On parle du changement climatique depuis plus de 30 ans. Pourquoi n’avons-nous rien fait ?
Andrew Revkin a récemment rejoint l’équipe de la National Geographic Society en tant que conseiller stratégique, journaliste environnemental et scientifique, après trois décennies de reportages sur l’environnement, principalement pour le New York Times.
www.nationalgeographic.fr/environnement/2018/06/parle-du-changement-climatique-depuis-plus-de-30-ans-pourquoi-navons-nous
Migrants : « Le changement climatique est une persécution que nous, Occidentaux, infligeons aux plus vulnérables »
Entretien avec François Gemenne / Hervé Kempf et Lorène Lavocat pour Reporterre
https://reporterre.net/Migrants-Le-changement-climatique-est-une-persecution-que-nous-Occidentaux
Migrants : « Ouvrir les frontières accroît à la fois la liberté et la sécurité »
Entretien avec François Gemenne / Hervé Kempf et Lorène Lavocat pour Reporterre
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Bestetan hondakinak murrizteko Nafarroako Gobernuaren kanpaina Leitzan abiatu da
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On parle du changement climatique depuis plus de 30 ans. Pourquoi n’avons-nous rien fait ?
Andrew Revkin a récemment rejoint l’équipe de la National Geographic Society en tant que conseiller stratégique, journaliste environnemental et scientifique, après trois décennies de reportages sur l’environnement, principalement pour le New York Times.
www.nationalgeographic.fr/environnement/2018/06/parle-du-changement-climatique-depuis-plus-de-30-ans-pourquoi-navons-nous
Dans le temps qu’il a fallu pour justifier que le changement climatique est en grande partie lié à la pollution et l’activité humaine, la crise s’est profondément aggravée.
Il y a trente ans, l’impact potentiellement perturbateur des émissions carbone produites par la combustion fossile et la déforestation agressive qui commençait faisait la une de plusieurs journaux.
Il a fallu un siècle d’accumulation de faits scientifiques et une évolution majeure dans la perception de l’enjeu environnemental pour que cela se produise. Svante Arrhenius, scientifique suédois pionnier qui, en 1896, estimait pour la première fois l’ampleur du réchauffement dû à la combustion généralisée du charbon, voyait en ce changement une aubaine, une évolution vers « des climats plus équitables qui favorisera les climats terrestres les plus froids. »
Plusieurs reportages se sont succédé au fil des années, y compris un article remarquablement clair publié en 1956 dans le New York Times qui indiquait comment l’accumulation des émissions de gaz à effet de serre lié à la production d’énergie entraînerait des changements environnementaux durables. Dans sa conclusion, l’article prévoyait ce qui est devenu le principal obstacle à la lutte contre les émissions nocives : l’abondance des combustibles fossiles. « Le charbon et le pétrole sont encore abondants et bon marché dans de nombreuses parties du monde, et il y a tout lieu de croire que les deux seront consommés par l’industrie aussi longtemps que cela sera rentable. »
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a été créé à la fin de l’année 1988, après que divers facteurs ont mis en lumière l’effet de serre. Les grandes lignes d’une solution avaient été forgées un an plus tôt alors que les nations du monde entier se mettaient d’accord sur le Protocole de Montréal, qui fixait des mesures pour éliminer certains composés synthétiques mettant en péril la couche d’ozone.
Depuis, les détails ont changé, mais à bien des égards, les principaux problèmes demeurent à peu les mêmes que ceux que moi et d’autres journalistes pouvions déjà observer en 1988.
“À bien des égards, les principaux problèmes environnementaux sont à peu les mêmes que ceux que moi et d’autres journalistes pouvions déjà observer en 1988.”
En octobre de cette année-là, mon article de couverture du magazine Discover traitait de la menace d’inondation de Miami, de la puissance potentielle des ouragans, des prévisions d’émissions carbone de la Chine, de la vulnérabilité du manteau neigeux californien et de son approvisionnement en eau. J’y décrivais également les incertitudes frustrantes dans les projections de réchauffement qui demeurent valables aujourd’hui. L’article se terminait avec cette citation de Michael B. McElroy, alors professeur à l’Université de Harvard : « Si nous choisissons de relever ce défi, il semble que nous puissions ralentir considérablement le rythme du changement climatique, nous donnant le temps de développer des mécanismes dont le coût pour la société pourra être minimisé. Nous pouvons alternativement fermer les yeux, espérer le meilleur, et payer le prix fort quand la facture nous sera présentée. »
Cet avertissement n’est aujourd’hui que trop familier. Les scientifiques, les écologistes et certains politiciens ont fait des déclarations semblables à plusieurs reprises. Leurs avertissements n’ont pas empêché les émissions d’augmenter. Glen Peters, un scientifique du Centre pour la recherche internationale sur le climat à Oslo, en Norvège, a relevé la hausse du niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère à partir de 1870 et a constaté que près de la moitié de cette augmentation provenait de l’activité humaine ces 30 dernières années.
Pourtant, de nouvelles technologies de développement durable se sont développées depuis, avec la croissance fulgurante des systèmes solaires et éoliens. Mais le monde reste à plus de 85 % tributaire des combustibles fossiles pour satisfaire sa soif en énergie. Les gains en matière d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable ont été submergés par la hausse de la demande d’énergies fossiles à mesure que la pauvreté augmentait. Aux États-Unis et dans une grande partie de l’Europe, l’énergie nucléaire à faible teneur en carbone recule tandis que des coûts élevés entravent le développement de nouvelles centrales.
COMMENT EXPLIQUER CETTE ABSENCE D’ÉVOLUTION ?
Qu’est-ce qui explique le manque de progrès significatifs quant au changement climatique provoqué par l’Homme ? Ayant consacré la moitié de mes 62 années de vie dans le reportage et la rédaction d’articles sur le climat, dans la rédaction d’articles de blogs et de livres, j’ai récemment trouvé utile de repérer les perceptions erronées ou les occasions manquées qui aggravaient le problème.
Pouvons-nous nommer les principaux coupables ? Il y a presque autant de théories et de cibles qu’il y a d’avocats d’un côté et de l’autre. Parmi eux on compte le manque de financement de la recherche fondamentale (j’étais souvent dans ce camp), l’influence de l’industrie sur la politique, la médiatisation médiocre et les doutes de ceux qui investissent dans les combustibles fossiles ou s’opposent à l’intervention gouvernementale. Il y a aussi un certain nombre de normes sociales qui vont à l’encontre d’une législation sur le changement climatique.
Pendant des années, je pensais que tous les suspects étaient coupables. Mais il y a une alternative à ce scénario. Peut-être que le changement climatique est moins un mal environnemental à corriger qu’une somme de risques émergents temporaires. Dans une pièce de 2009 intitulée « La puberté à l’échelle d’une planète », je me suis amusé à suggérer que notre espèce traversait une transition turbulente de l’adolescence à l’âge adulte, résistant aux remontrances pour grandir – avec dans le rôle de la testostérone… les carburants fossiles.
Mais la situation est encore plus complexe. Plus je partais en reportage dans les bidonvilles kenyans et les villages indiens toujours sans accès à l’électricité où les gens cuisinaient sur du charbon de bois illicite ou faisaient chauffer de la bouse de vache, plus il devenait clair qu’il n’y avait pas de « nous » d’un point de vue énergétique, ni de vulnérabilité aux aléas climatiques. Le « nous » riche peut se permettre de convertir l’énergie en énergie propre et de réduire la vulnérabilité à la chaleur, aux inondations et plus encore. Mais le reste de l’humanité lutte toujours pour obtenir les avantages économiques de base que nous avons tirés de la combustion de combustibles fossiles pendant des décennies.
La recherche menée par un éventail de scientifiques et de chercheurs appuie une conclusion décourageante : le changement climatique ne ressemble à aucun problème environnemental auquel nous ayons déjà été confrontés. Nous ne pouvons pas le « réparer » comme nous avons commencé à résoudre le problème du trou dans la couche d’ozone, avec des règlements et des traités circonscrits et des changements technologiques limités. Le changement climatique est trop important dans l’espace et le temps ; les émissions qui en sont la cause sont une conséquence trop centrale de l’effort qui devrait être consenti par plus de 7,5 milliards d’êtres humains, et près de 10 milliards dans quelques décennies, pour prospérer sur Terre.
LE VRAI CHANGEMENT
On ne se rend réellement compte de ce qui arrive à la Terre que lorsqu’un pic d’émissions de gaz à effet de serre est mis en relation avec les mesures de l’activité humaine. Un rapport scientifique de 2015 intitulé « The Great Acceleration » comprenait un tableau de bord planétaire représentant les signaux de l’activité humaine, la disparition des forêts tropicales pour satisfaire les besoins en papier, et bien sûr la consommation en eau. La plupart ont la même forme que la courbe des émissions de CO2. Les impacts de la pollution et du climat sont donc les symptômes d’une situation plus globale : un moment appelé anthropocène, qui caractérise le moment où les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre.
Adam Frank, astrophysicien à l’Université de Rochester, a commencé à évaluer les différents scénarios possibles pour notre planète. Il s’est appuyé sur les connaissances que nous avons des mondes en dehors de notre système solaire qui pourraient abriter la vie.
Si les modèles mathématiques sont assez simples, trois grands scénarios émergent, qu’ Adam Frank décrit dans un nouveau livre intitulé Light of the Stars. Le premier scénario est l’« atterrissage en douceur », dans lequel une civilisation et sa planète passent doucement à un nouvel état stable. Le second s’intitule « mourir ». Dans ce dernier, les conditions environnementales d’une planète se dégradent et les populations chutent précipitamment, mais semblent survivre. « Il est difficile de savoir si une civilisation technologique pourrait survivre en perdant près de 70 % de sa population » explique Frank.
Et il y a un troisième scénario : l’effondrement. « La population augmente, la planète se « réchauffe » et, à un moment donné, la population s’effondre à zéro », explique Frank. « Nous avons même trouvé des solutions dans lesquelles l’effondrement pourrait se produire après que la population a changé d’une source d’énergie à fort impact – les combustibles fossiles – à une énergie solaire à impact plus faible. »
La perspective interplanétaire de Frank montre clairement que la crise climatique est un défi immense, au même titre que la lutte contre le cancer ou la pauvreté, auxquelles les gens dédient toute leur vie, avec un mélange d’urgence et de patience. Le changement de perspective est troublant mais aussi libérateur : cela signifie que toute personne motivée et persévérante peut faire la différence – en tant qu’enseignant ou ingénieur, artiste ou investisseur, ou simplement en tant que citoyen engagé.
En regardant dans l’espace pour évaluer les perspectives de la Terre, Frank est revenu au point de départ de James Hansen – ses premières recherches sur notre chaud voisin Vénus.
Plus tôt cette année, j’ai demandé à Frank ce qu’il voyait pour l’avenir de la Terre : Sommes-nous destinés à ressembler davantage à une allumette éclairant le monde d’une lumière vibrante mais brève ? Ou pourrions-nous luire comme, disons, une LED à énergie solaire?
Frank pense qu’il peut être difficile pour toute biosphère qui développe une civilisation industrielle à l’échelle planétaire d’éviter les scénarios de grandes perturbations. « Tout dépend peut-être du patrimoine évolutionnaire de l’espèce », dit-il, et de notre capacité à penser et agir de manière responsabilité pour s’adapter à une nouvelle réalité : la nôtre.
« Avons-nous ce qu’il faut, l’avons-nous fait à temps ? Je l’espère, mais je suppose que nous le verrons bientôt. »
Migrants : « Le changement climatique est une persécution que nous, Occidentaux, infligeons aux plus vulnérables »
Entretien avec François Gemenne / Hervé Kempf et Lorène Lavocat pour Reporterre
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Alors que se déroule jeudi 28 et vendredi 29 juin un sommet européen sur la question des migrations, le chercheur François Gemenne met à bas quelques idées reçues. Non, il n’y a pas d’invasion. Non, le tri entre migrants n’a aucun sens. Oui, les migrations sont un phénomène structurel et inévitable. Et nous, Occidentaux, en sommes responsables, de par la « persécution » que nous infligeons aux plus vulnérables par nos modes de vie prédateurs.
François Gemenne est chercheur en sciences politiques, rattaché à l’université de Liège et enseignant à Sciences Po. Ses recherches sont essentiellement consacrées aux migrations et aux déplacements de populations liés aux changements de l’environnement, notamment aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux politiques d’adaptation au changement climatique.
Reporterre – La crise de l’Aquarius a relancé le débat européen sur les migrations. Un sommet doit d’ailleurs se tenir prochainement à Bruxelles. On entend beaucoup parler du « tri » qu’il faudrait effectuer entre réfugiés politiques et migrants économiques, de l’« appel d’air » qu’il ne faudrait pas créer en accueillant les naufragés. Que vous inspire cette situation ?
François Gemenne – Il y a un an environ, le Journal du dimanche avait titré « Voilà comment Collomb veut faire un tri des migrants ». À l’époque, cela avait fait hurler toute la classe politique. Même Collomb avait dû se justifier en parlant d’une petite facilité de langage. Aujourd’hui, cette expression de « tri » est passée dans le langage courant. Plus personne n’est choqué par l’idée de « trier » les migrants. De même, toute une série de mots qui nous paraissaient inacceptables et propres au lexique de l’extrême droite il y a peu font désormais partie de notre vocabulaire. Tout le monde à gauche comme à droite parle de « l’appel d’air ». Dans un an, on parlera sans problème du « grand remplacement ». Dans deux ans, on séparera les enfants des parents à la frontière extérieure de l’Europe. Tout recule à vitesse grand V. L’extrême droite impose extraordinairement rapidement toutes ces mesures, tout son agenda, tout son champ lexical.
Pourquoi ?
La gauche et la droite ont capitulé sur ce sujet. L’immigration est considérée comme une anomalie, un problème à résoudre. Il n’y aurait donc pas besoin de réfléchir à un réel projet politique pour y répondre. L’extrême droite est la seule force politique à développer un projet politique en matière d’asile et d’immigration — certes détestable — mais cohérent. Et les derniers gouvernements démocrates en Europe pensent que le meilleur moyen de lutter contre l’extrême droite c’est d’appliquer ses mesures.
Y compris en France ?
Y compris en France. Plusieurs articles du projet de loi Asile et Migration sont à l’origine des mesures de l’extrême droite. Partout dans le monde, des mesures sont directement inspirées par l’extrême droite, et vont même parfois plus loin. Il y a quinze ans, même le Front national [désormais Rassemblement national] n’aurait pas demandé à séparer enfants et parents dans des centres de rétention.
Harald Welzer, dans son livre « Les guerres du climat », explique que les sociétés occidentales seraient prêtes à abandonner leur idéaux démocratiques et de respect des droits de l’homme pour conserver leur confort matériel. Serions-nous prêts à reculer sur les libertés fondamentales pour nous « protéger » de l’immigration ?
Très clairement. Il n’y a plus de consensus entre gauche et droite sur les droits de l’homme. C’est devenu une question partisane. Aujourd’hui, celui qui aborde ce sujet est catalogué comme une sorte de « bobo, gauchiste, proche des islamistes ». 4
Ce n’est pas pour rien que les États-Unis sortent du Conseil de l’ONU sur les droits de l’homme. Ce recul est très inquiétant, car jusqu’ici, on a vécu dans l’illusion d’une consolidation de la démocratie. Il y avait une marche, un progrès inéluctable des droits humains. Aujourd’hui, c’est l’inverse. De plus en plus de gens — singulièrement parmi les jeunes — se disent prêts à accepter, voire à soutenir, un régime autoritaire.
Pourquoi des milliers de citoyens sont-ils séduits par des thèses xénophobes ?
Les opinions sont dominées par la peur, et par la conviction qu’il y a une crise profonde à résoudre. Les populistes européens parlent de crise migratoire, et véhiculent l’idée d’une invasion qui menacerait nos valeurs, notre culture, nos emplois. Et nos dirigeants ont parfaitement compris quel profit électoral ils pouvaient tirer d’une posture autoritaire assumée. Nous sommes de plus en plus gouvernés par des monstres. Stephen Miller, le conseiller de Trump qui a initié l’idée d’une séparation entre les enfants et leurs parents à la frontière mexicaine, a 32 ans, c’est un Machiavel moderne. Il espère qu’en divisant profondément l’opinion publique américaine, les gens vont finir par soutenir Trump, par peur de la division et besoin de se rassembler. L’idée de séparer les enfants migrants n’est donc pas liée à la question migratoire, mais c’est une stratégie pour gagner les élections de mi-mandats. Les migrants sont des boucs émissaires, ou des pions sur l’échiquier politique. À propos de l’accueil de l’Aquarius, les gouvernements italien et français ont joué un coup. Sauf que tout ceci se fait sur le dos d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont en grand danger. Les migrants sont un punching ball facile, car ils ne votent pas, ils ne manifestent pas, et leur cause mobilise peu de personnes.
Avons-nous tort d’avoir peur ?
Nos sociétés sont aujourd’hui traversées par une « fracture de mondialisation ». Séparant une élite qui profite de tous les avantages de la mondialisation, et une frange majoritaire de notre société qui se sent abandonnée. Le « village global » des années 1990 n’est pas advenu. Ils ont peur d’être broyés par cette élite pour qui les frontières ne représentent plus rien. Car, pour la majorité de la population, les frontières apparaissent comme le dernier rempart pour protéger leur niveau de vie, leur emploi, leur retraite. Ils voient tout ce qui se trouve de l’autre côté comme une menace. Parce qu’ils définissent leur identité collective par l’intérieur de la frontière. Elle est un symbole qui s’adresse non pas à ceux qui sont à l’extérieur, mais à ceux qui sont à l’intérieur. On nous avait promis l’avènement d’une citoyenneté mondiale, mais c’est l’inverse qui se produit : les gens se définissent avant tout comme citoyen de l’intérieur de leurs frontières.
On substitue en quelque sorte la peur de l’étranger à la lutte sociale. Car ce qui menace le plus nos sociétés, c’est la prédation exercée par les plus riches.
Cette prédation est globalisée et associée à la mondialisation. Paradoxalement, les luttes sociales ou les luttes écologistes ne sont plus pensées que dans le strict cadre national. Plus personne ne parle de « l’internationale socialiste ». C’est assez dramatique. Sur la question écologique, on assiste à un retour très fort de toute une série d’initiatives locales. Ce qui éclipse en partie la dimension globale et la nécessité d’un combat international contre le changement climatique. On va acheter des fruits et légumes chez le producteur d’à côté, mais on va à côté partir en week-end en avion au bout du monde. Je ne veux pas vouer aux gémonies les initiatives locales. Mais le local ne va pas sans le global.
On nous parle beaucoup d’invasion : est-ce le cas ?
Non, même s’il y a effectivement eu en 2014, en 2015 et dans une moindre mesure en 2016, des flux plus importants que d’habitude. Un peu supérieurs à ceux qu’on a connu pendant la guerre des Balkans dans les années 1990. Toute l’attention des médias, des opinions publiques et des politiques s’est focalisée sur la crise en Méditerranée, en oubliant que l’essentiel de l’immigration en Europe continuait à arriver par avion, par des voies parfaitement légales pour des études, pour des regroupements familiaux et des questions professionnelles. Au plus fort de la crise, ceux qui traversent la Méditerranée ne représentent qu’un quart des immigrants annuels en Europe. Depuis le début de l’année 2018, on est autour de 45.000 à 50.000 traversées. À titre de comparaison, la France délivre 200.000 permis de séjour par an. Je ne nie pas le fait qu’il y ait eu un afflux important. Mais surtout, cet afflux s’est concentré sur certaines zones de tension en Grèce, en Italie, à Malte, en Hongrie. Localement les autorités ont été dépassées par la situation. Rien ne préparait les mairies de Lesbos, de Lampedusa ou d’autres à devoir faire face d’un coup à des milliers de gens en détresse. Le problème est que les gouvernements européens ont confié les rênes de leur politique migratoire aux passeurs, qui décident combien de gens arrivent, quand et où. Forcément cela s’est fait de façon complètement désorganisée. D’où ces images de submersion, ou d’invasion.
Aujourd’hui, les dirigeants européens, Emmanuel Macron en tête, mettent en avant le « tri » qu’il faudrait effectuer entre « bons » et « mauvais » migrants, autrement dit entre réfugiés politiques et migrants économiques. Cette distinction a-t-elle un sens ?
Curieusement, cette « crise des réfugiés » a fait ressortir cette dichotomie, qu’on pensait en voie de disparition depuis les années 1990. Les travaux de recherche ont en effet mis en évidence que les gens ne migrent plus d’un pays A vers un pays B pour une raison précise, comme cela a pu être le cas dans les années 1950 au moment où la Convention de Genève a posé les grandes bases du droit d’asile et du droit des réfugiés. Aujourd’hui, les migrations sont étalées dans le temps et éclatées géographiquement. Les gens ne vont plus d’un pays A vers un pays B, mais passent par C et par D, avec des détours par Z et par Y. C’est ce que certains chercheurs appellent la migration mixte. Les motifs de migration se juxtaposent les uns les autres, s’influencent mutuellement. Donc, cette dichotomie qu’on avait établi dans les années 1950 entre réfugiés politiques, protégés par la Convention de Genève, et migrants économiques ne marche plus du tout aujourd’hui. La négociation de la Convention de Genève en 1951 ressemblait à une négociation de marchand de tapis. Il s’agissait de régler la question des réfugiés juifs au sein de l’Europe après la Seconde guerre mondiale, entre la France, les États-Unis, l’Angleterre et la Russie. La Russie bolchévique avait proposé d’élargir dans les critères des réfugiés la question des « persécutions économiques », dans l’idée de pouvoir accueillir les victimes du capitalisme. La France, les États-Unis et l’Angleterre ne l’ont pas accepté, mais si la négociation avait tourné différemment, on parlerait aujourd’hui de réfugiés économiques. Et, la persécution économique aurait été retenue comme un critère de droit d’asile. Alors que les négociateurs précisaient explicitement que la Convention n’avait pas vocation à s’appliquer aux réfugiés futurs mais uniquement aux Juifs déplacés en Europe, cet instrument est aujourd’hui devenu l’alpha et l’oméga du droit d’asile et des politiques migratoires. Les gouvernements ont ressorti cette dichotomie, non pas pour décrire la réalité empirique des migrations mais pour justifier leur politique migratoire. C’est une façon de rendre acceptable aux opinions publiques le fait qu’on va en accepter certains et en laisser d’autres. Mais de plus en plus de personnes sont aujourd’hui déplacées par la dégradation de l’environnement, notamment par les impacts du changement climatique. Les migrants environnementaux sont-ils des réfugiés politiques, des migrants climatiques ? Les facteurs économiques, politiques et environnementaux s’imbriquent les uns dans les autres. Les crises en Afrique de l’Est, liées à des sécheresses, à des famines, peuvent fragiliser des gouvernements, créer des troubles sociaux et amener à des conflits.
Arrive-t-on pour autant à isoler le facteur climatique ? Peut-on parler de réfugiés climatiques ?
Cela n’a pas de sens d’isoler un facteur des autres. Cela n’a plus de sens de catégoriser les gens. Il s’agit de catégories politiques, qui ne décrivent pas la réalité empirique. Certains doivent avoir droit à une protection spécifique, parce qu’ils sont persécutés ou parce qu’ils fuient une guerre. Mais l’essentiel est de comprendre l’imbrication des facteurs et des problématiques.
Pourtant, vous avez coordonné un Atlas des migrations environnementales…
Parler de migrations environnementales permet de souligner le rôle croissant de l’environnement comme facteur de migration et de déplacement. Mais on aurait pu parler d’un atlas des migrations, tout court.
Pendant des années, on a évoqué le chiffre de 250 millions de réfugiés climatiques en 2050. Ce chiffre n’a donc plus de sens ?
On peut donner des chiffres au niveau local, pour dire telle catastrophe a déplacé tant de milliers de personnes. Mais je ne m’avancerai pas à donner un chiffre global.
Si la question environnementale est liée aux autres facteurs de migration, peut-on encore parler de réfugiés climatiques ?
L’idée de réfugiés climatiques a seulement une vocation pédagogique pour souligner, auprès des gouvernements et auprès des opinions, l’importance de l’environnement comme motif de migration. Cela ne doit pas devenir une catégorie politique. Je défends le terme de réfugiés climatique, car au cœur du concept de « réfugiés » se trouve l’idée de persécution. Il est important de parler de « réfugiés » plutôt que de « migrants climatiques », pour souligner le fait que le changement climatique est une forme de persécution consciente que nous, Occidentaux, infligeons aux plus vulnérables. A chaque fois que nous émettons des gaz à effet de serre, nous créons une persécution politique à l’encontre des plus vulnérables.
Parce que nous émettons plus de gaz à effet de serre qu’un habitant d’Érythrée ?
Oui. Et parce que nous savons pertinemment les effets que cela provoque. Nous nous rendons coupables d’une persécution. Nous en sommes collectivement responsables. C’est une question de justice climatique. Paradoxalement, les migrations dites environnementales sont considérées à la fois comme une catastrophe à éviter à tout prix, mais aussi comme une solution d’adaptation à encourager pour les populations les plus vulnérables. On est dans une situation très schizophrénique.
Dans quel sens est-ce une adaptation ?
On considère qu’il y a intérêt à ce que les gens bougent dès maintenant pour se mettre à l’abri. Par cette migration anticipative, on va identifier une série de zones qui seront demain inondées ou asséchées, et encourager les habitants à se déplacer dès à présent. Il y a aussi l’idée de migrations saisonnières ou pendulaires pour permettre aux personnes de diversifier leurs revenus, pour alléger la pression démographique sur les ressources pendant certaines saisons. En Afrique subsaharienne, pendant la saison sèche, des gens vont en ville trouver un petit boulot dans la construction par exemple, toucher des revenus additionnels et les ramener à leur famille. De la même manière, les migrants à l’international vont renvoyer des remises d’épargne qui constituent une forme d’assurance pour la famille restée au pays dans l’hypothèse de mauvaises récoltes. La migration comme stratégie d’adaptation est une idée très présente dans les négociations internationales sur le climat. Elle est reconnue depuis le cadre de Cancùn en 2010, puis dans le Fonds vert. Gérard Collomb ne serait certainement pas très heureux de savoir qu’une partie de l’argent que la France va donner au Fonds vert va servir à encourager les migrations !
Comment expliquer ce paradoxe ?
Il y a une fracture complète entre les ministères de l’Intérieur, en charge des politiques migratoires, et les ministères de l’Environnement. Ce sont deux mondes différents, dans tous les pays. Mais au niveau national, les premiers l’emportent toujours sur les seconds.
Mais cette stratégie d’adaptation est-elle une bonne réponse ?
C’est une réponse qui est problématique à certains égards, notamment parce qu’elle tend à considérer les migrants comme des pions qu’on peut déplacer, d’une zone A vers une zone B. C’est nier la liberté individuelle, y compris la liberté de rester là où l’on est. De surcroît, certains gouvernements pourraient en profiter pour déplacer manu militari des villages entiers en prétextant une mise à l’abri. Surtout, cela dépolitise la migration, en gommant le caractère de persécution qu’on inflige à ces populations. Il est essentiel de ne pas mettre de côté les causes de cette migration : nos émissions de gaz à effet de serre.
Migrants : « Ouvrir les frontières accroît à la fois la liberté et la sécurité »
Entretien avec François Gemenne / Hervé Kempf et Lorène Lavocat pour Reporterre
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Alors que s’est achevé vendredi 29 juin au matin un sommet européen sur la question des migrations, le chercheur François Gemenne revient sur quelques idées reçues. Plutôt que de « résister » en fermant les frontières, mieux vaut « accompagner » les migrants par plus d’ouverture et de coopération.
François Gemenne est chercheur en sciences politiques, rattaché à l’université de Liège et enseignant à Sciences Po. Ses recherches sont essentiellement consacrées aux migrations et aux déplacements de populations liés aux changements de l’environnement, notamment aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux politiques d’adaptation au changement climatique.
Le nombre de migrations va-t-il augmenter du fait des changements climatiques ?
Non seulement elles vont augmenter, mais elles vont changer de nature, notamment devenir de plus en plus contraintes. De plus en plus de gens vont être forcés de migrer. Et de plus en plus de gens, les populations rurales les plus vulnérables, vont être incapables de migrer, parce que l’émigration demande beaucoup de ressources. Les gens vont se déplacer davantage, car les facteurs qui les poussent à migrer s’aggravent sous l’effet du changement climatique. Les inégalités sont le moteur premier des migrations, qu’elles soient réelles ou perçues, politiques, économiques ou environnementales. On est face à un phénomène structurel, mais on refuse de le considérer comme tel. On préfère parler de crise, où la migration est vue comme un problème à résoudre.
Pourquoi les inégalités sont-elles le moteur des migrations ?
Les gens migrent parce qu’ils sont confrontés chez eux à des inégalités politiques, économiques, environnementales. Ils vont quitter un endroit où ils sont en position de faiblesse vers un endroit qu’ils considèrent, ou qu’ils espèrent meilleur.
Une réduction des inégalités de niveau de vie entre les pays du Nord et les pays du Sud serait-elle de nature à réduire l’immigration ?
À long terme, oui. Pas à court terme. La propension à migrer diminue à partir du moment où le revenu moyen des personnes au départ atteint environ 15.000 $ annuels. Dans un premier temps, plus le niveau de la personne qui est en bas de l’échelle sociale augmente, plus la personne va avoir de ressources à consacrer à la migration. Et, tant qu’il demeure une inégalité, les gens vont vouloir migrer. Si on augmente massivement l’aide au développement des pays du Sud, et donc le niveau de revenus des gens, cela va les conduire à migrer davantage. Du moins, jusqu’à ce qu’on arrive au point d’égalité.
L’essentiel des migrations aujourd’hui proviennent de pays un peu plus « développés ». Les migrants arrivent peu de Centrafrique ou de la Sierra Leone, les pays les plus pauvres d’Afrique. Ceux qui peuvent embarquer et payer des passeurs sont des gens qui ont économisé pendant plusieurs années.
D’un point de vue cynique, pour éviter les migrations, il faut donc soit que les gens restent très pauvres, soit qu’ils parviennent à un niveau de richesse proche du nôtre.
Non seulement à un niveau de richesse, mais à un niveau de droit, de sécurité, de protection environnementale proches du nôtre. Ce qui est encore très loin d’arriver, même si cela peut constituer un horizon lointain. Il faut donc accepter que, le temps qu’on y arrive, il y ait de façon structurelle davantage de migrations. On entre dans un siècle de migrations. Mais plutôt que de se dire « essayons de faire face à cette réalité, de l’accompagner et de l’organiser au mieux », on reste dans une logique de repli. Alors que vouloir « résister » à ce phénomène, à travers des camps au bord de l’Europe, au bord de nos villes, est une bataille perdue d’avance. Quand j’étais lycéen, au milieu des années 1990, nos professeurs tenaient le même discours vis-à-vis d’Internet. On organisait des grands débats au lycée — « Est-ce qu’Internet est une bonne ou une mauvaise chose ? Internet une opportunité ou un danger ? » Ce sont exactement les mêmes débats que ceux qui nous animent aujourd’hui sur les migrations !
Et Internet s’est imposé, sans qu’on puisse l’empêcher.
Nous avons tous accepté qu’Internet transforme tous les aspects de notre vie et de l’organisation de la société. Personne ou presque n’aurait l’idée de brider Internet. On tente d’en maximiser les opportunités et d’en limiter les dangers. Mais pour les migrations, on n’est pas encore dans cet état d’esprit.
À très long terme, il faut donc équilibrer les niveaux de vie. À court terme que peut-on faire ?
Il faut essayer d’organiser les choses, pour que cela se passe le mieux possible dans l’intérêt des migrants, dans l’intérêt des sociétés de destination et dans celui des sociétés d’origine. Parce qu’aujourd’hui, notre posture de résistance et de fermeture des frontières crée le chaos, crée cette impression de crise, crée ces tensions dans nos sociétés, du racisme, du rejet et potentiellement des violences. Il faut permettre des voies d’accès sûres et légales vers l’Europe, y compris pour les migrants économiques, pour mettre fin aux naufrages des bateaux et aux réseaux des passeurs. Il faut également mutualiser les moyens et l’organisation : la compétence de l’immigration doit être transférée à un niveau supranational, par exemple à une agence européenne de l’asile et de l’immigration. Et il faut davantage de coopération au niveau international, qui ne soit pas de la sous-traitance avec des pays de transit ou d’origine, comme on le conçoit volontiers dans les instances européennes. Paradoxalement, cette question qui, par essence, demande une coopération internationale est celle sur laquelle il y en a le moins. Les États sont convaincus qu’ils gèreront mieux la question dans le strict cadre de leurs frontières. À plus long terme, la plus rationnelle et la plus pragmatique des solutions, c’est simplement d’ouvrir les frontières. On en est loin. Les gouvernements et une grande partie des médias véhiculent l’idée que la frontière est l’instrument du contrôle des migrations. Si vous fermez une frontière, les gens s’arrêteraient de venir. Et si vous ouvrez la frontière, tout le monde viendrait. Or, toutes les recherches montrent que le degré d’ouverture ou de fermeture d’une frontière joue un rôle marginal dans la décision de migrer. Les gens ne vont pas se décider à abandonner leur famille et leur pays juste parce qu’une frontière, là-bas, en Allemagne, est ouverte. Et, des gens qui sont persécutés par les bombes qui leur tombent dessus en Syrie ne vont pas y rester parce que la frontière est fermée. À Calais, même si la frontière est complètement fermée avec le Royaume-Uni, les migrants tenteront cent fois, mille fois de la franchir. Par contre, le degré d’ouverture de la frontière va déterminer les conditions de la migration, son coût, son danger. Ouvrir les frontières ne veut pas dire les faire disparaître. Les États restent là. On ne supprime pas les passeports, on supprime simplement les visas. Cela permet aussi de mieux contrôler les entrées et les sorties, car les États savent exactement qui entre sur le territoire et qui en sort. Cette solution accroit à la fois la liberté et la sécurité.
Est-ce qu’il y a des régions où cela se passe bien ?
Il y a plein d’endroits en France où cela se passe très bien, au niveau local. Les fers de lance de l’accueil des migrants sont souvent les maires : Juppé à Bordeaux, Piolle à Grenoble, Hidalgo à Paris, Carême à Grande-Synthe. Au niveau d’un pays, la Nouvelle-Zélande développe une politique d’accueil relativement ouverte, qui fonctionne bien. Il y a des pays paradoxaux, comme l’Inde, qui a une frontière complètement ouverte avec le Népal, bouddhiste, et une frontière complètement fermée avec le Bangladesh, musulman. Ce cas illustre le caractère raciste de nos politiques migratoires. Ce qui nous dérange en Europe, ce ne sont pas les Belges comme moi qui émigrent. La plupart des gens sont convaincus que les Africains partent directement de leur pays pour traverser la Méditerranée et pour arriver en Europe. Or, 55 % des migrations internationales depuis l’Afrique de l’Ouest vont vers l’Afrique de l’Ouest.
Les migrants qui arrivent de Libye vers l’Europe sont généralement classés comme des migrants économiques parce qu’ils sont noirs. Or, ils migrent avant tout parce qu’ils sont persécutés en Libye, violentés et vendus en esclaves sur les marchés. Par contre, les Syriens sont classés comme des réfugiés politiques parce que nous voyons les images de la guerre en Syrie, mais pour la plupart, ils migrent avant tout pour des raisons économiques. Ils n’étaient pas persécutés en Turquie, au Liban ou en Jordanie, mais ils vivaient dans des conditions de vie misérables. Ils migrent en Europe pour reprendre leur carrière ou pour leurs études.
Quel rôle joue le facteur démographique dans les migrations ? Car la transition démographique ne se fait pas en Afrique, le continent va passer de 1 milliard d’habitants à 3 milliards d’ici 2050.
Le meilleur moyen de contrôler la natalité d’Afrique serait de faire venir toute l’Afrique en Europe (rires) ! Toutes les études montrent que, dès la deuxième génération, le taux de natalité des Africaines s’aligne strictement sur celui de la population du pays d’accueil.
Ces taux de natalité créent une peur chez nous, on craint le péril démographique en Afrique, qui va se déplacer vers l’Europe. Les gens restent dans une identité relativement figée, où l’on conçoit l’Europe comme blanche. La réalité est que nous sommes un pays métissé.
La France black, blanche, beur, c’était il y a vingt ans ! Maintenant, le Rassemblement national et aussi la droite mettent en avant les racines et la tradition chrétienne de la France.
Ils veulent rester catholiques, blancs. Le problème est qu’aucun autre parti n’assume la position inverse.
Parce que cela semble inassumable politiquement, ainsi que les solutions que vous proposez. Pour le moment, l’inverse se produit : des gouvernements de plus en plus réactionnaires, de plus en plus xénophobes. Cela fait un peu peur pour l’avenir.
C’est encore très optimiste d’avoir peur. J’ai acté que l’Europe serait bientôt gouvernée par l’extrême droite. Je suis déjà à l’étape d’après, où s’organisent des petites poches de résistance qui accueillent clandestinement des migrants.
En Belgique, malgré un gouvernement d’extrême droite, dans un parc au nord de Bruxelles, il y a un grand mouvement de solidarité et d’accueil des migrants pour éviter qu’ils passent la nuit dehors. Près de 45.000 personnes sont organisées avec un compte Facebook pour se relayer. Ce mouvement de solidarité devient de plus en plus un mouvement politique de résistance face à un régime autoritaire.
Les démocraties, celles pour qui la question des droits humains compte encore un peu, sont en train de devenir minoritaires en Europe ! Il nous faut organiser d’autres formes de résistance. C’est une vision de l’avenir assez pessimiste. J’espère me tromper, et que l’attitude du gouvernement espagnol va ouvrir une nouvelle voie en Europe, que les électeurs vont sanctionner positivement cette attitude d’accueil des migrants.
Bestetan hondakinak murrizteko Nafarroako Gobernuaren kanpaina Leitzan abiatu da
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Baxera berrerabilgarria estrenatu zen San Joan bezperako herri afarian, baita Lesakako Tantirumairu Ikastolaren bestan ere. Hemendik irailera bitarte eginen diren 28 ospakizunetan 13.000 lagunek erabiliko dituzten baxera berrerabilgarriak aurkeztu zituzten ekainaren 23an Leitzan, San Joan bezperako herri afarian. Asteburu honetan, Lesakako Tantirumairu ikastolako bestan ere erabili dituzte, baita Lekunberrin, Obanosen, Garesen eta Berbinzanan ere.
Eskualdean, uztailean Elizondoko bestetan eta Baztandarren Biltzarran ere erabiliko da, Donezteben eta Iturenen (Malerrekako Mankomunitatea), abuztuan Beran eta Etxalarren eta irailean Urrozko bestetan.
Nafarroako Gobernuko Landa Garapen, Ingurumen eta Toki Administraziorako Departamentuko Hondakinen Prebentzio Bulegoak eta Hondakin Kontsortzioak sustatu dute ekimena, GAN-NIK erakundearen laguntzarekin. Izan ere, onartu berri den Hondakinen Foru Legearen arabera, 2020. Urtetik aitzinera debekatua egonen da erabili eta botatzeko baxeraren erabilpena.
Leitzako aurkezpenean, Isabel Elizalde, Nafarroako Gobernuko Landa Garapen, Ingurumen eta Toki Administraziorako kontzeilaria; Unai Loiarte, Mendialdeko Zerbitzuen Mankomunitateko presidentea eta Goizuetako alkatea; Mikel Zabaleta, Leitzako alkatea eta Iñaki Urrizalki, Nafarroako Hondakin Kontsortzioko kudeatzailea.
Varazdin Fundazioa da baxera-hornitzailea, baita hau biltzeaz eta garbitzeaz arduratzen dena ere. Gaur egun, dibertsitate funtzionala duten 70 lagunek lan egiten dute Varazdin Fundazioan.
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