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Articles du Vendredi : Sélection du 19 juillet

L’inadaptation climatique menace les droits fondamentaux
Lucie Delaporte
www.mediapart.fr/journal/ecologie/150724/l-inadaptation-climatique-menace-les-droits-fondamentaux

Dans un rapport publié lundi 15 juillet, l’ONG Oxfam dénonce la « grande improvisation » face au dérèglement climatique. Elle prône des investissements massifs pour préparer la France à encaisser le choc dans les années à venir.

Mégafeux en Gironde, inondations à répétition dans le Nord et le Pas-de-Calais, orages violents, sécheresses : les deux dernières années ont été un condensé des risques climatiques auxquels la France sera de plus en plus exposée. Et auxquels elle est loin d’être préparée.

Dans son dernier rapport, « Changement climatique : nous ne sommes pas prêt·es », Oxfam dresse le bilan des vulnérabilités françaises face au dérèglement climatique et fait des recommandations pour mieux anticiper le choc qui vient. Au regard de la trajectoire de référence adoptée par la France (+ 2,7 °C d’ici 2050, + 4 °C d’ici 2100), basée sur les scénarios du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le pays doit se préparer à des bouleversements majeurs.

Avant 1990, souligne Oxfam, la France connaissait en moyenne deux jours de vague de chaleur par an. Depuis vingt ans, ce chiffre est passé à huit. Et l’accélération est là : « Dans un scénario à + 4 °C, l’Île-de-France pourrait connaître jusqu’à 94 jours de vague de chaleur, soit plus d’un quart de l’année. »

D’ici la fin du siècle, ces épisodes de forte chaleur pourraient être responsables de 46 000 morts par an. Les conséquences sur les écosystèmes, sur l’accès à l’eau, l’agriculture et l’approvisionnement alimentaire, ou encore sur l’habitabilité de certains territoires « mettent aussi indirectement en péril des droits fondamentaux, comme le droit à l’éducation, à la santé ou à la dignité humaine », note le rapport.

Car ni nos écoles ni nos hôpitaux ni nos transports ni la plupart de nos infrastructures ne sont aujourd’hui préparés aux épisodes extrêmes qui vont se multiplier. « D’ici à 2030, d’après les estimations hautes, 7 138 écoles maternelles (soit environ 1,3 million d’enfants de 2 à 5 ans) seront exposées à des vagues de chaleur supérieures à 35 °C. C’est le cas de 100 % des écoles maternelles des Bouches-du-Rhône, de Seine-Saint-Denis, à Paris, et de Gironde », relève le rapport.

Gare à la gentrification verte qui renforce les inégalités

Sur les 2 321 structures hospitalières que compte la France, 103 sont menacées de fermeture totale ou partielle en raison du dérèglement climatique. Investir dans l’adaptation de notre réseau ferroviaire est impératif pour éviter pannes et avaries. Faute de quoi, les pertes économiques pourraient aussi être colossales. RTE, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité, chiffre à 100 milliards l’investissement pour adapter le réseau électrique à un réchauffement de 4 °C, et ce sans compter l’adaptation spécifique des centrales nucléaires.

Face à cela, Oxfam déplore que l’État n’agisse qu’« en réaction » aux catastrophes et sans vraiment se donner les moyens d’anticiper. Les moyens alloués à l’adaptation – dans les deux plans gouvernementaux d’adaptation – paraissent totalement dérisoires eu égard aux enjeux.

Alors qu’il faudrait investir « plusieurs dizaines de milliards par an » dans ce chantier – Oxfam reconnaît qu’un chiffrage plus précis n’est pas possible à ce stade –, l’État n’investit pour l’instant que 600 millions d’euros par an.

Il continue aussi parallèlement à programmer des « investissements qui ne sont pas adaptés » ou qui aggravent le chaos climatique : soutien diplomatique aux entreprises d’énergie fossile, politiques contribuant à toujours plus d’artificialisation des sols, soutien à l’agro-industrie et absence de protection effective des aires marines protégées.

«Les investissements publics décidés aujourdhui ne prennent absolument pas en compte le facteur adaptation. Les responsables politiques nont pas mis à jour leur logiciel et font comme si nous étions toujours dans les années 1990, comme sils navaient pas lu les rapports du Giec ni les recommandations du Haut Conseil pour le climat », affirme Quentin Ghesquière, chargé de plaidoyer et campagne climat à Oxfam France.

Une incurie qui n’expose pas tout le monde au même niveau de risque. Car « la vulnérabilité au changement climatique est démultipliée pour les personnes qui sont à l’intersection de plusieurs inégalités », note Oxfam, à savoir « les pauvres, les femmes, les personnes âgées, les groupes marginalisés ». Avec un droit du travail encore très flou sur ces sujets, les salariés du BTP et du secteur agricole sont particulièrement exposés.

Le rapport met d’ailleurs en garde contre ce qu’il nomme la « gentrification verte » qui exclut encore plus les ménages modestes. « La végétalisation des villes a un effet positif sur la valeur des biens immobiliers et entraîne donc le déplacement des populations précaires vers les périphéries non végétalisées, donc plus chaudes en été », note le rapport. Oxfam préconise donc sur ce point de multiplier les projets qui associent les habitants plutôt que des grands projets « destinés à faire l’objet de communication, du type “écoquartiers”, qui provoquent la gentrification rapide ».

La présentation du prochain plan d’adaptation au changement climatique du gouvernement, qui devait contenir une cinquantaine de mesures, est attendue depuis des mois. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique en sursis, n’a plus que quelques jours pour le présenter.

Décarbonation : la « difficile mutation » de l’industrie française

Bastien Bonnefous
www.lemonde.fr/economie/article/2024/07/16/decarbonation-la-difficile-mutation-de-l-industrie-francaise_6250526_3234.html

Les associations Réseau Action Climat et France Nature Environnement publient, mardi, un rapport estimant que la baisse des émissions industrielles de gaz à effet de serre est davantage liée à une chute de la production qu’à une réelle décarbonation du secteur.

A elle seule, l’industrie a représenté, en 2023, près d’un cinquième (17,5 %) des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) en France, soit le troisième secteur de l’économie le plus contributeur après les transports et l’agriculture. Quant aux cinquante sites industriels les plus polluants, hors raffineries – principalement des aciéries, des cimenteries et des usines chimiques – , ils représentent 7,3 % des émissions de GES. Des mesures établies par le Citepa, l’opérateur d’Etat qui réalise chaque année pour le ministère de la transition écologique le décompte des émissions dans l’ensemble du pays.

C’est dire si la décarbonation de l’industrie est indispensable pour que la France parvienne à la neutralité carbone à l’horizon 2050. D’autant que, si l’industrie doit décarboner ses modes de production, elle joue également un rôle-clé en fabriquant les biens (panneaux solaires, batteries électriques, électrolyseurs, pompes à chaleur, etc.) qui participent à cette évolution dans les autres secteurs de l’économie.

Le pays serait sur la bonne voie si l’on observe la baisse de 7,8 % des émissions de GES d’origine industrielle entre 2022 et 2023. L’industrie serait même l’un des secteurs économiques qui a le plus réduit ses émissions en France. Sauf que cette baisse est trompeuse car, dans le détail, elle repose pour moitié sur la chute de la production durant cette période, notamment de ciment et d’acier. Ces deux productions ont pâti du coût élevé de l’énergie à cause de l’inflation, du ralentissement du secteur du bâtiment et de la concurrence asiatique, notamment chinoise et indienne. Moins de production égale moins d’émissions, mais pas forcément plus de décarbonation dans les faits.

« Economie circulaire et la sobriété »

Les associations Réseau Action Climat (RAC) et France Nature Environnement (FNE) ont étudié la réalité de la décarbonation industrielle française, en faisant le bilan, rendu public mardi 16 juillet, des actions menées en 2023 par les cinquante sites les plus émetteurs de CO2. Depuis novembre 2022, ces sites – principalement situés dans les bassins industriels de Dunkerque (Nord), du Havre (Seine-Maritime), de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et du Grand Est – ont élaboré avec l’Etat leurs trajectoires de réduction des émissions de carbone. Une planification qui a débouché sur la signature, en novembre 2023, de « contrats de transition » qui visent, entre autres, à « réduire de 45 % les émissions de GES en 2030 ».

Pour RAC et FNE, l’industrie fait face à une « difficile mutation » et « doit encore prouver que sa décarbonation est engagée et pérenne ». Les deux associations déplorent notamment « le manque de transparence » sur le contenu précis des contrats de transition, qui n’ont pas de caractère contraignant et ne comportent ni obligation de résultat ni sanction en cas d’objectifs non atteints. Elles s’inquiètent également d’une forme de déni face aux enjeux alors que « l’effort à venir pour respecter les objectifs climat pour 2030 et 2050 va requérir une mutation digne d’une révolution industrielle ». La planification du gouvernement prévoit ainsi que l’industrie réduise ses émissions de GES « de 36,5 % entre 2023 et 2030 ».

Or, pour y parvenir, les acteurs industriels comme les pouvoirs publics misent trop sur des « solutions technologiques », selon RAC et FNE.

A côté des évolutions de procédés techniques – électrification, recours à la biomasse ou à l’hydrogène, etc. –, les industriels doivent aussi davantage investir « deux leviers de décarbonation indispensables » que sont « l’économie circulaire et la sobriété ». Or, la « rationalisation de la consommation » et la « baisse de certaines productions » sont souvent des options impensables pour des entreprises toujours en quête de nouveaux marchés ou de gains de productivité.

L’industrie plébiscite surtout le captage et le stockage du CO2, alors que ces technologies ne doivent être qu’« une solution de dernier recours pour réduire les émissions résiduelles qui ne peuvent être supprimées ou évitées, une fois les autres solutions de décarbonation déployées ». Le ministère de l’industrie a lancé en avril un « appel à manifestation d’intérêt » afin que des entreprises proposent des projets de capture et de stockage du carbone en France. Il a publié le 4 juillet, trois jours avant le second tour des élections législatives, un document sur « l’état des lieux et les perspectives du déploiement du CCUS [Carbon Capture, Utilisation and Storage] en France ».

Sanctions « rares et peu dissuasives »

Pour les associations RAC et FNE, le captage de carbone est « un mirage technologique » à l’efficacité encore trop incertaine. Son développement présente le risque que l’industrie abandonne ses ambitions de décarbonation et se retranche derrière le CCUS pour continuer à utiliser des énergies fossiles. « Le CCUS ne doit pas être une technologie permettant de maintenir le business as usual », préviennent-elles.

Les deux associations ont chiffré, avec l’Institut Rousseau, le coût réel de la décarbonation de l’industrie française : 48 milliards d’euros d’investissements seraient nécessaires jusqu’en 2050, soit « 27 milliards de plus que les investissements actuellement prévus ». Elles préconisent que 20 milliards soient pris en charge par l’Etat sous forme de subventions mais assorties d’« écoconditionnalités », ce qui n’est pas suffisamment fait jusqu’à présent.

Il faut aussi améliorer les contrôles des sites industriels. En 2022, moins de 23 000 inspections ont été réalisées pour les 500 000 installations industrielles françaises, contre plus de 30 000 en 2006, soit une réduction de près de 30 %, selon les chiffres du ministère de la transition écologique. Quant aux sanctions, elles sont « rares et peu dissuasives » selon RCA et FNE. « En 2022, 3 053 arrêtés de mise en demeure ont été pris à l’encontre d’industriels et seulement 605, soit moins de 20 %, ont débouché sur des sanctions administratives », soulignent-elles. La réussite de la décarbonation industrielle passe aussi par la fiabilité de son contrôle.

« Affaire Lafarge : ce n’est pas à l’antiterrorisme de s’occuper des écologistes »
180 personnalités
https://reporterre.net/Affaire-Lafarge-ce-n-est-pas-a-l-antiterrorisme-de-s-occuper-des-ecologistes

 

L’antiterrorisme est de plus en plus dévoyé pour briser les mouvements sociaux, dénoncent les signataires de cette tribune. Un mouvement qui risque de s’amplifier dangereusement en cas de victoire du RN aux législatives.

Mardi 2 juillet, les quatre personnes mises en examen dans l’affaire dite « Lafarge » sont convoquées devant les juges d’instruction. Elles sont accusées d’avoir participé au désarmement de l’usine de Bouc-Bel-Air, dans la périphérie marseillaise, en décembre 2022. Elles devront répondre de faits de dégradation et d’association de malfaiteurs, prétendument aggravés par le caractère de « bande organisée ».

Peine encourue : vingt ans de prison. Les victimes de cette affaire — sacs de ciment, armoires électriques et autres véhicules de chantier — n’étant pas douées de parole, le parquet n’a pas osé qualifier ces faits de « terroristes ». Pourtant, c’est la Sous-direction antiterroriste (Sdat), en collaboration avec la Section de recherche de Marseille, qui est chargée de l’enquête, toujours en cours à ce jour.

Interpellations violentes

C’est encore la Sdat qui a été saisie de l’enquête pour d’autres dégradations : peinture et mousse expansive sur le site Lafarge normand de Val-de-Reuil en décembre 2023. Parmi les dix-sept personnes initialement interpellées, neuf devront comparaître au tribunal d’Évreux à l’hiver prochain. À chaque fois, la Sdat a coordonné des opérations d’interpellation spectaculaires, où l’on a pu voir des commandos cagoulés et armés défoncer les portes de dizaines de militant⋅es — quand ce ne sont pas celles de leurs voisins — pour les emmener dans les sous-sols de leurs locaux à Levallois-Perret.

Mais est-ce dans son rôle de traquer des militants sociaux ? La Sdat travaillerait-elle pour le compte d’une entreprise polluante ?

L’enquête sur l’affaire Lafarge a permis et permet sans doute encore de traquer les déplacements, les relations et les conversations de centaines de personnes, et d’éplucher les comptes de nombreuses associations. Particulièrement alarmant, le dossier montre l’usage d’un mystérieux logiciel espion qui, à l’instar de Pegasus, est employé pour aspirer le contenu des téléphones, et notamment celui des messageries chiffrées, ou encore le détournement abusif du fichier des titres électroniques sécurisés d’identité pour récolter les empreintes digitales [1].

Menace pour tous les militants

Plus largement, cette enquête fait planer la menace d’une perquisition sur la tête de quiconque aurait les mauvais⋅es ami·es, se serait rendu sur les lieux d’une manifestation, ou aurait le malheur d’être géolocalisé au mauvais endroit et au mauvais moment, comme de nombreux témoignages l’ont montré.

Pourquoi une telle opération ? La Sdat travaillerait-elle pour l’une des entreprises les plus toxiques de la planète, actuellement mise en examen par le parquet national antiterroriste pour complicité de crime contre l’humanité et financement du terrorisme ? La défense de Lafarge par les services français, déjà largement documentée dans le cadre du financement de Daesh, se reconduit-elle en France ?

La Sdat, service de police spécialisé, étroitement lié à la direction du renseignement intérieur, a régulièrement mis ses capacités d’exception au service d’intérêts politiques variés de l’État français. Les arrestations récentes de militants indépendantistes de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) en Kanaky par la même Sdat et leur transfert à 17 000 km de chez eux, montre encore une fois le rôle de la police antiterroriste dans la répression des mouvements sociaux.

Dans l’affaire Lafarge, elle est saisie pour des enquêtes de simples dégradations sans mobile terroriste, quinze ans après la tentative infructueuse de faire tomber le fantasmatique groupe anarcho-autonome de Tarnac et quelques années après l’effarante affaire du 8 décembre, qui avait provoqué l’incarcération de plusieurs personnes pendant des mois. De son propre aveu, il lui faut bien trouver des figures de l’ennemi intérieur pour justifier de son budget face à la baisse de la « menace djihadiste » et « chercher de nouveaux débouchés du côté de l’écologie  ». Qu’importe si les enquêteurs de la Sdat reconnaissent que ceux qu’ils catégorisent comme appartenant à l’« ultragauche » ne s’en prennent pas aux personnes, mais aux biens.

L’écoterroriste : une menace-repoussoir

Brandir la criminalité organisée pour des faits de dégradation a le mérite de créer de toute pièce une nouvelle menace-repoussoir : celle de l’écoterroriste. Dans la lecture policière, une manifestation devient un « commando », telle personne connue des services de renseignement pour son activité dans les mouvements sociaux est définie comme « cadre » ou encore « coordinateur », ou « logisticienne ». On catégorise les membres présumés de cette bande en les faisant appartenir à un « cercle dirigeant et stratégique » ou à un « cercle opérationnel ».

L’enquête menée à charge contre les Soulèvements de la Terre a notamment permis, via la traque des supposés « cadres », de justifier une surveillance accrue à la veille de la manifestation de Sainte-Soline de mars 2023. On est bien loin des événements de Bouc-Bel-Air. La Sdat assure bien sûr n’enquêter que sur des « faits », se défendant d’« enquêter sur un mouvement dans le but de le faire tomber ».

L’affirmation prêterait presque à rire si les conséquences n’étaient pas aussi lourdes. Il suffit de rappeler que les arrestations dans l’affaire Lafarge ont eu lieu la veille de la dissolution des Soulèvements de la Terre en Conseil des ministres, empêchant ainsi plusieurs de ses porte-parole de s’exprimer à un moment crucial.

Présomption de dangerosité

La construction policière révélée par des rapports de synthèse fantasmagoriques est dangereuse parce qu’elle fabrique des figures qui ont pour fonction première d’orienter les décisions des magistrats instructeurs. En cela, elle altère profondément le principe de présomption d’innocence et la garantie des droits pour les personnes poursuivies.

Sur le fond, la saisie des services de la Sdat, dont « l’excellence » se mesure à sa capacité à s’exonérer du régime de droit commun de l’enquête [2] et aux moyens démesurés mis à sa disposition, pour des faits qui sont strictement en dehors de sa vocation, relève avant tout de la répression politique. François Molins lui-même, visage de la lutte antiterroriste et procureur au tribunal de Paris de 2011 à 2018, s’inquiète du détournement par les préfets des dispositifs mis en place pour combattre les menaces d’attentat à des fins de maintien de l’ordre.

À la veille des Jeux olympiques de Paris, les « Micas » (Mesures individuelles de contrôle administratif et de sécurité) commencent à tomber : elles constituent des équivalents des assignations à résidence en l’absence de l’état d’urgence qui les conditionnent normalement. Relevant de la lutte antiterroriste, elles révèlent une procédure amplement détournée pour priver des libertés de manifester et de se déplacer des militants qui pourraient déranger.

Et dans les mains de l’extrême droite…

Si les gouvernements précédents ont donné toujours plus de latitude aux services antiterroristes, les prochains ne se gêneront pas pour en profiter pleinement, tant l’outil à leur disposition est commode pour traquer les opposants et paralyser les mouvements sociaux. Dans cette période agitée où le RN est aux portes du pouvoir, les conséquences politiques de l’augmentation des moyens et du champ d’action de la police antiterroriste sont profondément dangereuses.

Elles s’inscrivent dans une période d’extension de la surveillance de masse, d’aggravation des violences policières et de la répression judiciaire des mouvements de contestation. Puisque les intérêts économiques et idéologiques des puissances industrielles qui ravagent le monde convergent fortement avec ceux du RN, ce parti ouvertement climatosceptique, on peut légitimement se demander : à quoi servira un outil tel que la Sdat s’il tombait aux mains de l’extrême droite ?

Pour toutes ces raisons, nous, participant·es ou soutiens des luttes écologiques, sociales et décoloniales, dénonçons le rôle croissant de la Sdat dans la répression des mouvements sociaux. Nous, magistrat·es ou avocat·es, demandons qu’elle soit dessaisie des enquêtes sur des faits qui ne relèvent pas de ses compétences, à commencer par l’affaire Lafarge de Bouc-Bel-Air.

Notes

[1] Le fichier des titres électroniques sécurisés est une base de données gérée par le ministère de l’Intérieur qui rassemble les données personnelles et biométriques des Français pour la gestion des cartes nationales d’identité et des passeports français.

[2] Hors contexte de terrorisme, les agents de police ont la possibilité d’anonymiser leur signature dans les actes de procédure si et seulement si une autorisation individuelle est délivrée par un magistrat dans une décision motivée. La Sdat ne s’encombre pas de cet encadrement et anonymise systématiquement ses actes.

Ekainik beroena izan da aurtengoa mundu mailan, erregistroak daudenetik
Julen Ugartemendia Carcedo
www.argia.eus/albistea/mundu-mailako-ekainik-beroena-izan-da-aurtengoa-erregistroak-daudenetik

 

Klimari buruzko datuak jasotzen dituen Copernicusen arabera, hamahirugarren hilabetez jarraian errekorra hautsi da aurtengo ekainean. Parisko Akordioan hitzartutako 1,5ºC-en helburua ez da bete eta egoera aldatzen ez bada, errekor negatibo berriak izango direla aurreikus daitekeela adierazi dute.

Copernicus Klima Aldaketaren Zerbitzuak hilabetero argitaratzen du mundu mailako klimari buruzko buletina. Erregistroak jasotzen hasi zirenetik, ekainik beroena izan dela aurtengoa ondorioztatu dute. Hamahirugarren hilabetez jarraian, erregistratu den tenperatura altuena dela aipatu dute, eta aurreko urteko ekainean baino 0,14ºC altuagoa. Buletinean azaldu dute datu horiek lortzeko ERA5 tresna erabili dutela, “mundu osoko satelite, ontzi, aireontzi eta estazio meteorologikoetatik datozen milaka milioi neurketa erabiltzen dituena”.

Jasotako datuen arabera, 2015. urteko Parisko Akordioan hitzartutako helburuetako bat ez da betetzen. Akordio horretan estatuek hitzartu zuten munduko gainazalaren bataz besteko tenperaturak epe luzera industriaurreko mailekiko 2ºC-tik behera egon behar zuela eta 1,5ºC inguruan mugatzeko ahaleginak egin behar zituztela, United Nations Climate Change-k jaso duenez.

Azken hamabi hilabeteetako mundu mailako gainazalaren bataz besteko tenperatura, industriaurreko mailekiko 1,64ºC beroagoa da, eta 1991-2020 epearekiko 0,76ºC beroagoa. Inoiz erregistratutako zifrarik altuenak dira, eta hamabigarren hilabetez jarraian, 1,5ºCko tenperatura gainditu da aurtengo ekainean ere.

Munduko Meteorologia Erakundeko idazkari nagusi Andrea Celeste Saulok ez du esperantza galtzen helburu hori betetzeko. “Aldi baterako ez-betetzeek ez dute esan nahi 1,5ºC-ko helburua etengabe galtzen denik, helburu hori epe luzerako berotze bati baitagokio”, adierazi du, UN News-en irakur daitekeenez.

ERA5 tresnak jasotako datuek adierazi dute bataz besteko tenperatura baino handiagoak izan diren gune nagusiak Europako hego-ekialdea, Turkia, Kanadako ekialdea, AEBetako mendebaldea, Mexiko, Brasil, Siberiako iparraldea, Afrikako iparraldea eta Antartikako mendebaldea izan direla.

Uholdeak, suteak eta urakan bat

Copernicusek argitaratutako buletinak, 2024ko ekainean jazotako ezohiko fenomeno meteorologikoak jaso ditu. Europa mailan, Alemanian, Italian, Frantzian eta Suitzan uholdeak eragin zituzten prezipitazio handiak izan dira. Hegoamerikan eta Errusiako ipar-ekialdean izandako sute larriak eta Iparamerikan izandako Beryl hurakana ere aipatu dituzte.

Copernicusek nabarmendu du etorkizunean errekor negatibo berriak izango direla aurreikus daitekeela, eta tenperaturen igotzea “saihestezina” izango dela, “atmosferara eta ozeanora berotegi-efektuko gasak isurtzeari uzten ez badiogu”.