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Articles du Vendredi : Sélection du 23 septembre 2011

Du pétrole au large de la Guyane ? Une bien mauvaise nouvelle

Maxime Combes
www.bastamag.net/article1736.html 21/09/2011

La bière qui mentait

Hervé Kempf
www.reporterre.net/spip.php?article2164

737 maîtres du monde contrôlent
80 % de la valeur des entreprises mondiales

Ivan du Roy
www.bastamag.net/article1719.html

Zer da krisi kapitalista bat?

Santiago Alba Rico
attacmadrid.org 2011/09/08

Monnaie complémentaire basque (1/2) Ecologique, solidaire et euskaldun, pour un Pays Basque en transition

Interview de Dante, Jon, Txetx et Pierre, pour le projet “Monnaie locale en Pays Basque”
Hebdomadaire Alda !

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Du pétrole au large de la Guyane ? Une bien mauvaise nouvelle

Maxime Combes
www.bastamag.net/article1736.html 21/09/2011

La France a désormais du pétrole à défaut d’avoir des idées pour ne plus en dépendre. La découverte de champs pétrolifères au large de la Guyane a été un peu partout qualifiée «d’historique». Comme si la lente agonie de l’or noir ne nous concernait plus.
«Historique». C’est la façon quasi unanime dont médias et industriels ont qualifié la découverte de pétrole au large de la Guyane. À environ 150 kilomètres au nord-est de Cayenne, le forage du puits Zaedyus a été réalisé en eaux profondes, à plus de 2 000 mètres sous la surface de l’océan Atlantique, par la société britannique Tullow Oil. Celle-ci détient 27,5 % du projet aux côtés de Shell (45 %) et Total (25 %), qui se sont déclarés « satisfaits » des premiers résultats. Ils espèrent avoir mis la main sur une parcelle de ce nouvel eldorado de pétrole brut, situé au large du Brésil, et exploré depuis quelques années par le Brésilien Petrobras.
Est-ce une découverte « historique » au regard des réserves prouvées ? Les réserves totales avancées pour ce champ offshore sont de 700 millions de barils avant le début du forage. Soit 0,05 % des réserves mondiales prouvées de la planète. Ce forage a été réalisé sur l’hypothèse géologique suivante : il serait le miroir du champ de Jubilee, découvert en 2007 au large du Ghana, séparé il y a 100 000 millions d’années lorsque les deux continents ont commencé à dériver. Le champ Jubilee recèle 1,4 milliard de barils. Si le miroir est parfait, on atteint donc 0,1 % des réserves mondiales prouvées. Les industriels font savoir qu’autour de ce champ pourrait être découvert un bassin d’hydrocarbures plus vaste. D’autres forages sont en cours au large des côtes guyanaises. Le large du Surinam pourrait aussi être propice. La fourchette avancée est alors de 1 à 5 milliards de barils au total, soit entre 0,1 et 0,4 % des réserves prouvées mondiales.
« Historique » car permettant de faire reculer le pic pétrolier ? Dans son rapport de l’automne 2010, l’Agence internationale de l’énergie estime que la production des champs de pétrole conventionnel existants devrait chuter de 20 millions de barils par jour d’ici à 2020. Soit le double de la production quotidienne actuelle de l’Arabie Saoudite. En plus de ne pouvoir être aussi rapide que celle d’un champ situé sur la terre ferme, la production offshore à partir d’un puits comprenant au mieux 1 ou 2 milliards de barils au total sera bien incapable de stabiliser la production mondiale quotidienne.
« Historique » pour l’approvisionnement en pétrole de l’Hexagone ? La France consomme environ 2 millions de barils par jour. Le pétrole du champ découvert au large de la Guyane représente donc potentiellement entre un an et deux ans de consommation française.
Difficile donc de comprendre donc pourquoi cette découverte a été qualifiée d’historique. Masquer la réalité du pic pétrolier ? Bercer d’illusions la population française ? Ce puits Zaedyus, situé au large d’une des plus vastes mangroves de la planète, plus profond que celui à l’origine de la marée noire du golfe du Mexique, est en tout cas le symbole d’une industrie pétrolière désireuse de forer toujours plus loin et plus profond : exploitation en eaux profondes, sables bitumineux, pétrole de schiste et maintenant forages en Arctique. Au risque de conséquences écologiques gravissimes. Comme s’il était possible de maintenir, voire d’accroître, notre consommation d’énergies fossiles au regard des défis climatiques auxquels nous sommes confrontés.

La bière qui mentait

Hervé Kempf
www.reporterre.net/spip.php?article2164

Presque surréalistes, ces mots de l’ex-probable candidat et acteur d’un fait divers new-yorkais. Interrogé au « 20 heures » de TF1 le 18 septembre à propos de la crise de l’euro, M. Strauss-Kahn répond : « Avec le défi écologique, le défi que nous rencontrons dans cette crise est le plus sérieux. » Ah ? « Avec le défi écologique » ?

Ex-lobbyiste des grandes entreprises au sein du Cercle de l’industrie, ex-ministre de l’économie, ex-directeur du Fonds monétaire international, M. Strauss-Kahn n’a cessé depuis vingt ans de mettre en oeuvre le programme néolibéral et de prôner la croissance maximale – des instruments très efficaces pour détruire l’environnement mondial. Quatre mois d’abstinence des lieux de pouvoir l’ont conduit à placer le défi écologique au premier rang des priorités… Comme il est dommage que les grands de ce monde ne découvrent l’écologie que quand ils sont rangés des affaires.

Comme il est regrettable, décidément, que les discours soient si loin des actes. Ainsi, M. Busain, PDG du brasseur Heineken France, déclare noblement sur le site de son entreprise : « Pouvons-nous chercher la performance sans se préoccuper de l’impact de nos activités sur notre environnement ? » Oui, le pouvons-nous ? Hélas, oui, nous le pouvons – comme dirait le président Barack Obama, qui vient de renoncer, le 2 septembre, à durcir les normes sur la pollution atmosphérique.

Car, dans le nord du Mexique, une filiale d’Heineken, la Femsa, a commencé à construire le 16 septembre un stade de 55 000 places sur 26 hectares d’un parc public de Monterrey. Celle-ci est considérée comme la ville la plus polluée du pays et le jardin visé, La Pastora, en est le plus grand espace vert, un lieu de respiration indispensable dans une métropole où la température peut atteindre, en été, 45 oC. Le stade implique de raser la forêt sur le site.

Depuis deux ans, les associations écologistes locales se battent contre ce désastre, en soulignant que la construction aurait été possible dans un lieu moins sensible. Mais la Femsa – qui indique elle aussi sur son site son souhait d' »aider à préserver la planète pour les générations futures » – n’en démord pas. Elle possède le club de football qui logera dans ledit stade, où elle aura l’exclusivité de la vente de bière, Heineken, bien sûr. Interrogée en Europe, Heineken a répondu que légalement elle n’était responsable de rien.

Jamais responsable, jamais coupable. Les puissants ne sont responsables de rien. La main sur le coeur, ils veulent relever le « défi écologique », « préserver la planète ». La destruction continue. Et l’on peut seulement, dérisoire vengeance, mieux choisir les marques de bière que nous buvons.

737 maîtres du monde contrôlent
80 % de la valeur des entreprises mondiales

Ivan du Roy
www.bastamag.net/article1719.html

Une étude d’économistes et de statisticiens, publiée en Suisse cet été, met en lumière les interconnexions entre les multinationales mondiales. Et révèle qu’un petit groupe d’acteurs économiques – sociétés financières ou groupes industriels – domine la grande majorité du capital de dizaines de milliers d’entreprises à travers le monde.

Leur étude, à la frontière de l’économie, de la finance, des mathématiques et de la statistique, fait froid dans le dos. Trois jeunes chercheurs de l’Institut fédéral de technologie de Zurich [1] ont scruté les interactions financières entre multinationales du monde entier. Leur travail – « The network of global corporate control » (le réseau de domination globale des multinationales) – porte sur un panel de 43.000 groupes (« transnational corporations ») sélectionnés dans la liste de l’OCDE. Ils ont mis en lumière les interconnexions financières complexes entre ces « entités » économiques : part du capital détenu, y compris dans les filiales ou les holdings, prise de participation croisée, participation indirecte au capital…
Résultat : 80 % de la valeur de l’ensemble des 43.000 multinationales étudiées est contrôlé par 737 « entités » : des banques, des compagnies d’assurances ou des grands groupes industriels. Le monopole de la possession du capital ne s’arrête pas là. « Par un réseau complexe de prises de participation », 147 multinationales, tout en se contrôlant elles-mêmes entre elles, possèdent 40 % de la valeur économique et financière de toutes les multinationales du monde entier.

Une super entité de 50 grands détenteurs de capitaux
Enfin, au sein de ce groupe de 147 multinationales, 50 grands détenteurs de capital forment ce que les auteurs appellent une « super entité ». On y retrouve principalement des banques : la britannique Barclays en tête, ainsi que les « stars » de Wall Street (JP Morgan, Merrill Lynch, Goldman Sachs, Morgan Stanley…). Mais aussi des assureurs et des groupes bancaires français : Axa, Natixis, Société générale, le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne ou BNP-Paribas. Les principaux clients des hedge fund et autres portefeuilles de placements gérés par ces institutions sont donc, mécaniquement, les maîtres du monde.
Cette concentration pose de sérieuses questions. Pour les auteurs, « un réseau financier densément connecté devient très sensible au risque systémique ». Quelques-uns flanchent parmi cette « super entité », et c’est le monde qui tremble, comme la crise des subprimes l’a prouvé. D’autre part, les auteurs soulèvent le problème des graves conséquences sociales que pose une telle concentration. Qu’une poignée de fonds d’investissement et de détenteurs de capital, situés au cœur de ces interconnexions, décident, via les assemblées générales d’actionnaires ou leur présence au sein des conseils d’administration, d’imposer des restructurations dans les entreprises qu’ils contrôlent… et les effets pourraient être dévastateurs. Enfin, quelle influence pourraient-ils exercer sur les États et les politiques publiques s’ils adoptent une stratégie commune ? La réponse se trouve probablement dans la brûlante actualité des plans d’austérité.

Zer da krisi kapitalista bat?

Santiago Alba Rico
attacmadrid.org 2011/09/08

Ikus dezagun lehenik zer EZ den krisi kapitalista bat.

1. Munduan zehar 950 milio ezin janez goseak atxikiak izan ditezen, hori ez da krisi kapitalista bat.
2. Mundu osoan 4,75 miliar jende pobre izan ditezen, hori ez da krisi kapitalista bat.
3. Munduan miliar bat langabetu izan ditezen, hori ez da krisi kapitalista bat.
4. Lan munduan den jendearen %50a prekaritatean izan dadin, hori ez da krisi kapitalista bat.
5. Munduko biztanlegoaren %45ak ez dezan edangarria den uraren eskuratzeko parada zuzenik ukan, hori ez da krisi kapitalista bat.
6. 3 miliar pertsonek ez dezaten guttiengo osasun zerbitzuen lortzeko parada ukan, hori ez da krisi kapitalista bat.
7. 113 milioi haurrek ez dezaten hezkuntzaren ezagutzeko parada ukan eta 875 milio pertsona helduk oraino analfatetak izanez jarrai dezaten, hori ez da krisi kapitalista bat.
8. 12 milioi haur hil ditezen urtero sendatzen ahal diren eritasun batzuren gatik, hori ez da krisi kapitalista bat.
9. 13 milioi pertsona hil ditezen munduan ingurumenaren kaltetzearen eta aldaketa klimatikoaren gatik, hori ez da krisi kapitalista bat.
10. 16.306 espezie desagertzeko punduan izan ditezen, haien barne direlarik ugaztunen laurdena, hori ez da krisi kapitalista bat.

Alabainan, hori guzia jadanik bazen, krisia aintzin.

Zer ote da beraz, krisi kapitalista bat? Noiz hasten da krisi kapitalista bat?

Krisi kapitalistaz ari gira 950 milio pertsona gosez hiltzea, pobrezian 4,7 miliar pertsona atxikitzea, planetaren %80 langabezian eta prekaritatean murgiltzea, munduko biztanlegoaren %45a urik gabe uztea, eta osasun zerbitzu gabe %50, poloen hurtzea, haurrer laguntza emaiteari uko egitea, arbolak suntsitzea eta hartzak desagertaraztea ez delarik gehiago aski errentagarri, munduko 1000 enpresa multinazionalentzat eta 2 milioi eta erdi milionarioentzat…

Monnaie complémentaire basque (1/2) Ecologique, solidaire et euskaldun, pour un Pays Basque en transition

Interview de Dante, Jon, Txetx et Pierre, pour le projet “Monnaie locale en Pays Basque”
Hebdomadaire Alda !

Les monnaies locales, écologiques et solidaires sont des initiatives qui existent à travers le monde et qui dynamisent localement une économie, en misant sur la coopération et l’intérêt général et non sur la rivalité et l’individualisme. Ces monnaies ne sont pas soutenues par un gouvernement national mais mises en places par une association ou une municipalité pour promouvoir les échanges locaux de biens et services. Alda! a déjà publié le témoignage de Françoise Lenoble, une des fondatrices de l’Abeille, la monnaie locale de Villeneuve-sur-Lot (47) fonctionnant sur un territoire de 120 000 habitants. Cette semaine nous donnons la parole à 4 militants du Pays Basque qui font partie du groupe moteur qui compte mettre en marche le projet d’une monnaie locale en Pays Basque.

Qu’est-ce qu’une monnaie basque, écologique et solidaire ?

Pour les militants rencontrés par Alda! “la monnaie c’est une institution qui est liée à un territoire. Dans un territoire comme celui d’Iparralde, qui n’a pas d’institution propre, reconnue et officialisée… Euskal Herriko Laborantza Ganbara joue en partie ce rôle-là. La monnaie locale basque a ce même rôle à jouer via la promotion de la consommation écologique et solidaire et la mise en avant de l’euskara… Elle permettra aux utilisateurs de dire «ce territoire existe» ! C’est un véritable outil de transformation sociale et écologique qui amènera de nombreuses personnes à adhérer au projet. En fait, c’est pour les personnes et les associations un instrument de mutualisation des moyens pour peser sur la réalité de manière évidente. C’est la possibilité de faire avancer l’euskara dans la vie publique, en incitant les entreprises et commerçants voulant bénéficier d’un nouveau réseau de clients à utiliser l’euskara. Pour l’économie locale et la réduction des gaz à effet de serre, si on prend à titre d’exemple les restaurants, dans les produits qu’ils utiliseront, ils devront mettre en avant des produits locaux et de qualité, et proposer aussi une carte en euskara. Et pour développer l’usage de cette monnaie, quand les entreprises et associations voudront la transformer en euros au lieu de la dépenser dans le circuit des professionnels membres, elles perdront au change 2%. Ils sont donc invités à s’approvisionner sur le territoire en utilisant la monnaie locale ! Enfin, une liste de points d’inéligibilité sera mise en place dans le cahier des charges pour éviter les conséquences négatives de certaines pratiques aux niveaux écologique, social et euskaldun.

Dante : “Une monnaie locale est une monnaie parallèle qui ne remplace pas la monnaie principale. Elle a une diffusion locale : c’est une façon de convertir l’euro en monnaie locale qui circule seulement en faveur de l’économie du territoire.”

Txetx : “Grâce aux euros convertis en monnaie locale, c’est une partie du pouvoir d’achat des gens qui ne peut plus alimenter la finance et la spéculation internationale. Ce pouvoir d’achat est bloqué sur place.”

Jon : “Pour qu’une monnaie locale fonctionne sur un territoire donné, il faut fédérer différentes entreprises (commerces, producteurs), travailleurs indépendants et associations de ce territoire qui s’engagent à respecter un cahier des charges. Avant d’arriver à la participation concrète de tous ces acteurs il y aura un temps de débat et de rencontre sur le cahier des charges entre les futurs porteurs/animateurs/prestataires de la monnaie locale. Cette étape de définition collective de la monnaie locale me semble importante parce qu’elle aborde concrètement la manière dont on veut vivre ensemble.”
Dante : “J’ai couvert en 2004 le premier congrès international des Monnaies Complémentaires en Allemagne, à Bad Honnef. Le «Chiemgauer», monnaie complémentaire utilisée en Bavière, y était présentée par un élu régional. En 2009, cette monnaie avait déjà de vrais flux dans ce coin de Bavière avec 370 000 «Chiemgauer», l’équivalent de 370 000 €, en circulation en faveur de l’économie locale pour un chiffre d’affaires de plus de 3 millions d’euros, car chaque année chaque billet change plusieurs fois de mains. Ce genre d’expériences se retrouvent en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon et dans de nombreux pays. En Suisse, le système WIR inter-entreprises fonctionne depuis 1934 et relie aujourd’hui 60 000 PME qui échangent entre elles sans numéraire grâce à cette monnaie. Il y a des centaines d’expérimentations dans le monde de monnaies solidaires et/ou écologiques.”
Txetx : “Une monnaie locale est forcément porteuse d’une valeur intrinsèque même si sa charte ne parle pas de relocalisation… En effet, une monnaie complémentaire et locale est un instrument qui bloque une partie du pouvoir d’achat sur un territoire donné. Elle est par nature un outil de relocalisation.

Elle doit compter sur 4 types d’acteurs :

*Les entreprises (commerçants, producteurs, prestataires de services…), qui s’engagent à respecter un cahier des charges. Le respect de ce dernier donne aux acteurs une visibilité ou publicité équivalente à un label de qualité.

*Les consommateurs, qui seront les porteurs de la monnaie et agiront au quotidien en étant interpellés et en réfléchissant sur l’origine, les conditions de production, etc. du produit ainsi acheté.

*L’association porteuse de la monnaie et ses organisations membres,. qui gèrent toute la mécanique : fonds de garantie, émission, conversion, etc. C’est un exercice de compréhension du savoir économique qui aboutit à la prise de décisions politiques et économiques……

*Le territoire : une monnaie est définie par son territoire de validité où elle crée une communauté de projet.”

Dante : “Le consommateur aura dans ses mains un moyen de favoriser l’emploi local, et d’améliorer le cadre de vie par exemple avec le développement du petit commerce contre la diffusion de franchises, de la grande distribution en périphérie, etc.”
(Suite et fin de l’interview au prochain numéro d’Alda!)