Bizi !

ELLES L’ONT FAIT <img src="https://s.w.org/images/core/emoji/14.0.0/72x72/1f3c6.png" alt="🏆" class="wp-smiley" style="height: 1em; max-height: 1em;" /> Des collectivités protègent leur population contre la pub

Réguler la publicité fait partie des leviers pour la métamorphose écologique. Pour cela, les communes ont la possibilité d’établir un Règlement Local de Publicité Intercommunal (RLPi), pour fixer des règles plus restrictives vis-à-vis des enseignes, pré-enseignes et publicités extérieures (lieu d’installation, dimension, nombre, type …) que celles du Règlement National de Publicité.

Actuellement, la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) élabore son RLPi qui concernera 158 communes. Après une phase de diagnostic, celle sur les orientations générales est en cours avec des concertations prévues avec le grand public et les communes en mars-avril, avant la définition des règles et du zonage.

Le collectif Stop pub Pays Basque Adour a envoyé un courrier aux 158 mairies pour leur demander de se positionner sur des mesures de limitation, notamment pour l’interdiction des publicités lumineuses, a fortiori les publicités numériques. Il propose aussi aux citoyen·nes de s’exprimer via une pétition pour cette interdiction qui recueille déjà plus de 3300 signatures.

En France, plusieurs exemples de collectivités prouvent que le choix d’un RLPi réellement protecteur du cadre de vie est possible. Paris et le Grand Lyon ont interdit la publicité numérique dans leur RLP ; le Grand Poitiers l’a interdite sur le mobilier urbain et dans les vitrines.

D’autres communes ont fait le choix de libérer leur espace public en ne renouvelant pas leur contrat de mobilier urbain. C’est le cas de Mordelles (35) dont le maire, Thierry Le Bihan, a arrêté le financement du mobilier urbain par la publicité pour des raisons de santé publique et de Grenoble qui a retiré 326 dispositifs d’affichage en échange de panneaux d’information.

Peuplée de 7 500 habitant·es, la commune de Mordelles est couverte par le RLPi de Rennes Métropole. Son maire estime que ce RLPi a énormément réduit la publicité présente sur les espaces privés. La commune s’est aussi engagée dans un travail de pédagogie auprès des acteurs économiques pour que les panneaux, enseignes et préenseignes soient mis en conformité dans le laps de temps qui leur est accordé. 

Mais, en maintenant la plupart des publicités sur mobilier urbain, seule la moitié du problème a été traitée selon le maire. Suite à une concertation sur la place de la publicité dans l’espace public, le conseil local de la Transition – composé de citoyens tirés au sort et volontaires – a fait part de son souhait que la publicité disparaisse totalement du territoire. Considérant que la diffusion de messages de surconsommation sur le domaine public serait en contradiction avec son projet politique de transition, le conseil municipal a décidé de ne pas renouveler le contrat de mobilier urbain d’information que la commune avait avec JCDecaux en novembre 2022.

En parallèle, les élu·es ont pris contact avec des organismes publics de santé qui traitent des addictions auprès des jeunes pour s’informer sur le sujet. « Les proportions d’adolescents dépendants à l’alcool, à la malbouffe ou encore aux jeux m’ont fait tomber de haut, explique le maire. J’ai alors pris en photo les publicités présentes sur des abris-voyageurs dans les 43 communes de la métropole. Le constat était alarmant : d’une part, il y avait énormément de publicités pour de l’alcool et d’autre part, ces publicités étaient bien souvent localisées à la sortie des établissements d’enseignement [collèges, lycées, universités] durant les périodes précédant les vacances scolaires. Au-delà de la surconsommation, il s’agit d’un problème de santé publique1 ». C’est pourquoi le maire a aussi demandé à Rennes Métropole de renégocier son contrat de mobilier urbain afin d’interdire toute publicité sur la cinquantaine de panneaux des abris-voyageurs restants sur la commune. 

En revanche, les citoyen·nes ont insisté sur la nécessité de maintenir des espaces d’information de la collectivité et des associations. La commune a donc investi dans un nouveau dispositif d’affichage en bois pour 60 000 euros : « il s’agit du prix de notre indépendance et de notre liberté sur l’espace public », affirme M. Le Bihan.

Pour rejoindre les sentinelles écologiques et participer à la métamorphose du territoire, cliquer ici ou nous contacter par mail à hitzahitz@bizimugi.eu pour plus d’informations.

  1. Les citations et informations sont issues de la monographie de la commune de Mordelles de l’étude “ Publicité, communication et transition écologique : comment agir au plan territorial ?” réalisée par La Fabrique Ecologique. ︎