Hier je passais en procès pour un portrait
Fanny Delahalle, Coordination de projets et animation de réseau pour @Alternatiba_ et @Anvcop21
twitter.com/fdelahalle/status/1168898319743143943
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Cette journée d’hier, ce 2 septembre 2019, je peux dire que je m’en souviendrai… Une journée folle, comme on n’a pas souvent l’occasion d’en vivre. Une journée stressante parce que beaucoup d’attention sur soi, beaucoup de sollicitations, beaucoup de journalistes, beaucoup, beaucoup de monde, des questions dans le tribunal auxquelles tu dois prendre soin de trouver les mots justes pour répondre, des interviews pendant lesquelles tu n’as pas le droit à l’erreur… mais aussi parce que tes parents sont présents et que tu as envie qu’ils soient fiers de toi.
Une journée épuisante parce que tu ne dors pas la nuit précédente, ressassant inlassablement tout ton programme pour la journée du lendemain et tous les mots, idées et pensées que tu as envie de partager ; parce que tu sais que tellement de personnes ont mis tellement d’énergie à préparer cette journée que tu te mets une pression folle pour essayer d’être à la hauteur, d’être à leur hauteur. Une journée où tu te mets à nu devant des personnes inconnues dans une salle triste et froide. Mais tu le fais parce que tu n’as pas le choix ; parce que tu ne sais pas faire autrement ; parce que c’est primordial qu’ils comprennent pourquoi tu as décroché ce portrait, qu’ils sachent que si tu as fait ce choix c’est parce que tu as décidé de désormais toujours te poser cette question avant d’agir : est-ce que je pourrai assumer ça quand mes nièces, qui ont aujourd’hui 1 an et demi et 4 ans et demi, me demanderont plus tard des comptes par rapport à la situation catastrophique qu’elles vivront ? Est-ce que je pourrai les regarder dans les yeux en leur répondant ? Qu’ils sachent que tu désobéis en te la posant cette question, que la réponse est OUI tu assumeras et c’est justement grâce à des actions comme les décrochages de portrait que tu peux justement assumer ; qu’ils sachent aussi que tu as décroché ce portrait parce que tu as envie justement que chacun se la pose cette question au quotidien, que eux juges se la posent avant d’émettre leur jugement, que eux procureurs se la posent avant de faire leurs réquisitions. Une journée où tu rencontres l’absurdité du système judiciaire quand tu entends le procureur (qui n’a pas dû se la poser cette question) demander à ce que tu sois condamnée à une amende de 500€. 500€ pour un cri d’alerte pendant que les multinationales et notre gouvernement qui nous privent de notre avenir continuent de détruire le climat en tout impunité. 500€ pour un portrait à 10€. Et si les vrais coupables, ceux qui aggravent chaque jour le dérèglement climatique étaient proportionnellement condamnés, de quelle peine écoperaient-ils ? Perpétuité ? Ce serait sans doute peu cher payer pour la perpétuité à laquelle ils nous condamnent tou.te.s… Mais surtout c’était une journée où j’ai reçu un soutien énorme, incroyable et c’est ça que je retiendrai avant tout. Vos cris, votre chaleur, votre présence, tous vos messages de soutien, vos sourires, vos câlins, votre énergie… Sans tout ça, Pierre et moi n’étions rien pendant cette journée. Alors tout simplement merci, du fond du cœur, merci ! Je suis tellement fière de ce que nous construisons tou.te.s ensemble, de cette belle famille qui s’agrandit de jour en jour. J’ai bon espoir que cette famille, demain, nous puissions l’appeler tout simplement l’Humanité quand chacun se sera rendu compte du danger auquel nous faisons face et du besoin imminent de passer à l’action. Rendez-vous le 16 septembre pour le délibéré. Et d’ici là, on se voit le 11 septembre à Paris et le 13 septembre à Orléans pour les prochains procès des décrocheurs et décrocheuses de portraits !
‘J’étais sûre qu’un jour j’irais te chercher en prison’
Pauline Boyer, engagée avec @alternatiba_ et @anvcop21 pour la justice sociale et climatique
www.facebook.com/pauline.boyer.1460
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Cette phrase prononcée par ma mère quand je suis sortie de garde à vue, elle n’aurait pas imaginé un seul instant la prononcer quand j’étais enfant, ado, jeune femme. Ça a dû commencer à lui trotter dans la tête quand ma vie a changé il y a 4 ans, lorsque j’ai pris conscience que la lutte écologiste était une lutte pour les droits humains, que le dérèglement climatique amenait déjà des millions de personnes à subir des sévices physiques et psychiques sur les routes migratoires et que nos modes de vie de pays riches en étaient directement responsables.
Tout ça je le savais déjà. Mais sans m’en rendre compte vraiment. Sans m’en sentir responsable.
Pourtant je me rappelle, enfant, avoir eu des éclairs de conscience provoquant des insomnies et avoir demandé pourquoi est-ce que moi je mangeais largement à ma faim alors que des enfants mourraient tous les jours de la famine. Avec le recul je me pose cette question : quand ai-je rangé mon indignation dans ma poche ? Quand ai-je renoncé à l’idéal que tous les êtres humains doivent manger à leur faim, avoir un toit, être soignés et traités dignement ? Je ne sais pas. C’est confus.
Jusqu’à il y a 4 ans, je me suis laissée ballotter dans le labyrinthe du système. J’ai été bonne élève à l’école, étudié la pharmacie parce que je voulais soigner les gens, fait beaucoup la fête, noué des amitiés, été amoureuse, je suis partie en voyage à l’autre bout du monde… Tout ce qu’il y a de ‘normal’ pour une personne de ma classe sociale dans un pays comme la France… jusqu’à ce matin d’octobre 2013 où je suis sortie de ma cabane sur pilotis sur une plage de l’île Koh Chang en Thaïlande et où j’ai été stoppée net dans mon élan par ce que je voyais devant moi. Le soleil déjà un peu haut dans le ciel faisait scintiller la surface de la mer, réchauffait les palmiers et ricochait sur l’amoncellement d’objets en plastique vomis toute la nuit par les vagues sur la plage. J’ai pensé ‘La mer est malade. Non. L’humanité est malade’. Sac à main, brosse à dent, coton tige, pailles, bouteilles en plastique recouvraient le sable fin… Un paysage de mort au milieu du paradis. Chaque matin, j’ai nettoyé fébrilement la plage, souvent rejointe par quelques personnes. Le même nombre de déchets réapparaissait après chaque nuit. Un jour, des habitants de l’île m’ont applaudie pour mon nettoyage méticuleux. Mais je ne voulais pas qu’on m’applaudisse. J’avais honte d’être une des touristes envahissant un pays magnifique, me rendant complice d’un système consumériste importé par la culture occidentale, ma culture l’ayant depuis longtemps rompu l’équilibre de vie soutenable et simple que l’île avait connu depuis des millénaires. Mes larmes de rage se sont diluées dans la mer à mesure que je me rendais compte de la futilité de mon acte. J’avais l’impression de remplir un sac poubelle percé. C’est ce jour-là que la lame de fond a commencé à se former au fond de moi.
Peu de temps mais beaucoup d’insomnies après, j’ai déserté les salles blanches dans lesquelles je fabriquais des médicaments servant à diagnostiquer les cancers à l’hôpital pour concentrer mon énergie à cautériser les métastases de notre société et à essayer de la soigner.
En démissionnant, j’ai sauté de la gigantesque machine que nous contribuons à faire tourner à l’envers. J’ai sauté dans le vide et trouvé ce que je cherchais mais n’arrivait pas à identifier, ma liberté. J’ai atterri sur un chemin plein d’embûches mais où ce qu’on fait et la manière dont on le fait a du sens. Je côtoie tous les jours des personnes extraordinaires, mues par des valeurs de justice sociale et climatique. J’ai appris que j’ai un pouvoir en tant que citoyenne et qu’en agissant ensemble nos pouvoirs se démultiplient. Et croyez-moi, ce chemin est tellement plus vivant et intéressant.
Je me suis formée et engagée avec Alternatiba et ANV-COP21. J’ai participé à beaucoup d’actions. Celle du décrochage de portrait de Macron n’en n’est qu’une parmi d’autres, qui ont chacune contribué à faire augmenter le rapport de force avec le gouvernement et à faire grossir le mouvement climat pour provoquer le changement massif et radical de société qui devient vital.
Avant de lancer cette action, on savait que les risques de répression étaient grands. En décidant de toucher à l’image du président de la République, nous allions au-devant de poursuites judiciaires. Garde à vue, fichage, perquisition, tribunal, possible condamnation, possible casier judiciaire, amendes, prison… Tout ça j’y ai pensé avant l’action. Comme les autres. Avoir un casier judiciaire c’est faire une croix sur plein de métiers qu’on n’a plus le droit d’exercer, dont celui de pharmacienne, ma formation initiale. Le casier judiciaire c’est l’épée de Damoclès sur la nuque des citoyen.ne.s pour nous dire de rester bien gentils, pour décourager toute rébellion aussi juste soit elle.
Moi ça fait 4 ans que je me suis regardée droit dans les yeux et que j’ai pris ma décision.
Et donc, nous y voilà. Je suis convoquée au tribunal de grande instance de Paris, le 11 septembre prochain, pour comparaître devant la 16ième chambre du tribunal de grande instance de Paris, celle où sont jugés les terroristes, pour une action menée à visage découvert de décrochage d’un portrait du président de la République pour dénoncer son inaction face à la crise climatique, qualifiée de vol en réunion et passible de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Ce jour-là, comme mes camarades, Cécile Mcd, Marion Esnault, Thomas,@Emma Chevallier, Félix Vève, Etienne Cbrd, Vincent Verzat et Alma je serai à nu devant les magistrats en robes noires et cols blancs. Je devrai leur expliquer qui je suis et pourquoi j’ai commis ce délit.
Ce jour-là je répondrai à leurs questions, j’expliquerai qu’à mes yeux cette action n’est pas un délit mais de la désobéissance civile, un moyen d’expression démocratique que les circonstances ont rendu nécessaire. Je justifierai mes propos en évoquant le rapport du GIEC, celui du Haut Conseil pour le Climat, la baisse des rendements agricoles, l’augmentation de la précarité, l’Amazonie et l’Afrique dévorées par le feu…
Mais ce qu’il y aura au fond de moi c’est la révolte et l’indignation que je ressens quand je vois toutes ces images d’enfants, le cou encadré de gilets de sauvetage, arrivant sur des canaux pneumatiques aux portes hostiles de l’Europe et ce que je ressens quand Hugo, mon neveu de 5 ans, habillé en chevalier, un avion à la main, lève les yeux sur moi et me donne un de ses sourires sans condition dont la candeur et la confiance me percent le coeur. Je me demande dans quel monde il va grandir et ce à quoi il va devoir se confronter pour simplement pouvoir subvenir à ses besoins vitaux.
Dans la salle du tribunal, chacun.e jouera son rôle mais ce qui est sûr c’est que nous serons tou.te.s minuscules – les prévenu.e.s, les magistrat.e.s, les témoins, les forces de l’ordre, les avocat.e.s, la presse et le public – minuscules devant ce phénomène protéiforme et complexe que nous essayerons de modéliser de nos mots et qui planera au-dessus de nous : le dérèglement climatique. En comparaison, le portrait du président ressemblera à un timbre poste.
Ce jour-là nous serons 9 à nous relayer à la barre, mais nous serons des milliers à être présent.e.s, devant et dans le tribunal, sur les réseaux sociaux, financièrement…
Nous serons des milliers parce qu’il sera question de ce qui a motivé notre action, de cette chose qui nous dépasse tou.te.s parce qu’elle ne peut être affrontée que collectivement : la réorganisation de la société pour préserver l’avenir de l’humanité et la biodiversité. Ce procès ne sera pas uniquement mon procès. Ensemble, faisons-en le procès de l’inaction écologique et sociale de Macron.
« Si quelqu’un volait un extincteur pour éteindre un incendie, vous le relaxeriez. »
Reporterre – Live Tweet
https://twitter.com/Reporterre/status/1171832229737172993
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Les meilleures punchlines des avocat·e·s des huit activistes et un journaliste comparaissaient mercredi 11 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour « vol en réunion » après avoir décroché des portraits présidentiels pour protester contre la politique gouvernementale.
Au tour d’Astrid Ronzel de se lever pour plaider : « En fait ce n’est pas notre maison qui brûle, selon les mots de Chirac. C’est nous. La question est de savoir à combien de degrés on sera brûlés. »
Les avocats de la défense entendent plaider « la notion d’état de nécessité écologique ». La jurisprudence sur cette question remonte à 1977 précise Me Ronzel.
Et le tribunal d’Orléans a reconnu l’état de nécessité pour deux militants anti-glyphosate en mai 2019.
Il y a deux conditions pour invoquer l’état de nécessité : tout d’abord, le danger. Ici c’est dans le contexte de danger climatique et d’inaction des politiques que les prévenus ont agi, développe Me Ronzel.
« On ne peut pas attendre cinq ans, dix ans, quinze ans, il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités aujourd’hui ».
« Il faut que vous ayez le courage et les moyens juridiques de rendre une décision courageuse », conclut l’avocate qui demande à la présidente de relaxer les prévenu.es.
« Depuis toujours les régimes démocratiques acceptent de discuter parfois la loi quand elle trahit des intérêts supérieurs, commence Me Michael Bendavid. Ce n’est pas ce que nous faisons ici, nous vous demandons d’appliquer la loi, pas de l’écarter. »
« Si quelqu’un volait un extincteur pour éteindre un incendie, vous le relaxeriez. »
« Pourquoi la désobéissance civile est le meilleur moyen ? Parce que CA MARCHE ! Ça permet de sensibiliser les citoyens. Quelles alternatives avons-nous ? Attendre quatre ans, c’est irréaliste, c’est hallucinant ! C’est pas demain, c’est maintenant qu’il faut agir. »
« Ce qui se passera demain, c’est dès 2025 un couvre-feu thermique, on vous imposera de passer de 40 vêtements neufs par an à 4. C’est pas nos enfants, c’est nous, des choses que nous allons vivre nous. »
« La désobeissance civile ne vaut pas que pour les régimes tyranniques, elle vaut aussi pour nos démocraties quand elles sont dans l’erreur absolue. »
« Nous essayons, en restant modestes, de contribuer. Il est très possible que dans 60 ans on parle du procès de Paris, comme on parle aujourd’hui du procès de Bobigny. »
« La désobeissance civile a précédé le procès de Bobigny et deux ans après il y a eu la loi Veil, ça n’est pas un hasard. »
Me Alexandre Faro cite la désobeissance civile de Greenpeace qui a conduit à l’interdiction de l’immersion de déchets radioactifs. « Il étaient huit, huit militants courageux ».
« En les renvoyant ici aujourd’hui, le ministère public a choisi de les traiter comme de vulgaires voleurs de sacs. Mais ils ont agi dans l’intérêt de la société »
L’avocat cite Georges Bernanos : « Il faut beaucoup d’indiscipline pour faire un peuple libre ».
Fin des plaidoiries de la défense. La présidente donne la parole en dernier aux prévenu.es.
Emma Dufour : « J’espère que le tribunal reconnaitra que nous sommes dans un moment historique particulier qui nécessite ce genre d’actions. »
Cécile Marchand : « la banque mondiale prévoit des milliers de réfugiés climatiques si on reste comme ça, je considère que mon action permettra d’éviter ces déplacements massifs. »
Le jugement est mis en délibéré au 16 octobre à 9 heures. L’audience est levée.
Climat : les habits neufs du scepticisme
Stéphane Foucart
www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/31/climat-les-habits-neufs-du-scepticisme_5504773_3232.html
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Ce ne sont plus des arguments contre le réchauffement climatique qui sont attaqués, mais les personnalités qui incarnent et portent la mobilisation, dénonce, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Peu à peu, au cours des dernières années, la fin de l’été est devenue à l’hémisphère Nord ce que la fin de la saison des ouragans est traditionnellement au golfe du Mexique : le moment de faire le bilan des dégâts. C’est l’heure des comptes. En une décennie à peine, le dérèglement climatique a changé notre perception des saisons. Dans le monde riche et tempéré, l’été n’est plus exclusivement la saison des vacances, de l’insouciance, du farniente et des voyages, il est aussi celle des canicules à répétition, de la sécheresse, des incendies. Même en France – dont la situation géographique n’en fait pas un pays en première ligne face au réchauffement – le péril apparaît désormais accessible aux sens de chacun. Songeons que, selon Météo France, on comptait moins de deux épisodes caniculaires par décennie entre 1950 et 1990 sur le territoire métropolitain, alors qu’on en dénombre déjà seize entre 2010 et 2019. C’est huit fois plus. En très peu de temps, le changement climatique a cessé de n’offrir aux citoyens occidentaux que le spectacle des malheurs de pays pauvres et lointains, voire la possibilité de dommages éventuels dans un futur distant. Fin juillet, la température a dépassé 40 °C dans plus d’une cinquantaine de villes françaises – avec près de 46 °C à Gallargues-le-Montueux, dans le Gard, et plus de 42 °C à Paris. Chacun peut désormais comprendre qu’il se passe quelque chose.
Pourtant, malgré le caractère plus que tangible du changement en cours, la conversation publique est toujours envahie par de nouvelles formes de déni. Souvenez-vous. Lorsque la question climatique a commencé à se frayer une petite place dans les grands médias, la première forme de scepticisme a consisté à en nier la réalité. De véritable réchauffement, il n’y avait pas : les mesures étaient prétendument imprécises et les stations météorologiques, gagnées par l’urbanisation, affichaient toutes des températures exagérées. C’était bien évidemment faux.
Campagne de dénigrement contre Greta Thunberg
Cet argument tombé, il fallut en trouver un autre. Certes, le réchauffement était réel, mais il n’était pas le fait des activités humaines, ou alors de manière marginale. La preuve, selon les sceptiques ? Alors que les émissions de gaz à effet de serre se poursuivaient à bride abattue, ne voyait-on pas une stagnation des températures à partir de 1998 ? S’il n’y avait même plus corrélation, comment pouvait-il y avoir causalité ? Ce nouveau sophisme mis à bas, il fallut chercher autre chose. Certes, le réchauffement était réel, certes il était bien le fait des activités humaines, mais il était sans gravité. Cet élément de langage a aussi fait long feu. Les sceptiques n’ont pas renoncé. Mais ils ont revêtu des habits neufs. Ce ne sont plus des arguments qui sont attaqués, mais les personnalités qui incarnent et qui portent la mobilisation contre le réchauffement. Fin juillet, alors qu’elle devait être entendue par l’Assemblée nationale, la jeune militante suédoise Greta Thunberg a essuyé une campagne de dénigrement d’une violence inouïe, lancée par quelques journaux et personnalités médiatiques, amplifiée par la méchanceté gratuite, anonyme et grégaire des réseaux sociaux. A peu près rien ne fut épargné à la jeune fille. « Quelle âme habite ce corps sans chair ? », s’interroge Michel Onfray. Elle « affiche son syndrome d’Asperger comme un titre de noblesse », persifle Pascal Bruckner. C’est pire encore pour Raphaël Enthoven, pour qui elle n’est « qu’une arnaque, qu’une image, qu’une enveloppe vide mandatée pour dire le Bien ». Autant de propos profonds, formulés dans une sorte d’urgence philosophique, alors qu’en France on étouffait sous des températures record, que la Sibérie perdait dans des incendies catastrophiques une surface de forêt boréale équivalente à la Belgique, que les dix millions d’habitants de la ville de Chennai, en Inde, étaient ravitaillés en eau par des trains spéciaux et que les températures excédaient 30 °C au-delà du cercle polaire.
Diversion
Greta Thunberg a, de fait, de nombreux torts. Celui d’être jeune et d’être une femme, d’abord. Ceux, ensuite, de s’inquiéter du monde dans lequel elle grandira, d’énoncer sans fard l’état des connaissances sur un sujet complexe, et de réclamer des adultes les réactions appropriées. Mais pour toute réponse, au lieu d’examiner sur le fond les questions soulevées par la jeune militante, une certaine presse a alimenté le débat public par l’accumulation d’informations sans autre intérêt que la diversion. Ne pouvant plus argumenter, le nouveau scepticisme dénigre, harcèle et poursuit de sa vindicte ceux qui prennent acte de la situation et exigent qu’il en soit tenu compte.
Le problème n’est donc pas la déstabilisation du climat terrestre, il est de savoir si Greta Thunberg est instrumentalisée par ses parents, ou par le capitalisme vert scandinave, ou par les deux. D’autres débats majeurs ont surgi. Mérite-elle une « bonne fessée », comme le pense la députée d’extrême droite Emmanuelle Ménard (RN) ? Son discours est-il « glaçant et totalitaire », comme l’a affirmé le député Thierry Mariani (RN), quelques semaines avant de partir pour Damas, pour la sixième fois, rencontrer Bachar Al-Assad ? Fallait-il boycotter sa venue à l’Assemblée, comme l’ont proclamé d’autres parlementaires ? Son voyage en voilier vers New York (Etats-Unis) était-il neutre en carbone ? Et ce repas, qu’elle s’apprêtait à manger dans un train, est-il vraiment conforme à son engagement – cette banane, là, à côté du sandwich, n’a-t-elle pas un bilan carbone désastreux ? Au terme de cet été, les forêts, les banquises, les océans et les ressources en eau douce ont certes souffert, mais la qualité du débat public n’a pas, elle non plus, été épargnée.
10 choses à faire pour accélérer sa transition écologique
B&L évolution
http://bl-evolution.com/10-choses-a-faire-pour-accelerer-sa-transition-ecologique/
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Avec les lois LOM et PLEC prochainement en discussion au Parlement, la tenue du sommet de l’ONU sur le climat et les manifestations pour appeler à l’urgence climatique, le sujet de la transition écologique va occuper une place importante durant ce mois de septembre. Pour évoquer des actes et pas que des mots, B&L évolution dévoile 10 idées pour permettre à la France de rester alignée sur une limitation du réchauffement climatique à 1,5°C.
A en croire les objectifs qu’elle s’était fixée par le passé, la France ne semble pas parvenir pas à suivre la trajectoire de limitation du réchauffement climatique à 1,5°C. Les mesures proposées pour répondre au défi climatique et social vont dans le bon sens mais sont largement insuffisantes. Son ambition de neutralité carbone, mentionnée dans sa nouvelle Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), se heurte au manque de moyens alloués pour atteindre ses objectifs. Ses efforts doivent être doublés voire triplés pour prétendre répondre à une trajectoire 1,5°C. Que faut-il faire concrètement pour être à la hauteur de ces ambitions ?
Voici 10 actions à suivre pour que la France accélère sa transition écologique, tirées de notre dernière étude sur les mesures pour rester alignés sur une trajectoire compatible avec les 1,5°C.
- Prôner la sobriété énergétique
Il faudrait une réelle rupture sociétale basée notamment sur la sobriété, véritable angle mort de nos politiques publiques et de nos modèles économiques.
La sobriété énergétique est pourtant un élément incontournable du scénario de transition énergétique. Sa mise en œuvre dans les politiques publiques reste encore souvent mal comprise alors qu’il s’agit d’un impératif pour le climat. Cela peut être par exemple : interdire certaines pratiques commerciales nocives pour le climat, encadrer la publicité, arrêter de subventionner certains secteurs, accompagner socialement le démantèlement de pans complets de l’économie au profit des secteurs d’avenir comme la formation dans la rénovation énergétique.
- Favoriser des bâtiments plus sobres
Parmi les actions proposées sur le logement par le gouvernement dans sa SNBC, peu permettent de favoriser la sobriété. Les bâtiments représentent pourtant le premier secteur consommateur d’énergie en France. Les mesures se concentrent sur le nécessaire remplacement des chaudières ou de l’isolation des logements. Cependant, les objectifs visés ne sont pas à la hauteur des enjeux. La stratégie du gouvernement prévoit 500 000 rénovations par an. Dans les faits, il est actuellement difficile d’atteindre 250 000 rénovations (à un niveau satisfaisant de performance) par manque de moyens ou simplement parce que nous manquons d’artisans suffisamment qualifiés.
Notre étude montre qu’il faudrait pourtant doubler cet objectif en atteignant 1 000 000 de logements rénovés par an et également doubler les gains énergétiques obtenus après rénovation pour se placer sur une trajectoire 1,5°C.
- Orienter les transformations sectorielles et technologiques vers la durabilité
Les transformations sectorielles et technologiques ne sont pas suffisantes et pourtant nécessaires ! Attendre de potentielles ruptures technologiques est un pari dangereux que nous ne pouvons pas nous permettre.
Les actions proposées par le gouvernement, par nos politiques locales d’aménagements ou par nos entreprises s’inscrivent bien souvent dans une perspective d’amélioration continue de l’efficacité technologique de nos usages actuels sans proposer aux citoyens le cadre permettant la nécessaire remise en question globale de nos modes de vie. Car limiter le réchauffement climatique à 1,5°C impliquerait une rupture globale avec le système économique actuel et l’organisation de notre société.
Dans l’industrie, des évolutions favorables à la durabilité des produits voient le jour pour lutter contre l’obsolescence programmée, comme l’économie circulaire. La multiplication des équipements électriques devrait nous inciter à modérer leur utilisation pour que leur impact ne soit qu’un doublement de ces équipements d’ici 2050 (plutôt qu’un triplement).
- Baisser les émissions GES liées à l’agriculture et l’importation
Peu de mesures actuellement proposées permettent d’envisager une baisse des émissions de GES des biens importés et de l’agriculture. Or à eux 2, ces secteurs représentent près de 50% de l’empreinte carbone des Français.
Il est essentiel que le secteur agricole participe à l’effort d’atténuation global du fait de sa contribution aux émissions GES. Stocker du carbone dans le sol et la biomasse, développer l’agroforesterie, réduire la consommation d’énergies fossiles sur l’exploitation… les pratiques agricoles susceptibles de favoriser le stockage de carbone par l’agriculture ou de réduire ses émissions de GES sont nombreuses. L’INRA a par exemple réalisé une étude sur l’agriculture française pour déterminer les actions contribuant à la réduction des émissions GES.
La France a décidé de prendre en compte l’empreinte carbone pour le suivi de ses politiques publiques. D’après l’article 173 de la Loi de Transition Energétique pour une croissance verte, « la Stratégie Bas Carbone veille à ne pas substituer à l’effort national d’atténuation, une augmentation du contenu carbone des importations ».
- Proposer plus d’actions sur la mobilité
Peu d’actions sur la mobilité sont proposées par le gouvernement. La SNBC est deux fois moins ambitieuse que les préconisations de notre étude. Par exemple, ce projet d’Etat prévoit un trafic automobile stable d’ici à 2050 tandis que notre étude montre qu’il faudrait diviser par 2 le nombre de véhicule en circulation dès 2030.
Le télétravail, l’éco-conduite, la limitation de l’étalement urbain ou le développement des alternatives à la voiture individuelle sont des exemples de solutions à mettre en place, pouvant être suivies de manière individuelle et être affirmées par le gouvernement de manière plus ambitieuse.
- La société civile et les politiques doivent travailler ensemble
Au cours de cette année, on a pu voir la montée en puissance de la prise de conscience des enjeux auprès des citoyens et pas seulement la jeunesse. L’affaire du siècle, les marches pour le climat, Extinction Rébellion, le nombre de personnes déjà sensibilisées n’a jamais été aussi important et surtout jamais aussi visible. L’argument écologique est devenu un prérequis pour la quasi-totalité des listes aux élections européennes et le sera certainement pour les municipales à venir.
La prise de conscience des citoyens des enjeux énergie-climat n’a jamais été aussi réelle et visible ces derniers mois, à tel point que la société civile a pris de l’avance sur la politique sur ce sujet. Mais pour approfondir ses actions et leur donner plus d’ampleur, elle a plus que jamais besoin de la politique !
Par exemple, on parle au citoyen de sobriété et d’efficacité énergétique, de mobilité douce ou encore d’agriculture de proximité tandis qu’on agrandit des aérogares, on ferme des lignes de train ou on déclare EuropaCity d’utilité publique. Faute de courage politique ou de compréhension profonde du problème, on fait peser toute la réussite de la transition sur le citoyen qui doit changer son mode de vie. Certes c’est absolument nécessaire mais quand il essaye le citoyen ne trouve pas un monde cohérent et adapté à des nouveaux modes de vie sobres en carbone.
- Développer les formations aux enjeux énergie-climat
Il nous faut d’urgence accélérer pour toutes et tous la compréhension des enjeux énergie-climat qui sont devenus une priorité citoyenne au même titre que savoir lire, compter et écrire. L’ampleur du sujet n’est pas encore bien saisie au vu des nombreuses confusions qui sont faites : par exemple l’énergie ne se résume pas qu’à la question du nucléaire dans notre production d’électricité (ce dernier ne concerne que 30% de notre consommation d’énergie et est très peu émetteur de gaz à effet de serre).
La faute à qui ? Aux citoyens ? Aux jeunes ? Aux responsables politiques ? Il est urgent de bien former les élus car beaucoup de solutions sont à trouver à l’échelle locale, pour ainsi mettre en cohérence les politiques nationales avec le discours de sensibilisation à destination du citoyen.
- S’adapter à un mode de vie bas carbone
Le citoyen ne peut pas agir seul car nos sociétés ne sont pas adaptées à un mode de vie bas carbone. Selon les recommandations scientifiques, il faudrait se limiter à 2 tonnes de CO2 par an et par habitant pour restreindre le réchauffement climatique.
Cependant, vivre avec un budget de 2 tonnes de CO2 par an est un défi herculéen dans une société qui nous bombarde de publicités pour des choses inutiles, dans un modèle d’urbanisme construit pour et par la voiture individuelle, dans des villes et des campagnes où se nourrir sans déchets, sans produits transformés ou importés est un véritable parcours du combattant.
- Les entreprises et les territoires doivent conduire à un changement de mode de vie
Certaines entreprises pionnières, territoires et même citoyens, parviennent à changer les modes de vie en cohérence avec les enjeux en cours. Ensemble, ils ouvrent des voies inspirantes qui permettront à d’autres d’expérimenter de nécessaires transformations sociétales.
Partout, il faut aussi mettre des moyens sur l’investissement (rénover des logements, construire des infrastructures cyclables, accompagner des agriculteurs dans leur transformation…). Un des nœuds du problème est que cela reste moins lucratif que la plupart des mécanismes économiques actuels. Qui veut investir dans de la rénovation performante de son habitation qui rapporte 2% sur 20 ans quand on peut faire des profits de 5 à 10% sur 5 ans sur d’autres produits financiers ? Il faut donc changer les règles du jeu pour que la dynamique s’inverse.
Les réponses à la transition écologique ne peuvent pas être les mêmes quels que soient les territoires. Au contraire, il nous faut trouver le foisonnement d’initiatives et d’aménagements, tous différents, tous contextualisés, qui s’adapteront le mieux aux usagers locaux. Beaucoup d’études le montrent, des élections le confirment, la France se fracture. Le développement humain basé sur un développement et une accumulation matériels ne profite pas à tout le monde et ce système montre depuis longtemps ses limites. Outre les dégâts environnementaux qui sont de plus en plus détaillés et visibles, ce modèle creuse les inégalités, génère du malaise social et déstabilise notre démocratie.
- Mettre des moyens sur l’animation pour sensibiliser
Pour comprendre les enjeux et concevoir des réponses suffisamment proportionnées et contextualisées, il faut mettre d’énormes moyens sur l’animation pour toucher les jeunes, les acteurs économiques et tous les citoyen.ne.s dans les quartiers et territoires. Grosso modo, il faudrait 1 animateur pour 2000 habitants sur chaque territoire afin de pouvoir former tout le monde, concevoir de nouveaux modèles d’affaire et accompagner les changements de mode de vie.
Nous devons complètement changer notre logiciel de pensée.
Pour réussir, la transition écologique doit permettre d’offrir à tous les Français et les Françaises de nouvelles perspectives de sens et d’épanouissement. La sobriété carbone nous impose de complètement revoir cette aspiration à la technologie, à la vitesse et à la consommation matérielle que notre société a érigée en quelques années comme des Graals absolus. Le local, l’engagement, le lien social, l’immatérialité et la spiritualité doivent devenir les principaux vecteurs de l’épanouissement des Français. Pour cela, les politiques publiques et les modèles d’affaire, peu habitués à naviguer à travers ce champ des possibles, doivent se réinventer. C’est la seule condition qui peut nous permettre d’inclure le développement humain dans les limites de la biosphère.
Sutu Amazonia: Europak, Txinak eta Iparramerikak zur, mineral eta okela gehiago behar dute
Pello Zubiria Kamino
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Mundua azken hamarkadotan ohituta zegoen uztailetik urrira –tropikoko lehor sasoian– Amazonian urtero pizten dituzten sute handiei ezikusia egitera. Baina aurtengoan abuztu amaierarako iazko kopuruak %77an ugarituak ziren Brasilen eta Boliviak ikusi du bere 730.000 hektarea kiskaltzen. Planetak klimaren egonkortasunak eta bertako indigenek biziraupena dauzkate jokoan… baina gaitz dirudi herrialde aberatsek azpi-kontratatutako suntsiketa gelditzea.
Michael Williams geografia irakasle iparramerikarrak 1992an plazaratutako Lurra planeta deforestatzen liburuan (Deforesting the Earth. From Prehistory to Global Crisis) luze eta zabal azaldu zuen beste oihan tropikal gehienek bezala Amazoniakoak ordurako nozitzen zuen hondamendia. 453. orrialdean ageri da NASAk zabaldutako argazki bat, oin honekin: “Brasilgo Rondonia eta Mato Grosso estatuak suteen sasoian, 1984ko abuztuan. Basoak eraistean sortutako suen ke-lainoa baino gorago iristen da kearen motots termikoa, argazkia egin duen Space Shuttle espazio-ontziaren kamera alderantz”.
35 urte geroago, zirrara handiagoa lortu dute NASAren beste satelite batek Amazoniako suteei egindako argazkiek. Mundua ohituta dago lehorte sasoian Amazonia ketan ikusten, jakina baita basoak garbitzeko erabiltzen dituztela: zura ateratzeko, aziendentzako bazkalekuak sortzeko eta meategi berriak zulatzeko. Aurtengoan, ordea, sateliteen jarraipenak ohartarazten zuen erreketak ohi baino ugari eta handiagoak izaten ari direla.
Gertatzera zihoanaren berri bazuen aurretik Brasilgo Gobernuak, Globo Rural hedabideak kontatu eta Europan Ivan Roy kazetariak zabaldu duenez. Amazonia kiskaltzen ari diren suteetako asko lurjabe brasildar handiek piztu dituzte, oihana eraisteko beren eskubidea aldarrikatu, Bolsonarori atxikimendua erakutsi eta, bide batez, aurreko gobernuek legez kontrako baso-eraisketengatik ezarritako isunak ezabatzea lortzeko. “Whatsapp bidez koordinatu dira erreketa antolatzeko. Zehazki Para estatuan 70 fazendeiro (lurjabe handi) eta hainbat grileiro (lurrak legez kontra eskuratzeko jabego tituluak faltsifikatzen berezituak) abuztuaren 10erako antolatu zuten Dia do Fogo, suaren eguna”. Sute kriminalok BR 163 errepide inguruetan eragin zituzten. BR163ak zeharkatzen du Brasilen menpeko Amazoniaren eremu handi bat, lotuz soro eta abelazkuntza erraldoiak Amazonas bazterreko portuekin.
Oihartzun bila bazebiltzan, lortu dute. Egun gutxiren buruan, mundu osoak ikusiak zituen oihan amazoniarra garretan erakusten zuten irudiak. Espektakuluaren arauak zorrotz betez, politikariek erantzun behar izan zioten jendeen artean hondamendiak eragindako zirrarari eta Miarritzeko G7 gailurreraino iritsi zen gaia, Emmanuel Macron lehendakari frantsesaren eta Jair Bolsonaro Brasilgoaren arteko talka ezagunarekin.
Inoizko urterik beroenetako bat ezagutzen ari den Europan Brasilek klimaren egonkortasunerako daukan garrantziagatik kezkatzen ditu herritarrak. Le Monde Diplomatiquek bere atlasean azaltzen duenez, munduko oihan tropikalen herena dauka, ur gez guztiaren %20 eta Amazoniak bereganatzen du planeta osoak irents dezakeen C02 guztiaren hamarrena. Orriotan bertan uztailean kontatzen zenez, (Viktor Gorxkov, biziarentzat CO2-a baino larriagoa oihanen suntsitzea dela erakutsi duena) Lurraren klimaren egonkortasunak asko dauka jokoan Amazonian.
Hala ere, klimagatik kezkatzen diren herrialde aberatsetako herritarrak kontraesan larrian bizi dira. Jakina da herrialde aberatsek beren aurrerapena lortu dutela, besteren artean, etxean agortutako oihanak eta horietako aberastasunak ordezkatzeko eremu berriak urruti aurkitu eta ustiatuz. Gaur oraindik Europako basoek –mende luzeetako deforestazioak laga dituenak– bizirik diraute europarrek oihanen suntsiketa deslokalizatu dutelako.
Orain, aldiz, europarrek munduko oihan tropikalek zutik irautea nahi dute, klimaren zoratzeak haiek ere harrapatzen dituelako gero eta gehiago. Baina nola saihestu hondamendia orain bezala kontsumituz urruneko triskantzaz ekoiztutako elikagaiak, etxegintzako zurak, teknologia berriak… eta aurre egin barik Europako –Euskal Herria barne– eremu desertizatuak berriro berdetzeko lanari?
Tropikoko errautsak gure etxean
Brasilek 215 milioi abelburu dauzka, horietatik %40 oihanari kendutako larreetan bazkatuz. Baina bertako ganaduez gain urrunekoak ere elikatzen dituzte duela gutxi arte baso primario izan eta orain soro bihurtuek. Soja plantazioak gero eta aurrerago doaz Amazonas ibarrean gora eta Brasilek laster kendu behar die labore horren ekoizpenean txapeldun titulua AEBei. Soja transgenikoa, noski, %90ean. Mato Grosso estatuak bakarrik iaz 30 milioi tona bildu omen zuen, gainerako soja brasildarrarekin batera erabiliko direnak bai bertako behiak gizentzeko eta bai esportaziorako, nagusiki Txina eta Europar Batasunera, hemengo oilo, behi eta zerriak gizentzeko.
Amazoniako txikizioaren eta europarron ahoaren arteko bidea iradokitzen du Iñigo Segurola eta Jakoba Errekondoren azken hitzaldiaren tituluak: Baratzetik platerera sortzen dugun paisaia. Paisaia negargarri berriak eragiten ditu biktima hurbilak ere, sobera aipatzen ez direnak: betidanik eremuotan bizi ondoren kanporatzen dituzten indigenak, inbasoreei aurre egiten ausartzen diren militante eta gidariak eta, oro har, etxalde erraldoi eta meategietan baldintza gogorretan lan egitera behartutakoak. Bolsonaroren aroan, BR163 errepideak aurrera egin ahala ugarituz doazenak. Boliviak ere nozitu ditu suteak, Chiquitaniako oihan bereziko 700.000 hektarea kiskali dituztenak abuztuaren 18tik 23ra bitartean, bi urtetan erretzen den guztia adina. Lekuko aditu batzuek diote bi mende beharko direla munduko oihan tropikal idor handiena zen hori lehengoratzeko, hain dira bereziak han bizi diren espezie eta ekosistema. Chiquitaniako hondamendia, bertako prentsak dioenez, urtero eremuak horrela garbitzen dituzten nekazariek eragin dituzte, piztu ondoren haien garrek ihes eginda aurtengo tenperatura eta idorte bereziengatik. Baina agian ez da kasualitatea ere hori gertatu izana Evo Moralesek haragi esportazioak handitzeko neurri berriak iragarri eta gutxira. Uztailean plazaratutako decreto supremo baten bidez, Moralesen gobernuak El Beni departamenduko lurjabe handiei baimendu zien 4,5 milioi hektarea berri erabiltzea –zuhaitz eta basoak eraitsita– aziendak bazkatu eta haientzako laboreak ekoizteko. Hainbat gizarte erakundek egin dute protesta lege berriak konstituzioa urratzen duelakoan. Chiquitaniako desastreak naturari eragindako kalteez gain hankaz gora ipini du Santa Cruz inguru osoa. Moralesek lehenbizi ukatu eta azkenean onartu behar izan zuen nazioarteko laguntza. Alex Villca buruzagi indigenak esan die kazetariei: “Erantzukizunak eskatu behar zaizkio Evo Morales presidenteari, herritar indigenei eta Ama Lurrari kalte egiteagatik”.