Climat : Alternatiba, une génération militante qui n’entend pas se résigner
Rémi BARROUX
www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/08/climat-alternatiba-une-generation-militante-qui-n-entend-pas-se-resigner_5366342_3244.html
Il est encore temps ! 3 leçons à retenir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C
Réseau Action Climat
https://reseauactionclimat.org/rapport-giec-2018/
Un fournisseur d’électricité « verte » peut cacher une mine de charbon : le palmarès
Mr. Mondialisation
https://mrmondialisation.org/un-fournisseur-delectricite-verte-peut-cacher-une-mine-de-charbon
Birsortzeko aroa
Eneko Gorri
www.argia.eus/argia-astekaria/2616/birsortzeko-aroa
Climat : Alternatiba, une génération militante qui n’entend pas se résigner
Rémi BARROUX/strong>
www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/08/climat-alternatiba-une-generation-militante-qui-n-entend-pas-se-resigner_5366342_3244.html
Près de 15 000 personnes ont convergé ce week-end à Bayonne pour rappeler lʼurgence de la lutte contre le réchauffement climatique.
La pluie et le froid relatif qui ont sévi sur le quartier du Petit-Bayonne, au cœur de la ville du littoral basque, nʼont pas empêché les quelque 15 000 participants au rassemblement dʼAlternatiba de scander « chaud, chaud, chaud, nous sommes plus chauds que le climat ! ».
Samedi 6 et dimanche 7 octobre, ils sont donc venus en nombre accueillir les militants qui – comme ils lʼavaient déjà fait en 2015, à la veille de la conférence climat de la COP21 – ont parcouru les routes de France à vélo. Quatre mois à pédaler, soit 5 800 km au total, afin de sensibiliser sur les conséquences du
réchauffement climatique.
Au moment où le Groupe dʼexperts intergouvernemental sur lʼévolution du climat (GIEC) publie un rapport spécifique sur le seuil de 1,5 °C, cette génération militante nʼentend pas se résigner. «Changeons le système, pas le climat » est son mot dʼordre. « Notre message est clair, nous allons utiliser ce rapport pour délégitimer et écarter toute proposition, toute politique qui conduirait à un réchauffement de + 3 °C, déclare Maxime Combes, dʼAttac. Le rapport indique clairement que lʼobjectif de + 1,5 °C est encore possible, que les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum en 2020, et non en 2030, comme le prévoient les NDCs [Nationally determined contributions] publiées pour la COP21. »
Nécessité d’agir
Dimanche, en fin de journée, lors du meeting de clôture, un appel a été lancé : « Il est encore temps, reprenons notre avenir en main. » Ce texte, lu à la tribune, invite au renforcement de la mobilisation. «Lʼalerte rouge a sonné. Dès le 8 octobre, nous nous saisirons du rapport du GIEC pour pousser nos élu-e-s à transformer nos territoires et demander des comptes aux entreprises et aux banques. » Des marches pour le climat sont programmées samedi 13 octobre. «Nous montrerons ainsi notre détermination face à ceux qui nous mènent vers un climat de + 3 °C », assurent les auteurs de lʼappel, annonçant des « actions non violentes et déterminées ».
La nécessité dʼagir était bien au coeur des préoccupations dans les dizaines de débats organisés tout au long du week-end. Gaby, lycéenne vivant à Poitiers, et Moriba, migrant guinéen hébergé à Bayonne, ont lu un manifeste qui résumait le sentiment des participants à lʼinitiative dʼAlternatiba, ce mouvement citoyen «pour le climat et la justice sociale », né en 2013 dans la ville basque. « Depuis plus de quarante ans, les scientifiques ont multiplié les cris dʼalarme. Depuis que nous sommes nés, il y a eu le sommet de Copenhague et la COP21 à Paris. Mais rien nʼa changé concrètement », ont clamé les deux jeunes de 16 ans.
Le constat pourrait être amer. Mais les militants dʼAlternatiba, épaulés notamment par les Amis de la Terre et Attac, sont loin dʼêtre découragés. « Cʼest en train de basculer, nous sommes plus nombreux, nous avons formé plusieurs centaines de personnes à lʼaction, à lʼoccasion des étapes de notre tour de France », estime Pauline Boyer. Jeune militante, elle a rejoint le mouvement lors du village des alternatives qui sʼest tenu à Paris en 2015.« Militante à Greenpeace, jʼai été attirée par le côté efficace et bienveillant, où tout le monde pouvait sʼexprimer et, tout de suite, être utile », dit-elle.
Celle qui est devenue depuis lʼune des porte-parole du mouvement se félicite de lʼaffluence grandissante lors des initiatives du mouvement, plus de 750 000 personnes y ayant participé. Mais, devant lʼurgence, il va encore falloir accélérer. « Le rapport du GIEC est un énième cri dʼalarme. Mais il dit que cʼest encore possible de rester à +1,5 °C. Si cʼest possible, pourquoi ne le fait-on pas ? », interroge Pauline Boyer.
Cette nouvelle génération, jeune et féminine, a pris les rênes du mouvement. Ainsi, Cécile Marchand, 23 ans, a rejoint Alternatiba à Lille, en 2014. Soucieuse de la dimension sociale de ce combat et de solutions concrètes, salariée depuis un an aux Amis de la Terre, elle pense aussi quʼil faut intensifier la lutte. « Les grandes entreprises commencent à avoir peur, à prendre en compte le risque que nous représentons pour elles, avec nos actions », estime-t-elle.
Actions contre une rencontre des pétroliers offshore à Pau, contre lʼassemblée générale des actionnaires de Total à Paris, ou encore contre les banques qui financent des projets dʼexploitation dʼénergie fossile, les objectifs ne manquent pas. « On ne peut pas dire quʼon va arrêter, baisser les bras ou se contenter de faire de lʼadaptation au changement climatique. Il faut tout faire pour gagner la bataille, maintenant », dit Cécile.
Formée dans le combat antipub, mais aussi dans le creuset des Forums sociaux mondiaux, dont celui de Tunis en 2013, Elise Ayrault fait elle aussi partie aujourdʼhui des cadres du mouvement. Comme Pauline ou Cécile, Elise a été attirée par la responsabilisation immédiate demandée aux militants. «Cʼest à nous de faire bouger les choses, dʼagir, et Alternatiba offre un cadre de formation, dʼéchange et de rencontre », explique celle qui, à Bayonne, sʼoccupe de répartir les quelque 1 200 bénévoles qui permettent la réussite du week-end.
Dénonciation de l’inertie des gouvernements
Mobilisée sur des projets locaux dans les Yvelines, la jeune femme de 33 ans nʼa quʼun regret : que les personnes les plus défavorisées ne soient pas davantage au coeur des actions sur lʼenvironnement et le climat. « Il faudrait quʼelles soient les plus concernées par des initiatives comme la création dʼAMAP par exemple [les associations pour le maintien dʼune agriculture paysanne ou de proximité]. »
Volontaires, peu tentés par le militantisme proposé par les organisations politiques, ces jeunes veulent être efficaces sans délai. « Cʼest une génération qui sait que, en fonction des choix actuels, la parenthèse des dix mille dernières années qui a connu un climat plutôt stable et tempéré va se refermer ou non. Soit le monde subsistera avec un réchauffement maintenu à +1,5 °C, soit il deviendra tout simplement hostile à la vie. Il y a une vraie urgence et cette génération le sait, elle sʼinvestit à fond», juge Txetx Etcheverry, lʼun des fondateurs dʼAlternatiba, militant rompu au syndicalisme tout autant quʼaux luttes politiques du peuple basque. Admiratif de cette nouvelle équipe dʼanimation à laquelle il a cédé bien volontiers les rênes du mouvement, Txetx Etcheverry continue de motiver les uns et les autres, toujours à la recherche de nouveaux objectifs.
« Le climat, cʼest maintenant, si on perd, ce sera trop tard. Il faut changer le système et ce ne sont pas des petits pas qui le permettront, comme lʼa dit Nicolas Hulot. Lʼéconomie capitaliste est juste destructrice », proclame Fanny Delahalle. Cette Normande de 34 ans, ancienne de Greenpeace, qui a coordonné le tour Alternatiba 2018, pédalant sur quelque 2 500 km, dénonce lʼinertie des gouvernements mais veut croire au renouveau de la mobilisation citoyenne. Un leitmotiv entendu à Bayonne durant tout le week-end.
Il est encore temps ! 3 leçons à retenir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C
Réseau Action Climat
https://reseauactionclimat.org/rapport-giec-2018/
Lors de la COP21, tous les pays se sont engagés à maintenir le réchauffement global bien en deçà de 2°C, et à “poursuivre les efforts nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C” par rapport à l’ère pré-industrielle. Trois ans après, cet objectif ne doit pas rester un chiffre sur le papier : pour des millions de personnes, maintenir le réchauffement à 1,5°C est une condition de survie. Les mesures à adopter pour concrétiser cet engagement peuvent aussi bénéficier à toutes et à tous : c’est la possibilité de vivre dans un monde plus sain, plus juste et plus durable.
Alors que la planète connaît déjà 1°C de réchauffement moyen, les impacts violents des dérèglements climatiques se multiplient partout dans le monde et frappent en premier lieu les populations les plus vulnérables au Sud. Le temps n’est plus à la prise de conscience. Il est à l’action immédiate, profonde, de tous les acteurs, y compris politiques et économiques, au premier rang desquels les États. Si le rapport du GIEC doit apporter aux gouvernements les preuves scientifiques de la nécessité d’accélérer sans attendre leurs actions climatiques, les ONG mentionnent trois points clés pour limiter le réchauffement global à 1,5°C.
Leçon 1 :
Limiter le réchauffement à 1,5°C : c’est indispensable et désirable
Éviter les impacts les plus dramatiques et irréversibles des changements climatiques
Aujourd’hui, le coût de l’inaction est évident. Un réchauffement de 1,5°C aura de graves impacts, et chaque dixième de degré supplémentaire ferait peser des conséquences inacceptables sur les populations et les écosystèmes. Il y a un monde entre un réchauffement de 2°C et 1,5°C : il est donc indispensable de mettre tout en oeuvre, sans attendre, pour éviter de franchir le seuil de 1,5°C.
Canicules sans précédent en Europe, inondations dévastatrices au Kerala en Inde, graves épisodes de sécheresse au Sahel, ouragans de plus en plus intenses et fréquents de par le monde… Les impacts des changements climatiques sont déjà visibles à 1°C de réchauffement moyen. Or ces impacts ne sont qu’un avant-goût des conséquences dévastatrices et irréversibles d’un réchauffement climatique de plus de 1,5°C.
Au-delà de cette limite, les impacts bouleverseraient nos sociétés et nos écosystèmes de manière profonde : baisse de la qualité nutritionnelle des aliments et de la productivité agricole, vagues de chaleurs plus fréquentes et intenses, pénuries d’eau, hausse des inondations, désertification, extinction massive de biodiversité. Les populations les plus vulnérables au Sud, notamment les paysan.ne.s et peuples autochtones, en sont déjà et en resteront les premières victimes, alors qu’elles sont également porteuses de solutions. Les changements climatiques les contraignent à des déplacements et migrations, aggravent la faim dans le monde, et sont un frein majeur à l’éradication de la pauvreté.
Les pays d’Europe ne seront pas non plus épargnés. En 2017, les événements météorologiques extrêmes ont déjà coûté 14 milliards d’euros à l’Union européenne. Si le réchauffement continue, le coût de ces impacts pourrait atteindre 120 milliards d’euros à +2°C de réchauffement et jusqu’à 190 milliards à +3°C (Joint Research Center, 2014).
Un futur désirable pour toutes et tous
S ’il est indispensable d’éviter les pires impacts des dérèglements climatiques, limiter le réchauffement à 1,5°C signifie aussi appliquer des mesures qui rendront la planète plus vivable. Des politiques compatibles avec cet objectif peuvent permettre de réduire la pollution atmosphérique dans nos villes et respirer un air moins pollué, de disposer d’une nourriture plus saine, de vivre dans un monde plus stable et plus sûr, de réduire les inégalités et de favoriser le développement durable. Limiter le réchauffement global à 1,5°C, c’est l’occasion de repenser nos modes de production et de consommation et de promouvoir une transition juste pour toutes et tous. Cette transition permettra notamment de créer des milliers d’emplois de qualité, en particulier dans le domaine de l’énergie.
Ces transformations auront des impacts concrets en France. Par exemple, d’ici à 2050, jusqu’à 600 000 emplois nets pourraient être créés grâce à des politiques de transition écologique et énergétique compatibles avec un réchauffement de 1,5°C, notamment dans le secteur de la rénovation énergétique et des énergies renouvelables (Négawatt, 2017). L’adoption d’une alimentation saine (deux fois moins de viande, deux fois plus de bio) engendrerait un gain de 10 milliards d’euros sur le pouvoir d’achat des français (CIRED, CNRS, 2016)
Leçon 2 :
Limiter le réchauffement à 1,5°C : il est encore temps !
De toute urgence : changer les politiques climatiques de cap et d’échelle
Les politiques climatiques actuelles sont loin de mettre la planète sur la bonne voie. Au contraire, les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en 2017 et les engagements climatiques des pays pris à la COP21 nous emmènent vers un réchauffement de plus de 3°C d’ici à la fin du siècle.
Mais il n’est pas trop tard : une action immédiate de la part des gouvernements, entreprises et investisseurs peut encore infléchir la tendance et permettre de limiter le réchauffement à 1,5°C. Cela demande des efforts sans précédent et des transformations profondes de notre système. Concrètement, il s’agit de réduire drastiquement les émissions pour atteindre la neutralité tous gaz à effet de serre d’ici à la moitié du siècle, c’est-à-dire un équilibre entre les émissions et les puits naturels (océans ou forêts).
Il est urgent d’appliquer les solutions qui existent déjà : mettre fin à l’exploitation et au financement des énergies fossiles comme le charbon, le gaz, le pétrole ; atteindre 100 % d’énergies renouvelables ; améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments ; repenser nos modes de déplacement et notre système agricole et alimentaire. Il est également nécessaire d’amplifier les soutiens financiers envers les plus vulnérables, au Nord comme au Sud, afin de garantir une transition juste socialement.
Le verrou n’est plus technique, il est politique. D’ici à 2020, les pays, au premier rang desquels les pays industrialisés, ont la responsabilité d’augmenter leurs objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre et d’appliquer réellement les politiques auxquelles ils s’engagent.
Face au retard pris par les États, les scientifiques indiquent qu’il faudra non seulement réduire drastiquement les émissions, mais aussi développer des méthodes pour retirer des gaz à effet de serre de l’atmosphère. Plus les États attendront, plus ils devront avoir recours à ces méthodes qui comportent des risques. Limiter le réchauffement à 1,5°C ne doit pas être un prétexte pour laisser la porte ouverte à de fausses solutions qui auraient des conséquences inacceptables.
Par exemple, un recours massif aux technologies non matures, très coûteuses et risquées dites “d’émissions négatives”, ayant pour but d’absorber le CO 2 et de le stocker sous le sol, viendrait remettre en cause les droits fondamentaux, la sécurité alimentaire de millions de personnes et la biodiversité. Cela pourrait conduire à développer des pratiques agricoles vantées pour leur supposé stockage de carbone, mais qui ne réduisent en réalité pas l’impact climatique de nos systèmes agricoles et alimentaires, parmi les premiers contributeurs d’émissions. Un recours massif à l’énergie nucléaire pour réduire les émissions, quant à lui, serait à la fois dangereux, coûteux, inefficace et irréaliste au regard des prévisions.
L’urgence est donc de réduire nos émissions maintenant en appliquant des solutions respectueuses des êtres humains et de l’environnement.
Leçon 3
En France et en Europe : un “plan d’action 1,5°C” dès maintenant
Il est indispensable de passer des politiques des petits pas à des changements profonds, nécessaires à une transition écologique juste pour toutes et tous, au Nord comme au Sud. Les gouvernements doivent entendre l’appel de la science et des citoyens. Ils doivent appliquer des “plans d’actions 1,5°C” pour rendre leurs politiques compatibles avec le seul objectif acceptable de l’accord de Paris.
DANS L’UNION EUROPÉENNE, REFUSER L’INACTION
Les objectifs climatiques européens, fixés en 2014, sont obsolètes depuis la COP21 et sont très loin de ce que l’Europe peut et doit faire. Face à l’urgence rappelée par la plainte de 11 familles victimes des impacts du changement climatique en Europe, et à quelques mois des élections européennes, il est temps que les dirigeants des pays européens, dont la France, prouvent que l’Europe peut agir pour protéger ses citoyens.
Réviser les objectifs climatiques européens pour 2030 en accord avec un objectif de long-terme ambitieux
La France doit mener de front cette bataille pour faire aboutir la révision à la hausse de la contribution européenne à l’accord de Paris avant 2020. Il est essentiel que les objectifs climatiques européens pour 2030 soient compatibles avec une trajectoire de réduction des gaz à effet de serre menant l’Europe sur la voie de zéro émission nette bien avant 2050.
Prendre des mesures de court terme pour inverser la courbe des émissions
L’Europe doit prendre des mesures pour réduire rapidement ses émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs. Après l’adoption du paquet « Énergie propre » qui permettra d’accélérer le développement des énergies renouvelables, d’autres dossiers peuvent changer la donne :
- La législation sur les normes de CO2 des véhicules et des poids lourds : la France et l’Europe doivent tourner le dos aux pressions de l’industrie automobile et porter des normes ambitieuses aux côtés du Parlement européen ;
- La réforme de la politique agricole commune : la France et l’Europe doivent mener une refonte du système agricole et de notre alimentation aux bénéfices des Européens ;
- Le futur budget européen : la France et l’Europe doivent renoncer à tout investissement contraire à l’accord de Paris, et catalyser les financements pour la transition énergétique et l’accompagnement des régions et travailleurs vers les activités d’avenir.
EN FRANCE, PASSER DES PETITS PAS AUX POLITIQUES STRUCTURANTES
En 2017, la France a dépassé de 6,7 % son plafond d’émissions de gaz à effet de serre. La seule réponse acceptable de la part du gouvernement français est une accélération et une hausse de l’ambition immédiate de ses politiques climatiques et énergétiques. Cela inclut :
Une loi sur les mobilités 100 % compatible avec l’accord de Paris
Alors que le secteur des transports représente 29 % des émissions de gaz à effet de serre en France, l’avant-projet de loi d’orientations des mobilités annonce une politique de transports sans grande transformation. Pour viser zéro émission nette, le projet de loi doit écarter les projets autoroutiers, supprimer les avantages fiscaux des transports les plus polluants et déployer des mesures favorables aux alternatives à la voiture individuelle pour tous.
Une transformation en profondeur du modèle agricole et alimentaire
Il est impératif de soutenir sans attendre un nouveau modèle agricole et alimentaire bon pour l’environnement, la santé de tous, et créateur d’emplois. Cela implique de diviser par deux l’utilisation des engrais azotés de synthèse, d’interdire les phytosanitaires les plus nocifs, de mettre en place une campagne ambitieuse pour diviser par deux la consommation de viande, de faire chuter la consommation de produits transformés et d’atteindre une consommation de 50 % de produits biologiques dans l’alimentation des français d’ici 2050.
Une planification énergétique 100 % énergies renouvelables
En parallèle de politiques ambitieuses de maîtrise de la demande en énergie, la France doit faire le choix clair des énergies renouvelables et se fixer l’objectif de 100 % énergies renouvelables en 2050. La prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devra donner un calendrier de fermeture des centrales à charbon et des réacteurs nucléaires qui soit compatible avec l’ambition de donner la priorité aux économies d’énergies et aux renouvelables.
Un soutien financier renforcé pour les pays les plus vulnérables
La France, au côté des autres pays développés, a la responsabilité d’aider les populations les plus vulnérables dans leur action climatique. Elle doit accroître ses financements, en particulier pour accompagner l’adaptation aux changements climatiques dans les pays les plus en difficulté. Une allocation de 100 % des recettes de la taxe sur les transactions financières française à la solidarité internationale et au climat permettrait d’augmenter de 800 millions d’euros par an la contribution de la France sous forme de dons.
Un budget français compatible avec la limitation de la température à 1,5°C
Alors que le projet de loi de finance pour 2019 vient d’être publié, la France doit s’atteler à verdir son budget, comme elle s’y est engagée lors du One Planet Summit. Cela implique la suppression des niches fiscales en soutien aux énergies fossiles et le fléchage des recettes de la fiscalité écologique vers les solutions comme les transports en commun ou la rénovation des logements. A minima, le gouvernement doit maintenir les aides à la rénovation énergétique, prioritairement pour la réalisation de rénovations très performantes au bénéfice des ménages les plus en difficulté, pour lutter contre la précarité énergétique.
Un fournisseur d’électricité « verte » peut cacher une mine de charbon : le palmarès
Mr. Mondialisation
https://mrmondialisation.org/un-fournisseur-delectricite-verte-peut-cacher-une-mine-de-charbon
Publié cette semaine, le classement Greenpeace des fournisseurs d’énergie « verte » rappelle qu’en la matière, toutes les offres ne se valent pas. Le mécanisme des garanties d’origine permet en effet à de nombreuses entreprises de proposer des contrats présentés comme écologiques sur la forme alors que ces fournisseurs n’engagent en réalité que peu voire aucune démarche pour soutenir le développement des énergies renouvelables…
Répondant à la demande des consommateurs, les offres d’énergies vertes se sont multipliées ces dernières années et c’est globalement une très bonne chose. Pourtant, les contrats proposés par certains géants comme EDF, Engie ou Total ne sont durables qu’en apparence, puisque ces entreprisses proposent en réalité une énergie d’origine nucléaire ou dont la production émet malgré tout des quantités importantes de gaz à effet de serre. Ce coup de passe-passe commercial qui se fait au nez du consommateur (et qui aura bien du mal à le déceler) est rendu possible grâce au mécanisme des garanties d’origine. Explications.
« Tous les fournisseurs d’électricité ne se valent pas »
« Aujourd’hui, la réglementation impose une seule contrainte à un fournisseur qui veut se dire vert : celle d’acheter des certificats verts », explique Alix Mazounie, chargée de campagne chez Greenpeace France. Il n’est donc pas obligatoire de produire ou d’acheter de l’électricité d’origine renouvelable. « On se retrouve dans une situation complètement absurde où un fournisseur 100 % charbon ou 100 % nucléaire peut se déclarer 100 % vert« , poursuit la salariée de Greenpeace. « Il y a de plus en plus de fournisseurs sur le marché – 29 cette année – et de plus en plus d’offres vertes. Il est très difficile pour le consommateur de savoir aujourd’hui ce qui se cache derrière l’appellation « offre verte » et si cela signifie qu’un fournisseur a réellement une politique de développement d’électricité renouvelable au-delà du marketing », dénonce encore la salariée.
La garantie d’origine atteste au consommateur qu’une quantité équivalente à sa consommation d’électricité a été injectée sur le réseau quelque part en Europe. En revanche, développe Alix Mazounie, « la garantie ne dit pas si le fournisseur s’est contenté d’acheter cette garantie ou s’il a acheté de l’énergie renouvelable avec ». Le problème est donc que la garantie d’origine peut être apposée sur une énergie qui n’est pas forcément renouvelable.
Le classement, qui aide à y voir plus clair, a donc été établi en fonction des critères suivants : (1) Les fournisseurs achètent-ils ou produisent-ils l’électricité ? Avec quelles sources d’électricité ? (2) Dans quelles énergies investissent-ils, dans quelles proportions et à quel rythme ? (3) Font-ils usage des garanties d’origine ? Si oui, d’où viennent-elles ? Sur la base de ces premiers éléments, les 19 fournisseurs actifs sur l’ensemble de l’année 2017 ont été classés en quatre catégories : « Vraiment verts », « en bonne voie », « à la traîne » et « vraiment mauvais ».
Les grandes entreprises du secteur de l’énergie en queue de peloton
Ainsi, des fournisseurs d’énergie comme « EDF » ou « Total Spring », qui composent le bas du classement Greenpeace, proposent des offres « vertes », mais produisent et/ou fournissent de l’électricité essentiellement nucléaire ou investissent dans des forages pétroliers. Acheter des garanties d’origine, ce qui contribue certes à soutenir légèrement les producteurs de renouvelables, leur permet surtout de se donner une image positive, mais trompeuse. A contrario, en tête du classement, « Énergie d’ici », « Enercoop » et « Ilek » sont des fournisseurs qui s’engagent réellement dans le développement des énergies renouvelables puisqu’ils proposent une énergie au moins à 95 % renouvelable.
Cette mise en point permet de rendre plus lisible le marché actuel pour mieux comprendre ce qui se cache derrière la prise. Néanmoins, dix ans après la libéralisation du marché, une personne sur deux ne sait toujours pas qu’elle peut changer de fournisseur. La démarche, rappelle Greenpeace, n’est pourtant pas compliquée.
Pour rappel, selon les chiffres du gouvernement, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie de la France a progressé de près de 7 points sur les dix dernières années, passant de 9,3 % en 2006 à 16,0 % en 2016. En dépit des efforts réalisés, le pays reste à la traîne, notamment en raison du verrouillage technique du nucléaire. N’est-il pas temps d’éclairer les consommateurs sur l’énergie qu’ils utilisent ?
Pour accéder au détail du classement Greenpeace des fournisseurs d’électricité « verte » : guide-electricite-verte.fr
Birsortzeko aroa
Eneko Gorri
www.argia.eus/argia-astekaria/2616/birsortzeko-aroa
Ikasturte berri horren hasieran, jarraian agertutako bi gertakari berdintsuk piztu dute nere atentzioa: bata urriko lehen igandean Lapurtarren Biltzarra ez dela ospatuko aurten, eta bestea, EHZren “hil ala biziko” bilkura. Uda osoan ezagunekin izandako solas etsitu, erre eta galduekin oihartzuna egin dute albiste horiek. Gorabeherak ez dira berriak herri mugimenduetan. Mundu zabalean behatzen diren prozesu berdinak gertatzen dira Euskal Herrian; erlatibizatu dezagun afera.
EHZ festibalaren inguruan asko idatzi da. Afekzio sobera dut horren inguruko gogoetak partekatzeko. Sinple egiteko, errango nuke bi funtzio bete izan dituela azken 20 urteetan: bata barnera begira, bestea kanpora. Bi funtzio horiek, oraindik beharrezkoak direla errango nuke.
Kanpoari begira, gibeltasuna hartuz, aitor dezagun, azken bi hamarkadatan kultur paisaia asko aldatu dela. Subertsiboa zena (euskaraz kantatzea edo rock kontzertu bat antolatzea) arrunta bilakatu da. Batzuek diote ez dela baitezpada seinale txarra EHZ desagertzen bada. Normalizazio baten ondorioa edo. Ez naiz ados. Merkatuak irentsitako kultur eskaintza aseptikoaren ondoan, bada alternatiba erradikalaren beharra.
Ez gaitezen erreprodukziora mugatu, ez eta aldaketaño kosmetikoekin konformatu. Utz diezaiogun gazteriari espresio modu urratzaile berriak bilatzen
Aitzineko belaunaldiek sortu dituzten tresnak kudeatzera ez dira mugatu behar gaurko ekintzaileak. Sortu, asmatu, esperimentatu, menturatu. Lagun batek dioen moduan, “indio gehiago eta jefe gutxiago” behar ditu gure herriak; “kudeatzaile gutxiago eta sortzaile gehiago” gehituko nuke. Ez gaitezen erreprodukziora mugatu, ez eta aldaketaño kosmetikoekin konformatu. Utz diezaiogun gazteriari espresio modu urratzaile berriak bilatzen. Jendea asaldatu, inarrosi eta kontzientziatuko dituen gertakaria. Aitzinekoek transmititu dieguna izorratzeko eta porrot egiteko eskubide osoa dutela onar dezagun.
Barnera begira, EHZ desagertzen bada, non partekatuko dute lan txanda bat Euskal Herria aldatu nahi duten horizonte desberdinetako militanteek? XXI. mende horretan, non topatuko dira Garaziko Gaztetxeko gaztea, Ernai mugimenduko militantea, Amankomunak sareko autonomoa, Hazparneko emazte feminista, Iruñeko euskaltzalea, Itsasuko kabalkadako antzerkilaria, Bermeko sortzailea, Baionako antifaxista, Errekaleorreko bizilaguna, EH Baiko hautetsia eta Mauleko ekintzaile ekologista? Zein da haien espazio partekatua?
Nostalgikoa izateko hamaika arrazoi ditugu, bere historian herri hori gauza erraldoiak egiteko gai izan delako. Baikorrak izateko zergatiak ere baditugu, etorkizunean ere dabilen harria garenez goroldiorik ez baita agertuko gure jendartearen gainean. Gora bihotzak!