Articles du Vendredi : Sélection du 14 octobre 2022

« Le scénario catastrophe serait une sécheresse qui dure trois ou quatre ans en France »
Martine Valo
www.lemonde.fr/planete/article/2022/10/11/le-scenario-catastrophe-serait-une-secheresse-qui-dure-trois-ou-quatre-ans-en-france_6145315_3244.html

 L’hydroclimatologue Florence Habets rappelle que malgré les pluies actuelles, la sécheresse continue et que la France doit se préparer et conserver des « réserves d’eau stratégiques de dernier recours ».

Florence Habets, hydroclimatologue, directrice de recherche au CNRS et professeure attachée à l’Ecole normale supérieure, explique que malgré les pluies, la sécheresse continue. Elle souligne la nécessité de préserver la ressource à long terme, donc de redéfinir les usages prioritaires.

La France est-elle toujours en situation de sécheresse ?

Oui, la ressource en eau reste faible et les prévisions météo ne laissent pas présager d’amélioration significative avant la fin de l’année. Au-delà, il est difficile de prévoir. On peut même dire que la période actuelle est la plus sensible, car nous approchons de la fin des étiages [niveau le plus bas d’un cours d’eau]. A la fin de l’été, sauf s’il pleut beaucoup, il n’y a que les nappes souterraines – même si chacune a sa propre dynamique – et les lacs qui peuvent alimenter les rivières. Or ils les ont déjà beaucoup soutenues, leurs niveaux sont bien bas, les débits très limités. Avec un faible débit plus stagnant, la qualité de la ressource se dégrade.

Nous connaissons une sécheresse record à l’échelle des soixante dernières années, avec une faiblesse des précipitations aggravée par des températures incroyables. Il y a alors un déficit de vapeur d’eau dans l’atmosphère qui entraîne une demande évaporative très forte, ce qui accentue en retour l’intensité du stress hydrique.

Que se passera-t-il s’il ne pleut pas abondamment cet hiver ?

Le scénario catastrophe serait une sécheresse qui dure trois ou quatre ans. Nous savons que c’est possible : nous en avons déjà observé sur des périodes de cinq ou six ans. Regardez ce qui se passe en Californie, par exemple. Se préparer est indispensable pour ne pas aller droit à la catastrophe. Il faudrait conserver des réserves stratégiques de dernier recours – un lac de montagne, une nappe souterraine –, pour les usages essentiels. Mais on doit les préserver sur le long terme, pas les vider pour l’irrigation dès la première saison sèche ! Sinon je ne vois pas comment on pourra s’en sortir. Le principe existe déjà, mais ces réserves contiennent de quoi fournir huit ou dix jours d’eau potable seulement. Elles sont plutôt conçues comme un palliatif en cas de pollution.

Presque tous les départements de la métropole sont encore concernés par des arrêtés préfectoraux de restriction des usages de l’eau. Ces mesures sont-elles efficaces ?

Elles risquent de l’être moins, car avec les quelques précipitations de septembre, les gens voient la végétation reverdir, la question des économies d’eau les préoccupe moins. Pourtant, c’est surtout maintenant que les problèmes se posent : l’alimentation en eau potable est menacée par endroits. Les régions de l’Ouest sont encore classées en rouge. Comme celles du nord de la France, elles s’en sortaient bien jusqu’à présent grâce à des pluies récurrentes, mais elles ne sont pas bien dotées en aquifères. C’est pourquoi il est plus difficile d’avoir de l’eau à Lille qu’à Marseille ou à Montpellier.

Et il ne faut pas oublier que les prélèvements comptent aussi : la sécheresse n’est pas qu’une question de température et d’absence de précipitations. En Bretagne, l’afflux de touristes joue aussi. En Vendée, les cours d’eau sont à sec parce qu’on a vidé la nappe pour l’irrigation. On appelle ce phénomène « sécheresse anthropique ».

Les agriculteurs ont-ils réduit leurs prélèvements ?

On connaît mal ce qui est prélevé. On le saura peut-être dans deux ans, une fois déclarés les volumes qui déterminent le montant de la taxe à payer. Tout le monde ne déclare pas la totalité de ce qu’il utilise. Quelques bassins en tension sont certes équipés de compteurs, mais ce n’est pas généralisé. Les informations ne sont forcément disponibles, ni publiées. Par exemple, la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne elle-même ne sait pas ce que prélèvent les irrigants qu’elle dessert avec son système de canaux et de retenues. Elle pensait pouvoir se passer des relevés individuels grâce aux images satellites. Cela fonctionne bien dans les régions sèches, comme au Maroc par exemple, moins dans celles plus humides où il y a des rotations de cultures qui rendent plus complexe l’interprétation des couleurs de la végétation.

Disposez-vous d’un bilan de l’été ?

Nous l’avons demandé au ministère de la transition écologique. Ce bilan permettrait de voir que les arrêtés préfectoraux de restriction n’ont pas été forcément efficaces, parce qu’il y a eu énormément de dérogations accordées. Celles-ci sont censées être publiques, mais elles ne sont vraiment pas faciles à dénicher.

Quant à la problématique des retenues destinées à l’irrigation agricole, elle revient à considérer que la ressource qui y est stockée appartient aux exploitants. Qu’en est-il de la préservation du milieu dans ces conditions ? Certes les dispositions réglementaires imposent de conserver une part du débit des rivières pour les écosystèmes, mais il s’agit seulement d’un pourcentage fixé à 10 % précisément. Or ces retenues sont souvent situées les unes derrière les autres dans le bassin versant. Ainsi on réserve 10 % de l’une, puis de l’autre, puis de la troisième, et à la fin, il ne reste plus rien en aval.

La polémique sur la nécessaire continuité écologique hydrologique montre qu’il y a des progrès à faire sur la compréhension du cycle de l’eau : les gens ont l’impression qu’en l’arrêtant entre deux seuils où elle stagne et se réchauffe, ils la sauvent, mais c’est faux. La rivière peut apparaître à sec quand elle s’infiltre alors qu’elle s’écoule sous la surface, puis ressort plus loin. Laisser l’eau s’écouler est le meilleur moyen de sauver l’environnement. Sinon les poissons ont le choix entre la prison et la mort.

D’autre part, les retenues et les plans d’eau génèrent une forte évaporation et une augmentation des températures qui favorise des proliférations de cyanobactéries et de toxines. Un printemps peu nuageux favorise la présence d’algues, l’eau devient plus turbide, elle stocke alors encore plus la chaleur. Ces phénomènes appelés « blooms » se multiplient, on les observe notamment au Canada. C’est inquiétant, il en va de l’avenir de nos plans d’eau.

 

La sécurité sociale de l’alimentation mise sur la table
Chloé Rébillard
www.mediabask.eus/eu/info_mbsk/20221008/la-securite-sociale-de-l-alimentation-mise-sur-la-table

 

Le projet de sécurité sociale de l’alimentation gagne en audience dans l’Hexagone. Il fera l’objet de deux évènements au Pays Basque, l’un à Urrugne les 14 et 15 octobre, l’autre à Bayonne le samedi 15 octobre.

Le calendrier d’octobre au Pays Basque Nord est placé sous le signe de la sécurité sociale de l’alimentation. Preuve que le droit à une alimentation durable interpelle de plus en plus. Depuis une dizaine d’années, des acteurs issus du monde agricole et du milieu associatif travaillent sur un dispositif inspiré du système de sécurité sociale de la santé.

Réunis en collectif Pour une sécurité sociale de l’alimentation depuis 2019, ils s’organisent pour promouvoir leur projet. Le principe consiste à développer des caisses locales autour de l’alimentation, gérées démocratiquement par les citoyens et financées par des cotisations sociales. Le projet repose sur trois piliers que détaille Aurélien Carrodano, organisateur de la rencontre avec Sarah Cohen, à Otsokop le 15 octobre prochain : “Universalité, conventionnement organisé démocratiquement dans les bassins de vie et financement basé sur la cotisation sociale, en tant que militant attiré par la justice sociale, la justice environnementale et la démocratie, je les retrouve dans ce projet qui combine ces trois aspects”.

Une “carte vitale” pour se nourrir

Concrètement, le projet prévoit d’octroyer 150 euros par mois à chaque personne pour se nourrir via des professionnels qui auront été conventionnés par les caisses locales. Le conventionnement des professionnels sera décidé par des critères que les caisses locales, réunissant des citoyens, auront elles-mêmes choisi démocratiquement. Le budget mensuel moyen consacré à l’alimentation par personne dans l’État français est compris entre 203 euros pour les ménages les plus pauvres (moins de 1000 euros de revenus mensuels) et 506 euros pour les foyers aux revenus plus élevés (plus de 3500 euros de revenus mensuels). Attention cependant, ces chiffres sont antérieurs à 2022 et ne tiennent pas compte de l’inflation constatée cette année. Les 150 euros ont donc été pensés pour absorber une part importante du budget alimentaire de chacun.

À l’origine du projet, un double constat a été posé sur la table. Celui de la nécessaire transformation de l’agriculture du côté des producteurs et celui de l’impossibilité de choisir son alimentation pour une part grandissante de la population du côté des consommateurs. L’aide alimentaire concerne plusieurs millions de personnes dans l’Hexagone, l’Insee estime qu’entre deux et 3,5 millions de personnes y ont recours. Les associations, de leur côté, estiment ce chiffre sous-estimé et avancent plutôt celui de sept millions de personnes concernées. L’équation est donc insoluble dans le système actuel, manger de la qualité n’est pas accessible à tous les porte-feuilles. L’idée est donc venue en s’inspirant librement du principe de sécurité sociale de la santé tel qu’il a été pensé en 1946, de donner la possibilité à chacun de disposer d’un budget pour choisir ce qu’il met dans son assiette.

Expérimentations locales, en attendant le Parlement

En se structurant ces dernières années, le collectif a gagné en audience mais son projet nécessite de passer par la voie de la législation.

Un horizon qui demeure lointain sous la présidence d’Emmanuel Macron. En attendant de pouvoir réaliser concrètement le projet final, des expérimentations sont menées dans plusieurs territoires pour avancer. C’est le cas à Toulouse, où un projet démarre en janvier 2023 avec cinq caisses dans différents quartiers. Sarah Cohen, l’une des initiatrices explique : “Nous sommes en partenariat avec des associations locales et des acteurs tels que l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Nous nous appuyons sur des dynamiques déjà existantes pour éviter l’écueil de l’entre-soi. Nous avons des stratégies différentes en fonction des territoires, mais avec un fonctionnement déjà fléché. La première étape passe par l’éducation populaire pour former les personnes aux questions alimentaires. Nous devons aussi nous réapproprier la démocratie organisationnelle. L’objectif est de redonner du pouvoir d’agir aux personnes sur l’alimentation”.

L’expérimentation se déroulera sur trois ans, avec un objectif à l’issue du processus : fédérer les cinq caisses de Toulouse et montrer l’exemple pour que d’autres territoires se saisissent de l’idée.

Reste à construire un fonctionnement qui visera à ce que chacun donne selon ses moyens et que tout le monde reçoive la même chose.

Le statut juridique qu’il empruntera sera construit avec les habitants investis, tout comme le fonctionnement précis et le cahier des charges des professionnels qui seront conventionnés.

Le projet sera soutenu par des subventions dans un premier temps afin que le processus puisse s’enclencher.

D’autres territoires tels que Clermont-Ferrand, le Vaucluse ou encore Montpellier démarrent eux aussi des expériences.

Focus à Urrugne et à Bayonne

Pour en savoir plus sur cette initiative, plusieurs rendez-vous sont à noter. À Urrugne le 14 octobre à 20 heures, le film La part des autres sera projeté au cinéma Itsas Mendi suivi d’un débat.

Le 15 octobre, une table-ronde réunissant des acteurs de la dynamique, dont Jean-Claude Balbot, paysan breton et membre du collectif Pour une sécurité sociale de l’alimentation, aura lieu à la salle du conseil de la mairie à 10 heures.

Toujours le 15 octobre, c’est à Bayonne cette fois-ci qu’interviendra Sarah Cohen, l’une des initiatrices d’un projet de caisses locales à Toulouse. Elle échangera avec les participants dans le cadre des journées portes-ouvertes du supermarché coopératif Otsokop de 18 heures à 19h30.

Avec une question en filigrane : et si on essayait au Pays Basque Nord ?

Pour Pantxika Halsouet, membre d’Elgarrekin, qui a co-organisé l’événement à Urrugne, nous n’en sommes pas encore là mais les rendez-vous sont l’occasion “de sortir le débat sur la place publique et de faire le lien entre production agricole et sécurité alimentaire. Plus il y a d’initiatives, mieux c’est. On en est à l’ébauche”.

Que le thème soit abordé ici, au Pays Basque, constitue déjà une avancée.

“Komunitateak birsortzean datza gakoa, indibidualismoa baztertzean”
Jenofa Berhokoirigoin
www.argia.eus/argia-astekaria/2796/alaitz-ajuriagerra-ekotopaketen-antolatzaileetako-bat

Azken krisia. Gure garaia! lelopean iragan berri diren Euskal Herriko lehen Ekotopaketak bukatu berri direla, antolatzaileen artean egondako Alaitz Ajuriagerrarekin hitz egin du ARGIAk, besteak beste, Euskal Herriko mugimendu ekologista eraldatzaile eta eraginkor bat sortzeko erronkari hurbilagotik so egiteko. Bertakoa mundu mailan kokatuz, borroka ekologista ikuspegi dekolonialetik eramateko garrantziaz ere aritu gara.

 

Ekotopaketak bukatu berri, nola zarete? Pozik seguruenik, ikusirik jaso duen harrera.

Oso pozik. Genituen espektatibak gainditu ditugu. Gure behin-behineko balorazioa oso positiboa da. Kuantitatiboki (jende asko) eta kualitatiboki (jende gaztea eta emakumeak, energia eta parte-hartze handia, eztabaida biziak eta anitzak, ikuspegi eraikitzailea…) arrakastatsuak izan dira Ekotopaketak.

Hiru egun horiei begiratu eta zer azpimarratuko zenuke?  

Aurreko galderari erantzundakoaz gain, giro ona, ilusioa eta aurrera egiteko jasotako indarra azpimarratuzko nituzke.

Pertsonalki, ideia edo gogoeta batek bereziki aberastu zaitu? Bazabiltza markatu zaituen hausnarketa edo irakurketa bat gogoan?

Plazera izan zen niretzat ekofeminismoaren mahai-ingurua moderatzea eta parte hartzaileek ekarri zituzten ideia eta hausnarketak entzutea. Helburua mugimendu feminista eta mugimendu ekologistaren arteko aliantzen eta erronken beharraz eztabaidatzea izan zen, eta hor nekazaritza edota baserritik ekarri zen ekarpena azpimarratuko nuke: “agro” aurrizkia txertatzearen beharra. Horrez gain, Hegoalde globaletik mahaigaineratu zen kapitalismoarentzat lurren kontrola mantentzearen garrantziaz hausnartzearena eta horrek dituen ezkutuko oinarriak –arrazistak, kolonialak, kapitalistak eta heteropatriarkalak– argitzearen beharra.

Ekologisten artean saretu izana edo behintzat, saretze bidean urrats bat eman izana ere da Ekotopaketen emaitza.

Bai, eta gainera nabarmentzekoa da gure helburuak bete direla: elkar saretzen joatea eta jende berria erakartzea. Egun mugimendu ekologistan antolatuta ez dagoen jende asko hurbildu zen –500etik 350 bat–; horrek asko poztu gaitu. Krisi ekosozialaren aurrean kezka gero eta handiagoa den seinale da.

Nafarroa, EAE eta Ipar Euskal Herritik batu da jendea ala mapa nazionala ez da nahi bezainbeste bete?

Orokorrean, herrialde guztietatik hurbildu da jendea. Egia da Bizkaitik izan direla gehiengoak, Portugaleten izanda topaketen irisgarritasun irizpidea hartu behar dugu kontuan; baina asko izan dira Gipuzkoatik, Nafarroatik eta Arabatik etorritakoak. Agian Iparraldeko kide gutxi, baina bertan antolatuago daude gai honen inguruan eta Hego Euskal Herrian saretzea da momentu honetako apustua –hori, elkarlana eta esperientziak baztertu gabe–.

Geroari begira, Euskal Herrian ere olatu ekologista bultzatzeko eta gauzatzeko helburua jarri duzue mahai gainean. Zer nolako ezaugarriak lituzke olatu horrek?

Deshazkundea bidea dela ikusten dugu askok; gakoa da nola bideratuko dugun trantsizio hori: behartuta edo planifikatuta?

Transbertsalitate kontzeptua aipatuko nuke. Izan ere, gure egunerokotasunean ekologismoak arlo guzti edo askotan bustitzen gaitu, nahiz eta kontziente ez izan. Helburu nagusia jendartera heltzea izan beharko litzateke.

Ekologista konbentzituak erakartzea da errazena; baina beste gai batzuetan politizatuta eta aktibatuta dagoen jendea beharrezkoa dugu aliatu gisa; eta ortzimuga, jende ez politizatua ekologismoan aktibatzea izango da. Ez da erraza izango, goazen pausoz pauso.

Ikuspegi dekolonialak garrantzia handia du auzi horretan. Gure kontsumoaren alde kolonialista ezin daiteke uka: gure telefono zein ordenagailuetan gordetzen da Hego Hemisferioko herriak suntsitzen dituen mineral ustiaketa eta berdin, gure energia “berdea”-rentzako ditugun eoliko eta eguzki-plaketan. Zer diozue gure kontsumoari begira?

Ez dira galdera errazak erantzuten. Krisi ekosoziala bere osotasunean ulertu behar da eta baita mundu mailako geopolitika eta merkatu kapitalistaren logika ere. Kontsumoa zabala izan daiteke, baina bereziki hiru kontsumo mota nabarmenduko nituzke egun bizitzen ari garen mundu mailako gudan: energetikoa, elikadura eta elektronikoa. Hori esanez, turismo kontsumoari, ehun-gaiei edo arropa eta bestelako kontsumoei ez diet garrantzia kendu nahi, horiek ere sekulako eragina dutelako herrialde kolonizatuetan: ez soilik mineral eta lehengaien ustiaketan eta horren eraginaz ingurumenean; lurren desjabetze, eskubide sozial eta lan esplotazioan ere. Zentzu horretan gure aztarna ekologikoa eta zor kolonialaren inguruan hausnarketa sakona egin behar dugula uste dut.

Azkenean, badirudi deshazkundea dugula bidea. Nola bideratu daiteke? Hizlari batek zioen “gutxiago kontsumituz pozik edo akaso poz handiagoarekin izango garenaren ilusioa piztu behar dugu”. Nola lortu daiteke hori?

Askok ikusten dugu deshazkundea dela bidea, eta gakoa da nola murriztuko dugun gure kontsumoa eta nola bideratuko dugun trantsizio hori: behartuta edo planifikatuta. Izan ere, lehengaiak eta mineralak agortzen ari dira eta bai edo bai gutxitu beharko dugu gurea, gure bizimodua aldatuz. Baina horrek eraldaketa sakonak eskatzen ditu eta kezkatzen nauena da jendartea kontziente ote den horretaz eta prest egongo ote den horretarako, kapitalismoa eta kontsumismoa oso erakargarriak baitira. Gainera, bizitzen ari garen krisia koiunturala dela ulertarazi nahi digute gobernu ezberdinek, alta, estrukturala dela ezin da ukatu. Nire ustez, pedagogia eta sentsibilizazio lan handia dago egiteko oraindik; eta jendartea ez da tontotzat hartu behar. Egoera modu sinple eta ulergarrian azalduz gero, errazagoa izango da piztea gutxiagorekin bizitzeak poz handiagoa izango dugularen ilusioa. Eta ez hori bakarrik, deshazkunde hori planifikatzeak ere lana erraztuko luke, esate baterako, aldaketak ez direlako norbanakoetan bakarrik emango, eredu produktiboa ere moldatu beharko delako, energia iturriak ere aldatu beharko direlako…
Hori guztia bideratzeko ezinbestekoa da aberastasuna, zaintza lanak eta enplegua banatzea –ez dezagun ahaztu ikuspegi feminista txertatzea eta praktikan jartzea, finean, bizitza erdigunean jartzea–.

Ekologistak aspaldian aktibo badira ere Euskal Herriko hainbat txokotan, instituzio eta agintari politikoek ez dute kontuan hartzen horien ekarpena. Nola aldatu daiteke hori?

Mugimendu ekologista indartsu batekin eman diezaiokegu buelta horri, baita gainontzeko eragile, sindikatu eta alderdiekin elkarlanean adostasunetara helduta ere. Esango nuke, orain arte bai mugimendu ekologistak, baita instituzio eta eragile politikoek ere modu sektorialean jorratu izan dituztela arazo ekologikoak –baina, egoera bere osotasunean aztertzea ezinbestekoa da–. Adibidez, gaur egun energiaren, materialen zein lehengaien lehia batean sartuta gaude bete-betean, trantsizio energetikoaren beharra azkartu duena. Horrek epe labur eta ertainean izango du eragina hainbat esparrutan –norbanakoen kontsumoa; eredu produktiboan; lanpostuetan; ingurumenean; pobretze prozesu batean murgilduta gaude eta eragin ekonomiko eta sozial handiak ekarriko ditu–. Horregatik, eztabaida ez da soilik energia berriztagarrietan zentratutako, baizik eta, pobrezia energetikoan, lurraldearen antolamenduan, elikaduran, etxebizitza baterako sarbidean, migrazioan, zerbitzu publikoen eta prestazio sozialen murrizketan ere bai.

Ez die pertsona guztiei era berean eragingo –beti bezala, emakumeak eta pertsona migratu eta arrazalizatuak izango dira ondorio guzti hauek lehenak pairatzen–. Eta ez dezagun ahaztu herri gisa ez garela burujabe hainbat erabaki hartzeko. Garrantzitsua iruditzen zait aliantzak sortzea eta elkarlanean aritzea –iritzi pertsonala da, orain arte gure artean ez ditugulako horrelako eztabaidak eman oraindik–.

Ezin ukan garai gogorrak datozela eta pesimismoa baztertzea neke zaigu askori. Zuek ez duzue sentsazio horretan gelditzeko asmorik. Nola mantendu dezakegu itxaropena eta baikortasuna?

Badirudi mugimendu eta ikerlari ekologistak pesimistak direla, kolapsatzen ari garela diotenak umore txarrekoak direla… baina mugimendu alaia da, bizitzaren aldekoa da. Komunitateak birsortzean datza gakoa –indibidualismoa baztertzean eta gure artean elkarlaguntzean eta zaintzean–, baloreak aldatzean eta gure txikitasunetik elkarrekin garaipen txikiak lortzen joatean. Egoera ez da egun batetik bestera aldatuko, trantsizio ekosoziala prozesu luzea izango da eta denon partaidetza ezinbestekoa izango da.

Orain konkretuki, nola errotu nahiko zenukete Ekotopaketetan errandakoa?

Une honetan garrantzitsuena saretzea da, jendea mugimendu honetara batzea. Ekotopaketetan ikusi eta sentitu genuen indarra eta ilusioa bideratu beharra daukagu, eta orokorrean, gure mezua eta borrokarako grina zabaldu behar daukagu jendartera. Prozesu bat izango da eta ibilbide luzea dugu oraindik aurretik. Hasteko, parte-hartzailea izango den dinamika edo kanpaina bat abiatuko dugu, gai konkretu baten bueltan. Ikusiko dugu horrek nora garamatzan eta nola eragingo duen. Guztia dago oraindik diseinatzeko eta martxan jartzeko, baina talde jator, anitz eta ilusionatu bat prest gaude horretarako. Ez dela gutxi.