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Articles du Vendredi : Sélection du 31 mars 2023

La dangereuse récupération politique du GIEC
Bon Pote
https://bonpote.com/la-dangereuse-recuperation-politique-du-giec

Le rapport de synthèse du GIEC est sorti lundi 20 mars 2023 et est, comme les trois derniers, passé à la trappe médiatique. Plutôt que de revenir sur ce manque de couverture comme ce fut le cas pour les précédents rapports, revenons ici sur un autre phénomène particulièrement préoccupant : la récupération politique des travaux de synthèse du GIEC par certains acteurs.

Ce n’est pas forcément un phénomène nouveau. Dans les années qui ont précédé le 6e rapport, certaines grandes entreprises se servaient du GIEC pour justifier leur politique ou business model, principalement pour justifier leur méthode de compensation carbone. Pourquoi changer de modèle quand vous pouvez tout simplement écrire que vous allez compenser vos émissions en plantant des arbres, comme “le GIEC l’évoque” ?

Air France avait été directement épinglé par Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du 1er groupe de travail du GIEC, et avait mis à jour son site dans les 48h. Mais ici, ce sont directement des journalistes, politiques et autres comptes influents sur les réseaux sociaux qui sèment la désinformation pour servir leurs intérêts politiques et/ou financiers.

A droite comme à gauche, des politiques pas au niveau

Notre monde n’est plus celui de nos parents. Les enfants nés aujourd’hui ne connaitront jamais le monde tel que nous le connaissons. Le choix de garder une Terre habitable pour le plus grand nombre dépend des choix que nous faisons aujourd’hui.

Si aucun parti politique français d’envergure n’est aujourd’hui climatosceptique, la majorité d’entre eux sont climato-rassuristes. Ils reconnaissent que l’homme est responsable du changement climatique, mais vous diront plutôt que ce n’est pas si grave, que l’on exagère et que l’homme s’est toujours adapté, ou que la solution est technique et que l’innovation et la croissance verte vont tout solutionner.

C’est le cas David Lisnard, maire de Cannes et à la tête du parti Nouvelle Energie. Une semaine avant la sortie du rapport du GIEC, il avait multiplié les mensonges et approximations sur le plateau de Quotidien. Lors de la sortie du rapport, il a mis en avant les notions de “TECHNOLOGIE” et FINANCES” pour surmonter les problèmes climatiques, en citant Hoesung Lee, et présentant le rapport du GIEC comme un message d’espoir.

C’est un exemple de cherry-picking, procédé qui consiste à mettre uniquement les faits ou les données qui soutiennent une thèse en délaissant ou cachant celles qui la contredisent. D’après David Lisnard, la croissance verte est la solution. Comme il lui plait de parler d’idéologie, rappelons que la croissance verte est également une idéologie qui se révèle être un échec pour éviter un réchauffement mondial de +1.5°C. Mais visiblement celles et ceux qui le soulignent, y compris des scientifiques, sont des idéologues.

Des attaques sur des autrices et auteurs du GIEC

Plus inquiétant, David Lisnard lui-même et certains membres de son parti politique s’en sont pris directement à des autrices et auteurs du GIEC.

Ces attaques reproduisent les mêmes procédés que les climatosceptiques : attaquer directement les scientifiques et les discréditer, eux et/ou leurs travaux. Ici, Yamina Saheb et sa “croyance collectiviste totalitaire”, et “le GIEC est un lobby”. Des mots particulièrement injustes et infondés lorsque l’on sait les centaines d’heures de travail bénévole que les autrices et auteurs ont passé afin de synthétiser la littérature scientifique. Pour comprendre le fonctionnement du GIEC, lire cet article.

Servir son agenda politique avant tout

David Lisnard n’est pas un cas isolé lorsqu’il s’agit de se servir du dernier rapport du GIEC et de servir son agenda politique. A droite comme à gauche, nous avons pu constater le même procédé de cherry-picking.

En aucun cas le GIEC n’a dit qu’il fallait privilégier les ENR au nucléaire ou que le nucléaire n’était pas “la solution face au réchauffement climatique”.

Dans un article dédié au GIEC et au nucléaire, j’avais expliqué que le GIEC ne recommandait rien, qu’il ne faisait pas de modèles, qu’il n’était ni POUR ou CONTRE le nucléaire et que cela dépendait des modèles et hypothèses de départ, et qu’enfin et surtout, ce sont aux politiques de dire comment arriver à X ou Y type de société, en recommandant et en prenant des décisions. Pas au GIEC.

Le gouvernement a lui aussi tenté de récupérer le rapport du GIEC, notamment par le biais de Bruno Le Maire sur LinkedIn, qui a directement interpellé Thomas Wagner et Bon Pote. La réponse est claire. Malgré les promesses et discours, le gouvernement français est loin, très loin de faire ce qu’il faudrait pour respecter les engagements climatiques de la France et protéger les Françaises et Français des aléas climatiques.

L’urgence d’agir pour baisser nos émissions est au moins dans les discours un constat partagé par l’ensemble de la classe politique (mis à part Eric Zemmour et Marine Le Pen, qui n’ont par exemple jamais évoqué le GIEC dans leur communication sur Twitter, pourtant réseau social préféré des politiques).

Mais la science ne doit pas servir d’alibi pour faire perdurer le système mortifère dans lequel nous sommes. Combien de limites planétaires faudra-t-il officiellement franchir pour reconnaître que nous ne pouvons pas continuer ainsi ?

Méga-bassines, nucléaire… la désinformation en hausse depuis une semaine

Chaque actualité autour du GIEC donne lieu à une recrudescence de la désinformation autour du rapport. Il y a bien sûr les climatosceptiques qui en profitent pour exister, comme l’ont rappelé David Chavalarias et son équipe sur les antivax complotistes. Mais le plus inquiétant est l’utilisation du rapport par des journalistes et comptes influents pour justifier tout et n’importe quoi.

Le 19 mars 2023, Géraldine Woessner (journaliste au Point) attaquait Bon Pote sur LinkedIn en indiquant “qu’informer est un métier et que cela implique des méthodes et une déontologie qu’il a choisi de ne pas respecter“.

Il est certain que les méthodes de Bon Pote ne sont pas dire que “le GIEC recommande”, comme elle le fait ci-dessous.

Pour cela, il faut comprendre le fonctionnement du GIEC, lire les rapports, et/ou ne pas mentir sur son rôle. Mais que voulez-vous, c’est sûrement la très grande déontologie journalistique qui a poussé Géraldine Woessner à interviewer Sylvie Brunel pour un dossier sur l’eau sorti le 16 mars dans Le Point. Peut-on réellement donner des leçons aux autres quand on interviewe des climatosceptiques en 2023 ?

“Le GIEC recommande les méga-bassines !!”

Sujet d’actualité et particulièrement électrique, les méga-bassines ont été le sujet brûlant du week-end. Et comme à peu près tous les sujets, le GIEC a à nouveau été instrumentalisé, comme le souligne Christophe Cassou, auteur du groupe 1 du GIEC.

A nouveau, le GIEC ne fait aucune recommandation, y compris sur les méga-bassines. C’est ce que rappelle également Gonéri Le Cozannet, co-auteur du rapport du GIEC sur les conséquences du changement climatique et les stratégies d’adaptation. Il rappelle entre autres que “les bassines coûtent cher, ont des impacts environnementaux négatifs et ne seront pas suffisants partout au-delà de certains niveaux de réchauffement climatique“.

Celles et ceux qui disent “le GIEC recommande les méga-bassines” mentent et ont probablement un intérêt à le faire. Même chose pour les personnes qui citent le rapport du BRGM. Les autrices et auteurs du rapport du BRGM ont eux-mêmes réfuté les arguments des personnes qui disaient “basé sur le BRGM et donc la science, les méga-bassines dans les Deux-Sèvres est une bonne idée”.

Bien sûr, les démystifications des autrices et auteurs du GIEC feront 10 à 100 fois moins de réactions sur les réseaux sociaux que la désinformation, y compris lorsqu’elle vient de journalistes TV comme Pascal Perri sur LCI ou directement des ministres Christophe Béchu et Marc Fesneau.

Pour aller plus loin sur le sujet des méga-bassines, vous pouvez lire cet article co-écrit par Magali Reghezza et Florence Habets, et écouter l’audition de Michèle Rousseau, Présidente du BRGM.

Le mot de la fin

Si l’urgence climatique fait plutôt consensus, les moyens de lutter contre le réchauffement climatique vont probablement faire débat jusqu’à ce que le réchauffement ne soit plus une réalité.

L’un des risques principaux est l’instrumentalisation des propos des scientifiques par des politiques ou journalistes qui ont des intérêts à le faire. Le cherry-picking est de mise, bien souvent pour défendre à tort une vision biaisée sur le nucléaire ou les ENR.

Les politiques, de droite comme de gauche, devraient tout faire pour que les citoyennes et citoyens puissent vivre dans une société soutenable et juste. Comprendre que la justice sociale et climatique sont indispensables pour atteindre nos objectifs climatiques. Comprendre la responsabilité historique des émissions et comprendre que la France doit faire bien plus que ce qu’elle fait actuellement dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Aucun parti politique n’a un programme crédible pour atteindre nos objectifs climatiques. Pendant que certains pratiquent la langue de bois et le greenwashing, des milliers de Français meurent de votre inaction. Femmes et hommes politiques français, soyez à la hauteur.

Banlieues et climat : «On ne peut pas demander d’arrêter l’avion à quelqu’un qui ne l’a jamais pris»
Climat Libé Tourdossier, par Lucile Coppalle et Isabelle Veloso Vieira, étudiantes de l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine
www.liberation.fr/forums/banlieues-et-climat-on-ne-peut-pas-demander-darreter-lavion-a-quelquun-qui-ne-la-jamais-pris

En confondant l’association Banlieues climat, Féris Barkat entend sensibiliser et former les habitants des quartiers populaires aux questions liées au réchauffement climatique, que les conséquences touchent davantage que les autres populations.

Né à Strasbourg, où il habite toujours, Féris Barkat a cofondé l’association Banlieues climat en décembre pour sensibiliser les jeunes à l’urgence climatique. Invité du Climat Libé Tour, il a ouvert l’atelier «Parlement génération transition» à Paris. Nous l’avions auparavant croisé à Bordeaux lors de la première étape.

Votre association s’appelle Banlieue Climat, quelle est votre définition de la «banlieue» ?

Abdelaali El Badaoui [fondateur de l’association Banlieue santé, ndlr] donne une définition que je trouve très juste : il s’agit des lieux bannis, là où les personnes sont mises au ban de la société. Il ne s’agit donc pas uniquement des quartiers populaires en périphéries des villes, sa définition inclut aussi les espaces ruraux par exemple. Mais dans l’imaginaire collectif, les banlieues sont plutôt associées aux quartiers populaires des villes, à un entassement de tours HLM, un environnement gris, pas attractif et sans espaces verts, à l’inverse des campagnes.

Votre association comble-t-elle un manque ?

A la maison et chez beaucoup d’autres jeunes, le climat n’était pas un sujet. Donc oui, on peut dire que d’abord on comble un déficit d’accès à l’éducation, à l’engagement sur les questions écologiques. En revanche, il ne s’agit pas juste de combler le vide mais de permettre l’émergence de nouveaux discours, de nouveaux projets. Si on est d’accord pour dire que la jeunesse est différenciée et qu’on doit intégrer les classes populaires, alors pourquoi on ne diversifie pas le discours qu’on propose ? C’est chez nous qu’on est le plus vulnérables donc de fait on est légitimes. Pourtant, personne ne vient nous former, j’ai dû me débrouiller tout seul.

On a le droit à de grands discours pour dire que les classes populaires sont les bienvenues, mais est-ce que vous êtes déjà allé à une manif écolo ? On ne se sentira jamais à notre place. A part si on prend notre destin en main en créant un mouvement qui nous ressemble, que ce soit au niveau des modes d’action ou au niveau des référentiels culturels. Aujourd’hui, la rhétorique climatique dominante – efficace pour une certaine classe sociale – gravite autour de l’hyper-responsabilisation des individus, de la consommation et des petits gestes. On ne peut pas demander d’arrêter l’avion à quelqu’un qui ne l’a jamais pris de sa vie.

Pourquoi les habitants des banlieues sont-ils davantage touchés par les conséquences du réchauffement climatique ?

Les quartiers populaires sont éloignés des espaces verts, mais proches des décharges, des incinérateurs et des usines polluantes. L’accès à une alimentation de qualité est compliqué aussi.

On pourrait encore continuer longtemps mais ce qui est important, c’est de comprendre que les jeunes des quartiers sont d’emblée légitimes. Et le plus fou est qu’on a réussi à leur faire croire que ce n’était pas un sujet pour eux.

Pourquoi est-il plus difficile de développer une conscience écologique en banlieue ?

Il y a plusieurs explications possibles et je ne prétends pas parler à la place de qui que ce soit. J’ai en revanche pu identifier deux points importants. Bien sûr il y a la question du capital culturel et de la méritocratie défaillante mais le point crucial est le manque d’identification. Les activistes que j’ai pu croiser n’ont pas les mêmes centres d’intérêt que moi, les mêmes références, donc c’est compliqué de se projeter. D’où l’ambition de Banlieues Climat de mettre en avant autant que possible des jeunes différents qui peuvent totalement être passionnés par le climat.

Deuxième point, c’est le référentiel symbolique : j’aime trop le foot et le rap mais malheureusement, l’imaginaire de réussite qui tourne autour est souvent tourné vers l’accumulation matérielle. Un peu loin des limites planétaires. Mais ces barrières sont facilement surmontables avec la bonne méthode de formation.

Quels sont les objectifs de votre association ?

Pour l’instant, notre principal objectif est de dispenser nos formations sur tout le territoire. On cherche à rendre ça plus concret auprès de nos adhérents en faisant certifier nos formations par l’Etat. En attendant, on propose aussi de les former à l’animation d’ateliers dans les écoles primaires avec un projet qu’on a mis au point avec l’association TessLab : éco-liers. Notre première promo s’est déroulée dans le quartier d’Hautepierre à Strasbourg, dans les locaux de TessLab, et la deuxième promo vient d’avoir lieu à Bagnolet [Seine-Saint-Denis] dans les locaux de l’AJDB, l’Association de jeunes pour le développement à Bagnolet.

On cherche vraiment à équiper les jeunes qu’on forme – âgés de 16 à 25 ans – pour qu’il puisse ensuite professionnellement s’impliquer ; que ce soit à travers les métiers de la transition, dans le milieu associatif ou en devenant formateur. L’écologie dans les quartiers ne peut être que libératrice, tant au niveau de la compréhension du monde qu’au niveau du quotidien ou des opportunités.

Tu définis ta génération comme une «génération miracle». Pourquoi ?

«Génération miracle» est le titre d’une chanson du rappeur Kerchak. La philosophie et le rap font partie de mes passions. J’explique donc souvent le lien que je fais entre cette expression de Kerchak et la définition du miracle du philosophe David Hume. Pour ce penseur, un miracle se produit lorsque les êtres humains dérogent aux lois de la nature. Si on applique cette définition à notre époque, je pense que nous sommes inévitablement dans un moment miraculeux puisqu’on a dépassé six limites planétaires sur neuf. Mais, en même temps, ma génération a des outils incroyables pour lancer des mobilisations : le rap, les réseaux sociaux, la création de contenus sur différentes plateformes… Je pense que notre génération peut donc provoquer le miracle.

Pour ravitailler les grévistes : une alliance entre paysans, cantines collectives et salariés en lutte
Sophie Chapelle
https://basta.media/Ravitailler-les-piquets-de-greves-pour-renforcer-les-luttes-l-alliance-des-paysans-cantines-et-salaries-alimentation-prix-libre

Des produits frais et locaux sont distribués sur les piquets de grève de Touraine. Objectif : aider les salariés en lutte à tenir et favoriser les discussions entre mondes ouvrier et paysan. A la manœuvre : une cantine, La Louche finale.

Ces paniers de fruits et légumes locaux réchauffent les cœurs des grévistes, et celui de Romain Henry, paysan, qui assure la distribution aux cheminots. « Ravitailler les piquets de grève est essentiel pour construire un rapport de forces victorieux sur le terrain », estime le porte-parole de la Confédération paysanne d’Indre-et-Loire.

60 paniers de légumes, pain, pommes et fromages de brebis ont ainsi été livrés le 7 mars aux soixante grévistes du technicentre SNCF de Saint-Pierre-des-Corps, à côté de Tours.

« On organise le soutien avec un sens énorme de solidarité. Les collègues savent la valeur qu’il y a dans le panier, ça a beaucoup de sens de faire ça », ajoute l’agriculteur.

Le 14 mars, c’était au tour des gaziers en grève sur le site de Storengy à Céré-la-Ronde de bénéficier de denrées produites localement. Et le 20 mars, les grévistes de la centrale nucléaire de Chinon ont vu ainsi leur petit déjeuner offert sur le piquet de grève qu’ils tenaient.

Au cœur de cette logistique se trouve La Louche finale, une cantine de luttes créée fin 2022 en Touraine. « La Louche finale a organisé la collecte à prix coûtant des produits de nos fermes », explique Romain Henry. « On veut être un outil d’appui à des moments de luttes », précise Violette*, bénévole à la Louche finale.

Défendre un modèle paysan

La structure a un souci constant : soutenir les productrices et producteurs locaux en s’approvisionnant en priorité auprès d’eux et en les rémunérant. « Il s’agit de défendre un modèle paysan avec ce qu’on cuisine. » À chaque mobilisation depuis le 19 janvier 2023, des fermes locales d’Indre-et-Loire approvisionnent via cette cantine le mouvement social.

L’idée d’approvisionner les lieux de luttes remonte, dans la région, à 2019 lors du mouvement d’alors contre la réforme des retraites, qui voulait instaurer une retraite à points. « Les mobilisations de convergence étaient très fortes, se souvient Romain Henry. On savait qu’on ne pouvait pas quitter nos fermes, car les seules personnes qu’on allait bloquer, c’était nous-mêmes. Mais on était plusieurs collègues paysans à vouloir contribuer en approvisionnant les piquets de grève, soit en dons, soit en prix coûtant. » Avec cette conviction : « Les grandes conquêtes sociales se sont faites quand les mouvements paysans et les ouvriers ont été ensemble. Nos luttes paysannes sont les mêmes que celles des salariés, il faut s’unir. »

Si la grève prit fin en décembre 2019, la dynamique s’est poursuivie avec l’organisation d’un immense banquet populaire dans les rues de Tours. Plus de 500 repas sont alors assurés, une radio des luttes accompagne le mouvement, des conférences d’éducation populaire se multiplient ainsi que des concerts dans les rues, avec des prix libres qui alimentent les caisses de grève. Le collectif FestiLuttes en Touraine naît de cette dynamique.

« L’abandon de la réforme des retraites à points a suspendu tout cela, mais quand Macron est reparti avec cette réforme, on a embrayé directement, explique Romain Henry. On savait qu’on n’avait pas les moyens d’organiser nous-mêmes des repas, et qu’on avait besoin d’intermédiaires entre nos fermes et les lieux de luttes pour approvisionner. »

Logistique de la cuisine

C’est finalement un collectif militant, La Louche finale, qui se monte fin 2022 pour être l’intermédiaire entre les fermes et les lieux de luttes. « La Louche finale est née de la volonté d’un collectif militant à Tours d’assurer un soutien logistique pour les événements militants en s’occupant de la logistique cuisine de façon bénévole et les services de repas sur différentes manifestations et événements, explique Vince*. C’est monté en puissance grâce au mouvement contre la réforme des retraites. » « On est sur quasiment toutes les manifs qui ont lieu à Tours pour servir des soupes, des fromages, des crêpes, du pain et du café à prix libre », ajoute Violette.

La Louche finale repose sur un collectif de volontaires. « Il y a une équipe de bénévoles pour faire la cuisine la veille de l’événement et une équipe pour assurer le service le lendemain », détaille Vince. Si le collectif est très demandé pour assurer des repas, de plus en plus de manifestants se portent volontaires pour aider à la logistique. On est aussi ouverts aux dons de matériel de cuisine », précise le bénévole [1].

Distribution de paniers

La Louche finale oscille entre dons, prix libre et prix coûtant. « Ce qui est important pour nous, c’est que ce soit des prix libres pour les manifs. Les gens mettent et prennent ce qu’ils veulent », insiste Violette. Ce mode autogestionnaire a rapidement permis de générer une économie permettant à La Louche finale de s’équiper en matériel pour cuisiner, et de rémunérer les productrices et producteurs.

« L’argent supplémentaire dégagé nous a également permis d’organiser la distribution de paniers de fruits et légumes pour les gens faisant des piquets », note Vince.

Le principe ressemble à celui des Amap (associations de maintien pour l’agriculture paysanne) : « On collecte les produits chez les paysans qu’on rémunère. Parfois, les productrices et producteurs nous font un prix réduit ou militant, mais ce n’est pas obligé : on a à cœur de rémunérer les paysans pour leur travail. On distribue ensuite ces paniers individuellement à chaque gréviste. Tout cela est financé par les surplus du prix libre. »

Depuis quelques semaines, La Louche finale assure aussi des petits déjeuners sur des piquets de grève. « On sait que les meilleures discussions ont lieu près de la machine à café, remarque Romain Henry. Créer de la convivialité permet à des gens à la fin de rester et de poursuivre la lutte. On crée les possibilités pour des personnes de s’investir et de contribuer. »

*Le prénom a été modifié

 

Ura da falta dena, ala egiazko konponbideak?
Axier Lopez
https://blogak.argia.eus/begizta/2023/03/27/ura-da-falta-dena-ala-egiazko-konponbideak

Duela urte batzuk, artikulu hau ilustratzen duen argazkia nongoa den galdetuko baligute, seguruenik, gehienok erantzungo genuke “Afrikan, nonbait”. Gure begirada eurozentristaren makurra alboratu gabe, beste kontinente bateko kontu urrunak zirela ziruditen lehorteak edota desertifikazioak. Duela pare bat astekoa da argazkia, Bartzelonatik 85 kilometrora egina, Sau urtegian. Egun bere gaitasunaren %7an dago beteta, minimo historikotik oso gertu: %6,5 1990eko apirilean. Kataluniak bere historiako lehorterik handienetakoa bizi du. Bartzelonako Fabra Behatokia 1914an hasi zen erregistratzen eta ordutik 2022 eta 2021 inoizko urterik lehorrenak izan dira. 2023 ildo beretik doa.

Urrutikoak edo koiunturalak iruditzen zitzaizkigun klima-prozesu “berri” hauek nola kudeatzen ari garen ikusteko adierazgarriak dira Sau urtegian hartutako neurriak. Azken asteotan txalupa bat urtegiko arrain guztiak arrantzatzen hasi da, ondoren erraustegi batera eramateko. Operazioaren helburua urtegitik ahalik eta arrain gehien ateratzea da, oxigeno faltagatik hilez gero, ura kutsatu ez dezaten eta gizakiarentzat “erabilezin” bihur ez dadin. Konponbidea: masiboki hiltzea – hirurogei tona animalia –. Espezie inbaditzaileak dira guztiak. Eta guztiak gizakiek nahita sarrarazitakoak. Karpak adibidez, ibaietan eta lakuetan sartu zituzten kirol-arrantza sustatzeko.

Kataluniako 15 eskualde, 224 udalerri eta 5,9 milioi biztanle daude Generalitateak ezarritako salbuespen-egoeraren eraginpean. Beste askoren artean, ondorengo murrizketak ezarri dizkiete: nekazaritzarako uraren %40ko murrizketa, industriarako %15ekoa, 230 litro biztanleko eta eguneko. “Ezin zaie herritarrei murrizketarik jarri eta, aldi berean, turismoa sustatzen jarraitu makroproiektuekin, hala nola Joko Olinpikoekin, Hard Rockekin edo Prateko aireportuarekin. Zer herrialde eredu nahi dugun eztabaidatu beharrean, herrialdea salgai dagoen parke tematiko bihurtzen jarraitzen dute”, salatu du CUPek.

Aigua es vida elkarteak uraren kudeaketa eredua birpentsatzeko eskatu du, eta ohartarazi du, egungo egoera gordinetik harago, lehorteak ohikoagoak izango direla eta Katalunian “2051n %22 ur gutxiago izango dutela, eta horrek gora egingo duela”.

Argi dagoena da, Euskal Herrian ere, lehen koiunturaltzat ikusten genuena gero eta ohikoagoa bada, egiturazko arazo bihurtzen dela. Eta beraz, egiturazko konponbideak behar direla, eta ez petatxuak.

Ura, eskubide

Uraren Mundu Eguna dela eta, joan den asteazkenean abiatu zen NBEren Uraren Konferentzia, ur-baliabideak babestea eta ur eta saneamendu egokia mundu guztiaren eskura jartzea helburu. Bileran klima aldaketak eta kutsadurak areagotutako “ur gezaren krisiaz” ohartarazi zuten. NBEren kalkuluen arabera, 2.300 milioi pertsona bizi dira estres hidriko handia duten herrialdeetan, 2.000 milioi pertsona inguruk ez du ur edangarririk, eta munduko biztanleriaren ia erdiak giza hondakinak tratatzen ez dituzten saneamendu-zerbitzuak erabiltzen ditu. Ur-eskasia hirietara ere zabalduko dela aurreikusten dute: 2016an ur hornidura falta zuten 930 milioi hiritar izatetik, 2050ean 1.700 eta 2.400 milioi pertsona izatera pasako ei da.