Christian Devèze, maire de Cambo-les-bains, refuse que le principe de compensation – qui a déjà des résultats dans la lutte contre la pénurie de logements accessibles en empêchant la transformation des logements habités à l’année en Airbnb permanents – s’applique à sa commune, pourtant dans la zone tendue présentant un déséquilibre marqué entre logements disponibles et demande. A rebours des besoins de la population, l’édile s’est même déclaré pour un détricotage de la mesure.
Voté en 2022 par une large majorité des élu·es de la Communauté d’agglomération, le principe de compensation oblige chaque propriétaire qui veut louer un logement en meublé de tourisme, type Airbnb, à transformer en parallèle, dans la même commune, un local de même surface, qui n’était pas déjà destiné à l’habitation, en logement à l’année. Cela rend très difficile ces transformations, protégeant ainsi le parc locatif à l’année. De plus, cette mesure va permettre de récupérer une partie des logements perdus pour la population locale, car les autorisations de louer en meublé de tourisme délivrées à partir de 2020 ne l’ont été que pour 3 ans et les propriétaires n’obtiendront pas le renouvellement de leur autorisation parce qu’ils ne pourront pas remplir les conditions de la compensation.
Cette mesure concerne les 24 communes faisant partie de la zone tendue du Pays Basque au moment du vote, zone oĂą le nombre de logements proposĂ©s Ă la location est très infĂ©rieur au nombre de personnes souhaitant devenir locataire d’un logement pour en faire leur rĂ©sidence principale. Un dĂ©cret publiĂ© le 25 aoĂ»t 2023 met Ă jour la liste des communes relevant de cette zone et y ajoute 11 nouvelles communes basques dont Cambo-les-Bains. Ces communes peuvent dĂ©sormais bĂ©nĂ©ficier de la règle de compensation afin de favoriser l’usage de logements Ă l’annĂ©e pour la population.Â
Pourtant, le maire de Cambo-les-Bains, Christian Devèze, a dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© qu’il souhaitait que la commune soit exemptĂ©e de cette règle. Il est mĂŞme allĂ© jusqu’à soutenir une proposition Ă©manant de lobbies du meublĂ© de tourisme en Pays Basque pour vider la compensation de sa substance en la restreignant aux seules personnes physiques propriĂ©taires d’au moins trois logements (la rĂ©sidence principale + un meublĂ© de tourisme permanent sans compensation + un autre meublĂ© Ă compenser). Si une telle rĂ©gression s’appliquait, la compensation ne concernerait plus qu’un nombre très rĂ©duit de cas et serait facilement contournable. Alors que cette règle a permis une diminution de -92% des autorisations de changement d’usage (transformation d’un logement en meublĂ© de tourisme) de 2022 Ă 2023, ces effets seraient largement inopĂ©rants et la perte des logements Ă l’annĂ©e au profit de meublĂ© de tourisme reprendrait son explosion.Â
Les difficultés de la population du territoire à accéder à un logement abordable ne sont pourtant pas moins criantes à Cambo. C’est d’ailleurs en mettant en avant ce besoin que le maire avait justifié la violation de ses engagements à sanctuariser les terres agricoles de la commune en prévoyant d’artificialiser les terres de Marienia plutôt que des terrains plus proches du centre-ville.
Or, si la terre est limitée et que différents usages peuvent entrer en tension, il est tout à fait possible de conjuguer les besoins alimentaires de la population, sa demande en logements accessibles et le respect des sols et la biodiversité pour préserver des territoires habitables. C’est ce qu’affirme un rapport conjoint de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et de la Fondation Abbé Pierre (FAP). Pour concilier enjeux écologiques et logement, ils recommandent tout d’abord d’éviter d’artificialiser en utilisant mieux le bâti existant, notamment en régulant mieux les résidences secondaires. Perspective qui semble encore bien lointaine à Cambo-les-Bains : il s’agit également de la seule commune du Pays Basque – avec Souraïde – à n’appliquer aucune majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. L’urgence écologique et les besoins de la population appellent à repenser les modèles d’aménagement du territoire en priorisant les usages de la terre de façon plus juste et conforme à l’intérêt général.
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