collectives, moteurs d’action

C’est l’un des aspects les plus injustes du problème climatique, comme le relevait Harald Welzer : les pollueurs et les payeurs sont essentiellement situés dans des régions et à des époques différentes. Concernant les époques nous sommes depuis une quinzaine d’années dans une période charnière, prenant enfin réellement conscience de l’ampleur du problème, tandis que la marge d’action pour faire bifurquer l’histoire se réduit à chaque COP ratée, à chaque engagement politique trahi, à chaque investissement dans les énergies fossiles.

Welzer disait également que la question de ce qu’on peut faire, et comment, ne peut recevoir de réponse si on n’a pas d’abord dit comment on veut vivre. Le malheur de la modernité fonctionnaliste, c’est qu’elle ne raconte pas sur elle-même d’histoire fondatrice d’identité, dans laquelle on pourrait s’inscrire en tant que citoyen·ne et développer dès lors le sentiment d’un “nous” identitaire concret. Avec la création d’une bonne société, une telle histoire pourrait être racontée. Ce que Welzer appelle bonne société, c’est une société fondée sur une culture de la participation, où tout·e un·e chacun·e est partie prenante des décisions collectives qui influent sur les conditions de nos vies. Cette culture de la participation résonne avec notre histoire locale où les décisions publiques ont longtemps été prises dans le cadre de fors, de biltzar, de juntes locales, accompagnée d’une culture de l’entraide et de l’auto-organisation qui fonde une grande part de ce « nous » identitaire concret.

La jonction que nous avons à accomplir aujourd’hui est entre cette culture de la participation qui est une part de nous, et la défense de la stabilité climatique qui est une composante essentielle de notre territoire, comme de tous ceux de la surface du globe.

Un contrepoids aux rétrotopies

En écrivant sur les rétrotopies en fin d’année dernière, je n’imaginais pas en voir si tôt des expressions aussi brutales dans deux grandes puissances en déclin : côté tellurocratie, une guerre d’invasion appuyée sur un discours voulant venger la perte de la grandeur impériale passée, et côté thalassocratie, le recul d’un droit fondamental issu des luttes féministes du XXème siècle, appuyé sur un discours de restauration d’ordre moral théocratique mêlé de suprémacisme blanc. Violences de natures différentes, mais dans les deux cas une conception brutaliste de la « grandeur nationale » , souhaitant non pas une société libre mais une masse aveugle d’hommes obéissants prêts à tuer et de femmes pondeuses obéissantes, ethniquement blancs de préférence.

Le mouvement pour le climat s’inscrit bien sûr dans une vision internationaliste et émancipatrice aux antipodes de ces valeurs, mais ne remplit pas pour l’instant le rôle de fournir une dimension viscérale à l’énergie des activistes. Cela laisse un espace vacant dont risquent de tirer profit les dynamiques de fascisation de l’écologie que décrit Antoine Dubiau. Même si pour l’instant l’extrême-droite reste plutôt liée à l’extractivisme fossile et à la minimisation du problème climatique, des reconfigurations sont en cours, qui ont pour point commun d’utiliser l’argument de la « nature » pour justifier antiféminisme, racisme, frontières, hiérarchies sociales etc. Autrement dit la « nature » fantasmée, mise au service d’une « grandeur nationale » bien éloignée de notre culture de la participation, là où l’enjeu est au contraire la compréhension de l’interdépendance et la défense de la stabilité climatique (j’imagine ces gens construire avec leurs petits bras un mur de 33km de haut le long de toutes les frontières terrestres et des eaux territoriales de France, afin de bénéficier d’une atmosphère 100% française épargnée par le réchauffement climatique et protégée de l’intrusion de CO2 d’origine africaine ou musulmane).

En 1943, Simone Weil écrivait : ce sentiment de tendresse poignante pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable, est autrement chaleureux que celui de la grandeur nationale. L’énergie dont il est chargé est parfaitement pure. Elle est très intense. Un homme n’est-il pas facilement capable d’héroïsme pour protéger ses enfants, ou ses vieux parents, auxquels ne s’attache pourtant aucun prestige de grandeur? […] La compassion pour la fragilité est toujours liée à l’amour pour la véritable beauté, parce que nous sentons vivement que les choses vraiment belles devraient être assurées d’une existence éternelle et ne le sont pas. On peut aimer [sa patrie] pour la gloire qui semble lui assurer une existence étendue au loin dans le temps et l’espace. Ou bien on peut l’aimer comme une chose qui, étant terrestre, peut-être détruite, et dont le prix est d’autant plus sensible.

Il y a quelques semaines dans une vague de chaleur inédite en Haute-Navarre, 15000 hectares ont brûlé, dont des champs de blé mûrs, la vallée d’Orba que chante Benito Lertxundi, ou des forêts de 5 siècles à Gares. Le genre de choses vraiment belles, qu’on aimerait savoir éternelles et qui sont désormais menacées par les conséquences du dérèglement du climat. C’est une part de nous qui est menacée, c’est le sentiment qui de plus en plus nous poussera à agir.

Comment les banques françaises réchauffent la planète
Bon Pote
https://bonpote.com/comment-les-banques-francaises-rechauffent-la-planete

C’est l’un des sujets les moins médiatisés et pourtant absolument crucial. Les banques réchauffent la planète et continuent de le faire sans jamais avoir de compte à rendre.

La 13e édition du rapport Banking on Climate Chaos vient d’être publiée et les chiffres sont comme chaque année faramineux. Un seul suffit à comprendre l’ampleur du désastre : les banques françaises ont alloué plus de 350 milliards de dollars aux énergies fossiles entre 2016 et 2021, dont 130 milliards aux 100 entreprises développant le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles. Tout cela après l’Accord de Paris. C’est un scandale, et le mot est très certainement un euphémisme.

Tout le monde doit s’approprier les chiffres de ce rapport. Aussi bien les activistes climat que toutes les personnes qui ont un compte en banque. L’activité des banques a un impact dramatique sur le climat, la biodiversité, mais aussi sur de nombreux pays et peuples qui souffrent directement et indirectement de leurs activités.

Avant-Propos : contexte et mise en perspective

Avant d’entrer dans le détail des chiffres et des ordres de grandeur, il y a au moins 3 éléments importants à connaître.

Premièrement, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a déclaré en 2021 que “l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050 – auquel 44 des 60 banques concernées par ce rapport se sont engagées – ne nécessite “aucun nouveau champ pétrolier ou gazier“. Aucun signifie AUCUN. Nous allons pourtant constater que les banques ont partout dans le monde massivement soutenu les entreprises qui font le plus pour ouvrir de nouveaux champs pétroliers et gaziers.

Deuxièmement, comme souligné par  Welsby & al. , « pour conserver 50% de chance d’arriver à une température de +1.5 °C, 90 % du charbon et 60 % du pétrole et du gaz connus doivent rester dans le sol ». Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il n’y a pas 150 solutions : mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles.

Troisième et dernier point, ce rapport insiste sur notre dépendance aux énergies fossiles dans laquelle les banques ont une responsabilité directe. Cette dépendance est non seulement responsable du changement climatique (rapports du GIEC), mais aussi indirectement de guerres comme récemment en Ukraine. L’expérience nous montre que malgré les annonces en fanfare de neutralité carbone en 2050 faites en 2021, le jeu du business as usual (et donc de l’inaction climatique) a été quasi systématiquement préféré au respect de l’Accord de Paris.

Une chose est désormais certaine : toute banque soutenant une entreprise qui développe les énergies fossiles est à l’origine du chaos climatique.

Comment lire ce rapport ?

Ce rapport présente le financement des banques commerciales et d’investissement pour l’industrie des énergies fossiles, et analyse les 60 plus grandes banques pertinentes du monde en termes d’actifs. Il agrège leurs principaux rôles en matière de prêts et de souscriptions de dettes et d’émissions d’actions.

La majorité du financement bancaire des énergies fossiles a pris la forme de souscription d’obligations et d’actions, et non de prêts. Cela indique une énorme faille pour toute politique bancaire qui ne s’applique qu’au portefeuille de prêts de la banque. Rappelons que leurs engagements de neutralité carbone ne couvrent globalement que le bilan, car leurs obligations sont plus larges : adoption de cibles de décarbonation et baisse d’exposition.

Concernant le périmètre, environ 2 700 filiales de 1 635 sociétés mères sont concernées, chacune ayant reçu un financement dirigé par l’une des 60 banques analysées et qui sont impliquées dans l’extraction, le transport, la transmission, la combustion, le commerce ou le stockage de toute énergie fossile ou d’électricité d’origine fossile.

Passons désormais aux montants…

Des ordres de grandeur criminels

Les chiffres qui vont suivre sont si importants qu’il est difficile d’imaginer ce que cela représente. Ils devront systématiquement être mis en face de chaque promesse, chaque parole des responsables “green”, “RSE”, “banque d’un monde qui change”. Voici quelques ordres de grandeur choquants du rapport, liste non exhaustive :

  • Le financement des énergies fossiles par les 60 plus grandes banques du monde a atteint 4 582 milliards de dollars au cours des six années qui ont suivi l’adoption de l’Accord de Paris.
  • Pour la seule année 2021, 742 milliards de dollars de financement des énergies fossiles.
  • AUCUNE BAISSE notable des financements en 2021 comparé à 2020, et compte tenu des projets déjà et entreprises déjà financés, il y a un risque que 2022 ne soit pas une année favorable au climat.
  • Les banques américaines continuent d’être les pires, avec les quatre premiers financeurs au monde (JPMorgan Chase, Citi, Wells Fargo et Bank of America), suivis par Morgan Stanley et Goldman Sachs dans le top 14. Ces six banques ont fourni 29 % du financement des énergies fossiles recensé en 2021.
  • L’expansion pétrolière et gazière est remarquablement concentrée : les 20 premières entreprises sont responsables de plus de la moitié du développement des ressources et de plus de la moitié des dépenses d’investissement dans l’exploration.

Les banques françaises, une honte internationale

Impossible n’est pas Français ! Malgré les centaines d’alertes des scientifiques sur les conséquences mortelles du réchauffement climatique, les grandes banques françaises continuent de jouer un rôle clé dans l’expansion fossile. Depuis la COP21 :

  • Elles ont accordé 131 milliards de dollars de financement aux 100 entreprises qui développent le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles.
  • Elles font de la France le 3e pays à soutenir le plus le développement des énergies fossiles, derrière les États-Unis et la Chine.
  • La place de Paris représente le 1er soutien de l’Union européenne à l’industrie des énergies fossiles, et talonne de très près celle de Londres. 87 % de ces capitaux proviennent de seulement 3 banques : BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole.
  • Crédit Agricole est le 4ème banquier de Gazprom depuis 2018, et premier de Total

Mention spéciale à BNP Paribas, qui nous fait l’honneur de se distinguer. La banque est le 5e financeur mondial du développement des énergies fossiles, après 4 banques états-uniennes. BRAVO ! Ou plutôt pas bravo, c’est une honte internationale. Seul Bruno Le Maire, ministre de l’économie bloqué en 1970, peut se réjouir d’une telle prouesse.

Notons que BNPP est même première en Arctique, région qui se réchauffe 3 à 4 fois plus vite que le reste de la planète et dont l’évolution inquiète au plus haut niveau les climatologues. Mais que représente la survie d’une partie de l’humanité comparé au profit et à la joie des actionnaires ?

Banques, énergies fossiles et guerres

La Global Oil & Gas Exit montre que le développement des industries pétrolière et gazière est remarquablement concentré : les 20 premières entreprises sont responsables de plus de la moitié des ressources en cours de développement et des dépenses d’exploration de nouvelles réserves. Le soutien des banques à ces entreprises est également remarquablement concentré : les 10 premiers banquiers de ces 20 premières entreprises sont responsables de 63 % du financement des grandes banques de ces entreprises.

Le graphique ci-dessous est remarquable, et montre bien que l’enjeu dépasse celui des banques : il englobe tout le système économique mondial. Vous reconnaitrez des noms d’entreprises qui financent au quotidien des dictatures et parfois des guerres, comme la Russie qui a envahi l’Ukraine il y a désormais plus d’un mois.

TotalEnergies, Gazprom, Saudi Aramco, BP, ExxonMobil, Qatar Energy, PetroChina… que des entreprises bienveillantes qui sont sans aucun doute LA solution au réchauffement climatique, à en croire leurs présidents respectifs qui n’ont cessé de le répéter lors de la COP26. Une hypocrisie mise en lumière plus d’une fois, sans que cela ne crée une réelle indignation générale.

La Banque Postale, seule contre exemple ?

D’après l’Oil and Gas Policy Tracker, aucune banque française n’a mis en place de politique d’exclusion robuste, limitant de manière significative les soutiens aux principales entreprises responsables de l’expansion pétro-gazière. Non seulement les mesures prises par les grandes banques françaises ne couvrent que certaines parties de l’industrie pétrolière et gazière, mais elles n’impactent aucunement les majors du secteur qui prévoient encore des plans d’investissements massifs dans les énergies fossiles, y compris non conventionnelles.

Aucune, sauf La Banque Postale. Il y a quelques mois, la banque a annoncé une politique novatrice qui suspend son soutien à toutes les entreprises qui développent le pétrole et le gaz, et qui engage la banque à abandonner complètement le financement du pétrole et du gaz d’ici 2030. C’est un engagement fort pour une banque dont les actifs s’élèvent à 901,7 milliards de dollars. A suivre bien sûr, les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient.

Dans une moindre mesure, des banques telles que le Crédit Agricole et Nordea Bank ont pris des engagements similaires concernant le charbon. Le Crédit Mutuel a également adopté une politique d’exclusion du financement des promoteurs de mines de charbon, d’usines et d’infrastructures, mais n’a pas encore inscrit sur une liste noire complète les sociétés d’expansion pétrolière et gazière. De biens maigres consolations lorsque l’on connait les ordres de grandeur et les profits engrangés par les 60 banques de ce rapport.

Existe-t-il des solutions ?

Le rapport indique 4 mesures à prendre pour garder une chance de respecter l’Accord de Paris. Celles-ci sont obligatoires si nous souhaitons limiter le réchauffement à +1.5°C :

  • Interdire tout financement pour tous les projets d’expansion des énergies fossiles et pour toutes les entreprises qui étendent l’extraction et l’infrastructure des énergies fossiles tout au long de la chaîne de valeur.
  • Commencer immédiatement à réduire à zéro tout financement des énergies fossiles, selon un calendrier explicite et aligné sur la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C, en commençant par l’extraction et l’énergie du charbon, ainsi que le financement des projets existants et des entreprises actives dans le pétrole des sables bitumineux, le pétrole et le gaz de l’Arctique, le pétrole et le gaz offshore, le pétrole et le gaz fracturés et le GNL.
  • Mesurer, fixer et publier des objectifs pour annuler l’impact climatique absolu de l’ensemble des activités de financement sur un calendrier aligné sur 1,5°C, y compris des objectifs à court, moyen et long terme.
  • Interdire tout financement de projets et d’entreprises qui violent les droits humains, y compris les droits des autochtones. Respecter pleinement tous les droits humains, en particulier les droits des peuples autochtones, y compris leurs droits à l’eau et à leurs terres et le droit à un consentement libre, préalable et éclairé, tel qu’énoncé dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Les solutions sont évidentes et connues depuis des décennies. Ce n’est qu’une question de volonté politique. Les dirigeants qui jouent la carte du chantage à l’emploi écologique jouent en réalité le jeu de l’inaction et ne seront probablement plus aux responsabilités pour en assumer les conséquences.

Le mot de la fin

Les dirigeant(e)s des banques du monde entier ont le devoir de faire plus. De faire mieux que des promesses qu’ils ne tiendront jamais, ou de jouer l’avenir de la planète sur des promesses technologiques dans lesquelles ils n’investissent même pas de manière significative. Le devoir moral de ne pas laisser une Terre inhabitable pour une partie de l’humanité dans les années à venir. Si la plupart des décideurs ne seront plus là pour être jugés, pouvoir prendre sa retraite autrement qu’avec 50 degrés l’été en France ne semble pas être l’idée la plus stupide qui soit.

Tous les citoyen(nes) doivent s’approprier les ordres de grandeur de financement des banques aux énergies fossiles et demander des comptes aux banques, y compris les banques françaises qui participent activement au réchauffement de la planète. Aussi, et par conséquent, toute personne qui vient relativiser la nécessaire baisse de financement des énergies fossiles est un ou une ennemi(e) du climat, et a probablement des intérêts à jouer le statu quo.

Le GIEC l’a rappelé dans son dernier rapport : “tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipée en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique manquera une brève occasion, qui se referme rapidement, de garantir un avenir vivable et durable pour tous”.

Des aliments de qualité pour les quartiers populaires : « On a aussi droit au beau quand on n’a pas de thunes »
Nils Hollenstein
https://basta.media/des-aliments-de-qualite-pour-les-quartiers-populaires-on-a-aussi-droit-au-beau

L’association Vers un réseau d’achat en commun veut démocratiser l’accès à une alimentation de qualité par des groupements d’achats dans les quartiers populaires et des évènements organisés avec et pour les habitant·e·s. L’occasion d’aller au-delà des clichés.

Le hall d’entrée du centre socioculturel Maurice Noguès, dans le 14e arrondissement de Paris, est déjà très animé en ce samedi après-midi. Et pour cause : le centre accueille dans ses locaux un concours de cuisine réunissant les talents culinaires du quartier. De nombreuses habitantes – des femmes à une écrasante majorité – sont venues accompagnées de leurs enfants ou de leurs amies. Le plaisir de se retrouver et les embrassades ne se font pas attendre, tandis que certaines s’affairent déjà en cuisine. Dans un coin, les enfants mettent également la main à la pâte en préparant brochettes de fruits, pancakes et autres douceurs sucrées.

« Aline, je peux te parler ? », « Aline, comment ça va ? », « Aline, je mets ça où ? » Sans cesse sollicitée, la directrice de l’antenne parisienne de l’association Vrac (Vers un réseau d’achat en commun), Aline Di Carlo, passe d’une salle à l’autre pour finaliser les derniers détails. Tapis rouge : OK, sièges pour le public : OK, table des juré·e·s : OK. On la sent perfectionniste pour cet évènement que l’association prépare pour la deuxième fois seulement, après une première édition dans le 18ᵉ arrondissement.

À rebours des clichés

« L’idée du concours, c’est de prendre le contre-pied des clichés sur les quartiers populaires. Ici, on a des talents et des savoir-faire d’un peu partout avec une envie commune : faire du beau et de la qualité. » Ce mantra guide l’activité de l’association au quotidien. Depuis presque dix ans, Vrac, fondé à Lyon, monte des groupements d’achats dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Son objectif : permettre à des habitant·e·s de ces quartiers populaires d’accéder à des produits bios, locaux et équitables, tout en faisant tomber la barrière tarifaire pratiquée dans les grandes enseignes.

Acheter en grosse quantité, sans intermédiaire, en évitant les emballages superflus, « permet de limiter les prix, sans saigner les producteurs », explique Boris Tavernier, fondateur et délégué général de l’association. « Ce sont les producteurs qui fixent leurs prix, nous on achète, selon nos capacités », complète celui qui se revendique fervent soutien de l’agriculture paysanne depuis bientôt 20 ans. « Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, on a le même pourcentage de personnes qui ont envie de bien s’alimenter. C’est pas qu’une question d’argent ou de culture. » Une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (l’Iddri) publiée début 2022 le confirme : les personnes modestes aspirent tout autant que les autres à « bien manger », mais font face à davantage de contraintes pour y parvenir. Les culpabiliser ne fait qu’aggraver les choses [1].

Vrac est actuellement implanté dans 14 villes et 80 quartiers prioritaires, et revendique 4000 familles adhérentes. L’association ouvrira bientôt quatre nouvelles antennes, deux dans le Sud, à Avignon et dans le Pays d’Arles, deux en région parisienne (Nanterre et Saint-Denis). Boris Tavernier espère pouvoir ensuite pérenniser le dispositif : « On peut dire qu’on a mis un pied dans la porte. L’enjeu maintenant, c’est de montrer que ces alternatives peuvent devenir la norme. »

« J’ai été obligée d’utiliser de la carotte violette »

Aujourd’hui, même si les adhérent·e·s du groupement d’achat du 14ᵉ sont peu nombreux·ses, les habitantes et habitués du centre socioculturel répondent présent. « Créer ce moment festif n’est possible que parce que Vrac est présente dans les quartiers et coopère avec d’autres structures », souligne Aline Di Carlo. Le jury pour les plats salés, composé de deux chef·fe·s, d’une journaliste et d’une des gagnantes de l’édition précédente, prend place devant un public fourni.

Pour le concours, les candidates sont soumises à quelques contraintes : utiliser un légume ou fruit de saison dans leur plat ou dessert et revisiter leurs recettes à la sauce végétarienne. Maimouna, une des participantes, ironise : « J’ai été obligée d’utiliser de la carotte violette. »

« À force de nous connaître et de goûter les produits, les gens nous font confiance et (re)découvrent des saveurs qu’ils ne connaissaient pas ou plus », avance Boris Tavernier. Le catalogue de Vrac se concentre essentiellement sur des produits secs, des légumes et fruits de saison ainsi que des produits d’hygiène et d’entretien que les adhérents et adhérentes commandent puis viennent retirer une fois par mois lors d’une permanence. Selon les villes, les catalogues comme les conditions d’adhésion varient.

En général, les habitants des quartiers où s’installe le groupement d’achat sont prioritaires et bénéficient d’une adhésion à prix libre.

Les produits pour le concours de cuisine ont été fournis par Vrac, comme la farine, issue d’un moulin à Versailles. Les recettes sont souvent traditionnelles : variante végétarienne du « poulet DG » (un plat camerounais), vermicelles, couscous tunisien ou encore pastels (beignets) du Sénégal. « J’ai commencé à cuisiner à 10 h 30 ce matin, ça me fait plaisir que le jury puisse déguster mes pastels », exulte Maimouna. Habitante du quartier depuis longtemps, elle « connaît bien les murs » du centre socioculturel. « À la fête des voisins ou de la musique, on me demande toujours de faire un kilo de pastels. J’en apporte souvent trois », raconte-t-elle en riant.

Aller au-delà de l’aide alimentaire

Parmi les participantes, Françoise, trésorière d’une épicerie solidaire du quartier et adhérente de Vrac. L’épicerie solidaire, partie prenante du réseau d’aide alimentaire à Paris, vient en aide aux personnes précaires pendant trois à six mois. « Il faudrait créer des passerelles pour que les gens de l’épicerie solidaire se tournent ensuite vers Vrac. Malheureusement, on n’y arrive pas pour l’instant », regrette-t-elle. Chaque trimestre, au moins 2,5 millions de personnes recourent à l’aide alimentaire distribuée par les organisations caritatives comme le Secours populaire ou les Restos du cœur (dont 80 000 via une épicerie solidaire), selon l’Insee. La tâche est donc immense.

L’action de Vrac, si elle n’est pas encore devenue la norme, vise à s’inscrire comme alternative durable au système actuel d’aide alimentaire : « On est toujours dans une politique où les pauvres ont droit aux restes et aux invendus », fustige Boris Tavernier. « On a aussi droit au beau quand on n’a pas de thunes. »

Cela passe également par l’organisation de moments collectifs comme ces ateliers et concours de cuisine. Tout au long de l’après-midi, les jurés du salé et du sucré soulignent la créativité des participantes. Parmi les préparations primées, les boulettes de viande en trompe-l’œil du Thiou de Maydouna ou le gâteau « design » aux poires et amandes de Nermine. Le public a pu ensuite lui-même déguster les différentes préparations salées et sucrées. Verdict ? Il n’en restait plus une miette.

«Gure aztarna ekologikoak egungoaren hamarren bat izan behar du»
Meadows txostenak, 50 urte. Antonio Valero. Erromako Nazioarteko Klubeko kidea
www.berria.eus/paperekoa/2073/006/001/2022-11-27/gure-aztarna-ekologikoak-egungoaren-hamarren-bat-izan-behar-du.htm

Kontsumoa eta ekoizpena apaltzea eta espiraleko ekonomia martxan jartzea beste biderik ez du ikusten Antonio Valerok. Hazkundearen Mugak txostena egin zuten Donella eta Denis Meadows senar-emazteen adiskide eta taldekide izan zen, eta material kritikoei buruzko ikerketetan nabarmendu da azken urteotan Antonio Valero Capilla (Zaragoza, Espainia, 1951), Zaragozako Energia Baliabideen eta Kontsumoaren Ikerketa Zentroko ikertzailea. Txostenak arrazoi zuela uste du, eta egoera okertu baino ez dela egin. Espiraleko ekonomia ezartzea beste aukerarik ez du ikusten.

Zer esango zenuke Hazkundearen Mugak txostenaren garrantzi historikoaz?

Gizaterian aldaketa handi bat gertatu zen 1970eko hamarkadako energia krisiaren ondorioz. Jendea kezkatuta zegoen ezin zuelako gasolina ordaindu, baina, MITen, sistemen dinamiken inguruan lan egiten ari ziren, eta gaia hartu zuten, aztertzeko. Ikertu zuten, ez bakarrik energia, baizik eta planetari zer gertatuko litzaiokeen norabide berean jarraituz gero. [Jay Wright] Forresterren lanak oinarri hartuta, ondorioztatu zuten arazoa ez zegokiola energiari, eta askoz sakonagoa zela. Ondorioa zen berdin jarraituz gero XXI. mendean kolapsora iritsiko ginela.

Zer erreakzio eragin zuten?

Jendea harrituta geratu zen, baina hori hasiera besterik ez zen. Ondorengo urteetan, sekulako eragina izan du.

Duela 50 urte emandako abisu horiek balekotzat jo ditzakegu, lau berrikusketaren ostean?

Neoliberalismoaren garaian, [Margaret] Thatcherren-eta agintea indarrean zenean, aditu asko hasi zen esaten autore horiek erotuta zeudela, eta azeleragailua sakatzea zela egin beharrekoa, ekonomiak salbatuko gintuelako. Hori hala, 2000ko hamarkadaren amaieran sekulako finantza krisia heldu zen. 1970etik 1990era, kezkaz bizi izan genuen aro bat, baina pentsatuta agian larritasuna ez zela horrenbestekoa. 2000ko lehen hamarkadako finantza krisi horrek kolapsoaren arriskua iragarri zigun berriro. 30 urteren ostean, lehen berrikusketa argitaratu zen, eta emaitza izan zen gauzak uste baino askoz okerrago joan zirela.

Azkenaldiko krisiak planetaren mugak gainditzearen ondorio dira?

Mundu osoko krisi bat baino gehiago bizitzen ari gara: pandemia, klima aldaketa, Ukrainako gerra… Horrek denak 1970eko hamarkadan iragarri zutena baieztatu baino ez du egiten. Orduan, informazio gutxiago zegoen, eta, gainera, aldagaiak ez zeuden horren banatuta… Gaur egun, aurrera egin da alor horietan ere, eta zehaztu daiteke nitrogenoa, fosforoa, lurraren erabilera… Informazioa zehazteak berretsi baino ez du egin 1972ko mezu hura.

Ekonomia neoliberalaren norabidea inoiz ez da aldatu… Noiz arte jarraitu dezake hazkunde horrek?

Paperetan hazten ari gara, billeteetan. Baina paper bakoitzaren atzean, ordaindu behar den elikadura dago, ordenagailuak, bidaiak… Ekuazioa argia da: zenbat eta gehiago hazi, gehiago erauzten diogu Lurrari.

Natur baliabideen erabileran, %2-2,5 hazten ari gara urtero… Meadowsek argi azaldu izan du kontu hau: garapen esponentzialak kolapsora garamatza. Hazkunde iraunkor batek antzututako planeta bat utziko digu, kutsaduraz betea, eta denontzako baliabiderik gabe. Horrek esan nahi du gerrak eta era guztietako tentsioak etorriko direla. 50 urte barru, gaur eskatzen dioguna halako bi eskatuko diogu planetari. Posible al da hori? Ez dut uste. Mugak dituen planeta batean ezin da mugarik gabeko desirarik ase. Eta agintariek ez dute mezu hori entzun nahi.

Aurrezte energetikoa eta ekonomia zirkularra aipatzen dira egun. Zerbait aldatzen ari da?

Ez. Gure aztarna materiala itzela da. Norbere telefonoan 50 osagai baino gehiago daude, eta horietako 20 baino gehiago kritikoak dira. Nork birziklatzen ditu mugikorrak? Orain, modan jarri da ekonomia zirkularra, baina zuriketa berdea atzematen dut. Errealitatea bestelakoa da. Ibilgailuetan ere, 50 osagai baino gehiago daude, eta hogei baino gehiago, kritikoak. Diotenez, ibilgailu elektrikoak izango ditugu, merkeagoak eta kontsumo apalagokoak. Eta nondik atera behar ditugu bateriak eta ekipo elektronikoak ekoizteko materialak? Non daude lantegi fotovoltaikoak eta eolikoak eraikitzeko osagaiak? Uste dugu europarrok eginda besteok jarraituko digutela, baina ezinezkoa da, ez baitiegu utziko hori egin ahal izateko material nahikorik.

Eta energiaren aurrezteari buruz, zer diozu?

Gure motxila energetikoa urtean 2,3 tona petrolio baliokidekoa da. Imajinatu gutako bakoitza —espainiarrez ari naiz, AEBetakoena halako bi baita— halako motxila batekin. Esaten dute: «Aurrez dezagun energia, eta isurketak %20 gutxitzea lortuko dugu». Ondo, eta beste bi tonak zer? Lur emankorrak ere suntsitzen ari gara. Ahal duena eta ezin duena eskatzen diogu Lurrari, eta ongarrietan fosfatoak sartzen dizkiogu… Naturak milioika urtean sortu dituenak erauzten ari gatzaizkio urte gutxian. Nitrogenoa gas eta energia elektriko pila batekin sortzen da, amoniako bihurtzeko. Hor joaten zaigu energia osoaren %5 eta %10 artean, elikagai katean. Gure aztarna ekologikoak egungoaren hamarren bat izan behar du, iraunkorra izateko eta gaur egun horretara iristen ez direnen aztarna orain halako bi izateko. Indiarrek, latinoamerikarrek eta asiarrek gure garapen maila lortzeko, gure kontsumoa apaldu behar dugu. Prest gaude horretarako?

Erregai fosilen ekoizpenak goia jo duela diote ikertzaile batzuek.

Oraindik nahikoa dagoela uste dut. Venezuelan, adibidez, badago nahiko petrolio. LPEEko buru ohi Zaki Yamanik esan zuenez, petrolioa amaitu baino lehenago amaituko da petrolioaren aroa. Kontua da erregai fosilekin jarraitzen badugu klima aldaketak planeta suntsituko duela. Beraz, energia berriztagarrietara jo behar dugu. Baina horiek, eskatzen dugun hazkundea gehituta, ezin dute bermatu eskaria. Eguzkitik bizi behar dugu, baina petrolioarekin egin dugun guztia ezin da ordezkatu, ez daudelako beharrezko material guztiak: ez kobrea, ez eztainua, ez litioa…

Erromako Klubeko nazioarteko taldean zertan ari zarete?

Bi ideia garatzen ari gara. Planeta suntsitzen ari garen ebidentziatik abiatuta, baliabiderik gabe geratuko gara noizbait. Orduan, neur dezakegu urtero zenbat baliabide suntsitzen ari garen. Hau da, hustutako planeta horretara iritsi bitartean —guk Thanatia deitzen diogu— planteatzen dugu gure aztarna txikitu behar dugula, hara horren azkar ez iristeko. Bestalde, zer irtenbide dauden ere ikertu nahi dugu: murriztea eta desazkundea aplikatzea ez ezik, badaude beste bide batzuk ere: espiraleko ekonomia serio hartzea.

Zer da espiraleko ekonomia?

Jarduera guztietan, hondakinak sortzen dira, baina, gauzak ongi eginez gero, hondakin gutxiago sortuko dugu. Naturak hondakinak birziklatzen ditu, eta berriz erabil daitezke. Guk gauza bera egin behar dugu. Ekonomia zirkularretik espiralera joateko bidea ikertzen ari gara.

Oraindik ere, gailu teknologiko eta elektronikoak zabortegira eramateko diseinatuta daude.

Berriki, Seat eta Volkswageneko hainbat ordezkarirekin elkartu da Alicia Valero. Haiek milioi bat ibilgailu muntatzen dute urtero, baina ez dute bakar bat ere desmuntatzen. Orduan, zer egin behar da? Desmuntatzeko eta berrerabiltzeko diseinatu. Auto zaharra txatartegira eramaten dugunean, hainbat osagai ongi dauzka, agian osorik dago ongi… Sakelakoak, gailu elektronikoak… Denak diseinatu behar dira berrerabiltzeko. Bestela, baliabide mineralik gabe geratuko gara. Gainera, erregai fosilen %10 meategietako materialak erauzteko erabiltzen dira. Beraz, klima eragina ere handitu egiten da.

Eta zer esan zioten konpainiek Aliciari?

Bada, ados daudela, baina enpresa handiak transatlantikoak bezalakoak dira. Aldaketa horiek asko kostatzen dira, baina mezu hori presazkoa da. Espero dut oso serio hartzen hastea: beira, manganesoa, rutenioa… Osagaiak birziklatu behar dira.

Industria handiak zaharkitze programatua martxan jarri zuenean, planetaren mugak gainditzeko oinarria jarri zuen?

Tamalgarria da. Ez bakarrik gauzak ez irauteko moduan ekoiztea, baizik eta, gainera, horri epemuga bat jartzea. Ekoizpen gehiago, mozkin gehiago: beraz, inbertsio gehiago ekoizpenean eta material erauzketan. Beraz, hazkunde handiagoa. Gurpil zoro bat da. Naturak ez du dirua eskatzen. Badirudi naturak doan ematen digula dena. Guk kobre kilo baten prezioa erauzketa egin duenari ordaintzen diogu, baina ez naturari. Ez dugu lehengoratzen, ez zaintzen. Nora goaz? Zaharkitze programatuaren teknika horiek planeta lehertzeko teknikak dira.

Gero eta gehiago hitz egiten da energia krisiaz eta baliabideen krisiaz… Ukrainako gerrak eragin du hori?

Hori diogu… Errua gerrari botatzen diogu, baina benetako arazoa da planetak ez duela gehiago ematen. Elementu baikor moduan esan dezakegu jendea ohartzen ari dela aurrezteko eta gauzak beste modu batera egiteko beharraz; gure aitona-amonen gauzak egiteko molde horiei begiratzen hasi gatzaizkie. Planeta hanka erakusten ari zaigu, eta, nahiz eta batzuek pentsatu gerra amaitu ostean lehengora itzuliko garela, klima aldaketak esaten digu ezin garela itzuli. Duela 20 urtetik esaten ari gara material kritikoak daudela, eta liburuak idatzi ditugu, eta orain modan jarri gara.