Bizi !

Articles du Vendredi : Sélection du 6 octobre 2023

Notre Monde commun
Elise DILET
www.enbata.info/articles/notre-monde-commun

A l’occasion de l’événement Euskal Herria burujabe des 7 et 8 octobre, Bizi! va proposer une version enrichie et actualisée de son projet de territoire de 2018, intitulée “Reprenons la main sur notre monde commun”. Et inviter chacune et chacun à s’emparer de ce document et de ses propositions concrètes, pour construire ensemble un territoire souverain, solidaire et soutenable écologiquement et socialement, pour la maîtrise des conditions de vie des habitant.e.s d’Euskal Herria.

Cinq ans ont passé depuis la publication du précédent projet. Depuis, la situation a évolué ; la prise de conscience globale de la population concernant l’urgence écologique a beaucoup progressé face à la multiplication des épisodes climatiques extrêmes, et les crises se sont accumulées : crise sanitaire, choc géopolitique, énergétique, alimentaire… En Pays Basque Nord, la mise en place de la Communauté d’agglomération a fait bouger les lignes, de nouveaux acteurs ont émergé.

Mais le postulat de base reste le même : la conviction que c’est la souveraineté effective, la maîtrise des conditions de nos vies qui est la seule issue pour sortir des systèmes délétères qui dérèglent le climat, détruisent le vivant et rongent notre humanité ; et la certitude que le territoire est la meilleure échelle d’action pour développer cette souveraineté.

Sept axes pour reprendre la main sur notre souveraineté

Pour construire un territoire souverain, le texte « Reprenons la main sur notre monde commun » avance des propositions concrètes dans sept thématiques interreliées :
– Politiques territoriales : définir les valeurs et développer les outils et institutions favorisant la maîtrise des conditions de leur vie par les habitant.e.s.

– Communs, inclusivité et entraide : remettre l’interdépendance au centre de notre vision, impulser la solidarité, le partage des richesses pour un monde pacifié et équitable.

– Habitat : assurer un logement digne et sain, créer un habitat qui favorise la vie sociale, qui n’aggrave pas la crise climatique tout en y faisant face.

– Agriculture, eau, forêts : construire la souveraineté alimentaire et renforcer la robustesse des écosystèmes qui soutiennent nos vies.

– Mobilités soutenables : réduire la dépendance à la voiture et au fret routier, assurer un transport public soutenable et accessible.

– Énergies renouvelables : réduire nos besoins énergétiques et développer un modèle économique citoyen autour de la production d’énergies renouvelables.

– Relocalisation : replacer au cœur du processus de production un projet territorial, conçu collectivement, et soutenable écologiquement et socialement.

Construisons du commun

Toutes ces propositions concrètes, ces leviers de la métamorphose, nous devons les mettre en œuvre. Le pouvoir est dans notre capacité à nous organiser, dans nos constructions collectives. Nous le savons, l’action individuelle ne suffit pas. Nous le constatons tous les jours, il y a peu à attendre des gouvernements. Pourtant, la métamorphose doit maintenant changer d’échelle. Nous savons ici que des victoires peuvent se gagner grâce aux luttes citoyennes, sans attendre que les solutions viennent d’en haut.

Nous invitons donc toutes celles et tous ceux qui partagent le constat que le système actuel mène l’humanité à sa perte à s’emparer du document « Reprenons la main sur notre monde commun ». Cela ne signifie pas que nous attendons que toutes et tous y adhèrent sans réserve. A l’image de la monoculture, la mono-pensée stérilise. A l’inverse, lorsqu’il y a des bases de valeurs partagées, qu’il y a un respect de la pensée de l’autre, de son altérité, que l’on accepte que l’on peut s’accorder dans des domaines et profondément diverger dans d’autres, la confrontation des idées et le travail collectif permettent de construire du commun. Ce document s’est d’ailleurs enrichi des échanges qui se sont déroulés lorsque Bizi! a été amené à en présenter la première mouture, invité régulièrement par des structures diverses aux quatre coins d’Euskal Herria. Nous continuerons ce travail avec les acteurs constructifs du territoire.

 

Changer d’échelle

Face à l’urgence de la situation, il nous faut trouver des leviers d’action pour démultiplier l’action individuelle. C’est pourquoi nous appelons les structures collectives (entreprises, administrations, institutions, organisations, collectifs…) à s’engager dans une trajectoire de métamorphose écologique et sociale du territoire. Une entreprise qui valorise le transport à vélo, un établissement scolaire qui installe des toilettes sèches, une administration qui forme ses salariés aux enjeux de la réduction des déchets, auront plus d’impact au niveau des résultats mais aussi du changement global de comportement. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus penser nos activités sans prendre en compte leurs conséquences écologiques et sociales. Reprenons la main sur notre monde commun, à tous les niveaux de nos vies.

Maîtriser notre destin… et la complexité des choses
Txetx ETCHEVERRY
www.enbata.info/articles/maitriser-notre-destin-et-la-complexite-des-choses

Dans un Pays Basque nord dont la majorité de la population ne se définit pas comme abertzale, comment doit-on appréhender le fait qu’un mouvement tel que Bizi! défende le projet d’un Euskal Herri souverain, solidaire et soutenable ?

Les samedi 7 et dimanche 8 octobre à Bayonne se tiendra Euskal Herria Burujabe, évènement festif et revendicatif, mais également temps fort d’une réflexion de fond lancée dès Alternatiba 2018. Le document Euskal Herria burujabe qui fut alors publié entamait la réflexion sur la souveraineté d’Euskal Herria avec un angle différent de celui auquel certains étaient jusqu’alors habitués.

Avec ce travail théorique, l’objectif de Bizi! était de rédiger un projet global « nous servant de boussole dans nos engagements quotidiens ». Il s’agissait de « commencer humblement à dessiner les chemins de transition pour avancer vers Euskal Herria burujabe ; vers un Pays Basque souverain, soutenable et solidaire ». Face à « un système hors-sol, la tyrannie de la croissance, une société déshumanisée, et une impossible fuite en avant », Bizi! posait dans sa réflexion un concept nouveau, un objectif stratégique fort ainsi défini : « reprendre possession des conditions de nos vies ».

Pour en reprendre possession, Bizi! proposait de travailler à la reconquête des diverses souverainetés réelles, concrètes (alimentaire, énergétique, résidentielle, économique, sociale, culturelle…) dans un cadre géo-politique bien précis : Euskal Herria.

Pour Bizi!, mouvement basque qui s’est créé dans et pour la bataille du climat, travailler à ce qu’Euskal Herria puisse maîtriser réellement son destin était un objectif indispensable pour faire face aux grands défis universels de notre temps, en premier lieu desquels la déstabilisation du climat de notre planète. Et c’était aussi la manière la plus efficace de contribuer à la bataille planétaire contre cette déstabilisation.

Cinq ans après

Cinq ans après, la réflexion s’est prolongée et approfondie, alimentée par la pratique de Bizi! et aussi par celles des multiples expériences alternatives qui fleurissent de partout en Iparralde (Laborantza Ganbara, Euskal Moneta, Txirrind’Ola, Recycl’arte, I-Ener, Enargia, Lurzaindia, Konpon Txoko, Aupa, etc.). Elle va déboucher sur la publication d’un nouveau document, et également sur l’organisation d’un grand événement qui vise à socialiser cette réflexion et à lui donner un écho supplémentaire.

Cinq ans après, moi qui étais l’un des membres actifs de la Koordinaketa de Bizi! et du groupe Burujabe qui animait cette réflexion en son sein, je ne suis plus qu’un simple adhérent du mouvement qui en compte aujourd’hui près de 800, ce qui est considérable dans un petit territoire comme Iparralde. J’attends avec impatience de découvrir le nouveau document Euskal Herria burujabe et les réflexions réactualisées et approfondies qu’il offrira au débat collectif. Je me réjouis du travail phénoménal mené par les nouvelles équipes qui animent Bizi! et du pari important qu’elles ont pris avec l’organisation d’un grand rassemblement de deux jours autour de ce projet. J’apprécie autant la poursuite de cet exercice d’élaboration théorique que de voir des milliers d’affiches ou d’autocollants Euskal Herria burujabe fleurir de tous côtés dans un Pays Basque nord où la majorité de la population reste à convaincre du bien-fondé de la souveraineté d’Euskal Herria.

Porte d’entrée versus ligne d’arrivée ?

J’applaudis donc ce travail constant et enthousiaste des militantes et des militants de Bizi! pour plaider la cause d’un Pays Basque qui puisse maîtriser son destin, et pour construire les outils qui le permettent. J’ai pu lire ici ou là certains reprocher à Bizi! d’utiliser le concept de souveraineté alors que ce n’est pas une organisation abertzale, sous des titres fleurant bon le procès en sorcellerie : « Le mouvement Bizi! donne un faux sens au mot Burujabe » ou « Bizi! n’est pas abertzale mais instrumentalise des notions et des images abertzale »…

Tout comme Seaska ou ELB, Bizi! ne se définit effectivement pas comme une organisation abertzale. Mais au vu de son travail quotidien et permanent depuis près de 15 ans maintenant, mené conjointement par des bénévoles abertzale et d’autres non, je pose la question suivante : qui fait le plus avancer la cause abertzale aujourd’hui en Euskal Herria ?

Ceux qui tentent d’inviter la majorité non abertzale à un projet qui défend la souveraineté du Pays Basque ou les « Max Havelaar » de l’abertzalisme qui leur reprochent de n’être qu’une porte d’entrée, et non la ligne d’arrivée ?

Les différents chemins

Je pense pour ma part que tout abertzale devrait se réjouir de voir un mouvement large comme Bizi!, qui n’est ni un parti politique ni une organisation se définissant à priori comme abertzale, porter et socialiser publiquement un projet parfaitement compatible avec les objectifs de souveraineté politique et institutionnelle qui fondent le combat abertzale.
Mixel Berhocoirigoin, qui avait participé à la relecture du document Euskal Herria burujabe de 2018, savait parfaitement définir une telle dialectique vertueuse. Voilà comment il en parlait, ici au sujet d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara : « Dans les gens qui soutiennent la démarche de la Chambre, il y a des motivations de différents niveaux ; le combat, on le mène avec cette diversité ; je dis toujours, parce que je l’ai vérifié dans d’autres occasions, que, pour gagner un combat, il ne faut pas vouloir que tous ceux qui le soutiennent le fassent pour les mêmes raisons. Il peut y avoir des raisons différentes qui font que les gens, à un moment donné, convergent pour soutenir un combat ; ensuite, il faut construire cette convergence, il faut faire en sorte que cette convergence se transforme en cohérence (…). Je crois beaucoup à cela : si on fait un pas ensemble même si nos motivations sont différentes, on a fait un pas ensemble, et ensuite on peut imaginer un deuxième pas alors qu’on ne l’avait pas imaginé possible auparavant. Moi, je crois en cette dynamique-là. »

« Ça a donc une dimension abertzale. Il n’y a pas toujours besoin de le dire pour que ça le soit. Il vaut mieux que ça le soit sans être dit que l’inverse. Mais des gens qui ne sont pas abertzale s’y identifient aussi. Il y a plein de gens qui viennent à Laborantza Ganbara, intellectuellement, idéologiquement ou de façon matérielle par leur soutien, etc., par leur propre chemin. Certains parce que c’est abertzale, d’autres parce que c’est un autre type de développement, d’autres parce qu’ils mettent ça dans le cadre de la construction nationale, etc. Et moi, je dis que c’est très bien que chacun ait son chemin, pour venir à Ainiza à Laborantza Ganbara. Il ne faut surtout pas obliger tout le monde à venir par le même chemin ! Car si on doit faire avancer des choses en Pays Basque, c’est en respectant le chemin de chacun.»

Penser et agir dans un monde complexe

Quand je tente de comprendre divers mouvements et collectifs surgis ces dernières années en Euskal Herria, j’ai l’impression d’y retrouver une même caractéristique. Dans un monde de plus en plus déstabilisé et incertain, certains ont besoin de certitudes pour y faire face, de catéchismes rassurants, de vérités simples et absolues, de catégories bien tranchées. Mais à mes yeux, c’est au contraire la complexité qui offre les seules stratégies gagnantes et véritablement transformatrices, pour vraiment maîtriser notre destin commun.

« Déserter l’emploi, c’est refuser tous les systèmes d’oppression » : quand des jeunes diplômés bifurquent
Laura Bayoumy
https://basta.media/deserter-l-emploi-c-est-refuser-tous-les-systemes-d-oppression-quand-des-jeunes-diplomes-bifurquent

Des jeunes ingénieurs et diplômés désertent leur carrière pour vivre et travailler de manière alternative. Un collectif, Les Désert’ Heureuses, tente d’organiser le mouvement et cette aspiration partagée. Témoignages.

Fougère [1], 36 ans, est partie en Amérique latine juste après voir obtenu son diplôme d’ingénieur. Elle a sillonné le continent pendant dix ans, y travaillant sans recevoir forcément de rémunération. Elle pouvait s’appuyer, entre autres, sur le gîte et le couvert grâce au réseau de woofing, qui met en relation les fermes et la main-d’œuvre. Délaissant les rapports marchands pour miser sur l’entraide, elle a finalement peu eu recours à l’argent pendant cette décennie.

Après cette vie semi-nomade, elle envisage désormais de s’établir sur sa terre natale, dans la Manche. Troquer le nomadisme pour la sédentarité, oui, mais toujours pas question d’un contrat à durée indéterminée pour elle, encore moins d’un prêt bancaire sur vingt ans pour l’achat d’un logement. Oublié, aussi, son diplôme d’ingénieur. Elle a opéré une « désertion ».

Depuis le discours, vu des centaines de milliers de fois sur YouTube, de diplômés de la grande école AgroParisTech, en 2022, le terme se diffuse : de jeunes ingénieurs et diplômés d’autres secteurs « désertent ». Il et elles renoncent à leur carrière pour devenir boulanger, paysan, ou tout simplement faire autre chose qu’un travail dans lequel ils et elles se sentent inutiles face aux défis écologiques et sociaux du présent.

En transition

La désertion représente un véritable acte politique pour les quelques ingénieurs fraîchement diplômés à l’origine d’un festival organisé en septembre à Bretoncelles, dans l’Orne. Déserteuses et déserteurs s’y sont retrouvés pour échanger autour de l’autodéfense administrative, de la solidarité avec les chômeurs, et consolider le réseau naissant de celles et ceux qui aspirent à une autre vie qu’un poste dans une grande entreprise. Le collectif organisateur, les Désert’heureuses, appelle à « bifurquer » des carrières toutes tracées d’emplois jugés destructeurs car participant aux ravages sociaux et écologiques.

L’événement ouvert au public a aussi attiré des zadistes et d’autres personnes mobilisées par exemple contre le projet de mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Ensemble, participantes et participants ont échangé sur leurs pratiques, ont planché sur des projets à lancer en commun, ont filé un coup de main sur le chantier de la charpente du lieu qui les recevait.

Tout le monde souhaite ici rester anonyme. Pour « préserver le vivant », il leur a parfois fallu s’engager contre de grands projets. Celui qui se fait appeler Feuille, 40 ans, ex-doctorant en rupture avec l’institution universitaire, s’est par exemple engagé dans la zone à défendre de l’île du Carnet, en Loire-Atlantique. Il se dit aujourd’hui « en transition ». Vivant pour l’instant avec le RSA, il espère pouvoir bientôt se « libérer de cette emprise » et trouver ses propres ressources.

« Lutter contre la mondialisation »

« Déserter l’emploi, c’est refuser tous les systèmes d’oppression, affirme de son côté Guy, 28 ans, ingénieur. C’est une manière de lutter contre la mondialisation, de s’extraire d’un système dont on ne cautionne pas les valeurs. » Ainsi, au lieu de monnayer leurs compétences au service de l’agro-industrie, Guy et des camarades ont acheté un terrain de quatre hectares dans le Calvados, où ils expérimentent l’autosuffisance. « C’est du travail ! », assure-t-il. Mais lui préfère parler d’« activité ».

La bande d’amis de Guy se dit bien consciente qu’il est plus facile de déserter pour eux, compte tenu de leur « privilèges » : de « mecs blancs cisgenres », dotés de « capitaux intellectuels et financiers », et de « codes culturels » pour s’intégrer à la vie rurale. Alors, le groupe a voulu offrir avec leur ferme un lieu d’accueil à ceux qui voudraient déserter eux aussi. Car « ce n’est pas si évident que ça », tient à préciser Guy.

Selon Feuille, la désertion pourrait d’ailleurs être perçue comme plus « désirable » par des « bourgeois » qui n’ont jamais vécu avec la « peur de finir à la rue ». « Même si quand on vit dans des conditions horribles, à la périphérie des villes, entassés dans des appartements pas insonorisés, qu’on mange de la bouffe de merde, coincés dans un travail de merde, pour un salaire de merde avec un loyer beaucoup trop cher, on a tout à gagner à vivre autrement », ajoute-t-il.

« Une renaissance »

Fedora, 31 ans, a de son côté quitté Tours (Indre-et-Loire) où elle n’était « douée qu’à laver des chiottes », dit-elle, parce qu’elle n’avait « pas fait d’études ». « À la campagne, je travaille dans les champs et c’est une renaissance, témoigne la jeune femme. J’ai compris que ça avait beaucoup plus de sens de rester dehors que d’être enfermée sous les néons d’un supermarché. »

Aux rencontres de Bretoncelles, elle observe, écoute, mais reste le plus souvent silencieuse. Elle est surtout ici parce que le festival se déroule sur son lieu de vie. « Je suis percutée par cette envie pressante de quitter leur emploi de la part de certains qui ont fait des études. J’en connais qui en ont lavé des tonnes de chiottes et qui ont bien ressenti ce besoin pressant », commente-t-elle.

Fedora habite dans sa caravane, qui lui sert de chambre, et utilise la cuisine et la salle de bain d’une maison qu’elle partage sur le modèle de la propriété d’usage. Il y a environ huit ans, 18 personnes regroupées en association ont acheté ce terrain ornais doté de divers bâtiments grâce au réseau Clip, fondé en 2006.

Ici, Fedora contribue aux travaux, à l’entretien du jardin et du lieu, avec trois autres personnes, sans avoir reçu d’impératifs à débourser quoi que ce soit. Le but est de construire un parc immobilier à propriété d’usage anti-spéculatif et autogéré. Lors du festival, la propriété d’usage a été présentée comme une solution alternative d’habitat en se passant éventuellement d’un emploi fixe.

Se former aux métiers qui rendent autonomes

C’est aussi cela déserter. Trouver d’autres moyens de s’en sortir sans dépendre d’un employeur ni d’avoir à côtoyer Pôle emploi. Clara, 26 ans, est juriste de formation. Elle exerçait auparavant dans une association, et se trouve aujourd’hui au chômage. Après avoir souffert d’un burn-out, elle a vu Pôle emploi fondre sur elle : on lui a aussitôt demandé un entretien et tenté d’évaluer sa recherche d’emploi, alors même que sa santé mentale était mise à mal. « Je suis finalement parvenue à prendre du temps pour moi, en randonnant pendant un mois et demi cet été, rapporte-t-elle. Sortir de la ville m’a permis de prendre du recul sur les derniers événements de ma vie. »

Le temps de la réflexion lui a permis de retourner au travail. Mais bénévolement. En passant du temps sur des chantiers collectifs, en découvrant « d’autres manières de sociabiliser ». Celle qui a grandi à la campagne avant de la quitter pour ses études y retourne aujourd’hui avec enthousiasme. Clara aspire désormais à se former aux métiers qui la rendront autonome pour vivre, se nourrir, se loger. Elle dit refuser de prendre part à un « système dysfonctionnel, pernicieux, qui favorise quelques-uns au détriment d’autres ». Forte de ses compétences, elle continue d’assurer bénévolement l’accès au droit pour tous grâce à des permanences.

« Je ne retournerai pas dans des associations légalistes et institutionnelles qui forcent les victimes à subir des procédures ultraviolentes dans le cadre judiciaire », affirme-t-elle. Clara évoque aussi le « racisme » de certains magistrats, une « justice à deux vitesses » ou encore le fait que la France se fasse « taper sur les doigts » par le Conseil de l’Europe pour l’état de ses prisons.

Mais même ces réseaux d’entraide ne sont pas exempts de rapports de domination. On peut par exemple lutter contre les travers du capitalisme sans pour autant être féministe. Brise, 41 ans, et Lila, 36 ans, en dressent l’amer constat. Après de « longues études de droit », l’une a fait ses classes dans les vendanges en biodynamie et la permaculture. L’autre est devenue agricultrice dans l’Orne.

Toutes deux ont « été particulièrement exposées au sexisme », disent-elles. Le chemin est sinueux pour venir à bout de toutes les formes d’oppression. Les membres du collectif Désert’heureuses n’ont pourtant pas l’air de vouloir baisser les bras. De nouvelles rencontres pour dénicher une « myriade de chemins alternatifs » sont  prévues.

Klima larrialdiari aurre egiteko alternatiben eta gogoeten topaleku izanen da Baiona asteburuan
Jenofa Berhokoirigoin
www.argia.eus/albistea/klima-larrialdiari-aurre-egiteko-alternatiben-eta-gogoeten-topaleku-izanen-da-baiona-asteburuan

Euskal Herria Burujabe « festa herrikoi eta ekintzailea » antolatzen ibili da Bizi! mugimendu ekologista, lurralde « jasangarri, solidario eta burujabea » osatzen duten alternatiben ezagutzeko asmoz.

Kontzertuak, hitzaldiak, elkarteen erakusmahaiak, erakusketak, proiekzioak, testigantzak, eskaintza artistikoak, eztabaidak, umeentzako jarduerak eta beste, izango da zer egina urriaren 7 eta 8an Baiona Ttipiko karriketan. Euskal Herria Burujabe izena jarri die Bizi!-k topaketei eta bi helbururekin aritu da unea marrazten: klima larrialdiari aurre egiteko alternatiben eta gogoeten zabaltzea eta Euskal Herri « jasangarri, solidario eta burujabea » osatzeko bidean urratsak ematea.

Euskal Herriko zein Frantziako Estatuko aditu eta arituak bertaratuko dira eta milaka lagunei harrera egiteko topalekua osatu dute. Gogoetaz gain festa giroa ere egonen da, araberako eskaintza osaturik –kontzertuak, joaldunak, txistulariak, batukadak ala beste–.

Sei hitzaldi euskaraz

Gogoeta gehienak frantsesez eginen diren arren, sei hitzaldi bideratuko dituzte euskara hutsean, biga larunbatean eta lau igandean.

Larunbatean (14:00-15:20) justizia klimatikoaz ariko dira EHUko irakasle Elisa Sainz de Murieta eta Aitor Urresti. Ondotik (15:40-17:00) Euskal Herria Burujabe: mende honetako erronkei aurre egiteko lurralde burujabe, jasangarri eta solidarioak lelopean ariko dira Hego Euskal Herriko Greenpeaceko koordinatzaile Lorea Flores, Joseba Azkarraga soziologoa eta ekofeminismoan dabilen Mirene Begiristain irakaslea.

Igandean, alternatiba kolektiboen testigantzak entzungai izanen dira 10:00etatik 11:20tara, Bizi!-ko Habitat etxebizitza taldeko kide Mathilde Etxeleku, Errigorako Xanti Kiroga eta Aupa izeneko autopartekatze kooperatibako Iban Lizarralderen partetik. Ondotik, 11:40-13:00 tartean Naturaren balio anitzen babesa eta hizkuntzak hitzaldia eskainiko dute euskalgintzako Plazara-ko Xan Airek, bionaiztasunean aditua den Unai Pascual ikertzaileak eta Itsaso Olaizola Azurmendi ekologista eta euskaltzaleak. Ekofeminismoaz izanen da 13:30-14:50 tarteko solasaldia, Mirene Begiristain eta Aiala Elorrieta ekofeministen presentziarekin. Azkenik, kooperatibismoaz ariko dira (15:10-16:30) Olatukoopeko Beñat Irasuegi, Biziolako Agurtzane Allur eta Talaios-eko Gorka Julio, Kooperatiben eginkizuna mundu iraunkor eta solidarioa eraikitzeko erronkan zentratuz, .

Trantsizio ekologikoa helburu, Alternatiba topaketak antolatzen ibili zen Bizi! 2013an, eta hamar urte pasa direla « Euskal Herria Burujabe » topaketekin itzuli da.