La France relance le chantier de la rénovation thermique
Sophie Landrin et Catherine Rollot www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/21/la-france-relance-le-chantier-de-la-renovation-thermique_1851572_3244.html
Du Forum Social Mondial aux révoltes arabes
Esther Vivas http://esthervivas.com/francais/
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Amets Arzallus 2013-ko martxoaren 24a, Baionan, 18. Korrikaren karietara
« Gaur egun, ‘on egin’ ez, ‘zorte on’ esan behar da »- Pierre Rabhi – “Xorieri mintzo zen, mintzo zen haizeari…”
Jacky Aignel regarde les grutiers hisser les pales en haut du mât : « Depuis le temps qu’on attendait… » L’éolienne se dresse enfin, mardi 19 mars, sous les yeux du maire de Saint-Gouëno : le résultat de longues années d’efforts pour cette petite commune des Côtes-d’Armor. L’Enercon E53, d’une puissance de 850 kilowatts, première d’une série de sept, n’est pas une éolienne comme les autres : elle résulte d’un savant montage financier visant à associer les habitants à l’investissement, afin que les retombées économiques soient bien locales.
Dès 2008, la société d’investissement coopératif Cigale a été créée. Ce sont maintenant 127 personnes qui contrôlent, ensemble, 30 % de l’investissement du parc. L’éolien participatif n’est qu’un volet de la politique énergétique de la communauté de communes du Mené, qui unit les 6 500 habitants de Saint-Gouëno et de six autres communes du centre de la Bretagne.
Sur ce territoire rural, on peut tracer un circuit conduisant d’une chaufferie à bois (fourni par les forêts avoisinantes) alimentant un réseau de chaleur, au Gouray, à une usine de méthanisation à Saint-Gilles-du-Mené, puis vers l’huilerie d’agrocarburants de Saint-Gouëno, avant d’admirer une maison passive à panneaux solaires à Plessala.
OBJECTIF : ÊTRE AUTONOME ÉNERGÉTIQUEMENT EN 2025
Autant d’éléments qui doivent permettre à la communauté d’atteindre son objectif : être autonome énergétiquement en 2025, c’est-à-dire produire de quoi couvrir sa consommation annuelle de 22 000 tonnes équivalent pétrole (sans doute moins à l’avenir, si la politique d’économies d’énergie porte ses fruits). En ces temps de débat national sur la transition énergétique, Le Mené est devenu un exemple de mélange d’énergies renouvelables et de décentralisation de la production que des élus de toutes les régions viennent visiter avec curiosité.Tout est parti en 1999 du projet d’un groupe d’éleveurs porcins d’édifier une usine de méthanisation capable de digérer leur production de lisier : cette technique transforme en méthane, par fermentation, les excréments animaux. Une réflexion sur l’énergie s’est rapidement greffée à cette idée. « Nous sommes dans l’un des cantons les plus pauvres de Bretagne, explique Jacky Aignel. En tant que paysan, je cherche à travailler le plus possible en autonomie. Et je savais bien que l’énergie peu chère finirait un jour. »« CRÉER DES EMPLOIS QUALIFIÉS »
Une autre préoccupation a joué : l’activité locale dépend d’un grand abattoir qui emploie 2 500 personnes, Kermené, filiale du groupe Leclerc. L’énergie pourrait être un axe de diversification, ont pensé les élus. En 2005, certains se sont rendus à Gussling, en Autriche, une commune engagée depuis quinze ans dans une démarche d’autosuffisance énergétique. « On est revenus convaincus qu’avec les déchets, les ressources de la biomasse, le vent, le soleil on pouvait faire une diversification économique à côté de Kermené, raconte Michel Fablet, maire du Gouray. Et que cela permettra de créer des emplois qualifiés. »
Après le voyage, élus et citoyens, aidés du polytechnicien Marc Théry, ancien président d’une grande entreprise, ont décidé de lancer dix projets énergétiques, qui peu à peu se sont concrétisés.
Tout n’a pas été aisé. « La superposition des structures administratives qui ralentissent les prises de décision », observe Jacky Aignel, a été un frein puissant dans l’avancement des dossiers. Les règles de l’Autorité des marchés financiers n’ont pas facilité le montage de la coopérative éolienne. Les lobbys des agrocarburants et des engrais ont mis des bâtons dans les roues de l’huilerie et de l’usine de méthanisation.
« ON NE PEUT PAS DIRE QU’IL Y AVAIT FOULE »
Autre difficulté : susciter la participation des habitants. « On a fait des réunions dans chaque village, raconte Michel Faiblet, on ne peut pas dire qu’il y avait foule. Il faut trouver d’autres domaines, comme l’habitat, qui concerne tout le monde. » C’est peut-être par les économies d’énergie dans le logement que l’intérêt des administrés se réveillera. « Mais, selon Marc Théry, il est beaucoup plus compliqué d’économiser 2 000 tonnes équivalent pétrole en consommation d’énergie que de faire des parcs éoliens. »
Les conditions économiques pèsent lourd : « On vise à réhabiliter 90 maisons, dit Michel Faiblet, afin de réduire leur consommation de 30 %. Les subventions couvrent 60 % des travaux, le reste est en prêt à taux zéro, mais ce prêt, les gens ont du mal à le souscrire. »Les difficultés n’empêchent pas d’avancer. « Le plus fabuleux, ce n’est pas les bouts de tôle, c’est l’aventure humaine. Ce qu’on cultive, c’est des liens », conclut Dominique Rocaboy, éleveur de porcs et directeur de l’usine de méthanisation Geotexia.
La France relance le chantier de la rénovation thermique
Sophie Landrin et Catherine Rollot www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/21/la-france-relance-le-chantier-de-la-renovation-thermique_1851572_3244.html
Le chef de l’Etat a choisi de visiter la Zone d’aménagement concerté d’Alfortville (Val-de-Marne) pour présenter sa politique du logement jeudi 21 mars. Symbole des lenteurs administratives, cette ZAC a mis treize ans à voir le jour.
François Hollande a aussi détaillé le financement du programme de rénovation thermique des bâtiments. Pendant la campagne présidentielle, il s’était engagé à rénover 500 000 logements par an et à construire autant de logements aux normes basse consommation. Le président de la République maintient cet objectif de rénover 500 000 logements dont 120 000 logements sociaux d’ici à 2017, afin d’atteindre « une diminuation de 38 % de consommation d’énergie en 2020 ».
Concernant les outils déployés pour aider les particuliers, le gouvernement devrait utiliser deux dispositifs connus : le crédit d’impôt développement durable et le prêt à taux zéro (PTZ). Mais le gouvernement – rigueur oblige – compte les ajuster pour éviter les effets d’aubaine. Le tout se fera à budget constant.
Le PTZ a été institué en 2009 pour financer un ensemble de travaux d’amélioration énergétique réalisés par des professionnels dans des logements achevés avant 1990 et utilisés comme résidence principale. L’emprunteur, le propriétaire ou le bailleur ne supporte aucun intérêt, ni frais de dossier à payer à l’établissement préteur. L’intérêt du prêt est pris en charge par l’Etat qui accorde à l’établissement de crédit le bénéfice d’un crédit impôt.
RÉNOVER 380 000 LOGEMENTS PRIVÉS À PARTIR DE 2015
Une troisième aide, financée sur les Investissements d’avenir sera créée pour permettre aux ménages précaires de rénover leur logement, en complément des autres aides. Elle sera de 1 350 euros et ouverte aux ménages dont le revenu annuel ne dépasse pas 35 000 euros. Cette aide sera mise en œuvre pendant deux ans, le temps pour le gouvernement de mettre au point, en 2015, un mécanisme de tiers financement. La Caisse des dépôts et consignation a été chargée de réfléchir à l’élaboration de ce dispositif déjà utilisé en Grande-Bretagne et que la région Ile-de-France commence à expérimenter. Pour l’instant, le gouvernement estime que les schémas de tiers financements imaginés ne sont pas totalement pertinents. Il table néanmoins sur ce nouveau mécanisme pour rénover 380 000 logements privés à compter de 2015.
Alors que les objectifs du Grenelle de l’environnement de rénover 400 000 logements en 2013, n’ont pas été atteints, le chef de l’Etat, se fixe un objectif plus raisonnable pour 2014 : la rénovation de 270 000 logements (180 000 logements privés et 90 000 logements sociaux).
Les professionnels du bâtiment reçus à l’Elysée en février avaient réclamé une baisse de la TVA à 5 % pour les travaux de rénovation thermique. Le gouvernement réserve sa réponse et ne veut rien promettre pour éviter que les particuliers ne diffèrent leurs projets de travaux dans l’attente de mesures fiscales avantageuses.
Pour faciliter les démarches des particuliers, un guichet unique, sorte de service public de la rénovation énergétique sera mis en place d’ici à l’été 2013 sur tout le territoire. Le gouvernement compte enfin puiser dans les emplois d’avenir pour former 1 000 jeunes « ambassadeurs », qui auront pour mission d’aller chez les ménages, notamment les plus précaires pour les sensibiliser à la nécessité de rénover leur habitation et les aider dans leurs démarches.
UN PLAN QUI POURRAIT GÉNÉRER 75 000 EMPLOIS
Pour éviter le phénomène d’inflation des prix des chantiers, le gouvernement réfléchit à une labellisation des professionnels. L’Elysée estime que le plan logement est « un plan d’investissement de crise qui permet de faire de la relance sans coûter trop ».
Sensibilisé par les professionnels qui redoutent la suppression de 40 000 emplois en raison de la baisse de construction de logements neufs, le gouvernement estime que son plan pourrait générer 75 000 emplois.
La rénovation thermique est coûteuse mais urgente. L’habitat est responsable de 25 % des émissions de gaz à effet de serre et représente 44 % de la consommation énergétique finale. Pour les ménages, le budget chauffage, compte tenu de l’augmentation des prix de l’énergie de plus de 30 % en dix ans, est de plus en plus lourd. Le nombre de ménages en situation de précarité énergétique s’accroît. Sans incitations financières fortes, le chantier ne pourra pas avancer. Et la transition énergétique ne pourra avoir lieu.
Un éventail de mesures pour relancer la construction
Le gouvernement fixe cinq priorité s pour le logement :
1. Diviser par trois les délais de procédures et lutter contre les recours abusifs.
2. Transformer les bureaux vacants en logements et faciliter les possibilités de déroger aux règles de constructivité fixés dans les plans locaux d’urbanisme.
3. Construire un pacte avec les HLM. Une TVA réduite à 5 % sera instaurée pour la construction de logements sociaux en contrepartie d’une mutualisation de leurs moyens.
4. Simplifier les procédures, en instaurant un moratoire de deux ans sur les nouvelles normes techniques.