Pétrole: un permis d’exploration de Total en Guyane prolongé
AFP
www.lepoint.fr/economie/petrole-un-permis-d-exploration-de-total-en-guyane-prolonge-21-09-2017-2158784_28.php
Climat: le budget carbone de la planète revu à la hausse
AFP
www.goodplanet.info/actualite/2017/09/19/climat-budget-carbone-de-planete-revu-a-hausse/
Obsolescence programmée : la première plainte en France contre des fabricants d’imprimantes
Sofia Colla
www.wedemain.fr/Obsolescence-programmee-la-premiere-plainte-en-France-contre-des-fabricants-d-imprimantes_a2994.html
Huit idées concrètes pour créer des emplois sans casser le Code du travail
Lorène Lavocat
https://reporterre.net/Huit-idees-concretes-pour-creer-des-emplois-sans-casser-le-Code-du-travail
CETA hitzarmenaren zatirik handiena indarrean da, europar parlamentu guztiek oraindik berretsi ez badute ere
Unai Brea
www.argia.eus/albistea/ceta-hitzarmenaren-zatirik-handiena-indarrean-da-europar-parlamentu-guztiek-oraindik-berretsi-ez-badute-ere
Pétrole: un permis d’exploration de Total en Guyane prolongé
AFP
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Le ministère de la Transition écologique et solidaire a donné son feu vert à la prolongation du permis exclusif d’exploration d’hydrocarbures « Guyane Maritime », détenu par Total au large de ce département français d’outre-mer, selon un arrêté publié jeudi au Journal officiel.
Total, accompagné de Shell et d’une filiale de Tullow Oil, tous deux maintenant retirés du projet, avait obtenu en 2011 ce permis d’exploration, qui a pris fin en juin 2016.
Ce permis exclusif est désormais valable « jusqu’au 1er juin 2019 », précise l’arrêté, et il est le seul qui fera l’objet d’une telle autorisation en Guyane, en vertu de la future loi visant à mettre fin à la production française d’hydrocarbures d’ici à 2040.
Cette loi, que le gouvernement veut faire adopter d’ici à la fin de l’année, prévoit de ne pas renouveler les concessions d’exploitations existantes au-delà de 2040.
Mais, pour éviter tout risque de contentieux, l’État a prévu d’autoriser l’octroi d’une concession d’exploitation dans la foulée d’une éventuelle découverte et de prolonger les permis exclusifs de recherche déjà attribués.
C’est ce dernier point qui vaut à Total cette prolongation du permis « Guyane Maritime ».
Après une découverte initiale de pétrole lors d’un premier forage en 2011, les forages supplémentaires se sont jusqu’ici avérés infructueux.
Désormais, l’objectif de Total « est de terminer le programme d’exploration sur ce permis par le forage d’un dernier puits d’exploration qui devrait se dérouler fin 2018/début 2019 », a réagi une porte-parole du groupe pétrolier.
Cela permettra « de définitivement conclure à la pertinence ou non de la phase de développement des réserves », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, le groupe précise qu’un nouveau permis pour la Guyane, baptisé UDO et demandé en 2011 par Total, « n’a pas été attribué conformément aux intentions du gouvernement en matière d’exploration ».
« Total en prend acte, mais déplore que la longueur de la procédure ait abouti à cette situation », a indiqué sa porte-parole.
Plusieurs ONG ont en revanche regretté le feu vert du gouvernement à ce permis de Total.
Il « ne peut que polluer le signal que le gouvernement et Nicolas Hulot souhaitent envoyer au monde entier » avec le projet de loi visant à interdire d’ici 2040 la production des hydrocarbures en France, ont estimé dans un communiqué conjoint, Attac, Les Amis de la Terre, 350.org et le collectif « non au pétrole de schiste ».
Ils appellent d’ailleurs les députés à « combler les failles » du projet de loi lors de l’examen du texte.
Climat: le budget carbone de la planète revu à la hausse
AFP
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Limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C serait encore possible, selon une étude publiée lundi révisant à la hausse les émissions cumulées de gaz à effet de serre à ne pas dépasser pour respecter cet objectif ambitieux figurant dans l’accord de Paris.
« Les précédentes estimations du budget carbone pour le 1,5°C (…) basé sur le rapport du Giec (groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) étaient quatre fois inférieures » aux résultats de l’étude parue dans Nature Geoscience, explique Pierre Friedlingstein de l’Université d’Exeter, l’un des auteurs.
« Ceci est une très bonne nouvelle concernant la faisabilité des objectifs (de l’accord) de Paris », ajoute le scientifique. Mais la dizaine de chercheurs ayant participé à ces travaux mettent aussi en garde contre une lecture trop optimiste de ce résultat.
L’étude permet de dire que l’objectif de 1,5°C « n’est pas impossible d’un point de vue géophysique, mais qu’il implique des réductions d’émissions plus ambitieuses que celles promises par les pays jusqu’ici », écrivent-ils dans un communiqué.
« Cette étude montre que les objectifs de Paris ne sont pas hors d’atteinte mais elle clarifie ce qu’ils impliquent », estime l’un deux, Michael Grubb, du London College.
Et ce qu’ils impliquent va au-delà des efforts de réduction d’émissions prévues par les pays pour les 15 prochaines années, un fait déjà connu.
Sur la base des engagements nationaux actuels, et sous réserve qu’ils soient réalisés, la planète se dirige plutôt vers une hausse de 3 à 4°C, une sombre perspective pour de nombreuses régions (sécheresses, inondations, hausse du niveau de la mer, acidification des océans, etc).
Pour un des autres auteurs, Joeri Rogelj, de l’International Institute for Applied Systems Analysis (Autriche), l’étude « relance l’objectif de 1,5°C », considéré comme inatteignable par beaucoup de scientifiques, en démontrant qu’il est « possible, même s’il reste très difficile ».
L’accord de Paris sur le climat conclu en 2015 s’est donné comme objectif de limiter la hausse de la température moyenne « bien en deça de 2°C » et de « poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C ».
L’objectif de 1,5°C étant déjà synonyme de changements profonds dans les climats de la planète, les pays du Sud avaient bataillé ferme à Paris pour qu’il soit aussi inscrit dans l’accord et pas seulement le 2°C.
Depuis l’ère pré-industrielle, la planète a déjà gagné 0,9°C et gagne environ 0,2°C tous les dix ans.
En 2015 et 2016, sous l’effet d’El Nino et d’autres sources de variabilité naturelle qui ne se reproduiront pas tous les ans, la hausse a même atteint 1°C.
Le débat porte donc sur les émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser pour que la hausse à venir n’excède pas 0,6°C.
Le dernier rapport du Giec (2014) faisait état d’un budget de 400 gigatonnes de CO2 à partir de 2011. En calant cette estimation sur 2015, cela donne un budget de 245 gigatonnes, a expliqué à l’AFP Joeri Rogelj.
Or, selon la nouvelle estimation, le budget carbone serait de 880 gigatonnes de CO2.
« Limiter les émissions de CO2 en deçà de 880 gigatonnes à partir de 2015, soit 20 années d’émissions annuelles actuelles, permettrait probablement d’atteindre l’objectif de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C », affirme l’auteur principal Richard Millar de l’université d’Oxford.
Mais pour garder des chances de tenir le 1,5°C – une hausse qui accentuera déjà certains phénomènes climatiques – il faut que « les émissions déclinent drastiquement à partir de 2030 » et qu’elles atteignent la « neutralité carbone » d’ici 2050 (autant de CO2 capturé que de CO2 émis).
D’ici 2030, les émissions devront être inférieures de 25% à celles prévisibles avec les engagements actuels des pays, précise à l’AFP Joeri Rogelj.
« Tous les grands émetteurs, sans exception devront renforcer leurs efforts si l’on veut avoir des chances de limiter le réchauffement à 1,5°C », ajoute le chercheur pour qui l’étude est « une bonne nouvelle » mais « l’urgence est toujours là ».
Obsolescence programmée : la première plainte en France contre des fabricants d’imprimantes
Sofia Colla
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Depuis la loi sur la Transition énergétique de 2015, l’obsolescence programmée est considérée comme un délit. L’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), a déposé la première plainte contre plusieurs fabricants d’imprimantes personnelles.
La loi définit l’obsolescence programmée par « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ».
« Mon imprimante ‘toutes options’ scanner qualité photo… n’aura duré que le temps de la garantie, puis a affiché que les têtes étaient endommagées. C’est de l’arnaque et scandaleux pour l’environnement. »
Voilà le type de commentaires que l’on peut lire sur le site Produits Durables, à propos de plusieurs modèles d’imprimantes personnelles disponibles dans le commerce. Ces dernières se bloquent sous n’importe quel prétexte, leurs cartouches ne durent pas, elles coûtent quasiment le prix de la machine…
« Les imprimantes cristallisent le débat sur l’obsolescence programmée depuis longtemps. Notamment depuis 2009, avec le documentaire ‘Prêt à jeter’ qui ciblait déjà ce produit. Ce qui nous a alerté, ce sont les milliers de consommateurs mécontents de leur imprimante qui laissaient des commentaires sur les sites spécialisés », explique à We Demain Laetitia Vasseur, co-fondatrice et déléguée générale de l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée).
Depuis la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, l’obsolescence programmée est considérée comme un délit. Elle peut être punie de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende.
L’association HOP, engagée dans la lutte contre le « prêt-à-jeter », est ainsi la première en France à déposer plainte pour obsolescence programmée. Cette plainte, déposée le 18 septembre contre X auprès du Procureur de la République de Nanterre, vise des constructeurs d’imprimantes personnelles.
La marque la plus citée dans la plainte est Epson, même si les pratiques dénoncées « paraissent toucher également les trois autres principaux fabricants : Canon, HP et Brother ».
Augmenter le taux de remplacement des imprimantes
Selon HOP, ces marques visent à réduire « délibérément » la durée de vie des imprimantes et des cartouches afin d’augmenter leur « taux de remplacement ». En clair, que le consommateur achète davantage.
L’association met en évidence le fait que certaines cartouches d’encre coûtent presque le même prix que la machine correspondante. Le prix de ces dernières ne fait qu’augmenter depuis une dizaine d’année alors que leur qualité baisse, ajoute HOP, qui dénonce « une possible entente anticoncurrentielle, faits pénalement réprimés par le Code de commerce ».
« Epson vend [certaines cartouches de] 48ml d’encre au prix de 98,99 euros TTC7, soit 2 062 euros le litre ou deux fois plus cher que le parfum Chanel n°5 ! », peut-on lire sur la plainte rendue publique.
Mais surtout, après une enquête de plusieurs mois, HOP dénonce la volonté d’obsolescence programmée de ces enseignes à travers deux preuves :
- Les imprimantes se bloquent, annonçant que les cartouches d’encre sont vides, alors que ce n’est pas le cas.
- Le tampon absorbeur, qui sert à éviter que l’encre ne coule sur les copies ou dans l’imprimante, est affiché en fin de vie alors qu’il ne l’est pas.
Pour établir ces preuves, de nombreux tests ont été menés. L’organisation démontre par exemple qu’il resterait entre 20 et 50 % d’encre dans les cartouches, alors même que l’imprimante indique qu’elle est vide et qu’elle doit être remplacée. « Il existe un code qui bloque les imprimantes après l’impression d’un certain nombre de copies. Comment cela peut-il ne pas être intentionnel ? Lorsqu’il y a réduction de la durée de vie du produit, on en déduit que la raison ne peut être que volontaire », explique l’avocat de l’association, Émile Meunier.
Une pratique illégale
Idem pour le tampon absorbeur : après un temps donné, la machine se bloque et informe le consommateur qu’il faut le changer. Or, des tests ont prouvé que ce dernier pouvait en réalité encore fonctionner durant plusieurs années.
De plus, si l’utilisateur souhaite le changer, cela lui coûte quasiment le même prix qu’une imprimante neuve : « Le client n’est donc pas encouragé à la réparer mais au contraire à en racheter une neuve », explique HOP dans sa plainte.
« Un proverbe arabe dit : ‘Il faut suivre le menteur jusqu’à sa porte’. C’est un peu ce qu’on est en train de faire », conclut Émile Meunier.
Il revient désormais au Procureur de décider s’il a assez d’éléments pour poursuivre ou non l’action. Émile Meunier et l’association HOP se sont constitués partie civile pour, que dans le second cas, ils puissent eux-mêmes activer la plainte auprès du juge d’instruction.
« On est confiant, on pense que les éléments sont suffisamment précis et étayés pour que l’autorité compétente ait envie d’approfondir », se réjouit l’avocat.
Huit idées concrètes pour créer des emplois sans casser le Code du travail
Lorène Lavocat
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Alors que les opposants à la loi Travail manifesteront dans toute la France ce mardi, Reporterre a demandé à neuf chercheurs, syndicalistes et associatifs de proposer d’autres réformes que la flexibilisation pour lutter contre le chômage. Voici les bonnes idées des Pinçon-Charlot, de Philippe Bihouix, Pablo Servigne et d’autres analystes.
Ce mardi 12 septembre, plusieurs organisations syndicales et associations manifestent « pour refuser les ordonnances de destruction sociale ». Reporterre a déjà abordé le contenu de ces textes « pour le renforcement du dialogue social » qui doivent être adoptés par le Conseil des ministres le 22 septembre. Aujourd’hui, nous avons souhaité vous présenter des réformes alternatives pour « lutter contre le chômage de masse », suivant l’objectif affiché par Emmanuel Macron.
Et, puisque pour le président, les opposants aux ordonnances ne sont que des « fainéants », des « cyniques », des « extrêmes » qui ne proposent rien, nous avons demandé à neuf personnes — chercheurs, syndicalistes, associatifs — de nous donner « leur » mesure pour créer des emplois. Voici leurs idées.
- « Mettre fin au CICE et au Pacte de responsabilité pour réorienter les fonds publics vers d’autres politiques d’emploi plus efficaces », par Michel et Monique Pinçon-Charlot. À lire ici.
- « Basculer les charges sociales vers une fiscalité écologique », par Philippe Bihouix. À lire ici.
- « Relancer le débat public sur la réduction du temps de travail », par Aurore Lalucq. À lire ici.
- « Mettre en place des aides à la reconversion pour créer des millions d’emplois paysans », par Pablo Servigne. À lire ici.
- « Soutenir l’économie sociale et solidaire », par Mireille Bruyère. À lire ici.
- « Renforcer la lutte contre les discriminations raciales et sexistes au travail », par Omar Slaouti. À lire ici.
- « Investir dans les secteurs du bien-être social et de la transition écologique », par François-Xavier Devetter. À lire ici.
- « Créer une vraie sécurité sociale professionnelle pour accompagner la transition écologique de notre modèle productif », par Julien Rivoire. À lire ici.
Michel et Monique Pinçon-Charlot : « Mettre fin au CICE et au Pacte de responsabilité pour réorienter les fonds publics vers d’autres politiques d’emploi plus efficaces. »
- Michel et Monique Pinçon-Charlot sont sociologues, auteurs de nombreux ouvrages consacrés aux classes riches, notamment Les Prédateurs au pouvoir. Main basse sur notre avenir, publié cette année.
La France est devenue le plus gros payeur de dividendes en Europe avec 33,9 milliards d’euros versés, au deuxième trimestre 2017, aux actionnaires, selon l’indice Janus Henderson Global. Le patron de l’entreprise Radiall, Pierre Gattaz, lobbyiste en chef du Medef, vient de s’acheter un domaine dans le Lubéron pour 11 millions d’euros. Emmanuel Macron, le porte-parole du Medef à l’Élysée, ne pouvait donc pas donner d’autre signe d’allégeance à ses camarades de classe, les soi-disant « créateurs de richesse », que de pilonner les travailleurs, transformés eux en « coûts » et en « charges », en leur enlevant encore plus de protections et de droits.
Pierre Gattaz s’était engagé en 2014 à créer 1 million d’emplois en échange du « Pacte de responsabilité », conçu par Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Élysée. Ce pacte diabolique représentait 40 milliards d’euros de prélèvements en moins pour les entreprises sur 3 ans. Aucun contrôle n’étant prévu par le couple Hollande-Macron, le million d’emplois n’a jamais vu le jour. Il en a été de même pour le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE), dont le coût est estimé à 33 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014, toujours, donc, sans contrepartie. Aussi n’avons-nous pas été étonnés d’apprendre, par le Canard enchaîné du 6 mai 2014, que l’augmentation des dividendes versés, en 2013, aux actionnaires de l’entreprise Radiall, dirigée par Pierre Gattaz, soit 646.843 €, correspond aux trois quarts de ce que l’entreprise du patron du Medef a perçu au titre du CICE. Ces milliards d’euros perçus indûment doivent impérativement être restitués dans les caisses de l’État pour créer des emplois !
Philippe Bihouix : « Basculer les charges sociales vers une fiscalité écologique. »
- Philippe Bihouix est ingénieur, et l’auteur du livre l’Âge des low-tech.
Aujourd’hui, partout, on supprime des emplois pour mettre des machines. On ne parle plus que de robots, de drones, de logiciels d’intelligence artificielle, d’interfaces numériques… Le faible coût de l’énergie ou des ressources, contre le coût du travail élevé, est à l’origine des nombreuses décisions dans les entreprises, les administrations, chez les consommateurs, certes totalement rationnelles, ou même pratiques, mais stupides d’un point de vue environnemental, et très certainement mauvaises pour l’emploi : remplacement de postes par des machines, achat de matériel neuf au lieu de réparer… Le « travail » des machines coûte moins cher à l’entreprise en créant de la productivité (c’est-à-dire en économisant du travail humain), mais consomme beaucoup de ressources et d’énergie qui deviennent rares, ou dont la production est de plus en plus destructrice pour l’environnement. À l’inverse, nous avons beaucoup de travail humain « disponible ». Pour creuser une tranchée, il faut quelques dizaines de personnes ou un seul conducteur de tractopelle. Bien sûr, il ne faut pas commencer par « démécaniser » les travaux les plus pénibles, mais un des combats du XXIe siècle sera le combat pour le travail humain.
En asseyant le coût de l’assurance maladie, du chômage, des retraites, sur la fiscalité écologique plutôt que sur les salaires, les consommateurs et les entreprises feraient des économies d’un côté (salaire net plus élevé), mais dépenseraient plus pour l’énergie, les produits neufs. Cela devrait alors favoriser les comportements « vertueux », ainsi que l’emploi. Il faudrait imaginer une mise en place progressive, par étape. Ce qu’Emmanuel Macron s’apprête à faire, en basculant une partie des charges salariales sur la Contribution sociale généralisée (CSG), montre qu’une telle mesure n’a rien d’utopique. Elle pourrait impulser un système économique et social post-croissance et de plein-emploi. # Make human work great again ! Mais évidemment, ça fait moins label « French Tech » ou « Start Up Nation »…
Aurore Lalucq : « Relancer le débat public sur la réduction du temps de travail. »
- Aurore Lalucq est économiste, membre de l’Institut Veblen.
La flexibilisation n’a jamais créé d’emplois. C’est efficace pour redistribuer de la misère et créer de la pauvreté. Aux États-Unis, si on intègre dans les chiffres du chômage celles et ceux qui ne sont pas inscrits à l’équivalent de Pôle emploi, on frôle les 20 % de chômeurs ! La seule politique efficiente que l’on connaisse, c’est la réduction du temps de travail. Le passage aux 35 h s’est fait dans un cadre démocratique, il a donné lieu à des discussions et à des négociations dans les entreprises. Aujourd’hui, les gains de productivité se poursuivent, avec pour principal effet la destruction d’emplois. Il faut donc ré-imposer la réduction du temps de travail dans le débat public.
En Allemagne ou aux États-Unis, les gens ne travaillent pas plus que nous, si on prend en compte le temps partiel subi. Ils arrivent aussi à 35 h hebdomadaires, mais de manière plus sauvage et plus injuste socialement. Aussi, plus on réduit le temps de travail, plus on réduit les impacts écologiques. Juliet Schor, chercheuse au Boston College, explique que les personnes en surtravail sont également en surconsommation. Comme elles n’ont pas le temps de faire ou de réparer les choses par elles-mêmes, elles consomment plats préparés, produits neufs, transports rapides et polluants.
Pablo Servigne : « Mettre en place des aides à la reconversion pour créer des millions d’emplois paysans. »
- Pablo Servigne est coauteur de Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, ainsi que d’un rapport pour le Parlement européen, Nourrir l’Europe en temps de crise, qui fera l’objet d’un livre publié cet automne.
Le système alimentaire industriel est à la fois extrêmement toxique et très vulnérable. Sous l’effet domino de l’ensemble des crises — dérèglement climatique, épuisement des énergies fossiles, effondrement de la biodiversité, essor des maladies environnementales —, ce système va s’effondrer… d’ici une quinzaine d’années.
Concrètement, pour éviter des famines à venir, il faut transformer notre modèle agricole, pour qu’il ne dépende plus des énergies fossiles. Un baril de pétrole correspond à 12,5 années de travail humain. Labourer un champ en traction animale demande beaucoup plus de temps humain (mais aucune énergie fossile) que labourer un champ avec un tracteur. Et les systèmes alternatifs, comme l’agroécologie, peuvent produire des rendements à l’hectare comparables ou même supérieurs à l’agriculture industrielle.
À Cuba, après la transition énergétique inachevée dans les années 1990, on a estimé les besoins en main-d’œuvre agricole à 15 à 25 % de la population active. Une simple extrapolation montre qu’en France, il faudrait donc former en moins d’une génération entre 4,3 et 7,2 millions d’agriculteurs, contre un peu plus de 1 million de personnes aujourd’hui. Les néoruraux seront le plus grand mouvement social du XXIe siècle !
Il y a donc urgence à amorcer cette transition, via des investissements publics massifs dans la formation agroécologique (traction animale, agroforesterie, permaculture). Et pourquoi pas mettre en place des aides à la transition et à l’installation agricole, comme des prêts à taux zéro ou des allocations, pour accompagner celles et ceux qui veulent changer de vie et devenir paysan.
Mireille Bruyère : « Soutenir l’économie sociale et solidaire »
- Mireille Bruyère est Économiste atterrée.
Face à la crise écologique et sociale, il faut un changement radical, qui passe notamment par un soutien aux initiatives de l’économie sociale et solidaire. Les coopératives de production sont des organisations démocratiques à même de porter la transition écologique de notre modèle productif. Dans une coopérative, la propriété commune est impartageable. Chaque salarié participe au capital à sa mesure, et dispose d’une voix pour les décisions stratégiques. Depuis 2008, les coopératives se développent dans tous les secteurs d’activité, même comme des alternatives à l’ubérisation, comme les coopératives de livreurs à vélo. Cette forme d’organisation pourra ainsi garantir que la transition ne se fera pas de manière bureaucratique ou autoritaire. Si j’étais au gouvernement, pour mettre les pieds dans le plat, je commencerais par faire entrer les salariés au conseil d’administration de leur entreprise.
Il faudrait surtout une loi qui renforce les principes de propriété collective, et des soutiens qui ciblent cette forme d’activité. Un des problèmes des coopératives, c’est qu’elles ont peu de capital de départ. Cela passera nécessairement par une réforme bancaire, afin d’obliger les banques à soutenir les projets coopératifs.
Omar Slaouti : « Renforcer la lutte contre les discriminations raciales et sexistes au travail. »
- Omar Slaouti est professeur de physique-chimie dans un lycée d’Argenteuil, et militant des mouvements antiracistes.
La baisse du chômage ne doit pas s’accompagner d’une augmentation de la précarité, or c’est ce que nous promettent les ordonnances du gouvernement. La précarité touche particulièrement les femmes et les habitants des quartiers populaires, et ce sont eux qui seront le plus fragilisés par cette nouvelle réforme. Les politiques libérales accentuent la césure entre différentes catégories de la population. À l’inverse, les politiques sociales sont des politiques contre les discriminations.
Pour lutter contre le chômage, il faudra bien sûr des politiques structurelles — réduction du temps de travail et répartition des richesses, et notamment des dividendes. En parallèle, il faut mettre un terme à la division genrée et raciale du travail. Ce n’est pas compliqué : des lois existent déjà, mais elles ne sont pas respectées, car les entreprises préfèrent payer de petites amendes plutôt que de lutter contre les discriminations. Interdisons les marchés publics aux compagnies qui pratiquent la discrimination à l’embauche par exemple ! Et puis, l’État doit monter l’exemple : dans la fonction publique, les femmes sont sous-payées. Enfin, il faut mettre fin aux lois qui alimentent l’islamophobie, car ce racisme prend ainsi racine dans les mentalités et se retrouve ensuite sur le marché du travail.
François-Xavier Devetter : « L’État doit investir dans les secteurs du bien-être social »
- François-Xavier Devetter est professeur des universités et économiste.
Il existe aujourd’hui un certain nombre de besoins et d’attentes socialement reconnues, particulièrement dans le domaine de la transition écologique et du bien-être social, insuffisamment satisfaits. La réponse à ces besoins permettrait de développer des secteurs d’activités extrêmement importants : dans le domaine social, citons l’aide aux personnes dépendantes, la petite enfance, l’action culturelle et sportive. Ces emplois liés au bien-être social dépendent principalement des départements. Imaginons alors que tous les départements français fassent comme les meilleurs d’entre eux. Une sorte d’alignement par le haut, tout à fait envisageable, via une augmentation des dotations. Il s’agit d’appliquer dans l’ensemble du territoire français ce qui se pratique dans différents départements : se rapprocher du taux d’emplois du service de la petite enfance observé dans la Nièvre, ou encore permettre aux personnes âgées de bénéficier d’autant de services de soutien à l’autonomie que dans le Nord… En faisant un rapide calcul, ces mesures permettraient de créer près de 880.000 emplois en cinq ans, soit en moyenne, 176.000 par an en France.
Évidemment, cela signifie une montée des dépenses publiques, mais elles permettent de répondre à des besoins sociaux… et de réduire d’autres coûts par ailleurs : allocation chômage (le coût public du chômeur évité se situe autour de 15.000 euros annuels).
Julien Rivoire : « Créer une vraie sécurité sociale professionnelle pour accompagner la transition écologique de notre modèle productif »
- Julien Rivoire et syndicaliste à la Fédération syndicale unitaire et membre de la campagne « Un million d’emplois pour le climat ».
Arrêtons de voir les emplois comme un coût à réduire, mais plutôt comme un levier de la transition écologique. Les rapports des emplois climatiques montrent qu’avec une impulsion politique forte et des investissements publics, il y a des centaines de milliers d’emplois à créer dans le secteur de l’énergie, du bâtiment, de l’agriculture.
Mais il faut accompagner la transition, afin que les salariés — ceux de l’industrie pétrolière et nucléaire par exemple — ne payent pas l’ardoise. Il nous faut un système collectif de protection, pour garantir les droits des salariés (retraite, revenu) et leur donner le temps de se former, de se reconvertir. Certains syndicats parlent d’un nouveau statut du salarié, ou d’une réelle sécurité sociale professionnelle. Grosso modo, il faut une caisse commune, alimentée par les cotisations patronales, qui permettent d’accompagner la transition. C’est une proposition radicale par rapport à la logique actuelle, très individualiste.
CETA hitzarmenaren zatirik handiena indarrean da, europar parlamentu guztiek oraindik berretsi ez badute ere
Unai Brea
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Eurolegebiltzarrak joan den otsailean eman zion onespena Kanada eta Europar Batasunaren arteko merkataritza askeko itunari (CETA). Hitzarmena mistoa denez, erabat indarrean sartzeko EBko estatu kide guztietako parlamentuek bozkatu behar dute haren alde. Hala ere, hitzarmenaren alde handiena –teorian estatuen burujabetzari eragiten ez diona– indarrean da irailaren 21etik.
CETAren aurka kanpainan diren taldeek kritikatu egin dute estatu kide guztiek momentuz berretsi ez arren ituna ia osorik martxan jarri izana. Gainera, gogorarazi dute Europar Batasuneko Justizia Auzitegiak oraindik erabakitzeke duela CETA zuzenbide komunitarioarekin bateragarria ote den.
Euskal Herriari dagokionez, Espainiako Estatuak nahiko aurreratua du CETA onartzeko tramitea: ekainean eman zion argi berdea Diputatuen Kongresuak, eta Senatuaren berrespena baizik ez da falta (ez da ezusterik etorriko alde horretatik). Frantziako Estatuan, berriz, gobernuak izendatutako aditu batzorde bat ari da uztailetik CETAk izan ditzakeen ondorioei buruzko azterketa egiten. Berriki esan dutenez, Kanadarekiko akordioak inpaktua izan dezake ingurumenean eta herritarren osasunean, besteak beste.