Une nouvelle étude scientifique affirme que la limitation du dérèglement climatique sous les 1,5°C n’est plus possible. Les effets seront dévastateurs. La responsabilité des dirigeants politiques, des multinationales et des plus riches est immense. Bizi! appelle à lutter pour chaque dixième de degré, afin de préserver des conditions de vie dignes sur Terre.
Ce jeudi 19 juin, 61 scientifiques de 17 pays, dont d’anciens auteurs du GIEC comme Valérie Masson-Delmotte ou Christophe Cassou, publient une étude (1) affirmant que la limitation du réchauffement de la planète sous la barre des 1,5°C « n’est désormais plus atteignable ». D’après leurs calculs nous aurons émis d’ici trois ans les émissions de gaz à effet de serre nous faisant atteindre ce seuil.
L’objectif ambitieux et vital, fixé en 2015 par l’accord de Paris, est donc devenu inatteignable. De nombreux territoires – notamment les petits États insulaires – seront submergés et vont devenir inhabitables. « Qui aurait pu prédire… ? »
Nous subissons les choix criminels des dirigeants qui depuis des décennies ont balayé toutes les alertes des scientifiques, entre déni décomplexé, hypocrisie et demi-mesures.
Nous subissons les choix des multinationales et des plus riches, de Total à BNP Paribas, qui depuis des décennies ont construit leur puissance et leur mode de vie sur l’exploitation massive des énergies fossiles, ont fermé les yeux ou menti sciemment sur l’impact dévastateur de leurs activités, et ont refusé la transformation de leurs activités pour éviter de réduire leurs taux de profits.
Ces derniers mois nous assistons même à un retour en arrière généralisé, dans l’Etat français, en Europe, aux Etats-Unis sur les rares avancées, déjà insuffisantes. En France, la baisse des rejets carbonés enregistrées n’est clairement pas assez rapide pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et même à 2 °C au niveau global, prévient Valérie Masson-Delmotte, membre du Haut Conseil pour le climat. C’est également le cas pour le Pays Basque Nord où la baisse de 10% des émissions depuis 2019 est loin des -43% à atteindre d’ici 2030 selon le GIEC pour une limitation du réchauffement à 1,5°C.
Mais le dépassement du seuil des 1,5°C ne doit pas nous conduire à abandonner la lutte pour le climat et pour un monde habitable.
Chaque dixième de degré supplémentaire a des impacts pour des millions d’êtres humains et les écosystèmes. Chaque dixième de degré supplémentaire nous rapproche des seuils de rupture et de basculement aux conséquences toujours plus dramatiques. Chaque dixième de degré compte.
L’humanité fait déjà face à de nombreux conflits armés meurtriers pour les populations civiles, comment peut-on imaginer une planète en paix dans un monde à +3°C où les ressources pour maintenir nos rythmes de vie seront de plus en plus rares ?
Il est de notre responsabilité, à tous les niveaux, à toutes les échelles y compris localement, d’activer tous les leviers dont nous disposons pour enclencher les changements massifs et immédiats qui s’imposent dans tous les domaines : transports, agriculture et alimentation, énergie, logement, urbanisme, relocalisation, déchets, répartition des richesses, réduction de la consommation…
La métamorphose écologique, au Pays Basque comme ailleurs, est la seule issue pour maintenir des conditions de vie dignes, ici et sur Terre. Nous pouvons vivre autrement, et vivre mieux, tout en respectant les limites de la planète. Le défi est immense, mais il est possible. Il est entre nos mains.
(1) https://essd.copernicus.org/articles/17/2641/2025/essd-17-2641-2025.pdf