Le changement climatique est dû à l’accroissement de l’effet de serre : certains gaz ont la propriété de piéger près de la planète une partie du rayonnement qu’elle réfléchit vers l’espace. Depuis la révolution industrielle, notre système économique (capitalisme, productivisme) a provoqué une accumulation spectaculaire de ces gaz dans l’atmosphère, et la chaleur moyenne de la surface de la terre a nettement augmenté tout au long du 20ème siècle.
Risques d’emballement
Le réchauffement que nous vivons se produit très rapidement par rapport aux phénomènes comparables connus dans le passé : ils se déroulaient sur des milliers d’années ; nous transformons le système climatique en moins de deux cents ans.
Le changement climatique, au lieu de s’opérer graduellement, pourrait désormais advenir brutalement. En quelques dizaines d’années, le climat pourrait basculer de plusieurs degrés, empêchant une adaptation progressive des sociétés. Cette découverte, faite au début des années 1990, s’exprime aujourd’hui d’une autre façon : au delà d’un certain seuil – que les climatologues tendent à situer autour de 2 degrés de réchauffement – le système climatique pourrait s’emballer de façon irréversible.
Voici les mécanismes pouvant favoriser l’emballement du changement climatique :
– une grande part du gaz carbonique émis par l’humanité est normalement pompée par la végétation et les océans : la moitié reste dans l’atmosphère, un quart est absorbé par les océans, un quart par la végétation.
C’est pourquoi l’on appelle les océans et la végétation continentales des « puits » de gaz carbonique. Or ces puits pourraient arriver à saturation. Dans ce cas, une plus grande partie du gaz carbonique émis, voire son intégralité, resterait dans l’atmosphère, accélérant encore l’effet de serre.
Océans et végétation pourraient même commencer à relâcher le CO2 qu’ils ont stocké antérieurement. De surcroît, la poursuite de la déforestation pourrait transformer les forêts tropicales, qui sont encore des puits, en émetteurs nets de carbone ;
– les glaces – comme toute surface blanche – réfléchissent les rayons du soleil, limitant ainsi le réchauffement de la surface terrestre. C’est ce qu’on appelle l’ »albédo ». Mais la fonte progressive des glaces diminue l’albédo, donc la limitation du réchauffement, ce qui stimule celui-ci ;
– de même, le réchauffement des hautes latitudes, plus accentué semble-t-il que celui du reste de la planète, devrait entraîner la fonte du permafrost, ou pergélisol : il s’agit d’une couche de terre gelée qui couvre plus d’un million de kilomètres carrés, surtout en Sibérie, sur 25 mètres de profondeur moyenne. On estime que le pergélisol stocke 500 milliards de tonnes de carbone, qu’il relâcherait s’il fondait.
Les phénomènes décrits ci-dessus restent à l’état d’hypothèses. Mais plusieurs études font penser qu’elles pourraient se concrétiser. Par exemple, un groupe de chercheurs a montré que, pendant la canicule de l’été 2003, la végétation de l’Europe, au lieu d’absorber du gaz carbonique, en a relâché en quantité importante.
D’autres chercheurs ont montré que le permafrost commençait à se dégeler : si cela continue « au taux observé, écrivent les auteurs, tout le carbone stocké récemment pourrait être relargué dans le siècle ».
Les prévisions sont de plus en plus pessimistes :
Des analyses récentes estiment par ailleurs que les modèles climatiques ont sous-évalué les interactions entre les gaz à effet de serre et la biosphère, ce qui conduit à la conclusion que le réchauffement sera plus important que ne le prévoyait le GIEC dans son rapport de 2001. Ces éléments expliquent que la communauté scientifique n’exclue pas une élévation très rapide de la température moyenne du globe à des niveaux insupportables.
De fait, le GIEC, dans son quatrième rapport publié en 2007, envisage que le réchauffement pourrait dépasser le niveau maximal de 5,8°C qui était antérieurement envisagé.
Encart :
Pourquoi 2° ou 5° de réchauffement climatique, c’est énorme ?
Comme tout le monde confond une moyenne avec ce qui se passe devant sa porte, on ne saisit pas l’ampleur réelle de la catastrophe.
Entre l’été et l’hiver en Pays Basque, la température varie facilement de 25°C. Mais pour la planète, un « grand changement », ce n’est pas 25°C de variation en six mois, mais plutôt … 5°C en 10 000 ans.
Ainsi, le réchauffement que la planète a connu en passant de la dernière ère glaciaire à « aujourd’hui », c’est juste 5°C en plus !
Mais cela a suffit pour que le Pays Basque, qui ressemblait il y a 20 000 ans au nord de la Sibérie actuelle, ressemble à ce que nous connaissons ; cela a suffit à faire monter le niveau de l’océan de 120 mètres ; cela a déplacé les forêts et les animaux, rendu cultivables des terres qui ne l’étaient pas et inversement …
Bref, 5°C, c’est énorme pour la planète, et 5°C en un siècle serait une élévation d’une brutalité inouïe qui ne s’est jamais produite depuis que les hommes existent, et peut-être même depuis que la vie existe.