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Articles du Vendredi : Sélection du 16 mars 2018

Transition énergétique : Le gouvernement fait l’autruche

RAC
https://reseauactionclimat.org/transition-energetique-le-gouvernement-fait-lautruche

La nature face au choc climatique

WWF
www.wwf.fr/nature-climat

«Le changement climatique provoque une accélération du cycle de l’eau»

Aude Massiot
www.liberation.fr/planete/2018/03/14/le-changement-climatique-provoque-une-acceleration-du-cycle-de-l-eau_1635793

José Bové : « J’ai été happé par le militantisme »

Pour « La Matinale du Monde », le député européen, militant anti-OGM, figure de l’altermondialisme,
raconte les origines de son engagement.

Le Monde

Soldagailutik aitzurrera

Gotzon Aranburu
www.naiz.eus/eu/actualidad/noticia/20180314/soldagailutik-aitzurrera-ofizioa-birziklatzea

Transition énergétique : Le gouvernement fait l’autruche

RAC
https://reseauactionclimat.org/transition-energetique-le-gouvernement-fait-lautruche

A quelques jours de l’ouverture du débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), les ONG tirent la sonnette d’alarme sur les zones d’ombre de ce débat sur la transition énergétique. Elles présentent les conditions indispensables pour une PPE qui mette réellement la France sur la voie de la transition énergétique.

Il y a matière à s’inquiéter. Le débat public sur la PPE intervient alors que le gouvernement a indiqué que l’objectif légal de réduction de la part du nucléaire à 50 % en 2025 ne serait pas respecté, et qu’EDF annonce ne prévoir aucune fermeture de réacteur nucléaire, hormis Fessenheim, avant 2029. En outre, le ministère de la Transition écologique et solidaire voudrait voir le débat circonscrit à deux scénarios uniquement : ceux qui prévoient des exportations d’électricité en hausse très forte et peu crédibles, et donc le moins de fermetures de réacteurs nucléaires possibles.

Alors que nous faisons partie des États membres de l’UE les plus en retard sur leurs objectifs d’énergies renouvelables, cette PPE devrait être l’occasion d’engager vraiment le pays dans la transition énergétique, d’améliorer la qualité de l’air, la santé des citoyens, de créer des emplois et de miser sur des activités d’avenir implantées dans les territoires. C’est possible à condition que la PPE donne un vrai signal en faveur des économies d’énergie et des énergies renouvelables.

Pour les ONG, tous les sujets, y compris ceux qui fâchent, doivent être mis sur la table pendant le débat au lieu de systématiquement en occulter certains, comme la situation économique et financière très critique d’EDF, ainsi que les coûts et risques croissants du nucléaire vieillissant. Le débat doit aussi prendre en compte les bonnes nouvelles qui changent la donne et permettent de planifier plus sereinement la fermeture progressive de réacteurs nucléaires : la consommation d’énergie qui se stabilise et tend à la baisse, ainsi que le coût des énergies renouvelables qui continue de chuter.

L’escamotage de ces enjeux par le gouvernement revient à maintenir le statu quo qui favorise l’industrie nucléaire, ralentit la transition énergétique et coûte cher aux contribuables. Pourtant, les solutions ne manquent pas pour que cette PPE booste les renouvelables, réduise la consommation d’énergie et d’électricité, organise la fermeture de réacteurs nucléaires et diminue drastiquement la dépendance aux énergies fossiles dans les transports pour les 10 ans à venir. A condition que le ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, et l’Élysée, ne faussent pas d’emblée ni le débat ni ses résultats.

https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2018/03/dp_politique_energetique.pdf

La nature face au choc climatique

WWF
www.wwf.fr/nature-climat

Le changement climatique provoqué par l’Homme est une réalité. Dans l’ensemble des régions du monde, nous observons que les risques, qui n’étaient hier que théoriques, deviennent la nouvelle réalité des temps présents. L’objet de cette étude est d’examiner l’exposition des 35 écorégions prioritaires du WWF, et des cinq groupes d’espèces qu’elles abritent actuellement, au dérèglement climatique en fonction de trois scénarios de hausse de la température moyenne mondiale.

Une étude sans précédent

Les résultats livrent une image saisissante du lien existant entre températures mondiales, espèces et écosystèmes qui nous entourent.

Les résultats de ce rapport de synthèse – issus d’une recherche sans précédent menée par le WWF et conduite en partenariat avec des experts du Tyndall Centre for Climate Change de l’Université d’East Anglia – découlent de l’analyse la plus complète menée à ce jour à l’échelle mondiale d’une projection des changements climatiques dans les aires de répartition de plantes et d’animaux dans ces écorégions.

La recherche étudie les impacts potentiels de plusieurs scénarios de réchauffement sur différents groupes d’espèces au sein de 35 écorégions prioritaires, régions qui abritent une grande partie de la biodiversité la plus remarquable. 

La revue a modélisé les conséquences d’un réchauffement sur les écorégions autour de trois scénarios, eux-mêmes basés sur trois niveaux d’ambition :

  1. Un monde à +2°C (objectif de limitation maximal de la température moyenne mondiale, fixé par l’Accord de Paris à “bien en-dessous de 2°C”) ;
  2. Un monde à +3,2°C (température moyenne mondiale prenant en compte la valeur médiane des engagements pris à la COP21 par les pays pour réduire leurs émissions pour 2025 et 2030) ;
  3. Un monde à +4,5°C (température moyenne mondiale si aucun effort n’est fait pour ralentir le rythme actuel des émissions, communément appelé « laisser-faire »).

Des conclusions claires et sans appel

Si nous voulons éviter d’affronter une perte importante de biodiversité, des efforts concertés d’atténuation du changement climatique seront rapidement nécessaires à l’échelle mondiale.

Un réchauffement atteignant les 4,5°C conduit à ce que près de 50% des espèces qui peuplent actuellement les écorégions prioritaires soient menacées d’extinction au niveau local – alors que ce risque serait réduit de moitié si le plafond des 2°C de l’Accord de Paris était respecté.

La biodiversité a une valeur intrinsèque, et la perte de la vie sauvage au sein des aires naturelles les plus exceptionnelles de la planète nous appauvrissent tous.

Au-delà des répercussions évidentes aux niveaux économique et social, nous nous exposons à de profonds changements impactant des écosystèmes fournissant des services vitaux à des centaines de millions de personnes.

L’avenir de la biodiversité est entre nos mains. La suite de l’histoire dépend de nous.

La revue du WWF démontre également le rôle que les mesures d’adaptation peuvent et doivent jouer au niveau local afin de protéger certaines zones de refuge et réduire les taux d’extinctions dans le scénario d’un respect de la limitation à 2°C. Au-delà, même des mesures d’adaptation complémentaires ne suffiront pas à la survie des populations locales.

Le document à télécharger propose un résumé des résultats pour 8 des 35 écorégions prioritaires, sites exceptionnels par leur biodiversité et emblématiques aux quatre coins du monde pour l’avenir de la vie sur Terre : www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-03/180314_Rapport_Especes_Climat.pdf

«Le changement climatique provoque une accélération du cycle de l’eau»

Aude Massiot
www.liberation.fr/planete/2018/03/14/le-changement-climatique-provoque-une-acceleration-du-cycle-de-l-eau_1635793

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ouvre, ce mardi, sa 47e session plénière à l’Unesco, à Paris. Quatre chercheurs spécialistes des incidences du changement climatique sur la planète répondent aux questions de «Libération».

Au Cap, le «Jour zéro», où les robinets devaient être coupés à cause du manque d’eau dans cette deuxième ville d’Afrique du Sud, a finalement été évité. Mais cette situation est appelée à se répéter dans les années à venir. Près d’un tiers des villes dans le monde, de plus de 233 millions d’habitants, devrait se trouver en manque d’eau d’ici à 2050, concluait une étude publiée dans la revue Nature, en janvier. Le changement climatique est directement pointé du doigt. Isabelle La Jeunesse, maîtresse de conférences en géographie au CNRS-Citeres, auteure du livre Changement climatique et le cycle de l’eau (2016) décrypte les graves conséquences que ce phénomène mondial a déjà sur l’or bleu.

Comment le cycle de l’eau est-il affecté par le changement climatique ?

Le cycle de l’eau est composé de quatre étapes : l’évaporation, la saturation, la condensation et les précipitations. Et, comme c’est un cycle, chacune dépend de l’évaporation. Seulement, plus il fait chaud, plus la capacité de l’air à contenir de l’eau augmente. Les masses d’air se formant, se reformant et se déplaçant rapidement, ce n’est pas parce qu’il y a plus d’évaporation dans un endroit donné qu’il y aura plus de pluie à ce même endroit. De manière globale, le changement climatique provoque une accélération du cycle de l’eau. Le plus difficile aujourd’hui est de calculer l’ampleur de cette accélération. Il est aussi compliqué de prévoir les disparités régionales. A cela s’ajoute la dimension des saisons : certains endroits verront plus de précipitations sur l’année mais pourront subir des manques d’eau pendant l’été et des inondations à d’autres périodes.

Quelles seront les régions les plus touchées ?

L’Afrique et l’Asie concentrent l’explosion démographique des prochaines décennies. D’ici à 2025, ces continents pourraient concentrer 80 % de la population mondiale. Ce sont en même temps ces régions qui devraient avoir les tensions sur l’eau les plus exacerbées. Il y a aussi le sud de l’Australie qui s’aridifie, ainsi que les Etats-Unis qui sont en état de stress hydrique permanent. Ce dernier pays connaît des crises sévères et la situation devrait empirer. Mais le changement climatique n’est pas le seul facteur. La demande en eau joue aussi un grand rôle dans l’augmentation des tensions sur cette ressource. La consommation domestique moyenne d’un Américain est de 295 litres par habitant par jour, quand la moyenne française se situe autour de 120 litres.

Dans vos recherches, vous parlez de «hotspots climatiques». De quoi s’agit-il ?

Ce sont des régions qui concentrent les impacts du changement climatique. Par exemple, le bassin méditerranéen est un de ces hotspots. Depuis 1970, les températures moyennes de la région ont augmenté de 2°C, selon le Giec [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat]. D’ici à la fin du siècle, on devrait y observer une hausse de 2,2°C à 5,1°C des températures de l’air, par rapport à la période 1980-1990. Avec, en l’état actuel de l’évolution des rejets en gaz à effet de serre, une forte probabilité pour que ce soit le haut de la fourchette qui se réalise. En même temps, les précipitations devraient diminuer de 4 % à 27 %. C’est une certitude scientifique : la Méditerranée est dans un processus d’accentuation de son aridité. En parallèle, l’Europe devrait, elle aussi, se «méditerranéiser» en termes climatiques. Par «méditerranéisation de l’Europe», on entend que la progression du climat méditerranéen vers le nord va s’accélérer au cours du siècle pour toucher une plus grande partie du territoire européen. Une alternance entre inondations et sécheresses est à prévoir sur des périodes très courtes. Bien évidemment, il fera aussi plus chaud avec l’arrivée de vagues de chaleur telles que celle survenue en 2003.

Le nord-ouest de l’Europe va-t-il aussi se «méditerranéiser» ?

Dans cette région, c’est-à-dire au-dessus de la Loire et jusqu’à Copenhague, à l’est, la région va rester très arrosée mais les précipitations seront davantage concentrées sur les périodes hivernales. Elles seront aussi plus intenses. En plus, les capacités des nappes phréatiques étant limitées, les pays sont obligés de se reposer sur les eaux de rivières qui vont, elles, diminuer en périodes estivales — notamment à cause de la hausse des températures et de l’évaporation. Nous aurons donc des basses eaux plus sévères, dites «étiages», dans les rivières, l’été. La compétition entre l’irrigation et les besoins en eau potable va s’exacerber. En Belgique, par exemple, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le pays est dit en stress hydrique de façon récurrente. Il pleut souvent mais peu, et les ressources en eau ne peuvent pas forcément répondre à une nouvelle demande. Le territoire concentre une forte densité de population, la pression est donc forte sur la ressource. On peut se demander si, à moyen terme, les cultures belges ne vont pas avoir besoin d’être irriguées.

Va-t-on voir dans le futur une multiplication et une intensification des événements extrêmes liés à l’eau ?

Oui, on sait que le changement climatique va provoquer plus d’événements extrêmes. Il y aura une recrudescence des pénuries et des excès d’eau, comme les inondations. Ces deux situations posent problème pour l’accès à l’eau potable car les infrastructures de traitement sont souvent dans des zones inondables. Les réseaux d’assainissement débordent en cas de grosses pluies. Les stations d’épuration et de potabilisation sont souvent obligées de s’arrêter. En juin 2016, lors des crues qui ont eu lieu dans le centre de la France, certaines communes ont dû distribuer des bouteilles d’eau pour les habitants. L’eau du robinet n’était plus potable. Dans la Méditerranée, il y aura plus d’épisodes de précipitations très violents, concentrés dans le temps. Ces inondations éclairs sont très localisées et difficiles à prévoir. Cela s’explique par le fait que quand il fait plus chaud, on rajoute de l’énergie au système. Et quand les masses d’air chaud arrivent en altitude dans un espace plus froid, la condensation est brutale et les pluies aussi.

La qualité de l’eau potable risque-t-elle d’être affectée globalement ?

Oui, on devrait observer plus de crises à cause des problèmes de qualité de l’eau. Avec la hausse des températures, les cours d’eau vont voir leur niveau baisser pendant certaines saisons, à cause de l’évaporation. Moins il y a d’eau, plus les polluants présents sont concentrés. De plus, quand le liquide est plus chaud, il stocke moins d’oxygène. Cela provoque des problèmes dans les écosystèmes. On voit des phénomènes d’eutrophisation, c’est-à-dire une concentration plus importante de nitrates et de phosphates, et le développement d’algues qui peuvent être phytotoxiques. Ces algues posent aussi problème aux filtres dans les réseaux d’adduction d’eau.

Dans certaines régions agricoles, les rejets de nitrates et de phosphates par l’agriculture intensive ont déjà commencé à provoquer des teneurs à surveiller de plusieurs molécules dans les nappes phréatiques et dans les eaux de surface. Le réchauffement climatique devrait aggraver cette situation. Or, plus l’eau est polluée et plus elle est chère à traiter pour la potabiliser.

Ces éléments dangereux vont-ils dans l’eau de notre robinet ?

Nous buvons tous les jours des pesticides, des œstrogènes, des résidus médicamenteux. L’eau de nos robinets n’est pas pure mais les quantités de ces produits consommés au quotidien ne sont pas dangereuses pour notre santé sur le court ou le long terme, c’est pourquoi elle est potable. Le risque est que l’eau de ruissellement, lors d’inondations par exemple, rentre dans nos circuits d’eau potable qui peuvent, lorsqu’ils sont submergés, révéler quelques défauts d’étanchéité. Le réchauffement climatique va indéniablement mettre à mal la qualité de notre eau.

La montée du niveau des océans peut-elle affecter l’eau potable ?

Il y a un risque avéré d’infiltration des eaux de mer dans les aquifères côtiers et ce, notamment si on exploite la ressource. Cela a déjà commencé dans l’Hérault, par exemple. Certains points de prélèvement ont dû être fermés il y a plusieurs années à cause de cela. Depuis, le département doit importer de l’eau du Rhône et la traiter. Mais ce traitement coûte cher. Les syndicats d’eau ont déjà proposé, comme beaucoup d’autres, de dessaler l’eau de mer, car cela leur reviendrait moins cher. Mais l’option n’a pas été retenue en raison des risques d’impacts environnementaux.

Les organismes publics ont-ils commencé à s’adapter à ces risques ?

Aujourd’hui, pour tout gestionnaire d’eau, le changement climatique doit automatiquement être pris en compte dans la réflexion. Mais l’anticipation est compliquée car l’évolution de la ressource en eau n’est pas linéaire, contrairement à l’augmentation progressive des températures provoquée par le changement climatique et l’élévation du niveau des mers. Reste que l’usage prioritaire de l’eau sera toujours celui nécessaire à la vie humaine. On peut tenir un mois sans manger, on ne tient pas deux jours sans boire.

José Bové : « J’ai été happé par le militantisme »

Pour « La Matinale du Monde », le député européen, militant anti-OGM, figure de l’altermondialisme,
raconte les origines de son engagement.

Le Monde

Militant du Larzac, membre fonda teur du syndicat agricole Confédération paysanne, candidat à l’élection présidentielle de 2007, José Bové est l’une des figures du mouvement altermondialiste. Il est depuis 2009 député européen (Groupe des Verts/Alliance libre européenne) et il s’est opposé au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Je ne serais pas arrivé là si…

Si ma mère ne m’avait pas soutenu lors de mon premier conflit à l’école. J’ai 3 ans, nous sommes aux Etats-Unis, à Berkeley, où mes parents finissent leurs études – agronomie pour mon père, sciences naturelles pour ma mère. La maîtresse demande de dessiner un écureuil. Je rends mon dessin, elle me dit que je dois le recommencer, parce qu’il a la queue dans le prolongement du corps, et non en l’air. Je refuse. Ma mère est convoquée, j’explique que, quand je vois les écureuils traverser la route, ils n’ont jamais la queue en l’air. Et ma mère dit à l’institutrice que je ne changerai pas mon dessin. Je m’en souviens comme si c’était hier !

Vos parents ont-ils souvent été de votre côté ?

Cela s’est reproduit plusieurs fois, oui. Ils n’étaient pas forcément d’accord avec mes choix de vie, mais ils les accompagnaient. Quand les curés de la pension d’Athis-Mons où je suis adolescent, critiquent les livres que j’achète, ma mère me défend. Quand je vais au Larzac en 1973, mes parents sont là, ils viennent camper. Quand on me refuse en 1974 mon statut d’objecteur de conscience et que je dois me cacher, ils se taisent devant les gendarmes. Et ils sont venus à la plupart de mes procès. Y compris en 2001, lorsque des collègues de la Confédération paysanne et moi-même sommes jugés pour avoir détruit des plants de riz transgéniques dans une serre du Cirad [Centre de coopération internationale en recherche agronomique], à Montpellier. Ma mère avait fait toute sa carrière au Cirad, elle retrouvait chez les plaignants des anciens collègues qui avaient tous un jour mangé à la maison, mais elle était là!

Parlait-on beaucoup politique dans votre famille ?

Mon père était spécialiste de la maladie des agrumes, ce qui le faisait voyager partout dans le monde – à Cuba pendant la révolution de 1959, au Brésil sous la dictature. A son retour, c’était des discussions sans fin ! Mes parents étaient plutôt de droite, et mon père ne lâchait jamais rien. Très vite, j’ai dû affûter mes argumentations pour espérer lui tenir tête. Une vraie formation !

Quelles ont été vos grandes rencontres de jeunesse ?

D’abord Lanza del Vasto [philosophe italien, fondateur des communautés de l’Arche], quand je suis en terminale. Puis Jacques Ellul [penseur de la société technicienne et pionnier de l’écologie politique], que je rencontre deux ans plus tard, à Bordeaux, où habitent mes parents, au sein d’un petit groupe non violent d’objecteurs de conscience. J’abandonne l’idée de faire des études, je suis happé par le militantisme. C’est comme ça que je découvre ceux qui ont mis en avant le combat non-violent – le philosophe américain Henry David Thoreau, Gandhi, Luther King. En 1972, je deviens déserteur. Un an plus tard, je vais pour la première fois au Larzac, en soutien aux paysans menacés par l’extension du camp militaire. J’ai 20 ans, je suis totalement séduit par ce qui arrive… et par le paysage ! Tout de suite, je sais que j’habiterai là.

Vous n’aviez pourtant aucune expérience rurale…

J’étais un citadin, oui, mais toute ma culture familiale était rurale. Du côté paternel, les grands-parents

sont maraîchers et horticulteurs. Côté maternel, ils sont bergers et gemmeurs dans les Landes, avant d’être vendeurs de poisson sous les halles à Bordeaux. Juste à côté, à Cestas, vit une tante que nous allons voir régulièrement et qui a encore des bêtes : j’ai la cloche et le collier de sa dernière vache à la maison. Dans mon enfance, le monde rural n’est donc jamais bien loin. Sans compter la période américaine de ma petite enfance. Mes parents n’avaient pas 30 ans, j’étais encore leur unique enfant (le plus âgé de mes deux frères naîtra douze ans plus tard) : c’était l’aventure, la liberté. Je me souviens des traversées dans notre grosse Chevrolet, des ratons laveurs autour de notre tente lors d’un Noël dans les Rocheuses, des nuits sous les cocotiers des plages d’Hawaï… Ça donne le goût des grands espaces!

Et, du mouvement du Larzac, quel est votre souvenir le plus fort ?

La victoire. Quand nous nous sommes installés définitivement sur le plateau, ma compagne, Alice, et moi, en squattant une maison dans le hameau de Montredon, notre fille aînée avait trois mois. Quand Hélène est née, trois ans plus tard, en 1978, on était toujours dans la lutte. Et plus les années passaient, plus le combat devenait dur… L’élection de Mitterrand a tout changé. Le soir du 10 mai 1981, on est descendu à Millau et on a repeint la façade de la sous-préfecture avec des slogans de victoire ! C’était un moment magique, hors du temps. J’ai retrouvé ce sentiment en écoutant, mi-janvier, le discours d’Edouard Philippe annonçant l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Je me suis mis à la place des copains paysans.

En 2009, vous êtes élu député au Parlement européen. Entre-temps, vous avez été l’un des leaders du syndicat Confédération paysanne (créé en 1987), avez eu de nombreux démêlés avec la justice, êtes devenu l’un des hérauts de l’altermondialisme, puis un candidat à l’élection présidentielle de 2007. Comment décririez-vous ce parcours ?

Comme une construction successive de cercles. Du plateau aveyronnais où je vivais – où je vis toujours –, j’arrive au syndicalisme, puis du syndicalisme à l’altermondialisme. Dans ma vie, tout s’est toujours enchaîné. Le 12 août 1999 n’existerait pas sans ce qui s’est passé avant : la lutte du Larzac, la création du syndicat des Paysans travailleurs par Bernard Lambert, le travail foncier et agricole mené sur le plateau autour du lait de brebis pour l’AOC du fromage roquefort.

Le 12 août 1999, c’est le jour du « démontage » illégal d’un restaurant McDonald’s, à Millau, qui vous vaudra l’un de vos séjours en prison et constituera un tournant dans votre carrière. Comment cette action est-elle née ?

C’est une idée collective. En représailles à l’interdiction par l’Europe d’importer du boeuf américain aux hormones, les Etats-Unis viennent d’imposer, en accord avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC), des sanctions douanières sur certains produits du terroir européens – parmi ‐ lesquels le roquefort. On est quatre ou cinq au bistrot ce jour-là, pour une réunion de notre Syndicat des producteurs de lait de brebis, et on se dit qu’on ne peut pas laisser passer ça. Le hasard faisant bien les choses, McDonald’s vient de lancer un chantier à Millau pour construire un fast-food… La cible est trouvée ! L’image qui permettra de faire comprendre qu’il y a, d’un côté, les produits AOC, de l’autre, l’alimentation la plus standardisée et industrialisée qui soit, ce sera celle-là. On prévient la police de nos intentions et, le 12 août, on démonte le McDo, bien proprement, pendant que d’autres distribuent des tartines de roquefort aux automobilistes à la sortie de Millau…

 

Même si l’on fait la « une » du Monde, l’action est peu médiatisée. Mais, quelques jours plus tard, tout s’emballe ! Rafle de la police dans les fermes, à 6 heures du matin, pour arrêter les paysans responsables de l’opération… Sauf moi, qui suis parti en vacances la veille, le 15 août, comme tous les ans. Un mandat d’arrêt est déposé – question vacances, c’était raté ! J’ai organisé mon retour avec mon avocat pour me constituer prisonnier et, le jour où la juge m’a annoncé que j’étais mis en examen et incarcéré, je lui ai serré la main en lui disant : « Merci, vous venez de nous faire gagner dix ans. »

Pourquoi ?

Si on avait eu droit à une banale convocation à la gendarmerie, avec passage ultérieur en correctionnelle, l’affaire était finie. Au lieu de quoi on incarcère, on poursuit… Ça faisait vraiment mauvais film américain ! J’ai refusé d’être libéré sous caution, j’ai passé un petit mois dans une prison voisine de Montpellier, les médias ne cessaient plus d’en parler… Cela nous a permis de devenir soudain la symbolique de la résistance paysanne, d’être invités à la Fête de L’Huma… Et d’aller à Seattle.

C’est-à-dire à la conférence de l’OMC, organisée en 1999 dans cette ville américaine, où ont lieu des manifestations altermondialistes d’envergure et où le monde découvre un paysan moustachu français tenant tête aux puissants… Dans quel état d’esprit êtes-vous pendant cette période hors norme ?

Quand le moment est le bon, il faut avancer. Lors de mon incarcération, la question s’est tout de suite posée : fallait-il que je profite de cette opportunité en acceptant d’incarner cette histoire ? La ‐ personnalisation est toujours un problème dans les mouvements sociaux, mais je pense alors que je n’ai pas d’autre choix, et que je suis prêt à assumer la médiatisation. Le jour même où je sors de prison, j’annonce donc que nous serons dans deux mois à Seattle. Et je m’arrange avec un industriel de Roquefort, qui m’envoie là-bas 500 kg de fromage stocké dans la chambre froide d’un boulanger bio, que je distribuerai par la suite…

Vous souriez… Cette forme de théâtre vous plaît bien, non ?

Sans doute, mais elle est surtout nécessaire. L’action non violente implique une mise en scène, un impact visuel. C’est Gandhi qui organise en 1930 la « marche du sel », et sa collecte, sur la plage, au vu des Anglais. C’est Rosa Parks qui, en 1955, en Alabama, refuse de céder sa place à un passager blanc dans l’autobus. La force de l’action non violente réside dans la visibilité, et c’est l’opinion qui devient l’arbitre. Il faut donc la conquérir.

A quel moment renoncez-vous à la désobéissance civile ? En 2009, quand vous entrez au Parlement européen ?

Je n’y ai jamais vraiment renoncé ! J’ai à nouveau fauché des plantes OGM en 2014, à Toulouse. La même année, à Notre-Dame-des-Landes, on a ouvert au pied de biche une maison achetée par Vinci pour en faire un squat… Ce n’est pas parce qu’on est élu qu’on n’a pas l’obligation de désobéir quand les lois sont injustes ! Je n’ai jamais su couper ma vie en tranches. Mais, si tournant il y a, il se produit en 2004, au moment où je quitte mes responsabilités à la Confédération paysanne. Je m’engage alors dans la campagne contre le traité constitutionnel pour l’Europe [soumis à référendum en mai 2005, il sera rejeté par les Français à près de 55 %]. Le fait que le non ait fini par l’emporter m’amènera à l’élection présidentielle de 2007. Mais aussi à mes retrouvailles avec Daniel Cohn-Bendit. Il avait fait la campagne du oui, moi celle du non – on s’était retrouvé un jour, lui à son meeting, et moi au mien, dans un village de l’Aude coupé en deux par des CRS pour empêcher que les gens des deux bords se tapent sur la gueule ! Mais, quand il m’a proposé de participer à Europe Ecologie, pour les élections européennes de 2009, l’alchimie s’est faite tout de suite.

Cela va faire neuf ans que vous êtes député au Parlement européen. Est-ce que vous vous y sentez utile ?

C’est difficile, mais notre groupe arrive parfois à faire avancer des trucs invraisemblables. Mi-janvier, le Parlement européen a ainsi voté à deux tiers/un tiers pour l’interdiction de la pêche électrique dans les eaux de l’Union, alors que personne ne misait un kopeck là-dessus !

Avez-vous parfois des doutes sur votre combat ?

Très souvent ! Quand on s’engage, on n’est jamais sûr à 100 % que ce qu’on fait va être utile. Ni même que ce qu’on pense est juste. Ce n’est pas simple de détruire ce que quelqu’un a semé… Mais est-ce qu’on doit, au nom de la propriété ou des libres affaires, laisser pousser des OGM partout dans les champs ? La responsabilité doit-elle s’exercer vis-à-vis de la personne qui est en face de soi, ou vis-à-vis d’un intérêt général ?

En janvier, alors que commençaient les Etats généraux de la bioéthique, vous avez cosigné dans « Le Monde » une tribune contre la gestation pour autrui (GPA). Pour quelle raison ?

Parce que cette pratique fait partie d’un marché mondialisé, qui constitue une nouvelle forme d’appropriation du corps féminin. C’est la suite logique de ma réflexion sur la manipulation du vivant,

sur l’exploitation, l’esclavage, la domination des uns sur les autres. Est-ce parce qu’une techniqueest possible qu’il faut l’utiliser ? A un certain moment, il faut dire non.

Soldagailutik aitzurrera

Gotzon Aranburu
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Birziklatu. Hitz magikoa bihurtu da azken garaiotan. Nola objektuentzat, hala pertsonentzat balio du. Lanik gabe geratu, edo lana izanda ere, beste zerbaitetan hasi nahi izan dutenek, birziklatu beharra daukate, askotan ordura arteko ofizioa erabat alboratu eta lanbide guztiz berrian hasiz. Historikoki, landa eremuko biztanleak izan dira aitzurra harrika bota eta tailerreko buzoa jantzi dutenak, baina alderantzizkoa egiten dutenak gero eta gehiago dira egunotan. Josetxo Mendia kaletar beasaindarra da nekazari bihurtu diren horietako bat. 

Berrogeita bost urte, eta orain arte zure lantokia izan den fabrika itxi egingo dutela jakin duzu. Zer egin? Bertso-saiorako gaia dirudi, baina Josetxo Mendiarentzat ez zen izan fikziozko egoera duela sei urte, egia gordina baizik. Gaztea ez zara, zaharra ere ez. Familia duzu, emaztea eta hiru seme-alaba. Lanbidez, orain arte, galdaragilea, baina hori bukatu da. Eta burura etortzen zaizu ea beti erakarri zaituen aktibitate hori, barazkigintza, ofizio bihurtzerik izango ote den, ote duzun.

Kontua da Josetxok ez zekiela ezer barazkigintzaz. Ez da baserrian jaioa; gurasoak ere kaletarrak ditu. Ez da krisiaren ondorioz baserrira itzuli eta etxeko sailak lantzen hasitakoa. Baina eskualdeko tailer guztietan bere curriculuma uzteko bira amaigabeari ekin ordez, soldatzaile edo tornulari ikastaroak egin beharrean, edo furgoneta bat erosi eta mezulari hasi ordez, nekazari izatea erabaki zuen.

Lan birziklatze honek baditu, ordea, hainbat ezaugarri, zenbait zailtasun. Ia beste edozein lanbidetan, delineatzaile, fisioterapeuta edo kazetari zarelarik, badakizu ikasketak non egiten diren, badakizu ondoren zein lantegi, bulego, kontsulta edo erredakziora jo behar duzun lan bila. Non ikasi, baina, nekazari ofizioa? Eta nora jo lan eske ofizioa ikasi eta gero? Bada, norberak bilatu behar eskola eta norberak sortu behar lantokia.

Zizurkilera jo zuen Josetxok, Fraisoro Nekazaritza Eskolara. Sei hilabeteko ikastaro trinkoa egin zuen han, ez bakarrik lurra lantzen ikasteko, baizik eta zein mundutan sartzera zihoan ikusten hasteko, nekazaritzan alegia. Ikastaroak bi alderdi zituen, barazkigintza eta frutagintza, eta gehienbat teorikoa izan zen, nahiz eta praktika batzuk ere egin zituen. «Dezente ikasi nuen, ezer ez nekiela joan nintzen eta» diosku Josetxok. Saio praktiko horietako bat barazkigintza hidroponikoan (lurraren ordez, disoluzio mineralak erabiltzen dituena) egin zuen, eta bestea ekologikoan. Berehala konturatu zen bigarren hau zela berak gustukoen zuena.

Biolur elkartearekin harremanetan jartzea izan zen hurrengo pausua. Biolur Gipuzkoako ekoizle ekologikoak biltzen dituen taldea da, eta bertan izena eman zuen Josetxok. Oso dago eskertuta Biolurri, hasieratik ondoan izan duelako eta lehenengo pausuak ematen lagundu ziolako. Praktikak egiteko baserria ere haiek aurkitu zioten, hain zuzen ere Astigarragako Lizardi. Hamasei urte daramatzate ekologikoan ekoizten Lizardikoek, eta bederatzi hilabete egin zituen Josetxok Astigarragan ikasten.

Ikasten, bai ekologikoan ekoizten eta bai produkzioa merkaturatzen ere. Bi bide erabiltzen dituzte horretarako Lizardikoek, azoka eta kontsumo taldeak, eta Josetxok ere hortik jotzea erabaki zuen. Beraz, ofizioa ikasia zuen eta ekoiztutakoa nola saldu ere garbi zeukan, baina saltzeko aurrena erein, landatu eta bildu egin behar. Eta horretarako lurra behar, sailak. Izugarri zaila da, ordea, Gipuzkoan landa lurrak erostea, ez baitaude salgai, ezta alokairuan ere. Baina saiatzearen poderioz, aurkitu zuen baserria salgai, hain zuzen ere Zegamako Altzibar. Berehala hasi zen bertako sailak prestatzen, eta lurrak ondo erantzun zion, barazki ederrak emanez. Eta orduan iritsi zitzaion galdaragile izandako gizonari azokara joateko ordua, baina ez erostera, ordura arte bezala, baizik eta bere eskuekin lortutakoa saltzera bezeroei. Eta gaur arte.

Baserri ederra da Altzibar, eta lur sailak ere ederrak dauzka, lauak eta errekatik gertu. Baratzeak ongarritzeko simaurra inguruko artzain baten bidez lortzen du Josetxok. Baina haizea du etsai, Aizkorri-Oñati aldetik sartzen zaizkion haize ufada zakarrak. Behin baino gehiagotan txikitu dizkio haizeak negutegiak, eta azkenean hirurogei metroko estruktura bat instalatu behar izan du, nolabait ere ufadak geldituko dituena. Alegia, beste inbertsio bat, aurreko guztiei gehitu beharrekoa.

Berrogei barietatetik gora

Berrogei barazki barietatik gora hazten dira Altzibarreko sailetan. Asko izan beharra daukate, bi arrazoiengatik. Batetik, bezeroei ahalik eta eskaintza zabalena egitea, eta bestetik Josetxok erabiltzen duen errotazio sistemagatik. Urte osoan emango badu lurrak, landare konbinazio egokia egin behar da; solanazeak hazi diren sailean, leguminosoak aldatuko ditu hurrena, esate baterako. Badaki landare bakoitzak lurrari zer kentzen dion eta zer ematen, nitrogenoa dela edo potasioa dela, eta horren arabera jokatzen du landatzerakoan. Adibidez, negutegian tomateak eduki dituen sailean (tomateak asko zurrupatzen dio lurrari) hurrena ilarrak landatuko ditu, eta gero letxugak.

Gainera, Goierrin dauden Biolurreko beste kideekin koordinatu egiten da, zer aldatzen ari diren elkarren berri izan dezaten eta hala merkatuan eskaintza egokia egiteko. Baina bada faktore bat kontrolaezina, eta eguraldia da. Galdaragile zenean gutxi inporta zitzaion zer eguraldi egiten zuen, bere lanean inongo eraginik ez zeukan eta, baina orain erabatekoa dauka. Aurtengo negua oso txarra izaten ari da nekazarientzat, makurra, euri gehiegi erori baita eta sailak putzu eginda baitaude. Horrek landare asko alferrik galtzea eragin du, eta baratzean lana egitea ere galarazi, urez asetako lurra zapalduz gero landarea ez delako etorriko zanpa-zanpa egindako lur horretan.

Josetxok irailean sartutako azaki guztiak –azak, romanescuak, azaloreak…– usteldu egin zaizkio baratzean. Are gehiago, zopa-zopa egindako lur honetan udaberrian landatzea tokatzen diren barietateak ezin izan ditu sartu, eta horrek errotazio sistema guztia uzten dio kolokan. Eskerrak negutegi barrukoak salbatu dituen, horiek baitira kontsumo taldeetan, Beasaingo azokan eta Andramendi ikastolan salduko dituenak.

Nagusirik ez daukala gainean, horixe du ona Josetxoren lanbide berriak. Nahiz eta, egia esan, autonomo askori gertatu bezala, norbera bihurtu norberaren nagusirik gogorrena. «Bezeroak badaude, eskaria badago. Gogoko lana izanez gero, nik edozein animatuko nuke nekazaritzan aritzea bizimodua ateratzeko. Hori bai, errealista izan behar du honetan hasiko denak. Lanbide hau lotua da. Ahaztu hilabete osoko oporrak; jai egunak urriak dira, eta negu aldean hartu daitezke. Soldata ere izugarria ez da izaten. Baina lurra lantzea gustuko baduzu, aurrera, lana gogor eginda bizimodua aterako duzu eta», diosku Josetxok, laneko ordu luzeetan lagun egiten dion ‘Galdu’ mastin ederrari buruan hazka egiten dion bitartean.