Bizi !

Articles du Vendredi : Sélection du 30 novembre 2018


Climat : ce rapport américain alarmant qui corrige Donald Trump
Nicolas RAULINE
www.lesechos.fr/amp/39/2224439.php

Selon le document, publié par 13 agences gouvernementales, la hausse des températures devrait coûter des centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis et toucher tous les secteurs.

Donald Trump n’est toujours pas convaincu par le réchauffement climatique, mais une partie de son administration l’est. Un rapport du gouvernement américain affirme que les dommages faits à l’environnement pourraient faire des milliers de victimes et coûter plusieurs centaines de milliards de dollars à l’économie du pays. Plus de 10 % du PIB d’ici à la fin du siècle, dans le pire des scenarii.

Cette semaine, le président américain ironisait  de nouveau sur Twitter : « La violente vague de froid devrait battre tous les records. Qu’est-il arrivé au réchauffement climatique ? » Le rapport devait être publié en décembre, mais il est finalement sorti vendredi, jour du Black Friday, alors qu’une grande partie des Américains était en week-end, pour Thanksgiving…

Le  document de 1.000 pages a pourtant été mis au point par treize agences fédérales, sous la direction du Programme de Recherche américain sur le changement climatique. Un millier de personnes y ont participé, dont 300 scientifiques. C’est le second volet d’une étude dont la première partie avait été publiée il y a un an.

Une accélération du réchauffement

« La température moyenne mondiale est plus élevée et augmente plus rapidement qu’à n’importe quelle autre époque dans nos civilisations modernes, et cette tendance au réchauffement ne peut être expliquée que par les activités humaines », a indiqué David Easterling, directeur technique des Centres Nationaux pour l’information environnementale, l’une des agences qui travaillé sur le sujet. Les Etats-Unis connaissent déjà des températures plus élevées d’un degré Celsius en moyenne qu’il y a 100 ans. La tendance pourrait s’accélérer et les températures encore augmenter de près de 1,3 degré Celsius d’ici à 2050.

Le rapport évalue les pertes économiques à plusieurs centaines de milliards de dollars pour le pays. Le réchauffement climatique pourrait détruire 155 milliards de dollars en travail d’ici à 2090, qui viennent s’ajouter aux 141 milliards dus aux morts (2.000 supplémentaires par an en moyenne) qu’il engendrerait et aux 118 milliards de dégâts sur les propriétés, en particuliers sur les côtes.

Des effets à court terme

Selon le rapport, l’agriculture est le secteur qui souffrira le plus du réchauffement climatique : les récoltes vont décliner dans tout le pays en raison des températures plus élevées, de la sécheresse et des inondations. Les chercheurs donnent des évaluations précises : dans le Midwest, la région qui sera le plus touchée par le réchauffement, les fermiers pourraient voir leurs récoltes de maïs chuter, à moins de 75 % du niveau actuel. Le Sud pourrait, lui, perdre 25 % de sa production de soja.

L’impact pourrait être significatif à court terme : la production de lait devrait chuter en moyenne de 0,6 % à 1,35 % dans les douze prochaines années, dans le pays. L’acidification des océans a déjà entraîné la disparition de certaines espèces. En Floride, l’état d’urgence a ainsi été décrété en août en raison de la présence d’une algue dévastatrice. Les incendies, comme  ceux qui ravagent la Californie depuis plusieurs semaines , pourraient être de plus en plus fréquents et détruire six fois plus de zones forestières par an, d’ici à 2050. Enfin, l’impact sur la santé sera important, avec la hausse de cas de Zika, de dengue ou de chikungunya, et des maladies respiratoires.

Le réchauffement climatique constitue une menace majeure pour la santé humaine
Alexandre-Reza Kokabi
https://reporterre.net/Le-rechauffement-climatique-constitue-une-menace-majeure-pour-la-sante-humaine

Les hausses de température provoquées par le changement climatique ont d’ores et déjà des effets directs sur notre santé. Chocs cardiovasculaires liés aux canicules, propagation de virus, pénuries alimentaires pourraient se multiplier. Mais nos systèmes de soins ne semblent pas du tout prêts à faire face.  COP24 — Pendant trois semaines, Reporterre devient « le quotidien du climat ». Tous les jours, à partir du 26 novembre, une enquête ou un reportage sur ce phénomène qui commence à bouleverser la vie de l’humanité et définit son avenir. Tous nos articles sont à retrouver ici !

La revue médicale The Lancet publie, ce jeudi 29 novembre, la deuxième édition de son rapport Lancet Countdown dédié aux aspects sanitaires du changement climatique. Fruit d’une collaboration entre 27 institutions universitaires, agences onusiennes et intergouvernementales de tous les continents, ce document révèle le risque « inadmissible » pesant sur la santé actuelle et future des populations du monde entier, en raison du changement climatique.

Dans toutes les régions du globe, l’exposition aux chaleurs extrêmes ne cesse d’augmenter depuis le début des années 1990. En 2017, 157 millions de personnes supplémentaires étaient exposées aux évènements caniculaires par rapport à la moyenne de 1986-2005. Depuis le début des années 2000, nous subissons en moyenne 1,4 jour de canicule supplémentaire par an. Les personnes âgées vivant en ville et les travailleurs en extérieur subissent le plus durement ces bouleversements.

Deuxième édition du « Compte à rebours du Lancet »

« Les coups de chaleur peuvent provoquer des chocs cardiovasculaires voire, associés à la pollution, de graves problèmes respiratoires, explique Emmanuel Drouet, enseignant-chercheur à l’Institut de biologie structurale de Grenoble. La référence en matière de canicule, c’est l’été 2003. Il y a quand même eu 70.000 décès en Europe. »

153 milliards d’heures de travail perdues en raison de la chaleur

En 2017, 153 milliards d’heures de travail ont été perdues en raison des fortes chaleurs, dont 80 % rien que dans l’agriculture. Ce secteur socle de la sécurité alimentaire mondiale est très affecté par la hausse des températures : le rapport montre une diminution du rendement des récoltes dans toutes les régions du globe, « également entretenue par l’élévation du niveau des mers ou les évènements extrêmes, qui fragilisent encore plus les terrains agricoles », précise Emmanuel Drouet.

Ces variations des températures et des précipitations favorisent aussi le décuplement de populations d’insectes vecteurs de virus comme la dengue ou le paludisme. En 2016, le potentiel de transmission mondiale de la dengue, une fièvre hémorragique, a atteint son plus haut niveau.

« Le changement climatique rend tout à fait possible une épidémie de dengue en France métropolitaine, pense Emmanuel Drouet. La présence des moustiques vecteurs dépend de la chaleur et de l’humidité et selon les scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Europe pourrait parfaitement présenter les conditions de leur prolifération. Ils sont d’ailleurs déjà là, s’adaptent extrêmement vite et je suis sûr que nous trouverons des moustiques tigres à Paris dans peu de temps. »

Schéma des effets du changement climatique sur la santé

Malgré la gravité de ces signaux d’alerte, le Lancet Countdown constate une inaction mondiale en matière d’adaptation des systèmes de santé à la hausse des températures. Les dépenses consacrées à l’adaptation aux changements climatiques restent inférieures aux 100 milliards de dollars promis chaque année en vertu de l’Accord de Paris. Moins de 4 % des dépenses totales pour le développement sont consacrées à la santé humaine. Les chantiers ne manquent pourtant pas : près de la moitié des pays africains ne satisfont pas aux exigences fondamentales des réglementations de santé internationales en matière de préparation à une urgence de santé publique.

« En 2050, les canicules à 45°C seront certainement annuelles en Europe »

Le rapport n’est guère plus encourageant quant à l’atténuation du changement climatique à travers la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Un tiers de la population mondiale vit sans accès à des combustibles ou à des technologies propres, durables et sans danger pour la santé. En parallèle, le nombre de personnes employées dans le monde par les secteurs liés à l’extraction de combustibles fossiles a augmenté de 8 % entre 2016 et 2017. Et dans le secteur des transports, la consommation mondiale de carburant par habitant liée au transport routier a augmenté de 2 % entre 2013 et 2015. Résultat : les habitants de plus de 90 % des villes respirent un air pollué, toxique pour leur santé cardiovasculaire et respiratoire, en plus de contribuer aux émissions à effet de serre.

« Vu notre trajectoire, les climatologues sont désormais assez certains qu’à l’horizon 2030-2050, les canicules à 45°C seront pratiquement annuelles en Europe, dit Emmanuel Drouet. Et la physiologie humaine n’est pas adaptée à ces périodes ultra-chaudes qui se profilent. Tout humain sera vulnérable, pas seulement les personnes âgées ou les petits enfants. »

Selon l’étude proposée par la revue The Lancet, plus de la moitié des villes interrogées prévoient que le changement climatique compromettra sérieusement leurs infrastructure de santé, ébranlées par des conditions météorologiques extrêmes ou par un afflux de patients trop important pour la capacité d’accueil des services existants.

« Si un gros effort d’atténuation n’est pas entrepris, il va arriver un moment donné où l’adaptation des systèmes de santé à ces coups de chaleur ne sera plus possible, déplore Emmanuel Drouet. La seule attitude responsable, désormais, c’est un changement radical de nos modèles économiques et de nos modes de vie en société. C’est devenu une question de vie ou de mort, pour l’humain comme pour la biodiversité dont sa santé dépend très directement. »

Le littoral basque à l’épreuve du risque climatique
Anaiz Aguirre Olhagaray
https://mediabask.naiz.eus/fr/info_mbsk/20181108/le-littoral-basque-anticipe-le-risque-climatique

Six experts ont donné une conférence à Biarritz le 26 octobre dernier dans le cadre du passage du Train du Climat. Le Pays Basque Nord, fortement urbanisé et artificialisé, doit s’adapter à des phénomènes qui deviendront récurrents : érosion, submersion, pluviométrie intense.

« Il va falloir acquérir une culture du risque dans l’aménagement ». Véronique Mabrut, de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, n’y va pas par quatre chemins. Ce 26 octobre au Casino municipal de Biarritz, dans le cadre de la tournée régionale du Train du Climat (co-organisée par le comité scientifique AcclimaTerra et soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine), six conférenciers ont présenté de façon très claire les modifications du climat à l’échelle du littoral basque : Iker Castège, directeur du Centre de la mer (Biarritz), Stéphane Abadie, directeur du laboratoire de recherche Siame à l’antenne d’Anglet de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), Caroline Sarrade, directrice du Littoral à la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB), Véronique Mabrut (Agence de l’eau Adour-Garonne), Marie Bareille de l’Institution Adour et Nicolas Rocle, chercheur-sociologue à l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture).

Souvent méconnue, la biodiversité marine du Pays Basque est « exceptionnelle », présente Iker Castège. On rencontre au large de nos côtes 50 espèces d’oiseaux marins, 21 espèces de cétacés (un quart des espèces mondiales y sont présentes) et pas moins de 600 espèces de poissons. La diversité de milieux du littoral basque fait sa force, mais aussi sa faiblesse, car elle le rend plus vulnérable aux évolutions du climat. Ce qui, note Iker Castège, a des impacts socio-économiques directs. Du fait du réchauffement de l’océan, les planctons prolifèrent, menaçant par exemple la conchyliculture (l’élevage des coquillages) dont 1 100 entreprises tirent leur gagne-pain en Nouvelle-Aquitaine. Une solution pour protéger cette richesse naturelle serait de créer une « aire marine protégée ».

Difficile pour Stéphane Abadie, qui étudie les modifications physiques du littoral, de dire exactement dans quelles proportions s’élèvera le niveau des océans. Il se souvient que l’hiver 2013-2014, la hauteur des vagues était « tout le temps » de quatre mètres et qu’elles étaient d’une puissance énergétique inouïe. « On pense qu’il y aura moins d’ouragans, mais plus intenses », avance-t-il. Il constate que la « période de retour » (le temps écoulé entre deux évènements naturels) est toujours plus courte. Autrement dit, il va falloir s’habituer aux vagues géantes et aux tempêtes hivernales. Variabilité naturelle du climat ou conséquences de son dérèglement ? « On n’est pas sûr, mais on a une forte présomption que ce sont bien les premiers signes du changement climatique ». Les communes littorales sont bien sûr les plus vulnérables. Problème : la population augmente de plus en plus, précisément sur la côte…

Aménager en tenant compte du risque

A la CAPB, une stratégie de gestion des risques littoraux est déjà sur les rails. L’Agglo a élaboré une feuille de route à l’horizon 2040, avec un programme d’actions. 25 millions d’euros sont déjà consacrés à la phase de pré-programme, qui couvre la période 2017-2021. L’objectif est de gérer la double problématique de l’érosion et de la submersion, en « renaturant » les plages, comme c’est déjà à l’étude à la plage d’Erretegia de Bidart, à celle de Bidart-Centre. La renaturation consiste à « enlever les enrochements en pied de plage, laisser l’océan pénétrer et laisser la place à la végétation, afin qu’elle puisse capter l’eau de pluie » explique Caroline Sarrade, directrice du Littoral à la CAPB.

A Saint-Jean-de-Luz, beaucoup de campings donnent directement sur la mer. « Des négociations sont en cours pour leur trouver du foncier plus en amont du littoral, afin de leur permettre de relocaliser leur activité » détaille-t-elle. Le tourisme impacté, et c’est tout un secteur, sur lequel repose en grande partie le modèle économique de notre territoire, qui se fragilise… de quoi donner à réfléchir aux professionels du métier comme aux élus en charge de l’aménagement territorial.

Justement, Caroline Sarrade souligne l’importance d’intégrer ces risques dans les plans locaux d’urbanisme, « pour informer la population et la préparer ». Elle suggère également de développer des outils de prévision des aléas climatiques, comme le projet transfrontalier Marea (Modélisation et aide à la décision face aux risques côtiers en Euskal Atlantique) en partenariat avec l’UPPA et la CAPB.

En s’appuyant sur les études statistiques de Météo France, l’Agglo surveille également de près la pluviométrie, qui connaît d’importants changements impactant directement la qualité de l’eau et les systèmes d’assainissement.

Zones humides à défendre

Pour Véronique Mabrut de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, à cause du réchauffement climatique la pluviométrie sera peut-être moins importante, de l’ordre de moins 15 %. En revanche, elle sera répartie différemment. Ce qui est certain rassure-t-elle, c’est que côté températures, le littoral basque sera privilégié : il fera moins chaud à Bayonne que dans le reste du bassin Adour-Garonne. Pour autant, des problématiques sérieuses se posent à notre territoire, du fait de son extrême urbanisation et artificialisation. La densité de population sur le littoral est de 500 habitants par km², « voire plus », et la population va encore croître dans les 20 à 30 prochaines années.

Il faut donc d’urgence changer de modèle d’aménagement, d’agriculture, « en retenant l’eau à la parcelle, en limitant l’érosion, en améliorant la fonctionnalité des cours d’eau et en maintenant les zones humides ». Dans l’Etat français, 50 % des zones humides ont disparu au cours du siècle dernier, alors qu’il coûterait cinq fois moins cher de les protéger que de compenser la perte des services qu’elles nous rendent gratuitement, selon l’Agence de l’eau.

Nicolas Hulot : «Combiner les problèmes de fin de mois et de fin du monde»
Coralie Schaub
www.liberation.fr/france/2018/11/23/nicolas-hulot-combiner-les-problemes-de-fin-de-mois-et-de-fin-du-monde_1693737

Lors de son retour médiatique jeudi soir sur France 2, l’ex-ministre de la Transition écologique, calme et souvent convaincant, a martelé les mots «solidarité» et «rassemblement», cherchant à réconcilier écologie et social.

Prendre de la hauteur. Ne pas «ajouter de la division à la division». Mais au contraire dialoguer, rassembler, réfléchir ensemble aux solutions à apporter aux crises écologiques et sociales. Le retour médiatique de Nicolas Hulot, trois mois après sa démission fracassante du gouvernement, avait été prévu de longue date, avant la bronca des «gilets jaunes». L’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire avait envie de dire aux Français qu’il n’abandonne pas le combat. Lui qui a reçu, rien qu’à son domicile en Bretagne, des centaines de lettres de citoyens lui disant qu’ils ont compris l’ampleur du chaos climatique et de l’effondrement de la biodiversité, la menace que cela représente pour l’humanité à brève échéance. Beaucoup lui faisant part de leur envie d’agir.

Nicolas Hulot avait envie d’être constructif, de regarder de l’avant et non pas dans le rétroviseur. Il se trouve qu’entre la décision de faire cette Emission politique sur France 2 il y a plus d’un mois et ce jeudi, la France s’est couverte de gilets jaunes. Alors, Hulot a dû le dire et le répéter : oui, il a défendu la taxe carbone, et oui, il l’assume… mais seulement si celle-ci est accompagnée d’un coussin social digne de ce nom, pour aider les ménages les plus modestes, ceux qui sont aujourd’hui piégés parce qu’on les a incités à acheter des voitures diesel et vivre en zone périurbaine.

«Fin de mois et fin du monde»

Comme nous l’avons révélé, Nicolas Hulot avait averti cet été Emmanuel Macron et Edouard Philippe de cette absolue nécessité d’un accompagnement social, en vain : «Je n’ai pas été entendu.» Il avait, dit-il, tout tenté pour éviter l’opposition «caricaturale» entre les questions écologiques et sociales, alors qu’elles sont au contraire intimement liées, que ce sont les plus défavorisés qui souffrent le plus de la pollution de l’air ou des inondations. Le problème n’est pas là, a-t-il affirmé. Il est dans le fait que la fiscalité n’est plus équitable, que les impôts sur les bénéfices des sociétés ont baissé, que le kérosène des avions ou le fioul lourd des cargos n’est pas taxé… La transition ne peut être que solidaire. Et opposer écologie et social est un faux débat. Tout cela, Nicolas Hulot l’a martelé en début d’émission, l’air grave, le tic fréquent. Tout en remettant les choses en perspective, d’un ton ferme, presque excédé : «Il faut se préoccuper des fins de mois des Français mais il faut aussi se préoccuper d’un autre enjeu : la perspective de la fin du monde, ou en tout cas la fin d’un monde pacifique, qui n’est plus une hypothèse d’école.»

Nola lortu hizkuntz aniztasun jasangarria?
Euskaraz Bizi !n
https://bizimugi.eu/nola-lortu-hizkuntz-aniztasun-jasangarria

Zer da hizkuntz ekologia eta zein dira hizkuntza baten bizi baldintza jasangarriak?

Zeinuz osatuko kode bezala, bere aukera propioen arabera garatzen bada ere, hizkuntzak, ezin gaindituzko muga bat badu: erranahia adieratzek edo zentzua emateko gaitasuna, eremu biologikoaren, jendearen, meneko da. Azaroaren 30ean,  ostiralean, arratseko 20:00etan  Baionako Euskal Erakustokian, Euskaraz Bizi!n lan taldeak gomitaturik, Belen  Uranga  Soziolinguistika Klusterreko teknikariak jorratuko “hizkuntz aniztasun jasangarria”ren gaia.  Jarraian  gai horren inguruko hausnarketa bilduma bat aurkituko duzue. 

Hizkuntza,  erkidego batek komunikatzeko, pentsatzeko, kultur transmisiorako erabili ohi duen zeinuz osatutako kodea da. Hiztunek beren ingurumenaren arabera garatzen dute beren baitako hizkuntz gaitasuna.

Ekologia zientzia biologiaren adar bat da, izaki bizidunen elkarreraginak eta horiek ingurumenarekin dituztenak aztertzen dituena. Ekologiaren aztergaien artean ekosistema kontzeptua nagusi da; hau da, eremu zehatzetako ekosistemetan jarri ohi du arreta ekologiak lehen maila batean, ondoren ekosistemen arteko harremanez ere aritzeko.

Eredu ez jasangarria

Errekurtsoen kontsumoa, sortutako kutsadura eta sistema ekonomikoaren bilakaera kontuan hartuz, ondorioztatzen da nagusitu den garapen eredua ez dela jasangarria.

Nazio Batuen Batzar Nagusiak egin premiazko deialdiari erantzuteko, Ingurumen eta Garapenari buruzko Munduko Batzordeak hainbat bilkura egin ditu 1984tik goiti. Garrantzitsuenetako bat 1987an Brundtland-en eginikoa izan zen, non “Gure Etorkizun Komuna” izeneko txostena argitaratu zen. Batzordearen iritziz, jendarteak garapen iraunkorra lortzeko ahalmena du, horrela definituz: oraingo beharrak bermatzen dituena etorkizuneko belaunaldien beharrak arriskuan jarri gabe.

Izatez, praktika ekologikoaren helburua da, bizitzarako funtsezkoak diren sistemen eta prozesu ekologikoen begiratzea, espezien eta ekosistemen erabilpen iraunkorra, eta aniztasun biologikoaren babestea.

Ekolinguistika edo hizkuntz ekologia

Azken hamarkadetan ekologia ez da tradiziozko bizitzaren zientzietara mugatu, baizik eta eremu filosofiko eta linguistikoetara hedatuz joan da. Lehen aldikoz, 1972an, Einar Haugen-.en The Ecology of Language lanean aipatua izan zen hizkuntza ekologia

Ekolinguistikak edo hizkuntz ekologiak hizkuntzen  eta hizkuntzak transmititzen dituzten diskurtsoen azterketarako ikuspegi teoriko berri bati egiten dio erreferentzia. Ekolinguistikak korrelazioaren alderditik tratatzen du hizkuntza. Ekologian  organismo bizien arteko elkarrekintza aztertzen den bezala, baina organismoen eta ingurumenaren artean ere, ekolinguistikak hizkuntzen arteko eta haien inguruaren arteko korrelazioa aztertzen du ere, hau da, erabiltzen duen jendartea. Beraz, hiztunek elkarren artean eta naturarekin dituzten harremanak hartzen dira kontuan.

Hizkuntzak ikas, esporta edo deporta badaitezke ere, sustraiek ez dute hartzen bere indarra mintzatzen diren pertsonengan – are gutiago akademietako hiztegietan-, baizik eta bizitza eman dien paisaian, ingurumenean[1].

Hizkuntza bere testuinguruan edo ekosisteman

Belen Urangaren ideiei segituz, ekosistemaren ikuspegitik hizkuntza bere testuinguruaren baitan aztertu behar da. Zein da hizkuntza eta komunitatearen arteko lotura? Zer balio du hizkuntzak giza taldearen identitatearen eraikuntza eta praktikan? Zer lotura du adierazpide kulturalekin? Antolaketa sozialarekin? edota esparru geografikoarekin (lurrarekin)?

Helburua ekosistemaren oinarrizko oreka mantentzeko neurriak hartu beharraz ohartzea da, hizkuntza baten iraunkortasuna ez baitago soilik hizkuntza horren baitan, baizik eta ekosistema soziokulturalaren baitan, Benesayagen arabera, paisaia konplexuan.

Munduko hizkuntzen %92a 100.000 hiztun baino gutiago dutenak dira. Horietako batzuk handiak izan diren hizkuntzak dira eta, egun, galtzeko arriskuan direnak.

Hizkuntza-ekologiak aniztasuna, banaketa, hedapena eta ukipen-egoerak aztertzen ditu alde batetik, eta bestetik, homogeneizatze-joera (aniztasuna galtzeko arriskua, hizkuntzak desagertzeko arriskua).

Galeraren eragile nagusiak eragile politikoak dira. Kolonizazioak Europako hizkuntzak mundu osoan nagusi izatea ekarri du. Beste eragile nabarmenak, joera demografikoak dira. Baserrialdetik hirira egindako migrazioak izan dira batez ere, hizkuntza asko galtzeko arriskuan jarri dutenak. Eta horren aitzinean, erantzun garbirik ez badago ere, “gauza argia da aurreiritzi eta jarrerak aldatu egin behar ditugula, bai hizkuntza nagusietako hiztunek eta baita komunitateetakoenak ere”.

Hizkuntz “txikia” zaintzeko bideak

Nola lortu hizkuntza-aniztasun jasangarria? Ideia nagusia da elebidun edo eleanitz diren hiztunek hizkuntza txikiaren funtzio oinarrizkoak ez saihestea edo galtzea eguneroko bizitzan, hau da, tokian tokiko hizkuntza “txikiak” bete ditzakeen funtzioak ez ditzala hizkuntza globalago batek hartu. Horretarako, kasu bakoitzean interbentzio desberdinak irudikatu beharko dira eta hor dago lan handiena, baina kontua da filosofia hori aintzat hartu behar dela, eta lortu behar dela norberaren hizkuntza ez alboratu behar izatea.

Batez ere, hizkuntza hedatuetako hiztunak bereziki sentsibleak izan beharko lukete hizkuntza arloan, jakin baitakigu gaur egun hizkuntza zehatz bat iraun dezan garai bateko egoeratan baino ahalegin handiagoa eskatzen duela, eta hizkuntzak bizirik irautea nahi bada, aldeko praktikak jarri behar direla abian.

Hizkuntza gertaera soziala delako, baina pertsonaren alderdirik intimoena ere mamitzen duelako, pertsonaren intimitatean eragiteko motibazioak oso indartsuak izan beharko dira bortxaz. Norberaren lekua munduan eta munduaren lekua norberarengan zein den kontsideratu beharra dugu.

 

[1] Benesayag Miguel, 2017, La singularité du vivant, Le Pommier, Paris