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Articles du Vendredi : Sélection du 6 septembre

L’été 2024 est le plus chaud jamais enregistré sur Terre
Eléonore Disdero

www.liberation.fr/environnement/climat/lete-2024-est-le-plus-chaud-jamais-mesure-sur-terre-20240906_FYUUZ4DG7BHWZK5IRWZRQPBUYE

Les températures moyennes mondiales en juin, juillet et août ont été les plus élevées jamais mesurées, annonce ce vendredi 6 septembre l’observatoire européen Copernicus. Le précédent record datait de l’an dernier seulement.

La litanie des records s’enchaîne. Malgré une impression d’été maussade en France, la saison estivale 2024 a battu tous les records à l’échelle mondiale, avec des températures moyennes en juin, juillet et août les plus élevées jamais mesurées, détrônant l’été 2023, déjà bouillant, annonce ce vendredi 6 septembre l’observatoire européen Copernicus. «Dans un climat qui change et qui se réchauffe, logiquement, on mesurera toujours des records année après année», détaille Christine Berne, climatologue à Météo France. Elle rappelle que seule la diminution des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire pourrait stabiliser le climat.

Avec un mercure moyen à 16,82 °C, le mois d’août a dépassé de 1,51 °C le niveau enregistré à l’époque préindustrielle. «Ces trois derniers mois, la planète a connu les mois de juin et d’août les plus chauds, la journée la plus chaude et l’été de l’hémisphère nord le plus chaud», détaille, alarmée, Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique de Copernicus, dans le bulletin mensuel de l’organisme.

Finalement, ces douze derniers mois, la température moyenne a été 1,64 °C plus élevée qu’à l’ère préindustrielle, selon Copernicus. L’année 2024 a donc de fortes chances d’être la plus chaude jamais mesurée et de devenir la première année calendaire à dépasser le seuil des 1,5 °C. Une telle anomalie doit toutefois être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour permettre de considérer que le climat, actuellement plus chaud d’environ 1,2 °C, a officiellement dépassé le seuil fixé par l’accord de Paris. Les relevés de Copernicus remontent à 1940, mais ces températures sont sans précédent depuis au moins 120 000 ans, selon les données de la paléoclimatologie, établies notamment grâce aux carottes de glace et de sédiments.

Même en France, un été plus chaud que la moyenne

En Europe, les températures ont été plus élevées que la moyenne dans le Sud et l’Est. La Grèce et les Balkans ont suffoqué avec, en juillet, des températures «entre 8 à 12 degrés au-dessus des moyennes de saison». La chaleur et la sécheresse ont d’ailleurs entraîné un cortège d’incendie dans la région d’Athènes. En Sicile, le manque de pluie inquiète les habitants, privés d’eau du robinet, et les agriculteurs, dont les fermes manquent cruellement d’or bleu.

En France, Christine Berne rappelle que l’été 2024 a été plus chaud que la moyenne. «Seules deux régions échappent à ce diagnostic, les Pays de la Loire et la Bretagne, remarque-t-elle. Les températures moyennes ont été tout à fait conformes aux normales.» Au contraire, dans le Sud, les régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes ont enregistré un été environ 1,2 °C à 1,5 °C plus chaud que la période de référence 1991-2020. «Les années 2023 et surtout 2022 ont été si exceptionnelles que la saison estivale 2024 passe pour médiocre, pointe la spécialiste. Nous avons la mémoire courte.»

Ailleurs, le mercure s’est affolé au Mexique, au Canada et aux Etats-Unis où, sur la côte ouest, il a grimpé à plus de 50 °C, causant le décès de dizaines de personnes. Des incendies de forêt ont aussi ravagé l’Amérique : l’ouest canadien et la Californie ont été en proie à la dévastation des flammes. Les incendies sont toujours en cours au Brésil. Par un cercle vicieux, ces gaz à effet de serre libérés par ces feux dantesques aggravent le réchauffement de la planète.

En Afrique, une brutale canicule fin juillet a fait 21 morts en vingt-quatre heures dans le centre du Maroc, en proie à sa sixième année consécutive de sécheresse. Au Niger, pays sahélien désertique très fragilisé par le changement climatique, les inondations en juillet ont fait au moins 53 morts et 18 000 sinistrés. Les fortes précipitations ont également provoqué des inondations au Soudan, en Ethiopie, en Erythrée et au Yémen, où une soixantaine de personnes sont mortes. Au Moyen-Orient, l’Iran s’est barricadé face à la chaleur en juillet, fermant ses banques et ses établissements publics. En Arabie saoudite, 1 300 pèlerins de La Mecque sont morts sous 52 °C mi-juin, frappés eux aussi par la canicule.

Une catastrophe pour un pilier du climat mondial

La chaleur s’est étendue jusqu’aux pôles, où, dans l’archipel arctique du Svalbard (Norvège), les températures du mois d’août, de 5 °C au-dessus de la norme climatologique, ont été qualifiées d’irréelles par les experts. Une catastrophe, puisque les régions polaires sont les piliers du climat mondial. Par ailleurs, l’étendue de la glace de mer arctique a été inférieure de 17 % à la moyenne en août, soit l’un des seuils les plus bas jamais enregistré. Des anomalies ont été recensées dans la quasi-totalité de l’océan Arctique. Même chose de l’autre côté du globe, où l’étendue de la glace de mer dans l’Antarctique était le mois dernier 7 % inférieure à la moyenne.

Dans les océans aussi, les valeurs du thermomètre ont dépassé l’entendement. La température moyenne de la surface de la mer en août était de 20,91 °C, note Copernicus, soit seulement 0,07 °C de moins qu’en août 2023, qui détient le record. Le mercure est resté anormalement élevé dans de nombreuses autres régions maritimes, comme en Méditerranée, en surchauffe continue cet été : 30 °C ont été enregistrés en août au large de Nice.

Les répercussions sur la vie marine sont innombrables, avec des mortalités massives des gorgones et des coraux, par exemple. Les océans, qui absorbent 90 % de l’excès de chaleur provoqué par les activités humaines, se sont maintenus à des températures hors normes depuis mai 2023, ce qui fournit un carburant supplémentaire aux cyclones.

 

« Si l’inaction perdure, la mortalité des Français âgés liée à la chaleur sera multipliée par cinq »
Mickaël Correia
www.mediapart.fr/journal/ecologie/230824/si-l-inaction-perdure-la-mortalite-des-francais-ages-liee-la-chaleur-sera-multipliee-par-cinq

Doctorant en économie, Camille Salesse s’est penché sur la mortalité liée aux canicules à l’échelle municipale et ce depuis 1980. Ces travaux inédits dans leur méthodologie dévoilent notamment comment les plus précaires des grandes villes sont en première ligne du chaos climatique.

La France est particulièrement vulnérable au changement climatique. C’est que le continent européen se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Quant à Paris, elle est la capitale européenne au risque de surmortalité le plus élevé en cas de canicule.

Alors que les vagues de chaleur devraient être deux fois plus nombreuses en France d’ici à 2050, la Fondation Abbé Pierre a révélé dans un rapport publié le 21 août dernier que 55 % des Français et Françaises ont déclaré avoir eu trop chaud dans leur logement pendant au moins une journée en 2023. Et d’après Santé publique France, les chaleurs extrêmes ont déjà causé la mort de près de 33 000 personnes dans notre pays entre 2014 et 2022.

Malgré ces données alarmantes et une planète en surchauffe à un rythme « sans précédent », encore trop peu d’études font état précisément de l’impact des vagues de chaleur sur la mortalité en France.

Doctorant au Centre d’économie de l’environnement de Montpellier, Camille Salesse s’apprête à publier dans une revue académique une évaluation de l’effet des températures extrêmes sur la mortalité pour la période s’étalant de 1980 à 2019. Ses recherches, mobilisant des outils issus des statistiques économiques, montrent en creux le retard énorme de la France en matière d’adaptation aux dérèglements climatiques.

Mediapart : Quel est le paysage des études scientifiques en France sur la mortalité liée aux vagues de chaleur ? On a l’impression que c’est un sujet encore balbutiant, alors que le chaos climatique s’intensifie…

Camille Salesse : En France, ce sont les épidémiologistes qui ont historiquement la main sur l’effet des chaleurs extrêmes sur la population, alors qu’effectivement, aux États-Unis, il existe une littérature économique pionnière sur le sujet depuis déjà une quinzaine d’années.

Pour mon étude, je me suis basé sur une méthode économétrique utilisée outre-Atlantique : à partir de données de l’Insee sur la mortalité mensuelle au sein des communes françaises, j’ai pu, en les associant à des données météorologiques, déterminer l’effet de variation des grandes chaleurs pour chaque municipalité.

J’ai ainsi élaboré des taux de mortalité mensuels liés aux chaleurs pour une période allant de 1980 à 2019 et pour les 34 000 communes métropolitaines françaises.

Qui sont, selon vos résultats, les premiers touchés par les vagues de chaleur ?

Les températures extrêmes augmentent significativement le taux de mortalité, en particulier pour les personnes de plus de 80 ans.

Une canicule est définie en France comme au moins trois jours et nuits consécutifs de forte chaleur. Le fait que les nuits chaudes soient prises en compte est essentiel car elles empêchent les corps censés être au repos de se thermoréguler, ce qui impacte fortement les personnes les plus âgées.

On estime qu’un corps met plusieurs semaines pour s’acclimater à des températures extrêmes, et c’est ici l’effet « choc » de chaleur qui rend tout particulièrement vulnérables les Français les plus âgés aux canicules.

En quoi la canicule de 2003 a-t-elle été un tournant en France en matière de prévention ?

L’été 2003 a permis une prise de conscience des Français et des politiques : en deux mois, 15 000 personnes étaient mortes de la canicule.

Cet électrochoc a débouché dès l’année suivante sur la création par les autorités du plan canicule. Il est activé pour informer la population de l’arrivée d’une vague de chaleur. Le plan canicule définit aussi un niveau de dangerosité des températures qui peut impliquer l’inscription des personnes les plus fragiles sur les registres communaux afin qu’elles soient étroitement surveillées, la suspension d’activités extérieures ou encore, le déploiement de campagnes de prévention sur les bons gestes à adopter.

Ces mesures publiques ont conduit à ce que les journées de plus de 30 °C sont désormais sept fois moins meurtrières pour les personnes âgées de plus de 80 ans, par rapport à avant 2003. Mais avec le changement climatique, ces journées de canicule sont aujourd’hui plus nombreuses, plus intenses et plus étalées dans le temps. Ce qui fait que finalement, entre 2003 et aujourd’hui, la réduction du nombre de Français âgés décédés à cause de la chaleur est d’un facteur 3.

Quels sont les territoires en première ligne en cas de vague de chaleur ?

Mon étude montre que les villes densément peuplées sont plus vulnérables aux fortes températures : les chaleurs extrêmes y sont 2,5 fois plus meurtrières pour les personnes âgées.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce chiffre. Tout d’abord, les fortes concentrations de polluants atmosphériques aggravent l’effet des canicules. Ensuite, les taux de grande pauvreté sont plus élevés dans les métropoles. Et les personnes précaires sont en général en moins bonne santé et ont des logements moins bien isolés pour contrer la chaleur. Enfin, le phénomène dit d’îlots de chaleur urbains [définis par la différence de température entre espaces urbanisés et non urbanisés – ndlr] accroît l’impact des vagues de chaleur. La concentration des bâtiments, les matériaux comme le béton et le peu d’espaces verts favorisent la formation de ces îlots.

Quelles sont les régions françaises hexagonales qui résistent le mieux aux canicules ?

Les communes du pourtour méditerranéen résistent mieux que le reste de la France : les fortes chaleurs ont 5,6 fois moins d’impact sur le taux de mortalité global dans cette zone qu’ailleurs dans l’Hexagone.

Les corps y sont plus acclimatés à la chaleur et, surtout, le taux d’équipement en climatisation est plus élevé. En 2017, 30 % des ménages de la région méditerranéenne étaient équipés de l’air conditionné, contre 11 % pour l’ensemble de la population.

Ce qui veut dire que la climatisation est efficace pour limiter la mortalité liée aux chaleurs ?

Elle est même très efficace. Aux États-Unis, les études montrent que le développement de la climatisation a permis de réduire de façon spectaculaire le taux de mortalité lié aux canicules. En 2020, 90 % des ménages américains avaient l’air conditionné.

Mais cela a un coût énergétique énorme, et ce n’est pas une solution durable en raison de l’air chaud que les climatiseurs rejettent à l’extérieur.

Par ailleurs, son accessibilité dépend des revenus et soulève une question de justice environnementale. Toujours en 2017, les 10 % des Français les plus riches étaient deux fois plus équipés en air conditionné que les 10 % les plus pauvres.

Quels seront les impacts futurs en matière de mortalité si nos émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas ?

J’ai estimé qu’avec le changement climatique, si l’inaction climatique perdure, la mortalité des Français âgés sera multipliée par 5 à moyen terme, c’est-à-dire à l’horizon 2040-2070.

Le Haut Conseil pour le climat pointe régulièrement le retard de la France en matière d’adaptation au changement climatique. Quelles seraient les stratégies d’adaptation prioritaires à adopter pour diminuer cette mortalité liée aux chaleurs ?

En premier lieu, transformer les villes densément peuplées en les verdissant, en isolant mieux les logements, en réduisant la pollution atmosphérique et en urbanisant de façon à limiter la formation d’îlots de chaleur.

Il faudrait aussi que les personnes les plus vulnérables, à savoir les plus âgées et les plus précaires, aient un accès garanti à la climatisation.

Les travaux de France Stratégies nous montrent aussi qu’en termes d’État-providence, il faut s’atteler à construire par exemple une Sécurité sociale et climatique pour que les solutions face au réchauffement planétaire demeurent collectives et non individuelles, comme aux États-Unis, où seuls les plus riches s’en sortent.

Enfin, nous devons évidemment réduire nos émissions de gaz à effet de serre ce qui, mécaniquement, atténuera la fréquence et l’intensité des canicules.


Cécile Duflot : « On a besoin que la politique nationale ouvre un horizon de justice sociale et écologique »
Laurent Telo
www.lemonde.fr/politique/article/2024/08/14/cecile-duflot-je-plaide-pour-une-coalition-climat_6280247_823448.html

La directrice générale d’Oxfam France estime, dans un entretien au « Monde », que si le Nouveau Front populaire est clairement arrivé en tête aux législatives, il aurait d’abord dû chercher une majorité à l’Assemblée plutôt qu’un nom de premier ministre.

Cécile Duflot, ancienne cheffe de file des écologistes (2006-2012), ancienne ministre de l’égalité des territoires et du logement (2012-2014) de François Hollande, a pris du champ avec la politique en devenant, en 2018, directrice générale d’Oxfam France, une ONG qui lutte contre la pauvreté. Elle sort de sa réserve alors que la situation institutionnelle est toujours dans l’impasse.

La situation politique française est toujours incertaine. Quelles leçons tirez-vous de ces dernières semaines ?

Il y a un profond décalage. Les Français se sont émerveillés avec le succès des Jeux olympiques. Ils ont donné l’impression de vouloir faire famille ensemble. Ils sont aujourd’hui dans un refus de la tension, dans une recherche d’apaisement, de concorde. Regardez aussi le succès du film Un p’tit truc en plus [comédie réalisée par Artus]. C’est une excellente nouvelle après la tension née de la dissolution de l’Assemblée nationale et du risque de division profonde du pays.

Les dirigeants politiques persistent, eux, à diviser plutôt qu’à rassembler. En tant que citoyenne et dirigeante d’ONG, je me dis que l’on a besoin que la politique nationale réponde à cette demande, qu’elle ouvre un horizon de justice sociale et écologique, et qu’elle retrouve une certaine grandeur à l’heure des conflits qui nous entourent et nous menacent, de l’Ukraine au Proche-Orient.

Le président de la République, Emmanuel Macron, avait demandé une trêve politique olympique. Sur quelles bases repartir ?

Lors des élections législatives, les Français ont dit deux choses. D’une part, ils ont refusé de donner les clés de la victoire au Rassemblement national [RN], pourtant annoncée et préparée par certains.

En votant parfois contre leurs convictions, mais pour faire barrage à la menace, les électeurs se sont même montrés plus responsables et plus ouverts que certains de leurs dirigeants qui prônaient le « ni RN ni “insoumis” ». D’autre part, ils ont sanctionné le bilan du chef de l’Etat sans plébisciter un camp. Il n’y a pas de majorité évidente. Il faut donc sortir des idées préconçues et des vieux schémas.

Comment appréhendez-vous la rentrée politique ?

Il y a une obligation de lucidité pour tous les responsables associatifs ou politiques : le Nouveau Front populaire [NFP] est arrivé clairement en tête – que cela plaise ou non –, mais, au vu de son score, il aurait dû chercher une majorité plutôt qu’un nom de premier ministre. Dire qu’ils peuvent gouverner seuls et sans compromis sur leur projet est une impasse.

La question est de trouver un chemin pour faire émerger, sinon une coalition, au moins des proximités qui concernent aussi bien la justice sociale que la paix civile, la transition écologique que le renouveau démocratique. Il faut que ça bouge, on ne peut pas laisser continuer les politiques qui nous ont menés au bord de l’abîme.

Que préconisez-vous pour sortir le pays de l’impasse politique ?

Il faut redonner les clés au Parlement. C’est-à-dire : ni au président de la République, qui croit encore pouvoir être maître de tout, ni aux appareils politiques, qui ont prouvé qu’ils étaient dépassés. Je plaide donc pour une « coalition climat » qui, comme dans tous les grands moments de notre histoire, nous ferait passer une étape.

Il faut adopter un budget qui finance la transition écologique. Il faut aussi répondre à la justice sociale et imposer une nouvelle loi sur les retraites. Enfin, rien ne peut se résoudre sans s’attaquer à la crise démocratique. La mise en place de la proportionnelle est devenue une nécessité. Celle-ci permettrait au Parlement de retrouver du poids et de faire émerger, plus naturellement, des coalitions. Car le mode de scrutin actuel pousse à fossiliser des accords d’appareils et à empêcher le dialogue, notamment dans la crainte d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale.

Sans scrutin proportionnel pour l’instant, comment desserrer l’étau du blocage ?

Il faut ouvrir la possibilité d’une coalition qui ne soit pas guidée seulement par des tactiques électorales, mais qui réponde à l’urgence sociale et à la transition écologique. La société civile dans sa grande diversité, au sein de Coalition 2024 [alliance composée d’une centaine de syndicats et d’associations], s’est mobilisée comme jamais lors des législatives contre l’extrême droite autour de seize propositions phares.

Cela pourrait être un point de départ : trouver des points de convergence pour répondre aux problèmes concrets de la vie quotidienne, se concentrer sur le contenu, pas sur l’étiquette. Définir dans le dialogue les mesures que l’on va mettre en place pour plus de justice sociale, pour la transition écologique et pour la paix civile. Y compris pour répondre à l’enjeu budgétaire en dégageant de nouvelles ressources : qui peut aujourd’hui être contre la taxation des superprofits ?

Les Français ont, il me semble, envoyé un message aux responsables politiques, celui de se débrouiller avec une majorité compliquée : « Parlez-vous et avancez. » Même si c’est inconfortable, il faut sortir d’une vision extrêmement binaire. Je comprends que ce soit compliqué, mais il y a un devoir d’essayer…

Le NFP ne semble pas enclin à faire le moindre compromis sur son programme de gouvernement…

En restant barricadé sur son îlot, en disant peu ou prou « c’est nous, rien que notre programme, tout notre programme », le NFP prendrait le risque de pousser l’ensemble des députés macronistes à se résigner à une alliance avec la droite quand il faudrait plutôt les pousser à prendre leurs responsabilités en leur ouvrant un chemin qui permette de répondre aux urgences partagées du moment et en trouvant des points de convergence pour répondre aux problèmes concrets de la vie quotidienne.

Que pensez-vous de la lettre envoyée par Lucie Castets, la candidate que s’est choisie le NFP pour Matignon ?

J’ai beaucoup de respect pour Lucie Castets et son combat pour la défense et pour la réparation de services publics malmenés par une vision libérale de court terme et menacés, dans certains cas, de privatisation. Elle a la possibilité de conduire cette ouverture en fédérant au-delà des partis, c’est-à-dire en tendant la main à la société civile et en bâtissant des compromis.

Votre nom a été évoqué lors des négociations du NFP pour désigner un candidat à Matignon. Etiez-vous candidate ?

Je suis la directrice d’Oxfam France et je participe, à la place qui est la mienne, à ce qui me tient à cœur : réduire les fractures sociales en permettant la transition écologique. Cela me permet aussi d’avoir une voix libre. Mon ambition, de longue date, est d’être utile au déploiement d’une politique en faveur d’une transition heureuse.

Grâce aux ORE, ils préservent le vivant sur leurs terres pendant 99 ans
Laure Noualhat
https://reporterre.net/Grace-aux-ORE-ils-preservent-le-vivant-sur-leurs-terres-pendant-99-ans

Préserver le vivant sur ses terres pendant 99 ans : voilà ce que permettent les obligations réelles environnementales (ORE). Cet outil foncier séduit de plus en plus de propriétaires, qu’ils soient privés ou publics.

Quelques étangs où batifolent des grenouilles au milieu des roseaux, un chemin des fées parsemé de chênes remarquables et d’amulettes invitant à la méditation, un potager géant et une forêt en bataille… Depuis le 22 août, les merveilles de l’écovillage de Sainte-Camelle (Ariège) sont protégées à vie de toute bétonisation ou prédation immobilière grâce à un dispositif méconnu des propriétaires de bouts de nature : l’obligation réelle environnementale ou ORE. Trois petites lettres de rien du tout mais qui peuvent beaucoup pour le vivant.

Les obligations réelles environnementales sont un outil créé par la loi Biodiversité du 8 août 2016 et codifié à l’article L. 132-3 du Code de l’environnement. Il s’agit d’un contrat conclu entre un propriétaire (privé ou public) désireux de protéger l’environnement chez lui de façon pérenne et un cocontractant, au choix, une collectivité, une association de défense de l’environnement, un conservatoire d’espaces naturels ou un parc naturel régional, etc. Le tout se signe devant notaire, ce qui permet de transmettre lesdites obligations de propriétaire en propriétaire pour une durée qui peut s’étendre jusqu’à 99 ans !

Ainsi, ni les héritiers, ni les futurs acquéreurs ne peuvent se soustraire auxdites obligations. À la différence d’un outil réglementaire, l’ORE est librement discutée et consentie entre les parties. Ainsi, à Sainte-Camelle, le choix fut de préserver les haies et les mares du site, de privilégier la fauche sur certains espaces, d’interdire la coupe de précieux arbres… « C’était important pour nous d’inscrire tout ce que l’on fait dans le temps long, explique Bruno, résident de l’écovillage en déambulant au milieu du jardin. La vie des collectifs, ça va, ça vient, on ne sait pas ce qui peut arriver. Désormais, même si notre collectif venait à disparaître, les engagements liés au lieu ne peuvent plus sauter. »

En un an, 130 ORE ont été signées

Dans l’univers des écolieux, où des habitants investissent dans des domaines en déshérence, retapent de vieilles bâtisses et protègent la biodiversité qui les entoure, l’idée de pérenniser leurs actions de protection cartonne. « Avant que nous achetions la colline de Pourgues, le propriétaire du domaine avait reçu une offre pour faire un circuit de quad, signale Ramin Faranghi. Avec cette ORE, cela ne sera plus jamais possible. »

Ainsi, cet outil trouve peu à peu sa place, notamment auprès d’une nouvelle génération de propriétaires un peu geek de la préservation de l’environnement et désireux de donner un statut à leur terre. Avec Sainte-Camelle, ce sont au total six ORE qui ont été signées lors du Festival Oasis en présence du notaire Laurent Aguilar, venu des Alpes-de-Haute-Provence. Quatorze supplémentaires seront signées d’ici à la fin de l’année. La coopérative Oasis joue ici le rôle de cocontractant et va garantir que les obligations seront bien suivies. « Certains habitants d’oasis sont naturalistes ou rattachés à des parcs naturels régionaux, nous disposons des compétences en interne pour jouer ce rôle », explique Frédéric Jozon, en charge du dispositif au sein de la coopérative.

Fin avril, cet instrument juridique méconnu du grand public a fait l’objet d’un colloque au sein de la Fondation François Sommer. En 2021, un rapport remis au Parlement faisait état d’une vingtaine d’ORE signées seulement… La Fédération des conservatoires d’espaces naturels et celle des parcs naturels régionaux se sont emparées des ORE tout en médiatisant leur existence.

Ces institutions disposent d’autres outils comme l’acquisition directe, le bail emphytéotique ou des conventions diverses (accès, gestion, partenariat, etc.) mais l’ORE a l’avantage de concerner dans 80 % des cas des propriétés privées.

À ce jour, il n’existe pas ou peu de mécanismes de suivi de ces signatures, ni de fichier national pour les répertorier, ce qui rend délicate la vision de leur mise en œuvre. Le développement est restreint et lent, mais ce mécanisme vit une seconde vie puisqu’il est également reconnu comme méthode compensatoire.

En matière de préservation de l’environnement, il s’agit d’abord d’éviter les atteintes au vivant, de les réduire le cas échéant et, en dernier recours, de les compenser. Dans le pire des cas, l’ORE peut servir à compenser les dommages créés. Par exemple, dans l’Hérault, la société Nestlé Waters s’en est servie pour protéger son patrimoine naturel sur la commune de Vergèze (Gard) pour une durée de dix ans. Une commune qui doit raser une forêt pour ériger une éventuelle déviation devra souscrire une ORE avec des particuliers ou sur d’autres terrains de la commune pour protéger ailleurs ce qu’elle a détruit en biodiversité ou espace naturel.

Entre juillet 2022 et décembre 2023, 130 ORE ont été signées, dont 117 en 2023. Au total, 75 pour la préservation volontaire et 55 dans le cadre de la compensation des atteintes à la biodiversité. L’Aspas, Agir pour l’environnement, et même des fédérations de chasse l’utilisent… Il y en a une dans le Gard au Château d’Espeyran pour quarante-quatre ans sur un site de 21 hectares appartenant à l’État et accueillant le Centre national du microfilm et de la numérisation pour une gestion écologique du parc et du bâti, qui abrite notamment des chiroptères (des chauves-souris) ; sur un site de près de 17 hectares appartenant à une commune pour la réouverture de milieux suite à une déprise agricole et à la mise en place de pastoralisme pour trente-et-un ans, etc.

Des conseils de gestion délivrés tous les cinq ans

Pour Claire Tutenuit, présidente de l’association Le Ruban vert dans l’Yonne, l’avantage de l’ORE est évident : cela permet de fortifier la trame verte de sa région. « En réalité, il y a trop de terres agricoles qui nous empêchent de faire de grands corridors riches en biodiversité, alors avec les ORE, nous optons pour la technique des pas japonais. » L’association a déjà signé une ORE et trois sont dans les tuyaux, notamment une avec Philippe, mycologue averti, passionné de biodiversité, qui a récupéré un lot de terrains dont certains ne l’intéressent pas vraiment. « C’est anecdotique de sanctuariser 4 000 m2 ou 5 000 m2… Mais si tous ceux qui avaient les moyens savaient que ça existe, ça ferait peut-être une petite différence. »

Avant de signer, l’association s’est déplacée pour faire un audit. « En contrepartie, nous nous engageons à venir tous les cinq ans pour donner des conseils de gestion. Cela peut passer par de la libre évolution, la mise en place de haies, de la fauche, la préservation de certaines espèces ou le simple fait de laisser du bois mort sur pied… » Difficile d’établir une liste d’obligations type tant chaque biotope mérite une attention spécifique.

Qu’il y ait des fous de nature qui décident de la préserver volontairement, c’est une chose, mais le législateur sait qu’il ne peut compter sur ces seules bonnes âmes. Alors, il a pensé à des mesures fiscales incitatives. Ainsi, le propriétaire signataire peut être exonéré de droits d’enregistrement et de taxe de publicité foncière. Par ailleurs, la loi de finances pour 2021 instaure deux nouvelles incitations fiscales : l’exonération de contribution de sécurité immobilière et celle de la taxe foncière sur les propriétés non bâties. C’est loin d’être la motivation première des plus convaincus.

« C’est un peu comme donner un statut à la terre », expliquent Marie-Hélène et Christian Tanguy, propriétaires de la ferme de la maison neuve, en Vendée, et qui ont pris conscience de l’importance du vivant sur leur exploitation au fil des années. Les génisses laitières —élevées en bio — parcourent un bocage traversé par l’Yon, avec une zone boisée, une zone humide et des cultures sur lequel un ami naturaliste a découvert l’agrion mercure, la musaraigne aquatique, le fluteau nageant. « L’ORE est un aboutissement. Avec ce statut juridique, la terre garde son potentiel de terre fertile et peut se défendre bien au-delà de nous. Le vivant peut tenir bon face au pillage. » L’exploitation assortie de son ORE a été transmise à leurs enfants.

Mesures fiscales ou non, les ORE n’intéressent guère les principaux syndicats liés à la gestion de l’espace rural (FNPPR, FNSEA…) qui ne soutiennent pas leur développement.

« Mon objectif est de transmettre un bien à mes enfants à la fois préservé mais aussi rentable économiquement, explique Yann Dublois de la Sablonnière, de la Fédération nationale des propriétaires privés ruraux (FNPPR), propriétaire exploitant de 300 hectares en Champagne berrichonne. Les propriétaires ruraux craignent que cette ORE puisse être « piégeante à terme ». « Pourquoi figer dans le marbre les actions menées pour l’environnement ? » Question de philosophie.

Hego Euskal Herrian 66 pertsona hil dira beroagatik abuztuan
Argia
www.argia.eus/albistea/hego-euskal-herrian-66-pertsona-hil-dira-beroagatik-abuztuan

Espainiako Estatuan 1.386 pertsona hil dira gehiegizko beroagatik abuztuan –iazko abuztuan baino %3 gehiago–, Osasun Ministerioaren Carlos III. Institutuak emandako datuen arabera. Araba, Bizkaia eta Gipuzkoan 44 lagun hil dira, eta Nafarroan 22.

Heriotza gehien abuztuaren lehen hamabostaldian gertatu dira Espainiako Estatuan. 810 emakume hil dira, eta 577 gizon. Ia guztiek (1.339) 65 urtetik gora zituzten.

Hain justu, abuztuaren 22an ikerketa baten emaitzen berri eman genuen: beroak adinekoen heriotza hirukoiztuko du Europan 2100. urterako. Hori da Europako Batzordeko Ikerketa Zentro Bateratuak ondorioztatu duena, baldin eta betetzen badira gaur egun berotzearen handitzeari buruz dauden aurreikuspenak. Eta NBEren arabera, mende amaierarako tenperaturak hiru graduko igoera izango du XX. mende hasierarekin konparatuta.

Carlos III. institutuko ikerlari Inmaculada León-Gómezen hitzetan, emaitzak epe luzeagora aztertzen dira, baina « ziurtatzerik ez dagoen arren, badirudi goranzko joera dagoela, beroari egotzi dakiokeen heriotza-tasari dagokionez ». Gaineratu du prebentzio neurriak hartzen ari diren arren, beroa « nahikoa muturrekoa » izaten ari dela beste urte batzuekin alderatuta. Tenperatura handiagoak izateak ez du esan nahi, hala ere, heriotza gehiago gertatuko denik. Esaterako, 2003an, batez besteko tenperatura 23,6 gradukoa izanik, 12.919 lagun hil ziren beroagatik. Bi hamarkada geroago, antzeko batezbestekoarekin, heriotza kopurua %83 murriztu zen.

Auzo pobreetan, eragin handiagoa

Ikerlariak uste du herritarrak tenperatura altuei egokitzen joango direla pixkanaka, baina igoera hain handia izanik, zaila gertatuko zaiola hainbati, zaurgarrienei bereziki, 65 urtetik gorakoei, kasu. Egoera ekonomikoak ere badu loturarik heriotza-tasarekin; hainbat ikerketak erakutsi duen moduan, beroaren eragina handiagoa da auzo pobreetan aberatsetan baino. Institutuko irakasle Julio Díazek El Español agerkariari emandako elkarrizketa batean zioenez, « ez da gauza bera bero-olatu bat aire egokiturik gabeko gela batean igarotzea, edo igerilekudun etxe bat izatea ».