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Articles du Vendredi : Sélection du 17 janvier 2014 !

Planète : étrangeté globale

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/10/etrangete-globale_4346214_3244.html

Réchauffement climatique : la stratégie française critiquée par la Cour des comptes

Laurence Caramel
www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/16/la-cour-des-comptes-desavoue-la-strategie-francaise-de-lutte-contre-le-rechauffement_4348939_3244.html

L’Europe compte près de 250 000 citoyens favorables à un revenu de base garanti à vie

Anne-Sophie
http://alternatives.blog.lemonde.fr/2014/01/13/leurope-compte-pres-de-250-000-citoyens-favorables-a-un-revenu-de-base-garanti-a-vie/#more-4834

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Planète : étrangeté globale

Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/10/etrangete-globale_4346214_3244.html

Chronique Il fait froid. Il fait très froid. L’Amérique est pétrifiée par une descente inédite d’air polaire qui congèle à peu près tout sur son passage. Dans l’autre hémisphère, c’est une joyeuse bande de touristes, de journalistes et de climatologues, partie sur un navire russe constater la fonte des glaces, qui se retrouve prisonnière de la banquise antarctique. Franchement… N’est-il pas grand temps de reconnaître que cette histoire de réchauffement n’est qu’une vaste blague ?

Pour comprendre pourquoi nous nous posons la question, il faut faire un saut dans le passé et revenir au milieu des années 1970.

Le 8 août 1975, dans Science, Wallace Broecker publie un article décisif. Si décisif qu’il forge encore la manière dont nous percevons les changements que nous affrontons aujourd’hui. Ce n’est pas rien. Et, fait notable, cela ne tient pas à une découverte : cela tient à deux mots. Deux mots réunis en une expression nouvelle, introduite dans le titre de l’article signé par le grand géochimiste de l’université Columbia. Voici ce titre : « Sommes-nous à la veille d’un réchauffement global prononcé ? » « Réchauffement global », on l’aura deviné, est l’expression nouvelle.

Elle a tant fait florès qu’elle nous semble aller de soi. Mais les choses ne sont pas si simples. Stricto sensu, ce qui se produit est un déséquilibre radiatif provoqué par les émissions humaines de gaz à effet de serre. Wallace Broecker aurait pu traduire cela par « perturbation », « dérèglement », « crise » ou – pourquoi pas ? – par « ensauvagement » climatique…

« RÉCHAUFFEMENT GLOBAL »

S’il a choisi « réchauffement », c’est en référence à l’augmentation de la quantité de chaleur introduite dans le système climatique. Pour le physicien, c’est l’évidence, mais pour le béotien ? « Cela sous-entend quelque chose de graduel, d’uniforme et de bénin, expliquait John Holdren, professeur de sciences de l’environnement à Harvard, dans une conférence donnée voilà quelques années. Ce que nous vivons n’est rien de cela. » Pour en donner la mesure, certains ont même proposé « cancer atmosphérique »…

L’expression « réchauffement global » n’est pas seulement un puissant anesthésique. Elle trompe notre perception du changement en réduisant celui-ci à une manifestation unique, la probabilité accrue de températures élevées. Et elle ne dit rien des effets majeurs du phénomène qu’elle prétend définir : montée et acidification des océans, bouleversement de la circulation atmosphérique et des précipitations, renforcement des régimes d’incendies, augmentation de la fréquence des cyclones les plus puissants…

Le climat ne va pas devenir uniformément plus chaud, partout, toujours et en toute saison. Il deviendra de plus en plus étrange. Des cyclones Sandy et Haiyan aux inondations bretonnes, en passant par le coup de froid américain et les caprices de la banquise antarctique, cette « étrangeté globale », si elle échappe à toute métrique, se confirme à peu près chaque semaine.

Réchauffement climatique : la stratégie française critiquée par la Cour des comptes

Laurence Caramel
www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/16/la-cour-des-comptes-desavoue-la-strategie-francaise-de-lutte-contre-le-rechauffement_4348939_3244.html

Depuis cinq ans, la France conduit sa politique de lutte contre le changement climatique à l’aveuglette : c’est le jugement sévère que porte la Cour des comptes sur la mise en œuvre par Paris du « paquet énergie-climat » adopté par l’Europe en 2008.

Dans son rapport remis, jeudi 16 janvier, à l’Assemblée nationale – par qui les magistrats avaient été saisis en novembre 2012 –, la Cour critique le manque de lisibilité de l’action publique tant dans les dépenses engagées que dans la mesure des résultats obtenus, que la faiblesse des outils de modélisation qui ont conduit la France à dessiner sa stratégie.

Cette dernière privilégie le développement des énergies renouvelables plutôt que la recherche des économies d’énergie dans les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre. En particulier le transport et l’agriculture. « Dans une économie peu carbonée, la principale source de réduction des émissions se trouve dans les économies d’énergie », estime le rapport en rappelant la spécificité nucléaire française.

GRAVE DÉFAILLANCECe constat conduit, en préambule, les sages de la rue Cambon à reconnaître qu’ils n’ont pu répondre à la demande des députés. Plus que de rapport d’évaluation, ils préfèrent qualifier les 235 pages de leur travail – 680 avec les annexes – de « description » et « d’analyse » des différents éléments de la politique de transition énergétique, engagée en 2008 avec l’adoption, du « paquet énergie-climat ».

Celui-ci prévoit de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne (UE) d’ici à 2020 par rapport à 1990 tout en portant la part des énergies renouvelables à 20 % du mix-énergétique. Pour prendre sa part du fardeau, la France s’est vue assigner comme objectif de diminuer de 14 % ses émissions dans les secteurs dits diffus (transport, bâtiment, agriculture) – les grandes installations industrielles étant soumises au système européen d’échanges de quotas de CO2 – et de parvenir à un niveau d’énergie renouvelable de 23 % en 2020.

La Cour des comptes donne plusieurs explications à cette grave défaillance. La plus importante d’entre elles est l’absence d’un pilotage au plus haut niveau, de la question climatique. « La mise en œuvre du paquet énergie-climat qui est, par nature, transversale et interministérielle, pose à l’Etat un problème d’organisation et de pilotage, qu’il n’est pas encore parvenu à entièrement relever », déplore, en des termes pondérés, le rapport. Ce que certains de ses auteurs traduisent de manière plus directe par : « Matignon ne joue pas son rôle et certains ministères ne sont toujours pas montés dans le train. »

Le rapport critique également la légèreté avec laquelle les choix ont été pris alors que des dizaines de milliards d’euros d’argent public ont été engagés. Les modèles de simulation chargés de décrire les transformations profondes que doit entraîner la transition énergétique sont soit « trop limités » soit « balbutiants ». Ils ne permettent pas de « faire complètement le tour du circuit économique et ainsi d’évaluer les besoins d’investissement, leur possible financement par la baisse de la facture énergétique, ni même leurs conséquences sur l’emploi ».

Cela aboutit à de retentissants ratages comme l’illustrent les déboires de la filière solaire. « Des situations de rente, voire de véritables “bulles” financières, ont parfois été créées, toujours financées par le consommateur ou le contribuable. L’exemple du mauvais ajustement initial des tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque reste emblématique d’un tel risque », avertissent les magistrats.

HYPOTHÈSES « IRRÉALISTES »

La Cour porte au final un regard dubitatif sur les résultats obtenus jusqu’à présent en les qualifiant « d’ambigus ». La baisse des émissions enregistrée depuis 2005, s’explique largement par la crise économique et la réduction très nette par l’industrie des émissions de gaz autres que le CO2, souligne-t-elle.

Dans ces conditions, la France pourra-t-elle tenir ses objectifs d’ici à 2020 ? La tâche sera « difficile » et au prix d’un « investissement considérable » de l’ordre de 1 % à 2 % du produit intérieur brut par an, avertit la Cour.

Elle émet en outre de sérieuses réserves sur sa capacité à atteindre la cible en matière d’énergies renouvelables et pointe les hypothèses très « volontaristes » voire « irréalistes » que le gouvernement continue d’afficher dans le domaine de la rénovation thermique. « L’hypothèse est de 900 000 rénovations lourdes par an de 2013 à 2020, alors que le Grenelle de l’environnement tablait sur 400 000 » et qu’au maximum le chiffre atteint jusqu’aujourd’hui a été de 135 000 en 2010…

L’Assemblée nationale avait saisi la Cour des comptes pour éclairer le débat qu’elle aura prochainement sur les objectifs climatiques dont l’Europe doit se doter à l’horizon 2030. La Cour invite les députés à s’y engager avec prudence en tenant compte d’un contexte radicalement différent de celui de 2008 : crise économique, nouvelle donne énergétique avec l’émergence des hydrocarbures non conventionnels, échec du marché européen du carbone qui devait être le principal instrument de pilotage de l’ambition communautaire…

Berlin également pointé du doigt

La Cour des comptes se montre très critique sur les choix de l’Allemagne en matière d’énergies renouvelables. La sortie à marche forcée du nucléaire a conduit le pays à utiliser davantage de charbon pour pallier l’intermittence de l’électricité produite à partir du solaire et de l’éolien. Ainsi depuis deux ans, les émissions de gaz à effet de serre ont à nouveau progressé outre-Rhin. Pour les magistrats, cette situation pose le problème des capacités de production qu’il faut continuer à assurer à partir des énergies fossiles tant qu’aucune technologie de stockage des énergies renouvelables n’est disponible. Quitte à supporter des surcapacités non rentables ou à importer davantage de charbon, de pétrole ou de gaz.

L’Europe compte près de 250 000 citoyens favorables à un revenu de base garanti à vie

Anne-Sophie
http://alternatives.blog.lemonde.fr/2014/01/13/leurope-compte-pres-de-250-000-citoyens-favorables-a-un-revenu-de-base-garanti-a-vie/#more-4834

Doit-on perdre sa vie à la gagner ? Peut-on croire encore à un système qui accroît les inégalités ? Le meilleur des gestes anti-système ne consisterait-il pas à signer l’Initiative Citoyenne Européenne qui défend la création d’un Revenu de Base Inconditionnel ? Réponse avec Stanislas Jourdan, à l’origine de cette initiative et coordinateur du Mouvement français pour un revenu de base.

Qu’est-ce qu’un revenu de base ?

C’est une idée très simple qui consiste à donner à tous les citoyens, de la naissance à la mort, un revenu sans conditions ni contrepartie. Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un revenu unique pour tous ! Tout le monde touche le revenu de base mais celui ci est cumulable avec d’autres revenus d’activités. De plus, contrairement au RSA, tout le monde le touche y compris les travailleurs, ou ceux qui sont très riches.

En pratique, il existe de nombreux modèles différents de revenu de base, avec différents montants et différents mécanismes pour le financer, et différentes justifications théoriques. C’est d’ailleurs ce pourquoi il existe d’autres appellations de l’idée, comme « revenu universel » ou « allocation universelle ». Mais pour simplifier, l’idée est de réformer le système de protection sociale en unifiant les diverses aides et subventions existantes afin que chacun touche un revenu – quelle que soit sa situation professionnelle ou familiale, plutôt que de dépendre d’un système complexe bureaucratique que plus grand monde ne comprend…

D’où vient l’idée ?

De loin ! Les premiers philosophes à en parler furent Thomas More dans L’Utopie et Thomas Paine, dans La Justice Agraire – un court essai dans lequel il fait une critique modérée de la propriété privée en proposant un revenu citoyen en contrepartie des inégalités qui sont que certains naissent en héritant d’une propriété privée sur laquelle bâtir de quoi se loger et se nourrir, et d’autres non.

On touche ici à une justification très importante du revenu de base : le fait qu’une grande partie de nos richesses collectives ou individuelles n’ont aucun lien avec notre seul mérite. Par exemple, la plupart des grandes inventions comme l’électricité sont l’héritage de nos ancêtres qui les ont conçues. A titre personnel, nous oublions trop souvent l’héritage des circonstances de la vie. Le revenu de base permettrait une répartition plus juste de ces richesses et gommerait ainsi l’inégalité des chances.

Depuis Thomas Paine en 1893, l’idée a survécu grâce au travail de nombreux intellectuels qui ont développé et théorisé le concept. Par exemple le philosophe André Gorz et l’économiste Yoland Bresson en France, James Tobin et Milton Friedman aux États-Unis, ou encore Erich Fromm et Gotz Werner, deux célébrités allemandes… On trouve des promoteurs de l’idée dans tous les camps politiques et dans toutes les disciplines scientifiques. Le revenu de base n’est pas une question de gauche ou de droite !

Comment le mettre en place ? N’est-ce pas un peu utopique ?

De nombreux économistes se sont penché sur le sujet et ont présenté des modèles de financement. Et personne n’a réellement démontré que c’était impossible à financer. En France par exemple, un économiste à démontré que l’on peut déjà financer un revenu de base de 450 euros sans toucher aux pensions de retraite ni aux allocations chômage et logement, simplement en rationalisant l’organisation du modèle fiscal et social Français. Autrement dit, sans bouleverser totalement les acquis sociaux ni le niveau d’imposition, on pourrait déjà commencer à verser un revenu de base en France de ce niveau, que l’on pourrait bien sûr augmenter au fur et à mesure.

Au final, la mise en place d’un revenu de base bute avant tout sur le manque de volonté et je dirais même, de courage politique.

N’y a-t-il pas des risques liés à sa mise en oeuvre (démotivation au travail, effet sur les prix) ?

Tout dépend du niveau auquel on met en place ce revenu, mais même pour un revenu de base peu élevé, on simplifierait beaucoup le fonctionnement administratif du système, on éliminerait les effets de seuil qui minent les  travailleurs pauvres et les personnes actuellement au RSA, et on garantirait à tous un socle de protection sociale sans provoquer les effets stigmatisants du système actuel sur les pauvres.

En augmentant le montant du revenu de base, on pourrait espérer d’autres effets plus émancipateurs encore. Parce que leur revenu sera assuré indépendamment de leur activité, les citoyens pourront mieux arbitrer leur temps de travail et leur temps de loisir. Ils pourront plus facilement passer à temps partiel, libérant ainsi des postes de travail pour ceux qui en sont aujourd’hui privés. D’autres choisirons peut être de se réorienter professionnellement, de faire des formations, ou encore de se consacrer à des projets personnels, entrepreneuriaux etc.

En fait, la crainte d’une hausse des prix vient de ceux qui ne voient souvent dans le revenu de base qu’un pouvoir d’achat en plus pour les gens. Mais le revenu de base est aussi un pouvoir de produire, un pouvoir de travailler pour ce que l’on aime, c’est à dire là où l’on est finalement en général plus productif. En libérant de la contrainte de trouver de l’argent pour survivre, on libère la créativité qui est aujourd’hui étouffée parce qu’il faut d’abord chercher un “emploi”.

Cela ne signerait-il pas la fin du travail ?

Certains voient dans le revenu de base une solution face à l’automatisation croissante d’un grand nombre de tâches: qui va acheter les produits que les robots produisent si les hommes n’ont plus de revenu issu de leur travail? Le revenu de base résout ce problème.

Un certain nombre de métiers vont disparaitre et il faudra bien trouver une solution pour les personnes qui sont petit à petit privées de la source de leurs revenus. Mais il y a aussi du travail pour réaliser la transition économique, agricole, industrielle qui nous attend ! Le revenu de base, s’il peut accompagner cette transition, ne fera pas le travail pour nous. Il reste beaucoup de pain sur la planche pour inventer et développer les solutions innovantes aux enjeux de notre société !

En fait, je crois qu’il est préférable de parler de la fin de l’emploi, c’est à dire cette notion que seul le travail rémunéré dans le cadre d’un contrat de travail constitue une production méritoire à la société. D’autres activités sont tout autant productrices même si elles ne sont pas ‘rentables’ ou ‘payées en argent’, comme par exemple tout ce qui se passe dans l’open source et l’économie collaborative.

Vous pensez que le temps de sa mise en oeuvre est venue ?

Il est naïf de penser que le système actuel peut perdurer sans dommages pour la cohésion sociale. Notre système social est bâti autour de l’emploi alors que celui-ci se raréfie. Dans le même temps, d’autres formes d’activités et de productions se développent à l’extérieur de l’emploi. Par ailleurs, alors que notre société n’a jamais été aussi riche dans son ensemble, la pauvreté et les inégalités s’accroissent. C’est absurde !

Il est donc plus que temps d’inventer un nouveau modèle de protection sociale qui prenne en compte la réalité nouvelle de notre économie, c’est à dire le fait que nous sommes entrées dans une société d’abondance ou l’emploi n’est plus l’unique facteur de production ni même de reconnaissance sociale. Le revenu de base serait non seulement la pierre angulaire de cette nouvelle forme de sécurité sociale mais il constituerait un début de réponse face à de nombreux maux de notre société sur le plan démocratique, dans notre rapport au travail, à l’argent… Bref, le revenu de base nous donnerait tous un peu de pouvoir pour réellement participer au changement de société que nous sommes de plus en plus à désirer.

Pourquoi avoir lancé une initiative citoyenne européenne ?

L’initiative citoyenne européenne est le tout premier processus de démocratie participative d’envergure internationale.  Si un million de signatures sont réunies, les citoyens peuvent obtenir une audience au Parlement Européen pour soumettre une idée à l’agenda de la commission européenne et même de proposer un projet de réglementation européenne.

Les différentes organisations œuvrant à la promotion du revenu de base en Europe ont été parmi les premières à se lancer dans l’exercice en lançant une initiative en janvier 2013. Objectif: demander à la commission européenne de lancer des études et des expérimentations du revenu de base pour voir comment cette idée peut être développée dans l’Union Européenne.

Jusqu’ici près de 250 000 citoyens ont signé notre initiative. Trop peu encore pour aller jusqu’au bout, mais il est encore possible d’ajouter sa voix jusqu’au 14 janvier en signant ici.