Bizi !

Articles du Vendredi : Sélection du 3 octobre 2014 !

Transition énergétique: un projet de loi amendé à la marge

Stéphanie Senet et Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-energetique-un-projet-de-loi-amende-a-la-marge,50490?xtor=EPR-9

Loi transition énergétique : et la sortie du pétrole, Mme Royal ?

Matthieu Auzanneau
http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/09/30/loi-transition-energetique-et-la-sortie-du-petrole-mme-royal/

Jeremy Rifkin, l’Internet des objets et la société des Barbapapa

Jean Gadrey
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2014/09/28/jeremy-rifkin-l%E2%80%99internet-des-objets-et-la-societe-des-barbapapa/

PLF 2015: les cordons de la bourse verte se resserrent

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/plf-2015-les-cordons-de-la-bourse-verte-se-resserrent,50622?xtor=EPR-9

Munduko animalia-populazioaren erdia galdu da azken 40 urteetan

Argia
www.argia.com/albistea/munduko-animalia-populazioaren-erdia-galdu-da-azken-40-urteetan

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Transition énergétique: un projet de loi amendé à la marge

Stéphanie Senet et Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-energetique-un-projet-de-loi-amende-a-la-marge,50490?xtor=EPR-9

La commission spéciale de l’Assemblée nationale a achevé, samedi 27 septembre, l’examen du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (PLTE), ainsi que des 2.000 amendements déposés par les députés. Peu ont été retenus et moins encore apportent une contribution significative au texte présenté le 30 juillet dernier.

Les parlementaires ont la réputation de ne pas s’intéresser aux questions énergétiques. Mais ça, c’était avant. En quelques semaines, les locataires du palais Bourbon ont acquis une solide culture du kilowattheure. A moins que ce soit seulement un vernis. Car, avant que ne débutent les travaux de la commission spéciale de l’Assemblée nationale, pas moins de 2.302 amendements avaient été déposés par les élus de la majorité et de l’opposition. Ce qui témoigne d’un bel esprit créatif. En 4 jours de débats, les membres de la commission spéciale (surtout ceux de la majorité, l’opposition ayant rapidement déserté les réunions) et la ministre de l’écologie ont donc fait le tri, à la vitesse de 2,5 amendements à la minute… Une illustration de la volonté du gouvernement de laisser le moins de temps possible à la réflexion et au débat. Et de ne toucher qu’à la marge au projet de loi publié le 30 juillet dernier.

Réchauffement ou changement?

On a beaucoup joué sur les mots durant ces dizaines d’heures de débat. Les députés de l’opposition ont ainsi voulu substituer à la transition énergétique la stratégie énergétique. Amendement rejeté. Marie-Noëlle Battistel a réussi à substituer changement à réchauffement climatique. Une avancée majeure!

Plus sérieusement, on observe quelques petites avancées. Lesquelles ne seront définitives qu’une fois le texte voté par les deux chambres.

L’une des principales reste l’amendement prévoyant la progressivité du prix du carbone a été adopté, sans précisions néanmoins concernant l’horizon de temps ou son montant

Le bâtiment choyé

Gros morceau du projet de loi Royal, le bâtiment a été particulièrement choyé. Désormais, les objectifs qui lui sont fixés (et il y en a) devront être exprimés en énergie primaire et non plus finale. L’intégralité du parc immobilier devra atteindre, en 2050 certes, les performances de la norme Bâtiment basse consommation (BBC). Dès 2030, toutefois, les bâtiments consommant plus de 330 kWh/mètre carré et par an devront avoir été rénovés. L’argent public étant aux abonnés absents, les députés ont accordé une dérogation aux sociétés de tiers financement dans lesquelles sont impliquées les collectivités et qui avancent le coût des travaux. Les banques apprécieront. Qu’à cela ne tienne, elles auront, peut-être, la gestion du fonds de garantie que les parlementaires ont créé pour faciliter les travaux de rénovation.

Les Zapa sont de retour

Considérée comme l’un des maillons faibles du texte, la partie consacrée aux transports a bénéficié de quelques améliorations. L’état devra ainsi engager des expérimentations de livraisons de marchandises en ville par des modes doux, comprendre le fer, le fluvial ou les véhicules non polluants. Il devra, par ailleurs, définir une stratégie nationale pour assurer le développement de ces fameux véhicules propres et de leurs infrastructures. La zone d’actions prioritaires pour l’air (Zapa) revient en force. Les députés offrent à tous les maires ou présidents d’intercommunalités de plus de 250.000 habitants la possibilité d’ouvrir des zones à circulation restreinte. La plupart des gestionnaires d’immeubles tertiaires devront les équiper de parkings à vélo sécurisés.

10% de véhicules professionnels propres

Rien à voir: les plus grands aéroports de l’Hexagone devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 10% en 2020 et de 20% en 2025. L’Ademe assurera le suivi de ces actions. Une disposition comparable est aussi prévue pour la grande distribution. Les flottes des sociétés de taxis, de voitures de transport avec chauffeur (VTC) et de location devront comporter au moins 10% de véhicules propres d’ici 2020. Selon un amendement écologiste, ces véhicules propres pourront bénéficier de conditions de circulation et de stationnement privilégiées, qui restent à préciser…

La généralisation des plans de déplacement urbains et d’établissements n’a, en revanche, pas été adoptée. Pas plus que la réduction des limitations de vitesse sur les routes et autoroutes. Le transport ferroviaire et le transport fluvial sont aussi passés à la trappe. «Aucune mesure n’est prévue pour atteindre l’objectif du Grenelle d’un report du fret routier vers le rail et le fluvial à 25% en 2022», note le réseau Action Climat-France (RAC-F), qui a créé un outil d’évaluation de la transition énergétique, le transitiomètre. La prochaine conférence environnementale pourrait offrir une séance de rattrapage au gouvernement puisque la mobilité durable y fera l’objet d’une table ronde

Les 5 avancées de l’économie circulaire

Le débat sur le titre IV (économie circulaire) a vu émerger 5 évolutions principales et une définition de l’économie circulaire qui devrait entrer dans le Code de l’environnement (art. L 110-1). C’est la version déposée par la rapporteure Sabine Buis (députée socialiste de l’Ardèche) qui tient la corde. Elle stipule que «la recherche d’une économie circulaire tend à une consommation sobre et responsable des ressources naturelles et des matières premières primaires ainsi qu’à la réutilisation, en priorité, des matières premières secondaire. La promotion de l’écologie industrielle et de la conception écologique des produits, la prévention des déchets et polluants, la coopération entre acteurs économiques à l’échelle territoriale pertinente, le développement des valeurs d’usage et de partage des produits et de l’information sur leurs coûts écologique, économique et social, contribuent à cette nouvelle prospérité».

Si la demande du député écologiste François-Michel Lambert a été rejetée (il s’agissait d’ajouter l’allongement de la durée de vie des produits à cette définition), l’amendement pénalisant l’obsolescence a bel et bien été voté. Déposé par Eric Alauzet, Denis Baupin et Cécile Duflot, il prévoit que la durée de vie d’un produit intentionnellement raccourcie lors de sa conception relève désormais de la tromperie (art L231-1 du Code de la consommation). Une infraction passible de deux ans de prison et de 300.000 € d’amende.

La prévention des déchets gagne par ailleurs un objectif légèrement revu à la hausse, soit 10% de déchets ménagers et assimilés en moins entre 2010 et 2020 au lieu des 7% prévus par le plan national de prévention. La réduction des déchets d’activités économiques n’est en revanche soumise à aucun objectif chiffré et l’expérimentation de dispositifs de consigne reste dépendante du bon vouloir des acteurs.

L’évitement, nouvelle formule juridique

Le tri à la source des déchets organiques est officiellement généralisé à partir de 2025. Jusqu’à présent, cette obligation ne visait que les gros producteurs. Pour être effective, cette mesure devra nécessairement être accompagnée de financements ou d’une tarification incitative, laquelle devra toucher 15 millions d’habitants en 2020 et 25 M en 2025. Plus obscure sur le plan juridique, une nouvelle disposition prévoit «d’éviter le déploiement d’installations de tri mécano-biologique (TMB) d’ordures ménagères résiduelles en vue de la valorisation en épandage agricole».

Côté commande publique, seules les collectivités dont le montant annuel d’achat est supérieur à une somme définie par décret devront adopter «un schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables. Un schéma contribuant aussi à la promotion d’un économie circulaire».

L’interdiction des sacs de caisse en plastique à usage unique, déjà annoncée par la ministre de l’écologie avant même l’adoption parlementaire du projet de loi sur la biodiversité, a cette fois-ci été intégrée au PLTE. Elle a été adoptée par la commission spéciale à compter du 1er janvier 2016, exception faite des sacs compostables et biosourcés, mais reste dépendante d’un décret à venir. Elle est complétée par l’interdiction des sacs oxo-fragmentables.

Deux semaines de débats

De leur côté, les déchets du BTP ne gagnent qu’une disposition visant les distributeurs de produits, matériaux et équipements de construction à partir du 1er janvier 2017. Au-dessus d’une certaine superficie qui sera fixée par décret, ces professionnels devront reprendre les déchets issus des types de produits vendus.

Enfin, deux nouveaux rapports sont commandés au gouvernement: sur les produits non soumis à une filière à responsabilité élargie du producteur (REP) pour lesquels le réemploi est insuffisamment développé (Sabine Buis) et sur la réversibilité des installations de stockage de déchets (pour lancer des expérimentations de réemploi, recyclage et valorisation des déchets enfouis).

Nombre de ces amendements pourraient avoir une durée de vie limitée. Les débats en séance plénière débutent le 1er octobre, après la séance de questions au gouvernement. Ils doivent, en principe, s’achever deux semaines plus tard.

Loi transition énergétique : et la sortie du pétrole, Mme Royal ?

Matthieu Auzanneau
http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/09/30/loi-transition-energetique-et-la-sortie-du-petrole-mme-royal/

Le projet de loi de « transition énergétique pour la croissance verte », dont l’examen doit débuter le 1er octobre en séance plénière à l’Assemblée nationale, est bien gentil.

Il y est beaucoup question d’électricité : développer massivement les énergies renouvelables au détriment du nucléaire, fort bien (à condition de découvrir comment faire, et pas juste techniquement). Le texte encourage aussi l’émergence d’une économie « circulaire », favorable aux circuits d’approvisionnement courts et au recyclage : il faut saluer l’introduction en droit français d’une notion aussi salubre, même si [a] les mesures envisagées demeurent superficielles, et si [b] les leaders politiques qui appellent aujourd’hui à « relocaliser de l’économie » ont durant une génération laissé nos banques investir à l’autre bout de la planète pour y faire fabriquer nos trucs et nos machins ; [c] l’économie circulaire, la vraie, n’est pas compatible avec la logique de l’Organisation mondiale du commerce. Mais passons.

Avant même qu’il y soit question d’économie circulaire ou de sortie du nucléaire, le projet de loi (amendé la semaine dernière par les députés de la Commission spéciale chargée d’en examiner le contenu), expose en devanture son double objectif primordial : « réduire le recours aux énergies fossiles » et, ce faisant, « lutter contre l’effet de serre ». A tout prendre, lorsque l’on parle de « transition énergétique », c’est avant tout de ça dont il s’agit non ? Et bien non, justement, en l’occurrence. Ou si peu.

Sur l’axe décisif de la sortie du pétrole, nos législateurs, hélas, – PS, UMP et Vert itou – sont allés à l’économie de leur propre énergie politique, glissant sur cet axe par eux bien compris comme étant un dangereux couperet électoral.

L’objectif de long terme, déjà accepté par la France, demeure joliment ambitieux : « réduire les émissions de gaz à effets de serre de 40 % entre 1990 et 2030 », et « réduire la consommation énergétique primaire des énergies fossiles de 30 % en 2030 par rapport à la référence 2012 ». Mais la maigreur des moyens que mobilise le projet de loi fait peine à voir.

C’est par où, la sortie du pétrole ?

Le projet de loi enjoint bien l’Etat à acquérir quelques milliers de voitures électriques et autres véhicules dits « propres », notamment ceux fonctionnant « au gaz de pétrole liquéfié ou au gaz naturel », ou ayant recours à une « haute teneur en biocarburants » (art. 9). La transition énergétique vers les hydrocarbures non-conventionnels est en marche.

Quant à l’objectif d’installer, avant 2030, au moins sept millions de points de charge pour les voitures électriques (art. 10), j’aimerais qu’on explique comme c’est possible en réduisant la part du nucléaire. Ah oui, c’est vrai, contrairement aux gages donnés aux écologistes, il semble être de moins en moins question de « sortir » du nucléaire, mais seulement d’en « plafonner » la puissance actuelle.

Le député socialiste François Brottes scande que « quand on change de modèle de croissance, il faut accepter d’avoir quelques incertitudes ». Mais à ce point ? Au pif ?

Pour le reste, au delà d’un fatras de pétitions de principes et de promesses à l’horizon 2030 ou 2050, qui n’engagent vraiment personne, la loi de transition énergétique ne contient qu’une seule injonction pratique et immédiate poussant, très mollement, la machine économique nationale vers la sortie du pétrole. Encore ne s’agit-il que du rappel d’un engagement déjà pris par la France :

« L’État crée les conditions pour que la part de l’énergie produite à partir de sources renouvelables utilisée dans tous les modes de transport en 2020 soit égale à 10 % au moins de la consommation finale d’énergie dans le secteur des transports. » (art. 11)

En clair, on continue avec les biocarburants, secteur dans lequel l’industrie agricole française se trouve être, ça tombe bien, leader en Europe : lesdits biocarburants fournissent déjà 7 % des carburants consumés en France.

Et à part ça ? C’est à peu près tout.

« Le secteur du transport est le grand oublié du projet de loi », résume le Réseau action climat, à l’origine d’un « transitiomètre » dévastateur pour le projet de loi.

La loi renvoie même à plus tard (soit normalement à l’automne 2015, à la veille de la conférence sur le climat de Paris) la fixation de « budgets carbone » déjà prévus par le code de l’environnement, budgets auxquels il reviendra de fixer une quelconque trajectoire de sortie des énergies fossiles pour les années à venir. « Du temps au temps »

Couverts de bleus, blanc comme un linge, le politique français ne sait que flancher devant les bonnets rouges. A peine arrivée au ministère de l’écologie, Ségolène Royal a commencé par détricoter non pas lesdits bonnets, mais l’essentiel du dispositif de l’écotaxe, pourtant votée naguère à l’unanimité par le Parlement. Pour compenser le manque à gagner, diverses forces au sein du gouvernement voudraient bien [MàJ 1/10 : c’est fait !] augmenter de 2 centimes le prix du litre de diesel (augmentation dont les routiers, objets de l’écotaxe, seraient par avance exemptés…), mais notre ministre de l’écologie répète qu’elle n’y est « pas favorable« . Quel nez !

L’exposé des motifs du projet de loi sur la transition énergétique présenté par le cabinet de Ségolène Royal débute par une anaphore sur la « croissance verte » à la « Moi, président, etc. » : « une croissance qui » ceci, « une croissance qui » cela, assénée six fois de suite. Charabia contradictoire : personne en ce bas monde n’a trouvé comment sortir du pétrole dans une économie dont la condition première demeure sa propre croissance, fût-elle à la sauce « verte ». Ce blog a souvent contribué à mettre au jour cette impasse.

Les députés Verts ne sont pas plus téméraires.

Pour ce qui concerne la sortie du pétrole, Cécile Duflot, membre de la commission chargée de l’examen du projet de loi, n’est parvenue à faire voter que des amendements cosmétiques. Le rapport de force eût pu être différent si Mme Duflot n’avait pas (comme l’ont affirmé depuis plusieurs sources on et off) refusé de prendre en charge, en tant que n°2 du gouvernement Valls, le poste de ministre de l’écologie, et cela à la veille de l’examen de la loi la plus importante de l’histoire de l’écologie politique en France. Au reste, dans le bilan qu’elle a publié de son passage au gouvernement, Mme Duflot élude cet épisode pourtant essentiel de sa carrière. Mais là encore, passons.

Davantage d’énergie abondante et pas chère, c’est davantage de croissance, sans doute mécaniquement. Evoquant inversement l’hypothèse, « inéluctable » d’après lui, d’un litre d’essence à 2 euros, le patron du pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a mis en garde il y quelque temps déjà : « Il faut espérer », a prévenu le patron de la plus grosse boîte de France, qu’un tel prix « n’arrive pas trop vite, sinon les conséquences seront dramatiques. » Big Moustache a hélas très certainement raison, tant que toutes choses restent égales par ailleurs.

Ni le gouvernement ni le législateur ne semblent prêts, loin s’en faut, à se confronter à cette aride réalité (pas de croissance sans énergie abondante et pas chère, c’est-à-dire sans pétrole), préférant cette fois encore enfiler les faux-fuyants. Pour les grandes surfaces et les aéroports, par exemple, le projet de loi qui arrive demain dans l’hémicycle met en avant des objectifs de réduction de « l’intensité » des émissions de gaz à effet de serre, c’est-à-dire du rapport « entre le volume de ces émissions et les quantités de marchandises commercialisées la même année » (art. 12). Comprendre : il ne s’agit pas de réduire les émissions, mais seulement de ralentir le rythme de leur croissance. C’est là précisément le principe de la politique climatique de la Chine, si souvent décrié de ce côté-ci de la planète…

Tiens, au fait, les émissions mondiales ont battu un nouveau record l’an dernier. Il fait drôlement bon pour une fin septembre là, non ?

Jeremy Rifkin, l’Internet des objets et la société des Barbapapa

Jean Gadrey
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2014/09/28/jeremy-rifkin-l%E2%80%99internet-des-objets-et-la-societe-des-barbapapa/

On savait depuis son livre sur la troisième révolution industrielle, mais cela se confirme avec son dernier livre (« La société du coût marginal zéro ») que Jeremy Rifkin envisageait l’avenir radieux de la production et de la consommation d’objets de sa future société d’hyper abondance sur le mode de «l’Internet des objets » : des imprimantes 3D partout, permettant à chacun de produire à domicile ou dans de micro-unités d’innombrables objets matériels de la vie quotidienne, jusqu’à des « voitures imprimées », en étant guidé par des programmes en ligne (logiciels gratuits), moyennant divers matériaux de base, plastiques souvent, mais aussi « ordures, papier recyclé, plastique recyclé, métaux recyclés.. » (voir ce court entretien).

On a depuis longtemps L’INTERNET DE L’INFORMATION, mais deux autres grands réseaux viendraient s’y connecter pour former le système de production du futur. D’abord celui de l’énergie, où « des centaines de millions de personnes produiront leur propre énergie verte à domicile » (automobiles à piles à hydrogène, habitations à énergie positive…), et la partageront entre eux sur un « INTERNET DE L’ENERGIE », avec l’hydrogène partout comme moyen de stockage. Et enfin cet « INTERNET DES OBJETS», qui aurait exactement la même propriété économique : à terme, un coût négligeable.

Ce système hypothétique d’abondance planétaire à coût très faible repose sur une hypothèse centrale sans laquelle il ne tient pas debout : les énergies (renouvelables) vont « devenir pratiquement gratuites » à terme. Aucun autre « spécialiste » que Rifkin ne dit cela dans le monde ! Tous disent que l’énergie restera chère, renouvelable ou pas, parce que certes le soleil et le vent sont gratuits, mais les panneaux photovoltaïques, les éoliennes, les réseaux électriques intelligents et toutes les autres techniques, exigent des matériaux, des métaux et des terres rares qui sont et seront chers, et même de plus en plus. Cela ruine le modèle techno-économique « hors-sol » de Rifkin, aussi bien pour cette nouvelle production 3D que pour sa vision de robots prenant la place de l’essentiel du travail humain.

Bien entendu, presque tous les mythes reposent sur des bouts de vérité et, dans le cas présent, de telles imprimantes existent bel et bien et vont se diffuser. Mais en faire la base principale de la production et de la consommation du futur est un conte de fées high tech, au demeurant pas du tout féérique sur le plan écologique vu la débauche d’énergie et de matières que sa généralisation impliquerait.

Ce qu’il a de formidable avec le conte de fées des IMPRIMANTES 3D PARTOUT ET POUR TOUS, c’est que, de même que l’Internet de l’énergie reposerait sur des énergies renouvelables disponibles en abondance à un coût quasi nul, de même, les objets que vous fabriqueriez un jour seraient recyclables et leurs composants réintroduits dans ces imprimantes pour fabriquer d’autres objets selon votre bon plaisir et vos goûts du jour. Les objets eux aussi seraient renouvelables pour pas un rond. C’est ce que Rifkin a retenu de l’économie circulaire pour la mettre au service de ses contes de fées.

Cette plasticité infinie des objets et des formes ne vous rappelle rien ? Elle me fait furieusement penser aux sympathiques personnages des Barbapapa, se transformant à coût nul en n’importe quel objet à l’instar d’une pâte à modeler (image).

La société du coût marginal zéro, c’est la société des Barbapapa ! C’est sans doute ce qui la rend aussi sympathique, au point que Télérama, que j’apprécie et qui nous a habitués à plus d’esprit critique, est tombé dans le panneau en consacrant un gros dossier enthousiaste aux idées de Rifkin dans son dernier numéro. Il faut dire que Rifkin sait faire rêver ceux qui contestent l’ordre actuel, ceux qui se demandent en particulier comment dépasser le capitalisme. Rifkin leur offre une solution clés en main : la technologie va s’en charger !

Quand Télérama et d’autres mettent en avant ce qu’il y a de plus sympa chez Rifkin, le rôle des «communs», le dépassement de la propriété, le partage, l’économie collaborative, pourquoi ne creusent-ils pas le modèle techno-économique ahurissant qui chez lui conditionne tout cela ? N’y a-t-il pas d’autres voies, celles d’une société post-croissance non moins solidaire, non moins axée sur les biens communs à préserver, qui émerge dans le « million de révolutions tranquilles » de Bénédicte Manier, dans les «villages Alternatiba» et ailleurs, sans délire high tech et productiviste ?

Je termine par une remarque d’économiste banalement matérialiste et stupidement attaché aux faits : la part de la consommation de biens susceptibles d’être fabriqués avec des imprimantes 3D « à une échéance prévisible » (une notion refusée par les futurologues, qui voient bien au-delà du raisonnablement prévisible, ce qui leur permet de prendre beaucoup de libertés avec les contingences matérielles…) représente à mon sens, en étant très «optimiste», moins de 10 % de la «consommation effective» des Français aujourd’hui. Cette dernière est composée à plus de 70 % de services et à environ 10 % de biens agricoles et alimentaires, autant de productions qui échappent pour l’essentiel à la logique de l’impression 3D. Je fonde cette estimation sur le tableau détaillé de la structure de la consommation effective des ménages selon l’Insee.

Vous trouverez d’ici peu un court article que j’ai écrit pour « 1 hebdo » sur l’avenir du travail selon Rifkin. J’y ajoute pour mémoire ces billets de mai 2013, mais comme le nouvel opus de JR est très largement une reprise des précédents, je n’ai rien à y ajouter ou retrancher.

Pour une interview récente, détaillée et explicite de Rifkin, voir ce lien.

ANNEXE : deux extraits de mes billets de 2013

« Contrairement à ce que prétend Rifkin, LES ÉNERGIES RENOUVELABLES NE VONT PAS « DEVENIR PRATIQUEMENT GRATUITES » à un horizon prévisible. Tout juste peut-on dire, avec négaWatt et bien d’autres, qu’elles vont probablement devenir à moyen terme moins coûteuses que les énergies fossiles et que le nucléaire (si son prix inclut tous ses coûts mesurables, sans parler de ses risques non quantifiables en monnaie). L’ÉNERGIE RESTERA CHÈRE, et c’est une bonne chose quand on voit ce qu’a produit la civilisation du pétrole abondant et bon marché. L’analogie constante que pratique Rifkin entre l’énergie et l’information (dont en effet les prix de collecte et de diffusion ont spectaculairement chuté avec l’informatique et Internet) est écologiquement et économiquement indéfendable. Cela ruine son modèle économique implicite.

Comme tous les scientistes, Rifkin s’en sort en évoquant brièvement, à propos des « terres rares », des innovations parfaitement hypothétiques permettant de mettre au point des substituts peu coûteux : des « métaux alternatifs », voire des « substituts d’origine biologique » grâce aux « biotechnologies, à la chimie durable et aux nanotechnologies » Je ne doute pas que des recherches soient en cours, avec des bouts de solutions. Mais on nous a trop souvent fait le coup des technologies-du-futur-qui-vont-tout-résoudre et cela n’a pas empêché pas la « grande crise » écologique de s’approfondir. Par ailleurs, les substituts à la nature ne sont jamais gratuits, ils ont des effets écologiques et humains pervers, on le voit avec les agrocarburants. S’il faut en passer, après ces derniers, par de futurs « agro-minerais » ou « bio-terres-rares », les terres arables d’une planète déjà en surcharge écologique n’y suffiront pas. »

« Rifkin s’oppose clairement aux appels à la sobriété et encore plus à l’objection de croissance. La TRI (troisième révolution industrielle) est une modalité de croissance supposée verte.

Il est évident qu’il séduirait beaucoup moins les grands de ce monde s’il prônait la sobriété matérielle et l’objection de croissance. Il n’en est rien, bien au contraire. SA TRI EST EN RÉALITÉ HYPERMATÉRIELLE, HYPERCONSUMERISTE ET HYPERPRODUCTIVISTE, comme conséquence de son hypothèse intenable de quasi gratuité de l’énergie à terme et de son oubli délibéré des pics matériels (minerais, terres arables, forêts, eau douce…) qui nous attendent et qui ont commencé à faire sentir leurs effets. Il n’a tenu aucun compte des constats précis de Tim Jackson et de bien d’autres sur ces pics. Il réussit même l’exploit de ne jamais citer Jackson dans ses abondantes notes et références ! Il s’agit à mes yeux d’une imposture intellectuelle, mais aussi d’un choix stratégique pour refuser un scénario de « prospérité sans croissance ». C’est sans doute le prix à payer pour que le gotha vous écoute et vous paie. C’est très cher payé en termes d’éthique scientifique. »

PLF 2015: les cordons de la bourse verte se resserrent

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/plf-2015-les-cordons-de-la-bourse-verte-se-resserrent,50622?xtor=EPR-9

Etat, collectivités et systèmes de protection sociale devront se serrer la ceinture, promet le projet de loi de finances 2015. Le ministère de l’écologie continuera de perdre des crédits et des postes. Propulsée par les priorités de l’année qui vient, la transition énergétique ne bénéficie que de minuscules coups de pouce.

 

Ce n’est pas encore le pain sec et l’eau, mais ça commence à y ressembler. C’est ce mercredi 1er octobre que le ministre des finances, Michel Sapin, soutenu par son secrétaire d’état au budget, Christian Eckert, a rendu publiques les grandes lignes du projet de loi de finances 2015 (PLF 2015).

Un texte difficile à ciseler, tant la situation économique est sombre. La France est entrée en déflation. Elle bat, pratiquement chaque mois, le record du nombre des demandeurs d’emploi. Son économie devrait connaître une croissance proche de zéro (0,4% attendu cette année par le gouvernement). L’avenir proche ne s’annonce guère plus rose. «Alors que les efforts de redressement des déséquilibres européens continuent de peser sur le redémarrage, de nouveaux risques apparaissent tant économiques que géopolitiques», écrivent les services de Bercy.

 

50 milliards d’économie

Malgré ça, la priorité reste au désendettement et à la baisse de la dépense publique. Laquelle représente tout de même 57% du produit intérieur brut. Au menu, le programme de 50 milliards d’euros d’économie (par rapport à une hausse tendancielle), annoncé en avril dernier. Son objectif: abaisser à 54% le poids de la dépense publique dans le PIB, dès 2017. De quoi aussi réduire le déficit structurel à moins de 3%, là encore en 2017. Si Bruxelles (et donc le futur commissaire aux affaires économiques, Pierre Moscovici) accepte ce troisième report de l’atteinte de l’objectif maastrichtien de réduction de la dette.

Les trois piliers de ce programme sont la baisse de 20 Md€ des dépenses liées à la protection sociale, une réduction de 19 Md€ des dépenses de l’état. Les collectivités devront se serrer la ceinture de 11 Md€, toujours sur la période 2015-2017. Pour la seule année 2015, ce sont plus de 21 Md€ d’économies qui devront être réalisées.

 

20 milliards de dettes annuelles

Pour autant, l’état continuera à accroître sa dette, en accordant (via le pacte de responsabilité et de solidarité) plus de 20 Md€ de baisse de cotisations sociales aux entreprises. A quoi s’ajoute une légère baisse d’impôt pour 9 millions de ménages, dès 2015. Ce qui devrait diminuer de 3,2 Md€ les rentrées fiscales l’an prochain.

En 2015, donc, l’état et ses agences devront réduire leurs dépenses de 7,7 Md€. Environ 1,4 Md€ d’économie sera réalisée sur la masse salariale de ses administrations. Un but difficile à atteindre. Le gouvernement Valls prévoit certes de supprimer 11.879 postes l’an prochain. Dans le même temps, il embauchera 10.601 personnes pour renforcer les services des ministères de l’enseignement, de la justice et de l’intérieur.

 

2 cents par litre de gazole

A coup de révision de baux de location, de dématérialisation des procédures, «d’optimisation des achats», l’Etat espère aussi réaliser 2,1 Md€ d’économie sur les dépenses de son «appareil productif». Les agences étatiques sont priées de réduire de 1,9 Md€ leurs dépenses. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) devrait voir son budget raboté. Les agences de l’eau seront ponctionnées de 175 M€ et les chambres d’agriculture de 60 M€. Pour autant, Bercy annonce vouloir sécuriser ses investissements, notamment par la perception de la taxe poids lourds allégée et par la hausse de la fiscalité sur le gazole. Ces 2 cents supplémentaires par litre de carburant devraient rapporter 800 M€/an au budget. Bien évidemment, cette «fiscalité du carbone» ne sera pas acquittée par les transporteurs routiers. Une quinzaine de petites taxes, à faible rendement, seront, par ailleurs supprimées. Pour un montant total de 210 M€/an.

Enfin, les dépenses d’intervention étatique seront amputées de 2,4 Md€. Des moments difficiles sont à prévoir pour les associations et les entreprises qui y trouvent de nombreuses subventions.

Le ministère de Ségolène Royal ne sera pas à la fête. Ses crédits de paiement passeront de 7,06 Md€ en 2014 à 6,56 en 2017. Avec à la clé, une diminution de 515 postes l’année prochaine, contre 522 suppressions de personnels enregistrées cette année. Pour autant, l’honneur est sauf. La mise en œuvre de la transition énergétique est l’une des 4 priorités du PLF 2015. Une priorité petit bras, tout de même. Puisque Bercy n’envisage, pour la soutenir, que de substituer au crédit d’impôt développement durable le crédit d’impôt pour la transition énergétique. Son taux passe à 30% et son champ est notamment élargi aux achats ou installations de bornes de recharge de véhicule électrique. Les agriculteurs qui voudront se lancer dans la méthanisation pourront être (temporairement) exonérés du paiement de la taxe foncière et de la cotisation foncière des entreprises.

Munduko animalia-populazioaren erdia galdu da azken 40 urteetan

Argia
www.argia.com/albistea/munduko-animalia-populazioaren-erdia-galdu-da-azken-40-urteetan

Lurrean bizi diren animalien kopurua erdiraino gutxitu da azken 40 urteetan WWF erakundeak eta Londresko Zoological Societyk egin duen ikerketaren arabera.

Datu horien errudun nagusia gizakia da: habitatak suntsitzea eta elikatzeko bizidunak masiboki hiltzea jo dituzte zenbaki kezkagarrien kausatzat.

“Londresko zoologikoko animalien erdia hurrengo astean hilko balitz egunkarietako azaletan ateratzeko moduko albistea izango litzateke”, adierazi du Ken Norris irakasle eta aipatutako elkarte zoologikoko zuzendari zientifikoak The Guardian egunkariak jaso duenez.

Bada, antzeko zerbait ari da gertatzen, baina eskala handiagoan. “Kalte hau ez da saihestezina, bizitzeko hautatu dugun moduaren ondorioa baizik”, gaineratu du Norrisek.

10.000 animalia-populazio desberdin aztertu dituzte ikerketa egiteko, guztira 3.000 espezie kontuan hartuz. Datu horiekin Planetako Biziaren Indizea osatu dute, ezagutzen diren 45.000 ornodunen egoera islatzen duena. Ikerketari buruzko xehetasun gehiago eta txostena bera irakur daitezke Le Nouvel Observateurrek gaiari eskaini dion albistean.

 

Egoeraren aurrean ardurak hartzeko beharra azpimarratu du Norrisek. Hori egiten ez bada, bere esanetan, baliabideen gainerabilpenak gatazkak eragingo ditu.