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Articles du Vendredi : Sélection du 22 juillet 2011

Produits bio : nouvelle cible de la sécurité alimentaire


Claude Aubert, ingénieur agronome et docteur, est le cofondateur de Terre vivante et l’auteur du livre L’art de cuisiner sain (Terre vivante).
Laurent Chevallier, praticien attaché au CHU de Montpellier, est le président de la commission alimentation du Réseau environnement santé. Il est l’auteur de Je maigris sain, je mange bien ; le régime du chasseur cueilleur du XXIe siècle (Fayard, 2011).

Le Monde du 19.07.11

Le président du GIEC invite les dirigeants à se pencher sur « la science climatique »

Grégoire Allix et Stéphane Foucart
Le Monde du 20.07.11

«Posible da bizitzen segitzea petrolioaren mendekotasuna desagertuta ere»

Naiara Arri, Trantsizio mugimenduaren ikerlaria
Berria19.07.11

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Produits bio : nouvelle cible de la sécurité alimentaire


Claude Aubert, ingénieur agronome et docteur, est le cofondateur de Terre vivante et l’auteur du livre L’art de cuisiner sain (Terre vivante).
Laurent Chevallier, praticien attaché au CHU de Montpellier, est le président de la commission alimentation du Réseau environnement santé. Il est l’auteur de Je maigris sain, je mange bien ; le régime du chasseur cueilleur du XXIe siècle (Fayard, 2011).

Le Monde du 19.07.11

On peut comprendre que les crises sanitaires récentes liées aux intoxications par des souches particulièrement virulentes de la bactrérie E. coli, et que la mise en cause du bio à leur propos, jettent un doute sur la sécurité sanitaire des produits bio. Un doute cependant totalement injustifié.

Pour les concombres, on sait qu’il s’agissait tout simplement d’une erreur de l’administration allemande. Certains en ont malgré tout profité pour incriminer le bio. Pour les graines germées, la ferme allemande soupçonnée au départ a été totalement mise hors de cause comme source de contamination. Selon le communiqué de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa), les responsables seraient des graines de fenugrec venues d’Egypte, dont l’origine exacte n’a pas été précisée. Par ailleurs, pour ce qui est des intoxications françaises, le parcours des graines depuis l’Egypte jusqu’au Jardiland de Bègles laisse perplexe : Anvers, Rotterdam, l’Allemagne, l’Angleterre et enfin la France. Pas vraiment un circuit court ! Autre évidence, rarement soulignée : le problème, ce n’est pas le bio, ce sont les graines germées.

Avec le bifteck haché, on sait en effet que ces dernières figurent parmi les principaux aliments à risque en matière de contaminations microbiennes, et que les intoxications par les graines germées sont relativement fréquentes dans le monde. Pendant la germination, les graines se trouvent en effet plusieurs jours dans une atmosphère chaude et humide, conditions idéales pour une multiplication rapide des bactéries. Ce qui, pensons-nous, ne justifie pas pour autant le conseil donné par les autorités françaises de ne pas consommer de graines germées, qui sont d’excellentes sources de vitamines. Il suffit en effet d’observer des règles d’hygiène strictes, ce que font les entreprises françaises qui en commercialisent puisqu’en France – contrairement aux Etats-Unis – on n’avait jusqu’à maintenant jamais observé d’intoxications graves par ces aliments.

Une autre question mériterait qu’on s’y penche attentivement : alors qu’ « E. coli » est une bactérie omniprésente dans notre environnement et presque toujours inoffensive, comment apparues les souches virulentes telles que O104 H4, à l’origine des intoxications par les graines germées ou O157 H7, à l’origine des intoxications par le steak haché ? Ces souches ne seraient-elles pas apparues à la suite de l’utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire associée à la consommation d’herbage ou d’aliments traités aux pesticides dans les élevages industriels ?

Van Huber de l’Université de Purdue aux Etats Unis a suggéré récemment des possibles modifications de la flore intestinale des animaux ayant ingéré des plantes se développant dans des champs traités aux herbicides (glyphosate de Monsanto). Le déclin des abeilles n’est-il pas en partie imputé à la conjonction de l’association de certains pesticides à des parasites intestinaux ?

Pour en revenir au bio, rappelons qu’en 2003 l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a conclu que les risques microbiologiques ne sont pas plus élevés en bio qu’en conventionnel et n’a pas changé d’avis depuis. Reste la question plus générale – objet de controverses sans fin – de savoir si, oui ou non, les produits bio sont meilleurs pour la santé que les autres. Sur le plan nutritionnel le rapport de l’Afssa de 2003 sur les produits biologiques avait conclu à une légère supériorité de ces derniers en matière de teneur en plusieurs nutriments (notamment vitamine C, fer, magnésium) pour certains aliments, tout en estimant que ces différences avaient un impact négligeable sur l’état de santé de la population. Toutefois, depuis cette date, de nombreuses études ont mis en évidence une nette supériorité des produits bio selon au moins deux critères : la teneur des fruits et des légumes en polyphénols et autres antioxydants, et la teneur du lait en acides gras oméga 3 ( + 68 % d’oméga 3 dans les produits bio par rapport aux conventionnels selon la moyenne des 11 études comparatives publiées depuis 2003).

Mais où la supériorité des produits bio sur les conventionnels est incontestablement la plus flagrante, c’est en matière de résidus de pesticides. Selon l’EAT  (Etude alimentation totale) que vient de publier l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), un aliment sur deux contient au moins un résidu de pesticides. En bio moins d’un aliment sur dix en contient, en provenance dans la plupart des cas d’une contamination par des voisins ou par l’environnement.

Certains objectent que les niveaux de résidus trouvés dans les aliments sont trop faibles pour avoir un impact négatif sur notre santé. Un argument contredit par la très abondante littérature publiée sur ce sujet. Une méta-analyse publiée au Canada a conclut que sur 207 publications scientifiques mettant en regard l’exposition aux pesticides et diverses pathologies (cancer, neurotoxicité, problèmes de reproduction, génotoxicité, problèmes dermatologiques) 173 concluaient à une corrélation positive entre l’exposition et l’incidence de ces maladies. Il s’agissait souvent, mais pas toujours, d’expositions professionnelles, ce qui ne change rien aux conclusions qu’il faut en tirer. En effet, même si les résidus de pesticides présents dans les aliments n’avaient pas d’impact grave sur la santé du consommateur, ce qui est hautement improbable au vu des données de la littérature scientifique, avons-nous moralement le droit de consommer des aliments dont nous savons que leur production peut rendre les agriculteurs malades ?

Par ailleurs, plusieurs publications scientifiques récentes (les dernières en avril 2011 dans la revue américaine de référence Environmental Health Perspectives) ont mis en évidence l’impact des insecticides organophosphorés, très utilisés en France et dans le monde, sur le système nerveux : diminution du quotient intellectuel, hyperactivité, réflexes anormaux, etc.

Des effets qui apparaissent même à très faibles doses, notamment après l’exposition de la mère pendant la grossesse ou des enfants en bas âge. Les autorités sanitaires commencent enfin à prendre en considération l’ effet « cocktail » de cette association non maîtrisée de substances chimiques dénoncée par différents lanceurs d’alertes.

A une époque où 45 % de la population présentent des troubles ou maladies chroniques en partie liées à l’exposition à des agents chimiques présents dans l’environnement, nous pensons donc que réduire fortement notre exposition aux pesticides – manger bio étant aujourd’hui le seul moyen d’y parvenir – est à terme un enjeu très important de santé publique et de bien être.

Le président du GIEC invite les dirigeants à se pencher sur « la science climatique »

Grégoire Allix et Stéphane Foucart
Le Monde du 20.07.11

Les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont réunis à Brest du 18 au 22 juillet pour la préparation de leur cinquième rapport, qui sera publié en 2014. Un an et demi après avoir été au centre d’une intense campagne de dénigrement, le président du GIEC, l’économiste indien Rajendra Pachauri, revient dans un entretien au Monde sur l’action du groupe d’experts et sur l’importance croissante qu’il veut donner à la communication de ses travaux.

Le président du GIEC admet l’erreur commise par le panel d’experts sur les glaciers himalayens : le 4e rapport de l’organisation avait cité un document du WWF prévoyant leur disparition pour 2035 – une estimation grossièrement erronée. « Cette affirmation n’était pas présente dans le ‘Résumé technique’, pas plus que dans le ‘Résumé à l’intention des décideurs’, relativise M. Pachauri. Le quatrième rapport fait 3 000 pages et contient plus d’une dizaine de milliers de faits. Si l’un est faux, est-il honnête de condamner l’ensemble ? »

Pris personnellement pour cible dans la campagne de dénigrement des sciences climatiques qui a prospéré dans la foulée de la conférence de Copenhague, M. Pachauri rappelle ses démêlés avec la presse britannique. « J’ai dû prendre un avocat à Londres, qui a poursuivi [le Sunday Telegraph]« , révèle-t-il, ajoutant que l’affaire s’est conclue à l’amiable par le retrait d’un article diffamatoire et la publication d’excuses.

« BÉNÉFICES CONJOINTS »

Sans se prononcer directement sur la question, M. Pachauri avance que les lobbies de l’énergie sont très actifs pour freiner les mesures d’atténuation du changement climatique. « Il est clair que le monde ne fait pas assez pour abaisser les émissions de CO2, dit-il. Pourtant, les travaux du GIEC ont montré que plus on attend, plus les coûts seront élevés et pire seront les impacts. Et nous avons clairement mis en lumière les bénéfices conjoints d’une réduction des émissions en termes de sécurité énergétique, de qualité de l’air, de production agricole, de création d’emplois… »

Toutefois, la Chine et l’Inde sont, selon lui, sur la bonne piste et ont de plus en plus recours aux énergies renouvelables. « C’est (…) aux gouvernements de savoir ce qu’ils veulent faire, dit M. Pachauri. Ma supplique aux dirigeants : étudiez la science climatique ! Il y a des domaines où, oui, il y a encore des incertitudes. Mais là où nous avons assez de certitudes, pourquoi ne pas agir ? »

« Ma supplique aux dirigeants : étudiez la science climatique ! »

Les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont réunis à Brest du 18 au 22 juillet pour la préparation de leur cinquième rapport, qui sera publié en 2014. Un an et demi après avoir été au centre d’une intense campagne de dénigrement, le président du GIEC, l’économiste indien Rajendra Pachauri, revient sur l’action du groupe d’experts et sur l’importance croissante qu’il veut donner à la communication de ses travaux.

Le GIEC a fait l’objet de lourdes critiques. Etaient-elles recevables d’un point de vue scientifique ?

Rajendra Pachauri : L’erreur que nous avons faite était celle de la disparition probable des glaciers himalayens vers 2035. Pour être honnête, cela n’était pas une prévision en tant que telle, mais une affirmation d’une autre organisation [WWF, Fonds mondial pour la nature], que nous citions dans le corps du rapport. Cette affirmation n’était pas présente dans le « Résumé technique », pas plus que dans le « Résumé à l’intention des décideurs ». Le quatrième rapport fait 3 000 pages et contient plus d’une dizaine de milliers de faits. Si l’un est faux, est-il honnête de condamner l’ensemble? Toutefois, nous regrettons cette erreur, que nous avons reconnue, et un correctif a été publié.

Comment expliquer l’ampleur de la remise en cause ?

Le changement climatique a pris une place considérable dans l’agenda politique, il fait désormais l’objet d’une attention soutenue de la part des médias et du public. Le GIEC n’était pas équipé pour communiquer dans un monde où l’information se diffuse très vite. Une réforme a été lancée pour corriger cette faiblesse. Il existe maintenant des règles pour la communication. Nous avons adopté un protocole de réaction en cas d’erreur. Et une politique de prévention des conflits d’intérêts a été approuvée.

Certains ont affirmé que vos activités de conseil à des entreprises étaient incompatibles avec vos fonctions au sein du GIEC…

Il n’y a pas eu de conflit d’intérêts. Le Sunday Telegraph a publié plusieurs articles affirmant que je gagnais des millions, je m’habillais avec des costumes à 1 000 dollars [706 euros]… Mon tailleur me facture 2 300 roupies pour un costume, ce qui représente environ 43dollars. J’ai écrit au journal, qui n’a pas répondu. J’ai dû prendre un avocat à Londres qui l’a poursuivi.

Celui-ci a finalement payé mon avocat 53 000 livres sterling [63 000 euros], a retiré l’article et a publié des excuses. Mon institut, The Energy and Resources Institute (TERI) est à but non lucratif et héberge une université. Oui, j’ai conseillé plusieurs entreprises parce que c’est aussi mon rôle de conseiller le secteur privé sur la réalité du changement climatique, mais toutes les factures ont été réglées à mon institut. Je n’ai rien touché personnellement.

Voyez-vous la main de lobbies derrière cette campagne ?

Notre quatrième rapport propose une série de mesures à prendre, dans le domaine de l’énergie, pour atténuer le changement climatique. Mais nous avons spécifié, selon des termes approuvés par l’ensemble des gouvernements, que la « résistance d’intérêts particuliers pourrait les rendre difficiles à mettre en œuvre ». Il y a, à Washington, 2340lobbyistes opposés à toute action sur le changement climatique, financés par 770 entreprises.

Des études récentes montrent une accélération du réchauffement. Le prochain rapport du GIEC confirmera-t-il une aggravation de l’urgence ?

Le GIEC fait un examen équilibré de la littérature scientifique existante. J’ai bien conscience qu’un certain nombre d’études indiquent que les choses sont pires que ce que nous avions projeté, mais il est très difficile de prédire si nos conclusions seront rassurantes ou inquiétantes.

En mai, le GIEC a publié un rapport sur le rôle essentiel des énergies renouvelables. Mais leur coût n’est-il pas prohibitif ?

La part des énergies renouvelables est encore minime, mais tous nos scénarios montrent qu’elles joueront un grand rôle à l’avenir. Certaines technologies, comme l’électricité solaire, sont encore très chères. Mais d’autres sont déjà dans la même gamme de coût que les énergies classiques. La production d’électricité hydraulique ou à partir de biomasse ou d’éoliennes est déjà économiquement viable. La production de chaleur par la biomasse, le solaire ou la géothermie aussi. Les débats récents autour du nucléaire devraient contribuer à accélérer ces développements.

Pourtant un nouveau record d’émissions de gaz à effet de serre a été battu en 2010…

Il est clair que le monde ne fait pas assez pour abaisser les émissions de CO2. Pourtant, les travaux du GIEC ont montré que plus on attend, plus les coûts seront élevés et pire seront les impacts. Et nous avons clairement mis en lumière les bénéfices conjoints d’une réduction des émissions en termes de sécurité énergétique, de qualité de l’air, de production agricole, de création d’emplois… L’absence de résultats n’est-elle pas décourageante ? Il faut être réaliste. Le changement ne sera pas facile, nous ferons face à des résistances. Il faut tenir compte à la fois de l’inertie du système climatique et de l’inertie des mentalités! Comme le disait le président Truman, « si vous ne supportez pas la chaleur, ne restez pas dans la cuisine »… Dans ma position, il faut savoir endurer la chaleur.

Que pensez-vous de l’avancement des négociations internationales sur le climat ?

Aujourd’hui, l’opinion est davantage préoccupée par la récession économique que par le climat. Certains dirigeants n’ont pas encore compris qu’investir dans des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre créerait des emplois. Nous devons améliorer notre communication des sciences climatiques: il y a un déficit d’information, qui explique pourquoi les dirigeants hésitent à passer à l’action.

Est-ce le cas dans votre pays ?

En Inde, le plan national sur le changement climatique, très ambitieux, a bénéficié de la conviction du premier ministre. Les grands marchés émergents comme l’Inde et la Chine passent à l’action et prennent le chemin d’une « croissance verte » parce qu’ils ont compris que c’était leur intérêt. Ce sont de grands pays, très peuplés et très vulnérables au changement climatique. Ils savent qu’ils doivent adopter une politique énergétique qui sécurise leur croissance.

La Chine envisage de créer un marché carbone. Est-ce une bonne chose ?

Nous avons dit très clairement qu’il était nécessaire de donner un prix au carbone, que ce soit de façon directe ou indirecte, pour favoriser la baisse des émissions.

L’incapacité de la communauté internationale à donner un avenir au protocole de Kyoto vous inquiète-t-elle ?

Nous avons fourni les enseignements de la science. Nous avons montré quels seraient les impacts du changement climatique si on ne réduisait pas les émissions de CO2 en soulignant que ces impacts seraient les pires dans les pays les plus pauvres, au risque de créer des millions de réfugiés. C’est maintenant aux gouvernements de savoir ce qu’ils veulent faire. Ma supplique aux dirigeants: étudiez la science climatique ! Il y a des domaines où, oui, il y a encore des incertitudes. Mais là où nous avons assez de certitudes, pourquoi ne pas agir ?

«Posible da bizitzen segitzea petrolioaren mendekotasuna desagertuta ere»

Naiara Arri, Trantsizio mugimenduaren ikerlaria
Berria19.07.11

http://paperekoa.berria.info/harian/2011-07-19/012/001/posible_da_bizitzen_segitzea_petrolioaren_mendekotasuna_desagertuta_ere.htm – Joxerra Senar Iruñea

Petrolioarekiko mendekotasuna atzean uztea eta bestelako gizarte baterantz pausoak ematea proposatzen du trantsizio mugimenduak. Arriren ustez, «ez da ehun urte atzera egitea», aurrera egitea baizik.

Hasi dira Iruñean Udako Euskal Unibertsitatearen ikastaroak, eta horietako bat ematen dihardu Naiara Arri (Sopela, 1984). Zientzia Politikoetako lizentziaduna da, eta trantsizio mugimenduak aztertu ditu azkenaldian. Petrolioaren mendekotasunetik haragoko gizarte bateranzko urratsak egitea proposatzen du mugimenduak.
Azken ehun urteetako ekonomia garapen handia petrolio merke batean oinarritu da. Hori amaitzear al da?

Esan ohi da petrolioaren aurkikuntzaren gailurrera heltzen zarenetik petrolioaren ustiakuntzaren gailurrera heldu arte 40 urte joaten direla asko jota. Munduan, 70eko hamarkada inguru horretan heldu bazen petrolio aurkikuntza gailurrera, inork baieztatzen ez badu ere, ustiakuntzaren gailurrera ere heldu gara. Produkzioa maldan beheran dago.

Beraz, gaur egun, ekoizten dena baino petrolio gehiago kontsumitzen den munduan al gaude?

Ekonomian eta gizartean jada ikusten da nolabaiteko blokeo batean gaudela eta horregatik gertatzen direla gertatzen direnak. Erantzuteko bi modu daude. Olatua berdin-berdin datorkigu. Surflariak bagina, olatuak har gaitzake edo guk har dezakegu olatua. Trantsizioak proposatzen du olatua hartzea eta guk izatea kontrola, olatu horren barruan gaudela jabetzea.

Zer da trantsizio mugimendua?

Oso-oso zabala da. Gure harreman denak (kontsumo modua, ekonomia eredua, nekazaritza…) petrolio kontsumo horretan oinarrituta daude. Dena den, mendekotasun hori desagertuta ere posible da bizitzen jarraitzea, baina beste modu batera. Trantsizio mugimenduak proposatzen du lokalismora itzultzea, lokalismo mailako harremanak berrindartzea. Ez da atzera buelta bat, aurrera egiteko modu bat baizik. Ez da duela ehun urteko bizitzara itzultzea, adibidez.

Petrolioaren eskasiak globalizazioaren eredua hauts dezake, hortaz.

Globalizazioaren trantsizio bat gertatzea beharko genuke. Horrelako ekimenak ere izaten dira. Globalizazioarekin batera kontraglobalizazio bat gertatu da. Kontraglobalizazio horren parte bat mugimendu hau litzateke.

Petrolioaren mendekotasuna dugula badaki gizarteak, baina jabetzen al gara mendekotasun horren sakontasunaz?

Ez dut uste. Komunikabideetatik oso mezu nahasgarriak heltzen zaizkigu. Berri batean irakur dezakegu petrolioaren amaiera datorrela, eta, ondoko orrialdean, azken telefonoa agertzen da, kontsumitzeko behar horretara deituz… Telefono hori, gainera, ziurrenik petrolioz eginda dago. Kontziente gara, baina normaltasunaren parte bilakatu dugu, eta gauzek aldatu behar dutela aitortzeak beldurra ematen digu.

Zer adibide jarriko zenituzke interesgarritzat?

Ingalaterran, Devon aldean, Totnes herria dago. Totnes izan da trantsizio herri esperimentala, eta horren ostean beste herri asko etorri dira. Nolabait zigilu bat jarri dute. Horietako askok bazuten oinarri bat harremanetan, bizitzeko eran… Londres gisako hiri batean ere auzo mailan izaten dira trantsizio ekimenak. Ni orain han bizi naiz, eta inguruan badira hainbat baserri komunitario eta publiko. Edozein herritar joan daiteke. Ekimenok mugatuak dira, kontraesanez beteak; alde batetik, hori duzulako, eta, bestetik, Europako gune ekonomiko boteretsua aurrez aurre duzulako, baina kontraesan horien barruan jokatu behar da.

Eta Euskal Herrian?

Gasteizen badago Transicion proiektua Alde Zaharrean. Gero ikusten dira herri txiki askok badituztela harreman horiek eratuta eta badutela ahalmen handia.

Dena den, aldaketa ez da elikagaietan soilik gertatu.

Zabalagoa da. Non bizi garen, zer jaten dugun, nola pasatzen dugun denbora, zenbat lan egiten dugun, zertan erabiltzen dugun denbora. Denboraren erabilera oso garrantzitsua da.

Gizarteratzeko beharra dagoela azaldu duzu. Lan asko dago egiteko?

Bai, adibidez, Euskal Herrian AHTa eraikitzen jarraitzen dute. Hain justu, kontrako norantzan goazen sentsazioa ematen dit askotan. Orduan, hor momentu batez gelditu, pentsatu, hausnartu eta berriz ekin beharko genuke. Kontrakoa gertatzen da. Gelditzea gaizki hartzen da. Dena da azkarra.

Eraginkortasun energetikoari zer garrantzia ematen diozu?

Aldatu egin behar ditugu kontsumitzeko erak orokorrean: elikagaiak kontsumitzeko era, energiaren erabilera… Batik bat, sormena izanda pentsatu behar dira bide berriak; ez da izan behar prozesu traumatiko bat zeinetan galtzaile izan ahal garen.

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