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Articles du Vendredi : Sélection du 6 mars 2020


«Le droit de vote est un nouveau levier d’action, dont je vais pouvoir bénéficier pour la première fois le 15 mars prochain»

Johan Rivière, co-fondateur de Fridays for Future Pays Basque
Soirée de Signature Officielle du Pacte 2020

Cette année j’ai 18 ans. Je suis ce qu’on pourrait appeler un jeune. Je vais donc me permettre de vous parler de nous, les jeunes. Avant de commencer je souhaite préciser que je vais vous parler ici des jeunes français, des jeunes occidentaux, des jeunes privilégiés qui ont eu la chance de naître dans un pays où vivre ne veut pas dire survivre. Pour l’instant en tout cas. Malgré le confort de vie dont on peut plus ou moins profiter, selon les classes sociales, la jeunesse a peur. La jeunesse est triste. La jeunesse est en colère. La jeunesse est perdue. Pourquoi? A cause de l’avenir qui lui est réservé.

Nous sommes en 2020. En France, les inégalités sont fortes, contre les plus défavorisés, qui sont plus de 9 millions dans notre pays, contre les femmes, qui subissent encore des violences sexistes, contre les homosexuels, dont le droit au mariage fait encore polémique, contre les étrangers, contre les personnes à mobilité réduite, pour ne citer qu’eux. Le système éducatif, le système de santé, le système des retraites, sont mis à mal. Au Pays Basque, la langue parlée depuis des siècles n’est pas suffisamment reconnue par les institutions françaises et espagnoles, un processus de paix est en cours depuis déjà trop longtemps, et empêche au territoire de reconstruire sur le passé. Ces difficultés sociales, les générations précédentes y étaient également confrontées.

Mais un nouveau défi vient caractériser notre génération. Un défi colossal causé par des années de croissance des activités humaines, reposant sur des modèles destructeurs. Le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement des ressources, nous mettent tous en danger, à la fois les jeunes occidentaux et ceux qui se battent au quotidien pour survivre. Ce défi auquel nous sommes confrontés est résolvable, des mesures radicales et globales sont nécessaires. Mais l’ennemi contre lequel nous nous battons dans ce combat, c’est l’humain lui-même, et c’est un rude adversaire. A une époque où le consumérisme de masse est la norme, où le climato-scepticisme a touché des dirigeants de pays parmi les plus grandes puissances mondiales, où les conséquences dramatiques du changement climatique font déjà des dizaines de milliers de morts et de réfugiés climatiques, et où la dépendance à certaines ressources empêchent la mise en place d’action ambitieuses, nous devons unir nos forces, combattre ensemble, et remporter cette bataille.

Cette année, j’ai 18 ans. Aux yeux de la loi, je suis majeur. Comme beaucoup d’autres jeunes, je n’ai pas attendu ma majorité pour agir, pour sortir dans les rues, pour alerter et sensibiliser, pour rencontrer des dirigeants, au parlement européen ou à l’Elysée. J’ai pu constater que certains de ces dirigeants se comportaient comme des enfants pendant que des jeunes endossaient leurs responsabilités. Mais le droit de vote est un nouveau levier d’action, dont je vais pouvoir bénéficier pour la première fois le 15 mars prochain. Je prendrai en compte l’engagement des candidats dans la lutte contre le changement climatique dans mon vote.

L’enjeu n’est pas seulement l’élection à venir, mais aussi les actes qui seront menés par les élus durant leur mandat. C’est pourquoi les citoyens, et particulièrement les jeunes, resteront attentifs aux politiques qui seront menées dans les villes.

Pour finir, j’aimerais adresser un mot personnellement à chaque candidat à l’élection du 15 mars présent ici: quel est votre but en portant votre candidature? Pourquoi vouloir se présenter? Ma réponse à cette question serait: Pour oeuvrer pour les générations actuelles et futures. Quelque soit votre bord politique, quelques soient vos idées, c’est le devoir d’un maire. Les enjeux essentiels des générations actuelles et futures, c’est le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, et l’épuisement des ressources. Ça doit faire partie de vos priorités. Elgarrekin eraiki dezagun Euskal Herri iraunkor bat, gaurko eta biharko gizaldien errespetuzkoa.

« Agglomération Pays Basque, catalyseur d’un sursaut territorial »
Anthony Lubrano, du Groupe de travail hitza hitz de Bizi!
Soirée de Signature Officielle du Pacte 2020

Dès 2013, Bizi a repéré l’importance d’agir localement et d’activer le levier territorial pour limiter le dérèglement climatique et préparer le territoire aux bouleversements à venir.

Lors des précédentes municipales, nous avons proposé aux listes candidates de s’engager sur des actions en faveur de la transition écologique, regroupées dans une boite à outils climat-énergie de 53 actions réparties en 13 thématiques, et dans un Pacte de transition qui regroupait 11 actions emblématiques.

Les listes candidates choisissaient elles-mêmes quelles actions elles s’engageaient à mettre en oeuvre au cours de leur mandat. L’objectif était d’inciter un maximum de communes à enclencher une transition écologique communale. Des listes élues dans 30 communes et représentant 75% de la population du Pays Basque Nord ont alors pris des engagements. Dans la foulée s’est constituait le comité Hitza Hitz, en charge du suivi citoyen des actions des équipes signataires du Pacte. Ce comité a réalisé pendant 6 ans un travail de suivi des communes engagées et publié 3 rapports pour évaluer si les actes ont effectivement suivi les paroles.

Quel bilan tirer de ces 6 dernières années ?

S’il est indéniable qu’il y a eu des réalisations et des mesures allant dans la bonne direction, celles-ci ne sont généralement pas à la hauteur des actions à mener pour opérer une transition vers un territoire résilient et bas carbone. Seulement 10 % des actions de la boite à outils, qui constituait un programme ambitieux mais réaliste, auront été mises en place en 6 ans dans les communes signataires du Pacte de transition énergétique : c’est largement insuffisant ! Et ce, d’autant plus que 128 communes représentant 25% de la population du Pays Basque Nord n’ont pas signé le pacte.

Le secteur dans lequel nous sommes le plus en retard est sans conteste celui de la mobilité. Alors que le transport est le premier poste d’émission de gaz à effet de serre sur la côte basque et que la loi prévoit l’aménagement de voies pour les vélos à chaque aménagement routier, celle-ci est encore trop souvent peu respectée et la voiture reste le mode privilégié dans la plupart des infrastructures.

De manière générale, l’engagement des communes contre le réchauffement climatique et la crise écologique au Pays Basque nord est bien trop faible au regard des enjeux et des défis à relever. L’écologie est encore trop souvent limitée à un secteur parmi d’autres sans mise en cohérence globale. Or, pour enfin nous engager sur une voie qui préserve les conditions de vie sur Terre et sur notre territoire, le Haut Conseil pour le Climat prévient que les collectivités devront clarifier leurs priorités et articuler leurs actions autour des enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux.

Il est trop tard maintenant pour entamer une lente et progressive transition. Les scientifiques le répètent rapport après rapport : seul un changement majeur de nos modes de vie dans les années qui viennent peut permettre d’éviter le pire des scénarios : l’emballement climatique irréversible et incontrôlable. De l’échelle internationale à l’échelle locale, les actions menées au cours de ce mandat seront décisives pour déterminer le niveau d’habitabilité de la Terre et du territoire pour les enfants d’aujourd’hui.
C’est pourquoi Bizi propose aux listes candidates pour ce mandat de s’engager sur un Pacte pour une métamorphose écologique du Pays Basque. Ce Pacte comporte des engagements concrets, ambitieux et réalistes pour le climat et l’écologie sur 7 thématiques sur lesquelles il est urgent d’agir et sur lesquelles les élu.e.s communaux et intercommunaux disposent de nombreux leviers :

  • AGIR POUR TOUTES LES MOBILITÉS ALTERNATIVES À LA VOITURE SOLO
  • AGIR POUR LA MAÎTRISE DE L’ÉNERGIE DANS LES BÂTIMENTS
  • AGIR POUR UN TERRITOIRE 100% ÉNERGIES RENOUVELABLES
  • AGIR POUR UNE AGRICULTURE ET UNE ALIMENTATION BIO ET LOCALE
  • AGIR POUR UNE ÉCONOMIE LOCALE PAR LE DÉVELOPPEMENT DE L’EUSKO
  • AGIR POUR UNE RÉDUCTION DES DÉCHETS ET UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE
  • EXÉCUTER TOTALEMENT LE PLAN CLIMAT AIR ÉNERGIE TERRITORIAL DU PAYS BASQUE

En signant ce Pacte, les listes s’engagent à agir de manière déterminée pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et notre impact sur l’environnement, en mettant en oeuvre l’intégralité de ces mesures et ce, aux niveaux communal et communautaire.

La nouvelle communauté d’agglomération Pays Basque et toutes les compétences dont elle s’est dotée sont en effet une formidable opportunité pour la transformation écologique du territoire. Le début de mise en place d’un réseau de transport en commun à l’échelle de l’agglomération en est l’illustration : s’il reste encore bien des améliorations à lui apporter, la CAPB peut se donner les moyens de développer une offre de transport pour mettre fin à l’omniprésence de la voiture individuelle.

Le plan climat, voté récemment, montre aussi le commencement d’une politique climatique globale qui devra être pleinement intégrée aux autres politiques publiques et déclinée et mise en place par les communes. Si nous saluons l’ambition d’être un territoire à énergie positive à horizon 2050, la trajectoire prévue dans le scénario actuel n’est malheureusement pas compatible avec l’objectif de neutralité carbone fixé par les accords de Paris.

Pour cela, il faudrait que nos émissions carbone territoriales projetées en 2050 soient entièrement captées par les forêts et les prairies. L’actuel projet de Plan climat ne le prévoit pas encore alors que les capacités de séquestration carbone du territoire sont bien supérieures à la moyenne hexagonale.

Si vous, candidates et candidats, et demain peut-être futur·e·s élu·e·s, vous mobilisez au sein des communes et au sein de la communauté d’agglomération, celle-ci peut-être le catalyseur d’un sursaut territorial nécessaire pour réaliser enfin la métamorphose écologique du Pays Basque que de plus en plus de citoyennes et citoyens appellent de leurs voeux.

Convention citoyenne pour le climat: l’heure de vérité a sonné!
Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac France. Auteur de « Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition » (Seuil, 2015).
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/060320/convention-citoyenne-pour-le-climat-lheure-de-verite-sonne

Les 150 membres de la Convention se réunissent ces 6, 7 et 8 mars lors d’une sixième session de travail. Objectif : finaliser une liste de propositions. C’est donc l’heure de vérité : vont-ils se contenter d’une série de mesures inoffensives ou bien vont-ils oser s’attaquer aux politiques productivistes et néolibérales qui nourrissent l’aggravation du réchauffement climatique ?

Tout le monde en convient : les dérèglements climatiques et l’effondrement écologique que les scientifiques ne cessent de documenter s’accélèrent et, les années passant, la fenêtre de tir pour mener des politiques appropriées et ambitieuses se réduit. Autrement dit, nous perdons du temps alors que nous en manquons cruellement pour transformer de fond en comble cette formidable machine à réchauffer la planète qu’est notre insoutenable système économique.

Perdre du temps est d’ailleurs ce qui semble guider Emmanuel Macron et son gouvernement : toujours repousser à plus tard ce qui devrait être fait aujourd’hui. A l’automne 2019, alors qu’un rapport conjoint des ministères de l’économie et de la transition écologique montrait que 25 milliards de dépenses publiques annuelles étaient défavorables à l’environnement, le gouvernement et la majorité n’en ont pas tenu compte pour élaborer et voter le Budget 2020. Il fallait laisser la Convention climat travailler, ont-ils prétexté.

Par contre, l’exécutif n’a pas hésité, sans même consulter ou tenir informée les membres de la Convention citoyenne sur le climat, à augmenter le niveau d’émissions de CO2 autorisées jusqu’en 2023. Dans le détail, le gouvernement propose d’augmenter de 6% le budget carbone 2019-2023 de la France, passant de 398 millions de tonnes de CO2 équivalent moyen par an à 422 millions de tonnes. Sous prétexte de donner la parole aux citoyens, Emmanuel Macron ont donc surtout cherché à gagner du temps et à (mal) masquer leur absence d’ambition en matière climatique.

Cerise sur le gâteau, Emmanuel Macron, lors de son audition le 10 janvier dernier, a balayé d’un revers de la main l’engagement qu’il avait pris consistant à soumettre les propositions de la Convention « sans filtre soit au vote du parlement soit à référendum soit à application réglementaire directe ». Les 150 membres de la convention savent désormais à quoi s’en tenir : Emmanuel Macron a clairement indiqué qu’il comptait bien jouer le rôle de « filtre » en dernier ressort, consistant à opérer le tri entre les mesures acceptables par le pouvoir et celles qui ne le seraient pas.

Face à l’immensité de la tâche, aux pressions contraires qui s’exercent pour qu’ils réduisent leur ambition et à l’inertie institutionnelle à laquelle ils commencent à être confrontés, les 150 membres de la Convention citoyenne vont-ils du coup se limiter à des mesures inoffensives et autres petits pas inefficaces ? Espérons que non. Espérons qu’ils ne laisseront pas le comité de gouvernance, les experts ou les juristes avec lesquels ils doivent composer, édulcorer leurs propositions tout en se limitant à des mesures portant sur les seuls comportements individuels.

Pour Attac France, dans une contribution publiée ce vendredi 6 mars, la Convention citoyenne sur le climat sera justement jugée sur sa capacité à rejeter une croyance dangereuse : l’addition d’actions individuelles et de mesures symboliques qui laissent inchangées le cœur des pratiques et politiques productivistes et néolibérales actuelles ne saurait permettre de contenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5°C ou 2°C, ni même de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030, par rapport à 1990, objectif assigné à la Convention.

Attac France appelle justement les 150 membres de la Convention citoyenne « à ne pas obéir au carcan institutionnel et politique de l’exécutif » et à « s’affranchir des politiques productivistes et néolibérales actuelles » : reprendre notre avenir énergétique des mains de la finance, choisir entre la libéralisation du commerce et le climat, éviter le piège de la pensée unique en matière climatique (la taxe carbone, la finance verte et l’innovation technologique ne sont pas la panacée) sont trois de ces passages obligés (ci-dessous, les propositions sur chacun de ces sujets).

Pour la convention citoyenne pour le climat, c’est l’heure de vérité : celle qui consiste à choisir entre le ripolinage en vert d’un capitalisme néolibéral insoutenable ou bien une bifurcation claire, franche et assumée pour une transformation sociale et écologique de notre économie.

Pour l’arrêt des extensions d’aéroports en France
RAC
https://reseauactionclimat.org/pour-larret-des-extensions-daeroports-en-france/

Alors que la contestation émanant de la société civile sur les projets d’extensions d’aéroports se renforce en France et en Europe, le Réseau Action Climat rappelle que la croissance du trafic aérien n’est pas compatible avec le respect des engagements climatiques de la France. Les ONG appellent le Gouvernement à stopper l’ensemble des projets d’infrastructures aéroportuaires engagés ou à l’étude sur le territoire national, dans la mesure où ceux-ci seraient susceptibles d’engendrer une augmentation des capacités d’accueil des aéroports, du trafic aérien, et donc des émissions de gaz à effet de serre.

Le respect de l’Accord de Paris implique que tous les acteurs s’alignent sur une même trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre : or le secteur aérien échappe à ses responsabilités. Comme l’a ainsi énoncé le Haut Conseil pour le Climat dans un rapport présenté au Gouvernement, l’objectif de neutralité carbone inscrit dans le Droit français par la Loi Energie/Climat du 8 novembre 2019 ne couvre pas l’entière responsabilité de la France puisque « les émissions liées aux transports aériens internationaux (…) ne sont pas incluses»* . La récente loi sur l’énergie et le climat prévoit un budget carbone spécifique au transport international à partir de 2023, mais seulement à titre indicatif.

En parallèle, l’État a donné son accord ou envisage d’approuver des projets d’extension d’aéroports colossaux :  le projet de Terminal 4 de Roissy pourrait notamment générer une hausse de trafic aérien de 38% d’ici 2037, selon les propres chiffres d’ADP**. A Nice, l’augmentation du nombre de passagers liée à l’extension du Terminal 2 est de plus de 50% à l’horizon 2030. L’augmentation corrolaire du nombre de vols est estimée à 22 000 par an selon les associations requérantes contre le projet***. Globalement, les émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien ont doublé depuis 1990 en Europe, et sont susceptibles de tripler d’ici à 2050 sans action politique d’envergure****. 

Autre artifice comptable : la sous-estimation de l’augmentation du nombre de vols, des émissions de gaz à effet de serre, et des impacts sur la santé et l’environnement induits par ces projets. Les insuffisances des études d’impact environnemental n’ont pas ainsi manqué d’être relevés par l’Autorité environnementale, notamment dans les cas du projet d’extension du Terminal 2 à Nice.

Un bon en avant technologique est-il en mesure de permettre une croissance « neutre en carbone » du secteur ? : l’aviation étant le secteur des transports dont les perspectives de transition énergétique sont les plus difficiles et incertaines, ces projets d’extension engendrent inéluctablement l’augmentation de la consommation d’énergies fossiles. Les carburants dits « avancés » ne seront ainsi disponibles qu’à hauteur de quelques pourcents de la consommation énergétique actuelle du secteur d’ici une dizaine d’années, selon les scénarios institutionnels*****. Les pourcentages les plus optimistes d’amélioration de l’efficacité énergétique des avions prévus par l’OACI sont également bien inférieurs aux prévisions d’augmentation du trafic aérien******. Enfin, les mécanismes de compensation carbone mis en place par certaines compagnies et envisagés par la réglementation internationale ne permettent pas non plus de garantir une réelle réduction des émissions*******.

Il revient donc à l’Etat, autorité administrative compétente pour autoriser les constructions et installations réalisés pour son compte ou et pour celles qui relèvent des opérations d’intérêt national, de renoncer à l’autorisation de tels projets, en concertation avec les collectivités locales et les acteurs de la société civile. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de stopper dès aujourd’hui les projets d’extension d’aéroport et d’orienter véritablement le secteur sur la trajectoire de neutralité carbone fixée par la France.

Césars : «Désormais on se lève et on se barre», par Virginie Despentes
Virginie Despentes romancière
www.liberation.fr/debats/2020/03/01/cesars-desormais-on-se-leve-et-on-se-barre_1780212

Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, les exactions de votre police, les césars, votre réforme des retraites. En prime, il vous faut le silence de victimes.
TRIBUNE. Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de 49.3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais patrons, les gros caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. Où serait le fun d’appartenir au clan des puissants s’il fallait tenir compte du consentement des dominés ? Et je ne suis certainement pas la seule à avoir envie de chialer de rage et d’impuissance depuis votre belle démonstration de force, certainement pas la seule à me sentir salie par le spectacle de votre orgie d’impunité.

Il n’y a rien de surprenant à ce que l’académie des césars élise Roman Polanski meilleur réalisateur de l’année 2020. C’est grotesque, c’est insultant, c’est ignoble, mais ce n’est pas surprenant. Quand tu confies un budget de plus de 25 millions à un mec pour faire un téléfilm, le message est dans le budget. Si la lutte contre la montée de l’antisémitisme intéressait le cinéma français, ça se verrait. Par contre, la voix des opprimés qui prennent en charge le récit de leur calvaire, on a compris que ça vous soûlait. Alors quand vous avez entendu parler de cette subtile comparaison entre la problématique d’un cinéaste chahuté par une centaine de féministes devant trois salles de cinéma et Dreyfus, victime de l’antisémitisme français de la fin du siècle dernier, vous avez sauté sur l’occasion. Vingt-cinq millions pour ce parallèle. Superbe. On applaudit les investisseurs, puisque pour rassembler un tel budget il a fallu que tout le monde joue le jeu : Gaumont Distribution, les crédits d’impôts, France 2, France 3, OCS, Canal +, la RAI… la main à la poche, et généreux, pour une fois. Vous serrez les rangs, vous défendez l’un des vôtres. Les plus puissants entendent défendre leurs prérogatives : ça fait partie de votre élégance, le viol est même ce qui fonde votre style. La loi vous couvre, les tribunaux sont votre domaine, les médias vous appartiennent. Et c’est exactement à cela que ça sert, la puissance de vos grosses fortunes : avoir le contrôle des corps déclarés subalternes. Les corps qui se taisent, qui ne racontent pas l’histoire de leur point de vue. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture – marre de se cacher, de simuler la gêne. Vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre police, ça vaut pour les césars, ça vaut pour votre réforme des retraites. C’est votre politique : exiger le silence des victimes. Ça fait partie du territoire, et s’il faut nous transmettre le message par la terreur vous ne voyez pas où est le problème. Votre jouissance morbide, avant tout. Et vous ne tolérez autour de vous que les valets les plus dociles. Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’argent qu’on célèbre, dans ces cérémonies, le cinéma on s’en fout. Le public on s’en fout. C’est votre propre puissance de frappe monétaire que vous venez aduler. C’est le gros budget que vous lui avez octroyé en signe de soutien que vous saluez – à travers lui c’est votre puissance qu’on doit respecter.

Il serait inutile et déplacé, dans un commentaire sur cette cérémonie, de séparer les corps de cis mecs aux corps de cis meufs. Je ne vois aucune différence de comportements. Il est entendu que les grands prix continuent d’être exclusivement le domaine des hommes, puisque le message de fond est : rien ne doit changer. Les choses sont très bien telles qu’elles sont. Quand Foresti se permet de quitter la fête et de se déclarer «écœurée», elle ne le fait pas en tant que meuf – elle le fait en tant qu’individu qui prend le risque de se mettre la profession à dos. Elle le fait en tant qu’individu qui n’est pas entièrement assujetti à l’industrie cinématographique, parce qu’elle sait que votre pouvoir n’ira pas jusqu’à vider ses salles. Elle est la seule à oser faire une blague sur l’éléphant au milieu de la pièce, tous les autres botteront en touche.

Pas un mot sur Polanski, pas un mot sur Adèle Haenel. On dîne tous ensemble, dans ce milieu, on connaît les mots d’ordre : ça fait des mois que vous vous agacez de ce qu’une partie du public se fasse entendre et ça fait des mois que vous souffrez de ce qu’Adèle Haenel ait pris la parole pour raconter son histoire d’enfant actrice, de son point de vue.

Alors tous les corps assis ce soir-là dans la salle sont convoqués dans un seul but : vérifier le pouvoir absolu des puissants. Et les puissants aiment les violeurs. Enfin, ceux qui leur ressemblent, ceux qui sont puissants. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. On leur trouve du talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. On les aime pour ça. Pour le courage qu’ils ont de réclamer la morbidité de leur plaisir, leur pulsion débile et systématique de destruction de l’autre, de destruction de tout ce qu’ils touchent en vérité. Votre plaisir réside dans la prédation, c’est votre seule compréhension du style. Vous savez très bien ce que vous faites quand vous défendez Polanski : vous exigez qu’on vous admire jusque dans votre délinquance. C’est cette exigence qui fait que lors de la cérémonie tous les corps sont soumis à une même loi du silence. On accuse le politiquement correct et les réseaux sociaux, comme si cette omerta datait d’hier et que c’était la faute des féministes mais ça fait des décennies que ça se goupille comme ça : pendant les cérémonies de cinéma français, on ne blague jamais avec la susceptibilité des patrons. Alors tout le monde se tait, tout le monde sourit. Si le violeur d’enfant c’était l’homme de ménage alors là pas de quartier : police, prison, déclarations tonitruantes, défense de la victime et condamnation générale. Mais si le violeur est un puissant : respect et solidarité. Ne jamais parler en public de ce qui se passe pendant les castings ni pendant les prépas ni sur les tournages ni pendant les promos. Ça se raconte, ça se sait. Tout le monde sait. C’est toujours la loi du silence qui prévaut. C’est au respect de cette consigne qu’on sélectionne les employés.

Et bien qu’on sache tout ça depuis des années, la vérité c’est qu’on est toujours surpris par l’outrecuidance du pouvoir. C’est ça qui est beau, finalement, c’est que ça marche à tous les coups, vos saletés. Ça reste humiliant de voir les participants se succéder au pupitre, que ce soit pour annoncer ou pour recevoir un prix. On s’identifie forcément – pas seulement moi qui fais partie de ce sérail mais n’importe qui regardant la cérémonie, on s’identifie et on est humilié par procuration. Tant de silence, tant de soumission, tant d’empressement dans la servitude. On se reconnaît. On a envie de crever. Parce qu’à la fin de l’exercice, on sait qu’on est tous les employés de ce grand merdier. On est humilié par procuration quand on les regarde se taire alors qu’ils savent que si Portrait de la jeune fille en feu ne reçoit aucun des grands prix de la fin, c’est uniquement parce qu’Adèle Haenel a parlé et qu’il s’agit de bien faire comprendre aux victimes qui pourraient avoir envie de raconter leur histoire qu’elles feraient bien de réfléchir avant de rompre la loi du silence. Humilié par procuration que vous ayez osé convoquer deux réalisatrices qui n’ont jamais reçu et ne recevront probablement jamais le prix de la meilleure réalisation pour remettre le prix à Roman fucking Polanski. Himself. Dans nos gueules. Vous n’avez décidément honte de rien. Vingt-cinq millions, c’est-à-dire plus de quatorze fois le budget des Misérables, et le mec n’est même pas foutu de classer son film dans le box-office des cinq films les plus vus dans l’année. Et vous le récompensez. Et vous savez très bien ce que vous faites – que l’humiliation subie par toute une partie du public qui a très bien compris le message s’étendra jusqu’au prix d’après, celui des Misérables, quand vous convoquez sur la scène les corps les plus vulnérables de la salle, ceux dont on sait qu’ils risquent leur peau au moindre contrôle de police, et que si ça manque de meufs parmi eux, on voit bien que ça ne manque pas d’intelligence et on sait qu’ils savent à quel point le lien est direct entre l’impunité du violeur célébré ce soir-là et la situation du quartier où ils vivent. Les réalisatrices qui décernent le prix de votre impunité, les réalisateurs dont le prix est taché par votre ignominie – même combat. Les uns les autres savent qu’en tant qu’employés de l’industrie du cinéma, s’ils veulent bosser demain, ils doivent se taire. Même pas une blague, même pas une vanne. Ça, c’est le spectacle des césars. Et les hasards du calendrier font que le message vaut sur tous les tableaux : trois mois de grève pour protester contre une réforme des retraites dont on ne veut pas et que vous allez faire passer en force. C’est le même message venu des mêmes milieux adressé au même peuple : «Ta gueule, tu la fermes, ton consentement tu te le carres dans ton cul, et tu souris quand tu me croises parce que je suis puissant, parce que j’ai toute la thune, parce que c’est moi le boss.»

Alors quand Adèle Haenel s’est levée, c’était le sacrilège en marche. Une employée récidiviste, qui ne se force pas à sourire quand on l’éclabousse en public, qui ne se force pas à applaudir au spectacle de sa propre humiliation. Adèle se lève comme elle s’est déjà levée pour dire voilà comment je la vois votre histoire du réalisateur et son actrice adolescente, voilà comment je l’ai vécue, voilà comment je la porte, voilà comment ça me colle à la peau. Parce que vous pouvez nous la décliner sur tous les tons, votre imbécillité de séparation entre l’homme et l’artiste – toutes les victimes de viol d’artistes savent qu’il n’y a pas de division miraculeuse entre le corps violé et le corps créateur.

On trimballe ce qu’on est et c’est tout. Venez m’expliquer comment je devrais m’y prendre pour laisser la fille violée devant la porte de mon bureau avant de me mettre à écrire, bande de bouffons.

Adèle se lève et elle se casse. Ce soir du 28 février on n’a pas appris grand-chose qu’on ignorait sur la belle industrie du cinéma français par contre on a appris comment ça se porte, la robe de soirée. A la guerrière. Comme on marche sur des talons hauts : comme si on allait démolir le bâtiment entier, comment on avance le dos droit et la nuque raidie de colère et les épaules ouvertes. La plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie – Adèle Haenel quand elle descend les escaliers pour sortir et qu’elle vous applaudit et désormais on sait comment ça marche, quelqu’un qui se casse et vous dit merde. Je donne 80% de ma bibliothèque féministe pour cette image-là. Cette leçon-là. Adèle je sais pas si je te male gaze ou si je te female gaze mais je te love gaze en boucle sur mon téléphone pour cette sortie-là. Ton corps, tes yeux, ton dos, ta voix, tes gestes tout disait : oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre respect. On se casse. Faites vos conneries entre vous. Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Nous n’avons aucun respect pour votre mascarade de respectabilité. Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d’imbéciles funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde.

Autoari nagusitasuna nola kendu
Iñaki Etxeleku
https://iparraldekohitza.eus/2020/02/21/autoari-nagusitasuna-nola-kendu

Euskal Elkargoak bere garraio plana bozkatu berri du. Mesfidantzaz hartu dute Bizi elkarteko Marion Picheryk eta LABeko Thomas Giacominik, hitzetarik obratzera alimaleko hozkak ikusi baitituzte orain arte mugikortasunen arloan.

Gisa bereko plan guzien gisan, ideia anitz lerrokatzen ditu Euskal Elkargoko garraioen sindikatuak bozkatu berri duen Lekualdatze Planak (LP). Horrek ditu finkatuko kargualdirako norabideak Ipar Euskal Herriko garraio mailan. Intentzio anitz, ele ederrez. Dena da jakitea zer obratuko den, noiz, eta zer ahalekin.

Garraio planak autoaren erabilera ttipitzea jartzen du helburu nagusi gisa. “Lehen ardatza: gutiago lekualdatu, hobeki lekualdatu. Bigarren ardatza: mugitzeko aukera denei eman. Hirugarren ardatza: erabiltzaileentzat eta erabiltzaileekin egin”. Horra beraz, Lekualdatze Plan horren ardatz nagusiak. Thomas Giacomini LAB sindikatuko trenbide langilea ez da fidatzen garraio sindikatuaren eleetan. Zerbitzu publikoak suntsitzen ari diren garai honetan, paradoxa anitz ikusten dizkio planari. “Mugitzeko aukera denei emateko, anbiziozko garraio kolektiboko politika publikoa behar da: trena, autobusa… Kalitatezko garraio plan bat zutik eman behar da, abila, eginahala bidaiari erakartzeko”.

Marion Pichery Bizi mugimenduko Autoari alternatibak taldeko arduraduna da. Paperean asmo onak ikusi dizkio sindikatuaren testuari: “Gauza anitz aski berriak dira. Kontuan hartuak izan dira azken aldietan Frantziako hiri anitzetan hartu diren bihurguneak bizikletari buruz, autoen partekatzeari buruz. Autoarekin genuen obsesiotik ateratzen ari gara”. Bizkitartean, asmo orokorrez haratago, egiazki obratuko den jakitea falta dela dio: “Arazoa da ez dakigula zuzen zer eginen duten. Adibidez, trenbideekin diote berriz nahi dutela maiztasun handiagoko erabilpenera itzuli, baina orain arte egin denaren guziz kontrakoa da; dudak ditugu zinez eginen den”. Idazkian lehentasunezkoak ez zaizkion gauzak ikusi ditu: “Gauza baikor anitz bada plan horretan; bizkitartean, batzuk ez dira urgentziazkoak, hala nola turismoaren garapenari lotuak direnak, edo auto autonomoen ingurukoak. Guretzat jokoan dena da egiazko alternatibak jartzea autoari, eraginkorrak, jendeak beste gisan ibiltzeko hautua izan dezan, zinez”. Beste puntu baikorrak ikusi ditu: txartel eta tarifikazio bakarrak; usaien neurtzea jakiteko nola egokitu; autobusen 3 eta 4 ibilbideen maiztasunak emendatzea; auto partekatzea garatzea.

Bizikletaren terrenta

Picheryk aitortu du Bizi elkarteko taldean nagusiki hirigune eremuari begira gogoetatu dutela. Ez dute oraino lan berezirik egin lurralde guzirako. Autoa hirigunean murrizteko egin denari so egiten bazaio, dioenez, elkargoak ez du jakin bururaino joaten. Trambusaren egoera adierazgarria zaio. “Gaur egun, trambusak oren bat ematen du BAM zeharkatzeko; autoaren alternatiba dela kanta dezakete, baina ez da hala”. Osoki autobusari utzi lerroak xuhurregi direlako eta autoz ibiltzeari traba gutiegi jarri zaiolako.

Bizikletaren alternatiba errepikatzen du Bizi taldeak. Sail horretan ere elkargoak hitza jan duela dio Picheryk: “Azken aldiko Lekualdatze Planak bazuen Bizikleta Plan bat atxikita, eta ez dute plan horretatik fitsik obratu; beraz, ez gara fidatzen idatzia denean. Igurikatuko dugu gauzak obratzea, gonbida gaitzatela bizikleta pista berri bat diseinatuko den kontsulta batera. Urrats ttipiak dira aldiro, baina horrela da aitzinatzen”.

Picheryk salatu du elekatu dituen hautetsi eta teknikariek ez dutela sinisten bizikletan: “Hautetsi eta teknikari anitzek hala diote oraino: ‘Ez ditugu bizikleta bideak eginen, ikusiz arras jende gutik baliatzen dutela’. Alderantziz pentsatu behar da, jende gehienak ez baitu bizikleta baliatzen segurtasunagatik. Bistakoa da lanjerosa dela bizikletaz ibiltzea BAMen”. Bizikletaren parioa egin duten hirietan beste norabidea hartu dute, egiazko eta berezko bide segurak antolatuz. Emaitza onak dituztela dio: “Anitz hiritan egina dute trantsizio hori aspaldi, eta martxan da. Danimarkan, lekualdatzeen erdiak bizikletaz egiten dituzte. Garraio molde horrek konponduko ditu lekualdatze gehienak, herritar gehienek 3 eta 6 kilometro arteko joan-jinak egiten baitituzte”.

Gizarte eredua erroan

Giacominik gogoeta urrunago darama. Gizarte eredua galdekatzen du lurralde baten antolamendua pentsatzerakoan. Sistema ekonomiko baten ondorioak ikusten ditu autoaren nagusitasunaren erroan. “Kapitalismoaren ondorio kaltegarriak ageri dira: autoarentzat egin politikak 1960ko hamarkadaz geroztik —ez bide da geldituko, ikusiz hilabetero auto mota berrien publizitateak—. Hirietako bizitegi prezioek soldatarik apalenak dituztenak haizatzen dituzte hiri inguruetara [gentrifikazioa], auto kostuak emendatuz. BAM bezalako eremuen metropolizatzea, eta horrekin zerbitzu publikoen eta saltegi ttipien desagertzea herri ttipietan”. Herritar xumeenen haizatze fenomeno honi beste ondorioa ikusten dio: “Herri ttipi horiek laborantza lurrak desagerrarazten dituzte, gero eta gehiago eraikiz. Ohetegi hiriak bilakatu dira”.

Gehiago dena, jendeari autoa gutiago erabili behar duela erratea ez zaio baitezpada beti zuzena iduritzen. “Hobendun sentiarazten zaitu. BAMetik urrun bizi denari eskatzen zaio hori. Baina ez da bateragarri lehenago aipatu egoerarekin. Gutiago lekualdatu behar dela egunero? Baina, lanarengatik, ezin da”. Non ez den egiazko alternatibarik proposatzen. Ez du kentzen gizarteari buruzko gogoeta gordina egiten duela Giacominik. Lanaren eta autoaren arteko hautua anitzentzat ezinezkoa bezala baldin bada, abusagailuetarako besterik da. “Zoritxarrez, aisialdien gizarte kapitalista bilakatuak gara. Gehienek nehondik ere ez dute erranen asteburua, bakantzak deus egin gabe iragan dituztela; erakutsi nahiaren lehia deitzen zaio horri”. Hots, bizitegien politikari hertsiki loturik ikusten du garraioena. “Mugikortasunari lotu arazoak lotuak dira lehenik etxe baten lortzeko nekeziari. Hortik dator autoaren beharra. Bizitegien politikan eragitea zailago daiteke jabetza pribatuaren premiagatik, espekulazioagatik”, trenkatu du ironiaz.

Tokiko trenbideak

Hirigune Elkargoak Donibane Garazi eta Baiona arteko garraioan egin dituen hautuetan ez dira ados LAB sindikatukoa eta Bizi elkartekoa.

Picheryk begi onez ikusi du Kanbo eta Baiona arteko trenen joan-jinen emendatzea. “Garraioen sindikatuak nahi izan du garatu tarte hori, eta diruz parte hartu du. Ongi da, tokiko erakunde bat baita. Joan-jin gehiagoren egitea aipatzen dute, eta ongi da. Segituko dugu hurbiletik, azkarki sinisten baitut trenaren garapenean”. Giacominik aspalditik salatzen du Kanbo eta Baiona arteko plan horrek Donibane Garazirainoko burdinbidearen ehorztea kukutzen duela. Tren zerbitzu publiko baten suntsitzea dela gibelean. Funtsean, Donibane Garaziko geltokian errezibitze tenoreak azkarki kendu dituzte joan den urte hondarretik; abenduaz geroztik, tren gutiago da Donibane Garazirako zatian. “Trenbide basamortua abendu erditsutik hasia da Donibane Garaziko bidean. Gaur egun, Itsasun, trena ez da gehiago gelditzen”. Argi du elkargoak eta eskualdeak deliberatua dutela duela bost urte 44 milioi euro gosta zen trenbide zati hori bere gisa uztea, autobusekin ordezkatzeko. “Zinezko kuraia politikoa Kanbo eta Baiona arteko 13. autobusa kentzea izanen zen, eta trenbide antolaketa koherente bat plantan ematea”. Funtsean, trenbide langileek proposatu zuten antolaketa bat, hautetsiek kontuan hartu ez dutena. SNCFri interesatzen ez zaizkion trenen kentzea da xedea, Giacominiren ustez, autobusak ezartzeko: “BlaBla bus batzuk, 5 euroan Baiona eta Bordele artean; trenbidea badelarik, alta”.

Pichery eta Giacomini ados dira, haatik, lurralde trenbide ttipi horien garatzeko. LABekoa konbentzitua da anitz egin daitekeela Donibane Garazi eta Baiona artekoarekin, baita Hendaiatik Baionarakoan ere. “Baiona eta Hendaia arteko autobusa kendu behar da, trena badelako”. Bizikoak ere estrategikotzat dauka itsasaldeko trenbidea: “Hendaia-Baiona ardatza biziki kargatua da etxetik lanerako bidaientzat. Nahi balute joan-jin aise gehiago ezar liezazkiokete tren horri, bizikleta tokiak gehituz; bistakoa da anitz jende balitzatekeela interesaturik”. Trenean bizikletentzako leku gehiagoren ezartzeak anitz lekutan arrakasta duela dio, praktikoa baita: “Bidaia luzeagoak egin daitezke trenez, eta gero geltokitik bizikletaz zalu-zalu heltzen ahal da helmugara”. Arazoa da eskualdeak trenak berritu dituelarik ez duela horri pentsatu. Ipar Euskal Herriko lurralde trenetan ez da bizikleta bat edo biren lekua baizik. Beste eskualde batzuetan hogei lekuko trenak jarri dituzte.

Biek diote hautetsiek ausartago behar luketela izan, urrunago joateko. Giacomini: “Mugikortasun politika anbiziodunak behar dira, herritarren egunerokoa hobetzeko zerbitzu publiko indartsu baten medioz. Autoaren nagusitasunetik ateratzeko bidea, menturaz, kasik urririk litzatekeen garraio zerbitzuan da”. Oihartzun egin dio Picheryk: “Alabaina, jendea lotua da bere autoari, erosoa baitzaio; hainbeste sartu zaigu buruan autoak erosi behar zirela autonomoak izateko. Proposatzen bazaie autobus bat, behar denean abiatzen dena eta autoa baino aise merkeago, segur naiz anitz aldatzeko prest direla”.