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Articles du Vendredi : Sélection du 18 septembre 2020


Climat: la nouvelle feuille de route européenne
Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/climat-la-nouvelle-feuille-de-route-europeenne,109318

Le JDLE dévoile l’étude d’impact du programme climatique, présenté le 16 septembre par la présidente de la Commission européenne. La révision à la hausse des ambitions carbone des 27 mobilisera tous les secteurs d’activité, y compris l’agriculture.

La balle est désormais dans le camp des gouvernements européens. Mercredi 16 septembre, la présidente de la Commission leur a proposé de renforcer l’ambition climatique du bloc communautaire. Ursula von der Leyen suggère de baisser non pas de 40% nos émissions de gaz à effet de serre, entre 1990 et 2030, mais de 55 %. «Au moins !»

Les 27 doivent choisir – ou non – de rehausser l’ambition européenne, lors du prochain conseil européen des 17 et 18 octobre prochains. Avec en ligne de mire le dépôt de la nouvelle NDC européenne d’ici la fin de l’année, moins d’un an avant la tenue du sommet climatique de Glasgow, la COP 26.

Réduire de moitié les rejets carbonés de 27 pays industrialisés en quatre décennies, le pari peut sembler fou. Ce n’est pas l’avis de l’ancienne ministre de la défense d’Allemagne. Rappelant que les 28 avaient déjà réduit d’un quart leurs émissions depuis 1990 tout en accroissant de 62 % leur PIB, Ursula von der Leyen estime que l’objectif des 55% est «non seulement atteignable», mais qu’il sera aussi bénéfique pour l’économie, l’environnement et la santé des Européens.

Diminuer les coûts sanitaire de la pollution

A cet égard, Bruxelles considère que l’abattement de la pollution carbonée entraînera mécaniquement celle d’autres pollutions atmosphériques. De quoi réduire d’une centaine de milliards d’euros en 15 ans le montant de la facture sanitaire européenne, avancent les services de la Commission.

Poursuivre les politiques actuelles ne suffira pas. Au rythme actuel, l’Europe n’allègera «que» de 60% son bilan carbone entre 1990 et 2050. Ce qui la placerait bien loin de la neutralité carbone, qui est son objectif pour le milieu du siècle.

Dans ses cartons, la Commission a déjà un plan d’action définissant, secteur par secteur, les mesures et les mécanismes qu’il faudra actionner pour rester dans les nouveaux clous climatiques.

Deux fois plus de renouvelables électriques

Sans surprise, ce sont les électriciens qui vont devoir faire les efforts les plus importants. Ces derniers devront produire 65% de leur courant à partir d’énergies renouvelables dès 2030. C’est deux fois plus qu’aujourd’hui ! Cette électricité verte (nulle mention de nucléaire dans la feuille de route) servira aussi à décarboner certains pans de l’industrie, ainsi que la production d’hydrogène.

Dans le même temps, les énergéticiens devront réduire de 70% leur consommation de charbon, d’un quart celle de produits pétroliers et de 30 % celle de gaz. Du gaz, il en sera beaucoup question. La Commission prépare sa stratégie méthane, laquelle imposera une baisse sensible des fuites dans les gazoducs.

Les entreprises de rénovation des bâtiments et des logements se préparent un bel avenir. Pour réduire rapidement le bilan carbone du résidentiel et du tertiaire, la Commission considère qu’il faut doubler le rythme actuel des rénovations. Mieux, ces appartements, maisons et bureaux upgradés devront être alimentés par des énergies renouvelables et équipés de systèmes de domotiques (pour maîtriser les consommations).

Sus aux data centers énergivores

Des économies d’énergie en vue. Cela tombe bien. Car, nous devrons réduire de 36% à 37% notre consommation d’énergie finale en 2030 et de 39% à 41% notre demande d’énergie primaire. Ceci passera par l’application de nouvelles normes de consommation d’énergie pour les produits de grande consommation. La directive Eco-design sera révisée à cet effet. La future stratégie numérique communautaire imposera la neutralité carbone aux data centers dès 2030.

La part des énergies renouvelables consommée par les transports devra plus que tripler en 10 ans, passant de 7 à 24 % entre 2020 et 2030. Cela passera par un accroissement rapide du nombre de véhicules hybrides, électriques ou consommant des agrocarburants. Pour limiter les impacts sur la biodiversité de la valorisation de la biomasse, la Commission milite pour une limitation de l’usage énergétique du bois et des cultures alimentaires (colza, maïs).

Priorité sera donnée à l’usage des déchets végétaux et aux cultures énergétiques (miscanthus, par exemple). Au total, les transports devront baisser de 55% leurs émissions d’ici à 2030.

Ils y seront contraints par un renforcement des normes d’émission pour les véhicules à moteur thermique et par les révisions annoncées des directives sur la fiscalité de l’énergie et sur les énergies alternatives.

ETS, taxe carbone et CSC

Plutôt bon élève jusqu’alors, l’industrie ne sera pas épargnée. Déjà soumise au système communautaire d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre (ETS), le secteur secondaire devra encore réduire d’un quart ses rejets carbonés entre 2015 et 2030. Au menu: intensification de la réutilisation de la chaleur fatale, utilisation d’hydrogène, captage et stockage géologique du carbone (CSC).

Bruxelles veut aussi développer des systèmes de certification des produits bas carbone et imposer aux entrepreneurs d’intégrer le climat à leur stratégie. La directive régulant l’ETS sera révisée pour réduire le nombre de quotas d’émissions et intégrer transports maritime et routier, ainsi que la consommation d’énergie des bâtiments. Parallèlement, Bruxelles présentera l’an prochain son projet de mécanisme d’inclusion aux frontières. Cette taxe carbone vise à rehausser le coût des importations de pays n’appliquant pas l’Accord de Paris.

Reconstituer les puits de carbone

Les entreprises de la gestion des déchets devront adapter leurs pratiques à la nouvelle donne. Cela commencera par cesser (en 2024 au plus tard) de mettre en décharge les bio-déchets. Toujours pour diminuer les émanations de biogaz, Bruxelles devrait aussi modifier les règles encadrant la gestion des boues d’épuration.

L’agriculture ne sera pas, elle non plus, exemptée d’efforts. Dans la charrette de mesures à venir: amélioration de l’usage des engrais (azotés notamment), développement de l’agriculture de précision et de la méthanisation. Un très gros effort devra être consenti envers les sols et autres puits de carbone. La capacité d’absorption des puits de carbone des 27 a, en effet, chuté de 10% au cours des 5 dernières années (à 263 millions de tonnes équivalent CO2 par an).

En continuant d’artificialiser les sols naturels au rythme actuel, cette capacité pourrait se réduire de dix autres pourcents d’ici la fin de la décennie. D’où l’importance donnée au renforcement de la protection des zones humides et des forêts, à l’afforestation et à la gestion des sols agricoles. La Commission annonce vouloir mettre en place des systèmes permettant de rémunérer directement les agriculteurs qui contribueront à la préservation ou à l’extension des puits de carbone. La négociation de la prochaine PAC s’annonce définitivement intéressante.

Changement climatique : un rapport commandé par le Pentagone alerte sur les risques à venir
Nafeez Ahmed
www.les-crises.fr/changement-climatique-un-rapport-commande-par-le-pentagone-alerte-sur-les-risques-a-venir-par-nafeez-ahmed

Selon un rapport de l’armée américaine publié fin 2019, les Américains pourraient être confrontés à un avenir terriblement sombre en raison du changement climatique, avec des black-out électriques, des maladies, la soif, la faim et la guerre. L’étude a révélé que l’armée américaine elle-même pourrait également s’effondrer. Tout cela pourrait se produire au cours des deux prochaines décennies, note le rapport.

Les officiels américains de haut rang qui ont rédigé le rapport viennent de plusieurs organismes clés, dont l’armée, la Defense Intelligence Agency et la NASA. L’étude demandait au Pentagone de se préparer d’urgence à l’éventualité d’un effondrement, à l’approche du milieu du siècle, des systèmes domestiques d’alimentation en électricité, en eau et en denrées alimentaires sous l’effet du changement climatique.

Le rapport a été commandé par le général Mark Milley, nouveau président des chefs d’état-major interarmées de Trump, en fait l’officier militaire le plus haut gradé du pays (le rapport le met également en porte-à-faux avec Trump, qui ne prend pas le changement climatique au sérieux).

Le lancement de l’étude, intitulée Implications of Climate Change for the U.S. Army, a eu lieu en mai au Wilson Center, à Washington DC, par le U.S. Army War College en partenariat avec la NASA. Ce rapport a été commandé par le général Milley alors qu’il était chef d’état-major de l’Armée de terre. Il a été rendu public en août par l’intermédiaire du Center for Climate and Security, mais a suscité peu d’attention à l’époque.

Les deux scénarios majeurs du rapport portent sur le risque d’un effondrement du réseau électrique au cours des « 20 prochaines années » et sur le danger d’épidémies. Les deux pourraient être déclenchés par le changement climatique à court terme, note-t-il.

Les « besoins énergétiques accrus » déclenchés par les nouveaux régimes climatiques tels que les périodes prolongées de chaleur, de sécheresse et de froid pourraient éventuellement submerger « un système déjà fragile ».

Le rapport met également en garde sur le fait que l’armée américaine devrait se préparer à intervenir de nouveau à l’étranger dans des conflits de type syrien, déclenchés par les conséquences liées au climat. Le Bangladesh, en particulier, est considéré comme le pays le plus vulnérable à l’effondrement climatique dans le monde.

« Le déplacement définitif d’une grande partie de la population du Bangladesh serait une catastrophe régionale susceptible d’accroître l’instabilité mondiale », prévient le rapport. « Il s’agit là d’une conséquence potentielle des problèmes liés au changement climatique dans un seul pays. Dans le monde, plus de 600 millions de personnes vivent au niveau de la mer. »

L’élévation du niveau de la mer, qui pourrait dépasser 2 mètres d’ici 2100 selon une étude récente, « déplacera des dizaines (voire des centaines) de millions de personnes, créant une instabilité massive et persistante », ajoute le rapport.

Les États-Unis devraient donc être prêts à agir non seulement au Bangladesh, mais aussi dans de nombreuses autres régions, comme l’Arctique qui fond rapidement. Le rapport préconise que l’armée américaine profite de ses ressources en hydrocarbures et des nouvelles voies de communication pour repousser l’empiétement russe.

Mais sans réformes urgentes, le rapport prévient que l’armée américaine elle-même pourrait finir par s’effondrer alors qu’elle tente de répondre à l’effondrement climatique. Elle pourrait perdre sa capacité à contenir les menaces aux États-Unis et pourrait échouer dans sa mission à l’étranger en raison d’un approvisionnement en eau inadéquat.

Effondrement total du réseau électrique

Le rapport dresse un portrait effrayant d’un pays qui s’effondre au cours des 20 prochaines années en raison des impacts du changement climatique sur « les systèmes naturels comme les océans, les lacs, les rivières, les eaux souterraines, les récifs et les forêts ».

Selon le rapport, l’infrastructure actuelle des États-Unis est terriblement sous-préparée : « La plupart des infrastructures critiques identifiées par le Département de la Sécurité intérieure ne sont pas conçues pour résister à de telles modifications ».

Environ 80 % des exportations agricoles américaines et 78 % des importations transitent par voie maritime. Cela signifie que les épisodes de submersions dues au changement climatique, en causant des dommages durables aux infrastructures maritimes, pourraient occasionner « une menace majeure pour les vies et les communautés des États-Unis, l’économie américaine et la sécurité alimentaire mondiale », note le rapport.

Le réseau électrique national américain est particulièrement menacé, car il pourrait être coupé « sous la pression du changement climatique », en particulier des variations de précipitations :

« Le réseau électrique qui dessert les États-Unis vieillit et continue de fonctionner sans investissements coordonnés et suffisants dans l’infrastructure. Il existe des points de faiblesse au niveau des centrales électriques, des infrastructures de transport et des composantes du réseau de distribution », affirme le rapport.

En conséquence, les « besoins énergétiques accrus », conséquences de nouveaux régimes climatiques tels que les périodes prolongées de chaleur, de sécheresse et de froid pourraient éventuellement causer une surcharge sur « un système déjà fragile ».

La prédiction peu réjouissante du rapport a déjà commencé à se concrétiser : le fournisseur d’énergie PG&E a coupé le courant à plus d’un million de personnes en Californie pour éviter que les lignes électriques ne provoquent un nouvel incendie de forêt dramatique. Alors que le changement climatique intensifie la saison sèche et augmente les risques d’incendie, PG&E a été la cible de critiques pour ne pas avoir entretenu le réseau électrique de l’état de Californie, en piteux état.

Le rapport de l’armée américaine montre que la panne d’électricité en Californie pourrait être un avant-goût de ce qui se passerait dans un scénario vraiment dystopique où le réseau électrique national tomberait du fait du changement climatique. Un paragraphe particulièrement pénible énumère sans détour les conséquences :

« Si l’infrastructure du réseau électrique devait s’effondrer, les États-Unis connaîtraient une crise importante :

  • Perte d’aliments périssables et de médicaments
  • Arrêt des réseaux de distribution d’eau potable et d’eaux usées
  • Arrêt des systèmes de chauffage/climatisation et d’éclairage électrique
  • Arrêt des systèmes informatiques, téléphoniques et de communication (dont ceux du transport aérien, des réseaux satellitaires et des services GPS)
  • Interruption des transports en commun
  • Arrêt des systèmes d’alimentation et de distribution du carburant
  • Interruption de tous les systèmes électriques qui n’ont pas d’alimentation de secours. »

Bien que le rapport ne s’attarde pas sur les implications, il reconnaît qu’une panne du réseau électrique national conduirait à une véritable crise nécessitant des interventions militaires d’urgence susceptibles d’affaiblir la capacité de l’armée américaine à assurer son propre fonctionnement : « Les opérations de secours rendues compliquées par les mauvaises conditions météorologiques pourraient faire empirer la situation. Les effets en cascade de la perte d’énergie… mettraient rapidement à l’épreuve la capacité de l’armée à poursuivre ses opérations ».

Les centrales nucléaires américaines présentent également « un risque élevé de mise à l’arrêt temporaire ou permanente en raison des menaces climatiques ».

Actuellement, 99 réacteurs nucléaires sont en exploitation aux États-Unis, fournissant près de 20 % de l’énergie du pays. Mais la majorité d’entre eux, soit environ 60 pour cent, sont situés dans des régions vulnérables qui sont confrontées à des « risques majeurs », notamment l’élévation du niveau de la mer, les tempêtes extrêmes et les pénuries d’eau.

Confinement

Les auteurs du rapport pensent que des opérations militaires nationales seront nécessaires pour contenir les futures épidémies. Il n’y a pas d’échéancier précis à cet égard, si ce n’est l’idée d’être prêt à faire face à des surprises imminentes : « Le changement climatique augmente le risque de maladies infectieuses pour la population américaine. La question n’est pas de savoir « si » mais « quand » il y aura une grande épidémie. »

Les régions du sud des États-Unis connaîtront une augmentation des précipitations de 0,5 à 0,8 mm par jour, ainsi qu’une augmentation des températures annuelles moyennes de 1 à 3°C d’ici 2050.

Avec des hivers plus chauds, ces nouvelles conditions entraîneront la prolifération des moustiques et des tiques. Cela, à son tour, stimulera la propagation de maladies « pas forcément connues aux États-Unis » et accélérera la propagation d’autres qui sont actuellement très rares comme, entre autres, le Zika, le virus du Nil occidental ou la maladie de Lyme :

« L’armée américaine sera appelée à apporter son aide ainsi qu’elle l’a déjà fait lors d’autres catastrophes. Une coordination précise avec les autorités locales, étatiques et fédérales dans les régions les plus à risque améliorera le délai d’intervention et réduira les risques pour la mission. »

Une nouvelle ère de guerre sans fin

Le nouveau rapport est d’autant plus important que l’administration Trump réfute les conclusions des climatologues. Commandité par le général Mark Milley – aujourd’hui le militaire le plus gradé des États-Unis – le rapport conclut non seulement que le changement climatique est une réalité, mais qu’il nous entraîne vers une catastrophe sans précédent qui pourrait aboutir à l’effondrement total de la société américaine faute d’investissements sérieux dans de nouvelles technologies et infrastructures. Toutefois, le rapport a pour objet les impacts prévus du changement climatiques et il ne traite pas de ses causes, la consommation humaine de combustibles fossiles.

Le rapport a été rédigé par une équipe interdisciplinaire issue de plusieurs institutions publiques américaines, dont le White House’s Office of American Innovation [Bureau de l’innovation américaine de la Maison-Blanche], le Secretary of Defense’s Protecting Critical Technology Task Force [Groupe de travail sur la technologie critique de protection du Secrétaire à la défense], le Harvest Consortium de la NASA, le Directorate of Weather du US Air Force Headquarters [Service météorologique du QG de l’armée de l’air], la Garde nationale de l’armée américaine et le Département d’État américain. Sollicitée à ce sujet, l’école de guerre de l’armée américaine n’a pas donné suite.

Leur rapport décrit non seulement la nécessité d’une importante infrastructure militaire permanente sur le sol américain pour éviter l’effondrement pour cause climatique, mais il envisage également de nouvelles opérations à l’étranger dues au changement climatique.

Les auteurs soutiennent que la guerre civile syrienne pourrait être un avant-goût des futurs conflits internationaux déclenchés par les troubles dus au climat. Il ne fait « aucun doute que le conflit a éclaté en pleine sécheresse sérieuse dans la région, phénomène qui a contraint les populations rurales à l’exode vers les villes syriennes au moment même de l’arrivée d’un grand nombre de réfugiés irakiens », affirment-ils.

Le conflit qui en a résulté a « ravivé la guerre civile en Irak » et exacerbé les tensions militaires entre les États-Unis et la Russie.

« La population syrienne a diminué d’environ 10% depuis le début de la guerre. Des millions de réfugiés ont fui vers l’Europe, y amenant une instabilité politique avec le développement d’extrémismes violents », conclut le rapport.

La situation la plus urgente pour une éventuelle intervention américaine est cependant dans le Sud asiatique, au Bangladesh.

Avec la moitié de ses 160 millions d’habitants qui vivent actuellement au niveau de la mer, quelque 80 millions de Bangladais sont sur le point d’être déplacés car de vastes régions du pays deviennent « inhabitables » à cause des perturbations climatiques : « Comment ce déplacement à grande échelle affectera-t-il la sécurité du monde, sachant que la région compte près de 40 % de la population mondiale avec plusieurs puissances nucléaires antagonistes ? »

Avec une population huit fois plus nombreuse que celle de la Syrie, explique le rapport, « le déplacement définitif d’une grande partie de la population du Bangladesh serait une catastrophe régionale susceptible d’accroître l’instabilité mondiale ».

Les auteurs recommandent que l’armée américaine collabore avec le département d’État et l’USAID [Agence des États-Unis pour le développement international, NdT] pour « renforcer la résilience des organismes gouvernementaux [bangladais] et assurer la formation des militaires bangladais ».

La pénurie d’eau déstabilisera les nations et l’armée américaine

Si l’élévation du niveau de la mer présente un type de risque, il en est un autre lié à la rareté de l’eau, conséquence du changement climatique, de l’accroissement démographique et d’une mauvaise gestion de la ressource. Le rapport décrit la rareté de l’eau comme un risque à court terme pouvant entraîner des troubles civils et une instabilité politique.

D’ici 2040, la demande mondiale en eau douce dépassera la ressource disponible et, d’ici 2030, un tiers de la population mondiale vivra dans les « régions en situation de stress hydrique » d’Afrique du Nord, d’Afrique australe, du Moyen-Orient, de Chine et des États-Unis, note le rapport.

La diminution de la disponibilité de l’eau au cours des deux prochaines décennies entraînera une augmentation des « perturbations sociales » dans les régions pauvres et vulnérables.

La rareté de l’eau pourrait également devenir un facteur d’échec du système alimentaire mondial, ce qui pourrait déclencher de nouvelles « flambées de conflits civils et de troubles sociaux ».

Le rapport décrit un système alimentaire mondial de plus en plus perturbé par « des cycles rapides de gel-dégel au printemps et à l’automne, la dégradation des sols, l’épuisement des eaux fossiles des aquifères, l’intensification de la propagation des ravageurs et des maladies des cultures et les dommages causés aux infrastructures maritimes par les submersions ».

Une telle instabilité du système alimentaire entraînera « une augmentation significative de la mortalité dans les endroits vulnérables, qui sont ceux où l’intervention humanitaire soutenue par le ministère de la Défense est la plus probable ».

Mais les interventions militaires étrangères, en particulier dans les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord où l’eau est rare, pourraient ne pas être matériellement possibles, à moins que l’armée américaine n’invente ou n’acquière de nouvelles technologies radicales pour distribuer suffisamment d’eau aux soldats.

Le problème est si aigu et coûterait si cher, dit le rapport, que l’armée « ne pourrait assurer correctement ses missions en cas de conflit dans un environnement aride, faute d’une alimentation en eau suffisante des troupes ».

Selon le dernier rapport de l’armée, l’eau représente actuellement 30 à 40 % des coûts d’une force militaire américaine opérant à l’étranger. Le transporter l’eau en bouteilles pour les unités de l’armée nécessite une importante infrastructure. Le rapport recommande donc de nouveaux investissements massifs dans les technologies de captage de l’eau atmosphérique au niveau local, sans lesquels les opérations militaires américaines à l’étranger pourraient devenir impossibles. Le principal obstacle, est que cela est loin des priorités actuelles du Pentagone en matière de financement.

Le carnage du pétrole dans l’Arctique

Et pourtant, le principal angle mort du rapport est son absence de doctrine quant à la nécessité d’une transition rapide pour sevrer l’ensemble de la société des énergies fossiles.

Il est paradoxal qu’un rapport sur la promotion des bonnes pratiques environnementales dans l’armée de terre identifie l’Arctique comme un endroit stratégique essentiel de la présence militaire future des États-Unis, et ce afin de maximiser la consommation de combustibles fossiles.

L’Arctique renfermant environ un quart des réserves d’hydrocarbures non découvertes dans le monde et les auteurs estimant qu’environ 20 % de ces réserves pourraient se trouver sur le territoire américain, ils notent un « fort risque de conflit » pour ces ressources, en particulier avec la Russie.

La fonte de la banquise arctique est présentée comme l’issue inéluctable des prochaines décennies, ce qui signifie que de nouvelles possibilités économiques majeures s’ouvriront pour exploiter les ressources pétrolières et gazières de la région ainsi que pour établir de nouvelles routes maritimes : « L’armée américaine doit immédiatement commencer à accroître sa capacité d’opérer en Arctique pour défendre nos intérêts économiques avec nos alliés dans la région. »

Les hauts responsables de la Défense à Washington s’attendent manifestement à ce que l’armée américaine joue un rôle sur le long terme, tant à l’étranger que dans le pays, alors que le changement climatique fait des ravages sur les dispositifs vitaux d’approvisionnement en nourriture, en eau et en électricité. L’armée américaine est non seulement un danger crucial pour notre système démocratique déjà fragile, mais, plus grave encore, elle est de loin le principal moteur du changement climatique en étant le plus gros consommateur institutionnel de combustibles fossiles au monde.

La perspective d’un rôle permanent toujours plus important pour l’armée de terre sur le sol américain pour faire face aux impacts croissants du changement climatique est un scénario qui peut fortement surprendre tant il va à l’encontre de la séparation traditionnelle entre l’armée américaine et les affaires intérieures.

En présentant ce point de vue, le rapport illustre par mégarde ce qui se passe lorsque le climat est considéré sous l’angle étriqué de la « sécurité nationale ». Au lieu d’encourager les gouvernements à s’attaquer aux racines du problème par le biais de « changements sans précédent dans tous les aspects de la société » (selon les termes du rapport du GIEC de l’ONU à la même époque l’année dernière), le rapport de l’armée exige plus d’argent et de pouvoir pour les institutions militaires tout en laissant les causes de la crise climatique s’accélérer. Il n’est peut-être pas surprenant que des scénarios aussi désastreux soient prévus puisque les solutions qui permettraient d’éviter ces scénarios ne sont pas explorées sérieusement.

Plutôt que d’attendre que l’armée américaine intervienne après l’effondrement climatique – à un moment où l’armée elle-même risque de s’effondrer – nous ferions mieux de nous attaquer à la cause profonde du problème que ce rapport évite : La dépendance chronique de l’Amérique à l’égard du pétrole et du gaz, qui est à l’origine de la déstabilisation des écosystèmes de la planète.

Source : Motherboard, Nafeez Ahmed

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

«Amish» et 5G : Macron toujours plus innovant dans la ringardisation
Laure Equy
www.liberation.fr/france/2020/09/15/amish-et-5g-macron-toujours-plus-innovant-dans-la-ringardisation_1799560

Avant-hier, les «chevelus en sandales et pulls qui grattent». Hier, les «Khmers verts», les «ayatollahs de l’écologie». Désormais… les «amish». En voilà une trouvaille subtile et inventive qu’a dégotée Emmanuel Macron pour moquer les élus EE-LV et de gauche mobilisés pour réclamer un moratoire et un débat sur le déploiement de la 5G.

Certes, les Verts ont l’habitude de servir d’épouvantails obscurantistes, d’être taxés de dangereux décroissants, de végans excités, d’austères dépourvus du sens de la fête (voir l’épisode de feu le sapin de Noël bordelais). La tactique est éculée, à défaut d’être constructive. Car Emmanuel Macron, chantre de la «pensée complexe», ne s’est pour le coup pas foulé. Refuser en bloc une innovation technologique est un peu court. Mais y voir un bienfait au seul motif que c’est une innovation, est-ce ainsi que l’on remporte la palme de la modernité ? Est-ce avoir fait le tour de la notion de progrès ?

Ses opposants lui ont renvoyé ses compliments de ringardise et de posture. Que Macron veuille en découdre avec ses adversaires verts en les cornérisant dans une «écologie du moins» face à ce qui serait une «écologie du mieux» est une chose. Mais c’est vite oublier la parole donnée en juin à la Convention citoyenne pour le climat. Ces 150 personnes auxquelles le Président savait gré de «tourner le dos au ­modèle de la décroissance» et dont il promettait de retenir les propositions, sauf trois d’entre elles. Leur demande d’un moratoire sur la 5G ne figurait pas parmi ces ­«jokers».

Discréditer l’émetteur est par ailleurs commode pour se débarrasser de son message. Sans opposer d’emblée un «niet» à la 5G, de multiples questions méritent pourtant d’être posées, dans le calme et, de part et d’autre, sans oukase. Son impact environnemental d’abord ; son utilité sociale (à ce titre, la cantonner au visionnage de «pornos en HD dans un ascenseur», dixit Eric Piolle, était aussi un raccourci) ; la priorité de franchir ce cap quand il faudrait déjà en finir avec les zones blanches ; ses enjeux de souveraineté et de sécurité ; ses risques sanitaires.

Dans la même intervention –  sans risques, devant un parterre de startup-peurs de la French Tech  –, Macron a eu beau jeu d’en appeler à un «débat éclairé». Le voilà bien parti. Pour en poser le cadre, peut-être eût-il fallu éviter d’emblée de se ranger du côté de la France «des Lumières» contre les tenants du «retour à la lampe à huile». Conseil d’amish.

Covid-19 : les morts de l’immunité collective
Sylvestre Huet
www.lemonde.fr/blog/huet/2020/09/15/covid-19-les-morts-de-limmunite-collective

Et si on essayait l’immunité collective ? En l’absence de traitements efficaces, de vaccins, pourquoi ne pas se débarrasser de l’épidémie de Sars-Cov-2 en laissant la maladie se développer ?

Après tout, on peut espérer qu’elle ne passe qu’une fois. Et qu’après l’avoir eu, on ne puisse la contracter une deuxième fois. Du coup, dès lors que suffisamment d’entre nous l’auront contracté, et seront donc immunisés, le virus serait coincé, incapable de se propager plus avant dans la population. En théorie… c’est possible. Mais quel en serait le coût ? Combien de morts pour cette stratégie ? Deux scientifiques viennent de le calculer, dans un article publié par Nature review immunology.

Le résultat ? Pour la France, entre 100 000 et 450 000 morts. Pour les Etats-Unis entre 500 000 et 2 100 000 morts.

Arnaud Fontanet et Simon Cauchemez (de l’Institut Pasteur à Paris) sont spécialistes de l’épidémiologie. Ils ont donc repris ce concept classique de « l’immunité collective » et appliqué les informations disponibles sur le coronavirus Sars-Cov-2. Nous connaissons le nombre de décès que le virus a provoqué dans des pays comme l’Italie, la France, l’Espagne… et le pourcentage de la population qui a contracté le virus. Des incertitudes sont associées à ces informations. Si le nombre de décès est assez bien connu, la part de la population qui a porté le virus en est déduite car seule une petite minorité a été testée. Pour la France, à la mi-mai,  une étude estimait entre 2,8% et 7,2%, la part des habitants qui avait contracté le virus, soit entre 1,8 et 4,7 millions de personnes.

Confiance raisonnable

En outre, l’accord entre ces estimations et les calculs des modèles mathématiques utilisés juste avant les décisions de confinements en Europe permet d’avoir une confiance raisonnable envers ces estimations. Les incertitudes obligent toutefois à calculer une « fourchette » de décès qu’occasionnerait une telle stratégie si elle était délibérément mise en oeuvre et non un chiffre unique. Cette stratégie suppose que l’on atteigne au moins 50% de la population qui, pour avoir porté le virus, en est désormais immunisée. Les deux scientifiques ont donc fait un calcul « optimiste », en s’arrêtant à ce nombre.

Les fourchettes issues de ce calcul – pour la France, entre 100 000 et 450 000 morts. Pour les Etats-Unis entre 500 000 et 2 100 000 morts – tiennent compte du « profil » actuel des décès, concentrés chez les plus de 65 ans affectés de co-morbidités (diabètes, obésité, maladies chroniques respiratoires, maladies cardiaques). Pour des populations plus jeunes en moyenne, comme en Afrique, les chiffres seraient moins dramatiques.

Quel gouvernement, dans un pays démocratique au moins, pourrait survivre à un tel choix délibéré et assumé devant les citoyens ?

Pour les deux scientifiques, poursuivre les efforts visant à limiter la propagation du virus, les améliorations de la prise en charge des malades et la mise au point de vaccins – qui permettront d’accéder à l’immunité collective… mais sans les morts associés – constituent les seules actions acceptables.

TRIBUNE. Des ‘risques majeurs sur le climat’ : des ONG réclament l’abandon de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur
France Info
www.francetvinfo.fr/economie/commerce/mercosur/tribune-des-risques-majeurs-sur-le-climat-des-ong-reclament-l-abandon-de-l-accord-entre-l-union-europeenne-et-le-mercosur_4106665.html

Conclu en grande pompe à l’été 2019 après 20 ans de discussions, l’accord commercial de l’UE avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) est aujourd’hui au point mort. Dès son arrivée fin 2019, la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a érigé le sujet en priorité. Elle doit s’exprimer à ce sujet, mercredi 16 septembre. Dans cette tribune, des ONG de défense de l’environnement dénoncent les conséquences de cet accord sur les « écosystèmes » et les droits humains. Elles réclament à Emmanuel Macron des « actes », pour que « cet accord de commerce négocié entre l’Union européenne et le Mercosur soit rejeté par les Etats membres de l’UE et définitivement enterré. » Elles s’expriment ici librement.

Monsieur le président de la République,

Le 2 juin 2017, alors que Donald Trump annonce que les Etats-Unis se retirent de l’accord de Paris, vous annoncez vouloir #MakeOurPlanetGreatAgain [Rendre sa grandeur à la planète]. Puis, lors du sommet du G20 à Osaka en 2019, vous déclarez « Je ne veux pas faire d’accords de commerce avec des gens qui ne suivent pas l’accord de Paris, qui ne respectent pas nos engagements en termes de biodiversité ».

Quelques semaines plus tard, en marge du G7 de Biarritz, sous la pression internationale due aux incendies qui ravagent l’Amazonie et d’autres écosystèmes précieux au Brésil et dans les pays voisins, vous reconnaissez que la France a « une part de complicité » dans les incendies et vous déclarez que vous ne signerez pas l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur « en l’état ». Le 29 juin 2020, devant la Convention citoyenne pour le climat, vous annoncez que « c’est pour cela que sur le Mercosur, j’ai stoppé net les négociations, et les derniers rapports qui ont pu nous être soumis me confortent dans cette décision ».

Les impacts sociaux et environnementaux de l’accord

A vous entendre, la France refuserait donc de signer tout accord de commerce qui ne respecterait pas l’accord de Paris et ne protégerait pas la biodiversité et les droits humains. Pourtant, le 2 juillet 2020, le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, se félicite de la finalisation des négociations de l’accord entre l’UE et le Mercosur. Que croire ? C’est à n’y rien comprendre.

Avec cet accord, l’Union européenne s’apprête à accorder un chèque en blanc aux multinationales pour faire exploser le commerce transatlantique entre ces deux régions, aux dépens de toute considération sociale et environnementale.

Alors que nous attendons la publication dans les prochains jours du rapport de la commission d’experts mandatée par votre gouvernement en juillet 2019 pour évaluer les impacts sanitaires et environnementaux de cet accord, une nouvelle étude du CCFD-Terre Solidaire et de Greenpeace publiée récemment, dans le sillage de toutes celles déjà produites par les autres signataires de ce texte, détaille point par point les risques majeurs que l’accord UE-Mercosur fait peser sur le climat, la biodiversité et les droits humains.

 « Explosion des quotas de bœuf, de soja et d’éthanol importés »

Les chiffres sont accablants et la menace que fait peser cet accord sur la transition de nos systèmes agricoles et industriels est réelle : explosion des quotas de bœuf, de soja et d’éthanol importés, pression massive sur les territoires autochtones et les écosystèmes, levée des droits de douane sur les pesticides, absence de toute contrainte à destination des entreprises, absence de mécanisme permettant aux populations affectées de contraindre ces mêmes entreprises multinationales à répondre de leurs impacts devant les tribunaux, manque de lignes rouges claires permettant de suspendre l’accord en cas de violations des droits humains ou de l’environnement…

Les populations autochtones et les milieux naturels sont-ils quantité négligeable dans la relance européenne ‘post-Covid’ et son ‘Green Deal’ ?Les signataires de la tribuneà franceinfo

Alors même que 33 défenseurs de l’environnement ont été assassinés en Amazonie pour la seule année 2019 et que les incendies ne cessent de battre des records cette année, l’accord UE-Mercosur augmenterait encore davantage la pression sur les droits humains et les écosystèmes en Amérique latine.

« Une alternative à l’actuelle politique commerciale européenne existe »

Pour s’opposer à cet accord UE-Mercosur dont l’impact sur les forêts, le climat et les droits humains serait désastreux, des actes sont nécessaires.

Monsieur le Président, vous devez vous y opposer et vous assurer que cet accord de commerce négocié entre l’Union européenne et le Mercosur soit rejeté par les Etats membres de l’UE et définitivement enterré.

Une alternative à l’actuelle politique commerciale européenne existe. Elle repose sur le renforcement de notre souveraineté alimentaire, sur les circuits courts, sur l’adoption de normes sociales et environnementales universelles ambitieuses, sur des normes européennes et internationales contraignantes afin de s’assurer du respect des droits humains et de l’environnement par les entreprises multinationales qui, aujourd’hui, font leur loi de part et d’autre de l’Atlantique. Si, réellement, vous êtes #TousEcologistes, abandonnez l’accord.


Hauek dira babestu beharko genituzkeen lurrak, bioaniztasuna segurtatu eta klima egonkortzeko
Urko Apaolaza Avila
www.argia.eus/albistea/hauek-dira-babestu-beharko-genituzkeen-lurrak-biodibertsitatea-segurtatu-eta-klima-egonkortzeko

Mundua mapeatu dute, eta orain, xehe-xehe dakigu ezinbestean zein lur eremu babestu beharko genukeen gainean dugun krisi bikoitzari aurre egiteko: bioaniztasuren galera eta klima larrialdia. Sciences Advance aldizkarian Global Safe Net (Segurtasun Sare Globala) proiektuaren ondorioak argitaratu dituzte, eta honen arabera, gutxienez lurrazalaren erdia babestu beharko litzateke, egungo %15aren aldean.

Kilometro koadroko pixel bat. Horraino iritsi da Global Safe Net (GSN) munduan babestu beharreko lur eremuak mapeatzeko orduan. Berrikitan argitaratu ditu bere ikerketaren ondorioak, eta webgune bat ere atondu du, azaletik azalera ikusteko zein diren espezieen kontserbaziorako natur guneak nola karbonoa biltegiratzeko biomasen eremuak.

Askotan bananduta ageri zaizkigun arren, biodibertsitatearen galera eta klima larrialdia eskutik datoz. Are gehiago, munduaren berotze globalaz gain, gizakiarentzat beste mehatxu batzuk ere agerian jarri zaizkigu Covid-19aren pandemiarekin: zoonosiek eragindako gaixotasunak. Munduko bizitza ororentzat etorkizun ilun hori saihesteko, beharrezkoa litzateke orain duguna baino askoz ere lur eremu gehiago babestea.

GSNek dioenez lurrazalaren erdia bermatu beharko litzateke zeregin horretara. Egun, 20 milioi kilometro koadro daude babestuta, eta 67 milioi kilometro koadro beharko liratekeela dio proiektuak.

Zehazki, egun babesturik dauden eremuez gain, lurrazalaren beste %30 identifikatu dute espezieen aniztasuna eta ugaritasuna kontserbatzeko ezinbesteko bezala; bereziki Siberian eta Kanadako iparraldean daude, baita Brasil, AEB, Australia eta Txinako habitat zabaletan ere, natur aberastasun handikoak. Gainera, lurrazalaren %5 gehiago karbono-biltegi bezala erabili beharko litzateke, “klima egonkortzeko”. Denera, beraz, Munduaren erdia.

Gizakiak urbanizaturiko dentsitate altuko guneak eta nekazaritzara emanikoak ez dira kontuan hartu mapa osatzerako garaian, bai ordea gizaki gutxi bizi direnak edo urrunekoagoak. Zentzu horretan, ikerketak arreta berezia jarri die lurralde indigenei, babestu beharreko guneen %37 osatzen baitute: “Horrek erakusten du herri indigenek eta euren lurrek eginkizun garrantzitsua dutela biodibertsitatea eta Lurreko atmosfera zaintzeko”.

Beste ondorioetako bat da desagertzeko arrisku larrian dauden espezieak babesteko nahikoa litzatekeela soilik lurren %2,5 gehiago babestea –egungoez gain–, eta hori gauzagarria litzatekeela bost urteren buruan.

Lur autoktonoen inguruko erreklamazioei kasu egitea, Parisko klimaren gailurrean hitzemandakoa betetzea eta Naturaren Aldeko Akordio Globala aurrera eramatea funtsezkoak direla deritzote ikerketaren sinatzaileek. Gogorarazi dute COVID-19aren pandemiarekin estatuek erakutsi dutela gai direla milaka milioi diru mobilizatzeko, eta kasu honetan ere gauza bera egin beharko luketela.

Eta Euskal Herrian zer?

Mapak hamaika biodibertsitate geruza gainjartzen ditu (babestu beharreko espezieen sail handiak, fenomeno arraroak, ukitu gabeko lurrak…) eta eremuen arteko korridoreak ere identifikatzen ditu, batez beste 2,5 kilometro zabalerakoak. Eko-eskualdeka eta herrialdeka kontsultatu daitezke datuak.

Euskal Herriari dagokionez, Kantauri, Iberiar Penintsula eta Pirinioetako basoen eko-eskualdeak bereizi daitezke. Bertoko lurren zati bat jadanik babesturik dago, Parke Natural eta antzeko sareen bidez, baina horrez gain, Nafar Pirinioetan oso-osorik mantendu diren “eremu basatiak” ere babestu beharko lirateke, baita biomasa handiko lur-sail ugari ere, kasu honetan lurralde guztietan erabat barreiatuak, hala nola Bortzirietan, Malerrekan, Altzanian edo Uribarri urtegiaren iparraldean.

Euskal Herrian, Nafar Pirinioetako « eremu basatiak », biomasa biltzen duten gune txiki ugari eta korridore ekologikoak babestu beharko lirateke, gaur egun babestuta daudenez gain.

Eremuen zatikatze gehiegizkoak halabeharrean dakar korridore ekologiko ugari ezarri behar izatea; Euskal Herriaren kasuan oso nabarmen ikusten da hori. Esaterako, Gipuzkoan Aiako Harria eta Pagoeta parke naturalen artean dauden Andatza, Belkoain edo Zubietako gainak –erraustegia barne– zeregin horretarako babestea proposatzen du Global Safe Net proiektuak.