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Articles du Vendredi : Sélection du 27 avril 2012

Quel consensus scientifique sur le réchauffement climatique ?

Pierre Barthélémy, journaliste scientifique
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/04/23/consensus-scientifique-rechauffement-climatique-climatosceptiques/ – 23.04.2012

Sarkozy et le FN : la fin ne justifie pas tous les moyens

Editorial
Le Monde 25.04.2012

Sortir d’une croissance basée sur le produire plus

José Bové, député européen et soutien d’Eva Joly a répondu à vos questions en chat.
www.metrofrance.com/info/sortir-d-une-croissance-basee-sur-le-produire-plus/mldj!MumH3zjvdX5ec/ – 11.04.2012

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Quel consensus scientifique sur le réchauffement climatique ?

Pierre Barthélémy, journaliste scientifique
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/04/23/consensus-scientifique-rechauffement-climatique-climatosceptiques/ – 23.04.2012

En l’espace de quelques jours, deux lecteurs m’ont envoyé la même information (peut-être se sont-ils passé le mot…). Interloqués par le grand nombre de billets parus sur ce blog évoquant le thème du réchauffement climatique et son origine humaine, ils souhaitaient me signaler que la communauté des chercheurs n’était pas du tout arrivée à un consensus sur le sujet, la meilleure preuve en étant une pétition signée par plus de 31 000 scientifiques américains, qui a demandé urgemment au gouvernement des Etats-Unis de rejeter le protocole de Kyoto sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, protocole que ce pays a signé mais jamais ratifié. Cette pétition lancée par l’Oregon Institute of Science and Medicine ajoute qu’il n’existe « aucune preuve scientifique convaincante que les émissions humaines de dioxyde de carbone, de méthane ou d’autres gaz à effet de serre cause ou causera, dans un futur prévisible, un réchauffement catastrophique de l’atmosphère de la Terre et un bouleversement du climat terrestre. De plus, il y a des preuves scientifiques importantes que l’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique produit de nombreux effets bénéfiques sur les environnements naturels des plantes et animaux terrestres. »

 

Plus de 31 000 scientifiques. Pareil nombre est censé inciter à la réflexion… à condition qu’il ait une valeur. Le site Internet de la pétition nous dit en effet que, sur ces 31 487 scientifiques américains, 19 872 (soit près des deux tiers) n’ont pas de diplôme supérieur à la licence ou au mastère. Ce qui, évidemment, n’a pas pu leur ouvrir les portes de la recherche académique. Il y a également 2 586 médecins et vétérinaires. Il reste donc 9 029 personnes qui affirment avoir passé une thèse de doctorat (dans un domaine autre que la médecine). Nous n’avons malheureusement pas la répartition, suivant les domaines scientifiques, de toutes ces personnes mais le site nous dit tout de même que, sur les 31 487 signataires, 39 ont étudié la climatologie, même s’il n’est pas sûr qu’ils aient soutenu une thèse. En admettant que ces 39 personnes sont effectivement des climatologues de métier, elles représentent à peine plus de 0,1 % du total. Pour le dire autrement, 99,9 % des signataires de cette pétition ne sont pas des spécialistes du climat. Seulement un sur mille l’est.

 

Après cette rapide analyse des chiffres, l’effet masse recherché par cette pétition s’est considérablement amoindri… Et si l’on veut replacer ces 31 487 signataires dans le contexte universitaire américain, il suffit de se reporter aux statistiques du Bureau du recensement des Etats-Unis, qui nous apprend qu’en 2009 (soit un an après la fin du recueil de signatures pour la pétition), le pays comptait 20,5 millions de diplômés possédant au moins une licence dans un domaine scientifique. Le ratio signataires/diplômés est donc de 1,5 pour mille. La stratégie du « gros chiffre » qui sous-tend cette pétition est donc à double tranchant car il est très facile de la retourner comme un crêpe.

 

 

 

 

Pour en revenir au sujet de départ, à savoir l’étendue du consensus scientifique sur le réchauffement et ses causes, disons d’emblée qu’il est très fort dans la communauté des spécialistes du climat. Pour commencer par les Etats-Unis, sans doute le pays où le climatoscepticisme est le plus manifeste, rappelons que ses plus grandes institutions de recherche ont exprimé clairement leur adhésion à l’idée d’un réchauffement engendré par les activités humaines : il y a plus de dix ans, en 2001, à la demande de l’administration Bush, l’Académie des sciences américaine, via le National Research Council, a publié un rapport confirmant les conclusions du GIEC sur l’origine anthropique du changement climatique. L’American Meteorological Society a adopté la même position, imitée par l’American Geophysical Union et l’American Association for the Advancement of Science. Tout cela s’ajoute à la déclaration commune faite en 2005 sur la même thématique par les Académies des sciences de onze pays : Allemagne, Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, France, Inde, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie.

 

Pour donner un ordre d’idées illustrant ce consensus, citons une célèbre étude qui date certes de quelques années (2005) mais fixe bien les choses. Publié dans Science, ce travail de l’historienne américaine des sciences Naomi Oreskes a consisté à passer en revue les résumés de 928 articles parus entre 1993 et 2003 dans des revues à comité de lecture, avec comme mot-clé « changement climatique ». L’objectif consistait à mesurer d’éventuelles divergences avec le consensus trouvé au sein de la communauté des climatologues. Trois quarts des articles acceptaient l’idée d’un réchauffement climatique causé par les activités humaines. Le dernier quart traitait de méthodologie ou des climats passés et ne se prononçait pas sur le sujet. Sur les 928 études inspectées, aucune n’exprimait de désaccord avec le « modèle standard » de la climatologie.

 

Alors, certes, 100 % des climatologues du monde entier ne sont pas d’accord avec l’idée d’un réchauffement climatique anthropique. Une étude publiée en 2010 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences a ainsi montré, en suivant les travaux de 1 372 climatologues, que 97 à 98 % d’entre eux étaient d’accord avec l’idée du réchauffement climatique anthropique. Cette non-unanimité est salutaire. On peut raisonnablement penser que les 2 ou 3 % de réfractaires servent d’aiguillon ou de poil à gratter aux autres, à la fois pour les obliger à affiner leurs recherches et à regarder les faits sous des angles différents. C’est ainsi que la recherche avance car les scientifiques se doivent de rester toujours vigilants et humbles vis-à-vis des consensus.

 

Il ne peut en effet y avoir de preuve définitive d’une théorie. Les chercheurs cumulent les résultats d’expériences, les mesures, les simulations et vérifient s’ils sont en accord avec la théorie. Ou bien celle-ci est confirmée et renforcée, ou bien il faut lui apporter des nuances et des corrections, ou bien elle est invalidée et on doit en bâtir une nouvelle. Il n’y a pas de raison pour que ce mode de fonctionnement de la science par vérification et surveillance continues, appliqué depuis des décennies à des constructions comme la relativité d’Einstein ou l’évolution darwinienne, ne soit pas utilisé pour le réchauffement climatique. Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas car, la plupart du temps, les climatosceptiques ne jouent pas le jeu et expriment leurs vues non pas dans les revues scientifiques à comité de lecture mais dans les médias ou dans des livres. C’est à la fois dommage et dangereux. Dommage parce que le débat scientifique n’a pas lieu. Et dangereux parce que même si certains se réjouissent en considérant cette stratégie, employée en France par Claude Allègre, comme un aveu d’impuissance vis-à-vis du consensus scientifique, c’est oublier qu’il s’agit d’une manière efficace d’instiller le doute dans l’opinion sur la recherche elle-même et ceux qui la font. La stratégie a très bien fonctionné aux Etats-Unis où 49 % des personnes interrogées estimaient en 2011 que le réchauffement climatique avait déjà commencé, contre 62 % trois ans plus tôt.

Sarkozy et le FN : la fin ne justifie pas tous les moyens

Editorial
Le Monde 25.04.2012

Le président de la République est, par définition, le président de tous les Français. Il représente, autant qu’il est possible, l’ensemble de la collectivité nationale. Il est donc logique que les candidats à la fonction s’adressent à tous les électeurs, y compris, évidemment, ceux du Front national. Surtout quand ceux-ci ont été 6,4 millions à voter, le 22 avril, pour Marine Le Pen.

 

Dès le lendemain du premier tour de scrutin, François Hollande et Nicolas Sarkozy s’y sont donc employés. Le candidat socialiste, en analysant ce vote FN comme l’expression d’une « colère sociale » et en cherchant à convaincre ces électeurs que « c’est la gauche qui les défend ». Le candidat de l’UMP, en assurant que les électeurs de Mme Le Pen sont la voix de « la France qui souffre », qu’ils n’ont « pas de leçon de morale » à recevoir et qu’il a bien l’intention de les « écouter », les « entendre » et leur « parler « .

 

Le problème – lourd, blessant, presque humiliant pour tout républicain, de droite comme de gauche – est que le président sortant a franchi, depuis deux jours, la frontière entre compréhension et compromission. Certes, il a assuré, mercredi 25 avril, qu’il n’y aurait « pas d’accord » avec le Front national, ni de ministres FN s’il est réélu. C’est bien le moins.

 

Mais il a désormais adopté le langage, la rhétorique et, partant, les idées, ou plutôt les obsessions, de Mme Le Pen. Ainsi de cette façon d’attiser les peurs de la société française plutôt que de tenter de les apaiser. Ainsi de cette stigmatisation des « élites », jetées en pâture au « peuple ». Ainsi de cette dénonciation du « système », dont on se demande bien ce qu’il est, sinon la République dont il devrait être le garant.

 

Cette empathie constitue une faute politique. La présidente du Front national a beau avoir débarrassé son parti de ses scories et saillies les plus choquantes, le coeur du projet lepéniste reste ce qu’il a toujours été : rétrograde, nationaliste et xénophobe.

 

Malgré des hésitations de tel ou tel, à certains moments comme lors des régionales de 1998, les responsables de la droite avaient toujours, jusqu’à présent, récusé ces idées. Pendant des années, l’ancien président Jacques Chirac avait courageusement rappelé que la République française assure l’égalité de tous, « sans distinction d’origine, de race ou de religion », selon les termes de la Constitution.

 

Céder, si peu que ce soit, sur cette exigence ne peut que renforcer le Front national. Et placer la droite, demain, dans une situation bien vulnérable.

C’est également une faute morale. En politique, comme ailleurs, la fin ne justifie pas tous les moyens.

L’élection ne légitime pas tous les cynismes. Sauf à donner un peu plus raison aux philippiques de Mme Le Pen contre les « mensonges » des dirigeants français. Sauf à y perdre son âme.

C’est enfin un aveu d’impuissance. En 2007, Nicolas Sarkozy avait su convaincre qu’il saurait apporter des réponses au désarroi ou au désespoir de cette « France qui souffre ». Se situer, cinq ans plus tard, sur le terrain même de Mme Le Pen revient à admettre qu’il n’y est pas parvenu.

 

Sortir d’une croissance basée sur le produire plus

José Bové, député européen et soutien d’Eva Joly a répondu à vos questions en chat.
www.metrofrance.com/info/sortir-d-une-croissance-basee-sur-le-produire-plus/mldj!MumH3zjvdX5ec/ – 11.04.2012

Difficultés d’Eva Joly dans la campagne, projet économique, évolution du faucheur d’OGM au député européen, José Bové, soutien d’Eva Joly pour la présidentielle a répondu à toutes vos questions en chat.

Koos : Comment réagissez-vous aux condamnations de Total qui pourraient être annulé par la cour de cassation ?

Je trouve cela scandaleux qu’un groupe pétrolier puisse se trouver blanchi après une catastrophe écologique d’une telle ampleur. Si c’était le cas il faudrait reprendre une nouvelle procédure et mettre en place au niveau internationale la possibilité de poursuites pour crimes écologiques ou crimes contre l’environnement.

Sirius : Eva Joly est la seule qui milite pour l’arrêt du nucléaire, la seule qui prône un modèle de décroissance, la seule à défendre une vraie fiscalité anti-pollution et pourtant, elle décolle pas dans les sondages pourquoi ?

Je crois que les raisons sont multiples. Mais une qui me frappe particulièrement c’est que cette campagne se fait absolument pas en tenant compte des impératifs écologiques à savoir notamment la question du réchauffement climatique et celle de la limitation des ressources fossiles (pétrole par exemple, ndlr) qui vont modifier radicalement la façon de prévoir l’avenir. Je suis effrayé de voir que les autres candidats ne sont que dans une vision du court terme qui ne peut pas répondre aux éléments importants que je viens de mentionner.

Antoine : Selon vous, pourquoi les questions environnementales ont-elles été complètement occultées durant la campagne ? Pourtant, tous les candidats s’accordent sur l’importance du sujet…

Je crois que si ces questions ont été évacuées c’est parce qu’elles obligent à sortir des vieux raisonnements politiques habituels c’est à dire la remise en cause d’une croissance économique basée sur le produire et consommer plus, sur le fait que le progrès technique va répondre à tous les problèmes et sur le fait que les crises auxquelles nous sommes confrontés ne vont faire que croître en raison des dérèglements climatiques produits par le réchauffement de la planète. Ces éléments imposent d’organiser dès maintenant la transition écologique de l’économie mais cela ne peut se faire que dans un cadre européen et sur des perspectives de 25 à 30 ans. Les candidats qui se situent uniquement dans un cadre franco-français n’acceptent pas de voir que l’ancien cadre de pensée nationale est dépassé pour répondre à ces enjeux.
« Les agriculteurs doivent vivre décemment de leur travail »

Pilote : Les prix agricoles et de l’eau (sur d’autres latitudes) sont fortement conditionnés par le changement climatique: Que proposez-vous pour y faire face ?

Aujourd’hui, nous avons besoin de régulation sur les prix des matières première agricoles au niveau international. Nous ne pouvons pas accepter que la Bourse soit le lieu de fixation des prix des denrées de base alimentaire qui sont une nécessité pour nourrir les habitants de différents continents. Il faut refixer dans le cadre des Nations Unies puis de chaque espace politique continental le droit à la souveraineté alimentaire c’est à dire le droit aux populations à se nourrir avec leur propre agriculture.

Nadeelvnice : José, que proposez-vous pour empêcher le bétonnage des terres fertiles comme ici à Nice dans la plaine du var ?

Pour empêcher le bétonnage des terres fertiles il faut agir à plusieurs niveaux : national, pour faire reconnaître le droit à l’utilisation des terres agricoles comme étant d’utilité publique. Il faut dans le cadre des politiques régionales et communales mettre en place des outils qui empêchent le transfert des terres agricoles déclarées d’utilité publique vers l’artificialisation. Il faut qu’au niveau des communes les plans locaux d’urbanisme soient contraignants et empêchent le transfert des terres agricoles pour d’autres économiques. Mais il y a aussi besoin de faire en sorte que les agriculteurs en place ou ceux qui veulent s’installer puissent vivre décemment de leur travail. Ce qui implique une véritable politique agricole au niveau européen mais aussi français.

Esso : Pourquoi refusez les forages dans le Var et en corse alors que c’est bien pour la France qu’elle ai du Pétrole non ?

Aujourd’hui, vouloir aller chercher les dernières goûtes de pétrole au fond de la mer à plusieurs kilomètres de profondeur ou aller chercher du gaz dans la roche mère comme dans le cadre du projet de permis de Briniols est complètement aberrant parce que ces projets auraient des conséquences dramatiques, en cas d’accident comme ceux que l’on a pu voir dans le Golf du Mexique ou au large des côtes écossaises dernièrement. Les effets sont aujourd’hui incalculables en termes de pertes pour l’accès à l’eau, pour la biodiversité, pour l’avenir de la mer Méditerranée dont on sait qu’elle est un écosystème très fragile.
« Un débat Hollande/Sarkozy est indispensable »

Louison bobé : Moi qui me suis tant impliqué dans les collectifs anti-ogm, qui ai tant bossé pour te sortir de tôle en 2003, qui ai mené ta campagne 2007, comment peux tu expliquer ta dérive hallucinante anti Front de gauche ?

Je n’ai pas aujourd’hui le sentiment de trahir les idéaux qui ont alimenté mes combats depuis plusieurs dizaines d’années. C’est en leur nom que je défends un autre idéal que celui de croire que les solutions aux crises que nous subissons passent par des propositions franco-française, centralisatrice, et qui tourne le dos aux fédéralisme européen seul véritable pensée et projet pouvant mettre en œuvre des solutions à la fois au niveau social, économique et écologique.

Pierre : Sarkozy et Hollande doivent-ils débattre avant le second tour ?

Je crois que dans le cadre de la démocratie un tel débat est indispensable. Je ne comprendrais pas que l’un ou l’autre des deux candidats qui semblent être les mieux placés au second tour, se soustraient à cette proposition.

Jérome : L’organisation des deux débats de cette semaine (Sarkozy VS 4 candidats et Hollande vs 4 autres candidats) n’entérinent-il pas le bi-partisme en France ? Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Le système institutionnel français, à savoir la présidentielle au suffrage universel et les législatives sans proportionnelle, induit une république monarchiste et une représentation législative qui favorise le bi-partisme. Seul une modification de la Constitution qui renforcerait le pouvoir des assemblées et instaurerait la proportionnelle dans l’élection des députés comme cela existe dans de nombreux pays européens permettrait de sortir de ce bi-partisme. Si demain la gauche gagne les élections législatives après les présidentielles, elle aura pour la première fois dans l’histoire de la Vème République la possibilité de transformer la Constitution. Si elle ne le faisait pas pendant la prochaine mandature, elle porterait l’entière responsabilité du maintien des systèmes actuels qui contribuent à appauvrir la démocratie.

« 80% des aides de la PAC vont à 20% d’agriculteur, c’est un scandale »

Nadeelvnice : Pouvez-vous nous donner les grands axes de la politique agricole d’EELV pour 2012 ?

La négociation de la réforme de la Pac (Politique Agricole Comune, ndlr) pour 2013 sont aujourd’hui en cours au niveau européen. Il y a pour moi plusieurs nécessités : la première, changer la distribution des soutiens aux agriculteurs pour que la situation injuste dans laquelle se trouve la majorité des paysans cesse. En effet 80% des aides agricoles vont à 20% des agriculteurs. C’est un scandale. Deuxième priorité permettre que la PAC soit un outil pour rendre l’agriculture respectueuse de l’environnement et sortir de la logique industrielle afin de permettre à la fois la production d’aliments sains et de qualité. Autres impératifs, préserver l’eau que nous buvons et entretenir les sols pour qu’ils ne soient pas stérilisés par les utilisations intensives d’engrais et de pesticides. Le troisième objectif de la réforme selon nous est d’avoir une ambition importante sur le développement et la vie des territoires ruraux afin de permettre un véritable équilibre entre ville et campagne.

Fourchette : Vers qui se dirige, selon vous, le vote des agriculteurs ? Leur rapport avec l’écologie ont parfois été compliqués…

Il faut reconnaître qu’aujourd’hui il est très compliqué de dire de manière précise quel va être le vote des agriculteurs dans la mesure où ils ne représentent une catégorie sociale homogène. Cependant, vu la crise économique et sociale qu’un grand nombre d’entre eux subissent et le désarroi qui en découle, je crains qu’une partie significative des agriculteurs se tourne vers un vote protestataire parce qu’il ne croit plus dans ceux qui ont géré les politiques agricoles depuis des années.

« J’ai été contraint de désobéir à certaines lois »

Toutim : Vous qui étiez le champion de l’incivilité, voire d’actions violentes, qui avez fait de la prison, pourquoi ne vous retirez-vous pas totalement de la vie politique à l’heure où la société et notamment les jeunes ont besoin de (bons) exemples ?

C’est parce que les canaux de la démocratie étaient bouchés que j’ai été contraint de désobéir à certaines lois pour faire avancer le droit. Il est malheureux qu’il faille en arriver là pour gagner le combat contre les importations de bœufs aux hormones, ou le droit de produire et consommer sans OGM. Aujourd’hui je ne regrette nullement mes choix et les citoyens de l’eurorégion Sud-Ouest m’ont élu pour que je puisse continuer à me mobiliser et faire avancer les idées auxquelles je crois au Parlement européen.
Esso : Dans le monde ultra médiatique d’aujourd’hui, ne croyez vous pas que Hulot aurait été un meilleur choix pour porter l’écologie ?

A l’heure qu’il est on peut extrapoler pour dire qu’un tel ou une telle aurait été un meilleur ou une meilleure candidat(e). Mais on ne peut pas refaire l’histoire. Au moment de la primaire des écologistes j’avais personnellement et publiquement soutenu le choix de Nicolas Hulot. Dans le cadre du choix qui a été fait j’ai accepté à mon niveau de participer à la campagne d’Eva Joly.

CDD : N’est-ce pas utopique de vouloir faire travailler les gens 32 heures ?
Je crois qu’il ne faut pas voir ça de manière automatique et obligatoire mais se poser la question de la diminution du temps de travail est quelque chose qui correspond à la réalité des gains de productivité, de l’aménagement entre formation et temps de travail pendant toute la durée de sa vie et en même temps cela peut être aussi un moyen de partager le travail entre un plus grand nombre.

« Nous sommes favorables au retrait des troupes françaises d’Afghanistan »

Cira : Quelles est la position des Verts sur l’Afghanistan ? le Proche Orient ?

C’est une question large qui ne peut pas se résumer en trois phrases. Néanmoins nous sommes favorables dans le cadre de l’Afghanistan à un retrait des armées françaises dans ce pays et à la mise en place d’une conférence régionale pour envisager l’avenir de ce pays. En ce qui concerne le Proche Orient, la situation actuelle n’a jamais été aussi difficile. L’instabilité politique et les risques de conflits n’ont jamais été aussi élevés c’est pourquoi je crois qu’il est indispensable que nous soyons pragmatiques pour rechercher des solutions de paix notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien et que les résolutions des Nations Unies puissent être mise en œuvre le plus rapidement possible.

 

Lolitou : Pensez-vous comme Eva Joly que Jean-Marie Le Pen est « milliardaire » et que sa fortune vient d’un « héritage détourné » ? Si oui, pouvez vous étayer cette accusation ?

Sans rentrer dans les détails, il est de notoriété publique que monsieur Le Pen a bénéficié d’un héritage très conséquent et que si un doute sérieux sur la façon dont celui-ci s’est effectué subsiste, et personnellement je pense que ce doute existe, c’est devant la Justice que cela doit se régler. Et mon opposition aux thèses politiques du Front National n’est pas basé sur cela même si l’ambiguïté entre le discours populiste et une fortune personnelle éclaire d’une façon singulière les propos de monsieur Le Pen.
« On peut être à la fois radical dans sa pensée et pragmatique dans son action »

Esso : Comment les anciens José Bové, d’une part celui syndicaliste, démonteur de Mac Do et faucheur d’OGM d’autres parts celui un peu plus ancien, anarchiste et anti guerre du Vietnam, regardent le José Bové d’aujourd’hui, politique, député européen et donc bien entré dans le système.

Je crois que l’on peut être à la fois radical dans sa pensée et pragmatique dans son action. C’est ce que nous avons encore démontré en ce dimanche 8 avril en organisant le ˝ Trafalgar des pétroliers ˝ qui a permis le non renouvellement du permis de forage pétrolier en méditerranée au large des côtés du Var et des Bouches du Rhône. C’est pour moi un exemple concret du combat que je mène depuis celui contre l’extension du camp militaire du Larzac en 1971.

José Bové, un dernier mot ?

Je vous remercie toutes et tous pour vos questions. Et je m’excuse pour les réponses qui ont pu parfois sembler lapidaire. Mais c’est malheureusement le lot de ce genre de discussion par clavier interposé.