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Articles du Vendredi : Sélection du 31 août 2012 !

La négociation sur le climat reprend dans un contexte d’urgence

Grégoire Allix
Le Monde du 30.08.2012

« Il faut une taxe climat aux frontières de l’Europe »

Propos recueillis par Hervé Kempf
Le Monde du 22.08.2012

Une conférence environnementale en gestation

Geneviève De Lacour
www.journaldelenvironnement.net/article/une-conference-environnementale-en-gestation,30505

Mercredi 22 août, l’humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles

Albelle Di Napoli
www.lemonde.fr/planete/article/2012/08/22/mercredi-22-aout-jour-du-depassement-pour-les-ressources-mondiales_1748396_3244.html

Baisse artificielle du prix de l’essence: ignorance ou mensonge ?

Benoît Thévard
www.avenir-sans-petrole.org/article-baisser-le-prix-de-l-essence-entre-demagogie-et-absurdite-109526494.html – 29.08.2012

La négociation sur le climat reprend dans un contexte d’urgence

Grégoire Allix
Le Monde du 30.08.2012

Fonte record des glaces dans l’Arctique, ouragans, sécheresses et vagues de chaleur : la reprise des négociations internationales sur le climat, jeudi 30 août, à Bangkok, se joue dans un décor planétaire inquiétant à souhait. « La grande, grande majorité des scientifiques sont d’accord sur le fait que le changement climatique devient plus intense », a martelé, dans la capitale thaïlandaise, Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Les délégations de 195 pays doivent préparer, jusqu’au 5 septembre, la conférence ministérielle prévue à Doha, au Qatar, fin novembre. Des travaux qui s’ouvrent « après le typhon meurtrier en Corée du sud et l’ouragan qui a frappé la Nouvelle-Orléans, de puissants rappels de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre », a plaidé Marlene Moses, de l’île de Nauru qui préside l’Alliance des petits Etats insulaires, particulièrement vulnérables à la montée des eaux.

« SIGNAL D’ALERTE »

L’annonce, confirmée cette semaine par plusieurs centres de recherche, d’une fonte record de la banquise de l’Arctique accroît encore le sentiment d’urgence. « C’est un indicateur très visible, palpable, du réchauffement climatique », soulignait mercredi Jean Jouzel, vice-président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évoution du climat (GIEC). « Les régions polaires servent de vigie, de signal d’alerte, c’est là qu’on peut voir en premier les signaux de phénomènes qui risquent de se développer sur l’ensemble de la planète« , précise Hervé Le Treut, spécialiste de la modélisation du climat.

La calotte glaciaire du Groenland connaît elle aussi une fonte record cet été. Jean Jouzel estime que cela devrait « nous encourager à tout mettre en oeuvre pour stabiliser notre climat », regrettant que ce ne soit pas « la route qu’on est en train de prendre ».

A Doha, la communauté internationale devra progresser vers l’adoption, prévue en 2015, d’un nouvel accord international sur le climat. Certains experts estiment pourtant que l’objectif onusien de limiter la hausse des températures à deux degrés Celsius est déjà hors de portée. « Les gouvernements ont promis de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et d’aider les pays pauvres et vulnérables à s’adapter au changement climatique », a rappelé Mme Figueres à Bangkok. « Ils savent qu’ils doivent tenir pleinement leurs promesses, intensifier leurs efforts jusqu’en 2020, et encore redoubler d’efforts après 2020. »

 

La réunion de Bangkok, bien qu’essentiellement technique, donnera une indication de la volonté des grands acteurs de cette négociation – Etats-Unis, Chine et Union européenne essentiellement – d’« intensifier leurs efforts ».

 

Parmi les principaux points de blocage, le financement du Fonds vert pour le climat, censé aider les pays pauvres à faire face au réchauffement. Aucun accord n’existe sur la manière de mobiliser les 100 milliards de dollars annuels prévus d’ici à 2020.

Les négociateurs doivent également relever le défi de rouvrir une seconde période d’engagement pour le protocole de Kyoto à partir de janvier 2013. Problème: la Chine et les Etats-Unis, les deux plus gros émetteurs mondiaux, n’en font pas partie. Et seule l’Europe semble vraiment disposée à reconduire l’expérience. La prolongation du protocole de Kyoto est pourtant considérée par les pays en développement comme une condition sine qua non pour avancer vers un accord global.

 

« Nous avons besoin de beaucoup plus d’argent pour nous adapter au réchauffement et pour réduire nos émissions », a appelé le représentant des pays les moins avancés, le Gambien Pa Ousman Jarju. « Nous ne pouvons pas accepter que ces enjeux soient reportés jusqu’à ce qu’un nouvel accord soit négocié en 2015 et appliqué en 2020″, a-t-il plaidé : « C’est maintenant que nous subissons les sécheresses, les pénuries alimentaires et le manque d’eau créés par le changement climatique. »

« Il faut une taxe climat aux frontières de l’Europe »

Propos recueillis par Hervé Kempf
Le Monde du 22.08.2012

Le comité de direction du Fonds vert pour le climat se réunit à Genève, en Suisse, à partir du 23 août. Depuis sa création officielle en 2011, à la conférence de Durban (Afrique du Sud), il vise à rassembler des sources de financement – 100 milliards de dollars (80,6 milliards d’euros) par an attendus à partir de 2020 – afin d’aider les pays en développement à mettre en oeuvre leur transition énergétique et leur adaptation au réchauffement.
Il vient s’ajouter à d’autres fonds existants, dont le principal est le Fonds pour l’environnement mondial, créé en 1991. Monique Barbut en a été la présidente de 2006 jusqu’au 1er août 2012. Experte avisée des négociations sur le climat, elle porte un diagnostic sévère sur leur évolution.

Où en sont les négociations mondiales sur le climat ?

Le résultat de la conférence de Durban, fin 2011, a été de dire qu’en 2015, on discuterait d’engagements pour 2020… Mais que va-t-on faire entre 2012 et 2020 ? On n’en sait rien. En fait, depuis Copenhague en 2009, la négociation ne porte plus sur les engagements de réduction quantitative des émissions de gaz à effet de serre, alors que c’est ce qui compte. On ne discute que sur des sujets accessoires, tels que les modalités du Fonds vert pour le climat. Le problème, c’est que dans quinze ans, nous disent les scientifiques, il n’y aura plus rien à faire pour empêcher le changement climatique, il sera trop tard.

Comment pourrait-on débloquer la situation ?

Cette négociation ne peut reprendre que si les Européens décident d’adopter des positions volontaristes. Mais pas volontaristes vis-à-vis de l’Europe, parce que les Européens ont assez donné – ils sont les seuls à avoir pris de vrais engagements et à s’y tenir – mais vis-à-vis des autres.

Que recommandez-vous ?

Une taxe climatique aux frontières, un protectionnisme environnemental. Les Européens devraient rappeler qu’ils ont décidé de réduire leurs émissions, mais qu’ils ne peuvent pas laisser dépérir leurs industries au seul profit des autres grands pays. Dès lors, ils pourraient imposer à l’entrée de l’Europe une taxe sur les produits qui, par leur processus de fabrication, contiennent plus de CO2 que ce qui est autorisé pour les produits fabriqués en Europe. On pourrait exempter de ces taxes les pays les plus pauvres, et dire par ailleurs qu’on affectera une partie des recettes à l’aide aux pays les plus pauvres ou au Fonds vert pour le climat. Mais la taxe climatique devrait être clairement posée.

 

Ne serait-ce pas un électrochoc violent ?

S’il n’y pas d’électrochoc, la négociation climat est morte. Aujourd’hui, soit on reste dans l’hypocrisie en parlant d’un engagement pour 2020, soit on affirme qu’on veut vraiment stabiliser les émissions, et dans ce cas, on met tout le monde à égalité au travers d’une démarche commerciale.

Quel effet une taxe climatique aurait-elle sur la crise économique européenne ?

D’une part, elle générerait des recettes importantes. D’autre part, elle recréerait une respiration, des possibilités d’activité, pour les productions européennes.

Pourquoi en est-on arrivé là ?

Parce que les Etats-Unis, les grands pays émergents et les pays producteurs de pétrole ont le même intérêt à ne pas aller au fond de la discussion. L’idée qui reste dominante aux Etats-Unis – défendue par George W. Bush – est que le changement climatique existe, mais que l’homme n’en est pas responsable, et que ce n’est pas en prenant des mesures sur l’activité humaine qu’on va le régler. Même si ce n’est pas la position de l’administration de Barack Obama, c’est celle du Congrès, qui bloque toute avancée.

Quant à la Chine, ses dirigeants veulent continuer leur développement à un rythme soutenu. Ils cherchent des modes de production plus économes. Mais ils ne veulent pas prendre d’engagement tant qu’ils n’auront pas ces solutions. Ils ne veulent pas se lier les mains.

Le conseil du Fonds vert pour le climat se réunit le 23 août. Est-il utile ?

Il existe plus de 200 fonds dévolus au climat, des petits, des moyens, des multilatéraux, des bilatéraux… Chacun dispose de son secrétariat et de ses procédures. C’est une déperdition de ressources, car la gestion absorbe au moins 10 % de chaque fonds. Trois structures émergent de cette galaxie : le Fonds pour l’environnement mondial, le plus important, les « Climate investment funds« , gérés par la Banque mondiale, et le Fonds d’adaptation du protocole de Kyoto. Ensemble, ils représentent 2 milliards de dollars par an. Le Fonds vert va venir les concurrencer.

Il va gérer 100 milliards de dollars par an…

Les pays en développement ont compris qu’il y aurait un flux d’aide budgétaire de 100 milliards par an. Mais pour les Etats donateurs, ces 100 milliards doivent provenir à 95 % du secteur privé : les pays devraient adopter des politiques permettant que les entreprises aient envie d’investir dans les technologies qui sont bonnes pour le climat.

C’est-à-dire ?

Beaucoup de pays pauvres subventionnent les énergies fossiles. Si l’on supprimait ces aides, l’énergie solaire deviendrait plus avantageuse. Mais les Etats s’y opposent car il faudrait que le remplacement des fossiles par les renouvelables se fasse immédiatement, sinon il se produira de graves crises sociales.

Plutôt que de créer un nouveau fonds,on pourrait en faire une espèce de conseil d’administration qui orienterait l’action des trois grands fonds déjà existants. Mais tout cela ne sert pas à grand-chose si des engagements quantitatifs de réduction des émissions ne sont pas pris. Voilà pourquoi il faut plutôt commencer par réanimer la négociation globale, en lançant la taxe climatique aux frontières.

Une conférence environnementale en gestation

Geneviève De Lacour
www.journaldelenvironnement.net/article/une-conference-environnementale-en-gestation,30505

Le Comité de suivi du Grenelle s’est réuni mercredi 29 août au ministère de l’écologie pour définir, avec les pouvoirs publics, l’ordre du jour de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre prochains. Comment cette conférence va-t-elle s’organiser? Quelle est l’atmosphère autour de la table des futures négociations?

Qu’est-ce que la conférence environnementale? Il s’agit de trois demi-journées de négociations, ouvertes par le président de la République et closes par le Premier ministre. Cinq tables rondes se tiendront en simultané: énergie, biodiversité, risques sanitaires environnementaux, fiscalité écologique et gouvernance environnementale.

Le but étant de circonscrire les questions à traiter, de fixer les actions prioritaires et les objectifs. Parmi ces tables rondes, celle sur l’énergie préparera, selon la ministre de l’écologie, le débat national sur la transition énergétique, en étudiant les modalités d’organisation, le calendrier et les thèmes du débat. Elle sera dirigée conjointement par Delphine Batho et par Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, dont les déclarations sur le nucléaire ont suscité une certaine agitation politico-médiatique. Par ailleurs, «on abordera certainement des mesures d’urgence par rapport aux énergies renouvelables», a indiqué la ministre.

«Il n’y a pas de doute à avoir ou entretenir sur la politique énergétique du gouvernement, qui a été cadrée par les engagements de campagne du président de la République», a-t-elle déclaré, suite au trouble suscité par des déclarations gouvernementales sur le nucléaire et le gaz de schiste. Elle a également affirmé, quelques jours auparavant, que Nantes avait besoin d’un nouvel aéroport.

Au cours de ce mini-sommet, comme pour la conférence sociale, il pourra y avoir des décisions très rapides du gouvernement. Sinon, on enclenchera un processus avec un agenda très précis, a précisé la ministre. Benoît Hartmann, de France Nature Environnement (FNE), évoque l’annonce potentielle, au terme de la conférence, de la création d’une prochaine agence de la nature et de la biodiversité, mais aussi des mesures sur l’efficacité énergétique ou le photovoltaïque.
De son côté, la ministre de l ’écologie a rappelé qu’il ne s’agissait pas d’un nouveau Grenelle, mais d’un engagement dans un processus annuel, dans la durée, un point de départ qui permette des changements concrets, vérifiés chaque année. «Ce ne sera pas seulement un ‘coup’ en début de quinquennat», a-t-elle souligné.

FNE s’inquiète du flou artistique autour de l’événement qui doit se tenir au Conseil économique, social et environnemental, et dont la réussite dépend de la capacité du gouvernement à lui fixer des objectifs et à s’assurer qu’elle débouchera sur des mesures concrètes, chiffrées et inscrites dans un agenda. La fédération, qui regroupe 3.000 associations, estime que les récentes déclarations d’Arnaud Montebourg sur le nucléaire, «filière d’avenir», ne posent pas les conditions d’un débat serein. «Cela donne l’impression que la place de l’atome dans le futur bouquet énergétique est déjà définie et que tout débat est inutile», explique FNE.
La fédération s’inquiète également du traitement des questions agricoles et a souhaité que des dossiers tels que celui des pesticides ou de l’irrigation ne soient pas mis sous le tapis pour éviter, à tout prix, des situations conflictuelles. Les questions d’agriculture et d’eau seront abordées lors de la table ronde Biodiversité, co-présidée par Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, Cécile Duflot, ministre du logement et Martin Lurel, ministre des Outre-mer.

FNE estime que la question de la préservation de la ressource en eau mérite une attention particulière dans un contexte de réchauffement climatique.

 
Greenpeace est encore plus critique. Après les déclarations gouvernementales sur le gaz de schiste et sur le nucléaire, l’ONG s’interroge sur la crédibilité de cette conférence et sur l’intérêt d’y participer.

Plusieurs participants se sont réjouis que le problème des pesticides soit partagé entre la table ronde Biodiversité et celle sur la santé environnementale, alors qu’initialement le gouvernement voulait les traiter seulement dans le cadre de la biodiversité. Le débat sur la santé environnementale sera mené conjointement par Marisol Touraine, ministre de la santé et Geneviève Fioraso, ministre de la recherche.

«Au chapitre de la santé environnementale, on a demandé de rajouter les problèmes des perturbateurs endocriniens et de la pollution de l’air», commente Nadir Saïfi, du Rassemblement pour la planète. Selon Benoît Hartmann, on devrait aussi parler des lignes à très haute tension.

«Gaz de schiste, aéroport de Notre-Dame-des-Landes, nucléaire, on a fait savoir notre mauvaise humeur, mais on jouera la construction avec des propositions réalistes», a déclaré François Veillerette, porte-parole de Générations futures.
S’il constate encore du flou sur les objectifs, Benoît Hartmann se dit rassuré par les sujets abordés. Il s’agissait des thématiques prioritaires fixées par l’appel des 3.000 (voir JDLE). «On parlera du nucléaire et des gaz de schiste, il n’y aura pas de sujets tabous, c’est tant mieux», a-t-il déclaré.

Jean-Vincent Placé, président du groupe Europe-Ecologie-les Verts au Sénat, a demandé, ce 30 août, qu’un calendrier de fermeture de Fessenheim soit fixé lors de la conférence environnementale. Sur LCI, l’élu de l’Essonne a lancé: «Je le dis ce matin très solennellement: j’attends de la conférence environnementale convoquée pour les 14 et 15 septembre qu’on me dise le calendrier de fermeture de Fessenheim». Il souhaite que cette fermeture qui est l’un des engagements de François Hollande soit rapide. Et le sénateur écologiste de demander que, concernant les gaz de schiste, ce qui a été dit pendant la campagne soit respecté. «C’était une proposition de loi de Jean-Marc Ayrault, [alors] dans l’opposition, de dire qu’il n’y aurait pas de gaz de schiste; je voudrais que cela soit bien confirmé par la majorité.»

Autre point de crispation: les modalités de gouvernance de cette conférence ne sont pas encore fixées. Le WWF France critique le modèle proposé hier aux associations, qui est calqué sur celui de la conférence sociale et non sur celui du Grenelle. L’ONG dans un communiqué explique: «Le Grenelle de l’environnement semble bien loin puisque l’on peut déjà noter une régression en termes de représentation des ONG. Alors qu’un représentant était accompagné de deux experts lors des tables rondes de 2007, le gouvernement propose aujourd’hui un seul représentant par association et par table ronde». Ce qui n’a pas manqué d’alimenter des discussions entre les parties pendant plus de deux heures, les ONG argumentant afin d’obtenir la présence d’un représentant accompagné d’un expert, les pouvoirs publics restant sur leur position pour l’instant. Il semblerait que la proposition de limiter l’accès aux débats soit liée à des raisons… logistiques!

François Hollande avait évoqué, au cours de sa campagne, une conférence environnementale avec un collège supplémentaire composé de parlementaires. Sur twitter, l’eurodéputée EELV Sandrine Bélier s’est réjouie d’une participation des euro-députés à la conférence de septembre: «C’est une bonne nouvelle… L’invitation est arrivée hier et il y en aura cinq sur la base de la répartition suivante: deux UMP, un PS, un EELV et un Modem». Avant de compléter: «Qui pour les euro-députés EELV ne manquant pas de compétences et d’idées? C’est ce qu’on va tenter de préciser la semaine prochaine entre nous…»

Enfin, la table ronde sur la fiscalité écologique sera co-présidée par Benoît Hamon, ministre délégué à l’économie sociale et solidaire et Pierre Moscovici, ministre de l’économie. Quant au débat sur la gouvernance environnementale, il sera mené conjointement par Michel Sapin, ministre du travail, Frédéric Cuvillier, ministre du transport et Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l’Etat. Des questions de gouvernance qui devront en effet être abordées dans le cadre de la réforme de la décentralisation.

Mercredi 22 août, l’humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles

Albelle Di Napoli
www.lemonde.fr/planete/article/2012/08/22/mercredi-22-aout-jour-du-depassement-pour-les-ressources-mondiales_1748396_3244.html

Mauvaise nouvelle pour la planète. Cette année, il n’aura fallu que 234 jours à l’humanité pour consommer toutes les ressources naturelles que la Terre peut produire en un an. Nous avons atteint, mercredi 22 août, le « Global Overshoot Day« , le « jour du dépassement ». En d’autres termes, nous vivrons à crédit jusqu’à la fin de l’année.
« L’heure du bilan a sonné », estime l’organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), qui calcule chaque année cette empreinte écologique. Le processus d’épuisement des ressources naturelles s’accélère : le « jour du dépassement » intervient cette année trente-six jours plus tôt qu’en 2011. En 2005, la limite fut atteinte un 20 octobre ; en 2000, c’était un 1er novembre.

Depuis 2003, les experts de GFN évaluent la quantité de ressources à travers le monde et la manière dont elles sont gérées. Avec pour unité de mesure l’hectare global (hag), la méthode consiste à comparer cette « biocapacité » à la consommation réelle de chaque pays.

UNE SEULE PLANÈTE NE SUFFIT PLUS

Cette année, leur système de calcul a été affiné et a permis de publier de nouveaux chiffres, plus précis, pour les cinquante dernières années. Le résultat ? « Un déficit écologique qui se creuse de manière exponentielle depuis cinquante ans », constate Mathis Wackernagel, fondateur de GFN.

Une seule planète ne suffit plus pour subvenir à nos besoins et absorber nos déchets. Désormais les besoins de l’humanité dépassent de 50 % les ressources disponibles, lesquelles ont quasiment diminué de moitié depuis 1961.

Rappelant que les risques de pollution (chimique, radioactive, etc.) ne sont pas comptabilisés dans cette étude, le président de GFN prévient : « La dégradation des milieux naturels se traduit inévitablement par une baisse des surfaces productives et notre dette, qui s’alourdit, condamne aux dépens les générations futures. »

En 2008 (les données pour les années suivantes ne sont pas encore traitées), l’empreinte écologique de l’humanité s’élevait à 2,7 hag par habitant pour une capacité limite de 1,8 hag/hab. Principaux responsables du déficit, les rejets de dioxyde de carbone constituent 55 % de l’empreinte écologique mondiale. Le reste revient à l’exploitation des milieux naturels.

PRESSION DISPROPORTIONNÉE

La pression des pays riches est disproportionnée. En tête du classement, le Qatar a fini par dépasser le Koweït et les Emirats arabes unis, avec une consommation de 11,68 hag/hab. Il faudrait cinq planètes uniquement pour absorber la production qatarie de C02.

Au total, sur les 149 pays observés, 60 sont responsables de la dette. En 23e position, figure la France, dont la biocapacité a reculé de 20 % entre 2005 et 2008. Désormais, ses besoins dépassent de 70 % les ressources disponibles. C’est bien au-delà de la moyenne mondiale. Le déficit s’est creusé très vite : le score hexagonal s’élevait à 44 % en 1995, à 54 % en 2005.

Excédentaire, la Chine se place au 73e rang du classement. Le géant asiatique est le premier émetteur mondial de gaz carbonique par tonne métrique, mais son empreinte écologique est relativisée une fois rapportée au nombre d’habitants.

Le rapport de 2012 sur l’état de la planète, mené conjointement avec l’ONG WWF, complète ces résultats. Entre 1970 et 2008, la biodiversité a chuté de 30 % à l’échelle du globe, et les chercheurs estiment qu’au moins 0,01 % des espèces vivantes disparaissent chaque année. Le chiffre correspond aux dernières estimations de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Il existerait sur Terre entre 15 et 20 millions d’espèces animales et végétales. Parmi elles, 19 817 sont en train de disparaître », témoigne Florian Kirchner, chargé de programme sur l’extinction des espèces.

Pour M. Wackernagel, ni l’austérité ni la croissance n’éviteront la faillite du système, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie. « Car la tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre. »

Baisse artificielle du prix de l’essence: ignorance ou mensonge ?

Benoît Thévard
www.avenir-sans-petrole.org/article-baisser-le-prix-de-l-essence-entre-demagogie-et-absurdite-109526494.html – 29.08.2012

Malgré tous les efforts de la sphère médiatique pour endormir la population avec des informations insignifiantes, les vacances n’ont pas empêché les consommateurs de constater la reprise de la hausse du prix des carburants. Il faut dire que le portefeuille, lui, ne prend pas de vacances !

Un prix qui monte, qui monte, qui monte …

Alors que le prix du Brent a augmenté de 25 dollars en deux mois, passant de 90 à 115$/baril, l’actualité internationale est loin de rassurer les marchés.

Au Venezuela, une des plus grosses raffineries du monde était en feu depuis quatre jours après une explosion. On dénombre 48 morts et des dégâts très importants. La capacité de cet immense site est d’environ 1 Mb/j soit 1,1% de la capacité mondiale.

Dans le golfe du Mexique, 93% de la production de pétrole soit 1,3 Mb/j et 67% de la production de gaz ont été stoppées et les travailleurs évacués de 49 sites en prévisions du passage de l’ouragan Isaac. De plus, six raffineries d’une capacité totale de 1,3 Mb/j ont été fermées en Louisiane pour la même raison. Dans ces circonstances, il est d’ailleurs fort probable que les Etats-Unis utilisent leurs réserves stratégiques (722 Mb stockés dans le golfe du Mexique) pour soulager un peu la tension sur les prix de l’énergie.

Enfin, l’euro ne cesse de baisser face au dollar depuis un an, en passant de 1,45$ à 1,25$, ce qui ne manque pas d’alourdir la facture pétrolière des pays de la zone euro. En effet, le pétrole étant coté en dollars, la facture des consommateurs européens augmente d’autant plus que l’euro est en baisse. Cette situation avait d’ailleurs été protectrice en 2008, puisque l’euro était très fort et l’impact de la hausse des cours du pétrole a pu être mieux amorti chez nous.

Bref, faut-il le répéter, le prix du pétrole sera élevé, sauf crash économique majeur qui ferait baisser la consommation mondiale (ce qui ne manquera pas d’arriver un jour ou l’autre, étant donné le contexte).

Le pansement sur la jambe de bois

Face à cette situation, voici que le gouvernement français nous annonce une baisse de 0,06€/L d’essence dont la moitié serait prise en charge par l’Etat (manque à gagner de 300 M€) et l’autre par les pétroliers. Pour le consommateur, cela représente une économie moyenne de 72€/an. Au-delà de l’aspect marginal et populiste d’une telle proposition politique, je m’interroge sur l’ignorance ou l’aveuglement des décideurs. L’idée est de s’appuyer sur l’article L 410-2 du code du commerce qui permet de réguler les prix en cas de « situation exceptionnelle » pour instaurer un blocage temporaire.

Nous pouvons raisonnablement nous demander si les hautes responsabilités ne provoqueraient pas des troubles de la perception, qui conduiraient à qualifier d’exceptionnel un prix de 100$/baril, alors que le Brent est à 90$/baril en moyenne depuis 2007 et 104$/baril depuis 2010. Si une situation de cinq années est exceptionnelle, que dire de la durée d’un mandat présidentiel ?

Quant au cours de l’Euro, nous avons rejoint le niveau de juin 2010 et de mars 2009, mais là aussi, les perspectives de l’économie européenne étant ce qu’elles sont, je ne vois pas ce qu’il y a d’exceptionnel.

De la folie de ceux qui veulent que le prix monte

Donc, selon les sondages, 88% de la population serait pour une baisse des prix de l’essence. Mais qui sont donc les 12% restants qui aiment payer plus ? Peut-être des écolo-catastropho-pessimistes qui aiment payer plus cher les légumes bio et qui font du vélo même quand il pleut ? Ou alors simplement des gens qui pensent que le pétrole, non seulement va être durablement cher, mais va devenir de moins en moins disponible, surtout pour les pays comme le nôtre qui n’en ont pas du tout.

Alors, ces gens bizarres doivent se dire qu’un pétrole dont on baisse le prix ne permet pas l’adaptation de la société, que si nos voitures consomment moins que celles des américains, c’est parce que notre essence est plus taxée, que si l’étalement des villes est si important aux Etats-Unis, c’est parce que l’urbanisation y est basée sur une essence quasiment gratuite.

Probablement qu’ils ont fait le constat que l’essence est de plus en plus chère, mais ils ne croient visiblement pas aux miracles, comme par exemple le remplacement de 32 millions de voitures françaises par des voitures électriques (dont on ne sait ni comment les alimenter, ni avec quoi fabriquer les batteries qu’il faut changer tous les 5-10 ans, ni avec quel argent les acheter). D’ailleurs, le prix de l’électricité augmente lui aussi, bizarrement … tout comme celui du gaz ! Ils ne croient pas non plus que l’on puisse remplacer les camions, les tracteurs et les avions qui fournissent notre alimentation quotidienne.

Bref, ils doivent sûrement se dire qu’il faut changer maintenant d’organisation, plutôt que gaspiller des centaines de millions d’euros pour que les français économisent 72€/an et se retrouver au pied du mur dans les semaines/mois qui viennent.

Le plus bizarre chez ces marginaux, c’est qu’ils ne croient pas qu’une situation qui dure depuis plus de cinq ans soit exceptionnelle. Ils seraient même assez fous pour penser l’inverse, c’est à dire que les périodes de baisse ne pourront pas durer. Ils doivent sûrement penser que les responsables politiques ont une réelle volonté de tromper la population, en faisant croire que tout cela est passager, qu’il suffit de serrer les fesses et que tout va bien se passer quand la croissance va repartir. Ou bien peut être qu’ils les pensent incompétents, tout simplement.

Non vraiment, cette petite minorité ferait mieux de se taire, d’autant plus que les publications affirment que nous ne manquerons pas de pétrole dans les années qui viennent. D’ailleurs, nous n’en avons jamais eu autant parait-il ! Quoi ? On ne vous a pas dit ? Et bien oui, plus on puise dans un stock et plus on a de réserves, c’est la magie des chiffres, la prestidigitation des organisations mondiales et des compagnies pétrolières.

Les rapports et articles se succèdent ces dernières semaines, publications de marchands de doutes pour expliquer le formidable boom de l’industrie pétrolière. Ils ne comprennent pas que lorsqu’un enfant ne veut pas dormir, il ne sert a rien de hurler la berceuse!

Par ailleurs, ils n’expliquent pas que les investissements nécessaires sont immenses, que les risques technologiques et les impacts environnementaux augmentent de manière exponentielle, que la situation géopolitique est exécrable et que les économies sont surendettées, pour ne pas dire ruinées, incapables d’assumer un pétrole deux fois plus cher. Alors, la production miraculeuse ne viendra pas, car la croissance des économies occidentales est morte et incapable d’apporter les milliers de milliards nécessaires pour continuer à aller travailler tous les matins à 100 km de chez soi ou à prendre la voiture pour aller acheter le pain au bout de la rue. Le gouvernement américain essaye bien de sauver la face en manipulant les chiffres de l’inflation, mais en réalité, son économie est en récession depuis plus de 10 ans. Qu’en est-il de l’économie européenne ?

La croissance n’est plus et notre Président ferait bien de ne pas gaspiller les précieux millions que nous pouvons encore dépenser, pour les utiliser dans un vaste chantier de préparation de l’après pétrole.

Vous l’avez compris, je fais partie des 12% et je pense que la baisse artificielle et provisoire du prix de l’essence est absurde car elle ne s’accompagne pas d’une profonde mutation de notre économie. C’est un immense challenge pour tout le monde, mais plus les gouvernements s’entêteront à sauver la face d’une économie moribonde, plus ils aggraveront la situation et priveront la population des moyens de réaliser le changement (le VRAI changement)!