Articles du Vendredi : Sélection du 12 octobre 2018

Climat : Alternatiba, une génération militante qui n’entend pas se résigner

Rémi BARROUX
www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/08/climat-alternatiba-une-generation-militante-qui-n-entend-pas-se-resigner_5366342_3244.html

Il est encore temps ! 3 leçons à retenir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C

Réseau Action Climat
https://reseauactionclimat.org/rapport-giec-2018/

Un fournisseur d’électricité « verte » peut cacher une mine de charbon : le palmarès

Mr. Mondialisation
https://mrmondialisation.org/un-fournisseur-delectricite-verte-peut-cacher-une-mine-de-charbon

Birsortzeko aroa

Eneko Gorri
www.argia.eus/argia-astekaria/2616/birsortzeko-aroa

Climat : Alternatiba, une génération militante qui n’entend pas se résigner

Rémi BARROUX/strong>
www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/08/climat-alternatiba-une-generation-militante-qui-n-entend-pas-se-resigner_5366342_3244.html

Près de 15 000 personnes ont convergé ce week-end à Bayonne pour rappeler lʼurgence de la lutte contre le réchauffement climatique.

La pluie et le froid relatif qui ont sévi sur le quartier du Petit-Bayonne, au cœur de la ville du littoral basque, nʼont pas empêché les quelque 15 000 participants au rassemblement dʼAlternatiba de scander « chaud, chaud, chaud, nous sommes plus chauds que le climat ! ».

Samedi 6 et dimanche 7 octobre, ils sont donc venus en nombre accueillir les militants qui – comme ils lʼavaient déjà fait en 2015, à la veille de la conférence climat de la COP21 – ont parcouru les routes de France à vélo. Quatre mois à pédaler, soit 5 800 km au total, afin de sensibiliser sur les conséquences du

réchauffement climatique.

Au moment où le Groupe dʼexperts intergouvernemental sur lʼévolution du climat (GIEC) publie un rapport spécifique sur le seuil de 1,5 °C, cette génération militante nʼentend pas se résigner. «Changeons le système, pas le climat » est son mot dʼordre. « Notre message est clair, nous allons utiliser ce rapport pour délégitimer et écarter toute proposition, toute politique qui conduirait à un réchauffement de + 3 °C, déclare Maxime Combes, dʼAttac. Le rapport indique clairement que lʼobjectif de + 1,5 °C est encore possible, que les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum en 2020, et non en 2030, comme le prévoient les NDCs [Nationally determined contributions] publiées pour la COP21. »

 

Nécessité d’agir

 

Dimanche, en fin de journée, lors du meeting de clôture, un appel a été lancé : « Il est encore temps, reprenons notre avenir en main. » Ce texte, lu à la tribune, invite au renforcement de la mobilisation. «Lʼalerte rouge a sonné. Dès le 8 octobre, nous nous saisirons du rapport du GIEC pour pousser nos élu-e-s à transformer nos territoires et demander des comptes aux entreprises et aux banques. » Des marches pour le climat sont programmées samedi 13 octobre. «Nous montrerons ainsi notre détermination face à ceux qui nous mènent vers un climat de + 3 °C », assurent les auteurs de lʼappel, annonçant des « actions non violentes et déterminées ».

 

La nécessité dʼagir était bien au coeur des préoccupations dans les dizaines de débats organisés tout au long du week-end. Gaby, lycéenne vivant à Poitiers, et Moriba, migrant guinéen hébergé à Bayonne, ont lu un manifeste qui résumait le sentiment des participants à lʼinitiative dʼAlternatiba, ce mouvement citoyen «pour le climat et la justice sociale », né en 2013 dans la ville basque. « Depuis plus de quarante ans, les scientifiques ont multiplié les cris dʼalarme. Depuis que nous sommes nés, il y a eu le sommet de  Copenhague et la COP21 à Paris. Mais rien nʼa changé concrètement », ont clamé les deux jeunes de 16 ans.

 

Le constat pourrait être amer. Mais les militants dʼAlternatiba, épaulés notamment par les Amis de la Terre et Attac, sont loin dʼêtre découragés. « Cʼest en train de basculer, nous sommes plus nombreux, nous avons formé plusieurs centaines de personnes à lʼaction, à lʼoccasion des étapes de notre tour de France », estime Pauline Boyer. Jeune militante, elle a rejoint le mouvement lors du village des alternatives qui sʼest tenu à  Paris en 2015.« Militante à Greenpeace, jʼai été attirée par le côté efficace et bienveillant, où tout le monde pouvait sʼexprimer et, tout de suite, être utile », dit-elle.

 

 

 

Celle qui est devenue depuis lʼune des porte-parole du mouvement se félicite de lʼaffluence grandissante lors des initiatives du mouvement, plus de 750 000 personnes y ayant participé. Mais, devant lʼurgence, il va encore falloir accélérer. « Le rapport du GIEC est un énième cri dʼalarme. Mais il dit que cʼest encore possible de rester à +1,5 °C. Si cʼest possible, pourquoi ne le fait-on pas ? », interroge Pauline Boyer.

 

Cette nouvelle génération, jeune et féminine, a pris les rênes du mouvement. Ainsi, Cécile Marchand, 23 ans, a rejoint  Alternatiba à Lille, en 2014. Soucieuse de la dimension sociale de ce combat et de solutions concrètes, salariée depuis un an aux Amis de la Terre, elle pense aussi quʼil faut intensifier la lutte. « Les grandes entreprises commencent à avoir peur, à prendre en compte le risque que nous représentons pour elles, avec nos actions », estime-t-elle.

 

Actions contre une rencontre des pétroliers offshore à Pau, contre lʼassemblée générale des actionnaires de Total à Paris, ou encore contre les banques qui financent des projets dʼexploitation dʼénergie fossile, les objectifs ne manquent pas. « On ne peut pas dire quʼon va arrêter, baisser les bras ou se contenter de faire de lʼadaptation au changement climatique. Il faut tout faire pour gagner la bataille, maintenant », dit Cécile.

 

Formée dans le combat antipub, mais aussi dans le creuset des Forums sociaux mondiaux, dont celui de Tunis en 2013, Elise Ayrault fait elle aussi partie aujourdʼhui des cadres du mouvement. Comme Pauline ou Cécile, Elise a été attirée par la responsabilisation immédiate demandée aux militants. «Cʼest à nous de faire bouger les choses, dʼagir, et Alternatiba offre un cadre de formation, dʼéchange et de rencontre », explique celle qui, à Bayonne, sʼoccupe de répartir les quelque 1 200 bénévoles qui permettent la réussite du week-end.

 

Dénonciation de l’inertie des gouvernements

 

Mobilisée sur des projets locaux dans les Yvelines, la jeune femme de 33 ans nʼa quʼun regret : que les personnes les plus défavorisées ne soient pas davantage au coeur des actions sur lʼenvironnement et le climat. « Il faudrait quʼelles soient les plus concernées par des initiatives comme la création dʼAMAP par exemple [les associations pour le maintien dʼune agriculture paysanne ou de proximité]. »

 

Volontaires, peu tentés par le militantisme proposé par les organisations politiques, ces jeunes veulent être efficaces sans délai. « Cʼest une génération qui sait que, en fonction des choix actuels, la parenthèse des dix mille dernières années qui a connu un climat plutôt stable et tempéré va se refermer ou non. Soit le monde subsistera avec un réchauffement maintenu à +1,5 °C, soit il deviendra tout simplement hostile à la vie. Il y a une vraie urgence et cette génération le sait, elle sʼinvestit à fond», juge Txetx Etcheverry, lʼun des fondateurs dʼAlternatiba, militant rompu au syndicalisme tout autant quʼaux luttes politiques du peuple basque. Admiratif de cette nouvelle équipe dʼanimation à laquelle il a cédé bien volontiers les rênes du mouvement, Txetx Etcheverry continue de motiver les uns et les autres, toujours à la recherche de nouveaux objectifs.

 

« Le climat, cʼest maintenant, si on perd, ce sera trop tard. Il faut changer le système et ce ne sont pas des petits pas qui le permettront, comme lʼa dit Nicolas Hulot. Lʼéconomie capitaliste est juste destructrice », proclame Fanny Delahalle. Cette Normande de 34 ans, ancienne de Greenpeace, qui a coordonné le tour Alternatiba 2018, pédalant sur quelque 2 500 km, dénonce lʼinertie des gouvernements mais veut croire au renouveau de la mobilisation citoyenne. Un leitmotiv entendu à Bayonne durant tout le week-end.

Il est encore temps ! 3 leçons à retenir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C

Réseau Action Climat
https://reseauactionclimat.org/rapport-giec-2018/

Lors  de  la  COP21,  tous  les  pays  se  sont  engagés  à   maintenir  le  réchauffement  global  bien  en  deçà  de  2°C,   et  à  “poursuivre  les  efforts  nécessaires  pour  limiter  le   réchauffement à 1,5°C” par rapport à l’ère pré-industrielle.  Trois  ans  après,  cet  objectif  ne  doit  pas  rester  un  chiffre  sur  le   papier : pour des millions de personnes, maintenir le réchauffement  à 1,5°C est une condition de survie. Les mesures à adopter pour  concrétiser cet engagement peuvent aussi bénéficier à toutes et  à tous : c’est la possibilité de vivre dans un monde plus sain, plus  juste et plus durable.

 

Alors  que  la  planète  connaît  déjà  1°C  de  réchauffement  moyen,   les impacts violents des dérèglements climatiques se multiplient  partout dans le monde et frappent en premier lieu les populations  les  plus  vulnérables  au  Sud.  Le  temps  n’est  plus  à  la  prise  de   conscience. Il est à l’action immédiate, profonde, de tous les acteurs,  y compris politiques et économiques, au premier rang desquels  les États. Si le rapport du GIEC doit apporter aux gouvernements  les preuves scientifiques de la nécessité d’accélérer sans attendre  leurs actions climatiques, les ONG mentionnent trois points clés  pour limiter le réchauffement global à 1,5°C.

 

Leçon 1 :

Limiter le réchauffement à 1,5°C : c’est indispensable et désirable

Éviter les impacts les plus dramatiques et irréversibles des changements climatiques

 

Aujourd’hui,  le  coût  de  l’inaction  est  évident. Un  réchauffement  de  1,5°C  aura  de  graves impacts,   et   chaque   dixième   de   degré supplémentaire      ferait      peser      des       conséquences  inacceptables  sur  les  populations et  les  écosystèmes.  Il  y  a  un  monde  entre  un   réchauffement   de   2°C   et   1,5°C   :   il   est   donc    indispensable   de   mettre   tout   en   oeuvre,   sans    attendre, pour éviter de franchir le seuil de 1,5°C. 

 

Canicules   sans   précédent   en   Europe,   inondations    dévastatrices   au   Kerala   en   Inde,   graves   épisodes    de  sécheresse  au  Sahel,  ouragans  de  plus  en  plus   intenses  et  fréquents  de  par  le  monde…  Les  impacts   des  changements  climatiques  sont  déjà  visibles  à  1°C   de  réchauffement  moyen.  Or  ces  impacts  ne  sont   qu’un  avant-goût  des  conséquences  dévastatrices  et   irréversibles d’un réchauffement climatique de plus de  1,5°C.

 

Au-delà  de  cette  limite,  les  impacts  bouleverseraient   nos    sociétés    et    nos    écosystèmes    de    manière     profonde  :   baisse   de   la   qualité   nutritionnelle   des    aliments  et  de  la  productivité  agricole,  vagues  de   chaleurs  plus  fréquentes  et  intenses,  pénuries  d’eau,   hausse   des   inondations,   désertification,   extinction    massive   de   biodiversité.    Les   populations   les   plus    vulnérables  au  Sud,  notamment  les  paysan.ne.s  et   peuples  autochtones,  en  sont  déjà  et  en  resteront   les  premières  victimes,   alors  qu’elles  sont  également   porteuses  de  solutions.  Les  changements  climatiques   les  contraignent  à  des  déplacements  et  migrations,   aggravent  la  faim  dans  le  monde,  et  sont  un  frein   majeur à l’éradication de la pauvreté.

 

Les  pays  d’Europe  ne  seront  pas  non  plus  épargnés.   En 2017, les événements météorologiques extrêmes ont  déjà  coûté  14  milliards  d’euros  à  l’Union  européenne.   Si  le  réchauffement  continue,  le  coût  de  ces  impacts   pourrait  atteindre  120  milliards  d’euros  à  +2°C  de   réchauffement  et  jusqu’à  190  milliards  à  +3°C  (Joint   Research Center, 2014).

Un futur désirable pour toutes et tous 

S ’il   est   indispensable   d’éviter   les   pires    impacts   des   dérèglements   climatiques,    limiter  le  réchauffement  à  1,5°C  signifie   aussi  appliquer  des  mesures  qui  rendront   la  planète  plus  vivable.   Des  politiques  compatibles   avec  cet  objectif  peuvent  permettre  de  réduire  la   pollution  atmosphérique  dans  nos  villes  et  respirer   un air moins pollué, de disposer d’une nourriture plus  saine, de vivre dans un monde plus stable et plus sûr, de  réduire les inégalités et de favoriser le développement  durable.  Limiter  le  réchauffement  global  à  1,5°C,  c’est   l’occasion  de  repenser  nos  modes  de  production  et   de  consommation  et  de  promouvoir  une  transition   juste  pour  toutes  et  tous.  Cette  transition  permettra   notamment de créer des milliers d’emplois de qualité,  en particulier dans le domaine de l’énergie.

 

Ces  transformations  auront  des  impacts  concrets  en   France.  Par exemple, d’ici à 2050, jusqu’à 600 000  emplois  nets  pourraient  être  créés  grâce  à  des   politiques  de  transition  écologique  et  énergétique   compatibles  avec  un  réchauffement  de  1,5°C,  notamment  dans  le  secteur  de  la  rénovation  énergétique   et  des  énergies  renouvelables   (Négawatt,  2017).   L’adoption  d’une  alimentation  saine  (deux  fois  moins   de viande, deux fois plus de bio) engendrerait un gain  de 10 milliards d’euros sur le pouvoir d’achat des français (CIRED, CNRS, 2016)

 

Leçon 2 :

Limiter le réchauffement à 1,5°C : il est encore temps !

De toute urgence : changer les politiques climatiques de cap et d’échelle

 

Les  politiques  climatiques  actuelles  sont  loin   de  mettre  la  planète  sur  la  bonne  voie.  Au   contraire,  les  émissions  de  gaz  à  effet  de   serre sont reparties à la hausse en 2017 et les  engagements  climatiques  des  pays  pris  à  la  COP21   nous  emmènent  vers  un  réchauffement  de  plus  de   3°C d’ici à la fin du siècle.

 

Mais il n’est pas trop tard : une action immédiate de la  part  des  gouvernements,  entreprises  et  investisseurs   peut  encore  infléchir  la  tendance  et  permettre  de   limiter   le   réchauffement   à   1,5°C. Cela   demande des   efforts   sans   précédent   et   des   transformations profondes de notre système. Concrètement, il s’agit de  réduire  drastiquement  les  émissions  pour  atteindre  la   neutralité  tous  gaz  à  effet  de  serre  d’ici  à  la  moitié  du   siècle, c’est-à-dire un équilibre entre les émissions et les  puits naturels (océans ou forêts).

 

 Il  est  urgent  d’appliquer  les  solutions  qui  existent   déjà :  mettre fin à l’exploitation et au financement des  énergies fossiles comme le charbon, le gaz, le pétrole  ;  atteindre  100  %  d’énergies  renouvelables  ;  améliorer   l’efficacité  énergétique  des  bâtiments  ;  repenser  nos   modes de déplacement et notre système agricole et  alimentaire.  Il  est  également  nécessaire  d’amplifier   les soutiens financiers envers les plus vulnérables, au  Nord  comme  au  Sud,  afin  de  garantir  une  transition   juste socialement.

 

Le verrou n’est plus technique, il est politique. D’ici  à 2020, les pays, au premier rang desquels les pays  industrialisés,   ont   la   responsabilité   d’augmenter    leurs  objectifs  de  réductions  d’émissions  de  gaz  à   effet de serre  et d’appliquer réellement les politiques  auxquelles ils s’engagent.

 

Face au retard pris par les États, les scientifiques indiquent qu’il faudra non seulement réduire drastiquement  les émissions, mais aussi développer des méthodes pour retirer des gaz à effet de serre de l’atmosphère. Plus  les  États  attendront,  plus  ils  devront  avoir  recours  à  ces  méthodes  qui  comportent  des  risques.   Limiter  le   réchauffement à 1,5°C ne doit pas être un prétexte pour laisser la porte ouverte à de fausses solutions qui  auraient des conséquences inacceptables. 

Par exemple, un recours massif aux technologies non matures, très  coûteuses et risquées dites “d’émissions négatives”, ayant pour but d’absorber le CO 2  et de le stocker sous le  sol, viendrait remettre en cause les droits fondamentaux, la sécurité alimentaire de millions de personnes et la  biodiversité. Cela pourrait conduire à développer des pratiques agricoles vantées pour leur supposé stockage  de carbone, mais qui ne réduisent en réalité pas l’impact climatique de nos systèmes agricoles et alimentaires,  parmi les premiers contributeurs d’émissions. Un recours massif à l’énergie nucléaire pour réduire les émissions,  quant à lui, serait à la fois dangereux, coûteux, inefficace et irréaliste au regard des prévisions. 

 

L’urgence  est    donc  de  réduire  nos  émissions  maintenant  en  appliquant  des  solutions  respectueuses  des   êtres humains et de l’environnement.

 

Leçon 3

En France et en Europe : un “plan d’action 1,5°C” dès maintenant

 

Il est indispensable de passer des politiques des petits pas à des changements profonds, nécessaires à une  transition écologique juste pour toutes et tous, au Nord comme au Sud.  Les gouvernements doivent entendre  l’appel  de  la  science  et  des  citoyens.  Ils  doivent  appliquer  des  “plans  d’actions  1,5°C”  pour  rendre  leurs   politiques compatibles avec le seul objectif acceptable de l’accord de Paris.

 

DANS L’UNION EUROPÉENNE, REFUSER L’INACTION

 

Les objectifs climatiques européens, fixés en 2014, sont obsolètes depuis la COP21 et sont très loin de  ce que l’Europe peut et doit faire. Face à l’urgence rappelée par la plainte de 11 familles victimes des  impacts du changement climatique en Europe, et à quelques mois des élections européennes,  il est  temps que les dirigeants des pays européens, dont la France, prouvent que l’Europe peut agir pour  protéger ses citoyens.

 

Réviser les objectifs climatiques européens pour 2030  en accord avec un objectif de long-terme ambitieux

 

La France doit mener de front cette bataille pour faire aboutir la révision à la hausse de la  contribution européenne à l’accord de Paris avant 2020. Il est essentiel que les objectifs  climatiques européens pour 2030 soient compatibles avec une trajectoire de réduction des  gaz à effet de serre menant l’Europe sur la voie de zéro émission nette bien avant 2050.

 

Prendre des mesures de court terme pour inverser la  courbe des émissions

 

L’Europe doit prendre des mesures pour réduire rapidement ses émissions de gaz à effet de  serre dans tous les secteurs. Après l’adoption du paquet « Énergie propre » qui permettra  d’accélérer le développement des énergies renouvelables, d’autres dossiers peuvent changer  la donne :

 

  • La législation sur les normes de CO2 des véhicules et des poids lourds : la France et l’Europe  doivent tourner le dos aux pressions de l’industrie automobile et porter des normes  ambitieuses aux côtés du Parlement européen ;
  • La réforme de la politique agricole commune : la France et l’Europe doivent mener une refonte du système agricole et de notre alimentation aux bénéfices des Européens ;
  • Le futur budget européen : la France et l’Europe doivent renoncer à tout investissement contraire à l’accord de Paris, et catalyser les financements pour la transition énergétique et  l’accompagnement des régions et travailleurs vers les activités d’avenir.

 

 

EN FRANCE, PASSER DES PETITS PAS AUX  POLITIQUES STRUCTURANTES

 

En 2017, la France a dépassé de 6,7 % son plafond d’émissions de gaz à effet de serre. La  seule réponse  acceptable de la part du gouvernement français est une accélération et une hausse de l’ambition  immédiate de ses politiques climatiques et énergétiques.  Cela inclut :

 

Une loi sur les mobilités 100 % compatible avec l’accord de Paris

Alors que le secteur des transports représente 29 % des émissions de gaz à effet de serre en  France, l’avant-projet de loi d’orientations des mobilités annonce une politique de transports  sans grande transformation. Pour viser zéro émission nette, le projet de loi doit écarter les  projets autoroutiers, supprimer les avantages fiscaux des transports les plus polluants et  déployer des mesures favorables aux alternatives à la voiture individuelle pour tous.

Une transformation en profondeur du modèle agricole et alimentaire

Il est impératif de soutenir sans attendre un nouveau modèle agricole et alimentaire bon pour  l’environnement, la santé de tous, et créateur d’emplois. Cela implique de diviser par deux  l’utilisation des engrais azotés de synthèse, d’interdire les phytosanitaires les plus nocifs, de  mettre en place une campagne ambitieuse pour diviser par deux la consommation de viande,  de faire chuter la consommation de produits transformés et d’atteindre une consommation de  50 % de produits biologiques dans l’alimentation des français d’ici 2050.

Une planification énergétique 100 % énergies renouvelables

En parallèle de politiques ambitieuses de maîtrise de la demande en énergie, la France  doit faire le choix clair des énergies renouvelables et se fixer l’objectif de 100 % énergies  renouvelables en 2050. La prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devra  donner un calendrier de fermeture des centrales à charbon et des réacteurs nucléaires  qui soit compatible avec l’ambition de donner la priorité aux économies d’énergies et aux  renouvelables.

Un soutien financier renforcé pour les pays les plus vulnérables

La France, au côté des autres pays développés, a la responsabilité d’aider les populations  les plus vulnérables dans leur action climatique. Elle doit accroître ses financements, en  particulier pour accompagner l’adaptation aux changements climatiques dans les pays  les plus en difficulté. Une allocation de 100 % des recettes de la taxe sur les transactions  financières française à la solidarité internationale et au climat permettrait d’augmenter de  800 millions d’euros par an la contribution de la France sous forme de dons.

Un budget français compatible avec la limitation de la température à  1,5°C

Alors que le projet de loi de finance pour 2019 vient d’être publié, la France doit s’atteler à  verdir son budget, comme elle s’y est engagée lors du One Planet Summit. Cela implique  la suppression des niches fiscales en soutien aux énergies fossiles et le fléchage des  recettes de la fiscalité écologique vers les solutions comme les transports en commun ou la  rénovation des logements. A minima, le gouvernement doit maintenir les aides à la rénovation  énergétique, prioritairement pour la réalisation de rénovations très performantes au bénéfice  des ménages les plus en difficulté, pour lutter contre la précarité énergétique.

Un fournisseur d’électricité « verte » peut cacher une mine de charbon : le palmarès

Mr. Mondialisation
https://mrmondialisation.org/un-fournisseur-delectricite-verte-peut-cacher-une-mine-de-charbon

Publié cette semaine, le classement Greenpeace des fournisseurs d’énergie « verte » rappelle qu’en la matière, toutes les offres ne se valent pas. Le mécanisme des garanties d’origine permet en effet à de nombreuses entreprises de proposer des contrats présentés comme écologiques sur la forme alors que ces fournisseurs n’engagent en réalité que peu voire aucune démarche pour soutenir le développement des énergies renouvelables…

Répondant à la demande des consommateurs, les offres d’énergies vertes se sont multipliées ces dernières années et c’est globalement une très bonne chose. Pourtant, les contrats proposés par certains géants comme EDF, Engie ou Total ne sont durables qu’en apparence, puisque ces entreprisses proposent en réalité une énergie d’origine nucléaire ou dont la production émet malgré tout des quantités importantes de gaz à effet de serre. Ce coup de passe-passe commercial qui se fait au nez du consommateur (et qui aura bien du mal à le déceler) est rendu possible grâce au mécanisme des garanties d’origine. Explications.

« Tous les fournisseurs d’électricité ne se valent pas »

« Aujourd’hui, la réglementation impose une seule contrainte à un fournisseur qui veut se dire vert : celle d’acheter des certificats verts », explique Alix Mazounie, chargée de campagne chez Greenpeace France. Il n’est donc pas obligatoire de produire ou d’acheter de l’électricité d’origine renouvelable. « On se retrouve dans une situation complètement absurde où un fournisseur 100 % charbon ou 100 % nucléaire peut se déclarer 100 % vert« , poursuit la salariée de Greenpeace. « Il y a de plus en plus de fournisseurs sur le marché – 29 cette année – et de plus en plus d’offres vertes. Il est très difficile pour le consommateur de savoir aujourd’hui ce qui se cache derrière l’appellation « offre verte » et si cela signifie qu’un fournisseur a réellement une politique de développement d’électricité renouvelable au-delà du marketing », dénonce encore la salariée.

La garantie d’origine atteste au consommateur qu’une quantité équivalente à sa consommation d’électricité a été injectée sur le réseau quelque part en Europe. En revanche, développe Alix Mazounie, « la garantie ne dit pas si le fournisseur s’est contenté d’acheter cette garantie ou s’il a acheté de l’énergie renouvelable avec ». Le problème est donc que la garantie d’origine peut être apposée sur une énergie qui n’est pas forcément renouvelable.

Le classement, qui aide à y voir plus clair, a donc été établi en fonction des critères suivants : (1) Les fournisseurs achètent-ils ou produisent-ils l’électricité ? Avec quelles sources d’électricité ? (2) Dans quelles énergies investissent-ils, dans quelles proportions et à quel rythme ? (3) Font-ils usage des garanties d’origine ? Si oui, d’où viennent-elles ? Sur la base de ces premiers éléments, les 19 fournisseurs actifs sur l’ensemble de l’année 2017 ont été classés en quatre catégories : « Vraiment verts », « en bonne voie », « à la traîne » et « vraiment mauvais ».

Les grandes entreprises du secteur de l’énergie en queue de peloton

Ainsi, des fournisseurs d’énergie comme « EDF » ou « Total Spring », qui composent le bas du classement Greenpeace, proposent des offres « vertes », mais produisent et/ou fournissent de l’électricité essentiellement nucléaire ou investissent dans des forages pétroliers. Acheter des garanties d’origine, ce qui contribue certes à soutenir légèrement les producteurs de renouvelables, leur permet surtout de se donner une image positive, mais trompeuse. A contrario, en tête du classement, « Énergie d’ici », « Enercoop » et « Ilek » sont des fournisseurs qui s’engagent réellement dans le développement des énergies renouvelables puisqu’ils proposent une énergie au moins à 95 % renouvelable.

Cette mise en point permet de rendre plus lisible le marché actuel pour mieux comprendre ce qui se cache derrière la prise. Néanmoins, dix ans après la libéralisation du marché, une personne sur deux ne sait toujours pas qu’elle peut changer de fournisseur. La démarche, rappelle Greenpeace, n’est pourtant pas compliquée.

Pour rappel, selon les chiffres du gouvernement, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie de la France a progressé de près de 7 points sur les dix dernières années, passant de 9,3 % en 2006 à 16,0 % en 2016. En dépit des efforts réalisés, le pays reste à la traîne, notamment en raison du verrouillage technique du nucléaire. N’est-il pas temps d’éclairer les consommateurs sur l’énergie qu’ils utilisent ?

Pour accéder au détail du classement Greenpeace des fournisseurs d’électricité « verte » : guide-electricite-verte.fr

Birsortzeko aroa

Eneko Gorri
www.argia.eus/argia-astekaria/2616/birsortzeko-aroa

Ikasturte berri horren hasieran, jarraian agertutako bi gertakari berdintsuk piztu dute nere atentzioa: bata urriko lehen igandean Lapurtarren Biltzarra ez dela ospatuko aurten, eta bestea, EHZren “hil ala biziko” bilkura. Uda osoan ezagunekin izandako solas etsitu, erre eta galduekin oihartzuna egin dute albiste horiek. Gorabeherak ez dira berriak herri mugimenduetan. Mundu zabalean behatzen diren prozesu berdinak gertatzen dira Euskal Herrian; erlatibizatu dezagun afera.

EHZ festibalaren inguruan asko idatzi da. Afekzio sobera dut horren inguruko gogoetak partekatzeko. Sinple egiteko, errango nuke bi funtzio bete izan dituela azken 20 urteetan: bata barnera begira, bestea kanpora. Bi funtzio horiek, oraindik beharrezkoak direla errango nuke.

Kanpoari begira, gibeltasuna hartuz, aitor dezagun, azken bi hamarkadatan kultur paisaia asko aldatu dela. Subertsiboa zena (euskaraz kantatzea edo rock kontzertu bat antolatzea) arrunta bilakatu da. Batzuek diote ez dela baitezpada seinale txarra EHZ desagertzen bada. Normalizazio baten ondorioa edo. Ez naiz ados. Merkatuak irentsitako kultur eskaintza aseptikoaren ondoan, bada alternatiba erradikalaren beharra.

Ez gaitezen erreprodukziora mugatu, ez eta aldaketaño kosmetikoekin konformatu. Utz diezaiogun gazteriari espresio modu urratzaile berriak bilatzen

Aitzineko belaunaldiek sortu dituzten tresnak kudeatzera ez dira mugatu behar gaurko ekintzaileak. Sortu, asmatu, esperimentatu, menturatu. Lagun batek dioen moduan, “indio gehiago eta jefe gutxiago” behar ditu gure herriak; “kudeatzaile gutxiago eta sortzaile gehiago” gehituko nuke. Ez gaitezen erreprodukziora mugatu, ez eta aldaketaño kosmetikoekin konformatu. Utz diezaiogun gazteriari espresio modu urratzaile berriak bilatzen. Jendea asaldatu, inarrosi eta kontzientziatuko dituen gertakaria. Aitzinekoek transmititu dieguna izorratzeko eta porrot egiteko eskubide osoa dutela onar dezagun.

Barnera begira, EHZ desagertzen bada, non partekatuko dute lan txanda bat Euskal Herria aldatu nahi duten horizonte desberdinetako militanteek? XXI. mende horretan, non topatuko dira Garaziko Gaztetxeko gaztea, Ernai mugimenduko militantea, Amankomunak sareko autonomoa, Hazparneko emazte feminista, Iruñeko euskaltzalea, Itsasuko kabalkadako antzerkilaria, Bermeko sortzailea, Baionako antifaxista, Errekaleorreko bizilaguna, EH Baiko hautetsia eta Mauleko ekintzaile ekologista? Zein da haien espazio partekatua?

Nostalgikoa izateko hamaika arrazoi ditugu, bere historian herri hori gauza erraldoiak egiteko gai izan delako. Baikorrak izateko zergatiak ere baditugu, etorkizunean ere dabilen harria garenez goroldiorik ez baita agertuko gure jendartearen gainean. Gora bihotzak!