L’amour secret du président
Les rumeurs en faisaient état mais certains ne voulaient toujours pas y croire, malgré de nombreux épisodes révélateurs. La liaison entre François Hollande et Pierre Gattaz a éclaté au grand jour au détour d’un avant-projet de loi visant à casser les protections pour les salariés, pour le plus grand profit des patrons du CAC40 et du MEDEF. Retour sur un drame de l’infidélité.
Les premiers accrocs au contrat d’union passé avec la gauche et les écologistes n’avaient pas tardé : Traité budgétaire européen, renoncement à contrôler et séparer les banques ou suspension de l’écotaxe… Mille excuses toutes prêtes ne suffisaient pas à dissiper les premiers doutes : François Hollande était-il fidèle ?
De reniements en trahisons :
Une série d’épisodes particulièrement pénibles vinrent renforcer le malaise. Reniant visiblement son engagement de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim, pointant du doigt les chômeurs et les immigrés, recrutant des ministres déclarant leur flamme aux milliardaires ou nommant au poste de gouverneur de la Banque de France un dirigeant de la BNP, banque championne en paradis fiscaux et en lobbying opaque ; on avait de plus en plus de mal à prendre au sérieux l’attachement du président Hollande à une société plus juste et plus soutenable.
Cette crise de confiance fut à son comble quand François Hollande, pourtant plein de mansuétude envers les saccages de la FNSEA ou les champions de l’évasion fiscale, fit durement réprimer les militants de la Confédération Paysanne ayant démonté l’ignoble « Ferme des 1000 vaches » ou condamner à de la prison ferme les syndicalistes de Goodyear. Accordant 41 milliards au patronat sans aucune contrepartie, le même chef d’Etat ferma la porte aux réfugiés fuyant la guerre et la misère.
François Hollande eut beau déclarer sa flamme à la défense de l’environnement, ses actes étaient tout à l’opposé et sous son règne, les pires menaces contre la planète se tramaient avec sa bénédiction : entêtement à créer un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes ; validation de la réalisation des voies nouvelles LGV Sud-Ouest malgré l’avis défavorable de l’enquête publique ; répression causant la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse ; ou encore, à peine 4 mois après les beaux discours pour sauver le climat lors de la COP21, préparation du sommet international MCEDD devant se tenir à Pau du 5 au 7 avril 2016 pour multiplier l’exploitation du pétrole offshore en eaux profondes et ultra-profondes, véritable crime contre les océans et le climat.
Une rupture définitivement consommée :
Bref, la révélation ces dernières semaines de l’union entre François Hollande et Pierre Gattaz, patron du MEDEF, visant à démanteler le droit du travail, n’a surpris que ceux qui refusaient de voir l’évidence. Pour autant, la brutalité de l’annonce en a choqué plus d’un. « Il s’agit d’installer un nouveau modèle social » a déclaré François Hollande ce 21 février 2016. Un nouveau modèle basé sur la légalisation des licenciements abusifs et la généralisation du chantage à l’emploi, sur le dépassement de la durée maximale de travail, sur la fragilisation des droits des plus précaires, sur la religion de la croissance et de la compétitivité tellement destructrices de nos grands équilibres écologiques, climatiques et sociaux : oui, la rupture était définitivement consommée !
L’espoir malgré tout :
Pour les amoureux d’un monde plus juste, plus humain, plus soutenable, l’espoir renait malgré tout. Des millions de gens veulent, eux, montrer leur fidélité à la solidarité, à l’équité et à la défense de la terre-mère. Partout, ils vont déclarer leur flamme à la défense des protections sociales, à la solidarité et à l’écologie lors de cérémonies publiques prenant la forme de manifestations colorées, de grèves joyeuses et d’actions percutantes. La suite à notre prochain numéro !
(Numéro spécial de Loser distribué par Bizi ! lors de la manif du 9 mars à Bayonne pour le retrait de la loi El Khomri)
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