Ce dimanche 23 juillet, des militants des associations Bizi! et Surfrider Foundation ont mis en scène une action spectaculaire au milieu des estivants pour dénoncer la prolifération d’algues toxiques tropicales Ostreopsis dans un océan trop chaud, conséquence de l’inaction climatique. Vêtus de combinaisons de protection chimique, de masques à gaz, gants et bottes, ils sont arrivés sur une plage de la côte basque, comme on arriverait dans un lieu contaminé aux radiations nucléaires.
Le réchauffement des eaux responsable de problèmes sanitaires
Le message inscrit sur leurs banderoles est clair : “ALGUES TOXIQUES = BAIGNADE INTERDITE”. Si on envisage “une pause réglementaire européenne” en matière de normes environnementales comme l’a récemment proposé le président Macron, il faudra bientôt troquer son maillot de bain contre un équipement haute protection pour aller à la plage. Et pour cause, la micro algue toxique Ostreopsis, présente depuis 2021 sur la côte basque a de nouveau été repérée dans l’eau en ce début de saison estivale.
Avec les chaleurs de ces dernières semaines, la température de l’eau avoisinait les 23°C atteignant même les 25°C à Bidart ce 5 juillet dernier. La canicule marine vécue par l’océan Atlantique Nord depuis début avril ne cesse de s’intensifier, avec des températures au-dessus des normales de saison atteignant parfois +5°C dans les îles britanniques au mois de juin, dramatique pour la biodiversité marine.
Ostreopsis, une algue toxique de plus en plus présente
Comme chaque année depuis 2021, Ostreopsis réapparaît sur le littoral basque. Invisible à l’œil nu, cette micro-algue aux origines tropicales prolifère dans les eaux chaudes, calmes, peu profondes et sur un littoral rocheux : des conditions de plus en plus souvent réunies sur le littoral basque et qui permettent à Ostreopsis de proliférer dans les zones de baignade et sur les spots de surf, occasionnant notamment en 2021 des centaines de signalements d’intoxication auprès de l’Agence Régionale de Santé.
Un goût métallique en bouche et de nombreux symptômes lui sont associés : maux de gorge, irritations aux yeux, rhinorrhées, nausées, rougeurs sur la peau, et parfois même de la fièvre dépassant les 38°C. Ostreopsis ovata est en effet connue pour libérer une toxine volatile pouvant se disperser dans les embruns et impacter tant la biodiversité marine que les usagers du littoral à l’instar de sa cousine Ostreopsis siamensis qui semblerait beaucoup moins toxique, voire pas, d’après les récentes études.
En effet, en plus des impacts sur la santé humaine, Ostreopsis endommage le milieu marin et provoque une surmortalité de ses habitants par étouffement, une mortalité des animaux qui la mangeront et seront atteints par les toxines, qui se retrouveront elles-mêmes accumulées dans la chaîne alimentaire.
Action climatique et réglementation: une nécessité pour protéger les usagers de la mer
Surfrider travaille avec les acteurs territoriaux impliqués face à cette problématique et sensibilise les usagers de la mer et les citoyens sur les risques liés à la présence de cette algue sur nos littoraux.
Une communication est d’ailleurs menée par l’ONG pour alerter et informer sur les bons gestes à adopter en cas de symptômes et d’exposition.
“Il est important d’informer au mieux les populations exposées à la prolifération de l’Ostreopsis. Ainsi, nous multiplions les messages de sensibilisation et les explications des bons gestes à adopter.” souligne Marc Valmassoni, expert qualité de l’eau chez Surfrider. Et d’ajouter “De son côté, l’Union Européenne doit accélérer la révision de la Directive Européenne sur la qualité des eaux de baignade, afin d’ajouter des critères à monitorer pour mieux protéger la santé des usagers de la mer.”
A noter qu’Ostreopsis n’est pas la seule algue à proliférer sur la côte basque, d’autres, comme le Liga ou les algues vertes se développent dans les mêmes conditions qu’Ostreopsis.
“L’algue Ostreopsis n’est que la face visible de l’iceberg, elle démontre que l’océan va mal, et que l’augmentation des températures terrestres et marines devrait nous alerter et faire réagir face au changement climatique. Les forêts brûlent, et de la même façon, l’océan bout. La situation est critique, il faut agir vite.” nous alerte François Verdet, porte parole de Bizi!
Cette action coordonnée par l’association Bizi!, en partenariat avec Surfrider, a pour but d’alerter la population sur les dangers d’Ostreopsis, mais aussi de mettre en valeur les impacts concrets du changement climatique.
“Nous demandons aux responsables politiques locaux, hexagonaux, et européens de prendre leurs responsabilités pour agir maintenant face à l’urgence climatique !” ont déclaré les portes paroles des deux associations. “Il n’est pas question de faire une “pause réglementaire”, il faut au contraire redoubler d’action pour limiter la catastrophe annoncée. Des solutions existent dans tous les domaines (mobilités, énergies, agriculture, alimentation, habitat…) mettons-les en place tout de suite !”