La grande distribution cible de la journée des luttes paysannes
Laborari (Hebdomadaire d’information des Paysans du Pays Basque), 891 zenbakia, apirilaren 22koa.
L’Europe : l’heure de vérité
Pierre Khalfa, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, membre du Conseil scientifique d’ Attac
Article paru dans l’édition de l’Humanité du 07.05.10
Fab-labs : quand chacun fabrique ce dont il a besoin
Nedjma Bouakra
Article paru dans Basta ! (Agence d’informations sur les luttes environnementales et sociales) du 05.05.10 (http://www.bastamag.net/article1024.html)
Comment reconnaître le vrai « équitable » du faux
Rafaële Rivais
Article paru dans l’édition du Monde du 10.05.10
[:]La grande distribution cible de la journée des luttes paysannes
Laborari (Hebdomadaire d’information des Paysans du Pays Basque), 891 zenbakia, apirilaren 22koa.
Saltegien haundien eragina salatu dute ibiakoitzean (apirilaren 17an) Europa guzian, laborarien borroken nazioarteko eguna kari. Laborariak, kontsumitzaileak, lekuko garapena, denak galtzaile ateratzen direla sistima hortan zioten Confédération paysannekoek.
La domination sur les paysans ne s’illustre pas seulement par les exactions des firmes multinationales sur les petits paysans et les paysans sans terre des pays du sud. Samedi dernier, la mobilisation européenne pour la journée internationale des luttes paysannes1 était dirigée contre la grande distribution. Marches, pique-nique ou introduction dans des supermarchés ont mis en avant la main mise de la GMS2 « qui étrangle les paysans et ne profite pas aux consommateurs ».
En France, les hyper et supermarchés couvrent plus de 2 millions d’hectares (21 milliards de km2) soit 324 m2 par habitant, quasiment un record en Europe. Six centrales d’achat contrôlent près de 90% de la production du commerce de détail, une main mise qui permet d’exercer une pression sans faille sur les prix à la production et d’imposer des pratiques commerciales abusives sur les fournisseurs et producteurs.
Samedi, lors des différentes actions organisées à travers la France, la Confédération paysanne a souligné que 5% des magasins les plus grands assurent 55% du commerce de l’alimentation. « En un peu plus de 20 ans, le nombre de commerces de proximité a été divisé par trois par l’arrivée des grandes surfaces », a dénoncé le syndicat en ajoutant qu’un emploi en grande surface correspond à 3 à 5 emplois détruits par ailleurs.
Les conséquences sur le monde paysan sont sans appel. La distribution concentrée entre les mains de quelques groupes impose des volumes, des conditionnements, des « contrats » impossibles pour l’agriculture paysanne ainsi que des prix déconnectés des coûts de production. En 15 ans, les prix en rayon n’ont cessé d’augmenter alors que ceux payés au producteur suivaient une courbe inverse (voir encadré). « Pour maximiser ses profits, la grande distribution a recours aux filières longues, elle importe au plus bas prix des produits du bout du monde sans se soucier de l’impact environnemental et social. C’est le royaume du suremballage, du gaspillage, pour des produits uniformisés, de la mal bouffe mondialisée, des OGM cachés dans les produits carnés, des fruits et légumes hors saison. La grande distribution impose des prix si bas que les soustraitants répercutent sur les salaires des travailleurs exploités et souspayés », commente la Confédération paysanne.
« Le bonheur par la consommation »
Une stratégie qui s’accompagne d’une véritable propagande, largement relayée de tout bord, du « bonheur par la consommation ». A grands renforts de campagnes publicitaires, de fausses promos, les grandes surfaces matraquent les consommateurs et les pousse à une consomation déconnectée des besoins, favorisant au passage la spirale du surendettement des ménages.
La journée du 17 avril a été l’occasion de répéter qu’un autre mode de consommation est possible. Ces alternatives ne manquent pas en Pays Basque. Privilégier les circuits courts, l’achat direct à la ferme, au marché, à l’AMAP est à portée de main chez nous. Cette relocalisation de l’agriculture permet de consolider l’emploi agricole local en assurant un revenu aux paysans. « A une échelle supérieure, nous revendiquons le droit à la souveraineté alimentaire et l’établissement de protection aux frontières de l’UE, tout comme aux frontières des pays du sud pour ne pas que l’agriculture occidentale vienne faire concurrence aux productions locales », a déclaré ELB. Comme la Confédération paysanne, le syndicat basque appelle également à la mise en œuvre d’une taxe sur la spéculation foncière, en bloquant les projets d’infrastructures dévoreurs d’espace, « afin de stopper l’hémorragie de la disparition des terres agricoles ».
1 Le 17 avril 1996, 19 paysans du mouvement des sans terre sont tués par la police brésilienne alors qu’ils manifestent pour le droit à la terre. Le massacre de Eldorado Dos Carajas est resté impuni. Il est commémoré chaque année à travers le monde comme la journée internationale des luttes paysannes.
2 GMS : Grande et Moyenne Surface
En quelques chiffres
– En France, 324 m2 de grande surface par habitant
– 5% des magasins les plus grands assurent 55% du commerce de l’alimentation
– 1 emploi en grande surface = 3 à 5 emplois détruits par ailleurs
– le nombre de commerce de proximité divisé par 3 en 20 ans suite à l’arrivée des grandes surfaces (Insee)
– 1 yaourt aux fraises de grande surface a parcouru 10 000 km (Ademe)
– Entre 1992 et 2009, en rayon : lait +22%, porc +25%, volaille +41% ; au producteur : lait -5%, porc -26%, volaille +2% (insee)
L’Europe : l’heure de vérité
Pierre Khalfa, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, membre du Conseil scientifique d’ Attac
Article paru dans l’édition de l’Humanité du 07.05.10
La crise grecque et maintenant les menaces pesant sur le Portugal, l’Espagne, l’Italie, aucun pays ne pouvant d’ailleurs se croire à l’abri, illustre les impasses de l’Union européenne (UE).
Elle s’est construite sur la concurrence entre les Etats, sur le moins disant fiscal et social avec des règles visant à exclure le plus possible l’intervention politique de la sphère économique.
Ainsi l’UE s’est dotée de règles strictes en matière de dette et de déficit public, les fameux critères de Maastricht, et il est interdit à la Banque centrale européenne (BCE) de financer les Etats.
Ces règles étaient censées permettre la convergence des économies des différents pays et faire de l’UE une zone de stabilité monétaire. Elles ont abouti à leur contraire. Les trajectoires économiques des pays ont totalement divergé, l’Allemagne par exemple menant une politique d’austérité contre sa population pour gagner des parts de marché sur ses voisins européens.
Loin d’être une zone de stabilité, l’UE est aujourd’hui livrée à une spéculation financée, de fait, par la BCE : les banques se refinancent auprès d’elle à un taux de 1% pour prêter aux Etats à des taux qui sont allés jusqu’à 10 % dans le cas de la Grèce.
L’Europe est donc aujourd’hui à la croisée des chemins. Soit la purge imposée au peuple grec inaugure ce que vont être les orientations de tous les gouvernements et la crise s’approfondira avec une récession généralisée. Il en résultera un accroissement des déficits publics ce qui fera redoubler d’intensité la spéculation financière. Le risque d’effondrement de l’euro et l’éclatement de l’UE sera alors d’actualité avec des conséquences chaotiques imprévisibles.
Soit les peuples imposent une réorientation radicale de la construction européenne. D’une part, cela signifierait de s’attaquer à la finance de marché : il faudrait cesser de recourir aux marchés financiers pour financer les déficits publics et la BCE devrait pouvoir prêter aux Etats, ce qui est aujourd’hui interdit par les traités européens ; il faudrait instaurer une taxations des transactions financières pour casser la spéculation. D’autre part, cela signifierait engager une convergence vers le haut les politiques économiques et sociales, ce qui suppose notamment la mise en place d’un budget européen conséquent pour permettre des transferts financiers.
Fab-labs : quand chacun fabrique ce dont il a besoin
Nedjma Bouakra
Article paru dans Basta ! (Agence d’informations sur les luttes environnementales et sociales) du 05.05.10 (http://www.bastamag.net/article1024.html)
Pour 1% de leur prix sur le marché, des objets et outils se fabriquent dans de petits ateliers industriels utilisant allègrement logiciels libres et nouvelles technologies. Les « fabuleux ateliers », ou fab-labs, ouvrent une nouvelle voie alliant hautes technologies, auto-production, récupération et recyclage. La seule condition reste votre participation.
Nul besoin de refreiner vos désirs ou de remettre à demain ce qui vous est nécessaire aujourd’hui : faites-le vous-même ! De fabuleux laboratoires, les fab-labs (contraction de « fabrication » et « laboratory » en anglais), vous proposent de construire presque tout, de votre machine à laver à votre ordinateur sur mesure en passant par la chaise en bois au design personnalisé. Le plus souvent avec des matériaux recyclés.
Quand le consommateur devient créateur
Conçus comme des lieux de production, les fab-labs sont parfois comparés à de petites usines clés en main. A la différence de l’atelier classique, le Fab-Lab se construit en même temps que ce qu’il produit. Il s’ajuste à un projet, à la conception d’un objet ou d’une astuce technologique. Le fabuleux laboratoire se pense comme un espace dans lequel viennent se partager des compétences, des nouvelles technologies et l’art de la récup. On y trouve des outils les plus rudimentaires aux machines plus sophistiqués pilotés par des logiciels : scie, découpeuse, fraiseuse, logiciels libres et petits robots.
L’idée est née dans les années 1990 au sein d’un laboratoire de l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT), puis a lentement mais sûrement cheminé. Ce concept, assez exotique, a pris de l’ampleur avec la popularisation des nouvelles technologies. La barrière d’usage des technologies de l’information s’est effondrée et, aujourd’hui, les Fab-labs éclosent un peu partout sur le globe, de l’Afrique du Sud à l’Islande, du Costa Rica à l’Afghanistan, jusqu’à Paris [1]. Pour son inventeur, Niel Gernshenfeld, professeur au MIT, le consommateur cesse d’être client, il devient créateur. Dans son livre, FAB, la prochaine révolution sur votre bureau [2], il affirme, utopiste, qu’au lieu « de fournir les technologies de l’information aux masses, les Fab-labs leur montrent qu’il est possible de leur donner des outils qui leur permettent de développer et de trouver des solutions technologiques locales à des problèmes locaux. »
Anti-copyright
La véritable origine d’un fab-lab, c’est une communauté de créateurs et d’entrepreneurs. Parfois spontané, ou dans le sillage des hackers, le fab-lab pousse souvent dans une nébuleuse d’activistes anti-copyrights et d’inventeurs afin de faire fructifier des savoir-faire licites et illicites. L’objectif : réaliser des prototypes innovants ou simplement utiles. Ainsi à Vitry, le « Tmp/lab » s’emploie à essaimer ses recherches et présente en open source l’avancement de ses projets. A la manière d’une poupée russe, un fab-lab peut en cacher un autre.
Dans une ancienne menuiserie du 10ème arrondissement de Paris, l’agence Nod-A, fondée par Stéphanie Bacquère et Marie-Noéline Viguié, participe à l’élaboration de fab-labs. Stéphanie Bacquère sort de son tiroir un Lego : « Pas besoin d’être riche, ni un génie ! Nous travaillons à des logiciels instruisant de petits robots, et ces logiciels pourront être utilisés par des enfants de six ans qui pourront fabriquer eux même leurs jeux de Lego ! » Pour elle, tout l’intérêt des fab-labs réside dans l’autonomie qu’il procure. « Vous pouvez vous débarrassez des grandes marques qui en général tentent de verrouiller leurs trouvailles pour que vous ne puissiez ni les dupliquer ni les réparer ». Terminés les services après-vente. Téléchargez une maquette de vélo ou un plan de machine à laver. Grâce à une imprimante 3D qui fabrique de petits objets et d’autres machines qui découpent et plient, vous n’avez plus qu’à faire l’assemblage. « Imaginez dans chaque quartier, au coin des rues ou dans une MJC ces ateliers industriels à la portée de tous… Une révolution ! », surenchérit Stéphanie Bacquère. A quand des fab-labs à proximité de potagers partagés ?
La haute technologie de Bamako aux favelas de São Paulo
Le contenu et la forme des fab-labs varient selon ses usages. Là où les produits high-techs sont pour la plupart inaccessibles, ils servent de passerelles technologiques au bénéfice de tous. Une radio numérique peut envoyer des contenus vidéo de formation dans une zone reculée du Mali grâce à des astuces trouvées en fab-lab. « Un kit de puces électroniques à 20 euros et un simple manuel peuvent suffire à produire des objets de haute technologie ! Vous y ajoutez un peu de recyclage et un zeste de débrouille : votre objet est réalisé. Dans les bidonvilles de São Paolo ou de Bamako, les fab-labs sont en plein essor parce qu’ils s‘appuient sur le transfert de compétence et l’entraide », se réjouit Stéphanie Bacquere. Ils s’insèrent également dans une chaîne de production locale. Ainsi, en Inde, un fab-lab fabrique des appareils pour mesurer la qualité du lait de petits producteurs.
En Europe, un fab-lab élabore plutôt des prototypes ou du sur-mesure. Des pépinières de fab-labs peuvent relocaliser et dynamiser la production d’un territoire. « Le fab-lab a une vocation de prototypage d’objets physiques et « intelligents ». Il s’adresse aux entrepreneurs, aux designers et aux artistes. Le plus difficile n’est pas de lancer un fab-lab, mais davantage qu’une communauté d’usagers-concepteurs le pérennise », explique Daniel Kaplan, de la Fondation Internet nouvelle génération (Fing). L’idée s’étend comme un rhizome puisque Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France, prévoit une Cité du numérique à vocation mondiale équipée d’un fab-lab non loin de la Villette. Daniel Kaplan confirme l’ouverture imminente de fab-labs à Paris. Fing square, une pépinière d’artistes, de designers, et d’entrepreneurs – devrait développer des fab-labs au déploiement rapide et composés d’une série d’outils cohérents pour le bénéfice du plus grand nombre.
Mao risque de se retourner dans sa tombe. Une révolution culturelle spontanée se prépare en Europe : intellos, ingénieurs et artistes, tous au travail dans ces fabuleux ateliers ! Mais attention, les créateurs de logiciels libres de droits des fab-labs verraient d’un très mauvais œil ces ateliers laboratoires déposer des brevets. Sens du partage contre logique marchande… Échapperont-ils longtemps à l’implacable domination de la rentabilité financière ? Le concept de fab-lab ouvre en tout cas de fabuleuses perspectives en matière d’innovation sociale.
Notes
[1] Au printemps 2009, on recensait 34 fab-labs dans une dizaine de pays.
[2] Livre encore non traduit en français : FAB : The Coming Revolution on Your Desktop – From Personal Computers to Personal Fabrication.
Comment reconnaître le vrai « équitable » du faux
Rafaële Rivais
Article paru dans l’édition du Monde du 10.05.10
Raisonné, solidaire, équitable, durable, responsable… Le consommateur qui doit faire ses courses a tout pour s’y perdre entre les différents concepts utilisés par les marques pour promouvoir leurs produits. Au rayon café, faut-il choisir Malongo, « l’arabica issu de la culture des petits producteurs », qui a le label Fairtrade Max Havelaar, ou Nespresso, « un café de qualité supérieure, durablement », qui a la certification Rainforest Alliance ? Au rayon chocolat : Côte d’or ou Ethiquable ? D’ailleurs, l’équitable est-il durable ? Et l’éthique, est-elle écolo ?
Une autre difficulté s’est alors présentée : quelle marque et quel label choisir ? Il s’est alors référé à la seule définition officielle française qui existait alors, celle de la loi du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises. D’ici à quelques mois, ce genre de difficulté devrait disparaître, car une commission nationale du commerce équitable donnera une reconnaissance publique aux labels qui la mériteront. Cette commission, dont la création était prévue depuis 2005, vient d’être installée par Chantal Jouanno et Hervé Novelli, secrétaires d’Etat en charge de l’écologie et de la consommation. Lors de sa première réunion, le 19 mai, elle devrait discuter le contenu du « référentiel de certification » sur le fondement duquel la reconnaissance sera accordée ou pas. Cette dernière ne devrait pas prendre la forme d’un logo, mais d’une communication via l’Institut national de la consommation.
« La création de la commission va donner une reconnaissance aux vrais labels du commerce équitable, se réjouit, depuis Haïti, où il visite des producteurs, Jean-Pierre Blanc, directeur général des cafés Malongo, appelé à siéger au titre de personnalité qualifiée. Actuellement, n’importe qui peut prétendre faire du commerce équitable », déplore-t-il.
Or, « peu de systèmes de garanties respectent les critères du commerce équitable », assure Julie Stoll, coordinatrice de la Plate-Forme pour le commerce équitable, collectif national de concertation et de représentation. « Les principaux sont ceux des deux organismes internationaux : Flo, qui décerne le label Fairtrade Max Havelaar et labellise plus de 80 % des produits agroalimentaires équitables dans le monde, et World Fair Trade Organization (WFTO), auquel est affiliée, en France, la Fédération Artisans du monde. A noter également l’arrivée d’un nouveau label français Equitable-ESR, délivré par Ecocert », indique Julie Stoll.
La notoriété du commerce équitable est forte, mais le panier moyen n’était que de 4,94 euros par habitant en 2009 (contre 0,20 euro en 2001). Les acteurs du commerce équitable espèrent donc que les consommateurs se détourneront des marques labellisées par l’ONG américaine Rainforest Alliance (Nespresso, Lipton, Tetley ou Côte d’or) et par l’organisation néerlandaise UTZ Certified (Douwe Egberts, Senseo, Maison du café). Rainforest Alliance et UTZ Certified ont certes prévu des critères sociaux, « mais leurs standards ne portent pas les mêmes exigences que ceux du commerce équitable : ils ne prévoient pas de prix minimum garanti pour les producteurs », précise Gérald Godreuil, responsable garantie à la Fédération Artisans du monde. Ces organisations n’envisagent d’ailleurs pas de demander leur reconnaissance à la commission.
La marque Alter Eco aimerait que la commission propose des standards « plus exigeants » que ceux du label Max Havelaar : « Nous déplorons qu’il accepte le thé produit par les grandes plantations », indique Eric Garnier, en charge de la communication. Soucieuse de concilier équitable, bio et réduction de l’impact environnemental, la marque, qui a les logos « Fairtrade Max Havelaar » et « AB », sur ses tablettes de chocolat, a, en outre, créé une nouvelle garantie, « Objectif zéro carbone », qui permet de certifier que toutes les émissions de carbone sont intégralement compensées par un programme de reforestation en Amazonie péruvienne.
Mais au fait, l’équitable est-il bon ? Il a longtemps eu la réputation du contraire, mais les temps changent : une dégustation à l’aveugle de vingt-quatre chocolats noirs organisée en 2009 par Que Choisir a donné la meilleure note au Noir intense force brute d’Alter Eco, en raison de « sa belle saveur fruitée ».
Quinzaine du commerce équitable, jusqu’au 23 mai.
Des principes à réaffirmer
Le « référentiel de certification » que prépare la Commission nationale du commerce équitable devrait préciser les critères fondamentaux du commerce équitable. A commencer par le « juste prix » – qui couvre les coûts de production et vise à assurer un salaire décent, c’est-à-dire donnant accès au logement ou à l’éducation – et le « préfinancement des récoltes ».
Le référentiel devrait aussi réaffirmer les principes sociaux du commerce équitable comme « le refus de l’exploitation du travail des enfants », la « non-discrimination » (par rapport au sexe ou à la religion) ou la « liberté syndicale ». Il devrait prôner l' »utilisation de produits agrochimiques (engrais ou pesticides) qui ne nuisent ni à l’humain ni à l’environnement ». Il devrait rappeler, enfin, que « l’utilisation de semences issues du génie génétique et dont l’innocuité pour la biodiversité n’a pas été démontrée, n’est pas autorisée ». Les produits issus du commerce équitable excluent aujourd’hui les OGM.
Plusieurs termes autour d’une même démarche
Le commerce équitable. L’article 60 de la loi du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises précise que « le commerce équitable organise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés, situés dans des pays en développement ». Il ajoute que « ce commerce vise à l’établissement de relations durables ayant pour effet d’assurer le progrès économique et social de ces producteurs ».
Dans un rapport remis en 2005 au premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le député Antoine Herth (UMP, Bas-Rhin), définit quelques notions qui entrent toutes dans une démarche d’achat dit « responsable ».
Le commerce éthique. Il a pour objectif de favoriser et de développer les bonnes conditions de travail chez les producteurs, dans le respect des normes fondamentales de l’Organisation internationale du travail. Mais il exclut, à terme, les petits producteurs les plus défavorisés.
Le commerce solidaire. Il vise essentiellement un commerce appliqué à l’intérieur d’un même pays. Les achats solidaires désignent généralement les produits fabriqués par des associations de solidarité (jeunes en réinsertion, personnes à mobilité réduite) ou de protection de l’environnement.
Le commerce alternatif. Cette expression est encore utilisée dans le monde associatif des magasins commercialisant exclusivement des produits issus du commerce équitable, complétés par une gamme de produits du terroir local.