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Climat : Les Vingt-Huit échouent à fixer de nouveaux engagements
Jean-Pierre Stroobants
www.lemonde.fr/international/article/2019/03/22/climat-les-vingt-huit-echouent-a-fixer-de-nouveaux-engagements_5440001_3210.html

La question du réchauffement climatique, au programme de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, a été seulement évoquée. Aucun accord n’a été trouvé.

Noyée entre le Brexit et la relation avec la Chine, la question climatique figurait, elle aussi, au menu de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, jeudi 21 et vendredi 22 mars, à Bruxelles. Noyée, ou en tout cas très brièvement évoquée au moment des conclusions du sommet, faute d’un accord à annoncer.

Les dirigeants n’ont, en effet, pas trouvé de terrain d’entente pour rehausser leurs objectifs sur le climat, ainsi que cela était pourtant envisagé – et promis à des manifestants mobilisés, au cours des dernières semaines, en Europe et ailleurs dans le monde.

Une discussion reportée en juin

Leur espoir, et celui d’une série d’organisations non gouvernementales (ONG), était que l’on tienne compte du fait que les mesures envisagées actuellement sont jugées insuffisantes pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C et atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, au cœur des discussions actuelles sur la stratégie climatique à long terme de l’Union. La semaine dernière, le Parlement de Strasbourg avait approuvé cette idée de neutralité carbone en 2050 et d’un accroissement de l’effort, d’ici à 2030, pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.

Neuf Etats membres (la France, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède, la Slovénie, le Luxembourg et le Portugal) ont demandé cette semaine une mention claire de la date de 2050, d’autres s’y sont opposés (la République tchèque et la Pologne), tandis que l’Allemagne, qui refusait elle aussi de mentionner cet horizon, jouait les arbitres et proposait… un report de la discussion au prochain sommet, en juin.

Wendel Trio, directeur du Climate Action Network (CAN – Réseau Action Climat), évoque une situation « inacceptable », alors que l’Europe doit participer en septembre au sommet des Nations unies sur le climat. L’Union européenne (UE) doit répondre, notamment, à la demande d’engagements supplémentaires formulée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Des conclusions « éminemment insuffisantes » pour M. Macron

Greenpeace souligne, de son côté, que pour accroître les chances de limiter la hausse des températures à 1,5 °C, la décarbonisation complète devrait, en réalité, être atteinte en 2040, et non dix ans plus tard. L’objectif actuel de réduction des émissions de gaz à effet de serre (– 40 % en 2030) est, lui aussi, insuffisant et devrait être porté à 65 %, affirme l’ONG.

« Il ne faut pas mentir, le nécessaire réveil n’est pas là »

Commentant l’absence d’accord à l’issue de ce sommet de deux jours, Emmanuel Macron a évoqué des conclusions « éminemment insuffisantes ». Pour le président français, le compromis trouvé n’est que « la moins mauvaise des solutions », mais n’apporte pas de réponse aux défis du moment et à « l’impatience de la jeunesse ». « Il ne faut pas mentir, le nécessaire réveil n’est pas là », a-t-il insisté, tandis que Jean-Claude Juncker et Donald Tusk passaient quasi l’affaire sous silence.

Le texte de conclusions approuvé le 22 mars parle, certes, de l’engagement des Vingt-Huit à respecter l’accord de Paris scellé lors de la COP21 et souligne « l’importance » d’une stratégie à long terme qui pourrait, en outre, créer de la croissance et de l’emploi. Faute de mieux, le Conseil ne peut cependant qu’appeler les pays membres à « accroître leurs efforts » d’ici au mois de juin.

A quoi ressemblerait la vie en 2050 dans une France neutre en carbone. Cet « ambitieux » scénario de « zéro émission nette » de gaz à effet de serre impliquerait un « changement important des modes de consommation ».
Pierre Le Hir et Audrey Garric
www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/26/en-2050-la-vie-dans-une-france-neutre-en-carbone_5441262_3244.html

Philippine et Abel, la quarantaine, deux enfants, résident dans une maison à énergie positive –isolation en fibres végétales, ventilation, pompe à chaleur, toiture et vitrages équipés de cellules photovoltaïques – qu’ils partagent avec deux autres familles. Ils cultivent un petit potager. Pour se déplacer dans leur ville moyenne, en complément des transports en commun, ils possèdent une vieille voiture hybride rechargeable, en autopartage. Pour leurs vacances, ils ont programmé de longue date un grand voyage en Chine, pour lequel ils ont obtenu de leurs employeurs la possibilité de cumuler leurs congés payés.

Léa, 30 ans, vit seule avec sa fille en périphérie urbaine, dans un quartier autrefois difficile qui a fait l’objet d’un programme de rénovation, avec un centre-ville rapidement accessible en tramway, en bus, en vélo ou en voiture en libre-service. Son logement social a été entièrement réhabilité pour réaliser des économies d’énergie. Elle se fournit en produits frais auprès d’associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Cet été, elle projette de passer une semaine ou deux en camping, au bord de la mer.

Isabelle et Olivier, octogénaires, ont quitté leur maison, trop grande et trop chère à entretenir, pour une résidence rurale où cohabitent plusieurs couples de retraités, au centre d’un bourg. Mutualisant certains services (visites d’infirmière, aides à domicile) avec les autres résidents, ils entretiennent un potager avec composteur, qui leur fournit fruits et légumes, se font livrer leurs courses en commun par camionnette électrique et, pour leurs déplacements, utilisent une navette intercommunale fonctionnant au biogaz.

Des objectifs ambitieux

Voilà à quoi pourrait ressembler la vie dans une France dont les émissions de gaz à effet auraient drastiquement baissé, au milieu du siècle. Ces trois ménages font en effet partie des familles-types imaginées par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), pour décrire les modes de vie des Français à l’horizon 2050. Il ne s’agit pas de normes, mais de profils divers dont la consommation moyenne s’accorde avec l’un des objectifs centraux de la loi de transition énergétique de 2015 : la division par quatre des émissions nationales de gaz à effet de serre, par rapport à leur niveau de 1990. Ce qu’on appelle le « facteur 4 ».

Depuis, la France s’est fixé un cap encore plus exigeant. Le plan climat présenté en juillet 2017 vise en effet la neutralité carbone au milieu du siècle, c’est-à-dire « zéro émission nette ». Cela ne signifie pas que les émissions nationales – 463 millions de tonnes équivalent CO2 en 2016, soit 6,9 tonnes par habitant – seront alors nulles, mais qu’elles auront très fortement décru et que le reste sera compensé soit par des puits de carbone naturels (forêts, prairies, sols agricoles ou zones humides) absorbant le reliquat, soit par des techniques de captage et stockage du CO2 dont la faisabilité reste à démontrer.

La volonté du gouvernement de remplacer le facteur 4 par la neutralité carbone, dans un projet de loi énergie-climat qui doit être présenté prochainement en conseil des ministres, a toutefois été critiquée par les ONG environnementales. Le ministre de la transition écologique a donc promis un texte de loi « plus précis » et « plus clair ». « Notre objectif n’est plus de diviser nos émissions de gaz à effet de serre par quatre, car il est maintenant bien plus ambitieux : les diviser par huit [par rapport à leur niveau de 1990] », a affirmé François de Rugy début février. Le projet de stratégie nationale bas carbone (SNBC) – la feuille de route de la France dans ce domaine – table sur une baisse de 83 % des émissions entre 2015 et 2050.

Comment y parvenir ? C’est tout l’objet d’un « scénario de référence », dont une synthèse a été publiée le 15 mars par le ministère de l’écologie, qui dessine une image du pays en 2050 et détaille les cibles à atteindre. Un scénario « ambitieux », reconnaît le document, mais « raisonnable » et « réaliste ». Il implique un « changement important des modes de consommation », mais « sans perte de confort » et sans « rupture » à court terme. A moyen et long termes, il recourt à des technologies nouvelles mais sans s’appuyer sur « des paris technologiques majeurs ». La trajectoire visée implique une forme de consensus des citoyens, appelés à modifier volontairement certains de leurs comportements, par exemple dans leur façon de se nourrir ou de voyager.

600 euros la tonne de CO2

Nous sommes donc en 2050. A l’échelle mondiale, les Etats ont réussi à contenir le réchauffement global en dessous de 2 °C, comme le prévoit l’accord de Paris adopté en 2015. En France, la population s’élève à 72 millions d’habitants. L’économie continue de croître à des rythmes similaires à aujourd’hui.

La taxe carbone atteint désormais 600 euros la tonne de CO2, contre 45 euros en 2018. Elle ne s’applique qu’aux énergies fossiles, et non plus aux agrocarburants.

Or, ces hydrocarbures, responsables de la majeure partie du changement climatique, ne sont – presque – plus qu’un lointain souvenir. Le charbon a été banni, de même que le pétrole (à l’exception des carburants aériens), le gaz restant présent sous forme de gaz renouvelable ou d’hydrogène. L’énergie, dont la consommation totale a diminué environ de moitié, est fournie majoritairement par de l’électricité décarbonée, mais aussi par de la biomasse et de la chaleur renouvelable issue de l’environnement (pompes à chaleur, géothermie et solaire thermique).

Pompes à chaleur et biomasse

Du côté de l’habitat, la France a atteint un objectif essentiel : l’équivalent d’un million de bâtiments sont rénovés complètement d’un point de vue énergétique chaque année (contre 290 000 bâtiments en 2014). Le rythme des constructions neuves diminue, pour atteindre 205 000 par an (contre 324 000 en 2016) en raison d’un ralentissement de la croissance démographique. Qu’ils soient neufs ou existants, les bâtiments sont chauffés grâce aux réseaux de chaleur, aux pompes à chaleur, et parfois la biomasse ou le gaz renouvelable. Leur consommation est moindre, car la température de chauffage est abaissée de 1 °C. Résultat : le secteur du bâtiment ne compte plus que pour 6 % des émissions françaises, contre 20 % en 2015.

Voitures électriques et vélos

Le secteur des transports, lui, est quasi totalement décarboné. Il n’y a plus aucune vente de voitures thermiques : toutes sont électriques. Les nouveaux poids lourds et véhicules utilitaires légers roulent en outre au diesel et gaz naturel issus d’agrocarburants. Les usagers délaissent fréquemment leur voiture au profit du vélo (sa part modale est multipliée par 4 dès 2030), des transports collectifs ou du covoiturage et télétravaillent plus souvent. Résultat, malgré une « demande de mobilité croissante », la hausse du trafic de voyageurs est maîtrisée, de même que celle des poids lourds. Deux points noirs subsistent toutefois : les carburants fossiles sont encore utilisés à 50 % dans l’aviation (l’autre moitié venant des agrocarburants) et dans le transport maritime international.

Au côté d’une industrie plus efficace et moins émettrice, utilisant des matériaux respectueux de l’environnement, le secteur des déchets s’avère également plus vertueux. En moyenne, la poubelle de chaque Français est 20 % moins volumineuse, grâce à l’usage de produits ayant des durées de vie accrue et la réduction du gaspillage alimentaire. Les déchets qui n’ont pas pu être évités sont recyclés, compostés ou méthanisés.

Changement de régime alimentaire

Côté alimentation, les Français favorisent les protéines végétales, les aliments bio ou issus de l’élevage en plein air. Le contenu de l’assiette a changé : ils ne mangent plus que 94 g de viande par jour et par adulte (contre 185 en 2010), d’après le scénario Afterres 2050 réalisé en 2016 par l’association Solagro. A l’inverse, la ration de légumineuses (lentilles, pois chiches, etc.) a augmenté (de 15 g à 41 g), de même que les céréales (340 g), les légumes (170 g) et les fruits (196 g).

Portés par cette demande et par des aides publiques, les agriculteurs favorisent des pratiques plus respectueuses de l’environnement (bio, agroforesterie, polyculture-élevage, etc.) tout en augmentant leurs revenus. La production agroalimentaire continue malgré tout d’émettre des gaz à effet de serre (60 % des rejets nationaux en 2050), notamment en raison du méthane issu de l’élevage. Elle permet également d’en séquestrer, dans les sols et les arbres. La France de 2050 est, au sens propre, plus verte qu’aujourd’hui : la forêt a gagné du terrain, et l’artificialisation des sols (nette) a été stoppée, de sorte que le stockage naturel du carbone s’accroît

Emissions importées

Ce scénario présente cependant des limites. D’abord, il ne prend pas en compte les « émissions importées », liées aux produits fabriqués à l’étranger mais consommés sur le territoire national. Il minimise ainsi de plus d’un tiers l’empreinte carbone réelle des Français.

En outre, la France est encore loin d’être sur la voie de la neutralité carbone. Dans une étude publiée en octobre 2018, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) notait que l’Hexagone est en retard sur ses objectifs climatiques dans tous les secteurs-clés : les renouvelables restent à la traîne dans la consommation d’énergie, la rénovation des logements patine, de même que la décarbonation des transports.

Il en résulte une hausse des émissions de gaz à effet de serre depuis 2015, de sorte que la France n’a pas respecté, ces trois dernières années, sa stratégie nationale bas carbone. Le gouvernement en a même modifié la trajectoire pour ne pas faire apparaître ce dérapage.

 

« On n’était déjà pas dans les clous pour atteindre le facteur 4, c’est donc encore moins le cas avec l’objectif de neutralité carbone qui s’avère un énorme chantier », assure Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Iddri. « Les moyens et les politiques publiques mis en oeuvre ne sont pas suffisants, qu’il s’agisse de financements, d’aides réglementaires ou de dialogue avec les industriels et les citoyens », ajoute-t-elle, en appelant à « faire de la SNBC le cadre qui structure l’action de tous les ministères ».

« Le problème est le rythme auquel on progresse vers la neutralité carbone, estime de son côté Thierry Salomon, vice-président de l’association négaWatt (qui a produit son propre scénario reposant sur la sobriété et l’efficacité énergétiques ainsi que les renouvelables). Plus l’on tarde à réduire fortement les émissions, plus l’effort devra ensuite être important et plus le cumul de ces émissions sera élevé. Il faut donc une trajectoire de baisse beaucoup plus rapide. »

Il pointe en outre « l’énorme trou noir » que constitue l’absence de toute indication, dans le scénario gouvernemental, sur la composition du mix électrique national en 2050. La question de la place qui sera alors donnée au nucléaire et aux renouvelables a en effet été éludée, l’exécutif ayant choisi de repousser à 2035 la réduction à 50 % de la part du nucléaire (contre 75 % aujourd’hui), sans trancher sur l’avenir de cette énergie à plus long terme.

Qualité de vie

Vivrons-nous alors mieux en 2050 dans une France neutre en carbone ? « Oui ! », répond sans hésiter Thierry Salomon. A ses yeux, « une plus grande sobriété dans notre consommation d’énergie, de biens et de ressources peut être source de mieux-vivre et de mieux-être ». Un sentiment partagé par Hervé Lefebvre, chef du service climat de l’Ademe, qui souligne que la neutralité carbone n’est pas synonyme, pour les citoyens, de modèle de vie unique et encore moins imposé. « Chacun, conscient de l’impact de ses actions et de ses comportements sur l’environnement, sera acteur de la lutte contre le changement climatique », espère-t-il. Ainsi, dans le domaine des loisirs, qui n’est pas traité explicitement par le scénario officiel, les voyages en avion ne seront pas proscrits, mais ils devront être globalement plus rares, en privilégiant les longs séjours plutôt que la fréquence des escapades.

Le scénario national – comme on parle de récit national – s’emploie à montrer que ce futur peut être désirable. Il est celui d’un monde moins affecté par les catastrophes climatiques et la perte de biodiversité – si tant est que les autres pays fassent des efforts pour atténuer le réchauffement. Mais aussi où les citoyens retirent des bénéfices directs de cette mutation, tant en termes d’emplois (de 700 000 à 800 000 créés à l’horizon 2050), de gains sur leur facture énergétique que de qualité de vie (réduction de la pollution, alimentation plus équilibrée, etc.). La croissance elle-même en bénéficierait, avec une hausse du PIB de 3 % par rapport à un scénario business as usual. Reste à transformer la fiction en réalité.

Nous avons tout industrialisé, maintenant il faut écologiser
Hubert Védrine
https://reporterre.net/Nous-avons-tout-industrialise-maintenant-il-faut-ecologiser

Comment faire basculer le système ? Pour l’auteur de cette tribune, il faut « alarmer, sans paniquer » et la naissance d’un « mouvement d’opinion inarrêtable » imposera, in fine, la mutation écologique.

J’ai toujours aimé la nature : la montagne, la campagne, les forêts, les espaces vierges et les animaux. Avant que Nature meure [1] de Jean Dorst, paru en 1965 (!) m’avait impressionné. Et aujourd’hui, on en est là, il ne s’agit même pas de « sauver la planète » comme on le répète bêtement, (elle nous survivrait !) mais de préserver la vie sur la planète. À deux ou trois générations de distance, ce n’est pas assuré.

Beaucoup ne veulent pas le voir. Mais les preuves sont là. Face à la dégradation accélérée du climat et à l’effondrement de la biodiversité – par surpopulation, hyper productivisme, artificialisation, recours excessif aux énergies carbonées et à la chimie, accumulation de déchets – la seule solution est de tout « écologiser ». Comme on a dit « industrialiser ». Écologiser l’agriculture, l’industrie, la chimie, l’énergie décarbonée, la construction, les transports – voitures, avions, navires. Course de vitesse !

Grâce à l’information et à la pédagogie, l’écologisation doit devenir un impératif vital

Les anticipations sont tellement effrayantes que cela suscite encore beaucoup de déni ou de scepticisme, sur fond d’ignorance écologique et économique, entrecoupé de moments de panique brefs et stériles. Et beaucoup de résistances quand on prétend obliger des gens qui n’y sont pour rien à changer du jour au lendemain de mode de production ou de vie, d’engrais, de désherbants, d’habitudes alimentaires ou de mode de transport. Pire encore quand on prétend les punir, les taxer ou interdire, alors qu’ils n’ont pas encore de solution de remplacement.

D’où beaucoup de rébellions, d’énergie gaspillée en batailles inutiles et perdues, sur fond, en France, de manichéisme – les bons et les méchants –, de masochisme affolé alors que nous sommes, grâce au nucléaire, les moins émetteurs de CO2 pour produire de l’électricité. Ce qui ne nous empêche pas d’avoir à métamorphoser notre agriculture, ce qui a commencé.

Alors ? Si on ne peut pas tout réglementer dans nos démocraties protestataires, que faire ? On va rêver – ou cauchemarder – à une dictature écologique mondiale ? Non. Il faut créer, d’abord en Europe, par une vague d’information et de pédagogie nouvelle sans précédent, fondée sur un langage mobilisateur non agressif, une dynamique, plus forte que toutes les autres, une hégémonie culturelle à la Gramsci, faisant de l’écologisation l’impératif vital. C’est possible. Il faut faire se lever un mouvement d’opinion inarrêtable, impliquant et entraînant tous les acteurs, du simple individu au chef d’État et aux chefs d’entreprise, en passant par tous les acteurs publics et privés, dans leurs actes quotidiens comme dans leurs décisions stratégiques. Un mouvement puissant capable de souplesse, de patience et de compromis pragmatique dès lors que le cap est gardé. Cela déclenchera une course agricole, industrielle, énergétique, urbanistique, à la « compétitivité » écologique, plus efficace que la menace ou des fiscalités punitives (elles doivent être plutôt incitatives) et un basculement – comme au judo – de l’ensemble du système.

Cette mutation écologique va susciter des décennies d’inventions scientifiques et technologiques

C’est la demande, « les gens », qui imposera cette mutation : voyez l’exemple du bio. La mutation va, elle doit, s’amplifier et personne, aucune entité, ne pourra s’y soustraire. Cela suscitera des décennies d’inventions scientifiques et d’innovations technologiques sans précédent, batteries, recyclages, etc. Les pouvoirs publics devront faire pression sans relâche sur les forces de résistance en les obligeant à annoncer des calendriers précis : en combien de temps pourrez-vous vous passer des pesticides chimiques ? Combien de temps vous faudra-t-il pour former tous les professionnels du bâtiment à la construction écologique ? Pour mettre sur le marché des batteries franco-allemandes ? etc. Un « Haut-conseil des générations futures » favoriserait cette transition en signalant chaque année les avancées et les reculs. Et un vice-premier ministre chargé de l’écologisation stimulerait tous ses collègues.

Mais il faut être conscient que le cœur de la bataille se passe ailleurs dans le monde – et c’est frustrant pour de jeunes Européens mobilisés. Stopper la surpopulation ? On ne peut qu’espérer que la transition démographique touchera le plus vite possible l’Afrique… La sortie du charbon ? Il faudrait que l’Inde, la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Australie (sans oublier l’Allemagne et la Pologne) réduisent et captent le CO2 (innovations à prévoir), passent transitoirement par plus de nucléaire, même si cela choquera certains qui ne hiérarchisent pas les risques, en attendant que le solaire soit viable. Que le monde entier reboise au lieu de déboiser (Brésil, Indonésie). Que le Japon limite sa pêche. Que la Chine arrête le trafic de l’ivoire venu d’Afrique, etc. etc.

Mettons en place un PIB écologique pour évaluer la valeur patrimoniale de la nature

Mais nous ne gouvernons pas, ou plus, le monde ! Et nous n’allons pas faire la révolution écologique et sociale tout seuls, dans notre coin ! Cela ne tiendrait pas. Comment agir ? En saisissant toutes les organisations susceptibles de servir de cadres à des engagements internationaux : cela a été le cas avec la COP21 à Paris sur le climat, il faut obtenir la même chose avec la COP26, en 2020, à Pékin, sur la biodiversité, faire ratifier le Pacte mondial pour l’environnement proposé par Laurent Fabius (en 2021 ?). Cela ne remplacera pas les percées scientifiques mais cela les soutiendra et encouragera tous les changements individuels : tri et recyclage, alimentation moins carnée et plus bio (sans devenir sectaire) ou issue de l’agriculture raisonnée. Il ne faut pas désespérer des nouveaux consommateurs des classes moyennes des pays émergents qui eux-mêmes vont devenir plus conscients et exigeants.

Si on arrivait en plus à évaluer économiquement la valeur patrimoniale de la nature (air pur, eau potable, forêts, océan non pollué, terres vierges) et à partir de là à concevoir un PIB /E (un PIB écologique) qui intégrerait dans la formation des prix l’atteinte portée au patrimoine naturel, alors que le PIB actuel, très fruste, ne mesure que les flux marchands, cela orienterait dans le bon sens des milliards de décisions économiques prises aveuglément chaque jour, plus encore qu’une taxe carbone, indispensable en attendant, et cela mériterait le prix Nobel d’économie ! Il faut alarmer, sans paniquer, et indiquer un chemin, sans mêler à cela toutes les questions sociales, sociétales ou autres, si l’on ne veut pas être paralysés ou marginalisés, alors qu’il y a urgence.

Contre l’effondrement, Extinction Rebellion prône la désobéissance civile
Laury-Anne Cholez
https://reporterre.net/Contre-l-effondrement-Extinction-Rebellion-prone-la-desobeissance-civile

Grâce à un discours plus radical que celui d’organisations écologistes classiques, le nouveau collectif Extinction Rebellion France séduit les jeunes en quête d’un engagement fort pour le climat. Formés à la désobéissance civile, ils attendent avec impatience leurs premières actions sur le terrain.

La salle de la maison des initiatives et de la citoyenneté sur l’Île-Saint-Denis (93) est pleine à craquer. Le public n’est pas vraiment métissé, mais quasi paritaire, avec de rares cheveux blancs. Tous sont venus assister à une formation à la désobéissance civile non-violente, organisée par les Désobéissants et Extinction rebellion (XR) le 9 mars dernier. Ce tout jeune collectif écologique prône la rébellion face à l’effondrement du vivant. Il s’est fait connaître en novembre 2018, lorsque sa maison mère, située en Grande-Bretagne, a bloqué cinq ponts londoniens.

Depuis, les filiales se sont multipliées dans toute l’Europe, dont la France, avec un groupe lancé en novembre dernier, où les adhérents ont vite afflué. Près de 1.700 sont inscrits sur leur forum privé, dont environ 500 actifs. Le Monde, La Croix, Sud Ouest, We Demain ou encore Usbek et Rica : la presse leur a tressé des lauriers. Un engouement médiatique qui a pris de court le « groupe média », dont fait partie Hélène. « C’est vrai qu’on a eu du mal à faire face au début », s’exclame la jeune femme, militante féministe, ayant fait ses premières armes dans le mouvement étudiant, avant de battre le pavé lors des marches climat. « Ça ne m’a pas trop emballée. J’ai trouvé que le discours était dépolitisé et déconnecté des critiques du système de domination capitaliste. Et de toute façon, on a jamais rien obtenu en faisant des manifestations. »

« Nous n’avons pas peur de dire que l’humanité se dirige vers une extinction »

Le discours d’XR se veut plus radical que celui porté par les collectifs écologistes habituels. « Nous n’avons pas peur de dire que l’humanité se dirige vers une extinction. C’est beaucoup plus fort que certains slogans qui parlent gentiment de hausse des températures. J’ai le sentiment qu’on ne prend pas les choses à la hauteur des enjeux. La base du militantisme, c’est de dire la vérité. Le vivant est en train de s’effondrer et nous ne pouvons pas mentir aux gens. » Cette absence de consensus se retrouve dans leur logo – un sablier noir sur fond vert – symbole du temps restant avant l’inéluctable. Un esthétisme qui a séduit Olivier, enseignant, qui n’avait jamais milité auparavant, faute de trouver une organisation proposant des choses « à la hauteur » de sa radicalité : « Nous n’arriverons à rien en restant dans le cadre légal qui restreint notre capacité à changer les choses. » Il est venu participer à cette formation pour se renseigner sur les conséquences juridiques d’éventuelles actions. Car aller en prison fait partie des risques que les membres sont prêts à assumer.

Ce discours sans compromis détonne dans l’écosystème écologique français comme le constate Nahel (prénom d’emprunt) militante chez Ende Gelände, qui lutte contre l’exploitation des mines de charbon en Allemagne. « En France, le mouvement climat a un discours souvent positif, pour vendre du rêve. XR tourne le dos à ce narratif, insistant sur l’urgence climatique, renouant avec un sens du drame et de la gravité  », explique-t-elle au téléphone.

Manuel Cervera-Marzal, chercheur en sciences politiques, auteur d’une thèse sur la désobéissance civile, dresse un parallèle avec le cortège de tête, passé de quelques individus isolés à plusieurs milliers de personnes lors des manifestations contre la loi travail en 2016.

« Assumer d’aller au conflit a ramené du monde dans les groupes autonomes. Alors qu’on pensait que le mode d’action violent faisait peur. Aujourd’hui, les paroles bienveillantes ne suffisent plus. Il faut heurter pour passer du stade de l’indignation au stade de l’action. »

Une évolution qui pourrait pousser Alternatiba à faire évoluer son discours. « Beaucoup de choses ont changé depuis la création de notre mouvement en 2015. Nous devons nous adapter et réfléchissons à de nouvelles façons de faire passer nos messages », admet Léa Vavasseur, d’ANV Cop 21 et Alternatiba.

Le morcellement des collectifs écologistes permet une multiplication des tactiques d’attaque et pourrait ainsi devenir une force

L’intérêt fulgurant pour Extinction Rebellion est bien entendu porté par l’actualité : le dernier rapport du Giec, les marches climat, et les grèves étudiantes. « Tout ce qui est nouveau attire forcément », indique Rémi Filliau, membre des Désobéissants et formateur du jour. Il organise en ce moment environ trois séances par mois, à un prix conseillé de 30 euros. « Cela fait douze ans que nous faisons ces sessions comme celle là. Il y a un réel regain d’intérêt sur le sujet climatique depuis fin 2018. » Car si Extinction Rebellion a les honneurs de la presse, d’autres groupes commencent à émerger sur la scène politique, comme Deep Green Résistance ou encore le groupe Désobéissance Écolo Paris.

Cette fragmentation, hélas habituelle dans les mouvements de gauche, pourrait-elle affaiblir la cause à défendre ? « C’est l’éternelle question qui demeure difficile à trancher », analyse Manuel Cervera-Marzal. « On peut penser évidemment à la division des partis de gauche aux élections européennes. Mais il existe des contre exemples, comme le mouvement des Gilets jaunes, protéiforme, hétérogène, dont les expériences locales ne sont pas coordonnées mais qui ont tout de même réussi à faire reculer le gouvernement. »

Le morcellement des collectifs écologistes pourrait ainsi devenir une force, démultipliant les coups et les tactiques d’attaque, sans jamais pouvoir être totalement démantelés. « S’il existe une bienveillance entre les différentes entités, avec des pactes de non agression, cela peut créer une dynamique positive », renchérit Manuel Cervera Marzal.

Fort heureusement, tous ces différents mouvements ne se tirent pas dans les pattes. Certains militants d’XR ont même une double casquette chez Attac, dans le mouvement des coquelicots, ou chez ANV. Fred travaille dans l’administration fiscale. Ancien partisan de la France Insoumise, sensible aux problématiques écologiques, il a participé à l’action de désobéissance d’ANV organisée en décembre dernier devant le siège de la Société Générale à Paris. Il assure s’être radicalisé pendant le mouvement des Gilets jaunes, avant que sa compagne prenne peur des violences pendant les manifestations du samedi. Il s’est donc tourné vers l’action non-violente pour arriver « par hasard » chez XR. « Il y avait plein de choses à faire et je suis resté. Le côté horizontal et sans hiérarchie me séduit beaucoup », analyse-t-il. ​​​

É​​viter de reproduire des mécanismes d’un système que l’on combat : voici l’un des chalenges d’XR et aussi l’un de ses principaux attraits pour Sophia. Elle dont c’est le premier engagement militant « apprécie surtout les discussions très démocratiques ». Hélène, du groupe média, renchérit : « Nous sommes un mouvement jeune, qui met beaucoup d’énergie à s’organiser, sans rapport de pouvoir ou de domination, avec des décisions horizontales et beaucoup de bienveillance. » Une qualité que leur reconnaît aussi Nahel d’Ende Gelände. « Ils se revendiquent de l’holacratie, du consensus. C’est très différent de ce qui existe dans d’autres organisations, assez hiérarchisées et centralisées. Un cadre un peu strict qui peut être sécurisant au début mais devient rapidement oppressant. »

Au-delà des discours, XR doit avant tout faire ses preuves sur le terrain. « Le mouvement est naissant et il n’a pas encore fait d’action concrète. Nous avons bien entendu des bases de réflexion commune avec eux, mais nous attendons de voir comment ils se structurent », explique Léa Vavasseur d’ANV. Une mobilisation, déclarée en préfecture, est prévue le 24 mars à partir de 14h place de la Bourse à Paris. De nombreuses personnalités et activistes écologistes seront présents comme l’historien Jean-Baptiste Fressoz, la militante altermondialiste Susan George, la femme politique Corinne Morel-Darleux ou encore le chercheur Pablo Servigne. « C’est une journée de prise de parole pour faire connaître officiellement notre mouvement », précise Hélène. Cette « déclaration de rébellion » se veut un préambule à une série d’actions qui devraient progressivement monter en puissance courant avril. Mais la pression est forte sur des jeunes membres d’XR, la plupart sans aucune expérience d’organisation d’action de désobéissance de grande ampleur. « On espère être à la hauteur des attentes », sourit Hélène.

« Idai » zikloiak agerian utzi du klima aldaketaren oinarrian datzan injustizia
Eric Holthaus
www.argia.eus/albistea/idai-zikloiak-agerian-utzi-du-klima-aldaketaren-oinarrian-datzan-injustizia

Hondamendi humanitario bat ari da gertatzen unon Mozambike, Malawi eta Zimbabwen, Idai zikloiak eragindako suntsiketa azaldu ahala. Munduko Meteorologia Erakundearen arabera Idai izan daiteke Hego Hemisferioak sekula ezagutu duen duen zikloi tropikalik gaiztoena. Baina Idai zikloia ez da hondamendi naturala: ekaitza gaiztoagotu dute klimaren aldaketak, mendetako kolonialismoak eta nazioarteko eten gabeko injustiziek.

Hondamendi humanitario bat ari da gertatzen unon Mozambike, Malawi eta Zimbabwen, Idai zikloiak eragindako suntsiketa azaldu ahala. Munduko Meteorologia Erakundearen arabera Idai izan daiteke Hego Hemisferioak sekula ezagutu duen duen zikloi tropikalik gaiztoena. Mozambikeko lehendakari Filipe Nyusik uste du 1.000 pertsona hil direla soilik bere herrialdean. Nazio  Batuen Erakundeko Munduko Elikadura Programak esan du dela “larrialdi humanitario oso handi bat ordutik ordura okerragotzen ari dena”.

Lehen albisteak beldurtzekoak ziren: Beira hiria -500.000 biztanle dituena, Mozambiken- %90an suntsituta dutela uholdeek. Gogorrena kaltetutako eremuetara iritsi diren lehen sorosleek aurkitu dituzte jendeak zuhaitz eta teilatu gainetan igota, nork erreskatatuko zain, artean urak gero eta gehiago igotzen zirela. Zimbabwetik zabaldutako hedabide sozialek erakusten zuten jendea itota uholdeak harrapatutako karriketan eta Mozambiken airetik hartutako irudietan agertzen ziren konta ezin ahala etxe urpean. Eskualde osoan, munduko txiroenetakoa den horretan, hiru milioi pertsona inguru kolpatu ditu hondamendiak.

Idai zikloia ez da hondamendi naturala: ekaitza gaiztoagotu dute klimaren aldaketak, mendetako kolonialismoak eta nazioarteko eten gabeko injustiziek.

Mozambikeko uholdeak gutxienez hiru alorretan daude lotuta klimaren aldaketari. Batetik, atmosfera beroago batek ur lurrun gehiagori eusten dio eta honek eragiten du euriteak bortitzagoak izatea. Idai ia urte osoko euri kopurua isuri zuen eskualde horretan egun bakan batzuetan. Bigarrenik, eskualdeak azken urteotan lehorte gogorra nozitu du, klimaren prospezioek eremu horretarako aurrikusten duten lehortzearen ildotan, lurzorua gogortuz eta ura ez txukatzea eraginez. Hirugarrenik, itsasoaren maila dagoenekoz oin bete gorago dago duela mende bat baino, eta honek lehorrean barrurago irits arazten du kostaldeko uholdea.

Gauzak are okerrago jartzeko, urtetako idorteen ondorioz elikagai hornidura dagoenekoz oso murritza zen, bereziki kaltetuz haurrak: haurren lana eta derrigortutako ezkontzak eten barik ugaldu dira urteotan. Ehunka mila hektarea soro eta nekazaritzako lur urperatuta, eskualdea berriro azkar martxan jartzeko esperantza gutxi dago.

Herrialde aberatsetan bizi garenoi zail egiten zaigu horrelako desastre bat irudikatzea, zeren eta gure gizartea eraikita baitago, hein batean, muturreko eguralditik gu babesteko. Idai zikloiarena da krisi humanitario berri bat erakusten duena klimaren aldaketaren oinarrian datzan injustizia.

Kolonialismoak agin du zuen lau mendeetan zehar Mozambike erabili zuten esklabo hornidura, meategi eta plantazio motako laborantzatarako. Herrialdeak 1975an lortu zuen independentzia Portugalengandik, 10 urteko gerra iraultzaile luze baten ondoren. Berehala 15 urteko gerra zibil suntsitzaile bat jasan zuen. Baina gerraren heredentziak iraun egiten du. Nazio Batuen Erakundearen Giza Garapen Indizean -indize horrek neurtzen ditu bizi itxaropena, hezkuntza eta garapen ekonomikoa- Mozambike 189 herrialderen artean 189. dago Mozambike, urakan arriskua duten herrialdeen artean azkena.

Zimbabwe eta Malawik Britainia Handiaren kolonizazioaren ostean urte luzez diktadurak eta egonkortasun eza nozitu dituzte. Hiru herrialdeak daude munduko txiroenen artean.

Eta klimaren aldaketak are zailago egingo die aurrera egitea. Parisko klimaren gailurrean, 2015ean, Mozambikeko orduko lehen ministro Carlos Agostinho do Rosariok munduko liderrei aipatu zien bere herrialdearen uholde arriskua: “Eguraldiaren gora behera horiek eragina daukate gure gobernuak nazioarentzako lehentasunak bideratzeko lanean, bereziki elikadura segurtasuna, eta hau ezinbestekoa da txirotasuna gutxiagotzeko”.

Hamarkada luzez planetako Hego aldeko jendeek eskatu dituzte klimagatiko kalteordainak: dirutza handiak pasatzea herrialde txiroenei klimaren aldaketara egokitu ahal izan daitezen.

Parisko Itunaren negoziaketetan zenbait seinale itxaropengarri ikusi genituen. Herrialde aberatsek konpromisoa hartu zuten  2020ra urtean 100.000 milioi dolarreko laguntza emateko klimaren ondorioak erremediatzeko. Urte bete falta zaigu data hartarako eta orain artean hasieran aipatutako funtsen %10 baino ez da bildu. Bere lehendakaritza utzi aurretik, Obamak konprometitu zituen AEB – historiki atmosferara gizakiak isuri dituen negutegi gasen laurdenaren erantzukizuna dutenak- 3.000 milioi dolar jartzera, iparramerikar bakoitzeko 9,41 dolar hain xuxen. Gaur Trumpek itun hura osorik desegin nahi du.

Herrialde aberatsok gure gai hartu beharra daukagu eragiten ari garen sinestezinezko sufrimenduaren erantzukizuna. Idai zikloiarekin ikusi dugun moduan, gaur klimaren aldaketa gehien nozitzen dutenak dira arazoaren sorreran erantzukizun gutxien daukatenak.

Eta oroitzen baldin bagara Puerto Ricon Maria urakanaren ondorengo biharamunaz, esan dezakegu Idairen hondamendi humanitarioa hasi baizik ez dela egin. Nazioarteko komunitateak erantzukizuna dauka berehala laguntzeko Mozambike eta eskualdeko gainerako eremuei janari, ur, babesleku eta botikaz, oraintxe bertan.

Eta ezin da horretan geratu. Klimaren aldaketaren frontean aurreko muturrean dauden jendeei zor diegu haustea geuk lagunduta betikotu den muturreko pobreziaren zikloa.

Idai zikloiak ohartarazi behar digu munduko leku askotan jendeek ez diotela beren buruei baimendu klimaren aldaketari ezikusia egitea. Dakarren suntsiketa dagoeneko hemen dugu.

Eric Holthaus meteorologoa da eta Grist hedabidean idazten du klimaren zientziaz, politikaz eta konponbideez. Wall Street Journal, Slate eta beste hainbatetan ere argitaratu izan du. Artikulu hau jatorrian Grist-en argitaratu da: « Cyclone Idai Lays Bare the Fundamental Injustice of Climate Change«