Tribune publiée dans Mediabask : https://www.mediabask.eus/eu/info_mbsk/20210506/loi-climat-l-echec-du-quinquennat
Le projet de loi Climat et Résilience voté à l’Assemblée Nationale ce mardi 4 mai n’est pas à la hauteur. Ce texte dont l’ambition reste beaucoup trop faible pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030 (par rapport à 1990) de l’Etat Français, est également révélateur du mépris d’Emmanuel Macron envers la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) qu’il a lui-même organisée.
En dehors de quelques mesures, comme l’instauration obligatoire d’une option végétarienne quotidienne pour la restauration collective sous la responsabilité de l’Etat français, aucune des propositions structurantes de la CCC n’a été reprise… Si l’on voulait rire – jaune – on délivrerait au gouvernement une mention spéciale pour leur courage : en 2022, il sera interdit de faire voler un avion publicitaire. Le dérèglement climatique n’a qu’à bien se tenir ! Les mesures de justice sociale portées par la CCC, dans le sillage du mouvement des gilets jaunes, ont elles quasiment disparu.
Depuis sa rédaction jusqu’à sa lecture à l’Assemblée Nationale, la Loi Climat et Résilience n’a été qu’une succession de coups portés au débat démocratique.
La promesse d’Emmanuel Macron d’abord, annonçant qu’il reprendrait sans filtre les 149 mesures de la CCC, mais s’octroyant 3 jokers. Ensuite, le détricotage par le gouvernement et les lobbies, débouchant sur un projet de loi vidé de sa substance. Puis, un débat parlementaire tronqué avec une procédure accélérée et un temps législatif programmé : 20 à 25% des amendements ont été jugés irrecevables (non débattus car estimés sans rapport avec le projet de loi), y compris ceux reprenant les propositions de la CCC ! Et enfin, dans la rue : alors que plus de 110 000 personnes ont rejoint la Marche Climat du 28 mars (dont 430 à Anglet), le rassemblement de militant·es devant l’Assemblée Nationale a été interdit le 6 avril, décision finalement annulée par la justice.
Finalement, cette loi illustre parfaitement la véritable ligne climatique du gouvernement. Loin d’entrer en guerre contre les causes du changement climatique, Emmanuel Macron tente tout simplement une énième fois de capitaliser l’électorat sensible aux questions écologiques, dans la perspective des prochaines échéances électorales, tout en bafouant la démocratie : il se félicite d’”avancer par étapes” et caricature les militant·es qui se battent concrètement contre le dérèglement climatique. Mais à vouloir faire des petits pas, on finit par rater des marches !
Nous n’avons pas confiance en ce gouvernement. Si certaines décisions structurantes doivent être prises aux niveaux national et mondial, 50 à 70% des solutions pour le climat se trouvent à l’échelle locale.
Il est urgent que le Pays Basque Nord s’engage corps et âme pour relever le défi qui conditionne notre présent et notre avenir à tous et toutes : le changement climatique. Par exemple, il y a un an, 46 communes concernant 62 % de la population totale d’Iparralde, ont signé le Pacte de métamorphose écologique du Pays Basque. Elles se sont engagées à mettre en œuvre sur les plans communal et communautaire des mesures phares dans 7 domaines : mobilités douces, énergies renouvelables, alimentation bio et locale, maîtrise de l’énergie, réduction des déchets, développement de l’eusko et déclinaison du Plan Climat. Tous et toutes ensemble, faisons que ces engagements ne soient pas que des paroles : Hitza Hitz ! Et n’oublions pas les communes qui ne l’ont pas signé, car elles aussi portent la responsabilité de la résilience du Pays Basque.
Face à un gouvernement incapable de prendre la mesure du risque climatique et les actes qui en découlent, c’est à nous, citoyen·nes, élu·es, et territoires, de reprendre possession de nos vies : agissons, ici et maintenant !