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Articles du Vendredi : Sélection du 2 décembre 2016

Fukushima : la facture explose

Arnaud Vaulerin, Correspondant à Kyoto
www.liberation.fr/planete/2016/11/29/fukushima-la-facture-explose_1531657

Brève introduction au rapport Meadows, “The Limits to Growth”

Artur Adam Jusaine
http://adrastia.org/introduction-meadows-the-limits-to-growth/

Du choc Trump à la COP22, l’urgence d’un sursaut politique !

Maxime Combes, économiste, auteur de « Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition » (Seuil, 2015), en charge du suivi des négociations internationales sur le réchauffement climatique pour Attac France.
www.wedemain.fr/Du-choc-Trump-a-la-COP22-l-urgence-d-un-sursaut-politique%C2%A0_a2312.html

Dominique Bourg : « L’heure est à la croyance au miracle »

Aurore Lalucq
www.alterecoplus.fr/dominique-bourg-lheure-a-croyance-miracle/00012649

«Klima aldaketak islatzen du ondoen kapitalismoaren porrota»

Oihan Vitoria
www.berria.eus/paperekoa/1955/008/001/2016-11-29/klima_aldaketak_islatzen_du_ondoen_kapitalismoaren_porrota.htm

Fukushima : la facture explose

Arnaud Vaulerin, Correspondant à Kyoto
www.liberation.fr/planete/2016/11/29/fukushima-la-facture-explose_1531657

Les coûts du démantèlement de la centrale nucléaire et les indemnisations dépasseront les 20 trillions de yens, soit plus de 167,8 milliards d’euros.

Un dérapage dans les grandes largeurs. La situation à Fukushima a beau être «sous-contrôle», à en croire le Premier ministre Shinzo Abe, la facture ne cesse d’exploser. Et rien n’interdit de penser qu’elle risque d’être encore plus salée dans les prochaines années. Selon les dernières estimations du ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) révélées dimanche par le quotidien Nikkei, les coûts du démantèlement de la centrale de Fukushima-daiichi et les indemnisations dépasseront les 20 trillions de yens, soit plus de 167,8 milliards d’euros. C’est presque le double des sommes envisagées il y a trois ans. Fin 2013, le gouvernement japonais tablait sur 11 trillions de yens (92,2 milliards d’euros) de dépenses. Autrement dit, les Japonais vont devoir à nouveau mettre la main au portefeuille avec des factures électriques en hausse. Si l’on regarde dans le détail des calculs du Meti, le versement des indemnités doit culminer à 67 milliards d’euros au lieu des 45,3 milliards annoncés en 2013. Les coûts de la décontamination dans les zones touchées par les retombées radioactives doubleront pour avoisiner les 42 milliards auxquels il faut ajouter les frais pour le démantèlement des six réacteurs de Fukushima-daiichi qui devrait s’étaler sur quarante ans au minimum et coûter «plusieurs centaines de milliards de yens (millions d’euros) par an», écrivait dimanche le Nikkei. Si l’on intègre le coût des travaux pour le stockage des déchets contaminés, on arrive donc à l’ardoise des 167,8 milliards.

Les indemnités des habitants ayant fui la zone

Professeur d’économie et de politique environnementale à l’université Ritsumeikan de Kyoto, Kenichi Oshima avait évalué en 2014 à «plus de 11 trillions de yens au minimum» (92 milliards d’euros) la facture de l’accident nucléaire et de ses conséquences. Depuis, cet expert japonais indépendant a souvent rappelé que le coût de ces travaux colossaux et des indemnisations avait régulièrement tendance à augmenter au fil du temps. Il est en effet souvent délicat de prévoir une enveloppe globale dès le départ. «Les estimations préliminaires de l’IRSN [l’Institut de radioprotection et de sureté du nucléaire, ndlr] montrent un coût moyen compris entre 70 milliards d’euros pour un accident modéré sur un réacteur électronucléaire comme celui qui s’est produit à Three Mile Island en 1979, et 600 milliards à 1 000 milliards pour un accident très grave comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima», écrivait en 2012 la Cour des comptes en France dans un rapport sur les coûts de la filière électronucléaire. Si ce chiffre avancé quelques mois après la catastrophe de mars 2011 mériterait aujourd’hui d’être affiné, il donne en tout cas une indication sur l’ampleur des dépenses générées par une catastrophe nucléaire. Dans le cas de Fukushima, ce sont d’abord les indemnités qui plombent la facture. Depuis le début de la crise et le déplacement de plus de 110.000 personnes dans un rayon de 50 kilomètres, Tokyo Electric Power Company (Tepco) indemnise les habitants qui ont dû fuir les retombées radioactives. Mais en fait, c’est l’Etat japonais qui est aux manettes. En partie nationalisé depuis 2011, après avoir affiché des pertes abyssales, Tepco ne survit que grâce aux injections de capitaux des contribuables japonais. Le 24 novembre, l’entreprise a d’ailleurs reçu un nouveau versement de 334,7 millions d’euros, le 58du genre, ajoutant avoir déjà perçu plus de 53 milliards. Avant de préciser que cela ne sera pas suffisant. Le mois prochain, le fonds de compensation japonais devra donc procéder à un nouveau versement.

Magma extrêmement radioactif

L’autre grosse enveloppe concerne la décontamination et les travaux sur le site. La première a pris plus de temps que prévu et le nettoyage a dû être parfois refait car les radioéléments bougent à la faveur des intempéries et du vent sur une zone en partie seulement décontaminée : les forêts et les collines ne sont pas comprises dans ce chantier colossal de dépollution. S’agissant des travaux, ils sont prévus pour durer et évoluent dans le flou. Car Tepco ne sait toujours pas ce qu’elle doit faire avec le corium. Ce magma extrêmement radioactif d’environ 880 tonnes est constitué de débris et des barres de combustibles qui ont fondu au cœur des réacteurs. Les tentatives pour obtenir des informations sur l’état réel de ces cœurs et leur localisation précise au sein des unités 1,2 et 3 se sont conclues par des échecs, notamment en raison de niveaux de radiation très élevés. Autre grosse incertitude, la congélation du sous-sol de la centrale. Chantier aussi colossal que coûteux, il n’a pas permis d’empêcher les infiltrations dans le soubassement du site et les fuites d’eau contaminée vers l’océan. Tepco est face à un casse-tête de l’eau à la centrale. Depuis bientôt six ans après la catastrophe, l’opérateur ne sait pas comment gérer les centaines de milliers de m3 d’eau contaminée. Et voit dans le même temps le stockage des déchets radioactifs prendre de plus en plus de retard. A mesure que la facture s’allonge.

Brève introduction au rapport Meadows, “The Limits to Growth”

Artur Adam Jusaine
http://adrastia.org/introduction-meadows-the-limits-to-growth/

En 1972, les modélisateurs du MIT menés par Donella et Dennis Meadows publiaient leur rapport The Limits to Growth (en français “Halte à la croissance“, actualisé en 2004) qui exposait les conclusions du modèle World3. Ce modèle non linéaire de 150 équations quantifie les principales boucles de rétroaction à l’œuvre dans le système terre (démographie, ressources, industrie, emploi, services, pollution, agriculture, usage des sols…) pour analyser les conséquences d’un mode de développement fondé sur la croissance.Leur conclusion est sans appel : même avec des variantes du scénario standard run supposant un niveau irréaliste de progrès des technologies vertes sobres et économes (très loin des progrès effectifs), la recherche d’une croissance économique exponentielle ne pouvait conduire qu’à un dépassement des limites matérielles, suivi d’un effondrement (“overshoot and collapse”).

Un tel message appelant à la sobriété ne pouvait qu’être mal accueilli et discrédité par les économistes des courants dominants (aux prix d’ailleurs d’un certain nombre de critiques mensongères, fausses citations à l’appui (Ugo Bardi 2011)). Hélas, les faits sont têtus : le rapport est peu à peu réévalué et sa comparaison avec les données empiriques du demi siècle écoulé depuis sa première publication révèlent une troublante exactitude (articles de Graham Turner 2008, 2012). Du point de vue de son adéquation au réel, le modèle World3 est probablement le meilleur modèle économique de tous les temps (Gael Giraud 2016).

Dans le scénario 1 (Standard Run), l’effondrement est causé par une raréfaction des ressources naturelles non renouvelables (e.g. le pétrole, le cuivre…) dont la conséquence est un coût croissant de leur extraction en capital industriel qui ne permet plus de maintenir un niveau suffisant d’investissement pour maintenir le niveau de production matérielle. Ce coût en capital des ressource est mesuré par l’économie (bio)physique et écologique par le concept de Taux de Retour Énergétique (TRE, en anglais EROEI pour Energy Return On Energy Invested), dont l’évolution est globalement conforme aux prévisions de World3. Ce coût en énergie ne doit pas être confondu avec le prix monétaire.

Dans les autres scénarios 2, 3 et 4, où les ressources disponibles sont supposées doublées, l’effondrement est causé par l’érosion des sols, les impasses de l’agriculture productiviste et les conséquences de la pollution (e.g. le réchauffement du climat). Une bonne introduction à ces problèmes est le livre World on the Edge de Lester Brown (2011).

En 2012 Meadows déclarait “It is too late for sustainable development, now it’s time for resilience”. Les mirages rassurants des nouvelles technologies et l’emploi orwellien d’oxymores telles que “croissance verte” ou “développement durable” ne doivent pas faire oublier qu’il n’y a d’espoir que dans une diminution importante et rapide de notre consommation matérielle et énergétique. Décroissance et réduction des inégalités.

Du choc Trump à la COP22, l’urgence d’un sursaut politique !

Maxime Combes, économiste, auteur de « Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition » (Seuil, 2015), en charge du suivi des négociations internationales sur le réchauffement climatique pour Attac France.
www.wedemain.fr/Du-choc-Trump-a-la-COP22-l-urgence-d-un-sursaut-politique%C2%A0_a2312.html

La conférence de Marrakech sur le climat (COP22) (7 – 18 novembre) a été marquée par la volonté de célébrer la rapide entrée en vigueur de l’Accord de Paris (4 novembre) et par l’élection d’un président américain (8 novembre) ayant fait de la négation du réchauffement climatique un sujet majeur de sa campagne et de son programme.  

De sérieuses menaces pèsent désormais sur l’avenir et le contenu mêmes des négociations climatiques internationales et sur la possibilité de contenir le réchauffement en deçà de 2°C, objectif fixé par l’article deux de l’Accord de Paris. Afin de ne pas entacher la promesse de la COP21 selon laquelle la lutte contre les dérèglements climatiques serait désormais sur de bons rails, les premières réactions politiques – du gouvernement français à John Kerry en passant par les architectes de l’Accord de Paris – ont cherché à dédramatiser les résultats de l’élection américaine.

Étrangement, ils l’ont fait sur la base d’éléments de langage extrêmement proches selon lesquels 1) Trump ne pourrait retirer les États-Unis de l’Accord de Paris avant la fin de se son mandat ; 2) le processus de lutte contre le réchauffement serait enclenché partout et les marchés et le secteur privé allaient poursuivre leurs investissements dans des technologies et infrastructures bas carbone et prendre le relais des États défaillants.

La fragilité de l’accord de Paris

Rapidement démenti – Trump peut obtenir la retrait des États-Unis en un an – le premier argument n’a pourtant cessé d’être martelé pour justifier le caractère prétendument « irréversible » ou « irrémédiable » de l’Accord de Paris, deux mots à la mode pendant la COP22. Comme si le besoin de se rassurer devait l’emporter sur la lucidité de l’analyse.

Quoique décide le nouveau président des États-Unis in fine, ce besoin de se réfugier derrière des arguties juridiques illustre la fragilité de la prophétie, voulue auto-réalisatrice, de l’Accord de Paris.
Le second argument est encore plus discutable. Il revient à transférer la responsabilité de la mise en œuvre de la promesse de Paris aux acteurs non-étatiques, désormais vus comme « l’assurance-vie » de l’Accord de Paris. Au fond, cette nouvelle narration se rapproche d’une sorte de »fin de l’histoire » pour le climat : après l’accord de Paris, universel et universellement célébré, il ne resterait plus qu’à régler les questions techniques, comme si les « solutions » au changement climatique étaient consensuelles et apolitiques.  Ce qu’elles ne sont pas. Par exemple, réinsérer le commerce mondial dans le cadre de régulations internationales qui feraient primer l’impératif climatique sur la poursuite du business as usual ne viendra pas de la main invisible des marchés, qui n’est pas plus verte qu’elle n’est naturellement sociale, égalitaire ou juste.

Accroître l’ambition des politiques climatiques

Bien sûr que les villes, les communautés, les mouvements sociaux qui avaient entamé la transition, vont poursuivre leurs alternatives et leurs résistances. Et les amplifier si possible. Mais nous savons aussi que des garanties politiques doivent être mises en oeuvre pour accroître considérablement l’ambition des politiques climatiques locales, régionales, nationales et internationales et s’assurer qu’elles soient justes et menées au nom de l’intérêt général. Une feuille de route clairement établie est ainsi nécessaire pour assurer la pérennité et la justesse de la transformation des soubassements énergétiques de cette machine à réchauffer la planète qu’est l’économie mondiale.

La COP22, COP de l’indécision et de l’inquiétude

Venus les mains vides à Marrakech, les États se sont montrés incapables de combler les failles de l’Accord de Paris, remettant à plus tard l’essentiel des décisions qui devaient être prises : la COP22, qui devait être celle de l’action et de la mise en œuvre, restera une COP de l’indécision et de l’inquiétude. Inaction qu’on essaie de dissimuler en saluant la multiplication d’alliances public-privé hétéroclites autour de promesses, pas toujours sérieuses, qui ne sont ni critérisées, ni contrôlées. D’autre part, des concepts hasardeux et dangereux sont mobilisés, tels que la neutralité carbone et les émissions négatives, qui font comme si le dieu marché et la déesse technique allaient résoudre, seuls, la crise climatique.

Aucun dispositif contraignant

Le PNUE vient d’ailleurs, à nouveau, de tirer la sonnette d’alarme : les émissions doivent être réduites d’au moins un quart d’ici la fin de la prochaine décennie pour revenir en deçà des 42 gigatonnes d’équivalent CO2 relâchés dans l’atmosphère chaque année. Or, si les États tiennent les engagements qu’ils ont mis sur la table lors de la COP21, un record d’émissions pourrait être battu chaque année d’ici à 2030 pour atteindre 56,2 gigatonnes en 2030.

En consommant près des trois-quarts du budget carbone disponible, les États placeraient la planète sur un scénario de réchauffement largement supérieur à 3°C, violant ainsi l’Accord de Paris.

Les États-Unis et la Chine ayant fixé les contours de l’Accord de Paris, nous ne disposons d’aucun dispositif contraignant permettant de soumettre les États (ou les entreprises) récalcitrants, pas plus qu’il n’existe de mécanisme de rétorsion ou de sanction.

Une de nos priorités devrait d’ailleurs consister à faire évoluer le droit international pour que l’urgence climatique prime sur les règles commerciales édictées au siècle dernier et pour que l’abandon et la non-mise en œuvre de politiques climatiques ambitieuses puissent être sanctionnés.

La transition énergétique n’est pas une option

La feuille de route est en effet connue. Prendre au sérieux l’objectif des 2°C revient à geler une très grande majorité – de 66 % à 80 % selon les calculs – des réserves existantes de pétrole, de gaz et de charbon. Il s’agit donc d’organiser une sortie progressive et planifiée des énergies fossiles, tout en assurant un redéploiement des salariés concernés pour qu’ils n’en paient pas les pots cassés.

Une lutte déterminée contre l’évasion fiscale et l’introduction d’une véritable taxe sur les transactions financières permettraient de le financer. La transition énergétique n’est pas une option. C’est la condition d’un futur viable, vivable et enviable. Et sans doute la meilleure réponse à apporter à l’élection de Donald Trump et à l’onde de choc qu’elle provoque. Elle nécessite un sursaut politique, pas un désengagement des États.

Dominique Bourg : « L’heure est à la croyance au miracle »

Aurore Lalucq
www.alterecoplus.fr/dominique-bourg-lheure-a-croyance-miracle/00012649

Pour le philosophe Dominique Bourg, le progrès technique regorge de « promesses folles mais jamais totalement tenues ».

Pour prendre le virage d’une économie économe en ressources, nous misons tout sur les progrès techniques. A tort, estime le philosophe Dominiue Bourg, vice-président de la fondation Nicolas Hulot.

Quels sont les objectifs à respecter en termes de réduction de nos consommations de ressources ?

Il y a deux limites à notre consommation de ressources. La première découle de la quantité d’une ressource donnée accessible à un coût énergétique acceptable. La seconde procède des effets indirects de l’exploi­tation de ces mêmes ressources : par exemple, l’exploitation des énergies fossiles, parce que provoquant le changement de la composition chimique de l’atmosphère, est en passe de faire basculer le système Terre vers un état inédit, hostile à l’habitat humain, l’anthropocène.

Les limites en matière de ressources ne sont pas absolues mais relatives, ce qui les rend plus difficilement identifiables. Nous n’exploiterons jamais par exemple, contrairement aux dires de Max Weber, la dernière goutte de pétrole. Il nous faudrait en effet probablement plusieurs barils pour ­l’extraire de quelque recoin des profondeurs de la Terre. C’est aujourd’hui 10 % de l’énergie primaire au monde qui sont consacrés aux activités extractives et le coût énergétique de ces extractions croît de façon exponentielle, tant nous devons nous enfoncer dans les profondeurs des sous-sols, parfois jusqu’à plus de 600 mètres pour certains métaux. Et aller chercher sur la Lune des métaux semi-­précieux n’améliorerait pas le coût énergétique global de nos activités extractives.

« Ceux qui franchissent les limites ne sont pas ceux qui passent à la caisse »

Les secondes limites, celles relatives à l’état actuel du système Terre – en matière de climat, de biodiversité, d’acidification des océans, d’usage des sols, de l’eau, de cycles de l’azote et du phosphore, etc. – sont beaucoup plus dangereuses encore pour nous. Rien ne nous empêche en effet de les franchir, ce à quoi nous nous employons d’ailleurs avec une vigueur étonnante. Le problème est que les conséquences du franchissement de ces limites n’apparaissent que longtemps après que nous les ayons franchies. Il faut par exemple attendre plusieurs décennies avant qu’un degré de concentration des gaz à effet de serre déploie ses premiers effets, et au moins un siècle pour qu’il les développe en grande partie. En d’autres termes, ceux qui franchissent ne sont pas ceux qui passent à la caisse.

Notons que l’affaire climatique commence à prendre un tour tragique. Les choses se déroulent plus vite et/ou plus mal qu’on ne s’y attendait. Le relatif plateau des années 2000-2010 a été une surprise, explicable par le réchauffement en profondeur des océans. L’actuelle accélération du réchauffement depuis 2014, et plus encore depuis 2016, est tout aussi surprenante. Août aura été le 16e mois d’affilée le plus chaud jamais enregistré et nous avons atteint une température moyenne de près de 1,3 °C supérieure aux valeurs préindustrielles. Si elles devaient être confirmées, différentes études concernant le rôle des nuages ou encore des données paléoclimatiques pourraient nous amener à rehausser la sensibilité du système climatique à nos émissions. La fonte des masses glaciaires est plus rapide que prévu et pourrait s’avérer irréversible.

Si la nécessité de limiter notre consommation de ressources fait aujourd’hui consensus (à de rares exceptions près), les moyens d’y parvenir diffèrent. Pourquoi, par exemple, ne partagez-vous pas l’optimisme technophile de Philippe Aghion, qui estime que « c’est du changement technologique que viendra la lutte contre le changement climatique » ? Et comment expliquez-vous cet engouement pour les solutions techniques ?

L’heure est à la croyance au miracle. Certains annoncent qu’il n’y aura bientôt plus assez de carbone dans l’atmosphère, grâce probablement au pompage des Shadocks ! Elon Musk (fondateur de SpaceX et cofondateur de Tesla Motors) nous annonce qu’il va « terraformer » Mars pour y établir une colonie humaine. Mais une telle « terraformation », si tant est qu’elle soit possible, pourrait durer des centaines de milliers d’années ! Ce n’est pas le même défi que produire 350 000 batteries au lithium, qui le met d’ailleurs déjà à la peine !

« La consommation de ressources augmente plus vite que le produit intérieur brut (PIB) depuis 2000 ! »

Pour tout dire, j’ai du mal à comprendre ce qui fonde cet hyper­optimisme relatif à l’issue de la guerre que nous conduisons contre la nature. Tous les indicateurs environnementaux passent les uns après les autres au rouge et les nuages s’accumulent à l’horizon climatique : la production céréalière, contrée par les aléas du climat, croît moins vite que la démographie mondiale, des insectes hyperrésistants apparaissent aux Etats-Unis, les océans se remplissent de méduses, etc. Et tout cela est bien le résultat de la saga des progrès technologiques antérieurs. Un récent rapport de l’Organisation des Nations unies (« Global Material Flows and Resource Productivity ») montre que la consommation de ressources augmente même plus vite que le produit intérieur brut (PIB) depuis 2000 ! Non seulement nous ne sommes pas parvenus en quarante ans de progrès techniques à découpler la croissance du PIB des flux sous-jacents, mais c’est l’inverse qui s’est produit.

Compte tenu d’un tel démenti par les faits, je n’ai pas d’autre explication à ces assertions que celle d’un phénomène religieux, au sens d’une croyance vous permettant d’attendre du monde plus qu’il ne pourra jamais vous donner. Toutes les religions ont des miracles à faire valoir sans qu’elles ne soient jamais parvenues à changer à l’avantage de tous, et de façon patente, l’état du monde. La religion techno-économique peut faire valoir aussi des réussites éclatantes – la méthode Crispr cas9 [1] pour le découpage du génome, les cellules souches pluripotentes et induites (IPS), la loi de Moore [2] ou les progrès vertigineux de l’intelligence artificielle, etc. –, mais celles-ci ne semblent pas en mesure de remédier à la masse des difficultés qui nous accablent, sans compter celles qu’elles ajouteront immanquablement.

« Les techniques nous font croire au miracle et cela fait des décennies qu’elles sont présentées et vendues ainsi, comme autant de promesses folles mais jamais totalement tenues »

Surtout, je crois que nous avons une fâcheuse tendance à confondre techniques et sciences. Les techniques nous font croire au miracle et cela fait des décennies qu’elles sont présentées et vendues ainsi, comme autant de promesses folles mais jamais totalement tenues. En revanche, le discours scientifique ouvre de toutes autres perspectives. Considérons le système Terre. Il agit lui-même sur ses éléments, intensifiant ou réprimant leur expression. Les mêmes causes ne sont pas ainsi systématiquement suivies des mêmes effets. Le devenir du système est donc difficilement prévisible ; il recèle même divers points de basculement dont il est impossible de connaître les seuils à l’avance. Dans ces conditions, l’idée d’une maîtrise globale n’a aucun sens. Et il n’y a pas à proprement parler de géo-ingénierie, mais au mieux des leviers partiels d’action, pour ne pas dire des bouts de ficelle, dont on ne saurait vraiment connaître à l’avance la totalité des conséquences. Certes, nous exerçons désormais une influence massive sur le système Terre, en réalité involontaire et nullement pilotée, mais elle est en passe de susciter elle-même des réactions tout aussi massives, que nous ne saurions ni totalement prévoir, ni encore moins maîtriser.

Que faudrait-il mettre en œuvre pour jeter les bases d’une économie économe en ressources ?

Ce qu’il faudrait faire, c’est ce qu’on ne fera pas : chercher à contrôler et à réduire progressivement, par des instruments et des incitations divers, nos consommations. Ce serait violer le fondement consumériste de notre civilisation. Nous préférons croire au miracle et nous le ferons jusqu’à un éventuel effondrement. Cela est d’autant plus dommage que nous aurions de bonnes raisons de ne pas continuer sur notre lancée.

« Ce qu’il faudrait faire, c’est ce qu’on ne fera pas : chercher à contrôler et à réduire progressivement nos consommations »

 

Pourquoi, en effet, poursuivre la sacrée croissance alors qu’elle ne délivre plus ses fruits et ruine nos conditions physiques d’existence ? La croissance du PIB ne débouche en effet plus sur une amélioration du bien-être, ni sur une création nette d’emplois, ni sur une réduction des inégalités.

En revanche, des progrès techniques associés à une réduction des consommations permettraient d’étendre progressivement au plus grand nombre certaines formes de confort matériel d’existence. Changement technique et changement des modes de vie pourraient être autrement combinés. Tel serait le projet d’une économie perma-circulaire, visant à ramener l’empreinte écologique de l’humanité à une planète.

«Klima aldaketak islatzen du ondoen kapitalismoaren porrota»

Oihan Vitoria
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Atzera bueltarik gabea iruditzen zaio Lopez de Uralderi klima aldaketaren aurkako akordioa. Marrakexko goi bileran egon berri da, eta anbizio falta antzeman du. Denboraren kontrako borroka dela jakinda ere, ez du itxaropena galdu: «Trumpekin edo Trumpik gabe jarraituko du prozesuak. Geldiezina da». Parisko ituna, Marrakexko topaketa, Trumpen garaipena… Klima aldaketaren bueltako gaur-gaurko gaiei atera die punta Equoko bozeramaile eta Greenpeaceko arduradun ohi Juan Lopez de Uraldek (Donostia, 1963). Hark dioenez, hitzemandako erronkak indarrean jartzeko ordua da —«berandu gabiltza»—, eta uste du hobe dela AEBak akordiotik irtetea barrutik oztopatzea baino. Espainiako Kongresuan daukan bulego xumean hartu du BERRIA, goi bileran parte hartu eta astebetera. Patxadaz mintzatu da.
Marrakexko klima aldaketari buruzko COP22 goi bileratik itzuli zara. Zer moduz joan da?
Donald Trumpen garaipenak bete-betean baldintzatu du. Laino beltz moduko bat izan da, une oro negoziazioen gainean egon dena. Parisko akordioa indarrean jartzeko araudiaz eztabaidatzea zen topaketaren muina, eta alde horretatik iragarpenak bete direla esan dezaket. Trabak traba, positiboa da prozesuak aurrera jarraitzea eta herrialde gehienek atzerapausoen ordez aurrerapausoak eman izana.

Osasuntsu dago, hortaz, Parisko akordioa?

Oraingoz, behintzat, bai. Klima aldaketaren aurkako konpromisoa indartzeko balio izan du goi bilerak. Halere, ituna dagoeneko martxan egon arren, anbizio handiagoaren falta sumatu dugu, orain arte hartutako konpromisoak ez direlako nahikoak. Hori bai, pozgarria da Trumpen agerpenak akordioa hankaz gora jarri ez izana. Argia izan da sinatzaileen mezua: «Haiekin edo haiek gabe, aurrera goaz».

Zer-nolako neurriak ezar daitezke epe motz edo ertainean?

Berotegi efektuko gas isuriak egonkortu egin dira lehen aldiz, eta jada hiru urte daramatzagu aparteko igoerarik gabe. XXI. mendean sartu ginenetik %3 ari ziren hazten urtean, eta, orain, zorionez, etenaldian daude, oraindik nahi baino maila handiagoan badaude ere. Isuri horiexek murrizten hastea litzateke hurrengo urratsa. Orduan frogatu beharko du akordioak zerbaitetarako balio duela.

Itxaropentsu dirudizu. Zeintzuk dira mugarri presazkoenak?

Zinez interesgarria da 47 herrialdek emandako pausoa: ehuneko ehun energia berriztagarrietan oinarritutako eredu baterantz bidea egiteko konpromisoa hartu dute. Ikerketa zentro edo unibertsitateetako arlo teorikoetara mugatzen zen ariketa huts bat izateari utzi dio jomuga horrek, eta politikara egin du jauzi: diskurtso politikoaren parte da orain. Oso pauso garrantzitsua da, erakusten duelako posible dela ekonomia deskolonizatzea.

Harago jotzearen aldekoa zara, 2050erako gas kutsakor oro hutsean uztekoa.

Kezkagarria da egoera. NBEk ohartarazi du munduaren berotze orokorrak ezingo duela gainditu 1,5 graduko langa, baina IPCCk kolokan jarri du: zalantzak dauzka ea halakorik saihets daitekeen. Inertzia batean sartuta gaude, eta larrialdi egoera honek bidegurutze ilun batera garamatza. Denboraren kontra ari gara borrokan, eta horregatik da premiazkoa murrizketa muga jakinak ezartzea. Erregai fosilen erreketa garraiobideetatik aldentzea litzateke erronketako bat. Ikaztutako ekonomia errotik moztea esan nahiko luke horrek.

Era berean mintzatu da NBEren idazkari nagusi Ban Ki-moon: «Erlojua kontra dugu. Orain esku hartzen ez badugu, lurreko tenperatura ia 4 gradu igoko da mende bukaerarako». Badago astirik egoera iraultzeko?
Ez dugu denborarik. Ezin dugu pentsatu egoera hau 2020ra arte luza dezakegunik; oso berandu gabiltza. Beste aldarrikapen batzuetan ez bezala, denboraren aurkako borroka da honakoa, eta denborak ez du errukirik: gupidagabea da, baita natura ere.

Urteotan apenas interesatu diren< arazoaz nazioarteko gobernuak. Zerk bultzatu ditu orain klima aldaketaren kontrako gurdira igo daitezen?

Inpaktuak geroz eta agerikoagoak dira; edonork antzeman ditzake egunerokoan, kalean. Urtea joan eta urtea etorri, aurrekoa baino beroagoa da: tenperatura markak hausten ari gara etengabe. Euskal Herrian bertan, zirimiria jada ez da guk gaztaroan ezagutu genuenaren parekoa. Ez da nolanahiko kontua: besteak beste, nekazaritza, basogintza, itsasoaren maila eta uraren ekoizpena ditu atzetik. Datuak inoiz baino argigarriagoak dira, eta jendea konturatu da aldaketak egiazkoak direla. Bazen garaia.

Zenbateraino baldintza dezake Trumpen garaipenak akordioaren garapena? Dirudiena bezain handia da mehatxua?

Bai, arazo larria da AEBetako bozak irabazi izana. Trumpek sekula ez du ezkutatu klima aldaketaren aurkako jarrera. Sinesgarritasunik ere ez dio eman: adierazia du klima aldaketa bera txinatarren asmakizun bat dela, AEBetako industriari kalte egiteko sorturikoa. AEBen eragin eremua handia da: munduko gas isurle handienetakoa da, eta botere ikaragarria du. Dena dela, prozesuan jarraitzeko benetako borondaterik ez badu, hobe da akordiotik irtetea, gainontzekoen bidea barrutik oztopatzea baino.

Noiznahi eta nolanahi utz dezakete AEBek ituna? Ez lukete isunik jasoko?

AEBek edozer blokea dezakete, min handia egin. Ordezkaritza zabala dute negoziazioetan, eta Trumpek ezinegona piztu du. Ituna leherrarazteko gaitasun infinitua dute AEBek. Horrexegatik diot paretik kentzea litzatekeela zentzuzkoena; gutxienez lau urte beharko lituzkete horretarako. Halere, susmoa dut ezetz: orain artekoari eutsiko diotela eta barrutik trabak jarriko dizkiotela itunari; erabakitzen diren kontuen berri bertatik bertara jasotzea komeni zaie. Gainera, akordioa betebeharrekoa ez denez, ez lukete zigorrik jasoko. Zeresana izango dute mobilizazioek.

Bat-batean pikutara botako balute? Zer ondorio izango luke?

Hau guztia ezin daiteke besterik gabe pikutara bota. Geldiezina da, atzera bueltarik gabea. Argi geratu da hori Marrakexko goi bileran: estatu eta hiri asko martxan daude jada, eta merkatu teknologikoa gogor ari da erreminta eraginkorrak garatzen. Trumpekin edo Trumpik gabe jarraituko du prozesuak.

Kontuan hartuta AEBek modu zuzenean baldintza ditzakeela Txina, India, Brasil edo Errusia, zaurituta egingo luke aurrera prozesuak, aurrekari arriskutsu bat ezarrita. AEBen bideari jarraituko diote besteek?

Kontrakoa! Urte askoan parez pare itxita egondako ateak zabaltzeko aukera bat izan daiteke. Europako Batasunak, esaterako, aurrerapauso bat emateko eta galdutako lidergoa berreskuratzeko balia dezake Trumpen balizko irteera. Baina, zoritxarrez, egungo EB ez da Kyotoko Protokoloa sustatu zuen EB bera. Ez du ez beharrezko indar politikorik, ezta batasun askirik ere.

Paperean, ordea, argia da konpromisoa: berotze orokorra etetea. Ez dituzu herrialdeak horretarako gai ikusten?
Ausardia eta kontzientzia falta direla deritzot. Ez diet erantzukizunei irmo heltzeko borondaterik ikusten, ez baitago hausnarketa sakonik berotze orokorrak dakarrenaz, aldian aldiko estalkiak baizik. Baina arazoa erroan dago, berotze orokorra baita baliabide naturalen ustiapenean oinarritutako sistemaren ondorio nagusia. Klima aldaketak islatzen du ondoen kapitalismoaren porrota. Beste eredu baterantz goaz.

Prest gaude neurria emateko?

Gaur-gaurkoz, ez dago alternatiba sendorik: ez dugu B planetarik. Klima aldaketari aurre egiteko bide eraginkorrena ahalik eta herrialde gehienek sostengatutako nazioarteko akordio bat da. Ezin dugu amore eman, horrek abiapuntura eramango gintuzkeelako; ezin ditugu beste bost urte igaro esperoan. Nola edo hala aurrera jarraitzea dagokigu. Ez dago besterik. Sekulako porrota litzateke atzera egitea.

Parisko goi bileran parte hartu zuten 195 herrialdeetatik erdiak baino gehiagok berretsi du ituna nork bere parlamentuan. Espainiak etzi egingo du azkenean, urte osoa jardunean igaro ostean. Argudio nahikoa?
Ez. Lotsagarria da sinatzaileen artean egon arren entzungor egin izana behin eta berriz. Blokeo politikoa aitzakia hutsa izan da PPrentzat. Orain arte ez dute berretsi ez dutelako nahi izan, eta, orain, presaka ari zaizkigu kea saltzen, badakitelako barregarri geratu direla Marrakexen. Beste biderik ez zuten, egia esan.
Zirriborrorik eta lantalderik osatu gabe iragarri zuen PPk «lehenbailehen» proposatuko duela klima aldaketari buruzko legea. Badu sinesgarritasunik?

Marketin ariketa bat egin nahi du gobernuak. Pentsa, asteon onartu dugu lehen zirriborroa, gure ekimenez. Dena a posteriori egiten ari dira. Lege bat nahi dute, ezinbestean, baina edukirik gabe ezer gutxi lortuko dute. Aurpegia garbitzeko modu bat da. Nekez eramango gaitu horrek eredu aldaketa batera.

Mobilizazio soziala eta kaleko protestak eskasak izan dira Marrakexko goi bileran. Parisko akordioak masak baretu dituela uste duzu?

Ez. Esango nuke tokiarekin duela zerikusia. Marrakexen egin beharrean Madrilen egingo balitz goi bilera bera, protestak askoz jendetsuagoak izango lirateke.

Arazoaren tankerakoa izaten ari da herritarren erantzuna?

Ezta gutxiago ere. Deskonexio bat dago arazoaren larritasunaren eta kale ekintzaren artean. Klima aldaketaz uzkur agertzen dira asko eta asko. Hain da handia arazoa jendeak saihesteko joera duela, inpotentzia apur bat sortzen duelako. Askok uste dute gisa horretako arazo bati aurre egiteko ezin dezaketela ezer ere egin, baina oker daude. Martxan diren aldaketak soilik herritarren inplikazioari esker dira posible. Mugimendu sozialaren eskutik ez badoa, prozesuak bere kabuz ez du baliorik.

Urte bukaera erabakigarria izan daiteke Garoñarentzat. Zer espero duzu?

Garoñarekin aurrekari sinboliko bat ezarri nahi dute. Badakite ez dela errentagarria, argi geratu da ez dela beharrezkoa, baina, edonola ere, tematuta jarraitzen dute. Eta ez bereziki Garoña axola zaielako, CSNren irekiera baimenak lortuta lehena izango litzatekeelako bizitza nuklearra 40 urtetik gora luzatzen. Etorkizuneko kasuetarako nolabaiteko arrazoia emango lieke horrek jabeei, eta horrekin ari dira jokatzen. Burugogorkeria kontu bat da. Bost axola zaie Garoña. Halere, egoerarik okerrenean jarri beharko ginateke, berrirekieran, arriskua ez delako desagertu.
Hainbestekoa al da argindar konpainien boterea?

Espainiako lobby handienetakoa osatzen dute. Nahierara egiten eta desegiten dakite, erreparorik gabe: botere mugagabea dute. Jose Luis Rodriguez Zapaterok berak, Espainiako gobernuburu zenean, kontatu zidan mehatxu egin ziotela: Garoña itxiz gero, itxiera nuklear bat agindu eta herrialde osoa argirik gabe utziko zutela esanez.
Desagertuko al dira noizbait gehiegizko kostuak?

Planetak «kito» esan du, eta ez du gehiagorako ematen. Energia berriztagarriak dira energiaren kostuak txikitzeko eta erregai prezioen gorabeheren menpeko ez izateko modu bakarra gaur egun. Hasieran inbertsio bat eskatzen dute, baina urteroko erregai gastuak salbuesten dituzte gero.

Bultzatu ordez, zergak jartzen ari zaizkie energia berriztagarriei.

1990eko hamarkadaren hondarrean Espainiak apustu argia egin zuen berriztagarrien alde, eta munduko lider izatera iritsi ginen sektorean. Orain, ordea, standby egoeran dago: ez atzera eta ez aurrera. Jasotzen zuten diru laguntzengatik, energiaren kostua garestitzea leporatu zitzaien berriztagarriei. Irtenbideren bat topatu ordez, errotik moztu zuten horien garapena, argindar oligopolioak inposatuta, eta hondoratu egin ziren. 50.000 lanpostu inguru galdu ziren hori dela eta.

Autokontsumo legea ere hor da.

Gehiengo berriei etekina aterata, gaiari buelta eman diezaiokegu.

Ingurumenari buruzko kontzientzia gorantz doala diozu, baina erakundeak ez dira hein berean erantzuten ari. Gipuzkoan egin asmo duten errauste planta da horren adibide. Gelditzeko itxaropenik?

Ez dut itxaropena galdu. Konfiantza dut oraindik badagoela atzera egiteko denbora; betiere, jakinda herritarren mobilizazioaren araberakoa izango dela hori. Izan ere, kuriosoa egiten zait errauste plantaren kontrako kexua eragin eremuaren araberakoa izatea. Tamalgarria da frogatutako alternatibak daudenean horrelako proiektu bat martxan jartzea. Interes ekonomikoak baino ez ditut ikusten erabakiaren atzean; ingurumen politikatik politika industriala egiteko nahia, finean.

AHTa ere herren, baina aurrera doa. Euskal Y-aren zati gehienak eraikitzen ari dira jada.

Egina dagoena aprobetxatzea litzateke egokiena, ez bururik gabe gehiago eraikitzea. Azpiegiturak zatika egitea, gainera, Europako legediaren aurkakoa da, eta eraginak ez aztertzea, giza eskubideen aurkakoa. Zertarako balio du sekulako dirutza xahutzeak? Inora ez iristeko? Erabat bakartuta geratzeko? Badira alternatibak.
Gustura al zaudete Unidos Podemosen? Handiak txikia jateko arriskurik ez?

Oso-oso eroso gaude. Hartu-emana aberasgarria eta oso naturala izaten ari da, alde bikoa. Haiek guri ikusgarritasuna eman digute, guk geure kabuz sekula lortuko ez genukeena, eta guk haiei beste ikuspegi bat eman diegu, betiere izaera propioari eutsita. Hauteskunde programako trantsizio energetikoari buruzko zatia, adibidez, geurea da oso-osorik. Hasiera besterik ez da hau: indar politiko berriak oraindik ez gara guztiz jaio, eta zaharrak ez dira guztiz hil.

Zer iritzi duzu euskal gatazkak bizi duen blokeoaz?

Kezkagarria da. Guk betidanik aldarrikatu dugu presoen gerturatzea. Gai horretan ere lidergo falta izugarria erakusten ari da Rajoyren gobernua. Ez da gai Espainiaren nazio aniztasuna ulertzeko. Katalunia da horren erakusle: sor zitekeena baino arazo handiagoa eragin du haren esku hartzeak. Errezeta bakarra duelako: ezer ez egitea. Eusko Jaurlaritzari eta parlamentuetako ordezkariei dagokigu presio eginda gobernua mugitzea, ezer gutxi espero baitezakegu harengandik.

Erabakitzeko eskubidea babesten duzu?

Bai, erabat. Esparru guztietan, gainera.

Zergatik?

Demokrata bat naizelako, eta demokrazian sinesten dudalako. Herritarrei dagokie erabakitzea non, nola eta norekin bizi nahi duten. Eredu federal batean sinesten dut nik, baina beti borondate sozialetik abiatuta. Ezin dezakezu norbait derrigortu egon nahi ez duen tokian egotera; ez du ez hanka, ez buru. Ez nago independentziaren alde, baina Euskadi nazio bat da, eta ez dut inongo erreparorik esateko; ez hemen eta ez han, nahiz eta Madrilen erabakitzeko eskubidea defendatzea zailagoa den.

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