Le courrier de Bizi à la ministre de l’écologie pour s’opposer à la demande d’un label Agenda 21 local déposée par la ville de Biarritz provoque des vagues dans la cité balnéaire. Le maire monte au créneau (voir ci-dessous, l’article Sud-Ouest de ce samedi 18 mai) pour tenter de justifier l’absence totale de politique en matière de mobilité durable sur Biarritz. Hélas, l’ensemble de ses arguments est déjà connu et bien résumé par le proverbe arabe suivant « Qui ne veut rien faire trouve un prétexte, qui veut faire quelque chose trouve un moyen ».
La bataille de Biarritz continue de plus belle. Bizi ! compte monter d’un cran et annoncera une nouvelle initiative dès la semaine prochaine.
Biarritz : Bizi ! met la pression, la Ville contre-attaque
L’association Bizi ! a écrit à la ministre de l’Écologie pour lui demander de ne pas accorder à la commune le label. Pour le maire, « l’esprit partisan ne justifie pas tout ».
Depuis deux ans, l’association écologiste Bizi ! joue un peu le rôle de poil à gratter à Biarritz. « Ce n’est pas par plaisir ou acharnement, précise Jean-Noël Etcheverry, dit Txetx, un de ses représentants, mais parce que nous avons l’impression que, dans cette ville, il y a un écart entre les discours tenus et les actes réels. Tant que la Ville ne tiendra pas un minimum ses engagements, nous serons là pour montrer combien Biarritz est une commune archaïque en terme d’aménagements durables et de transports. »
De fait, apprenant que la Ville allait déposer un dossier de demande d’obtention du label Agenda 21 local auprès du ministère de l’Écologie et du Développement durable, Bizi ! a pris sa plume pour écrire à Delphine Batho pour lui demander de ne pas accorder cet honneur à Biarritz. « Ce serait une erreur. Cela décribiliserait les fondements de ce label et porterait préjudice à toutes les collectivités qui œuvrent positivement, avec sincérité et engagement, dans le sens de la nécessaire transition écologique de notre société », argue l’association.
Un débat de fond
« Cette lettre s’inscrit dans la logique de notre démarche depuis deux ans, souligne Txetx. Une démarche publique et pragmatique. Il y a un vrai débat de fond derrière. » « Bizi ! est une association partisane avec une orientation environnementale louable, pointe le maire Didier Borotra sans animosité. Mais j’ose espérer que la ministre a d’autres moyens d’appréciation qu’une lettre pour juger notre dossier. »
Que dit précisément la lettre de Bizi ? « Que la Ville de Biarritz n’agit pas en matière de promotion des alternatives à la voiture individuelle, excepté la mise en place de deux circuits intra-muros de minibus ». « C’est faux ! rétorque Didier Borotra. Les parkings à l’entrée de la ville ont pour but de pousser les gens à y laisser leurs voitures et à utiliser les navettes gratuites. À ce jour, on en compte trois. D’autres viendront desservir Kléber et Iraty. Ceci pour accompagner un objectif très clair : rendre le plus possible le centre-ville piétonnier. »
Bizi ! rappelle aussi l’absence totale d’aménagements cyclables à Biarritz. « Des engagements ont été votés, note Txetx, mais on attend toujours… Il y a pourtant des réalisations vite faisables, comme de faire un double sens rue Mazagran. Et que devient le projet de circuit côtier, du phare à la Cité de l’océan ? » Le maire répond : « Sa réalisation s’est avérée impossible du fait qu’une partie du boulevard de Gaulle est à double sens pour permettre la sortie du parking Bellevue. En revanche, les trottoirs sont clairement destinés aux piétons sur cet axe. Quant au double sens, rue Mazagran, tous les jugements des services chargés de la sécurité et de la circulation disent que ce serait trop dangereux. Et j’ajoute que l’été, cette rue est piétonne. » « Toutes les études montrent que les doubles sens ne sont nullement accidentogènes, défend Txetx. Venez voir à Bayonne : il y en a dans des rues bien plus étroites que Mazagran ! »
Au niveau des exigences ?
Bizi ! avance également que « Biarritz refuse la création de voie de bus en site propre dans son centre-ville ». « La ville, telle qu’elle est organisée, ne peut pas recevoir de bus place Clemenceau, note le maire. Par ailleurs, avenue de Verdun, on a élargi les trottoirs afin de favoriser le cheminement piétonnier et faciliter l’accès aux commerces. Quant à l’avenue de la Marne, elle n’est pas assez large et les bus ont dû mal à tourner avenue Édouard- VII. » Txetx tord du nez. « Avec un peu de bonne volonté, on peut trouver des solutions. Sinon cela pourrait mettre en péril le financement par le Grenelle de l’environnement du réseau à l’échelle du BAB. »
Bizi ! pointe aussi le fait « que le poste de chargée de mission développement durable ait été supprimé en 2012. « Il a été remplacé par le cabinet Geociam, répond Didier Borotra. Il faut rendre aussi hommage à tous ceux, Anne-Marie Dubecq en tête, qui travaillent sur ce dossier dont je ne doute pas qu’il soit au niveau des exigences qui conviennent car il exprime notre grande ambition. L’action de Bizi ! ignore le travail considérable réalisé. »
« Nous ne l’ignorons pas, corrige Txetx. Nous disons simplement qu’il est trop tôt pour l’obtention de ce label vert. Ne pas l’avoir incitera la Ville à ne plus se contenter de discours mais à passer aux actes. Nous avons vraiment envie que cela avance positivement. »