Bizi !

Articles du Vendredi : Sélection du 21 février 2014 !

Action à l’Élysée : Mme Merkel et M.Hollande doivent rejeter les énergies du passé !

Greenpeace France
http://energie-climat.greenpeace.fr/action-a-lelysee-mme-merkel-et-m-hollande-doivent-rejeter-les-energies-du-passe 19-02-2014

Transition énergétique: Paris et Berlin n’avancent pas

Stéphanie
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-energetique-paris-et-berlin-n-avancent-pas,43094?xtor=EPR-9

Nucléaire: le Grand carénage d’EDF coûtera plus de 55 milliards

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/nucleaire-le-grand-carenage-d-edf-coutera-plus-de-55-milliards,43157?xtor=EPR-9

Bienvenue dans une nouvelle ère géologique, déterminée par les humains pour le meilleur et pour le pire : l’Anthropocène

Sophie
www.bastamag.net/Bienvenue-dans-une-nouvelle-ere

Garoñako zentral nuklearraren itxiera berretsi du Espainiako Auzitegi Nazionalak

18.02.2014
www.argia.com/albistea/garonako-zentral-nuklearraren-itxiera-berretsi-du-espainiako-auzitegi-nazionalak

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Action à l’Élysée : Mme Merkel et M.Hollande doivent rejeter les énergies du passé !

Greenpeace France
http://energie-climat.greenpeace.fr/action-a-lelysee-mme-merkel-et-m-hollande-doivent-rejeter-les-energies-du-passe 19-02-2014

Ce matin à 6h30, quelques heures avant un Conseil des ministres franco-allemands, dix militants de Greenpeace ont déversé, à l’aide d’un camion, cinq tonnes de charbon devant le palais de l’Elysée. Le camion est aussi chargé de déchets nucléaires : deux cuves contenant 2 000 litres d’eau contaminée au tritium. Les militants sont toujours sur place avec une bannière de cinq mètres portant le message : “La transition en Europe, ici ! Maintenant !”.

Cette eau livrée aujourd’hui, a été prélevée dans la nappe phréatique sous le Centre de Stockage de la Manche, en 2006 et 2011. Voici les résultats d’analyse effectuées par l’ACRO (Association de Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest) :

Eaux tritiées prélevées en mai 2006 : activité de 15000 Bq/L lors du prélèvement. L’activité résiduelle est maintenant de 10000 Bq/L. Eaux tritiées prélevées en novembre 2006 : activité de 20000 Bq/L lors du prélèvement. L’activité résiduelle est maintenant de 14000 Bq/L. Echantillons prélevés en février 2011 : les activités de 800 à 13000 Bq/L lors du prélèvement. L’activité résiduelle la plus élevée est encore de 11500 Bq/L. Pour les eaux les plus actives, dans 100 ans, l’activité sera d’environ 100 Bq/L, (seuil retenu par la législation française pour les eaux de consommation).”
La radioactivité de cette eau ne peut être détectée au compteur geiger, puisque le tritium pourtant très radioactif n’est pas détectable. Cette eau est beaucoup plus radioactive que la limite autorisée par l’IRSN. Elle est dangereuse à la consommation. Il s’agit d’un symbole du risque nucléaire. L’eau a été conditionnée par des experts en radioactivité pour être transportée et entreposée sans risque. Les risques sont totalement maîtrises.

La chancelière allemande et le président de la République Française doivent unir leurs efforts pour un objectif contraignant de 45% d’énergies renouvelables au niveau européen !

Les autorités allemandes et françaises se targuent de collaborer et de vouloir accélérer la transition énergétique. Mais cette transition passe avant tout par des objectifs européens ambitieux pour les énergies renouvelables !

Le nucléaire bloque la transition énergétique en France, en Allemagne le charbon la ralentit.
Les conséquences sont graves : c’est toute l’Europe qui se retrouve figée avec des énergies du passé. Seul un objectif contraignant de renouvelables dans tous les pays d’Europe permettra une vraie transition énergétique.

La seule option pour la transition, ce sont les renouvelables !

Transition énergétique: Paris et Berlin n’avancent pas

Stéphanie
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-energetique-paris-et-berlin-n-avancent-pas,43094?xtor=EPR-9

Le conseil des ministres franco-allemand, qui s’est tenu ce 19 février à l’Elysée, n’a vu décoller aucun Airbus de l’énergie ni d’objectif climatique ambitieux. Seule nouveauté: la taxe sur les transactions financières, utile pour financer la lutte contre le réchauffement, pourrait être avalisée avant les élections européennes du 25 mai.

A l’Elysée, la journée a bien commencé. Un peu avant 7h, le président Hollande a reçu une livraison de 5 tonnes de charbon et de 2.000 litres d’eau radioactive (1), gracieusement envoyée par Greenpeace. Objectif: rappeler au chef d’Etat qu’il pouvait faire avancer la transition énergétique, de concert avec Berlin. L’ONG réclame des engagements supérieurs au paquet Energie Climat 2030. Soit un objectif contraignant d’au moins 45% d’énergies renouvelables au niveau européen à la place des 40% présentés par Bruxelles.

Pour rappel, un fossé sépare Paris de Berlin, qui vise déjà 80% d’ENR en 2050, même si l’Allemagne continue de faire la part belle au charbon. «Angela Merkel mise beaucoup sur le succès de sa sortie du nucléaire et sur le développement rapide des ENR. Mais le recours au charbon sape les ambitions climatiques. L’Allemagne a besoin d’une loi de sortie du charbon pour parachever sa transition», estime Karsten Schmid, chargé de campagne Energie pour Greenpeace.

Airbus de l’énergie?

Résultat des courses: à la fin de la journée, l’Airbus de l’énergie n’avait toujours pas décollé. «La grande entreprise franco-allemande dédiée à la transition énergétique», évoquée en janvier à Paris, s’est transformée ce 19 février en partenariats industriels et technologiques à développer des deux côtés du Rhin. «Il y a une différence de culture entrepreneuriale entre les deux pays. Fonder une entreprise commune est encore difficile à imaginer», observe un diplomate allemand.

Ces partenariats devront être conclus dans 4 domaines prioritaires: le transport d’énergie, les énergies renouvelables, le stockage de l’électricité et l’efficacité énergétique. Ils devraient s’appuyer sur une structure commune, fruit de la collaboration entre l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et son homologue allemande, la Deutsche Energie Agentur GmBH (Dena).

Au mieux, il faut s’attendre à un renforcement des compétences de l’Office franco-allemand sur les énergies renouvelables, installé en février 2013. Côté financement, la Caisse des dépôts et son homologue allemande KfW devront présenter avant l’été des propositions pour soutenir le renforcement de l’efficacité énergétique.

Pas mieux que Bruxelles

A ceux qui en douteraient, François Hollande et Angela Merkel ont voulu rassurer sur leurs intentions communes. «La France et l’Allemagne sont en total accord pour mener une transition énergétique avec ambition», a affirmé le chef de l’Etat français. Traduction: Paris et Berlin soutiennent le paquet Energie Climat 2030 présenté le 22 janvier par la Commission européenne. Soit 40% de réduction d’émission de gaz à effet de serre par rapport à 1990 et un objectif non contraignant de 27% d’ENR dans la consommation énergétique de l’UE.

Une taxe sur les transactions bouclée avant le 25 mai?

La taxe européenne sur les transactions financières, qui pourrait financer le Fonds vert créé sur le papier à Copenhague en 2009, n’a guère progressé. A un détail près: son calendrier. «La France et l’Allemagne ont la volonté d’aboutir avant les élections européennes», a déclaré François Hollande lors de la conférence de presse. «Cette taxe serait un signal important, qui montrerait que les acteurs financiers ont une responsabilité», a complété Angela Merkel.

Pour l’heure, les négociations bloquent sur les produits dérivés, très prisés par la BNP Paribas et par la Deutsche Bank. Présentée par la Commission européenne en 2013, la taxe aurait dû voir le jour au 1er janvier 2014. Pour contourner les réticences britanniques, elle ne devrait plus s’appliquer qu’à 11 pays de l’UE, pour commencer. Elle pourrait quand même rapporter jusqu’à 35 milliards d’euros par an selon Bruxelles. Mais les banques poursuivent un lobbying intense contre son adoption. La lutte contre le changement climatique en aurait pourtant besoin, elle qui ne dispose que de 100 M€ accordés par la conférence de Varsovie en 2013.

(1)Il s’agit d’eau contaminée au tritium, prélevée dans les environs de la centrale de La Hague (Manche).

Nucléaire: le Grand carénage d’EDF coûtera plus de 55 milliards

Stéphanie Senet
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Interrogé sur une prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déclaré, ce 20 février, qu’elle n’était pas acquise au regard des objectifs majeurs de sûreté. Par ailleurs, les coûts avancés par EDF –environ 55 milliards d’euros pour la modernisation de ses 58 tranches – sont largement sous-estimés.

A la demande de François Brottes, président de la commission d’enquête sur la filière nucléaire de l’Assemblée, Pierre-Franck Chevet a juré de dire toute la vérité. «A défaut de parler en toute liberté, je parlerai en toute indépendance», a ajouté, tout en nuances, le patron de l’ASN.

Il a surtout profité de cette audition (la seconde en une semaine) pour rappeler la position de l’ASN: «la prolongation des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans n’est pas acquise au regard des objectifs majeurs de sûreté», a-t-il déclaré en introduction.

Notons que contrairement aux Américains, qui autorisent les prolongations de durée de vie (jusqu’à 60 ans!) en conservant les standards de sûreté en vigueur lors du démarrage des réacteurs, l’ASN réactualise en permanence les référentiels de sûreté. Résultat: l’allongement de la durée de vie des réacteurs français nécessitera d’importants travaux de modernisation.

Autre précision: les fameux 40 ans de durée d’exploitation ne courent qu’à partir de la visite de contrôle initial (VCI), elle-même organisée trois ans après le démarrage du réacteur. Il s’agit donc plutôt d’une prolongation au-delà de 43 ans.

Quid des cuves et des enceintes de confinement?

Le manque de confiance du gendarme du nucléaire a deux origines: le vieillissement des cuves en acier des 58 réacteurs français et la qualité de construction de certaines enceintes de confinement, notamment dans les centrales de Tricastin (Drôme-Vaucluse) et de Belleville (Cher).

Il faut encore ajouter plusieurs points d’inquiétude, listés par l’ASN le 28 juin 2013 quant à l’évolution des piscines de stockage du combustible, des circuits de refroidissement et du système de récupération du cœur fondu. «On attend désormais les réponses précises d’EDF, avant de faire intervenir nos groupes permanents d’experts», a précisé le président de l’Autorité de sûreté.

Une charge «hors du commun»

Aux questions de remise à niveau s’ajoute la question de la maintenance, qui compte pour 50% de la sûreté, outre les 50% liés à la conception de l’installation. Et sur ce point, l’avenir n’est pas plus rassurant, comme l’avait démontré l’ASN lors de sa précédente audition du 13 janvier.

Pierre-Franck Chevet avait déjà expliqué que la moitié des 700 événements significatifs de sûreté notifiés en 2013 par EDF concernaient des problèmes de non-qualité de la maintenance, et que l’exploitant semblait débordé par les travaux qu’il avait lui-même décidé. Il a ajouté ce 20 février que la charge liée à la prolongation des réacteurs était «hors du commun pour EDF, alors que l’exploitant a déjà du mal à gérer ses arrêts de tranche».

Une facture de 55 Md€ revue à la hausse

Côté financement, la facture de 55 milliards d’euros pour le Grand carénage, évaluée par l’exploitant à l’horizon 2025, doit d’ores et déjà être revue à la hausse. «Deux éléments nouveaux se sont ajoutés à nos prescriptions post-Fukushima. Nous avons en effet rejeté la solution présentée par EDF pour éviter la fusion du cœur et nous avons demandé un nouveau dispositif pour protéger l’enceinte du réacteur en cas de fusion du cœur», a annoncé Pierre-Franck Chevet.

Alors que 34 réacteurs de 900 mégawatts ont aujourd’hui entre 25 et 30 ans, la prolongation souhaitée par EDF n’est pas prête d’obtenir le feu vert de l’ASN. L’Autorité devrait présenter un premier avis global en 2015 et précisera ses conclusions, réacteur par réacteur, en 2018-2019.

Bienvenue dans une nouvelle ère géologique, déterminée par les humains pour le meilleur et pour le pire : l’Anthropocène

Sophie
www.bastamag.net/Bienvenue-dans-une-nouvelle-ere

La civilisation industrielle a franchi une nouvelle étape. Selon de nombreux scientifiques, elle s’est élevée au rang de force géologique capable de décider de l’avenir de la Terre. Notre empreinte sur l’environnement est telle que ses impacts se font déjà ressentir : hausse de la température du globe, « sixième extinction » des espèces, acidification des océans… Nous entrerions ainsi dans l’Anthropocène, « le nouvel âge des humains ». Loin d’être inéluctables, ces impacts sont déterminés par des choix politiques, économiques et idéologiques pris par une petite partie de l’espèce humaine. Comment l’Humanité peut-elle reprendre collectivement la main sur son destin ? Analyse.

« Nous ne sommes plus dans l’Holocène mais dans l’Anthropocène ! », lance le prix Nobel de chimie Paul Crutzen devant un parterre de scientifiques [1]. C’était il y a 14 ans. Depuis, de plus en plus de scientifiques commencent à penser que nous avons changé d’époque géologique. De quoi s’agit-il ? L’histoire de la Terre est subdivisée en époques géologiques de plusieurs milliers à quelques millions d’années [2], chacune marquée par un évènement biologique, climatique ou sismique dont le sol, puis les couches sédimentaires, garderont la trace indélébile. Le Jurassique supérieur a ainsi vu l’apparition des premiers oiseaux, quand, 70 millions d’années plus tard, la fin du Crétacé entérinait la disparition des dinosaures. Nous vivons actuellement dans l’Holocène, commencée il y a 11 500 ans avec l’émergence de l’agriculture et la sédentarisation de l’être humain.

Or, ces mêmes humains, nous, sont aujourd’hui devenus une force géologique, influençant la faune, la flore ou le climat de la même manière que pourraient le faire les courants telluriques faisant dériver les continents. « L’empreinte humaine sur l’environnement est devenue si vaste et intense qu’elle rivalise avec certaines des grandes forces de la Nature, en termes d’impacts sur le système Terre », explique Paul Crutzen [3]. L’avènement de cette puissante empreinte marquerait donc la fin de l’Holocène et le début de l’Anthropocène. Un nom issu du grec ancien anthropos, qui signifie « être humain », et kainos pour « récent, nouveau ». Un groupe de travail de l’Union internationale des sciences géologiques prépare un rapport pour savoir si cette nouvelle époque géologique doit être officialisée dans le tableau de l’échelle des temps géologiques. Il sera rendu en 2016.

En quoi les êtres humains sont-ils devenus une force géologique ?

Autour de vous, des zones industrielles, des autoroutes, des villes, des lotissements, mais aussi des prairies et des forêts plantées. Ce modelage artificiel des milieux naturels couvre désormais près du tiers de la surface terrestre, contre seulement 5 % en 1750. D’autres bouleversements naturels moins perceptibles sont à l’œuvre. 90 % de la photosynthèse sur Terre se fait aujourd’hui par des écosystèmes aménagés par les êtres humains. Même le cycle de l’eau a été modifié par les 45 000 grands barrages édifiés [4]. Des substances nouvelles comme le plastique ou les perturbateurs endocriniens sont largués dans l’atmosphère depuis 150 ans, laissant des traces dans les sédiments et les fossiles en cours de formation.

Pour mieux évaluer l’empreinte humaine, des scientifiques ont observé l’évolution de 24 paramètres du système Terre depuis 1750, de l’accroissement de la population à celles des véhicules motorisés, en passant par la déforestation, l’équipement en téléphones, l’utilisation d’engrais ou les grandes inondations… [5]. Tous ces indicateurs s’emballent dès le 19e siècle, boostés par l’envolée de la consommation énergétique. Hausse de la température du globe, appauvrissement de la couche d’ozone, recul des glaciers, montée des mers, acidification des océans constituent autant de changements planétaires provoqués sur des échelles de temps très courtes par l’exploitation maximaliste de l’écosystème.

Quand l’Anthropocène a t-il débuté ?

Plusieurs hypothèses sont débattues. William Ruddiman, paléoclimatologue américain, propose de situer le début de l’Anthropocène il y a 5 000 à 8 000 ans. Les humains pourraient avoir émis suffisamment de gaz à effet de serre – par la déforestation, les rizières et l’élevage – pour modifier la trajectoire climatique de la Terre. D’autres scientifiques mettent en avant la nouveauté de l’ère nucléaire, pétrochimique et électronique pour faire débuter l’Anthropocène après la seconde guerre mondiale.

La thèse la plus acceptée fait commencer l’Anthropocène à la fin du 18e siècle. Paul Crutzen avance précisément l’année 1784, date du brevet de James Watt sur la machine à vapeur, et symbole du commencement de la révolution industrielle. « Si l’on rapporte l’histoire de notre planète (4,5 milliards d’années) à une journée de 24h, la révolution industrielle se situe dans les deux derniers millièmes de seconde », illustre David Brower, le fondateur de l’organisation écologiste les Amis de la Terre. Deux millièmes de seconde dans une journée planétaire qui ouvrent une nouvelle condition humaine ! Par comparaison, le règne des dinosaures aura duré environ trois quarts d’heure.

L’Anthropocène aboutira-t-il à une « sixième extinction » ?

« Nous avons déséquilibré le monde d’une façon telle que nous sommes aujourd’hui en droit de penser que le processus est pratiquement irréversible », explique à Mediapart le glaciologue Claude Lorius, qui a popularisé la notion d’Anthropocène en France [6]. Aucun retour à la « normale » n’est prévisible. Les scientifiques ont d’ailleurs détecté plusieurs points de basculement au-delà desquels les êtres humains entrent dans des zones d’incertitude. Trois paramètres – cycle de l’azote, émissions de gaz à effet de serre, extinction de la biodiversité – auraient déjà dépassé ce seuil, avec un risque de basculement brutal vers des états non maitrisables [7].

C’est dans l’atmosphère que s’observe ce premier « basculement ». La concentration du dioxyde de carbone est passée de 280 parties par million (ppm) à la veille de la révolution industrielle à 400 ppm en 2013, un niveau inégalé depuis 3 millions d’années (voir notre dossier sur le réchauffement climatique). Outre la modification de la composition chimique de l’atmosphère, le rythme de disparition des espèces est 100 à 1000 fois plus élevé que la normale géologique. Au point que les biologistes parlent désormais de la « sixième extinction » – la cinquième étant celle qui a emporté les dinosaures il y a soixante-cinq millions d’années…

Sommes-nous tous coupables ?

Les êtres humains ont donc désormais acquis la capacité de transformer l’ensemble du système Terre. Pour le meilleur et, surtout, pour le pire… Mais tous les êtres humains sont-ils uniformément responsables ? Le risque d’associer le rôle de nos sociétés à une nouvelle période géologique serait de penser que l’ « espèce humaine » est, globalement, responsable. Dans ce cas, peu importe que les banques états-uniennes, chinoises et britanniques soient championnes en matière d’investissements ultra polluants (voir ici). Inutile de savoir qu’un Américain moyen consomme 32 fois plus de ressources et d’énergie qu’un Kenyan moyen. Ou que 90 entreprises sont responsables de deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre (voir là). Et que moins de 1 % de la population possède à elle seule 40 % des richesses mondiales. Pointer l’espèce humaine dans sa globalité dilue les responsabilités. Ce qui ne doit pas être le cas si l’on veut encore réagir. La question de la responsabilité historique des États industrialisés sera ainsi au cœur des discussions de la conférence climat à Paris en 2015.

La version scientifique de l’Anthropocène induit aussi l’idée que l’espèce humaine aurait détruit la nature… par inadvertance. « Une fable ! », rétorquent les historiens français Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil, auteurs de L’Evénement Anthropocène [8]. Leur ouvrage revisite l’histoire de l’énergie sous l’angle des choix politiques, militaires et idéologiques. Les usages domestiques du solaire étaient par exemple très développés aux États-Unis au début du 20e siècle, avant qu’une coalition de promoteurs immobiliers menée par General Electric n’entrave le développement des chauffe-eau solaires au profit du chauffage électrique. C’est aussi pour contourner les mouvements ouvriers dans les mines que les États-Unis ont ouvert l’ère du tout pétrole malgré son coût plus élevé.

Face à l’impuissance des politiques, le règne de la techno-science ?

Face à cette tâche prométhéenne, que l’on peut difficilement appréhender à l’échelle d’une vie, et encore moins à l’échelle d’un mandat politique, comment considérer que l’action collective sert encore à quelque chose ? « L’Anthropocène et sa temporalité grandiose anesthésient le politique », redoutent les deux historiens. L’Anthropocène marquera-t-il non seulement l’élévation des humains au rang de force géologique, mais aussi l’avènement de leur impuissance [9] ? Dans ces conditions, experts et savants vont-ils devoir prendre les commandes d’une planète déréglée ? « Une tâche redoutable attend les scientifiques et ingénieurs qui auront à guider la société vers une gestion environnementale soutenable à l’ère de l’Anthropocène », prédit le prix Nobel de chimie Paul Crutzen.

Plusieurs dispositifs de manipulation du climat à grande échelle, répondant au nom de « géo-ingénierie », sont déjà financés et expérimentés (voir notre enquête). Dans ce scénario, exit les expérimentations « par en-bas » de sobriété volontaire et de transformation écologique et sociale. Retour à la case « techno-science », au complexe militaro-industriel, et à leur culte de l’opacité. « Nous nous méprenons à jouer à Dieu avec l’avenir de notre planète », alerte l’économiste australien Clive Hamilton [10]. « Pour les vrais Prométhéens, réguler le climat d’aujourd’hui ne suffit pas. L’objectif est de prendre le contrôle de l’histoire géologique elle-même. »

Les mouvements démocratiques peuvent-ils reprendre la main ?

Les critiques des dégâts du « progrès » sont anciennes. Et n’ont pas attendu l’actuelle prise de conscience sur l’ampleur du réchauffement climatique. Les cahiers de doléances de 1789 témoignent de plaintes innombrables contre les activités industrielles accusées de causer la déforestation et d’augmenter le prix du bois [11]. A cette époque sont déjà débattues les conséquences climatiques de la déforestation. La mécanisation de la production fait aussi l’objet d’un large mouvement de contestation et de bris de machines en Europe à la fin du 18e siècle. « Les résistances ne portent jamais contre « la » technique en général mais contre « une » technique en particulier et contre sa capacité à écraser les autres », rappellent les deux historiens français. Toutes ces luttes ont été tenues à la marge en leur temps par les élites industrielles et supposées progressistes, avant d’être oubliées. Les nouvelles formes d’engagement contre les décisions politiques et économiques de quelques-uns subiront-elles le même sort ?

Le rêve de l’abondance matérielle s’évanouit. Des scénarios de pénurie se dessinent. Comment refonder l’idéal démocratique dans ce contexte ? Des citoyens et chercheurs imaginent et discutent les contours de la « résilience » : la capacité d’un système à s’adapter à des évènements extérieurs et à des changements imposés. C’est l’une des notions clés du réseau des villes en transition. Initié en Grande-Bretagne, ce réseau explore les voies permettant de libérer les villes et leurs habitants de la dépendance pétrolière (comme à Boulder aux Etats-Unis). « L’enjeu est de traverser la mutation de nos sociétés en préservant leur cohésion sociale, leur capital écologique et leur stabilité », explique l’un des initiateurs, Rob Hopkins [12].

En France, les initiatives en matière de sobriété énergétique foisonnent, à l’instar du Mené, petit territoire breton où la transition écologique est en voie d’achèvement (à découvrir ici). Dans les Alpes-Maritimes, des hackers et agriculteurs s’allient pour l’autonomie énergétique. La lutte pour une véritable transformation écologique et sociale s’ancre à Notre-Dame-des-Landes. Des chercheurs se penchent sur d’autres scénarios d’utilisation des terres agricoles tels Afterres 2050, ou de transition énergétique comme Negawatt. Parmi les différentes voies ouvertes, l’une propose de sacrifier une partie du monde – et de ses habitants – pour prolonger le rêve de l’abondance, une autre invite à vivre l’Anthropocène avec lucidité et humilité.

Le passage à l’Anthropocène nous rendra-t-il plus responsable ?

Si le dérèglement climatique apparaît comme un phénomène abstrait et mondial, que dire de l’Anthropocène ? Jusqu’à maintenant, ce concept demeure confiné dans la communauté de chercheurs. Il est devenu un point de ralliement entre géologues, écologues, spécialistes du climat, historiens et philosophes pour penser cet âge dans lequel l’humanité est devenue une force géologique majeure.

Malgré sa technicité, l’Anthropocène bouleverse les représentations du monde et se veut d’une brûlante actualité. A l’aune de cette nouvelle ère, même le mot « crise » est marqué d’un optimisme trompeur car il renvoie à une période dont l’issue est imminente.

« Vivre dans l’Anthropocène, c’est donc se libérer d’institutions répressives, de dominations et d’imaginaires aliénants, ce peut être une expérience extraordinairement émancipatrice », espèrent Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil, qui appellent à « reprendre politiquement la main sur les institutions, les élites sociales, les systèmes symboliques et matériels puissants qui nous ont fait basculer. L’Anthropocène condamne à la responsabilisation. »

 

 

A lire : Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz, L’Evénement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Editions du Seuil, 2013.

Notes

[1] Colloque du Programme international Géosphère-Biosphère à Cuernava (Mexique)

[2] Plusieurs époques composent une période géologique, le quaternaire actuellement, qui elles-mêmes composent une ère de plusieurs dizaines de millions d’années.

[3] W. Steffen, J. Grinevald, P.J. Crutzen et J.R. McNeill, « The Anthropocene : Conceptual and historical pesrpectives », Philosophical Transactions of the Royal Society A, vol 369, n° 1938, 2011, 842-867

[4] Les 45 000 barrages de plus de 15 mètres de haut retiennent 15 % du flux hydrologique des rivières du globe. Source : Christer Nilsson et Al, « Fragmentation and flow regulation of the world’s large river systems », Science, vol. 308, 15 avril 2005, pages 405-406.

[5] Les 24 paramètres sont les suivants : population, PIB réel total, investissement direct étranger, construction de barrages sur les rivières, consommation d’eau, consommation d’engrais, population urbaine, consommation de papier, restaurants Mc Donalds, véhicules motorisés, téléphones, tourisme international, concentration atmosphérique de CO2/N2O/CH4, appauvrissement de la couche d’ozone, température moyenne de surface de l’hémisphère Nord, grandes inondations, écosystèmes océaniques, infrastructures des zones côtières, biogéochimie des zones côtières, perte de forêts et forêts tropicales, surface de terres exploitées, biodiversité mondiale. Source : données issues de igpb.net, W. Steffen (dir.), Global Change and the Earth System : A planet under pressure, New York, Springer, 2005, p 132-133.

[6] Claude Lorius, Laurent Carpentier, Voyage dans l’Anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros, Actes Sud, janvier 2011.

[7] Selon l’équipe scientifique du Resilience Centre à Stockholm. Source : Anthony D ; Barnosky et al., « Approaching a state shift in Earth’s Biosphere », Nature, vol. 486, 7 juin 2012, 52-58.

[8Editions Seuil, 2013

[9] L’idée d’ « impuissante puissance » est due à Michel Lepesant, lors des Rendez-vous de l’Anthropocène, co-organisés par l’EHESS et l’Institut Momentum au printemps 2013.

[10] Clive Hamilton, Les Apprentis sorciers du climat : raisons et déraisons de la géo-ingénierie, coll. Anthropocène, Ed. Seuil, 2013.

[11] Arlette Brosselin, Andrée Corvol et François Vion-Delphin, « Les doléances contre l’industrie », in Denis Woronoff (dir.), Forges et forêts. Recherches sur la consommation proto-industrielle de bois, Paris, EHESS, 1990, 11-28.

[12] Rob Hopkins, The transition handbook : from oil dependancy to local resilience. Green Books, 2008.

Garoñako zentral nuklearraren itxiera berretsi du Espainiako Auzitegi Nazionalak

18.02.2014
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Greenpeace erakunde ekologistak aurkeztutako helegitearen gainean eman du epaia Espainiako Auzitegi Nazionalak, eta argudiatu, Garoñako zentral nuklearraren kasuan indarrean dagoen legea 2009ko uztailaren 3koa dela, ITC/1785/2009 delakoa alegia. Legearen arabera, 2013ko uztailaren 6an itxi behar zen Garoña behin betiko, baina Espainiako Industria Ministeritzak agindua baliogabetu egin zuen partzialki, eta enpresa kudeatzaileak, Nuclenorrek, zentrala ustiatzen jarraitzeko baimen berria eskatu zuen.

Epaia eman duten magistratuen arabera, “finkatutako datan utzi behar zaio Garoña ustiatzeari [2013ko uztailaren 6an], horretara behartuko luketen babes eta segurtasun arazorik egongo ez balitz ere”.

Raquel Montón Greenpeaceko nuklear arloko arduradunak adierazi duenez, “Garoñako zentrala itxita dago, baita bere jabeentzat eta Segurtasun Nuklearreko Kontseiluko kideentzat ere.  Urratu beharreko bide bakarra, zentral nuklearraren desmantelamentua da”.