Halte aux dépenses militaires, sauvons les retraites, l’éducation, la santé…
Communiqué de presse du MAN du 22 juin 2010
G20 : les néo-conservateurs canadiens veulent mondialiser l’austérité
Maxime Combes
Publié dans www.bastamag.net le 23 juin 2010
Marx et la Nature (Première Partie)
Alain Lipietz
Article paru dans EcoRev (Revue Critique d’Ecologie Politique) n. 25, de janvier 2007
Ezkerrekoa al da Ekologia politikoa?
Argiako Larrun gehigarritik hartua (Bigarren Partea)
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Halte aux dépenses militaires, sauvons les retraites, l’éducation, la santé…
Communiqué de presse du MAN du 22 juin 2010
Au moment où le gouvernement envisage des coupes sombres dans l’éducation, la petite enfance, les retraites, la santé…, il est particulièrement indigne que la France augmente son budget militaire.
Tout montre que les solutions militaires n’apportent aucune résolution durable aux conflits et qu’au contraire elles les enveniment. Si les armes garantissaient la sécurité, il y a longtemps que les guerres auraient disparu !
À force de mettre au point des armes toujours plus sophistiquées, les hommes ont rendu leur existence sur terre plus dangereuse et plus précaire. C’est particulièrement vrai de l’arme nucléaire dont la modernisation coûte des fortunes, notamment en France. Exigeons des partis politiques des engagements pour faire diminuer les dépenses militaires de notre pays, promouvoir la résolution non-violente des conflits et investir dans l’éducation, la santé…, au lieu d’y supprimer des postes !
Dépenses militaires records en 2009
Les dépenses militaires mondiales n’ont pas connu l’effet de la crise. Selon le rapport publié par l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), elles ont atteint en 2009 un record de 1531 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,9% par rapport à 2008. Plus de la moitié des dépenses, 661 milliards, revient aux États-Unis. La France arrive en troisième position avec 63,9 milliards investis dans le secteur militaire, ce qui représente une augmentation de 6,9 % en 2009 par rapport à 2008.
« À force de vivre œil pour œil, le monde finira aveugle » Gandhi MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente) www.nonviolence.fr
G20 : les néo-conservateurs canadiens veulent mondialiser l’austérité
Maxime Combes
Publié dans www.bastamag.net le 23 juin 2010
Les « grands » de ce monde se réunissent à Toronto, au Canada pour un nouveau G20 dès le 26 juin. Vont-il enfin se décider à taxer la finance folle, à mettre en œuvre des mesures face à l’épuisement des ressources naturelles et au réchauffement climatique ? Rien n’est moins sûr au vu des positions ultra réactionnaires affichées par le pays hôte. En parallèle, les mouvements sociaux nord-américains tiennent un « Sommet des peuples » à Toronto puis se retrouvent pour un Forum social à Détroit.
Le Canada accueille le G8 [1] puis le G20 [2], ce qui est une première. Les dirigeants des huit nations les plus puissantes de la planète se retrouveront les 25 et 26 juin à Huntsville, petite ville au milieu des lacs et des forêts. Ils sont attendus le 26 en fin de soirée à Toronto pour entamer le sommet du G20.
Journalistes confinés et policiers par milliers
Pendant le G8, la grande majorité des journalistes restera confinée au centre de presse de Toronto, à 200 km d’Huntsville où résideront chefs d’État et ministres. Pour permettre aux envoyés spéciaux de faire comme s’ils y étaient et aux télés de retransmettre de belles images de la région des lacs, le gouvernement d’Ottawa a investi 1,8 million de dollars canadiens (1,5 million d’euros) dans la création d’un lac artificiel. Tout y est : quai, canoës décoratifs, bar, réplique de la Bourse de Toronto, et grand écran projetant les sauvages paysages de l’Ontario… Les 3.000 journalistes prévus sont supposés attendre les dépêches officielles cantonnés dans ce décor. Seule une poignée sera autorisée à se rendre à Huntsville pour filmer et photographier les officielles accolades. En pleine crise financière, dépenser 1,5 millions pour un lac qui durera 72h, et sera ensuite vidé et démonté, passe mal. C’est sans compter le coût global de l’organisation des deux sommets : un milliard de dollars canadiens pour le « sécuriser ».
Des milliers de policiers et de militaires sont mobilisés pour l’occasion. Une immense zone rouge inaccessible paralysera le centre ville de Toronto. La gare centrale sera fermée pour l’occasion. Poubelles, boîtes aux lettres, abris bus ont été supprimés dans une immense zone à proximité de la zone rouge. De nombreux arbres en bordure des trottoirs ont même été déracinés de crainte que les branches puissent servir d’armes aux manifestants. Aux habituels gaz lacrymogènes, gaz au poivre et canons à eau, il est prévu d’utiliser une nouvelle arme de maintien de l’ordre : le « Long range accoustic device » (LRAD), un canon à ultrasons expérimenté contre des manifestants lors du G20 de Pittsburgh en septembre 2009. Pourtant, jusqu’ici, ce ne sont que des militants, certes déterminés, mais pacifistes et créatifs qui affûtent leurs stratégies pour interpeller l’opinion publique mondiale. Une fois de plus, il semble que les droits démocratiques élémentaires ne sortiront pas grandis de la gestion ultra-sécuritaire déployée par le gouvernement canadien.
« plus à droite que Bush »
Car le Canada est dirigé par un gouvernement « plus à droite que Bush » préviennent les militants altermondialistes rencontrés. Le gouvernement du conservateur Stephen Harper est le pire cancre en matière de lutte contre le réchauffement climatique : il a rejeté tout engagement contraignant pour réduire ses émissions de gaz à effets de serre alors que celles-ci ont augmenté de près de 30 % depuis 1990. Le Premier ministre canadien combat également avec la plus grande fermeté toute proposition visant à réguler le système bancaire et financier. Ce G20 ne devrait donc pas entériner la moindre décision sur la question. Harper propose au contraire aux pays européens de prendre exemple sur le système bancaire canadien, épargné jusqu’ici, oubliant que celui-ci a été fortement soutenu par les pouvoir publics avant même que la crise des subprimes ne se déclenche. Il nie même la responsabilité des spéculateurs dans la crise qui se propage en Europe : « A la base, la crise ici ne trouve pas racine dans le secteur financier, mais plutôt dans les finances de certains gouvernements », explique-t-il.
Préférant en rester à un G8 « directoire de la planète » (sans intégrer les nouvelles puissances comme le Brésil, la Chine ou l’Inde), Harper souhaite que les pays du G20 aux forts déficits publics s’engagent sur des plans d’austérité budgétaire de 10 ans. Il préconise de reprendre dans la déclaration du G20 la nouvelle doctrine du FMI et ses nouveaux plans d’ajustement structurel déguisés : « Assainir les finances publiques d’une façon qui ne nuise pas à la croissance ». Par ailleurs, alors que le Canada est fortement concerné, le gouvernement d’Harper n’a toujours pas ratifié la déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones. A l’échelon fédéral, le gouvernement multiplie les « attaques contre les institutions démocratiques, les pratiques démocratiques et les droits et libertés » selon la coalition « Pas de démocratie sans voix ». Elle a été lancée le 14 juin par plus d’une centaine d’organisations alarmées « par la dangereuse détérioration des droits fondamentaux et de la démocratie au Canada ». Pour Michel Lambert, directeur de l’ONG québécoise Alternatives, le gouvernement veut normaliser la société civile pour qu’elle s’aligne sur les priorités gouvernementales ou qu’elle « disparaisse ».
Taxer la spéculation ? À l’Ouest, rien de nouveau
Au regard des velléités du pays hôte ou des bilans des engagements pris lors des G8 et G20 passés, les ONG et mouvements sociaux ne peuvent que s’inquiéter. Les pays riches sont capables de débloquer plusieurs milliers de milliards de dollars pour sauver les banques et le système financier. Mais ils n’ont toujours pas réussi à réunir les 18 milliards qu’ils manquent pour tenir leurs propres engagements pris lors du G8 de Gleneagles (Ecosse) en 2005 en matière d’aide au développement. Lors du G20 de Pittsburgh (septembre 2009), promesse avait été faite de mettre fin aux subventions dédiées à la production de combustibles fossiles. Au Canada, ces subventions s’élèvent à 2 milliards de dollars par an, notamment dans le cadre de l’extraction de pétrole des sables bitumineux.
Concrétiser ces engagements à Toronto aurait du sens. C’est peu probable alors qu’il n’est toujours pas certain que les défis climatiques et environnementaux soient à l’ordre du jour. Le G20 de Pittsburgh avait chargé le FMI d’établir des préconisations pour que le système bancaire et financier contribue au coûteux et considérable effort qui a permis de les sauver. Sous l’action d’Harper et de la faible détermination des puissants de ce monde, le début de consensus qui semblait se nouer sur une taxe bancaire, pourtant bien éloignée des préconisations du mouvement altermondialiste, s’est effondré.
Sommet des Peuples à Toronto et Forum social de Détroit
La déclaration finale des chefs d’état du G8 devrait se limiter à des considérations générales, le plus souvent contradictoires avec leurs politiques réelles. Harper veut ainsi faire du G8 un sommet de la « responsabilité » devant s’intéresser à la paix et la sécurité, mais également à la santé des femmes de la planète. En refusant par ailleurs de financer les programmes de soutien à l’accès à l’avortement des femmes dans les pays du Sud, le gouvernement canadien a déclenché de très nombreuses réactions et manifestations auxquelles les autres chefs d’État ne pourront rester indifférents. Pour Alexa Conradi, porte-parole de la Marche mondiale des femmes au Québec et présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Harper « érode simultanément les droits des femmes dans les pays les plus pauvres et les droits des femmes ici même au Canada ».
Pendant que les employés de 32 grands hôtel de Toronto menacent d’entamer une grève pendant le G20 si leurs conditions de travail et rémunérations ne sont pas améliorées, un Sommet des peuples s’est tenu les 18, 19 et 20 juin à Toronto. Organisé par une coalition extrêmement large, allant des ONG environnementales et de développement aux groupes prônant les actions de désobéissance civile, en passant par les syndicats et les Églises, le Sommet des Peuples permet de rendre visible les exigences des mouvements sociaux. Parmi ces revendications, une taxe sur les transactions financières, l’annulation de la dette illégitime des pays pauvres, une gestion démocratique des ressources naturelles respectant les droits des peuples autochtones ou la remise en cause des politiques libre-échange (notamment face au nouvel accord UE-Canada actuellement en cours de négociation) figurent en bonne place. Lors de la séance d’ouverture, devant 500 personnes, Maud Barlow – auteur et militante canadienne, fondatrice du projet Planète bleue – rappelle combien les dirigeants du G20 servent les intérêts des classes qu’ils représentent et non ceux des population. Seule une mobilisation de masse, déterminée, peut, selon elle, inverser la donne. Rendez-vous est donc pris pour la manifestation du samedi 26 juin et de nombreuses actions de rue. De l’autre côté de la frontière, à Détroit, le 2ème Forum Social des Etats-Unis devrait confirmer le dynamisme de la société civile nord-américaine.
Notes
[1] Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada, Etats-Unis, Japon et Russie.
[2] Le G20 comprend les pays du G8 plus l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, la Turquie et l’Union européenne.
Marx et la Nature (Première Partie)
Alain Lipietz
Article paru dans EcoRev (Revue Critique d’Ecologie Politique) n. 25, de janvier 2007
Il y a des années, à l’époque du lancement d’ATTAC, nous allions débattre dans des cinémas de quartier, après un film. Ce soir-là c’était Terre et liberté, de Ken Loach. Comment le débat était-il venu sur ce point ? On avait du me poser la question : « En tant qu’écologiste, comment voyez vous ce film ? » et j’ai répondu : « Ce qui est frappant, c’est que le film s’appelle Terre et liberté, et que la terre, justement, on n’en parle jamais. On parle de la propriété de la terre. On en parle très bien, avec des débats très honnêtement reproduits entre la ligne des communistes orthodoxes qui ne veulent pas trop inquiéter les paysans moyens, et la ligne des anarchistes qui veulent donner tout le pouvoir aux ouvriers agricoles sans terre. Mais jamais, jamais on ne parle de la terre en tant que matériau fragile, sur laquelle poussent des plantes, que mangent hommes et animaux. Comme dans toute la tradition marxiste, le rapport social entre les hommes sur le contrôle de la nature semble absorber le rapport entre l’Homme et la Nature, et même la Nature elle-même. »
Bien sûr, le film se passe en Catalogne, à la fin des années trente, et les problèmes que connaissent de nos jours l’Andalousie ou les Baléares, de plus en plus frappés par la sécheresse due à la dérive du climat, à la surexploitation des sols, à la pression du tourisme sur l’eau, etc, n’étaient certainement pas d’une brûlante actualité. N’empêche, être écologiste, c’est prendre en compte cette actualité-là (d’ailleurs, des crises écologiques de surcharge humaine, il y en a toujours eu dans l’histoire). C’est le développement de cette actualité-là qui a suscité la montée d’un mouvement écologiste à côté de la tradition marxiste, parfois contre elle. Cela ne veut pas dire non plus que le marxisme mériterait, pour cette raison-là, l’oubli abyssal où il est tombé depuis un quart de siècle. L’œuvre de Marx a sombré dans l’oubli avec la chute des régimes qui, monstrueusement et illégitimement, s’en réclamaient. C’est profondément injuste. Et il serait facile de montrer qu’une grande part des faiblesses des mouvements « anti-libéralisme » (écologistes ou pas) tient à leur oubli ou à leur ignorance totale des nombreux outils qu’avait légués Karl Marx, et qui restent tout à fait pertinents. Bref, ce n’est pas faute d’avoir été assez écologiste que Marx aujourd’hui semble
mort.
L’Homme comme « producteur »
J’ai montré ailleurs [1] que l’écologie politique aurait beaucoup à apprendre de toute la tradition théorique marxiste (je veux dire celle de Marx et de quelques autres). Mais j’ai essayé d’y montrer aussi que cette « récupération » ne pourrait se faire qu’à la condition de remettre radicalement en cause le noyau unificateur de la pensée de Marx. Noyau que l’on pourrait résumer en un point : la conception du rapport Homme-Nature comme d’un producteur à son objet. Cette critique (initialement introduite par Ted Benton [2]) fut très largement confirmée par la réception de cet article, L’écologie politique et l’avenir du marxisme, dans les milieux de « l’écomarxisme nord américain ». La revue Capitalism Nature Socialism organisa en effet un débat autour de cet article [3]. Je dus rapidement me rendre à l’évidence : « l’écomarxisme » refusait tout simplement la critique de Benton, et le débat sur mon texte prolongeait les habituelles discussions entre marxistes : réforme et révolution, Staline est-il dans Marx, etc.
Très peu d’arguments furent échangés sur la tentative de remettre en cause l’étroitesse du rapport Homme-Nature tel que Marx le concevait, et qui joue de fait, depuis sa jadis célèbre Lettre à Weidemeyer (1852), un rôle central dans la « définition du marxisme par lui-même » : que les classes sociales sont définies par leur place dans la production, que l’Histoire est l’histoire de la lutte des classes, que la lutte des classes débouche sur le communisme via la dictature du prolétariat.
C’est quand même assez curieux. Après tout, la plupart des philosophes sociaux de l’époque de Marx, comme la plupart des réformateurs sociaux, se dispensaient tranquillement de penser explicitement le rapport Homme-Nature. Le social, la société, le socialisme, c’était une histoire entre Hommes, avec une majuscule à « Hommes ». C’était même en général une histoire entre hommes, c’est-à-dire une histoire sans les femmes. Au contraire, Marx part de la nature. Il est le penseur du XIXe siècle qui associe profondément l’Histoire et la Nature, la vie sociale et la matière, à tel point que le marxisme fut appelé pendant un siècle « matérialisme historique ».
Un authentique penseur de la Nature
Il est donc juste de souligner à quel point Marx et l’écologie politique partagent un intérêt fondamental pour ce rapport Homme-Nature, et même pour la Nature tout court. La thèse de doctorat de Marx s’intitule Différence des conceptions de la nature chez Démocrite et Epicure. […]
En gros : la pensée de l’atome chez Démocrite est mécaniste, la pensée de l’atome chez Epicure et Lucrèce laisse un espace de liberté à l’intérieur du déterminisme, qui ouvre la voie à la transformation, et à ce qui deviendra plus tard chez Marx la dialectique révolutionnaire. C’est la notion de clinamen, cette « déclinaison » que peuvent assumer les atomes par rapport à la ligne de leur mouvement mécanique, et qui leur permet d’engendrer le tourbillon de la vie [4].[…]
On peut dire que sa première oeuvre de philosophie sociale proprement dite, les Manuscrit de 1844, très beau texte dont les éco-marxistes firent souvent leurs délices, file la métaphore du clinamen en faisant de l’Homme un élément de la Nature capable de modifier la Nature. Cela, bien entendu, à l’intérieur des lois de la Nature. La grande tradition de la philosophie occidentale depuis Spinoza le disait bien : Natura non imperatur nisi parendo (la nature, on ne peut lui commander si ce n’est en lui obéissant). Mais ce qui est particulièrement « beau » chez Marx, c’est la formidable charge d’humanisme qu’il introduit dans son spinozisme : son matérialisme historique est d’emblée un matérialisme dialectique où le déterminisme matériel et social produit un agent (l’Humanité) capable de révolutionner ses propres conditions d’existence ! (Suite la semaine prochaine !)
NOTES
[1] « L’écologie politique et l’avenir du marxisme », Congrès Marx International, Paris, 27 Septembre 1995. Publié par Actuel Marx, P.U.F., 1996.
[2] Marxisme et limites naturelles : critique et reconstruction écologiques, » Actuel Marx, 12, 1993. Traduit de New Left Review, n° 178, 1989.
[3] Voir le dossier de débats sur mon article dans Capital, Nature and Society, n°42 , Juin 2000
[4] Michel Serres expliquera ça très bien dans La naissance de la physique dans le texte de Lucrèce (éd. De Minuit). Sur l’importance « paradigmatique » de cette thèse de Marx sur sa pensée ultérieure, voir l’introduction de mon livre Crise et inflation : pourquoi ? (La Découverte, 1979) et Denis Collin, Marx et Épicure.La thèse de doctorat dans la formation de la pensée de Karl Marx (1995)
Ezkerrekoa al da Ekologia politikoa?
Argiako Larrun gehigarritik hartua (Bigarren Partea)
EKOLOGIA POLITIKOA ETA (EKO)SOZIALISMOA
Galdera honakoa da: bateragarriak al dira sozialismoa eta ekologia politikoa? Eta honi erantzuteko, zein sozialismori buruz ari gara? Aldez aurretik, marxismo ortodoxoa eta ekologia politikoaren arteko edozelako harremana baztertuko dugu. Agur proletariotza liburuan (Gorz eta Gil, 1981) Gorzek nagusi den marxismo honekin apurketa proposatzen du. Kapitalismoaren aurkako ikusmoldean sakondu eta marxismoa gainditzen saiatzen da, norbanakoen emantzipazioa eta produktibismoa eta kontsumismoari egiten dien muturreko kritikaren arteko harremanean sakontzen du horretarako. Soldatapeko lanaren goraipamenaz kritika gogorra egiten du eta zera galdetzen du: ausartuko al gara abiatzen lanaren gizartetik harago?
Viveret filosofoaren ustez ere, sozialismoaren eta liberalismoaren arteko gatazkak oso bortitzak dira sarri, baina kultur oinarri berbera dute, bientzat funtsezkoena ekonomia da, “lan produktiboa” medio hori baita edozelako aberastasunaren sorburu. Sozialismoaren sustraietan ekologikoaz pentsatzeko ezintasuna dago, natura eta ondasun ugariak produkziorako osagaiak besterik ez direlako. Determinismo antropologiko batek gidatzen du Homo economicus hori historiaren ardatz gisa hartzera.
Eta orduan zertan oinarritzen da ekosozialismoa? Sozialismo dezentralizatzailea hartzen du oinarri honek, ez autoritarioa; Rosa Luxenburgo eta korronte anarkista eta libertarioak hartzen ditu ipar eta, beraz, ekologia politikoak bezala, marxismo-leninismoa eta estalinismoa arbuiatzen ditu. Lipietz-ek “gorritik-berderako” ezinbesteko bilakaeraz hitz egiten du eta ekologia politikoa izendatzeko “postsozialismoa” termino probokatzailea ere erabili izan du. Lipietzen ustez, sozialismoa eta ekologia politikoaren ikusmolde desberdinen funtsa garapena da, hau da, sozialismoak garapenaren ikusmoldetik begiratzen dio historiari eta ekologia politikoak ez. Pertsonak naturaren eraldaketarekin lortzen duen garapena, hori da historiaren funtsa sozialismoarentzat, eta hori da ekologia politikoarekin duen kontraesan nagusia. Munduaren konplexutasuna eta indar eraldatzaile berriei buruz aritzerakoan, beraz, Lipietzen ustez ekologia politikoaz hitz egin behar da, berau baita XXI. mendeko “esperantza berria”.
Edozein modutan, ekosozialismoak eta ekologia politikoak antiproduktibismoaren ikusmolde ugari partekatzen dituzte eta nire ustez, ekosozialismoak marxismoaren kritika azkenetara eramaten badu, bere eredu sozialistatik apurka urrundu eta eredu ekologistara gehiago hurbilduko da. Europara begiratuta hori gertatzen ari da. Hor dira ekosozialistak, ekobakezaleak, ekofeministak, ekologista sozialak, ekoliberalak, ingurumen zaleak… eta badirudi ekologiak guztiak estalpe berean har ditzakeela politika egiterakoan Europako egungo mugimendu berdeak.