Bizi !

Articles du Vendredi : Sélection du 24 novembre 2023

La COP28 sera un « moment de vérité » pour l’industrie pétrolière et gazière, selon l’Agence internationale de l’énergie
Perrine Mouterde
www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/23/la-cop28-sera-un-moment-de-verite-pour-l-industrie-petroliere-et-gaziere-selon-l-agence-internationale-de-l-energie_6201848_3244.html

Un rapport de l’AIE souligne que le secteur n’est, pour le moment, pas un « partenaire sérieux » dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Elle s’annonce comme « la COP des fossiles ». A Dubaï, les Etats réunis pour la 28e conférence mondiale sur le climat (COP28), du 30 novembre au 12 décembre, tenteront de négocier une formule appelant à une réduction de l’usage du charbon, du pétrole et du gaz, principaux responsables du dérèglement climatique. Mais au-delà des gouvernements, les acteurs du secteur seront, eux aussi, sur la sellette. « La COP28 sera un moment de vérité pour l’industrie pétrolière et gazière, qui devra montrer si elle veut être un partenaire sérieux pour accélérer la réponse au dérèglement climatique », affirme au Monde Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Dans un rapport spécial, publié jeudi 23 novembre, l’organisation décrit ce que le secteur doit mettre en œuvre pour être en phase avec l’ambition de l’accord de Paris. En partant d’abord d’un constat : les entreprises pétrolières et gazières jouent aujourd’hui un rôle plus que marginal dans la transition énergétique. Un chiffre résume ce manque d’engagement : leurs investissements dans les énergies bas carbone ne représentent que 1 % des investissements totaux (1 800 milliards de dollars en 2023). Dans cette industrie comptant des milliers d’acteurs, quatre entreprises (Equinor, TotalEnergies, Shell et BP) regroupent à elles seules plus de 60 % de cette somme.

Les sept principales majors, c’est-à-dire les multinationales privées, détiennent moins de 13 % de la production et des réserves mondiales de pétrole et de gaz, alors que plus de la moitié de la production et près de 60 % des réserves est aux mains des compagnies nationales détenues par un Etat, telles que la saoudienne Saudi Aramco ou l’émiratie Adnoc.

Face à ce constat, l’AIE appelle en premier lieu l’ensemble des producteurs à réduire les émissions liées à leurs propres activités. Ces émissions, dites du scope 1 et 2, qui couvrent la production, le transport et la transformation du pétrole et du gaz, représentent environ 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie. Selon le rapport, elles doivent diminuer de 60 % d’ici à 2030, dans le cadre d’un scénario visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Prévoir la baisse de la production

« Une grande partie de ces émissions peuvent être éliminées très facilement et à bas coût, mais nous ne voyons pas les choses avancer dans la bonne direction », estime Fatih Birol. Moins de la moitié des entreprises affichent aujourd’hui des objectifs de diminution, et pas dans les proportions suffisantes. Lors de la COP28, une coalition visant à renforcer la lutte contre les fuites de méthane pourrait être annoncée, tout comme des engagements de producteurs d’hydrocarbures sur la diminution des émissions liées à leurs activités.

L’AIE insiste toutefois sur le fait que son appel à l’action est « bien plus large ». Elle souligne notamment que l’industrie est « bien placée » pour contribuer au développement de certaines technologies cruciales pour mener à bien la transformation du système énergétique (éolien en mer, hydrogène, captage et stockage du carbone…). Pour être crédibles quant à leurs engagements climatiques, les entreprises ayant choisi de se diversifier devraient consacrer la moitié de leurs dépenses d’investissements aux énergies propres, contre 2,5 % aujourd’hui.
« l’alternative consiste à mettre fin à leurs opérations traditionnelles au fil du temps »
« Un risque économique »
« Aujourd’hui, le monde produit environ 100 millions de barils de pétrole par jour, explique Fatih Birol. En 2050, il faudra être passé à 25 millions. Quand vous parlez aux entreprises, elles vous disent toutes : “Je suis prête à produire ces 25 millions de barils.” Cela ne peut pas marcher, insiste le directeur exécutif de l’AIE. Il est temps qu’elles comprennent que réaliser de nouveaux investissements dans des champs pétroliers et gaziers fait peser un risque climatique bien sûr, mais aussi un risque économique, car même avec les politiques actuelles, la consommation globale de pétrole va atteindre un pic, puis décliner. »
Alors que l’avenir du secteur pétro-gazier sera au cœur des discussions à Dubaï, l’AIE identifie deux « pièges » à éviter. D’abord, celui de l’éternel débat sur l’offre et la demande : est-ce la baisse de la consommation d’hydrocarbures qui doit être à l’origine de la transition, ou faut-il d’abord mettre un terme à la production ? Les auteurs du rapport affirment qu’aucune des deux approches n’est satisfaisante face à l’ampleur des défis, et qu’aucun des acteurs ne devrait attendre que l’autre agisse en premier.
Le second piège porte sur les technologies de captage et de stockage du carbone, qui devraient occuper une large part des débats de la COP28. « Certains disent qu’il n’y a pas de contradiction entre produire massivement du pétrole et du gaz et atteindre nos objectifs climatiques, parce que l’on va pouvoir utiliser ces technologies, observe Fatih Birol. Elles seront effectivement importantes pour réduire les émissions de certains secteurs, comme la production de ciment. Mais l’idée que les producteurs d’hydrocarbures peuvent continuer comme avant et qu’ils vont réduire leurs émissions à zéro grâce à un déploiement massif du captage et stockage de carbone est, selon moi, un fantasme. »

 

Non au kérosène “vert” du projet BioTJet !
Bizi !
https://bizimugi.eu/non-au-kerosene-vert-du-projet-biotjet

 

Ce jeudi 23 novembre, l’entreprise Elyse Energie présentait à une sélection d’industriels du Pays Basque son projet E-CHO, dont l’objectif affiché est la production en Béarn de molécules dites bas-carbone, le « e-méthanol » et le « e-biokérosène ». Bizi! met en garde contre ce mirage vert qui n’a rien de durable alors que d’autres voies existent pour diminuer l’impact écologique du secteur aérien.

Drôle de concertation que celle organisée par l’entreprise Elyse Energie à Bayonne ce jeudi 23 novembre. Dans le cadre de la concertation préalable du projet, l’entreprise organisait en effet un petit déjeuner pour « associer le plus grand nombre d’acteurs institutionnels, économiques et associatifs »1. Dans la réalité, l’événement se tient à huis clos, sur invitation, avec les industriels du territoire (port de Bayonne, aéroport de Biarritz ou Arkinova par exemple), mais, à notre connaissance, aucune association de défense de l’environnement n’a été invitée. Il s’agit pourtant du seul temps de la concertation préalable prévu en Pays Basque.

Une fuite en avant technologique

Le projet BioTJet est présenté comme une usine de « e-biokérosène », « un carburant d’aviation durable à destination du transport aérien » 2. Implanté en Béarn, il produirait dès 2028, 75 000 tonnes de e-biokérosène à partir de 400 000 tonnes de bois, d’hydrogène, d’oxygène, d’eau et d’électricité.

Pour Elouan Trichard, porte-parole de l’association Bizi, « Ce projet « bas-carbone » poursuit, au nom de l’impératif climatique, une fuite en avant technologique et dévasterait les écosystèmes par son impact sur les forêts, sur les ressources en eau et par ses besoins en électricité renouvelable. »

Couper les forêts… pour faire voler des avions

D’après les calculs de l’association Canopée, les forêts du Pays Basque et du Béarn ne sont pas en capacité de fournir la totalité du bois nécessaire à la production de kérosène, vu leur rythme de renouvellement3. De tels volumes pousseraient par ailleurs à une gestion productiviste des forêts, favorisant la monoculture au détriment d’écosystèmes riches, donc résilients, et d’une sylviculture raisonnée.

Le processus de production implique de plus une utilisation massive d’énergie renouvelable d’origine photovoltaïque. La production d’énergie renouvelable sur nos territoires est déjà un défi qui exige des réflexions poussées sur l’usage des terres, pour éviter une destruction massive de régions forestières ou de terres agricoles pour produire de l’électricité. Fidèle à la logique « sobriété, efficacité, renouvelables » proposée par l’association Negawatt, l’association Bizi ! considère que la production d’énergie renouvelable pour faire voler des avions est superflue.

L’avion vert est celui qui ne vole pas

Les alternatives à l’avion ne manquent pas, à condition de fixer une orientation politique claire en ce sens : tarification accessible pour les trajets en train, taxation du kérosène, déploiement des trains de nuit (4 lignes vont être relancées mi-décembre, dont la ligne Paris-Bayonne-Pau-Tarbes), voyager sur des durées plus longues, moins loin mais qualitativement…

Elouan Trichard conclut « Les fausses solutions comme celle de BioTJet ne font que déplacer le problème. Travaillons plutôt à diminuer le trafic aérien ! Arrêtons de penser que la technologie va nous sauver : l’avion vert est celui qui ne vole pas. Il est temps de repenser nos modes de vie en prenant en compte toutes les limites de la planète. »

(1) https://www.e-cho-concertation.fr/blog/1890/le-calendrier-des-rencontres
(2) https://www.e-cho-concertation.fr/
(3) Canopée, Enquête sur le système Alliance Forêts Bois, p86-87 <https://www.canopee.ong/wp-content/uploads/2023/10/canopee-enquete-afb-oct-2023.pdf>

Un nouvel outil au service du Pays Basque : Eraiki
Gogoeta
www.enbata.info/articles/un-nouvel-outil-au-service-du-pays-basque-eraiki

Un instrument supplémentaire au service de la construction du Pays Basque a vu le jour ce mois de juillet 2023 en Iparralde : le fonds de dotation Eraiki. Enbata s’est entretenu avec deux de ses représentants, Ainize Butron et Txetx Etcheverry, pour en savoir plus sur les objectifs et l’utilité concrète de ce nouvel outil.

Quelle est la vocation spécifique du fonds de dotation Eraiki ?

Ainize : Elle est présentée dans le préambule même des statuts de ce fonds (lire ci-dessous). Eraiki est là pour « sécuriser le patrimoine foncier et immobilier » des associations et diverses structures travaillant pour répondre aux défis auxquels est confronté le Pays Basque. Ce fonds de dotation veut garantir que ce patrimoine reste durablement au service de l’intérêt général, du mouvement, sans visée lucrative. Eraiki vise aussi à collecter des fonds et les redistribuer au service des associations et des projets qui correspondent aux mêmes objectifs et valeurs globales.

Txetx : En outre, de par sa nature même de fonds de dotation, Eraiki est habilité pour recevoir toutes sortes de legs (universel, à titre universel, particulier), legs avec charge, donations ou transmissions d’assurance- vie qui seront mis au service exclusif de ces associations et missions diverses. Eraiki s’appuie sur des spécialistes en droit des successions, en régime fiscal des associations, en montages juridiques ou économiques, en droit de l’immobilier, qui doivent permettre d’étudier chaque situation particulière et de proposer les solutions les plus adaptées pour ceux qui donnent et ceux qui reçoivent.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples concrets de ce que cela permettra ?

Ainize : Eh bien par exemple, de nombreux locaux ont été acquis au cours des dernières décennies par le mouvement et différentes associations. Bien souvent, ils l’ont été par le biais de SCI (sociétés civiles immobilières) composées de militantes et de militants de confiance, dont on savait qu’ils maintiendraient ces biens au service de l’intérêt général, sans vouloir en tirer un profit personnel. Mais, il y avait un angle mort dans cette manière de procéder : s’il arrive quelque chose à l’un d’entre eux, problèmes et complications peuvent apparaître avec leurs ayants droit, qui seraient juridiquement fondés à revendiquer comme biens personnels ce patrimoine immobilier.

 

Une des premières opérations va donc consister à transférer les biens détenus par ces SCI au nouveau fonds de dotation, afin de garantir à jamais le caractère de bien commun de ces locaux et biens immobiliers.

Txetx : Dès aujourd’hui, ce fonds doit permettre de recevoir un premier legs voulu par une famille du Pays Basque nord, qui jusque-là ne savait pas comment procéder. Celle-ci voulait absolument que sa maison et les terrains l’entourant puissent devenir « un lieu pérenne pour le mouvement abertzale, qui permette d’organiser, entre autres, un centre de formation, un lieu de travail et de réunions, et d’activités culturelles ». Eraiki permettra au legs de se faire selon les volontés de la famille qui veut mettre pour toujours ce domaine à l’abri des promoteurs immobiliers, en garantissant sur le très long terme le respect absolu de ce voeu. En plus de cela, Eraiki accompagnera l’aménagement et la gestion de la maison en véritable centre de réunions et de formations, pouvant accueillir des groupes et proposer les activités.

Comment a été constitué le fonds Eraiki ?

Ainize : Nous avons beaucoup travaillé à l’élaboration de ses statuts et de son règlement intérieur, avec l’aide d’experts. Les membres fondateurs sont des associations comme Enbata, Alda, Bizi!, la Fondation Manu Robles-Arangiz, etc. La gouvernance du fonds se veut particulièrement démocratique et dans le même temps assez balisée pour être sûre que le fonds ne dévie jamais de ses valeurs fondatrices et que son patrimoine immobilier reste un bien commun au service de l’intérêt général et de l’objet social initial d’Eraiki. Le conseil d’administration sera composé par divers mouvements et associations travaillant à la construction d’un Pays Basque souverain, solidaire et soutenable, appelés à évoluer avec le temps. Il aura à composer avec deux autres collèges au sein des assemblées générales ordinaire et extraordinaire, qui détiendront la moitié des voix : le collège des alliés (structures comme EHLG ou Euskal Moneta par exemple) et le collège des sages, constitué de personnalités choisies pour leur parcours et le capital de confiance qu’ils détiennent en Iparralde.
Txetx : Et l’assemblée générale du fonds de dotation aura un rôle capital. L’AG valide les orientations stratégiques, décide des acquisitions foncières, nomme le conseil d’administration et la présidence, etc. L’AG extraordinaire quant à elle peut seule décider des cessions foncières ou accepter les donations ou legs avec charge significative, notamment un passif important relativement à l’actif. Il y a également un comité consultatif composé de personnes qualifiées et disposant de compétences en matière économique, juridique ou scientifique, qui sera consulté sur les opérations et décisions stratégiques que le fonds sera amené à prendre, notamment concernant les opérations d’acquisition ou de cession foncière, de fusion et d’absorption. Bref, tout est fait pour préserver l’esprit initial du fonds, l’éthique des opérations et le caractère de biens communs de son patrimoine.

Eraiki pour construire donc, et pour changer d’échelle ?

Ainize : Oui, c’est tout à fait ça. Quand on voit parfois dans quelles conditions sont portés certains projets, on se dit que c’est même un besoin pressant. Pour ne prendre que l’exemple d’Enbata qui s’élabore depuis des décennies dans un tout petit local sombre et humide, et de plus en plus régulièrement inondé par la Nive voisine, avec ses archives historiques qui s’abîment inévitablement, il faut trouver des solutions, et vite. Encore plus à un moment où Enbata travaille sur un nouveau projet éditorial pour remplir encore mieux sa fonction historique, notamment auprès des nouvelles générations militantes.

Txetx : Une vingtaine d’années passées à travailler au sein de la fondation Manu Robles-Arangiz m’ont convaincu que les questions des locaux, des moyens matériels et logistiques, mais aussi de la formation, qu’elle soit sur le fond ou sur les méthodes de travail, de l’accompagnement des projets novateurs jusqu’à leur consolidation, sont particulièrement importantes. De la bataille d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara à la création de Lurrama, de la naissance de Bizi!, d’Alternatiba ou d’Alda à la mise en marche d’Euskal Moneta et de plein d’autres alternatives concrètes construisant un Pays Basque plus souverain, plus résilient, plus solidaire et soutenable, il n’y a pas photo. Et il reste tant à faire qu’il est effectivement temps de s’en donner les moyens.

 

 

Pour donner ou léguer à Eraiki :

Pour contacter le fonds de dotation Eraiki et en savoir plus sur les modalités de legs, donations, destination totale ou partielle d’assurance- vie, etc., ou pour demander le RIB d’Eraiki, s’adresser à : Fonds de dotation Eraiki, 20, rue des Cordeliers 64 100 Bayonne eraiki.funtsa@gmail.com Tel : 05 59 25 65 52 (Chèques à l’ordre d’Eraiki)

 

Un Fonds de dotation, c’est quoi ?

L’article 140 de la loi du 4 août 2008 définit le fonds de dotation comme «une personne morale de droit privé à but non lucratif qui reçoit et gère, en les capitalisant, des biens et droits de toute nature (…) en vue de la réalisation d’une oeuvre ou d’une mission d’intérêt général ou les redistribue pour assister une personne morale à but non lucratif dans l’accomplissement de ses oeuvres et de ses missions d’intérêt général». Comme dans le cas des dons aux associations d’intérêt général, les entreprises effectuant des dons à un Fonds de dotation bénéficient d’une réduction d’impôt à hauteur de 60 % du montant des versements. Cette réduction d’impôts s’élève à 66 % pour les particuliers dans la limite de 20 % du revenu imposable. L’un des intérêts spécifiques du Fonds de dotation réside dans le fait que les dons et legs qui lui sont consentis sont exonérés de droits de mutation, conformément à l’article 795 (14°) du code général des impôts.

 

Préambule des statuts du Fonds de dotation Eraiki

Le Pays Basque a une longue tradition du « faire ensemble » et de mobilisation de l’ensemble de ses ressources propres pour construire les dynamiques et mettre en place les outils permettant de façonner peu à peu l’avenir qu’il appelle de ses voeux.

Le Pays Basque est une terre d’expérimentation où se cultivent les réponses aux défis qu’il doit affronter localement (défense de sa langue et de sa culture, développement soutenable ; économie sociale, solidaire et transformatrice ; solidarité, entraide et justice sociale ; aménagement équilibré et durable du territoire ; maîtrise du foncier et du logement ; défense des terres nourricières et d’un modèle agricole autonome, juste et durable ; formation, recherche et innovation, etc.), mais également aux grands défis universels de notre temps (climat et biodiversité ; défense et approfondissement de la démocratie, y compris face au marché et aux nouvelles technologies ; égalité des genres, lutte contre la xénophobie et les discriminations ; migrations, solidarité et entraide internationale, etc.).

A tous les niveaux, les réalisations se multiplient sous forme d’associations, de coopératives ou de dynamiques les plus diverses, visant à construire les souverainetés réelles, alimentaires, énergétiques, économiques, technologiques, culturelles, linguistiques, démocratiques et populaires ; ainsi que les politiques d’entraide et de solidarité dont le Pays Basque a besoin pour répondre au mieux à ces multiples défis du 21ème siècle.

Pour construire, il faut des outils et des ressources.

Le fonds de dotation Eraiki a pour objet de les mobiliser, les renforcer, les sécuriser. Les associations et diverses structures qui façonnent le Pays Basque d’aujourd’hui et de demain sont souvent limitées dans leurs moyens d’action, leur modèle économique, leur matériel logistique, leurs locaux, la formation de leurs bénévoles, etc.

Elles se retrouvent souvent confrontées à des problèmes de sécurisation à long terme de leur patrimoine foncier et immobilier, pour qu’il demeure au service de l’intérêt général au-delà des générations et malgré les inévitables crises conjoncturelles.

Elles manquent d’outils adaptés au moment de recevoir legs, donations, soutiens divers.

Or, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui, ne pouvant pas ou plus être en première ligne de cette mobilisation collective, souhaitent néanmoins la renforcer et l’aider dans sa recherche de plus d’efficacité et de pérennité sur le long terme.

Le fonds de dotation Eraiki a pour objet et vocation de leur permettre de réaliser ce souhait dans les meilleures conditions et de la manière la plus simple et la plus sécurisée possible.

 

 

En Palestine, « l’écologie n’est pas séparée de la résistance »
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/En-Palestine-l-ecologie-n-est-pas-separee-de-la-resistanceier

Jardins communautaires, coopératives… En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance », raconte l’historienne Stéphanie Latte Abdallah.

Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le conflit armé. Elle rappelle le lien entre colonisation et destruction de l’environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même lutte contre l’effacement et la disparition.

Stéphanie Latte Abdallah est historienne et anthropologue du politique, directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS). Elle a récemment publié La toile carcérale, une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021).

Reporterre — Comment analysez-vous à la situation à Gaza et en Cisjordanie ?

Stéphanie Latte Abdallah — L’attaque du Hamas et ses répercussions prolongent des dynamiques déjà à l’œuvre mais c’est une rupture historique dans le déchaînement de violence que cela a provoqué. Depuis le 7 octobre, le processus d’encerclement de la population palestinienne s’est intensifié. Israël les prive de tout moyens de subsistance, à court terme comme à moyen terme, avec une offensive massive sur leurs conditions matérielles d’existence. À Gaza, il n’y a plus d’accès à l’eau, à l’électricité ou à la nourriture. Des boulangeries et des marchés sont bombardés. Les pêcheurs ne peuvent plus accéder à la mer. Les infrastructures agricoles, les lieux de stockage, les élevages de volailles sont méthodiquement démolis.

En Cisjordanie, les Palestiniens subissent — depuis quelques années déjà mais de manière accrue maintenant — une forme d’assiègement. Des cultures vivrières sont détruites, des oliviers abattus, des terres volées. Les raids de colons ont été multipliés par deux, de manière totalement décomplexée, pour pousser la population à partir, notamment la population bédouine qui vit dans des zones plus isolées. On assiste à un approfondissement du phénomène colonial. Certains parlent de nouvelle Nakba [littéralement « catastrophe » en Arabe. Cette expression fait référence à l’exode forcé de la population palestinienne en 1948]. On compte plus d’1,7 million de déplacés à Gaza. Où iront-ils demain ?

Gaza a connu six guerres en dix-sept ans mais il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, par l’ampleur des destructions, le nombre de morts et l’effet de sidération. À défaut d’arriver à véritablement éliminer le Hamas – ce qui est, selon moi, impossible — Israël mène une guerre totale à une population civile. Il pratique la politique de la terre brûlée, rase Gaza ville, pilonne des hôpitaux, humilie et terrorise tout un peuple. Cette stratégie a été théorisée dès 2006 par Gadi Eizenkot, aujourd’hui ministre et membre du cabinet de guerre, et baptisée « la doctrine Dahiya », en référence à la banlieue sud de Beyrouth. Cette doctrine ne fait pas de distinction entre cibles civiles et cibles militaires et ignore délibérément le principe de proportionnalité de la force. L’objectif est de détruire toutes les infrastructures, de créer un choc psychologique suffisamment fort, et de retourner la population contre le Hamas. Cette situation nous enferme dans un cycle de violence.

Vos travaux les plus récents portent sur les initiatives écologiques palestiniennes. Face à la fureur des armes, on en entend évidemment peu parler. Vous expliquez pourtant qu’elles sont essentielles. Quelles sont-elles ?

La Palestine est un vivier d’innovations politiques et écologiques, un lieu de créativité sociale. Ces dernières années, suite au constat d’échec des négociations liées aux accords d’Oslo [1] mais aussi de l’échec de la lutte armée, s’est dessinée une troisième voie.

Depuis le début des années 2000, la société civile a repris l’initiative. Dans de nombreux villages, des marches et des manifestations hebdomadaires sont organisées contre la prédation des colons ou pour l’accès aux ressources. Plus récemment, s’est développée une économie alternative, dite de résistance, avec la création de fermes, parfois communautaires, et un renouveau des coopératives.

L’objectif est de reconstruire une autre société libérée du néolibéralisme, de l’occupation et de la dépendance à l’aide internationale. Des agronomes, des intellectuels, des agriculteurs, des agricultrices, des associations et des syndicats de gauche se sont retrouvés dans cette nouvelle forme de résistance en dehors de la politique institutionnelle. Une jeune génération a rejoint des pionniers. Plutôt qu’une solution nationale et étatique à la colonisation israélienne — un objectif trop abstrait sur lequel personne n’a aujourd’hui de prise — il s’agit de promouvoir des actions à l’échelle citoyenne et locale. L’idée est de retrouver de l’autonomie et de parvenir à des formes de souveraineté par le bas. Des terres ont été remises en culture, des fermes agroécologiques ont été installées — dont le nombre a explosé ces cinq dernières années — des banques de semences locales créées, des modes d’échange directs entre producteurs et consommateurs mis en place. On a parlé d’« intifada verte ».

Tout est né d’une prise de conscience. Les territoires palestiniens sont un marché captif pour l’économie israélienne. Il y a très peu de production. Entre 1975 et 2014, la part des secteurs de l’agriculture et de l’industrie dans le PIB a diminué de moitié. 65 % des produits consommés en Cisjordanie viennent d’Israël, et plus encore à Gaza. Depuis les accords d’Oslo en 1995, la production agricole est passée de 13 % à 6 % du PIB.

Ces nouvelles actions s’inscrivent aussi dans l’histoire de la résistance : au cours de la première Intifada (1987-1993), le boycott des taxes et des produits israéliens, les grèves massives et la mise en place d’une économie alternative autogérée, notamment autour de l’agriculture, avaient été centraux. À l’époque, des jardins communautaires, appelés « les jardins de la victoire » avait été créés. Ce soulèvement, d’abord conçu comme une guerre économique, entendait alors se réapproprier les ressources captées par l’occupation totale de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Comment définiriez-vous l’écologie palestinienne ?

C’est une écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance, et même au-delà, une écologie existentielle. Le retour à la terre participe de la lutte. C’est le seul moyen de la conserver, et donc d’empêcher la disparition totale, de continuer à exister. En Cisjordanie, si les terres ne sont pas cultivées pendant 3 ou 10 ans selon les modes de propriété, elles peuvent tomber dans l’escarcelle de l’État d’Israël, en vertu d’une ancienne loi ottomane réactualisée par les autorités israéliennes en 1976. Donc, il y a une nécessité de maintenir et augmenter les cultures, de redevenir paysans, pour limiter l’expansion de la colonisation. Il y a aussi une nécessité d’aller vers des modes de production plus écologiques pour des raisons autant climatiques que politiques. Les engrais et les produits chimiques proviennent des multinationales via Israël, ces produits sont coûteux et rendent les sols peu à peu stériles. Il faut donc inventer autre chose.

Les Palestiniens renouent avec une forme d’agriculture économe, ancrée dans des savoir-faire ancestraux, une agriculture locale et paysanne (baladi) et baaliya, c’est-à-dire basée sur la pluviométrie, tout en s’appuyant sur des savoirs nouveaux. Le manque d’eau pousse à développer cette méthode sans irrigation et avec des semences anciennes résistantes. L’idée est de revenir à des formes d’agriculture vivrière.

La révolution verte productiviste avec ses monocultures de tabac, de fraises et d’avocats destinée à l’export a fragilisé l’économie palestinienne. Elle n’est pas compatible avec l’occupation et le contrôle de toutes les frontières extérieures par les autorités israéliennes qui les ferment quand elles le souhaitent. Par ailleurs, en Cisjordanie, il existe environ 600 formes de check-points internes, eux aussi actionnés en fonction de la situation, qui permettent de créer ce que l’armée a nommé des « cellules territoriales ». Le territoire est morcelé. Il faut donc apprendre à survivre dans des zones encerclées, être prêt à affronter des blocus et développer l’autosuffisance dans des espaces restreints. Il n’y a quasiment plus de profondeur de paysage palestinien.

À Gaza, on voit poindre une économie circulaire, même si elle n’est pas nommée ainsi. C’est un mélange de débrouille et d’inventivité. Il faut, en effet, recycler les matériaux des immeubles détruits pour pouvoir faire de nouvelles constructions, parce qu’il y a très peu de matériaux qui peuvent entrer sur le territoire. Un entrepreneur a mis au point un moyen d’utiliser les ordures comme matériaux. Les modes de construction anciens, en terre ou en sable, apparaissent aussi mieux adaptés au territoire et au climat.

On utilise des modes de production agricole innovants, en hydroponie ou bien à la verticale, parce que la terre manque, et les sols sont pollués. De nouvelles pratiques énergétiques ont été mises en place, surtout à Gaza, où, outre les générateurs qui remplacent le peu d’électricité fournie, des panneaux solaires ont été installés en nombre pour permettre de maintenir certaines activités, notamment celles des hôpitaux.

Est-ce qu’on peut parler d’écocide en ce moment ?

Tout à fait. Nombre de Palestiniens emploient maintenant le terme, de même qu’ils mettent en avant la notion d’inégalités environnementales avec la captation des ressources naturelles par Israël (terre, ressources en eau…). Cela permet de comprendre dans leur ensemble les dégradations faites à l’environnement, et leur sens politique. Cela permet aussi d’interpeller le mouvement écologiste israélien, peu concerné jusque-là, et de dénoncer le greenwashing des autorités. À Gaza, des pesticides sont épandus par avion sur les zones frontalières, des oliveraies et des orangeraies ont été arrachées. Partout, les sols sont pollués par la toxicité de la guerre et la pluie de bombes, dont certaines au phosphore. En Cisjordanie, les autorités israéliennes et des acteurs privés externalisent certaines nuisances environnementales. À Hébron, une décharge de déchets électroniques a ainsi été créée. Les eaux usées ne sont pas également réparties. À Tulkarem, une usine chimique considérée trop toxique a été également déplacée de l’autre côté du Mur et pollue massivement les habitants, les terres et les fermes palestiniennes alentour.

Les habitants des territoires occupés, et leur environnement — les plantes, les arbres, le paysage et les espèces qui le composent — sont attaqués et visés de manière similaire. Ils sont placés dans une même vulnérabilité. Pour certains, il apparaît clair que leur destin est commun, et qu’ils doivent donc d’une certaine manière résister ensemble. C’est ce que j’appelle des « résistances multispécifiques », en écho à la pensée de la [philosophe féministe étasunienne] Donna Haraway. [2] Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement. Une même crainte pour l’existence. La même menace d’effacement. C’est très palpable dans le discours de certaines personnes. Il y a une lutte commune pour la survie, qui concerne autant les humains que le reste du vivant, une nécessité écologique encore plus aigüe. C’est pour cette raison que je parle d’écologisme existentiel en Palestine.

Aujourd’hui, ces initiatives écologistes ne sont-elles pas cependant menacées ? Cet élan écologiste ne risque-t-il pas d’être brisé par la guerre ?

Il est évidemment difficile d’exister dans une guerre totale mais on ne sait pas encore comment cela va finir. D’un côté, on assiste à un réarmement des esprits, les attaques de colons s’accélèrent et les populations palestiniennes en Cisjordanie réfléchissent à comment se défendre. De l’autre côté, ces initiatives restent une nécessité pour les Palestiniens. J’ai pu le constater lors de mon dernier voyage en juin, l’engouement est réel, la dynamique importante. Ce sont des utopies qui tentent de vivre en pleine dystopie.

Jaurlaritzak orain dio AHT Bilbora 2033an iritsiko dela
Izaro Villarreal Lauroba
www.argia.eus/albistea/abiadura-handiko-trena-2033an-iritsiko-da-bilbora

226,52 milioiko aurrekontuarekin, Eusko Jaurlaritza arduratuko da Abiadura Handiko Trenaren Bilboko sarrerako eraikuntza proiektua idazteaz.

2019. urtean Eusko Jaurlaritzak aurreikusi zuen 2023rako Abiadura Handiko Trenaren (AHT) obrak amaituta egongo zirela eta 2024an jarriko zela martxan. Baina etengabe luzatu dira epeok.  Gobernu Kontseiluak astearte honetan baimendu du Espainiako Trenbide Azpiegituren Aministratzailearekin (Adif) adostutako hitzarmena, eta Jaurlaritzaren esku egongo da Basauri eta Abandoko geltokira arteko tren zatiaren proiektua idaztea, baita zati bereko lanak egitea eta zuzentzea ere. 2026an hasiko dira obrak eta 2033rako amaituko direla aurreikusten du Jaurlaritzak.

6,2 kilometroko tunel bat izango da, dagoeneko amaituta dagoen Galdakao-Basauri zatia eta Bizkaiko hiriburuko geltokia lotuko dituena. 226,52 milioiko aurrekontuarekin gauzatuko da. AHTren geltoki berria egungoaren azpian egin nahi dute, baina hori ere garapen-fasean dagoen beste proiektu baten parte da, eta Idom ingeniaritzari dagokio.

Iñaki Arriola EAEko Garraio Sailburuak adierazi du “pausoz pauso” joango direla eta garrantzia handia emango zaio lehendabizi Adifekin akordioa formalizatzeari. Sailburuaren esanetan, bi urteko beharko dituzte proiektua idazteko eta Jaurlaritzak espero du 2026. urtean ekitea eraikuntzari. Bukatu bitartean, 2027rako Euskal Y-a jar dezaketela uste du Arriolak, behin-behineko geltokiak eraikiz Basaurin eta Gasteizen.

Gipuzkoako zatia

Eusko Jaurlaritzak gogoratu du dagoeneko amaituta daudela lan gehienak Bergara eta Donostia arteko Gizpukoako zatian, eta Hernani eta Astigarraga artekoaz gain, Donostiako geltoki berria eraikitzea ere falta dela. Arriolak dio bi ora horiek 2024an eta 2025ean amaituko direla, hurrenez hurren.