L’air pollué a encore de beaux jours devant lui
Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/l-air-pollue-a-encore-de-beaux-jours-devant-lui,43961?xtor=EPR-9
Toxique Planète. Le Scandale invisible des maladies chroniques
André Cicolella
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L’écologie appelle un changement dans l’ordre des choses
Noël Mamère
www.reporterre.net/spip.php?article5509
Climat : 10 défis et 10 questions pour François Hollande et le gouvernement (2/2)
Maxime Combes
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L’air pollué a encore de beaux jours devant lui
Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/l-air-pollue-a-encore-de-beaux-jours-devant-lui,43961?xtor=EPR-9
Le seuil du niveau d’alerte (1) pour les particules fines PM10 a de nouveau été dépassé, ce 13 mars, sur la partie Nord de la France ainsi que dans la vallée du Rhône. La pollution atmosphérique voit rouge dans plus de trente départements. Face à cette situation, le ministère de l’écologie annonce la gratuité des transports en commun franciliens mais rejette la circulation alternée.
Pourquoi la circulation alternée n’est-elle pas décrétée dans les régions frappées par des pics de pollution à répétition? Le ministre de l’écologie Philippe Martin n’a pas voulu répondre à cette question lors de la conférence de presse, qu’il a organisée à la hâte, ce 13 mars à l’hôtel de Roquelaure, sept jours après le premier dépassement du seuil d’alerte aux particules fines en France.
Réclamée par les écologistes, cette mesure avait pourtant eu droit de cité, le 18 décembre dernier, au ministère. Philippe Martin avait alors annoncé vouloir la réactiver lors des pics de pollution aux particules fines et aux oxydes d’azote (NOx).
Un décret inutile
Le dossier de presse publié à l’issue du Comité interministériel de la qualité de l’air (Ciqa) précisait qu’il fallait d’abord changer la réglementation. «La circulation alternée fait partie des mesures d’urgence pouvant être prises dans les situations de dépassement du seuil d’alerte, pour limiter l’ampleur des pointes de pollution. Mais ce dispositif ne peut être déclenché à l’heure actuelle que pour les pics de pollution à l’ozone».
Le ministère remettait ainsi à 2014, «l’élaboration d’un décret en Conseil d’Etat permettant d’instaurer la circulation alternée lors de pics de pollution réglementés comme les particules PM 10 ou les oxydes d’azote».
Trois mois plus tard, la circulation alternée semble avoir disparu des écrans gouvernementaux. Mais contrairement aux arguments ministériels, il est tout à fait possible de l’instaurer immédiatement sans prendre un nouveau décret, et cela dans tous les départements de l’Hexagone. «La loi LAURE (2) votée en 1996 permet de prendre un certain nombre de mesures de restriction de la circulation, quel que soit le type de pollution atmosphérique», confirme Corinne Lepage, qui est à l’origine de cette loi. «J’ai d’ailleurs pris soin que le texte ne renvoie à aucun décret d’application afin d’éviter des retards accidentels dans les bureaux des ministères», ajoute-t-elle.
Gratuité des transports en commun franciliens
Ce 13 mars, le ministère de l’écologie s’est donc contenté d’annoncer, aux côtés du président de la région francilienne Jean-Paul Huchon, la gratuité des transports en commun d’Ile-de-France, du 14 au 16 mars compris. Un bilan sera dressé le 15 mars au soir pour décider une éventuelle prolongation. Tous les habitants sont invités à laisser leur voiture au parking. Pour d’autres mesures, il faudra attendre le projet de loi sur la transition énergétique, «qui comprendra un volet sur la qualité de l’air», a précisé Philippe Martin. La pollution de l’air a été classée, le 17octobre 2013, comme cancérigène avéré (classe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ).
Dans l’attente de mesures adaptées
Le candidat écologiste à la mairie de Paris, Christophe Najdovski a dénoncé «l’inaction irresponsable des pouvoirs publics qui ont attendu les 8ème jour de pollution pour que cette mesure soit prise». Il réclame aussi de compléter le dispositif au plus vite, par la mise en place de la circulation alternée des automobilistes et par le contournement routier de Paris par les poids lourds. Un contournement que la préfecture de police aurait pu instaurer depuis 5 ans, comme le permet le plan de protection de l’atmosphère francilien, selon Claude Bascompte, président des Amis de la Terre Paris.
Plus largement, le responsable associatif réclame trois mesures importantes: «sensibiliser les citoyens sur les enjeux de la lutte contre la pollution atmosphérique par un dispositif d’information et d’alerte cohérent, renforcer les transports en commun et restreindre fortement la circulation automobile». De façon régulière, et pas seulement en cas de pic de pollution.
(1)Le seuil du niveau d’alerte s’élève à 80 µg/m3 d’air sur 24 heures pour les PM10. Le plafond du niveau d’information est égal à 50 80 µg/m3.
(2)Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE) du 30 décembre 1996 instaure notamment les plans de protection de l’atmosphère et les plans de déplacements urbains
Toxique Planète. Le Scandale invisible des maladies chroniques
André Cicolella
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Dans un précédent livre paru en 2007, Le Défi des épidémies modernes. Comment sauver la Sécu en refondant le système de santé, André Cicolella démontrait que la croissance des maladies chroniques conduirait à l’implosion de l’assurance maladie minée par des déficits impossibles à combler.
«Nous y sommes aujourd’hui», prévient-il. Avec ce nouvel opus, le toxicologue, conseiller scientifique à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) et par ailleurs président du Réseau environnement santé (RES), nous révèle l’ampleur de ce qu’il convient bien de qualifier de quatrième crise écologique mondiale.
Au réchauffement climatique, à la chute de la biodiversité et à l’épuisement des ressources naturelles, s’ajoute désormais la catastrophe sanitaire.
La pandémie des cancers, pathologies cardiovasculaires, maladies respiratoires, obésité, diabète, maladies neurologiques et troubles de la reproduction affecte tous les pays de la planète.
En cause, l’adoption du mode de vie occidental dans toutes ses composantes – production, consommation, alimentation, logement et déplacements.
Pour répondre à cette crise sanitaire, c’est à une véritable révolution copernicienne qu’il faut procéder. Nous devons réviser l’ancien paradigme biomédical du XXe siècle, qui réduit les causes environnementales des maladies aux microbes, privilégie les maladies infectieuses aux maladies chroniques, le curatif au préventif, l’action facteur par facteur à une vision systémique et croit à l’existence de seuils au-dessous desquels un toxique est inoffensif.
Autre principe à reconsidérer : « la dose fait le poison », que l’alchimiste allemand Paracelse avait énoncé au XVIe siècle. En effet, l’étude des perturbations endocriniennes prouve que c’est la période qui fait le poison, la majeure partie des impacts étant consécutive à l’exposition pendant la période de gestation. Qui plus est, ce que met en lumière la montée de la question des perturbateurs endocriniens, tel le bisphénol A utilisé pour la fabrication des biberons ou le revêtement intérieur des boîtes de conserve, c’est le caractère développemental des maladies de l’adulte, à la suite de différents stress environnementaux – chimiques notamment – et leur transmission à travers les générations via des mécanismes épigénétiques.
Ainsi, la crise sanitaire ne peut être comprise comme la simple conséquence de comportements individuels problématiques. Les facteurs de risque doivent aussi être analysés en termes de pollution, d’urbanisation, d’inégalités et plus largement d’environnement social et culturel.
L’auteur définit ainsi les priorités de la transition écologique pour une révolution de la santé : d’abord en finir avec la nourriture ultra-transformée et l’agriculture productiviste en développant l’agroécologie ; créer une organisation mondiale de l’environnement pour lutter contre la contamination chimique généralisée ; mettre fin au tout-automobile et créer des villes-santé ; lutter contre l’épidémie cachée de maladies professionnelles née de la mondialisation en promouvant les droits sociaux ; enfin, réduire les inégalités et réformer les systèmes de protection sociale en les faisant évoluer d’une logique d’assurance maladie vers une logique d’assurance santé.
Clé de voûte de ce programme, une nouvelle définition : « La santé est la traduction de la qualité de la relation de l’être humain à son écosystème ». Le propos du livre n’est en aucune façon catastrophiste car, pour André Cicolella, si l’ampleur de la crise sanitaire est considérable, nous avons de nombreuses cartes en main pour y faire face. Encore faut-il vouloir les utiliser. C’est donc logiquement par un appel à la mobilisation de la société civile que conclut l’auteur, la deuxième révolution de santé publique ne pouvant être d’initiative purement institutionnelle. La récente interdiction du bisphénol A, obtenue notamment grâce à l’activisme du RES, nous en apporte la preuve éclatante.
L’écologie appelle un changement dans l’ordre des choses
Noël Mamère
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« La crise écologique implique la remise en cause des rapports de propriété. Il faut remettre le commun au cœur de l’écologie. »
En 1840, le philosophe libertaire Proudhon, paraphrasant Sieyes, publie sa première œuvre : Qu’est-ce que la propriété ? Sa réponse – « La propriété, c’est le vol » – fait scandale à l’époque. Pourtant, cette inversion fait sens au moment où la révolution industrielle et les propriétaires fonciers s’approprient les richesses sur le dos de la paysannerie et de la jeune classe ouvrière.
Cent soixante quinze ans plus tard, un autre philosophe, Yves-Charles Zarka pose comme postulat L’inappropriabilité de la terre, titre de son remarquable petit essai (Armand Colin, 2013). Ce faisant, il instaure un principe fondamental, au cœur des luttes et des problématiques écologistes actuelles qui dénoncent l’appropriation productiviste en train de détruire notre monde habitable.
Sur l’ensemble de la planète, un petit nombre de groupes multinationaux accaparent les terres, pillent les ressources naturelles des peuples, s’approprient sans vergogne leurs savoir-faire ancestraux. Comme on l’a vu pendant les deux mondialisations précédentes, celles de l’esclavage et des empires coloniaux, cette conquête de nouveaux marchés passe toujours par la surexploitation des territoires et des populations.
La forme a changé, mais le fond de sauce est le même. La prédation des multinationales de l’énergie et des groupes agro-alimentaires n’a jamais été aussi violente et sans limites. Conséquence : la question de la propriété, qui avait été enterrée par les discours anesthésiants sur les bienfaits de l’économie verte et les pratiques du greenwashing, revient comme un boomerang.
L’écologie suppose un partage des ressources
L’écologie est incompatible avec l’appropriation privée du sol, ce droit d’aubaine sauvage et sans contrôle. Elle suppose un partage commun des ressources, un rapport collectif à la propriété. L’idée du « commun », que le vingtième siècle avait condamnée aux oubliettes, revient en force au vingt et unième. Le « commun » n’a rien à voir avec l’étatisation, parce qu’il suppose l’association libre des producteurs, des usagers, des consommateurs, des citoyens. Et ce que Proudhon avait aussi découvert, la mutualisation.
On redécouvre l’idée du « commun » aussi bien dans les AMAP qui s’opposent au parasitage de la grande distribution, que dans les occupations des sans-terre au Brésil. Mais le commun ne se limite pas à la propriété foncière. il s’étend à l’immatériel, comme le montre la lutte contre le brevetage du vivant ou le mouvement des logiciels libres. Le commun n’est pas une nostalgie, mais une idée d’avenir, car l’intelligence collective ou la culture, l’air, l’eau ne peuvent pas être privatisés.
La morale de l’histoire est simple : l’écologie ne peut se réduire au verdissement du capitalisme. Elle suppose un changement dans l’ordre des choses. La crise écologique implique la remise en cause des rapports de propriété. Comment ne pas limiter la souveraineté des patrons quand l’entreprise a une emprise sur l’air, sur l’eau, sur les océans, quand la pollution qu’ils génèrent fait mourir des milliers de gens ?
Les écologistes ont eux-mêmes perverti leur combat en cautionnant le marché du carbone, en mettant aux enchères le climat, en le livrant aux marchands du temple. Il faut remettre le commun au cœur de l’écologie.
Source : Noël Mamère pour Reporterre
Image : Maisons du bien être
Lire aussi : Six outils pour faire vivre les biens communs
Climat : 10 défis et 10 questions pour François Hollande et le gouvernement (2/2)
Maxime Combes
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A prétendre disposer d’un « leadership en matière de lutte contre le changement climatique » avec les Etats-Unis et Barack Obama, on peut se demander si François Hollande a bien saisi les défis que pose le péril climatique. Des défis qui sont autant de questions pour un gouvernement qui multiplie les incohérences. Tour d’horizon..
Pour faire rire la Terre entière ?
S’auto-décerner un rôle de « leadership » en matière climatique avec un pays qui a refusé de ratifier le protocole de Kyoto et qui sape les négociations climatiques internationales depuis deux décennies, aurait du faire rire la Terre entière. En tout cas plus que les pantalonnades sur la vie privée de François Hollande. Les Etats-Unis ne sont-ils pas premier du classement des pays ayant le plus émis de CO2 en cumulé depuis 1850, avec près de 20 % des émissions totales ? Et n’est-ce pas aux Etats-Unis que l’on trouve les niveaux d’émissions par habitants les plus élevés de la planète, hormis les petits pays producteurs d’hydrocarbures fossiles ?
Et si les prétentions de la tribune conjointe de Barack Obama et François Hollande cherchaient au contraire à masquer l’absence de toute ambition climatique des deux pays ? Alors que la France doit accueillir la 21ème conférence internationale sur le climat de l’ONU en 2015, celle qui doit aboutir à « un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2°C » selon les objectifs fixés par Laurent Fabius, le gouvernement français multiplie les incohérences et les décisions hypocrites en matière de lutte contre les dérèglements climatiques et de transition écologique et sociale.
Tour d’horizon, en dix défis qui sont autant de questions urgentes auxquelles François Hollande et le gouvernement devraient s’atteler plutôt que de se payer de bons mots.
Comme la société civile l’a exprimé à Varsovie lors de la précédente conférence internationale, « assez de mots, des actes ».
(…) 6. … et financer une véritable transition écologique et sociale
Lors de la dernière conférence environnementale, François Hollande a annoncé vouloir organiser au printemps une conférence bancaire et financière afin de contribuer au financement de la transition écologique. Le financement de la transition écologique n’est pas une question technique : elle implique des choix politiques portant sur les priorités, les modalités économiques, sociales et techniques, sur les orientations scientifiques et les choix d’innovation à privilégier et sur les différentes modalités de financement. A en croire le livre blanc remis aux ministères de l’Économie et des finances et ministère de l’Écologie, la vision de l’Etat est technique et comptable, au profit d’une approche d’économie financière réductionniste, manquant totalement d’ambition (voir l’analyse et les propositions d’Attac France). Si les menaces de la crise écologique, climatique et sociale sont réellement prises au sérieux, il faudra autre chose qu’un accompagnement du marché et du secteur privé pour en venir à bout. Efficacité et sobriété énergétique, relocalisation des activités et financement et promotion des biens communs, les pistes alternatives sont connues, tout autant que les vecteurs de financement : crédits et banque publics pour la financement de la transition, fiscalité écologique redistributrice et juste, financement participatif et décentralisé, taxe kilométrique internationale, etc. François Hollande et le gouvernement sont-ils prêts à délaisser les lobbies économiques et financiers pour emprunter des voies porteuses d’une véritable transition écologique ?
7. Une véritable loi pour la transition énergétique
En reprenant à son compte l’exigence issue du Débat national sur la transition énergétique (DNTE) visant à diminuer de 50 % la consommation d’énergie finale en France d’ici 2050, tout en y ajoutant une exigence de réduction de 30 % de la consommation d’énergie fossile d’ici 2030, François Hollande avait, lors de la conférence environnementale, clairement marqué des points en faveur d’une véritable transition énergétique. Et ce même si les exigences de la société civile sont encore plus élevées. Couplés à l’engagement, également insuffisant, de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2025, ces deux objectifs donnaient le cap d’un scénario de descente énergétique, là où l’administration et les grands énergéticiens français avaient toujours promu un accroissement de l’offre. Les annonces selon lesquelles la diminution de la part d’énergie nucléaire à 50 % du mix énergétique en 2025 serait atteint par une hausse de la consommation des autres sources d’énergie, sont scandaleuses et symboles d’une régression inacceptable. A transformer la loi transition énergétique, loi qui devait marquer le quinquennat, en une loi « bas carbone » promouvant le statu quo nucléaire et une croissance de l’offre énergétique, François Hollande et le gouvernement se tireraient une balle dans le pied dans la perspective de la COP21 de 2015. Comment faire confiance au pays présidant la COP s’il n’est même capable d’instaurer des politiques climatiques et énergétiques à la hauteur des enjeux dans son propre pays ?
8. Une COP dénucléarisée
Ce revirement présidentiel est le fait des lobbies nucléaires et électriques. Au point que l’on peut se demander si le véritable ministre de l’énergie n’est pas Henri Proglio, PDG de EDF. De la même manière que les grands énergéticiens européens bataillent contre le soutien aux énergies renouvelables, les lobbies nucléaires et l’administration de l’énergie espèrent faire de la COP21 une conférence promouvant le nucléaire français, à travers Areva et EDF. Les bruits courent dans tous les couloirs des ministères concernés selon lesquels Areva et EDF pourraient être des sponsors de l’organisation de la COP, à la plus grande joie des artisans de la diplomatie économique française friands de nouvelles opportunités pour essayer de vendre des EPR aux quatre coins de la planète. Après la piteuse conférence des pollueurs (COP19) de Varsovie utilisé par le gouvernement polonais pour promouvoir le charbon et le gaz de schiste, nous aurions la non moins piteuse conférence des pollueurs de Paris promouvant le nucléaire à peine quatre années après la catastrophe de Fukushima. François Hollande et le gouvernement ont-ils conscience que la société civile ne cautionnera jamais une COP21 nucléarisée ?
9. Abandonner tous les grands et petits projets inutiles
Sans même parler d’exemplarité, il serait inconcevable que la France accueille la conférence sur le climat 2015 à Paris tout en ayant lancé les travaux de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, en promouvant les EPR de Flamanville et de Penly et sans avoir définitivement écarté toute exploration d’hydrocarbures de schiste et de couche sur le territoire français. Plutôt que de s’entêter à construire un aéroport inutile, dispendieux et dévastateur sur le plan agricole et écologique, François Hollande et le gouvernement ne feraient-ils pas mieux de financer le développement de modèles de transports alternatifs dans les nombreuses villes et régions qui en manquent cruellement ? Par ailleurs, le rapport 2012 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) préconise de ne pas consommer d’ici 2050 « plus d’un tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles » afin de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement global maximal d’ici la fin du siècle. François Hollande et le gouvernement vont-ils utiliser ce rapport pour justifier un moratoire international sur toute nouvelle exploration d’énergies fossiles et l’annulation de l’ensemble des permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux sur le territoire français, y compris les gaz de couche dans le Nord et l’Est de la France ?
10. Placer l’intérêt collectif hors d’atteinte des lobbies économiques
L’article 5.3 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) exclut la participation de l’industrie du tabac dans l’élaboration des politiques de santé publique en raison du « conflit fondamental et irréconciliable entre les intérêts de cette industrie et ceux de la politique de santé publique ». Pourquoi n’en serait-il pas de même dans le cadre de la Convention climat des Nations unies (CCNUCC) pour l’ensemble des industries des énergies fossiles et des secteurs les plus émetteurs de gaz à effets de serre ? Réformer la CCNUCC n’est pas chose aisée. Néanmoins le simple fait de mettre cette question sur la table marquerait la volonté de se libérer du poids des intérêts privés au profit de l’intérêt général. François Hollande et le gouvernement français ont donc le choix : organiser et institutionnaliser l’expansion de la mainmise des lobbies économiques et financiers sur les négociations climat, et plus largement sur l’ONU et ses programmes, ou bien contribuer à limiter et encadrer strictement leur influence.
A défaut de réponses à la hauteur des enjeux à chacun de ces défis, François Hollande et le gouvernement vont créer les conditions d’un véritable Seatlle du climat. Assez éloigné de l’idée qu’ils se font d’une COP21 réussie promouvant la stature de chef d’Etat de François Hollande.