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Articles du Vendredi : Sélection du 20 juillet 2012 !

En 2011, un Chinois a émis autant de CO2 qu’un Européen

AFP
Le Monde du 18.07.2012

2011, année parmi les plus chaudes marquée par des phénomènes météo extrêmes

AFP 18.07.2012
http://france.meteofrance.com/france/actu/actu?portlet_id=88745&document_id=27046

Contrarier artificiellement le réchauffement provoquerait des sécheresses accrues


Stéphane Foucart


www.lemonde.fr/planete/article/2012/07/10/contrarier-artificiellement-le-rechauffement-provoqueraitdes-secheresses_1731598_3244.html

2012 : les abus de la finance mondiale sont de nouveau au pilori

Georges Ugeux
http://finance.blog.lemonde.fr/2012/07/15/2397/

«Nier l’imminence du pic pétrolier est une erreur tragique», dit l’ancien expert pétrolier de l’AIE – Peak Oil Reloaded 2/2

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http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/07/09/nier-limminence-du-pic-petrolier-est-une-erreur-tragique-dit-lancien-expert-petrolier-de-laie/

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En 2011, un Chinois a émis autant de CO2 qu’un Européen

AFP
Le Monde du 18.07.2012

L’émission moyenne de dioxyde de carbone (CO2) par habitant a été, en 2011, « similaire » en Chine et en Europe. C’est le principal enseignement d’une étude publiée mercredi 18 juillet par l’Agence néerlandaise d’évaluation environnementale (PBL).

Dans le détail, « l’émission moyenne de CO2 par habitant en Chine a augmenté de 9 % pour atteindre 7,2 tonnes de CO2 en 2011″ explique PBL dans un communiqué, soulignant que ce chiffre était « similaire aux émissions par habitant en Europe, de 7,5 tonnes en 2011 ».

Les habitants des Etats-Unis restent pourtant les plus grands pollueurs de la planète, selon le rapport qui précise qu’un Américain a émis en moyenne 17,3 tonnes en 2011. L’émission totale de CO2 dans ce pays a pourtant diminué, comme dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : en Europe, les émissions ont baissé de 3 % et aux Etats-Unis et au Japon, de 2 %.

NIVEAU RECORD

Cette baisse est notamment due aux « faibles conditions économiques dans beaucoup de pays, à un hiver doux dans plusieurs pays et à des prix du pétrole élevés », analyse le rapport du PBL. Dans le même temps, les émissions de CO2 en Chine ont augmenté « rapidement », « à cause du rythme de la croissance économique et surtout, du haut niveau d’activité industrielle ».

Cette augmentation a annulé les effets des réductions d’émissions dans les pays de l’OCDE car au niveau de la planète, les émissions de CO2 ont augmenté de 3 % en 2011, atteignant « le niveau record de 34 milliards de tonnes », souligne le rapport. En tonnes émises au total, la Chine a ainsi conforté en 2011 sa position de plus grand pollueur, 29 % du total du CO2 émis dans le monde l’ayant été en Chine.

Depuis l’an 2000, environ 420 milliards de tonnes de CO2 ont été émises suite aux activités humaines. « La littérature scientifique suggère que pour limiter la hausse de la température à 2 % (…), il faut que l’émission totale sur la période 2000-2050 ne dépasse pas 1 000 à 1 500 milliards de tonnes », assure le PBL. « Si l’augmentation des émissions continue, les émissions cumulées vont dépasser ce total d’ici deux décennies », prévient le rapport.

Gas karbonikoaren igoera segitzeko ! Pour suivre l’historique de l’augmentation du CO2 :
www.esrl.noaa.gov/gmd/ccgg/trends/history.html

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2011, année parmi les plus chaudes marquée par des phénomènes météo extrêmes

AFP 18.07.2012
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D’après un rapport de l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA), 2011 fait partie des années plus torrides des trois dernières décennies, avec de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes. A la surface du globe, 2011 a compté parmi les 15 années les plus chaudes depuis la fin du XIXe siècle.
Le rapport, qui se penche pour la première fois sur les liens entre le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes, reconnaît que déterminer les causes de ces événements «reste difficile».
Ce rapport, fondé sur deux études menées en coordination avec l’American Meteorological Society (AMS), a été réalisé par 378 scientifiques de 48 pays.

Le rapport a utilisé 43 indicateurs climatiques pour traquer et identifier les changements et les tendances du système climatique terrestre comme la concentration des gaz à effets de serre, le niveau et la salinité des océans ou encore la couverture nuageuse et la fonte des glaces.
«Bien que les scientifiques ne puissent pas établir de lien entre des phénomènes climatiques spécifiques en 2011 et le changement du climat avec une certitude absolue, de nouvelles recherches en cours les aident à comprendre comment la probabilité de tels événements météo augmente en réponse au réchauffement», souligne le document. «2011 laissera le souvenir d’une année marquée par des phénomènes météo extrêmes aux Etats-Unis comme dans le reste du monde», a relevé Kathryn Sullivan, directrice adjointe de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), en présentant le rapport.
Les perturbations météo ont surtout été liées à l’apparition du courant froid La Nina dans les eaux équatoriales de surface de l’océan Pacifique, caractérisées par une température anormalement basse. Le rapport cite les sécheresses historiques en Afrique de l’Est, dans le sud-ouest des Etats-Unis et dans le nord du Mexique. La Nina a aussi contribué à une saison d’ouragans tropicaux plus intenses que la moyenne dans l’Atlantique Nord ainsi qu’à une moyenne saisonnière de cyclones plus basse dans le nord-est du Pacifique.
La Nina, apparaissant tous les quatre à cinq ans et durant généralement un à deux ans, est également tenue responsable des deux années les plus humides (2010-2011) jamais rapportées dans les annales en Australie, d’autant plus remarquables après dix années de sécheresse.
L’Arctique a continué à montrer plus de changements rapides que le reste de la planète en 2011. La banquise a fondu durant l’été, atteignant sa deuxième superficie la plus petite jamais mesurée en période estivale. Globalement, les glaciers sur la planète ont continué en 2011 à subir une réduction de leur masse.

L’Antarctique a aussi connu le 25 décembre 2011 sa plus haute température jamais enregistrée avec -12°C, soit 1,1°C de plus que le précédent record.
Ces scientifiques ont également constaté que la concentration dans l’atmosphère des principaux gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2) avait continué à augmenter en 2011. La concentration de CO2 a franchi pour la première fois les 390 parties par million en volume (ppm) depuis que ces mesures sont effectuées.
Enfin, la salinité des océans a continué à grimper dans les zones de forte évaporation ainsi que la température à leur surface.

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Contrarier artificiellement le réchauffement provoquerait des sécheresses accrues


Stéphane Foucart


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Brûler toutes les ressources fossiles disponibles, émettre autant de gaz à effet de serre qu’il est possible… tout en contrôlant le climat pour conserver des températures clémentes. La géoingénierie, ce vieux rêve techno-scientifique qui revient au goût du jour, n’est pas irréalisable. Mais c’est un pari risqué qui pourrait virer au cauchemar. C’est en tout cas ce que suggèrent plusieurs simulations publiées en juin dans la revue Earth System Dynamics, et conduites par Hauke Schmidt (Institut météorologique Max-Planck, Hambourg, Allemagne).

Selon ces travaux, une tentative de manipuler le climat en occultant une part du rayonnement solaire – en dispersant dans la stratosphère des millions de tonnes de particules réfléchissantes, par exemple – aurait toutes les chances de réduire drastiquement les précipitations sur la plupart des terres émergées.

Plusieurs études ont été menées dans le passé sur le sujet. Dans l’idée de mesurer les perturbations de pluviométrie qui pourraient résulter d’une manipulation climatique globale. « Mais les résultats étaient souvent assez divergents », explique Olivier Boucher, chercheur (CNRS) au laboratoire de météorologie dynamique, coauteur des derniers travaux. De fait, explique en substance M. Boucher, différents modèles de simulation étaient mis à contribution dans des conditions peu comparables…

Les auteurs ont cette fois utilisé quatre modèles climatiques différents, tous soumis aux trois mêmes régimes. Première situation : les conditions stables de l’ère préindustrielle, avec un taux de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique de 280 parties par million (ppm).

Deuxième scénario : un monde pourvu d’une atmosphère au taux de CO2 quatre fois supérieur (1 120 ppm). Troisième cas : la même atmosphère dopée au CO2, mais soumise à une baisse du rayonnement solaire de 4 % à 5 %.

DIFFICILE À ARRÊTER

Cette réduction de l’énergie solaire reçue serait suffisante pour maintenir la température moyenne au niveau correspondant à 280 ppm de CO2. Au prix, toutefois, de disparités régionales : le refroidissement obtenu serait plus marqué aux tropiques qu’aux hautes latitudes. Mais ce n’est pas le plus important.

En cas de quadruplement du CO2, les modèles prévoient tous, outre un puissant réchauffement, une augmentation moyenne des précipitations aux latitudes hautes, comme dans d’autres régions : Afrique équatoriale, Asie du Sud-Est, etc. D’autres régions seraient plus arides : Amérique centrale, Europe du sud, Afrique australe…

Mais lorsque les modèles intègrent la géoingénierie, la pluviométrie chute presque partout. La plus grande part de l’Eurasie et de l’Amérique du Nord, par exemple, perdrait jusqu’à une vingtaine de centimètres de précipitations par an, par rapport à un scénario où le rayonnement solaire n’aurait pas été artificiellement réduit.

La géoingénierie a un autre défaut : une fois mise en oeuvre, il devient très délicat de l’arrêter. De précédents travaux ont ainsi montré que, si les émissions continuaient à un rythme soutenu et étaient progressivement « occultées » pendant un demi-siècle par géoingénierie, l’arrêt de celle-ci se traduirait par un changement très brutal des conditions climatiques.

« On verrait le retour d’environ 80 % du réchauffement évité en une dizaine d’années seulement, ce qui signifie des problèmes d’adaptation encore plus aigus », explique M. Boucher.


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2012 : les abus de la finance mondiale sont de nouveau au pilori

Georges Ugeux
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Il est à peine croyable que, après la crise de 2008, la finance ait à ce point ignoré les leçons de ses abus. L’accumulation de ceux-ci durant le premier semestre de 2012 constitue une confirmation que certaines pratiques, malgré des réglementations accrues, continuent à se poursuivre à travers les marchés financiers.

  1. L’utilisation des fonds propres pour des activités spéculatives : c’est le cas de JP Morgan qui a donc perdu $ 5,8 milliards sur ses opérations à Londres. En gonflant son Corporate Investment Office, la banque a effectivement cherché à utiliser une exception à la Volcker Rule interdisant d’utiliser ses fonds propres en proprietary trading. Cette exception , qui avait fait l’objet d’un lobbying effréné des banques et devait en principe permettre la couverture de risques, a amené la banque à prendre des positions spéculatives additionnelles. Les enquêtes parlementaires sont en cours.
  2. L’utilisation des fonds de clients pour renflouer les fonds propres : c’est le cas de MF Global, dirigé par un ancien patron de Goldman Sachs, ancien Sénateur et ancien Gouverneur du New Jersey. Le courtier a menti à sa banque dépositaire en affirmant que les fonds mis en dépôt pour assurer son ratio de solvabilité étaient de vrais fonds propres. Il était affecté par des pertes sur des positions spéculatives, notamment en obligations souveraines européennes. Elle est en faillite et ses clients tentent désespérément de récupérer leur argent qui n’aurait jamais du être mélangé avec les fonds propres du courtier. Les autorités de contrôle ont tenté d’arrêter cette situation. On attend le résultat des procédures judiciaires en cours.
  3. Le détournement par un courtier de fonds de clients. Peregrine Futures est en faillite. C’est un courtier en produits dérivés. Son patron, Russel Wassendorf, a reconnu dans la note accompagnant son suicide manqué, avoir détourné 200 millions de dollars pour sauver la situation de son fonds. Il est arrêté.
  4. La manipulation du taux LIBOR du marché interbancaire par une douzaine de banques européennes et américaines est devenue affaire d’Etat. L’amende de 350 millions d’euros de Barclays et la démission de plusieurs de ses dirigeants ne sont que le début de cette saga. Dès 2008, le Trésor américain avait déjà remarqué des tentatives de sous-estimation pour protéger la réputation des banques et proposé par écrit é la Bank of England de revoir le fonctionnement du LIBOR. Récemment ce sont des surévaluations qui ont été remarquées. On attend des amendes de plus d’un milliard de dollars pour d’autres banques. C’est la fraude la plus importante de l’histoire financière. Des poursuites penales sont envisagees.
  5. Le délit d’initié dans le trading de hedge funds. Le cas du hedge fund Galleon a valu à son patron une peine de de 14 ans de prison et on attend la sanction d’un de ses amis, ancien managing partner de Mc Kinsey. Administrateur de Goldman Sachs il a quitté une séance cruciale du conseil d’administration pour informer le hedge fund quelques minutes avant la clôture du marché, de l’entrée de Warren Buffet (Berkshire Hathaway) au capital de Goldman Sachs. Ce dernier a immédiatement acheté des actions de l’auguste firme. Il attend de connaître la sentence de sa condamnation pour ce délit d’initié. Au Japon, les autorités viennent de lancer une enquête de grande ampleur pour délit d’initié sur les activités de Japan Advisory LLC qui avait des liens particuliers avec des hedge funds. Aux Etats-Unis, on a enfin aboli la disposition qui exemptait les membres du Congrès tandis que les diplomates américains tentent de garder ce privilège.

Ces cas sont différents mais montrent une résistance fondamentale des dirigeants des institutions financières aux nouvelles (ou anciennes) réglementations.

Se croient-ils au-dessus des lois ? Espèrent-ils ne pas être pris ? Ce sentiment de surpuissance est loin d’être éradiqué au sommet des institutions financières ou dans les salles de marché.

Dans chacun de ces cas cependant, les autorités financières semblent ne pas avoir été jusqu’au bout de leurs responsabilités. La Bank of England n’a pas pris les mesures nécessaires pour la réforme du LIBOR. La SEC a été négligente dans la surveillance de l’allocation des fonds propres des courtiers. Que faisaient les dizaines de représentants de la Federal Reserve installés dans les bureaux de JP Morgan ?

Alors que les faits sont, sinon connus, du moins suspectés, il y aurait comme une hésitation à s’attaquer à de telles situations potentiellement explosives.

Cela nous rappelle qu’il est difficile de contrôler concrètement les abus de la finance.

Ils sont le fait de dirigeants ou de traders infiniment mieux formés et rémunérés que ceux et celles qui doivent les superviser. Ils sont aussi soumis à des pressions politiques.

Cette question reste ouverte.

Il ne suffit pas de changer la réglementation.

Encore faut-il se doter des moyens nécessaires à leur implémentation.

Les républicains ont refusé toute augmentation des moyens des autorités de contrôle.

Un bon moyen d’éviter que les abus soient détectés et sanctionnés.



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«Nier l’imminence du pic pétrolier est une erreur tragique», dit l’ancien expert pétrolier de l’AIE – Peak Oil Reloaded 2/2

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Olivier Rech, ancien responsable du pétrole au sein de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), démonte le rapport Maugeri, selon lequel le pic pétrolier n’est qu’une chimère. Données inédites et exclusives à l’appui.

 

Qu’y a-t-il dans le rapport publié par Leonardo Maugeri, pour justifier la « révolution » qui, selon cet ancien dirigeant du groupe italien ENI, va dissiper le spectre d’un déclin imminent de la production mondiale d’or noir ?

Absolument rien, selon le Français Olivier Rech, qui fut en charge de la prospective pétrolière à l’AIE de 2006 à 2009. Voici ses réponses, en sept points. Elles s’appuient notamment sur son analyse historique du rythme de déclin de la production pétrolière existante, présentée ici pour la première fois.

Olivier Rech dirige aujourd’hui Energy Funds Advisors, société qui conseille un fonds d’investissements pour le compte de La Française AM, un important gestionnaire d’actifs parisien. Il a déjà pronostiqué sur ce blog un déclin de la production du pétrole et de ses substituts quelque part entre 2015 et 2020.

Olivier Rech :

1- « D’abord une remarque générale : l’analyse proposée par M. Leonardo Maugeri s’arrête en 2020. Il est très confortable de ne pas se préoccuper de ce qui pourrait se passer au-delà de cette date, notamment du point de vue du déclin de la production des champs existants.

2- Leonardo Maugeri indique que le taux de déclin de cette production existante est aujourd’hui de « 2 à 3 % par an ». [NDLR. Ce taux, aussi déterminant que le taux directeur des banques centrales en finance est de 5 % par an selon Shell.] Ce chiffre me paraît correct, tout au moins pour la production non-OPEP. Cependant M. Maugeri suppose, sans aucune justification, que ce taux sera constant au cours du temps. Là encore, l’hypothèse est confortable, mais très probablement fausse. L’analyse historique montre au contraire que le rythme de déclin s’accroît depuis au moins dix ans. NB. La remontée de la fin des années 90 est pour l’essentiel due à la reprise de la production de l’ex-URSS.

Une telle accélération est cohérente avec l’évolution des ressources. Les nouveaux champs mis en production seront en tendance de taille de plus en plus réduite. Or, a priori, plus un champ est de taille réduite, plus la phase de déclin est marquée. D’autre part, une proportion croissante des nouveaux champs mis en production se situent au large. L’expérience, notamment en mer du Nord (dont M. Maugeri admet que la production décline de façon « apparemment irréversible ») montre que les champs offshore déclinent rapidement : les opérateurs cherchent à en accroître la production aussi vite que possible, afin de récupérer plus rapidement leurs lourds investissements. En faisant cela, ils accélèrent très souvent le déclin ultérieur.

3- M. Maugeri affirme que les nouvelles capacités de production pourraient atteindre 49 Mb/j d’ici à 2020, un chiffre qu’il ramène à 29 Mb/j une fois pris en compte, dit-il certains « risques » et certaines « restrictions ». Nulle part il n’explique comment il arrive à 49 Mb/j, et personne ne parvient à comprendre comment il a pu y aboutir. Le chiffre de 29 Mb/j, paraît du coup tout autant sujet à caution.

Les champs nouveaux ont de plus en plus de mal à compenser le déclin des champs anciens. Rappel : selon le PDG de Shell, il faudra développer l’équivalent de 4 Arabies Saoudites ou de 10 mer du Nord d’ici dix ans, rien que pour maintenir la production en l’état ! Cf. http://petrole.blog.lemonde.fr/peak-oil-le-dossier

4- Pour compenser le déclin de la production, M. Maugeri évoque un « accroissement des réserves » exploitables des champs matures, grâce aux progrès techniques et à de nouveaux investissements en cours. Il se fonde sur le cas de l’accroissement des réserves américaines, pour l’extrapoler à l’ensemble des réserves mondiales. Certes, les techniques de récupération s’améliorent, et des nombreux investissements sur des champs anciens sont en cours. Toutefois, il est clairement établi que l’accroissement des réserves américaines au cours des dernières décennies correspond pour l’essentiel à une illusion statistique : la définition des réserves en vigueur aux Etats-Unis n’a longtemps permis de déclarer que les réserves effectivement en production, et non l’ensemble des réserves extractibles, ceci afin de protéger les intérêts des investisseurs. [NDLR : ce point a déjà été détaillé sur ce blog par le pétrogéologue Jean Laherrère, dans sa critique des arguments de Daniel Yergin, d’IHS ; l’accroissement du montant déclaré des réserves américaines n’a en rien interrompu le déclin de la production conventionnelle aux Etats-Unis.]

5- M. Maugeri souligne que seul un tiers des bassins sédimentaires sur Terre a été exploré par l’industrie pétrolière. Si les autres bassins sédimentaires n’ont pas été explorés, c’est tout simplement parce que les géologues ont conclu qu’ils ne présentent pas les caractéristiques susceptibles d’avoir généré des hydrocarbures.

6- Pour évaluer l’ensemble des réserves de pétrole conventionnel et non-conventionnel encore récupérables, M. Maugeri se fonde sur les estimations de l’USGS (United States Geological Survey). Celle datant de l’an 2000 avance un chiffre de réserves ultimes de l’ordre 3500 milliards de barils d’hydrocarbures liquides conventionnels. Cette estimation est largement considérée comme étant exagérément optimiste. D’ailleurs, jusqu’ici les découvertes localement très importantes de ressources au large de l’Afrique de l’Ouest et du Brésil ne comblent qu’une petite partie de l’écart entre cette estimation de l’an 2000 et les découvertes cumulées, qui à ce jour sont de l’ordre de 2500 Gb. Et même des réserves ultimes de 3500 milliards de barils ne suffiraient par à maintenir la production au-delà de 2025-2030.

[NDLR. Voir le simulateur de la production future mis en ligne par le Shift Project de Jean-Marc Jancovici.]

7- M. Maugeri affirme que le prix actuel du pétrole est très supérieur à ce qu’il devrait être, à cause de facteurs purement politiques et psychologiques. Une analyse publiée en mai par le Fonds monétaire international confirme au contraire que seule la contrainte exercée sur la demande par les limites d’une production de brut stagnante depuis 2005 permet d’expliquer l’envolée des cours constatée depuis.

[NDLR : les experts du FMI tablent sur un quasi doublement des cours d’ici à 2020.]

Le rapport Maugeri prétend qu’il n’y a pas de pic de la production en vue, et conduit implicitement à envisager qu’il n’y aura pas de contrainte énergétique sur la croissance économique future. C’est là à mon sens répéter une erreur tragique, que de nombreux pays importateurs payent déjà par un endettement insoutenable. »