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Articles du Vendredi : Sélection du 28 novembre 2014

Une troisième conférence environnementale, pour quoi faire ?

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/une-troisieme-conference-environnementale-pour-quoi-faire,52837?xtor=EPR-9

Le réchauffement climatique, accélérateur de pauvreté

AFP
www.goodplanet.info/actualite/2014/11/24/le-rechauffement-climatique-accelerateur-de-pauvrete/#sthash.wg3PUpXr.dpuf

Blockadia et Alternatiba, les deux piliers de la justice climatique (1/2)
Pour avoir le dernier mot, faisons de Paris2015 un « Seattle des fausses solutions » et un « Cochabamba de la transition écologique et sociale »

Maxime Combes
https://france.attac.org/se-mobiliser/vers-la-cop21/article/blockadia-et-alternatiba-les-deux

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Une troisième conférence environnementale, pour quoi faire ?

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/une-troisieme-conference-environnementale-pour-quoi-faire,52837?xtor=EPR-9

Expédiée en deux heures, l’ouverture de la 3e conférence environnementale a été avare en annonces concrètes et nouvelles.

La vie du journaliste en ligne n’est pas un fleuve tranquille. Surtout quand il est trahi par la technique. Ce jeudi 27 novembre, à l’ouverture de la conférence environnementale, on aurait pu croire à un complot. Plus d’une heure durant, la retransmission vidéo de l’événement a été très fréquemment interrompue. Et quand l’image revenait à l’écran, c’était le plus souvent sans le son. Fort heureusement, discours et interventions étaient sous-titrés, pas toujours en temps réel. La rédaction de la synthèse de cette matinée publique a donc nécessité plus de recoupements que de coutume.

Conférence à haute cadence

Sur la forme, ce troisième opus différait quelque peu des deux éditions précédentes. A commencer par le lieu: à l’austère CESE, tout de béton vêtu, les organisateurs ont préféré les ors du palais de l’Elysée. Le film de la matinée a été projeté à haute cadence: en moins de deux heures, invités et internautes ont ingurgité le discours d’ouverture de la ministre de l’écologie (il est inhabituel qu’une ministre discoure à la présidence), une harangue émouvante de l’astrophysicien Hubert Reeves, des petites vidéos, trois tables rondes thématiques (sur la mobilité, la santé environnementale et la COP 21). Pour finir avec l’allocution du président de la République.

Sur le fond, peu d’annonces concrètes. Participant à la table ronde sur la mobilité, le ministre des finances, Emmanuel Macron, a annoncé le lancement imminent d’un programme d’installations de 16.000 bornes de recharge de véhicules électriques (et non 160.000 comme annoncé initialement par erreur). Le maître d’œuvre de l’opération n’est pas encore connu. Le projet de loi sur la transition énergétique prévoit la mise en service de 7 millions de points de recharge d’ici 2030.

Paris lorgne sur le plan Juncker

Le président de la République a fait quelques annonces en demi-teinte. Désormais soucieux de laisser une trace dans l’histoire de la protection de l’environnement, François Hollande a confirmé la création d‘un fonds de la transition énergétique, doté de 1,5 milliard d’euros. Cet instrument financier, qui doit être géré par la Caisse des dépôts, sera abondé par un prélèvement sur le dispositif des certificats d’économie d’énergie, le reversement d’une partie des dividendes que l’Etat reçoit de GDF Suez et d’EDF, ainsi que par le programme Investissements d’avenir. Servira-t-il à financer des opérations éligibles au plan Juncker? C’est possible. Car le locataire de l’Elysée a clairement fait savoir que «la France veillerait qu’une large part de ce plan soit affectée vers des investissements qui sont ceux de la transition énergétique ou de la transition écologique».

Concerter plus vite

C’est probablement à l’aune de ces investissements qu’il faut considérer l’une des principales mesures présentées ce matin: l’ouverture d’un «chantier sur la démocratie participative». Politiquement, l’opération est présentée comme une réponse au drame survenu à Sivens. Economiquement, c’est autre chose. Le gouvernement dispose d’un délai de 6 mois pour formuler des propositions visant à améliorer l’«association des citoyens» à l’élaboration des projets d’intérêt public. Floue, cette demande préfigure la généralisation des modes de concertation via internet, telle qu’inauguré par la commission du débat public sur le Cigéo. En clair, des enquêtes publiques allégées, accélérées. Le président, comme la Commission européenne, estime inacceptable «qu’il faille 8 ans pour installer une éolienne marine». Ou une ligne de transport d’électricité.

Montrer l’exemple après

Souhaitant montrer l’exemple et donner quelques gages aux associations, François Hollande a aussi promis la suppression de «tous les crédits» à l’exportation «accordés aux pays en développement dès lors qu’il y a utilisation du charbon». Une promesse déjà tenue, pour ce qui concerne les crédits publics. L’agence française du développement ne finance plus, depuis 2013, le moindre projet charbonnier (mine ou centrale thermique). En rappelant cette mesure emblématique, Paris ne fait d’ailleurs que s’aligner sur Washington, Londres et La Haye qui ont supprimé tout crédit à l’exportation pour des projets liés au charbon. Toujours en 2013, la Banque mondiale et la Banque nordique d’investissement ont, elles aussi, décidé de ne plus financer de centrales à charbon. Pour les crédits bancaires, ce sera plus compliqué. Selon les Amis de la terre, les banques françaises ont prêté une trentaine de milliards d’euros aux entreprises charbonnières entre 2005 et 2014. Et rien n’indique qu’elles ne continueront pas.

Le président de la République suggère enfin que l’Union européenne s’interdise de subventionner la consommation d’énergies fossiles. Une proposition que Bruxelles a découverte à la télévision!

Le réchauffement climatique, accélérateur de pauvreté

AFP
www.goodplanet.info/actualite/2014/11/24/le-rechauffement-climatique-accelerateur-de-pauvrete/#sthash.wg3PUpXr.dpuf

Le réchauffement climatique risque d’aggraver « considérablement » la pauvreté sur le globe en asséchant les récoltes agricoles et en menaçant la sécurité alimentaire de millions de personnes, met en garde la Banque mondiale dimanche.

« Sans une action forte et rapide, le réchauffement (…) et ses conséquences pourraient considérablement aggraver la pauvreté dans de nombreuses régions du globe », prévient l’institution-phare du développement dans un rapport publié un an avant la conférence de Paris sur le climat.

Sécheresse, canicule, acidification des océans, raréfaction de l’accès à l’eau… la BM se projette dans un scénario où la communauté internationale n’aurait pas atteint son objectif de limiter la hausse du thermomètre mondial de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, contre +0,8°C actuellement.

Des évènements climatiques « extrêmes » qui surviennent aujourd’hui « une fois par siècle » pourraient alors devenir la « nouvelle norme climatique », prévient l’institution, qui sonne particulièrement l’alarme sur trois régions du globe (Amérique latine, Moyen-Orient et Europe orientale).

Le rendement des cultures de soja pourrait ainsi chuter de 30 à 70% au Brésil tandis celui de blé risquerait d’être amputé de moitié en Amérique centrale ou en Tunisie, avance le rapport qui a été réalisé avec l’apport de l’Institut de recherches sur l’impact climatique de Potsdam (Allemagne).

« Les conséquences pour le développement seraient graves avec un déclin des récoltes, un recul des ressources aquatiques, une montée des eaux et la vie de millions de personnes mises en danger, » énumère la Banque, ajoutant que les populations « les plus pauvres » et les plus « exclues socialement » en seront les premières victimes.

Selon le scénario noir d’un réchauffement de +4°C, jusqu’à 80% du Moyen Orient et d’Amérique du Sud pourraient être frappés par des vagues de chaleur d’une ampleur « sans précédent » au risque de provoquer de vastes vagues de migration, ajoute le document.

« Il est clair que nous ne pouvons pas continuer sur cette voie d’émissions (de CO2, ndlr) croissantes et non-maîtrisées », écrit en avant-propos le président de la BM, Jim Yong Kim, au moment où la mobilisation sur le climat semble reprendre un peu d’allant.

Les deux pays les plus pollueurs de la planète, les Etats-Unis et la Chine, ont scellé le 12 novembre un accord inédit pour freiner leurs émissions de dioxyde de carbone.

Après de longues tractations, le Fonds vert de l’ONU vient par ailleurs de recevoir ses premières dotations de 9,3 milliards de dollars et pourra commencer à aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique.

Mais la Banque mondiale assure qu’il faudra aller plus loin, notamment pour atteindre son but d’une éradication de l’extrême pauvreté d’ici à 2030.

Cet objectif s’annonce déjà « compliqué » dans un monde à +2°C mais pourrait être tout simplement « hors de portée » en cas de hausse de 4°C du thermomètre mondial, s’inquiète la Banque mondiale.

L’institution estime également que la marge de manoeuvre de la communauté internationale se rétrécit alors que débute début décembre à Lima (Pérou) une réunion préparatoire à la conférence de Paris.

« Il y a des preuves croissantes que, même avec de très ambitieuses mesures de contrôle, un réchauffement proche de 1,5°C (…) d’ici à la moitié du siècle ne soit pas déjà ancré dans l’atmosphère » et que certains dérèglements climatiques soient déjà « inévitables », assure la BM.

Afin d’inverser la tendance, la Banque, qui a été elle-même critiquée pour avoir financé des projets basés sur des énergies fossiles, défend depuis plusieurs mois un système fixant un prix à la pollution, via par exemple une taxe carbone.

Dans son rapport, l’institution appelle plus globalement les pays à s’extraire des stratégies de croissance économique « intenables » tout en assurant qu’ils n’auront pas à renoncer à leur expansion et à leur développement, comme le redoutent certains grands pays émergents.

 

Blockadia et Alternatiba, les deux piliers de la justice climatique (1/2)
Pour avoir le dernier mot, faisons de Paris2015 un « Seattle des fausses solutions » et un « Cochabamba de la transition écologique et sociale »

Maxime Combes
https://france.attac.org/se-mobiliser/vers-la-cop21/article/blockadia-et-alternatiba-les-deux

Que faire de la 21e conférence des parties de la Convention cadre des Nations-Unies sur le changement climatique qui se tiendra à Paris – Le Bourget en décembre 2015 ? Les ONG, mouvements sociaux et écologistes se posent toute une série de questions essentielles dont il faut prendre le temps de débattre : que faut-il attendre des négociations ? Sur quoi est-il possible d’influer ? Que faire pour ne pas se retrouver dans la même situation qu’après Copenhague (2009) ? Quels objectifs se donner ? Comment travailler en profondeur les exigences de transformation écologique et sociale au sein de la population ? Quelles initiatives prendre pour imposer la lutte contre les dérèglements climatiques en haut des priorités politiques tout en évitant de donner plus de forces à ceux qui veulent imposer leurs solutions techno-scientifiques et innovations financières ? Sur quelles bases construire un mouvement pour la justice climatique qui irrigue largement la société, persiste et se renforce à travers et au-delà de la conférence Paris2015 ? Comment s’appuyer sur la réussite des manifestations du 21 septembre 2014 ? Quelle place donner aux mobilisations grandissantes visant à bloquer des projets climaticides et aux initiatives citoyennes visant à expérimenter et mettre en œuvre dès maintenant le monde soutenable et résilient qui sera nécessaire demain ? La liste des questions et des débats en cours au sein des ONG et des mouvements sociaux et écologiques est longue.

En expliquant pourquoi les contours et le contenu (niveau de réduction d’émissions, niveau de financements et forme juridique) de l’accord le plus ambitieux qui pourrait être atteint à Paris en 2015 sont à peu près déjà connus, ce texte essaie de mettre en lumière pourquoi les ONG et les mouvements sociaux et écologiques devraient prendre du recul par rapport aux négociations qui se déroulent au sein de l’ONU. Il s’agit de ne pas reproduire les erreurs qui ont été faites en amont et pendant la conférence de Copenhague en 2009. Pour ce faire il est proposé de concentrer les énergies militantes et citoyennes sur un agenda de mobilisations propres dont la Conférence de l’ONU COP21 serait une étape et une caisse de résonance dans la perspective de transformer durablement le rapport de force en faveur d’une transition écologique et sociale d’ampleur. D’une certaine manière, il s’agit donc, au nom de l’urgence climatique, de ne pas se limiter à des batailles défensives au sein des négociations de l’ONU. Au contraire, l’idée est de renforcer toutes les batailles et propositions offensives et transformatrices que les dynamiques Blockadia et Alternatiba peuvent porter et incarner. Après les manifestations massives, à New York et ailleurs, le 21 septembre dernier, il est ici proposé de faire de Paris2015 un « Seattle des fausses solutions » et un « Cochabamba de la transition écologique et sociale ». Pour engager le débat et poursuivre les discussions déjà en cours, la perspective est clairement énoncée : il s’agit de se donner les moyens de ne pas subir le cours des négociations de l’ONU. Au contraire il est proposé que les ONG et les mouvements sociaux et écologistes deviennent prescripteurs d’opinion et dictent le dernier mot.

Point d’accord juridiquement contraignant à l’horizon !

Pour Laurent Fabius, l’objectif annoncé en septembre 2013 était d’aboutir à « un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2 °C » [1]. À New York, en septembre dernier, François Hollande a même dit que l’horizon était d’arriver à la « neutralité carbone » [2]. Au regard de ce qui est aujourd’hui sur la table, c’est peu dire que c’est mal parti. Si un accord est possible en 2015, il ne sera ni juridiquement contraignant, ni à la hauteur des enjeux. Barack Obama ne veut pas d’accord juridiquement contraignant en matière de climat [3]. Il l’a clairement affirmé à la fin de l’été [4], préférant un instrument juridique souple qui invite les États à définir et annoncer, à intervalles de temps réguliers et de manière unilatérale, leurs propres engagements (réduction d’émissions, financements, etc.) pour une période donnée. À travers ce modèle dit de « Name & shame », chaque pays se verra accorder un satisfecit international si ses objectifs sont jugés suffisants et s’ils sont atteints, et il sera « couvert de honte » dans le cas contraire.

Ainsi, à la contrainte juridique, seule à-même d’instituer une contrainte et un engagement politique, il est préféré une déclaration d’intention regroupant les engagements propres de chacun des États, déclarations dont on sait le peu de poids et de constance qu’ils peuvent avoir. C’est un tournant dans les négociations climat où l’échelon national va primer sur la fixation et la réalisation d’objectifs globaux. Pour Barack Obama et l’administration américaine, les affaires intérieures et les équilibres géopolitiques internationaux priment sur le climat et la nécessité d’aboutir à un accord contraignant. Ils sont rejoints en cela par de nombreux pays, notamment la Chine. Ni François Hollande ni Laurent Fabius ne les ont formellement contredits. Pas plus depuis Paris qu’à New York lors du sommet sur le climat organisé par Ban Ki-moon, le 23 septembre 2014.

Point d’accord ambitieux à l’horizon !

Pour être à la hauteur des enjeux rappelés par la synthèse [5] des rapports du GIEC publiée le 2 novembre dernier, un accord devrait imposer d’importantes réductions d’émissions de gaz à effets de serre (GES) d’ici 2020. En effet, selon un rapport du PNUE [6], si rien ne change, les pays de la planète vont émettre 13 gigatonnes de gaz à effet de serre équivalents CO2 de trop en 2020 (57 gigatonnes au lieu de 44 gigatonnes de CO2) par rapport aux trajectoires acceptables pour conserver une chance raisonnable de pouvoir ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique maximal d’ici la fin du siècle. Pourtant, à ce jour, aucun pays n’envisage de revoir à la hausse ses engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. Rien n’indique donc que cet écart entre le souhaitable et le réel se résorbe avant 2020, et il a de fortes chances de s’aggraver après 2020.

En effet, les premiers engagements mis sur la table pour l’après 2020 sont très éloignés des recommandations du GIEC. Ainsi, l’Union européenne [7] s’est engagée à réduire ses émissions d’au moins 40 % d’ici 2030, un objectif que les recommandations du GIEC invitent à atteindre dès 2020. Les États-Unis viennent [8] eux de s’engager à réduire leurs émissions de 26 à 28 % d’ici à 2025, soit un objectif d’à peine 0,4% par an par rapport à 1990. Quant à la Chine, elle s’engage à atteindre un maximum d’émissions avant 2030, ce qui revient à annoncer qu’elle battra record sur record d’ici là. Sur la base des engagements américains et chinois, il n’y aurait à peine que 1 % de chance [9] de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle. Avec le système voulu par les États-Unis et aujourd’hui soutenu bien plus largement, qui permet à chaque État de fixer son propre objectif, il n’est plus question de répartir entre les différents pays un budget carbone maximum préalablement établi en fonction des exigences et recommandations scientifiques. C’est à se demander si les gouvernements ne sont pas tout simplement en train d’abandonner l’objectif des 2°C qu’ils se sont eux-mêmes fixés lors de nombreuses échéances internationales (négociations ONU, G8, G20 etc), et au delà duquel les dérèglements climatiques seraient dramatiques.

Peu de financements à l’horizon !

Il n’y a point d’accord « ambitieux » sans financements conséquents sur la table. Décidé à Copenhague, le Fonds Verts pour le Climat vient à peine de voir le jour. Mais les caisses du fonds restent (presque) vides. Sur les 100 milliards de dollars par an promis pour financer la lutte contre le réchauffement climatique, l’adaptation et les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes, à peine un peu plus de deux milliards de dollars ont été collectés à New York. Les annonces de François Hollande, voulues tonitruantes, sont en fait dérisoires [10], et les modalités de leur utilisation sont très discutables [11]. Depuis, les États-Unis et le Japon ont respectivement annoncé contribuer à hauteur de trois et de un milliard et demi de dollars, sans préciser le nombre d’années sur lesquelles ils seront étalés. D’autres pays (Royaume-Uni, Italie, etc) en on fait de même, sans qu’il ne soit encore possible d’atteindre 10 milliards de dollars. Une somme qui ne sera récoltée que sur plusieurs années. Soit une division par plus de dix comparé à ce qui avait été été promis. À ce jour il n’est par ailleurs pas garanti que ces financements, s’ils se confirment, soient publics, additionnels et disponibles sous forme de dons et non de prêts conditionnés, pas plus qu’il n’est assuré qu’ils soient prioritairement destinés aux populations qui en ont le plus besoin.

Faut-il appeler les États à passer à l’action ?

Nous ne manquons pourtant pas de données et d’études scientifiques pour alerter les chefs d’État et de gouvernement et exiger d’eux qu’ils agissent urgemment. Les derniers rapports du GIEC sont extrêmement alarmants. Il ne se passe pas un mois sans qu’un nouveau record d’émissions de gaz à effet de serre ou de chaleur ne soit battu, comme le montrent les dernières données publiées par l’Organisation météorologique mondiale [12]. Les données et les rapports d’expertise scientifique s’empilent mais ne déclenchent pas de politiques à la hauteur des enjeux, prouvant par là-même qu’il n’existe pas de relation mécanique entre l’accumulation des savoirs scientifiques sur le réchauffement climatique global et la volonté d’en faire un enjeu politique prioritaire. Informer les classes dirigeantes des dernières données disponibles n’a, finalement, pour seule conséquence que d’avoir des classes dirigeantes informées des dernières données disponibles, mais toujours opposées, hélas, à engager la transformation d’un système économique insoutenable.

Les appels invitant les «  leaders » à « passer à l’action » ne manquent pas non plus. Dernier appel en date, les manifestations du 21 septembre dernier dont c’était le mot d’ordre général, extrêmement large, voulu par les organisateurs [13]. Ces manifestations, comme ce fut déjà le cas à Copenhague en 2009, on été massives et déterminées. Elle ont été diverses également de par les exigences exprimées dans les cortèges, y compris pour demander «  un changement de système, pas du climat ». Visiblement, si l’on va au delà des déclarations d’intention, les « leaders » présents au sommet de Ban Ki-moon ne souhaitent pas s’attaquer aux causes profondes du réchauffement climatique [14]. Par conséquent, on se dirige ver les + 4°C, voire les + 6°C d’ici la fin du siècle. Y a-t-il des « leaders du climat » au sein de l’ONU ? Les négociations internationales ont débuté à l’orée des années 1990. Depuis, les émissions mondiales ont augmenté de plus de 60 %, et continuent de croître, année après année. Responsabilité de la Chine, de l’Inde et du Brésil ? Pas seulement : l’empreinte carbone de la France a augmenté de 15 % en vingt ans. Faut-il encore appeler ces « délinquants du climat » [15] à «  passer l’action » ?

Les fausses solutions vont bon train

Quand les chefs d’État et de gouvernement « passent à l’action », ils ont tendance à mettre en œuvre un agenda de fausses solutions. Tout se passe comme si les classes dirigeantes et le business utilisaient les dernières données et les derniers rapports publiés pour justifier des décisions et des initiatives qui, tout en donnant l’impression qu’ils agissent, contribuent à empirer la situation et à renforcer l’emprise de la finance et des multinationales sur nos économies, sur nos vies et sur la nature. Le récent sommet sur le climat organisé par Ban Ki-moon à New York en est un exemple frappant [16]. Il s’est transformé en un salon des fausses solutions.

Pour renchérir l’utilisation des énergies fossiles, on cherchera à donner un prix au carbone par l’entremise de nouveaux dispositifs de marché et de finance carbone alors que le marché européen, pionnier en la matière, s’est révélé inefficace, dangereux, coûteux et non-réformable [17]. Pour optimiser le captage et le stockage du carbone dans les sols et les forêts, il est proposé d’expérimenter de nouvelles pratiques et techniques agro-forestières – y compris le développement de nouvelles cultures génétiquement modifiées – et de les financer à l’aide de nouveaux dispositifs de finance carbone [18]. Pour que les paysans des pays pauvres puissent faire face aux conséquences des dérèglements climatiques, on leur vendra des outils sophistiqués de prévision météorologique et des polices d’assurance. Pour développer les énergies renouvelables, notamment en Afrique, de vastes programmes d’investissements, confiés aux multinationales et aux marchés financiers, seront lancés pour réaliser des méga-infrastructures, destinées à alimenter de grands projets miniers et industriels, et souvent inutiles et inadaptées aux besoins des populations. La liste est malheureusement longue.

Faut-il pour autant abandonner l’ONU ?

S’il apparaît improbable [19] d’obtenir un accord juridiquement contraignant, juste et à la hauteur des enjeux à Paris en 2015 et que ces conférences internationales servent aujourd’hui à promouvoir des fausses solutions, alors ne faut-il tout simplement pas abandonner le terrain de l’ONU ? Certains le pensent et considèrent que les ONG et les mouvements n’ont rien à y faire, pire, se fourvoient à continuer d’assister aux négociations : par leur présence, ils ne feraient que légitimer un espace et des procédures de gouvernement qui institutionnalisent et adoucissent les voix critiques, tout en permettant de faire perdurer un modèle économique international insoutenable et à l’origine des dérèglements climatiques.

Ces critiques ne sont pas infondées, notamment parce que les ONG et les mouvements ont certainement contribué à laisser entendre que les conférences de l’ONU pouvaient véritablement « sauver le climat » et que nous étions finalement tous sur le même bateau. Néanmoins, déserter l’ONU laisserait le champ libre à ceux qui ambitionnent d’étendre l’emprise des multinationales, de la finance et des techno-sciences sur le climat. Quitter l’ONU et ne plus avoir la possibilité de suivre avec précision les négociations reviendrait à accepter que les États puissent se satisfaire d’objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de financements très en-deçà des exigences. Se retirer de l’ONU cautionnerait l’emprise croissante du secteur privé sur les instances et programmes de l’ONU alors que la société civile clame depuis des années vouloir prendre possession d’une instance supposée incarner ses intérêts, ceux des « peuples des Nations-Unies » [20].

Au sein de l’ONU, une série de batailles… défensives.

S’il est sans doute préférable de ne pas abandonner le terrain de l’ONU, encore faut-il caractériser, avec lucidité et sans se voiler la face, ce qu’il est possible de faire sur ce terrain, et à quelles conditions. En un sens, faisons preuve de réalisme et de pragmatisme : tenons compte du fait que ces négociations ne se déroulent pas à l’extérieur d’une situation géopolitique, économique et financière qui en détermine largement les limites. Commençons par reconnaître et accepter que la majorité des batailles à mener au sein de l’ONU sont des batailles défensives. Des batailles pour ne pas trop perdre. Des batailles pour que les objectifs de réduction d’émissions et les niveaux de financements soient les moins pires possibles. Des batailles pour que les conséquences des dérèglements climatiques sur les populations les plus démunies soient mieux prises en compte. Des batailles pour stopper l’expansion de la finance carbone et des solutions techno-scientifiques. Des batailles pour combattre l’emprise des intérêts privés sur les négociations. Ce sont autant de batailles essentielles. Mais ce sont des batailles défensives au sens où elles portent sur un agenda de négociations que les gouvernements se sont donnés et qui n’est pas celui que les ONG, les mouvements et les populations veulent imposer aux gouvernements.

Ces batailles ne sont pas en mesure d’intéresser et de mobiliser au delà des cercles avertis car, en plus d’être souvent exprimées dans le langage codé des négociations, elles ne donnent pas immédiatement à voir le projet de société qui est envisagé, promu et défendu. Au contraire, compte tenu de l’imbrication des négociations dans de puissants rapports de force géopolitiques et de l’inaction des gouvernements, ces batailles peuvent être décourageantes et générer de la frustration et de la déception. Frustration et déception dont on ne sait qu’elles ne peuvent être les moteurs de l’engagement citoyen. Enfin, ces batailles sont défensives car il n’y a plus de pays ou de groupes de pays avec lesquels les mouvements pour la justice climatique pourraient partager une stratégie commune et passer alliance. Bien-entendu, il reste bien quelques pays avec lesquels il est possible d’essayer de bloquer ou de renforcer tel ou tel point spécifique des négociations. Mais c’est autre chose que de partager une stratégie commune. Ainsi l’Union européenne n’est désormais plus légitime pour incarner un rôle d’exemple [21], tandis que les pays de l’Alba (Bolivie, Equateur, Venezuela etc.), bien que toujours véhéments dans les discours, n’ont plus la volonté de transformer en profondeur les négociations [22]. Pas plus que l’alliance des petites îles (Aosis – Alliance of Small Island States) qui comprend de riches îles-État comme Singapour très intégrées au cœur du capitalisme mondial.

Des batailles défensives aux batailles offensives

Dès lors que faire ? Que faire pour qu’à la sidération [23] on n’ajoute pas le découragement et l’impuissance ? Vaste question à laquelle il n’y a pas de réponse aisée et définitive. Bien-entendu, les récentes mobilisations sur le climat, comme les manifestations massives du 21 septembre dernier [24] ou le succès du processus Alternatiba [25], sont des dynamiques positives sur lesquelles prendre appui. Néanmoins, ce ne sont pas les premières mobilisations citoyennes réussies en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. En mêlant une manifestation réussie (100 000 personnes), un sommet alternatif de qualité et des actions de désobéissance civile massives, la mobilisation citoyenne lors de la conférence de Copenhague fut une très grande réussite. Et pourtant, une grande part des représentants d’ONG et des militants des mouvements sociaux et écologistes sont repartis avec la gueule de bois.

Venus « sauver le climat », encouragés en cela par une série d’ONG ayant fait de Copenhague «  le sommet de la dernière chance », ils ne pouvaient qu’être déçus du résultat des négociations. Tout comme la majorité de toutes celles et tous ceux qui, restés dans leurs pays, regardaient cette conférence avec un œil attentif. Pourtant le résultat des négociations de Copenhague était prévisible pour qui voulait bien tenir compte des réalités géopolitiques mondiales. Or, le climat ne sera pas plus sauvé à Paris qu’il ne l’a été à Copenhague. Pas plus qu’il ne sera possible d’y obtenir un accord ambitieux et contraignant. Bien sûr, on peut refuser de voir les choses en face et appeler de nouveau, comme le font certains, à se mobiliser pour «  sauver le climat » à Paris, sans préciser les contours des objectifs que l’on se donne. Comme cela n’arrivera pas – les contours d’un éventuel futur accord et les engagements des pays sont pour l’essentiel déjà connus – une nouvelle gueule de bois serait assurée et nous connaîtrons un reflux des mobilisations et implications citoyennes dans les mois qui suivront. Bis repetita après Copenhague.

Une autre option consiste à ne pas se raconter d’histoire. Oui, bien sûr, il faut « passer à l’action ». Mais les mouvements pour la justice climatique ne peuvent se satisfaire que les gouvernements et le secteur privé « fassent quelque chose » (« Do something »). Ils ne peuvent se satisfaire de l’agenda étroit des négociations et des dynamiques actuelles concourant à un accord qui ne sera pas à la hauteur des enjeux. Non, ce que nous voulons, c’est tout changer ! (« We want to change everything »). Pas parce que cela nous amuse. Pas parce que nous préférons nous fixer des objectifs très ambitieux plutôt que de mettre en œuvre une stratégie des petits pas – stratégie qui montre toutes ses limites en matière de lutte contre les dérèglements climatiques. Pas non plus parce que nous vivons dans l’illusion du grand soir ou du petit matin. Nous voulons « tout changer » parce que c’est la crise climatique et la nécessaire justice climatique qui l’exigent, lorsqu’on en tire toutes les conséquences. Comme le montre Naomi Klein dans son nouveau livre [26], c’est notre modèle de développement, le capitalisme néolibéral et ses exigences de rentabilité économique et financière, qui est insoutenable et qu’il faut transformer en un système qui vise, non pas le maintien d’un modèle de croissance infinie, mais l’harmonie entre les humains et la nature et qui réponde aux besoins de la majorité [27].

« Changer le système », mais pas avec n’importe qui !

Justement, en matière de climat, si rien n’a été fait qui ne soit à la hauteur des enjeux, c’est parce que les véritables solutions à la crise climatique entrent nécessairement en conflit avec le modèle économique dominant et l’idéologie qui le porte. Sobriété et efficacité énergétique, décentralisation et démocratisation des systèmes énergétiques, souveraineté alimentaire et agro-écologie paysanne, relocalisation des productions et des consommations, égalisation des modes de vie dans le cadre d’une politique du bien-vivre et de décroissance de l’empreinte écologique, coopération et solidarité économiques, etc. Les solutions aux dérèglements climatiques se heurtent frontalement aux politiques de compétitivité et aux politiques de libéralisation des échanges et des investissements qui génèrent une mise en concurrence accrue des populations et des territoires les uns avec les autres. Là où les premières s’appuient sur des principes de respect des grands équilibres écologiques et de coopération entre les populations pour construire un avenir commun, les politiques de compétitivité et de libéralisation font primer les exigences de rentabilité économique et financière sur tout le reste, y compris les exigences climatiques.

Pour « sauver le climat », il ne peut y avoir d’accommodements raisonnables avec les modes de développement productivistes insoutenables. Il est nécessaire de s’adresser aux causes structurelles des dérèglements climatiques. À ce compte-là, il ne peut y avoir de jeu gagnant-gagnant avec ceux qui défendent un modèle économique basé sur les énergies fossiles, à commencer par les multinationales du pétrole. Il faut l’assumer. Et les bloquer là où leur agenda avance. Ainsi, en est-il des accords de libre-échange et d’investissements que l’UE négocie respectivement avec le Canada (CETA) et les États-Unis (TAFTA), , qui visent à étendre la production et le commerce des hydrocarbures non conventionnels (sables bitumineux, gaz et pétrole de schiste) des deux côtés de l’Atlantique. Les politiques de libre-échange et d’investissements structurent nos économies et nos sociétés de telle sorte qu’elles deviennent très fortement dépendantes des importations et exportations d’énergies fossiles, tout en réduisant les capacités de mise en œuvre de véritables politiques de transition énergétique [28]. Pour imposer nos solutions, il faut faire refluer l’agenda du business as usual. Tout le monde n’a pas intérêt à changer de système. Nous n’avons pas intérêt à ce que tout le monde continue à agir [29].

 

Notes

[1] Discours de Laurent Fabius – Présentation du rapport du GIEC (30 septembre 2013) – http://attac.org/l/46h

[2] Entendu comme un niveau d’émissions de gaz à effet de serre «  compatible avec des capacités d’absorption de la planète  ».

[3] Notons par contre que des accords hyper contraignants sont recherchés en matière de commerce et d’investissements.

[4] Voir : http://attac.org/l/46g

[5http://report.mitigation2014.org/spm/ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakers_approved.pdf

[6http://www.unep.org/pdf/UNEPEmissionsGapReport2013.pdf

[7] La société civile exige entre 55 % et 80 % de réductions d’émissions d’ici à 2030 pour les «  pays développés  ».

[8] Voir : http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/121114/climat-lannonce-etats-unis-chine-est-elle-historique-pas-vraiment

[9http://www.chrishopepolicy.com/2014/11/the-us-china-climate-deal-dont-get-carried-away/

[10] Climat : effets d’annonce et vrais renoncements – https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/climat-effets-d-annonce-et-vrais

[11] «  Le fonds vert sera une opportunité considérable pour les entreprises, pour aller vers la transition énergétique. Le fonds vert sera aussi une opportunité de croissance  ».

[12] Voir : http://attac.org/l/46i

[13] Voir cette analyse critique – Face au changement climatique, une nécessaire clarification stratégique – http://blogs.mediapart.fr/edition/transition-energetique/article/190914/face-au-changement-climatique-une-necessaire-clarification-strategique

[14] Voir cette analyse : http://www.mediapart.fr/files/Memo_Sommet_Ban_Kimoon.pdf

[15] À Durban, en 2012, Anjali Appadurai, étudiante canadienne a déclaré : «  vous avez négocié tout au long de ma vie  » et «  «  vous avez omis de prendre des engagements, vous avez manqué vos objectifs, et vous avez cassé des promesses  »

[16] Voir : https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports-37/article/nouveaux-mecanismes-financiers

[17] Voir : https://france.attac.org/actus-et-medias/le-flux/articles/il-est-temps-de-mettre-fin-au-marche-du-carbone-europeen

[18] Voir cette note sur l’alliance pour «  l’agriculture intelligente face au climat  » : http://www.mediapart.fr/files/Note_Climate_Smart_Agriculture_vfin.pdf

[19] Les négociations se déroulent dans le cadre de la plateforme de Durban, adoptée fin 2011. Selon le New York Times, Todd Stern, le négociateur en chef des États-Unis a affirmé à Davos début 2012, que cette plateforme était «  prometteuse pour ce qu’elle ne dit pas  ». Un de ses collaborateurs a précisé ce point en affirmant qu’elle ne faisait pas mention des responsabilités historiques ou des émissions par tête, et que ne sont pas différenciés les pays développés et les pays en développement  ».

[20] Voir le préambule de la Charte des Nations-Unies : http://www.un.org/fr/documents/charter/preamb.shtml

[21] Qu’on l’ait critiqué – c’est notre cas – ou appuyé, le leadership européen en matière de lutte contre les dérèglements climatiques reposait sur deux piliers : des objectifs de réduction d’émissions et un marché du carbone européen (ETS) considéré comme l’instrument de choix pour réaliser ces réductions. En 2014, les objectifs de réduction d’émissions pour 2020 et 2030 sont inconséquents, et le marché du carbone est défaillant et irréformable.

[22] Sans même évoquer ici les contradictions entre leurs engagements internationaux et leurs politiques nationales.

[23] Les défis climatiques sont souvent perçus comme éloignés des capacités d’action quotidienne de la majorité de la population

[24] Christophe Aguiton, Après le succès de la marche pour le climat de New York, trois défis pour le mouvement pour la justice climatique https://france.attac.org/se-mobiliser/vers-la-cop21/article/apres-le-succes-de-la-marche-pour

[25] Alternatiba continue d’avancer, http://blogs.mediapart.fr/blog/alternatiba/271014/alternatiba-continue-d-avancer

[26] ’This Changes Everything : Capitalism vs the Climate’ est sorti mi-septembre aux États-Unis et dans plusieurs pays anglo-saxons. L’ouvrage sera disponible en France au printemps 2015, aux éditions Actes Sud.

[27] Voir la déclaration signée par Attac France sur www.france.attac.org

[28] Voir cette note d’analyse : https://france.attac.org/IMG/pdf/fiche_ttip_climat_energie.pdf

[29] Face au changement climatique, une nécessaire clarification stratégique – http://blogs.mediapart.fr/edition/transition-energetique/article/190914/face-au-changement-climatique-une-necessaire-clarification-strategique