Bizi !

Articles du Vendredi : Sélection du 28 février 2025

En Allemagne, les activistes pour le climat sonnés mais pas désespérés
Jade Lindgaard
https://www.mediapart.fr/journal/international/260225/en-allemagne-les-activistes-pour-le-climat-sonnes-mais-pas-desesperes

Après la victoire de la droite conservatrice et le succès de l’extrême droite aux élections, des militants écologistes veulent plus que jamais lier leurs actions à celles des syndicats et des personnels des secteurs en première ligne face aux effets du dérèglement climatique.

La poussée de l’extrême droite en Allemagne enfonce-t-elle un clou dans le cercueil de la justice climatique, quasi absente de la campagne électorale qui a couronné les conservateurs de la CDU dimanche 23 février ?

Ce n’est pas vraiment l’état d’esprit de Luisa Neubauer, 28 ans, activiste pour le climat aguerrie. Depuis la ville de Lörrach, dans le sud du pays, l’Allemande parle, mardi 25 février, de la manifestation à laquelle elle a pris part, la veille, contre l’extrême droite et « pour l’espoir » : « Cinq cents personnes étaient là, dans une ville de 50 000 habitants, c’est bien. » D’autres rassemblements sont à venir.

« L’extrême droite fait du climat une cible privilégiée car ils ne supportent pas l’idée du changement climatique, dit-elle. Quand elle était au plus bas, lors de la précédente campagne, tout le monde parlait du climat. À partir du moment où on parle de justice climatique, ils sortent du jeu parce qu’ils n’ont rien à en dire, car c’est incompatible avec leur idéologie. Parce que la justice climatique, c’est tout ce que l’extrême droite déteste : l’idée que tout le monde a les mêmes droits, quels que soient votre lieu de naissance et votre couleur de peau ; le fait que nous n’opprimons pas, ni ne supprimons la nature et qu’au contraire, nous la protégeons. Pour la justice climatique, nous avons besoin d’une démocratie forte. »

Même combativité, mais teintée d’une inquiétude palpable chez Jakob Springfeld, auteur d’un livre remarqué en Allemagne, Parmi les nazis (publié en français aux éditions Samsa) : « J’ai pris peur quand j’ai vu le résultat des élections, car ça risque d’être de plus en plus dur de convaincre les partis de défendre la justice climatique. » Dans la ville de Zwickau (Saxe), dans l’est de l’Allemagne, où il a grandi, l’activiste a déjà subi les attaques de néonazis ulcérés par son engagement auprès de Fridays for Future, le mouvement créé par la militante suédoise Greta Thunberg.

Pour autant, à 22 ans, il ne doute pas de la justesse de son engagement : « Les populistes décrivent un monde qui n’existe plus. On ne peut pas revenir en arrière, nous devons avancer. Nous ne pouvons pas sauver la démocratie sans accepter de changer. Pour cela, il ne suffit pas de s’opposer à l’extrême droite, il faut mettre en avant tout ce que la justice climatique peut apporter. »

Par exemple, des emplois et même dans l’industrie automobile. Alternative pour l’Allemagne (AfD), la formation d’extrême droite arrivée en deuxième position aux élections de dimanche, s’oppose au remplacement des véhicules à essence et Diesel par l’électrique. « Mais ce n’est pas une bonne solution pour les travailleurs car l’économie mondiale passe aux modes de transport décarbonés. Si les usines continuent de fabriquer les vieux modèles, les emplois seront menacés », analyse ce fils d’ouvrier automobile, aujourd’hui étudiant en science politique.

Jakob Springfeld cite l’exemple du Collettivo di Fabbrica en Italie, près de Florence, où des ouvriers licenciés par le fabricant de composants automobiles Driveline GKN ont occupé leur usine et présenté un plan de reconversion écologique.

Il reconnaît néanmoins la difficulté d’en discuter avec les syndicats de l’usine Volkswagen de sa ville natale : « 30 ou 40 % des ouvriers sont favorables à l’AfD. C’est difficile, mais nous faisons de notre mieux. »

Brûler les frontières, pas le charbon

C’est aussi l’approche des militant·es du mouvement Ende Gelände, qui organise depuis dix ans des blocages de mines de charbon et de centrales électriques. Pour Jule Fink, l’une de ses porte-parole, « les gens, travailleurs de l’industrie mais aussi riverains et personnes affectées par ce que produisent les usines, devraient être associés aux décisions des entreprises ». Ces activistes demandent la socialisation des moyens de production (« vergesellschaftung », au programme d’une conférence en 2024) « pour démocratiser l’économie et afin que l’appareil de production fabrique des choses vraiment utiles ». Elle insiste : « Nous sommes au côté des travailleurs pour défendre leur droit à des conditions de vie décentes et en faveur d’une transition juste. »

Avec d’autres chevilles ouvrières du mouvement climat, Luisa Neubauer tente elle aussi de rapprocher les activistes écologistes des syndicats de travailleurs et travailleuses : « Nous travaillons en particulier en direction des personnes ayant des emplois “verts” : conducteurs de bus, infirmières, ingénieurs, métiers du soin… Il faut que ces emplois dont nous avons besoin pour notre futur rémunèrent suffisamment les gens. Ce n’est pas seulement pour joindre les deux bouts, c’est un enjeu de dignité. »

C’est dans le même esprit que des militant·es pour le climat ont fait campagne en 2021 à Berlin pour l’expropriation de certaines compagnies immobilières accusées de faire monter le niveau des loyers ; pour demander que des panneaux solaires soient subventionnés chez les particuliers afin de réduire leurs factures d’électricité et d’aider les ménages défavorisés à sortir la tête de l’eau. Ou encore pour participer à une alliance avec des personnels de santé (Deutsche Allianz Klimawandel und Gesundheit), considérant que la protection contre les effets des canicules est une urgence sanitaire.

« Il faut aussi agir avec les personnels de l’éducation et le monde du sport, l’enjeu climatique n’est pas que l’affaire des partis politiques, c’est toute la société qui est concernée », considère Dietrich Herrmann, chercheur en science politique à la Fondation Heinrich Böll, financée par les Verts allemands. Il se réjouit qu’en Allemagne, « la société soit très active, avec beaucoup de syndicats et d’associations. Ce sont autant de moyens d’avancer ».

En 2016, les activistes d’Ende Gelände avaient occupé une mine de charbon à Welzow, dans l’est du pays, derrière une banderole qui proclamait « Brûlez les frontières, pas le charbon ». Un tel slogan serait-il encore possible ? « C’est toujours notre position et vous trouvez le même type de slogans aujourd’hui : “Pas de justice climatique sans antifascisme” ou “Pas de justice climatique en territoires occupés”, en soutien à la Palestine et malgré la répression qui est très forte », assure Jule Fink.

À ses yeux, « la justice climatique ne va pas sans l’antifascisme, c’est une évidence. Les crises du climat, de la biodiversité et de la démocratie ont les mêmes causes : le système capitaliste ». Pour Jakob Springfeld, cette évidence est en réalité un dilemme : « Nous ne pouvons pas ignorer les discours racistes, mais nous ne pouvons pas nous limiter à parler de ça. Car sinon on perd nos soutiens. »

Faillite médiatique

Cette discussion n’a pourtant pas trouvé d’écho dans les médias lors de la campagne. « Le climat n’a pas été un sujet important dans les médias, car beaucoup d’entre eux appartiennent à des industriels liés au secteur des énergies fossiles », explique Dietrich Herrmann.

En 2024, le groupe de presse Axel Springer, propriétaire de Bild et de Politico, a vendu ses lucratives activités de petites annonces à deux fonds d’investissement, dont Kohlberg Kravis Roberts & Co (KKR), un acteur financier majeur du secteur de l’énergie, accusé de dissimuler l’ampleur de l’impact carbone de son portefeuille. Cette campagne électorale fut une « faillite médiatique », abonde Luisa Neubauer : « Los Angeles était en feu, des zones entières d’Europe étaient inondées, et notre campagne électorale s’est déroulée comme si cette réalité n’existait pas. » La militante ajoute que « des journalistes n’ont cessé de [lui] demander pourquoi personne ne parlait de climat. Mais [elle], [elle] passe [s]on temps à en parler ». Malicieux, Dietrich Herrmann suggère que la sortie des Verts de la coalition gouvernementale pourrait profiter au parti écologiste : « Ils ont tellement été caricaturés et présentés comme ceux qui veulent empêcher les gens de conduire leur voiture et de se chauffer. Tous les problèmes étaient de leur faute. Au moins, maintenant, ce ne sera plus possible. »

Suspension du chantier de l’A 69 : une victoire inédite de l’écologie sur l’économie
Benoît Lasserre
www.sudouest.fr/environnement/suspension-du-chantier-de-l-a-69-une-victoire-inedite-de-l-ecologie-sur-l-economie-23428859.php

La justice administrative a suspendu ce jeudi le chantier de l’A 69 entre Toulouse et Castres. Une victoire au goût amer pour ses adversaires, qui avaient multiplié les recours pour empêcher les travaux, lancés il y a deux ans. L’État va faire appel.

C’est le principe d’une autoroute : rouler plus vite pour aller d’un point A à un point B. Les ennuis débutent quand une entreprise de travaux publics avance comme si elle circulait sur autoroute alors que la justice se déplace sur une route nationale où la vitesse est limitée à 80 km/heure. C’est la moralité du projet d’A 69 entre Toulouse et Castres, dont la justice administrative, après des mois de bataille juridique, vient d’ordonner la suspension.

Une victoire plus que symbolique pour les adversaires de ce tracé d’une cinquantaine de kilomètres dont le chantier a débuté il y a bientôt deux ans, le 6 mars 2023. Ce n’est pas si souvent qu’un tribunal donne raison à un enjeu environnemental plutôt qu’à un argument économique, en l’occurrence, selon les partisans de l’autoroute dont le puissant groupe pharmaceutique Pierre Fabre, principal employeur tarnais, la nécessité de désenclaver le sud de Castres pour rejoindre la capitale régionale et son aéroport. Jusqu’à ce 27 février, aucun projet autoroutier n’avait jamais été invalidé pour des raisons écologiques. Cela fera une jurisprudence qui réjouit les militants de l’environnement. Une victoire cependant amère puisque le chantier, déjà bien avancé, devrait s’achever en fin d’année. Des centaines d’arbres ont été abattues malgré les opposants qui y étaient grimpés pour retarder, voire empêcher, le travail des pelleteuses, avant d’être délogés par les forces de l’ordre.

15 à 20 minutes de gain de temps

Avant de donner raison ce jeudi 27 février aux associations de protection de la nature, soutenues par les Écologistes et les Insoumis, la justice administrative a rejeté à quatre reprises les recours et les référés des adversaires de l’A 69, ce qui a permis à l’entreprise Atosca, qui construit l’infrastructure et en sera ensuite la concessionnaire, de mettre la gomme, pensant ainsi, comme la préfecture de Région, se mettre à l’abri d’un revers juridique.

Difficile en effet d’annuler un projet pour lequel des millions d’euros ont déjà été dépensés. Grosse charge mentale pour le tribunal qui, s’il doit certes appliquer le droit et sanctionner toute infraction, ne peut évidemment s’abstraire d’un contexte financier. C’est ce qu’a fait le tribunal de Toulouse, suivant ainsi les conclusions de la rapporteure, énoncées en séance le 18 février dernier. Pour celle-ci, l’A 69 ne présente aucune raison impérative d’intérêt public majeur (RIPPM) qui justifierait selon elle une telle atteinte à l’environnement et une telle artificialisation des sols, puisqu’il existe déjà un axe routier entre Toulouse et Castres. L’autoroute ne ferait gagner que quinze à vingt minutes de temps de trajet. Insuffisant selon elle pour engager un tel chantier d’environ 450 millions d’euros avec des conséquences naturelles irréversibles.

Des ricochets politiques

La bataille n’est certes pas terminée puisque l’État, via le ministère des Transports, va faire appel de cette décision devant le Conseil d’État, la plus haute instance juridique du pays, qui a déjà mis fin à un autre projet routier du Sud-Ouest, la déviation de Beynac portée par le département de la Dordogne. Un projet de moindre envergure et nettement moins cher que l’A 69 mais dont le chantier avait lui aussi commencé et a dû être abandonné en cours de route. Le Conseil d’État avait validé la décision du tribunal administratif, mettant en avant des atteintes à l’environnement et au paysage, l’un des plus beaux de Nouvelle-Aquitaine, voire de France.

En attendant le verdict du Conseil d’État, le chantier va être stoppé. Ce que déplorent l’État et le concessionnaire, qui soulignent que cet arrêt aura des répercussions budgétaires, plusieurs millions d’euros affirment-ils, puisqu’il faudra surveiller les ouvrages déjà construits ainsi que le matériel immobilisé. Et si le Conseil d’État confirme, il faudra certainement remettre le site en état, comme à Beynac où, malgré les astreintes, le président du Conseil général, Germinal Peiro, s’obstine à vouloir aller au terme du projet.

Alors que le nombre de catastrophes naturelles liées au changement climatique explose, la transition écologique s’éloigne un peu plus chaque jour, des priorités du gouvernement

Cette décision de justice administrative n’est pas non plus sans ricochet politique. Elle contribue d’abord à fracturer davantage la gauche régionale. D’un côté, les socialistes et Carole Delga, la présidente de l’Occitanie, favorables à l’A 69 et à la LGV Bordeaux-Toulouse, de l’autre les Écologistes et les Insoumis. À droite, l’A 69 apportera de l’eau au moulin de ceux qui, comme Laurent Wauquiez, veulent supprimer l’Office français de la biodiversité qui, en mars 2024, avait contesté la légalité de l’abattage d’arbres où nichaient des mésanges bleues. Des oiseaux qui ne savent pas s’ils doivent chanter victoire.

« Climat, guerre, intelligence artificielle : ces bouleversements appellent une réponse collective, déterminée, immédiate »
David Djaïz
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/27/climat-guerre-intelligence-artificielle-ces-bouleversements-appellent-une-reponse-collective-determinee-immediate_6566541_3232.html

La multiplicité des crises et des révolutions que nous traversons offre de nombreuses occasions, à condition de choisir résolument l’action contre la tétanie et l’indifférence, juge, dans une tribune au « Monde », l’essayiste David Djaïz.

Nous vivons depuis plusieurs semaines un moment de brutalisation et d’accélération qui fait s’effondrer toutes nos certitudes d’hier. Trois bouleversements majeurs s’entrelacent : le dérèglement climatique, qui se poursuit avec une force implacable, même si nous n’en parlons presque plus ; la révolution de l’intelligence artificielle (IA), qui transforme nos économies et nos sociétés à une vitesse que nous peinons encore à saisir ; la dislocation géopolitique, avec le désengagement américain de l’Alliance atlantique en pleine guerre d’Ukraine, qui menace notre sécurité et met à nu notre impuissance.

Face à ces nouvelles réalités, la classe politique, française comme européenne, semble à la fois tétanisée et indifférente. Tétanisée comme un lapin figé dans les phares d’une voiture, elle est incapable de bouger, de réagir, d’agir.

L’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a eu raison d’exhorter les parlementaires européens en ces termes le 18 février : « Je ne sais pas exactement ce qu’il faut faire… mais faites quelque chose ! »

Indifférente, la classe politique somnole, inconsciente du précipice qui s’ouvre sous ses pas. Alors que le climat se détraque, que l’IA galope, que la guerre gronde à nos portes, nos dirigeants débattent de réformes minuscules ou de postures de congrès. Parmi les textes inscrits à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale française, le 6 mars, on trouve une proposition de loi créant un cadre d’emploi pour le personnel de santé, des services d’incendie et de secours, une proposition de loi instaurant une contravention pour les vignerons qui laissent pousser des vignes non cultivées ou encore une proposition de loi visant à endiguer la prolifération du frelon asiatique. Le Parlement français n’a-t-il pas mieux à faire ?

Reprendre le flambeau

« Au milieu de chaque crise se trouve une opportunité », aurait déclaré le physicien Albert Einstein (1879-1955). La polycrise que nous traversons offre donc de multiples opportunités, à condition de choisir résolument l’action – contre la tétanie, contre l’indifférence.

Quelques idées. L’Europe peut devenir dès demain une terre d’accueil pour des milliers de scientifiques et de chercheurs travaillant aux Etats-Unis, notamment dans le domaine du changement climatique. Le National Weather Service, équivalent de Météo-France, est menacé de mort et la National Oceanic and Atmospheric Administration pourrait connaître le même sort après avoir reçu la visite du DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale.

L’Europe et la France peuvent transformer cette catastrophe en aubaine, et offrir aux chercheurs et aux scientifiques œuvrant dans ces programmes de s’installer ici dans des conditions exceptionnelles, à condition de leur proposer des salaires attractifs, un accès facilité aux meilleurs financements ainsi qu’à l’écosystème industriel et des start up, et zéro contrainte bureaucratique.

L’administration Biden avait réussi à mettre les Etats-Unis dans la course vers l’innovation verte, largement dominée par la Chine, mais l’administration Trump opère un virage à 180 degrés. Il y a là une opportunité majeure pour l’Europe de reprendre le flambeau et de disputer à la Chine le leadership sur les technologies vertes comme les batteries électriques ou le photovoltaïque de nouvelle génération.

Pour ce faire, il faut prendre des décisions rapides. Avec plusieurs chercheurs et acteurs économiques européens, nous avions proposé, dès mars 2024, un véritable « pacte industriel vert » pour l’Europe, pour compléter un Green Deal trop axé sur les réglementations et pas assez sur le renouveau productif. Qu’attendons-nous pour agir ?

Sur le plan technologique, les 109 milliards d’euros d’investissement dans l’IA annoncés par Emmanuel Macron et les 200 milliards d’euros publics et privés annoncés par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sont un excellent début. Mais ils doivent être complétés par une stratégie ambitieuse de sécurisation des données qui sont le nerf de la guerre en matière d’IA. L’IA robotique et agentique (capable d’agir et de choisir ses actions à entreprendre) nécessiteront des écosystèmes de données robustes et fiables dans des secteurs vitaux comme l’agriculture, l’éducation, la santé, l’industrie, la logistique, l’urbanisme et, bien sûr, la défense.

Se tenir prêt à protéger le continent

La guerre en Ukraine le démontre : la maîtrise des technologies, des drones aux cyberattaques, est une question de vie ou de mort.

La souveraineté technologique est un impératif, pas un luxe. A nous de la bâtir ! Nous ne pouvons pas compter sur l’Amérique pour assurer notre sécurité collective ni nous satisfaire de budgets de défense sous-dimensionnés en Europe, parfois inférieurs à 2 % du produit intérieur brut.

Il nous faut une base industrielle de défense européenne complète, innovante, performante, capable de produire en masse. Et cela exige un emprunt commun, audacieux, à la hauteur des défis de l’époque. Nous devons être prêts à protéger notre continent sans attendre un quelconque secours extérieur.

Climat, IA, géopolitique, guerre : ces bouleversements appellent une réponse collective, déterminée, immédiate. Aucun pays européen ne peut affronter seul ces défis, mais la France a un rôle particulier à jouer. La France a montré ces derniers mois qu’elle pouvait agir vite – la réussite étincelante des Jeux olympiques et la reconstruction de Notre-Dame, avec leurs lois d’exception, en témoignent.

Dans l’ère qui s’ouvre, le leadership se forgera dans l’action, pas dans les discours ni les palabres en chambre. Le temps des colloques et des plans stratégiques est fini. Il nous faut des choix forts, des actions rapides, une ambition qui impressionne. Notre classe politique, nos partis, nos dirigeants ont une responsabilité immense devant l’histoire. Agissons, agissons, agissons, ou nous sombrerons dans la vassalité et l’insignifiance.

David Djaïz est associé et dirigeant du cabinet Ascend Partners. Dernier ouvrage en date : « La Révolution obligée. Réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des Etats-Unis », écrit avec Xavier Desjardins (Allary, 2024).

Jon Palais : « Ce n’est pas une question morale, une stratégie non-violente est plus efficace »

https://mrafundazioa.eus/fr/articles/jon-palais-ce-nest-pas-une-question-morale-une-strategie-sans-violence-est-plus-efficace

A l’occasion de la présentation du livre « Borroka guztien ama », Jon Palais et Aintzane Orbegozo ont parlé hier, à notre siège de Bayonne, des stratégies non violentes qui ont donné lieu à des victoires. Leurs témoignages basés sur la pratique ont fait comprendre que la stratégie la plus efficace pour améliorer le rapport de force et attirer les gens dans la lutte est la non-violence.

Jon Palais est l’auteur du livre « Borroka guztien ama » et est également membre du mouvement Bizi !. Il a centré son discours sur la lutte écologiste. Il a commencé par dire que nous sommes déjà en retard, que nous ne pouvons pas éviter le désastre, mais que nous pouvons en atténuer l’effet. Ce n’est pas la même chose que la température augmente de 2,5 ºC ou qu’elle augmente de 2,6 ºC. Chaque dixième a une importance capitale. Sur la base de ses expériences, il a souligné que la seule façon de gagner la bataille est d’utiliser une stratégie sans violence. Selon ses propres mots : Il ne s’agit pas d’une question morale, mais de décider quelle est la meilleure stratégie pour gagner en force et attirer les gens.

Il a invoqué trois raisons principales pour défendre une stratégie sans violence :

1.Sur le champ de bataille, s’il y a violence, ils sont plus forts. Ils disposent de plus d’armes et de ressources. Il y a beaucoup d’asymétrie. Il faut porter cette asymétrie de lutte sur le terrain qui nous est favorable pour gagner. La force et la violence ne sont pas la même chose. Si vous avez amené votre rival à jeter l’éponge, cela signifie que dans la bataille que vous avez menée, vous avez été plus fort.

2.La violence est très facilement instrumentalisée par le pouvoir. Cela lui donne un bon prétexte pour accroître la répression et délégitimer les revendications.

Aujourd’hui, la question du changement climatique n’est pas remise en question. Il s’agit plutôt de savoir qui va proposer une solution crédible aux gens. Lorsque nous recourons à la violence, nous permettons au pouvoir de retirer de la crédibilité à notre lutte. Pour gagner, nous devons obtenir des majorités. Le combat que nous menons doit attirer les gens et la violence a l’effet inverse.

3.Le mode de lutte que nous menons préfigure la société que nous construisons. La violence conduit à l’autoritarisme, à l’invisibilité, à l’exclusion de ceux que nous n’aimons pas. La lutte sans violence contribue à construire une société plus pacifiste, plus démocratique, plus tolérante, plus solidaire.

Aintzane Orbegozo (membre de la direction des services publics du syndicat ELA) a parlé du travail organisationnel, des luttes et des victoires dans les services de soins à domicile de Gipuzkoa, dans le cadre du processus de construction du syndicalisme féministe mené par ELA.
Ce service est sous-traité par les municipalités de Gipuzkoa et les travailleuses ont des conditions précaires en raison de leur statut de femme. Il y a 20 ans, les travailleuses d’Irun furent les premières à se battre et à remporter la victoire. De nombreuses autres communes ont suivi : Errenteria, Pasaia, Beasain, Tolosa, Zumaia, Hondarribia, Arrasate… Plus de 20 nouveaux accords ont été conclus, dans la plupart des cas grâce à la lutte. La plupart ont dû faire grève. Les travailleuses du secteur ont pris conscience que pour parvenir à des améliorations, il faut une organisation collective et être prêtes à recourir à la grève. Dans certains cas, des améliorations ont été apportées sans grève, mais dans ces cas aussi, les travailleses étaient organisées et prêtes pour faire grève.

Dans ce secteur, les travailleuses sont très dispersées et elles ne se connaissent pas : c’est pourquoi il faut faire un travail énorme pour s’organiser. La formation est nécessaire pour aborder la négociation collective:  la formation féministe est indispensable pour qu’elles prennent conscience de l’origine de l’exploitation dont elles sont victimes. « Certaines femmes viennent en disant : je ne suis pas féministe, hein ? Et puis, quand elles sont en grève, on les voit avec le mégaphone crier « Vive la lutte féministe ! »

Aintzane conclut son discours en louant la force que ce processus a donnée aux travailleuses. « Quand vous leur demandez quelle est la plus grande réussite dans ce processus, elles répondent : Gagner le respect. »

Hasi da AEBetako Greenpeace desagerrarazi dezakeen epaiketa
Unai Lomana Uribezubia
www.argia.eus/albistea/300-milioi-dolar-eskatzen-dizkiote-aebtako-greenpeaceri-desagerrarazi-dezakeen-bigarren-epaiketan?mtm_campaign=HariaBuletina

Greenpeaceko kideak Dakota Acces oliobidearen aurka protesta egiteagatik auzipetu dituzte eta astelehenean aztertu du salaketa Dakotako auzitegiak. AEBko Greenpeacek gaiaren inguruan jasango duen bigarren epaiketa izango da, lehenengo kasua epaile federal batek bota zuen atzera 2019an. Enpresak 300 milioi dolar inguru eta kalte-ordain gehigarri bat eskatzen dizkio Greenpeaceri 900 milioi dolarreko ordaina ekar dezakeena, Le Mondek informatu duenez.  

Gobernuz kanpoko erakunde ekologistak Energy Transfer Partners (ETP) enpresatik jasotzen duen bigarren salaketa da. 2019an epaiak ekologisten alde egin bazuen ere, ez da gauza bera espero kasu honetan.

Aurtengo auzia Dakotako auzitegiak aztertuko du, eta El Diariok jaso duenez, salaketa Dakotan jartzea propio hartutako erabakia izan da: « Meatzaritza- eta petrolio-estatu bateko epaitegi txiki bat da, non epailea bozketa bidez aukeratzen baita, hau da, meatzaritzaren eta petrolioaren aldekoa da ».

Oliobide bat baino gehiago da

Salaketak 2016ko ekainetik 2017ko otsaileraino iraun zuen kanpaldiaren kontra ezarri badira ere, Julen Ugartemendia Carcedok aldizkari honetan jaso zuen bezala, oliobidearen kasua urrunetik dator. 2008a frackingaren –lurpetik erregai fosilak ateratzeko haustura hidraulikoaren teknika– boom urtea izan zen. AEB munduko petrolio ekoizlerik handiena bihurtu zen, eta industriak metodo errazagoa behar zuen produktua petrolio-findegietara eta munduko merkatuetara eramateko. Horrela, 2014ean DAPL (Dakota Access Pipeline) proiektua proposatu zuen, petrolio gordina Ipar Dakotatik Illinoiseraino eta gero golkoko kostalderaino eramango zuena.

Proiektuak hala ere bertako herritarren interesak oinarritik astindu zituen: Mississippi eta Missouri ibaietan zein beren lur eta “eremu historiko eta sakratuetan” kalte larriak eragin zitzakeen oliobideak eraiki nahi zituzten. Sioux jatorrizko herriko kideek AEB osoko 300 triburen eta milaka ekintzaileren laguntza izan zuten oliobidearen eraikuntza gelditzen saiatzeko, baita Greenpeacena ere. Mobilizazioak eta kanpalekuak antolatu zituzten, haien gorputzak obra makinen aurrean jarri zituzten, DAPL proiektuari milioika euroko galerak eragin zizkioten eta protestek nazioarteko arreta piztu zuten. Horiei aurre egiteko proiektuaren atzean zeuden Enbridge eta ETP enpresek Tiger Swan bezalako mertzenario enpresak kontratatu zituzten.

Greenpeaceri eta beste aktibista batzuei auziaren inguruan ezarritako lehenengo salaketan « antolakunde kriminaltzat » edo « ekoterroristatzat » jo zituzten. 2019an epaileak ez zien zigorrik ezarri, hala jasotzen ditu El Diariok epailearen adierazpenak: « Zure sinesmenak partekatzen dituzten pertsonen artikuluak argitaratzeak ez du erakunde kriminalik sortzen ». Bigarren salaketan aldiz, « indarrez sartzea, difamazioa, interferentzia ez-zilegia [bestearen negozioari kalte egitea], konspirazioa, indarrez sartzearen konplize izatea eta bidegabeko jabetzea » egotzi nahi dizkiete. Dakotako estatu epaileak hartuko du erabakia astelehenean hasiko den epaiketan oinarriturik.