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Articles du Vendredi : Sélection du 11 mars 2022


26 organisations dénoncent l’instrumentalisation de la guerre en Ukraine par les défenseurs de l’agriculture productiviste
RAC
https://reseauactionclimat.org/26-organisations-environnementales-citoyennes-et-paysannes-denoncent-linstrumentalisation-de-la-guerre-en-ukraine-par-les-tenants-dune-agriculture-productiviste


Dans le contexte de la guerre en Ukraine 26 associations s’adressent au Ministre de l’Agriculture et au Président de la République dans une lettre ouverte pour appeler à cesser de détricoter les rares avancées environnementales des politiques agricoles européennes au profit d’une logique productiviste
Alors que la guerre en Ukraine présage de graves conséquences pour l’agriculture et la sécurité alimentaire en Europe et dans le monde, les représentants d’un modèle agricole industriel, sous couvert de répondre à une demande alimentaire mondiale, cherchent à détricoter les rares avancées environnementales des politiques agricoles européennes pour pousser leur logique productiviste.

Dès le début du conflit, les porte-étendards de l’agriculture industrielle se sont engouffrés dans la brèche pour intensifier leur lobbying contre la stratégie européenne “De la ferme à la fourchette”. La FNSEA a ainsi appelé à son abandon en la qualifiant de “décroissante”, au motif que celle-ci prévoit une réduction de 20% des engrais et de 50% des pesticides, ainsi que l’accroissement des surfaces nécessaires à la biodiversité. Dans la lignée de la FNSEA, des représentant·es politiques, comme le ministre de l’Agriculture, demandent la mise en production des 4% de terres en jachères (pourtant essentielles) pour répondre à la demande alimentaire mondiale, ce qui va à l’encontre d’une des rares avancées de la nouvelle Politique Agricole Commune.

Une nouvelle mise en lumière de la fragilité de notre agriculture productiviste

S’il est nécessaire de prendre des mesures immédiates pour répondre aux conséquences terribles de la guerre, cela ne doit pas être au détriment des autres enjeux auxquels l’humanité fait face, comme la souveraineté alimentaire des peuples, la pollution généralisée des milieux et ses conséquences ou encore l’urgence climatique, rappelée récemment par le GIEC.

La situation actuelle illustre de manière frappante à quel point l’alimentation et l’agriculture européennes, et l’élevage industriel en particulier, sont dépendants d’importations : engrais de synthèse et pesticides, fabriqués à partir de gaz et de pétrole en partie importés de Russie, voient leur prix s’envoler en raison des ruptures d’approvisionnement. En conséquence, les coûts de production flambent pour les éleveurs, qui sont aussi fortement dépendants de céréales (maïs) et d’oléagineux (tourteaux de tournesol) importés d’Ukraine pour l’alimentation animale – denrées également en rupture d’approvisionnement.

Des choix de société s’imposent

La guerre en Ukraine et ses conséquences nous forcent ainsi à réfléchir aux choix fondamentaux de l’agriculture européenne et de l’accès pour toutes et tous à une alimentation saine et respectueuse de l’environnement. Au-delà des premières mesures d’urgence, nos organisations demandent qu’une véritable transition agroécologique, la seule compatible avec l’autonomie de nos agriculteurs et agricultrices et donc avec notre souveraineté alimentaire, soit mise en marche. Cela implique :

  • de revoir à la baisse nos niveaux de production et de consommation de viande et autres produits animaux,
  • de développer des modes d’agriculture et d’élevage autonomes, peu dépendants des énergies fossiles et des intrants de synthèse,
  • de développer en parallèle la production de légumineuses, les élevages extensifs, ainsi que les pâturages et les prairies permanentes associées.

Nous appelons également à un sursaut de la communauté internationale pour prendre des mesures immédiates et de moyen terme adaptées, sous l’égide du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Le G7 [5], qui se réunit exceptionnellement sur le sujet ce vendredi, ne saurait être un espace légitime et inclusif face à cette crise mondiale. La souveraineté alimentaire française ne pourra se construire aux dépens de celles des autres pays et encore moins sans eux.

Pour contribuer à la vraie souveraineté alimentaire, énergétique et écologique de la France et de l’Europe, les rares avancées environnementales des politiques publiques européennes agricoles et alimentaires doivent être préservées et le plan de résilience prévu par le gouvernement doit être construit sur une vision de long terme et prenant en compte les intérêts des citoyen·nes du monde entier.

Consultez la lettre ouverte adressée par les organisations à Emmanuel Macron, Président de la République à la tête de la présidence française de l’Union européenne, et à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture.

Signataires : Greenpeace France, Les Amis de la Terre, Générations futures, Foodwatch France, MIRAMAP, Agir pour l’Environnement, Terre d’Abeilles,Attac France, LPO France, FNH, UNAF, Réseau Action Climat, France Nature Environnement, Eau & Rivières de Bretagne, CCFD-Terre Solidaire, CIWF France

Pas de justice (climatique), pas de paix !/strong>
Nicolas Haeringer
www.politis.fr/articles/2022/03/pas-de-justice-climatique-pas-de-paix-44179

La guerre actuelle en Ukraine est une preuve supplémentaire du fait que l’industrie fossile est directement liée à des régimes criminels et autoritaires.

La guerre que mène la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine a démarré au moment où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) était en train de terminer le laborieux processus d’adoption du second volet de son sixième rapport, consacré aux impacts du changement climatique et à l’adaptation.

Rapidement, la climatologue ukrainienne Svitlana Krakovska, qui coordonnait la délégation ukrainienne dans cette assemblée (tenue intégralement à distance en raison de la pandémie de covid-19), expliquait que le changement climatique et la guerre «avaient tous deux la même cause profonde, […] notre dépendance aux combustibles fossiles». Le consensus est, de fait, assez fort dès lors qu’il s’agit d’expliquer comment nous avons pu en arriver là.

Quoique ce soit moins discuté à ce jour, climat et guerre en Ukraine ne sont pas liés qu’en termes de causes : la paix ne peut être pensée et construite qu’en lien étroit avec la question de la justice climatique.

La coïncidence suivante n’a guère été discutée, elle est pourtant révélatrice : la guerre a débuté au moment même où un Prix Nobel de la paix achevait ses travaux. Le Giec a en effet reçu le prix Nobel de la paix en 2007 : ainsi, il ne serait pas qu’une institution de recherche sur le climat, mais un acteur majeur du maintien de la paix. Au moment où Rajendra Kumar Pachauri prononçait son discours d’acceptation du prix devant l’académie Nobel, plusieurs centaines de militant·es rassemblé·es à Bali – en marge de la COP 14 – créaient une coalition internationale pour la justice climatique – « Climate Justice Now ! ». Au cours des quinze dernières années, le mouvement pour la justice climatique a réussi à bloquer de nombreux projets d’infrastructures liés aux combustibles fossiles – pipelines, centrales au charbon, pistes d’aéroport, etc. Des projets d’infrastructures que nous qualifions souvent, dans le mouvement, de « bombes climatiques ». Une façon implicite de dire que le changement climatique pourrait s’apparenter à une guerre.

Géopolitique

Il aura cependant fallu du temps pour que ce mouvement devienne réellement massif et soit capable de mobiliser des millions de personnes. En septembre 2019, 7,5 millions de personnes sont ainsi descendues dans les rues du monde entier à l’appel des jeunes grévistes pour le climat. Soit la plus grande manifestation mondiale jamais organisée – avec les marches mondiales contre… la guerre en Irak de février 2003. Depuis le début de la guerre, ce sont les mêmes jeunes grévistes du climat qui sont à l’origine des mobilisations les plus massives : 500 000 personnes à Berlin fin février, et plus de 100 000 à Hambourg le 3 mars.

Il convient alors d’admettre que la paix comme la justice climatique n’ont rien à voir avec la neutralité. La guerre actuelle en Ukraine est une preuve supplémentaire du fait que l’industrie fossile est directement liée à des régimes criminels et autoritaires.

Le mouvement pour la justice climatique a trop souvent laissé de côté la question géopolitique. Pourtant, les obstacles à une transition vers les énergies renouvelables n’ont jamais été techniques, ni financiers, et encore moins sociaux. Ils ont été, avant tout, géopolitiques : les (super)puissances existantes sont enclines à forer, extraire et brûler davantage de combustibles fossiles parce que ces derniers sont à l’origine de leur pouvoir. Elles considèrent la transition comme une menace pour leur rôle et leur statut sur la scène internationale.

Les seuls qui ont un intérêt réel à maintenir le statu quo énergétique sont les ultra-riches, les oligarques, les 1 %. Dans cette perspective, la paix sera obtenue par la capitulation de l’industrie fossile : il n’y aura pas de paix dans un monde où Gazprom, Exxon, Total, BP, etc. et toutes les institutions financières qui soutiennent leurs activités sont autorisés à extraire, transporter et brûler des combustibles fossiles.

En tant que mouvement pour le climat, il est probable que nous ne puissions pas faire grand-chose directement contre la guerre actuelle contre l’Ukraine. Mais lutter contre l’industrie fossile est une façon d’essayer de contribuer à créer les conditions de la paix.

La guerre en Ukraine menace les négociations climatiques
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/La-guerre-en-Ukraine-menace-les-negociations-climatiques

Les négociations climatiques entre États risquent d’être paralysées par la guerre menée par la Russie. Missions entre chercheurs annulées, passes d’armes entre diplomates… Les premières conséquences sont déjà là.

C’est une évidence qu’il n’est pas inutile de rappeler. À l’échelle internationale, nous avons besoin de paix et de concorde entre les différents pays pour résoudre la crise climatique. Ce fragile équilibre a volé en éclat avec la guerre en Ukraine. Depuis deux semaines, nous avons plongé dans une nouvelle ère, pleine d’incertitudes, où le front climatique pourrait être marginalisé au profit des opérations militaires. Alors qu’un dirigeant autocrate brandit l’arme nucléaire et menace ses voisins, comment peut-on imaginer tendre paisiblement vers un monde écologique à +1,5 °C [1] ?

Chez les écologistes et les scientifiques, la crainte est grande. Comme le rappelle à Reporterre Jean Jouzel, climatologue et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), « il faut de la solidarité et de la confiance pour parvenir à prendre la mesure du réchauffement climatique. Tout le monde doit regarder dans la même direction. Les périodes de tension et de guerre sont, par essence, défavorables à la lutte contre le réchauffement climatique ».

Pour Clément Sénéchal, de Greenpeace, « pacifisme et écologie sont les deux facettes d’une même médaille ». Cette aspiration est gravée jusque dans le nom de son association, qui signifie « paix verte ». Dès ses origines, dans les années 1970, ses militants luttaient contre les essais nucléaires militaires avec cette idée qu’« il existerait, au-delà des nations, une humanité commune qui se partagerait un environnement commun ».

« Le but de l’action climatique, c’est de préserver la vie, pas de la détruire »

La guerre vient battre en brèche cette belle espérance. Elle pousse au repli. « Alors que l’action climatique exigerait aujourd’hui une réelle culture du dialogue et des réponses coordonnées de la part des États », souligne Clément Sénéchal. Au cours des négociations climatiques, il s’agit rien de moins que de planifier, à l’échelle de la planète, la mobilisation et la répartition des ressources, de la manière la plus consensuelle. « C’est forcément en contradiction avec une situation de guerre où ces ressources sont concentrées vers des enjeux de survie et des calculs géopolitiques nationalistes, poursuit le porte-parole de Greenpeace. Le but de l’action climatique, c’est de préserver la vie, pas de la détruire. »

« Le nouveau régime climatique », comme l’appelle le philosophe Bruno Latour, [2], avec son art de la diplomatie, a du plomb dans l’aile. « Comment voulez-vous sérieusement chercher le bien commun quand des États se livrent à de pareils actes d’agression ?, s’interroge le politologue et professeur à Sciences-Po Guillaume Devin. Ce qui se joue en Ukraine est la condition de tout le reste. »

Les effets de la guerre se font déjà ressentir. Même si la communauté scientifique est soudée, on a pu observer lors de la finalisation du dernier rapport du Giec, au cours de la rédaction du résumé aux décideurs, « des passes d’armes entre les diplomates russes, ukrainiens et américains », d’après Clément Sénéchal. « On a vu une réplique du conflit militaire s’introduire dans le jeu des négociations climatiques. » La Russie, accompagnée de l’Inde, a souhaité atténuer le passage sur les conflits armés que pourrait causer le réchauffement climatique. L’Ukraine et les États-Unis, à l’inverse, ont tenu à ce qu’il y figure. Le texte a finalement été amoindri.

Autre enjeu décisif, l’Arctique. Selon un article du Times, le conflit ukrainien s’est propagé jusqu’à ces terres lointaines où la recherche internationale vient de s’arrêter brutalement. Un consortium mondial de scientifiques du pergélisol était sur le point de se lancer pour étudier le réchauffement de la région. Mais le tumulte international et les sanctions financières ont mis un terme immédiat à toute collaboration scientifique avec des chercheurs russes. « Au moins la moitié de notre travail aurait été en Russie, et maintenant nous ne pouvons plus faire de science là-bas », a déclaré au Times Sue Natali, directrice du programme Arctique du Woodwell Climate Research Center dans le Massachusetts. Cette recherche était d’autant plus importante que l’Arctique est, après la forêt amazonienne, le deuxième plus grand puits de carbone au monde. Et, pour l’instant, le pergélisol est très peu étudié.

« Nous n’avions pas connu une crise de cette ampleur »

La semaine dernière, sept des huit pays de l’Arctique – le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Suède et les États-Unis – ont également annoncé qu’ils suspendaient leur participation au Conseil de l’Arctique, l’organisme intergouvernemental qui coordonne la politique dans cette région et qui traite notamment des questions liées à l’exploration, à l’extraction des ressources et aux études d’impact environnemental.

Cette politique de la chaise vide fait craindre le pire aux peuples autochtones habitant la région. « Dans un monde où les ressources naturelles s’amenuisent, l’Arctique est le dernier endroit où la plupart de ces ressources sont inexploitées, non seulement les métaux, les terres rares et le bois, mais aussi l’eau douce, écrivent-ils. Si nous n’avons pas de mécanisme amical pour convenir conjointement de la conservation, de la recherche et du développement, les actions dans ces domaines conduiront à une trajectoire climatique très différente de celle qui pourrait se produire si la collaboration était en place. »

Pour le climatologue Jean Jouzel, la situation engendrée par la guerre en Ukraine est complètement inédite : « Depuis le début des négociations climat, avec le sommet de Rio en 1992, nous n’avions pas connu une crise de cette ampleur. Sauf peut être avec les attentats de 2001 et la montée du terrorisme. À cette époque aussi, l’événement avait occulté la bataille écologique ».

C’est, d’ailleurs, aujourd’hui, la plus grande frayeur des militants et des militantes : que la lutte contre le réchauffement climatique passe de nouveau à la trappe au profit de la real politik et des logiques de court-terme. Après deux ans de pandémie qui ont mis au second plan les enjeux environnementaux, voici désormais le spectre de la guerre.

« L’agenda international va être accaparé par la guerre »

Le faible écho de la publication du dernier rapport du Giec le prouve. Il n’a pas focalisé les médias et les candidats à la présidentielle ne s’en sont pas emparés. À peine 2,7 % du temps de parole de cette campagne électorale est consacré au climat. « Ce n’est jamais une priorité, se désespère Jean Jouzel, on va continuer à prendre du retard et la fenêtre d’action va devenir de plus en plus restreinte ».

Aurore Mathieu, du Réseau Action Climat, redoute que le conflit s’enlise. « Si c’est le cas, l’agenda international va être accaparé par la guerre, confie-t-elle à Reporterre. Le conflit risque de monopoliser les discussions lors du prochain G7 en juin et de polluer les intersessions climatiques à Bonn. »

Pour l’instant, ce ne sont que des spéculations. Mais elles inquiètent. « Lors de la COP27, il pourrait aussi être plus difficile de faire pression sur l’Égypte, le futur pays hôte, analyse Aurore Mathieu. L’objectif était de lui demander de sortir du charbon, mais si elle devient exportatrice de gaz pour l’Europe ce ne sera pas possible. »

L’avenir nous dira ce qu’il en sera. Il n’en reste pas moins que la grande majorité des pays du monde ont toujours intérêt à lutter contre le réchauffement climatique. Il en va de leur survie. Guerre ou pas guerre.

L’isolement de la Russie et son ostracisme ne changeront d’ailleurs pas grand-chose. Elle a toujours été désengagée des débats sur le climat et dans une position attentiste [3]. Même avant le conflit en Ukraine. L’histoire des relations internationales peut aussi nous donner un peu d’espoir. « La guerre froide qui était une période de tension intense n’a pas écrasé complètement le multiculturalisme, rappelle le politologue Guillaume Devin. De grandes avancées internationales ont été réalisées, avec la conférence de Stockholm en 1972 et la création du programme des Nations Unies pour l’environnement. On peut espérer de la même manière aujourd’hui que le conflit en Ukraine ne paralyse pas tout. »

L’artificialisation des sols et la bétonisation se poursuivent à « un rythme soutenu » en France
Barnabé Binctin
https://basta.media/Artificialisation-des-sols-betonisation-terres-agricoles-espaces-naturels-habitat-voitures

Certes, c’est sous le mandat Macron qu’un méga projet comme Europacity a été abandonné… mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt : en matière de bétonisation des sols le bilan est peu glorieux et attise l’inquiétude de nombre d’associations.

 

 

 

Quel bilan du quinquennat ?

Quel est le véritable bilan d’Emmanuel Macron sur les problèmes que soulève régulièrement basta! ? Pour aller au-delà de la com’, pendant toute la campagne électorale, basta! dresse pour vous des bilans du quinquennat sur une série de sujets très concrets.

Au rang des autosatisfecits écolos du gouvernement, ce n’est pas forcément celui qu’on attendait le plus. Pourtant, la lutte contre l’artificialisation des sols figure désormais en bonne position. « Le quinquennat qui vient de s’écouler est sans conteste celui qui a le plus agi en faveur de la transition écologique, écrit ainsi Marine Braud, ex-conseillère de Barbara Pompili, au ministère de la Transition écologique, dans une note publiée fin 2021 par le think tank Terra Nova. Il a mis sur la table de nombreux sujets peu, voire pas, traités au cours des mandats précédents sur lesquels la France s’est positionnée en pionnière, tels que la réduction de l’artificialisation ». À son crédit, Emmanuel Macron peut faire valoir utilement quelques arguments.

Dans la loi d’abord, avec l’objectif du « Zéro artificialisation nette », inscrit une première fois dans le plan Biodiversité présenté par Nicolas Hulot à l’été 2018, avant d’être confirmé dans la loi « Climat et résilience » présentée l’année dernière. Dans les actes ensuite, avec l’abandon de quelques projets à forte emprise sur des terres agricoles – et à haute-valeur symbolique – comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ou le mega complexe d’Europacity, à Gonesse (Val-d’Oise). Dans les faits, enfin, si l’on en croit les chiffres avancés par le ministère de la Transition écologique, qui ne tablerait plus « que » sur « 20 à 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers consommés en moyenne chaque année ». Soit deux à trois fois la surface de Paris avalée par le béton ou artificialisée.

Oui, mais c’est bien connu, on s’arrange toujours avec les chiffres. Ceux de l’artificialisation n’ont manifestement pas grand-chose à envier au décompte d’une manifestation : il y a le chiffre du ministère et celui des organisations non gouvernementales…

Deux ONG mettent à mal cette communication officielle, en estimant la réalité au double : pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), l’artificialisation actuelle serait plutôt de l’ordre de 50 000 hectares par an, tandis que Terre de Liens, une association qui aide les agriculteurs à s’installer, évoque le chiffre de 57 600 hectares supplémentaires consommés en moyenne chaque année. C’est l’équivalent d’un terrain de foot toutes les 7 minutes ! Le phénomène n’est pas nouveau, et date de bien avant l’arrivée de Macron : entre 1982 et 2018, les espaces grignotés par l’artificialisation ont augmenté de 72% en France métropolitaine, a ainsi calculé le ministère de l’Agriculture [1]. À ce jeu-là, le « résultat est sans appel, écrit ainsi Terre de Liens. La France fait partie des mauvais élèves, se situant au-dessus de la moyenne européenne d’artificialisation des sols », entretenant en la matière « un rythme soutenu » et « une dynamique constante ».

Emmanuel Macron a-t-il seulement cherché véritablement à enrayer ce fléau ? Ce n’est pas l’avis de Chloé Gerbier, juriste en droit de l’environnement, et cofondatrice de Terres de luttes, un collectif récemment créé pour « s’opposer à la bétonisation de nos terres, bradées au profit d’extension d’aéroports, d’entrepôts Amazon ou autres centres commerciaux par centaines ». « Sous ce quinquennat, la question de l’artificialisation a été traitée comme toutes les autres grandes questions environnementales : on a eu de grands effets d’annonce, avec l’objectif du « Zéro artificialisation nette » qui a été particulièrement médiatisé, mais qui a en réalité une traduction législative très mauvaise, pour ne pas dire nulle. » Même son de cloche, du côté de Terre de Liens : « Le principal pas en avant entrepris par Emmanuel Macron sur le sujet, c’est la loi Climat qui s’avère complètement à côté de la plaque. On ne résout en aucun cas le problème de l’artificialisation, et tous les dangers qui pèsent sur les espaces agricoles », juge Coline Sovran, chargée de plaidoyer pour l’association.

En cause notamment, l’absence d’outils véritablement contraignants et une artillerie légale loin d’être à la hauteur des beaux discours. Certes, l’inscription de l’objectif dans le Code de l’environnement est une avancée notable, en le rendant désormais opposable juridiquement. Le texte de la loi Climat entretient cependant le plus grand flou sur la répartition des compétences entre les collectivités – donc sur l’autorité réellement compétente en la matière – autant que sur le caractère réellement obligatoire. « Pour rendre l’objectif opérationnel, il faudrait que les collectivités en soient responsables juridiquement, c’est-à-dire qu’elles soient tenues légalement de le traduire concrètement dans leurs plans locaux d’urbanisme (PLU) – et non plus seulement de le « prendre en compte – sous peine de sanctions financières, détaille ainsi Alma Dufour, qui a suivi de près les débats autour du projet de loi lorsqu’elle travaillait pour les Amis de la Terre. De plus, l’objectif incombe aux régions, alors qu’elles n’ont précisément pas la main sur les PLU… c’est le meilleur moyen de vider l’objectif de toute sa substance ». À quoi sont destinées ces terres artificialisées ? L’habitat représente la plus grosse part avec 42 % de la consommation des espaces naturels et agricoles, devant les nouvelles routes et autoroutes (24 %) [2]. Les vrais décisionnaires en matière d’artificialisation restent donc les communes, qui classent les zones à construire et délivrent les permis afférents.

Autre problème, l’horizon indiqué pour atteindre cet objectif est 2050. « Une échéance bien trop lointaine », dénonce Chloé Gerbier. Le texte de loi y ajoute bien l’objectif d’une division par deux du rythme d’artificialisation dans les dix prochaines années [3] – mais si cela se passe comme pour les pesticides, cela revient à un blanc-seing pour continuer d’artificialiser, encore et toujours. Ce calendrier paraît déjà mis à mal par des évolutions législatives postérieures : dans la loi dite « 3DS » (Différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) adoptée le 9 février dernier, le gouvernement a déposé un amendement repoussant jusqu’en octobre 2022 la concertation à ce sujet au sein de la Conférence des SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) – l’instance régionale compétente en matière d’urbanisme. Bilan, les régions ont jusqu’au… 22 février 2024 pour intégrer les objectifs de réduction de l’artificialisation dans leur document de planification . « C’est un syndrome très français, de se fixer de grands objectifs que l’on rend complètement inapplicables dans les faits, résume Alma Dufour. Viser 2050, sans avoir une trajectoire détaillée et intermédiaire à 2030, c’est garantir qu’on se réveillera dans 20 ans en constatant qu’on n’y est pas du tout… ».

Du côté de Terre de Liens, on remet en cause l’ambition même de cet objectif, en interrogeant sa logique profonde : « « Zéro artificialisation nette », ça veut dire qu’en réalité, on peut continuer à artificialiser, si tant est qu’on compense en face. Qu’est-ce que ça veut dire, compenser des terres naturelles ? Ce qu’on détruit en termes d’écosystème, de fonction des sols et de qualité agronomique, on ne le récupère pas ensuite en retirant une couche de béton ailleurs… Il y a un enjeu d’irréversibilité que le Gouvernement camoufle derrière ce concept de « Zéro artificialisation nette » », s’insurge Coline Sovran.

Pour renaturer un sol, il faut désimperméabiliser, dépolluer, décompacter, réintroduire de la végétation et tenter de le reconnecter aux écosystèmes naturels environnants. Un processus extrêmement long, en plus d’être incertain et particulièrement coûteux. Dans son rapport, Terre de Liens évoque ainsi une facture globale comprise entre 50 et 170 milliards d’euros pour renaturer les 570 km2 artificialisés chaque année en France. « Autant techniquement que financièrement, l’idée de compenser l’artificialisation est presque impossible, conclut Coline Sovran. La loi donne l’illusion d’une solution qui n’en est pas une : ce qu’il faut viser, ce n’est pas le « Zéro artificialisation nette » mais le zéro artificialisation tout court ! »

Le béton, nouvel artifice du « en même temps » macroniste

Si les grandes promesses affichées par la loi ne résistent donc pas longtemps à l’épreuve des faits, c’est peut-être aussi parce qu’elles ont une tout autre fonction : celles de cache-misère. Si la dynamique globale de l’artificialisation ne fléchit pas sous le quinquennat Macron, c’est que ce dernier continue tout simplement de l’entretenir, par ailleurs. « On voit se développer des politiques publiques qui entrent en opposition frontale avec l’objectif de Zéro artificialisation », pointe Chloé Gerbier. À l’image du dernier appel à projet « Sites industriels clés en main » lancé en septembre 2021, qui ajoute 49 nouveaux sites aux 78 déjà sélectionnés l’année précédente . L’idée : aménager – autrement dit, bétonner – de nouveaux emplacements avec toutes les commodités nécessaires à l’installation d’entreprises ou d’unités de production destinées à la « réindustrialisation de la France ».

« C’est vraiment de l’artificialisation pour le plaisir de l’artificialisation puisque les emplacements ne sont même pas encore vendus au moment des travaux – et qu’ils se révèlent parfois très difficiles à vendre, ensuite… », grince Chloé Gerbier. C’est l’exemple caractéristique du projet de parc écotechnologique au Carnet, du côté du Grand Port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire, où une ZAD s’est montée en 2020 afin de protéger les 110 hectares d’espaces naturels ainsi menacés (lire notre reportage). Un cas qui est également symptomatique d’une autre tendance lourde du quinquennat Macron, en totale contradiction avec les grandes promesses de verdissement – celle du détricotage permanent du droit de l’environnement : « La loi ASAP [Accélération et simplification de l’action publique, ndlr] permet des implantations toujours plus rapides de sites industriels, avec moins d’évaluation, moins de consultation du public, poursuit Chloé Gerbier. Ces grands projets imposants et polluants comme « les sites clés en main » participent à ouvrir toujours plus de dérogations au Code de l’environnement… ».

Autre renoncement : l’exclusion des entrepôts de e-commerce du moratoire sur les zones commerciales issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat. S’ils ne représentent qu’un petit pourcentage de l’artificialisation actuelle (autour de 1 %), l’enjeu est loin d’être anodin : « La croissance du secteur et la dynamique d’implantation sont telles que cela représentera vite 4 à 5 % si l’on ne fait rien, rappelle Alma Dufour. Aujourd’hui, le plus grand entrepôt ouvert par Amazon en France [en août 2021 à Augny, au sud de Metz, sur 185 000 m2, ndlr] est déjà plus grand que le plus grand centre commercial français [La Part-Dieu, à Lyon, pour un total de 160 000 m2, ndlr] ». Autrement dit, c’est bien la peine d’abandonner Notre-Dame-des-Landes et Europacity, si c’est pour permettre à côté l’expansion des méga monstres d’Amazon…

L’exemple illustre à sa façon la politique macroniste du sempiternel « en même temps » auquel l’enjeu de l’artificialisation des terres n’échappe donc pas, non plus.

Les pistes de mesure concrète sont pourtant connues, à commencer par la fiscalité. La taxation des plus-values foncières peut être réalisée lors d’un changement d’usage d’une terre : « Dans les territoires dits à forte attractivité, un terrain agricole peut parfois se vendre jusqu’à 500 fois plus cher lorsqu’il devient constructible… Comment peut-on désinciter à l’artificialisation si l’on valorise plus une terre ‘‘à-artificialiser’’ ? » interroge Coline Sovran. Raison pour laquelle il conviendrait également de réfléchir à des transferts de compétence plus effectifs, ou à l’instauration de garde-fous, dans l’élaboration des documents d’urbanisme : « Au niveau très local, il faut pouvoir soustraire les élus des pressions qui peuvent s’exercer sur eux lorsqu’il s’agit de décider de rendre constructible un terrain… », poursuit la responsable de Terre de Liens.

L’enjeu révèle « le marasme » et l’extrême-vulnérabilité, notamment financière, des collectivités locales dans le paysage politique actuel : « Aujourd’hui, les collectivités sont tellement exsangues fiscalement qu’elles ont intérêt à bétonner pour se créer des rentrées fiscales, à travers la création de bureaux ou d’activités économiques – de surcroît dans un contexte libéral de mise en concurrence permanente entre elles. Les projets Amazon, c’est aussi tout simplement un moyen de pouvoir refaire la cantine, on en est là… », tempête Alma Dufour. Potentielle candidate aux législatives pour la France insoumise, dont elle a rejoint le mois dernier le parlement de l’Union populaire, elle appelle ainsi à renforcer substantiellement les dotations aux collectivités, véritable levier de la lutte contre l’artificialisation.

À l’heure de ce bilan, il ne reste guère qu’une avancée significative à mettre véritablement au bénéfice de ce quinquennat : l’inscription de cette thématique à l’agenda de l’opinion publique. « C’est sûr qu’il y a encore 5 ou 10 ans, ce n’était pas vraiment un sujet grand public, c’est le moins que l’on puisse dire », admet Coline Sovran. S’il reste encore du chemin pour en faire une priorité à la hauteur de l’urgence, Alma Dufour dit constater « une impulsion politique beaucoup plus forte sur ce sujet ». Mais là aussi, Emmanuel Macron en est bien indirectement responsable : « C’est parce que le moratoire sur les zones commerciales faisait partie des revendications qui ont émergé du mouvement des Gilets jaunes, et parce que la Convention citoyenne pour le climat a ensuite associé ce sujet à l’enjeu d’artificialisation des terres pour travailler cette problématique de façon globale, que le sujet a fini par s’imposer un peu plus durablement à la table du président. » Pour le résultat qu’on connaît, donc.

Notes

[1Selon ce rapport publié l’année dernière par le service statistique du ministère, Agreste.

[2Devant les infrastructures de transports (28 %) et les zones d’activité économiques (14 %). Chiffres issus d’un rapport piloté par France Stratégie.

[3Objectif établi par rapport aux dix dernières années écoulées. Officiellement, la loi stipule ainsi que « le rythme de l’artificialisation des sols dans les dix années suivant la promulgation de la présente loi doit être tel que, sur cette période, la consommation totale d’espace observée à l’échelle nationale soit inférieure à la moitié de celle observée sur les dix années précédant cette date ».

Zorioneko daude azken baleak: baliteke guk bizia barkatzea, milaka zuhaitzek baino CO2 gehiago biltzen dutelako
Pello Zubiria Kamino
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Islandiak jakinarazi berri du 2024tik goiti ez duela gehiago balearik ehizatuko. Luzaz horien sarraskia salatzeko piztutako protestengatik ez bezala, orain islandiarrek amore eman bide dute baleak bizirik ikustera uharteraino hurbiltzen diren turisten diruagatik. Baina, gainera, Nazioarteko Diru Funtsa ohartu da baleak bizirik atxikitzea negozio ere izan daitekeela, beren gorotzekin itsasoko bizidunak elikatuz CO2-a finkatzen oso onak direlako.

Balearen Nazioarteko Eguna –hurbilagoko beste efemeride tristeago bat bezala otsailaren 20an ospatzen dena– galbidean dauden animalia mitiko horientzako albiste on batekin heldu da aurten: Islandiak iragarri du 2024an betirako luzatuko duela bere arrantzaleek balearik harrapatzeko debekua. Balea harrapaketaren Nazioarteko Batzordeak (IWC ingelesezko sigletan) 1986an debekatu zuen arren horiek salerosketarako ehizatzea, Islandiak, Norvegiak eta Japoniak segitu dute horretan.

Balea generoen artean, Islandiaren erabakiak bereziki arnasa emango omen die zereei (Balaeonoptera). Itsasoetan horietarik 100.000 geratzen omen dira. Zere bat zen 2012an Donostiako Kontxan lehorreratuta hil zen balea. 2013tik Islandiak horien haragia nagusiki Japoniara esportatzen zuen, baina arrantzaleak kexu ziren merkatu hark ez zuelako indarrik hartzen. Islandian bertan soilik herritarren %1ak jaten omen du maiztasunez balea haragia.

Azken urteotan, aldiz, oso bestelako industria batek hartu du indarra zetazeo horien inguruan: itsasoan baleak bizirik ikusteko aukera ematen duen turismoarenak. Mundu mailan 2.000 milioi dolar mugiarazten omen ditu –soilik Islandian 22 milioi–. Uharteraino urtean 300.000 pertsona datoz asmo horrekin. Ageri da ekologistek Meet Us Don’t Eat Us –“Topatu gaitzazu, ez gaitzazu jan”– esloganez turisten artean egindako kanpainak arrakasta lortu duela.

Merkatu berri hau ikusi bide du lanjerrean Reykjavikeko gobernuak; 2024an egokitzen zaionez arrantza-kuotak berriz negoziatzea, arriskua zegoen berriro itsasoko ehiza odoltsuaren irudiz betetako kanpainak piztea, atzerritarren artean hoztuz Islandiara hurbiltzeko gogoak. Zertarako hil, bizirik diru gehiago dakarkiguna? Zereek ziur eskertu dutela gizakiek bizia barkatuz egin dieten opari berria.

Turistez gain, ordea, maitale berri eta are indartsuago bat azaldu zaie baleei. Nazioarteko Diru Funtsak hiru hilero plazaratzen duen Finance & Development buletinean argitaratu berri du ikerlan bat titulu kitzikagarri hau daramana: “Nature’s Solution to Climate Change. A strategy to protect whales can limit greenhouse gases and global warming” (“Naturaren soluzioak klima-aldaketari. Baleak babesteko estrategiak mugatu ditzake negutegi-gasak eta planetaren berotzea”). Zientzialari eta ekologistek aspaldi erakutsitakoa orain NDF boteretsuak bere egitea zerbaiten seinale izan daiteke.

Balea batek bere bizitzan zehar 33 tona CO2 harrapatzen omen dizkio atmosferari eta kopuru hori egiteko milaka zuhaitz behar dira. Kakatan datza zerbitzu handiaren gakoa, baleak itsasoan barreiatzen dituen gorotzetan. Dokumentaletan inoiz ikusi ez dugun arren, beste edozein animaliak bezala baleak ere kaka egiten baitu… eta ez gutxi, planetako abererik handienari dagokion adina ongarri barreiatzen du.

Gorotz kopuru handiok aberatsak dira burdina, fosforo, nitrogeno eta abarretan eta zer jana ematen diete itsasoko fitoplanktonei. Ozeanoei bizia ematen dieten bakterio eta landare mikroskopikook sortzen dute, hain zuzen, planetak daukan oxigenoaren %50 eta urtean 37.000 milioi tona CO2 zurrupatzen dituzte, sortutako guztiaren %40.

Fitoplanktonez elikatzen da krill famatua, krustazeo ñimiño bat ozeanoetako hainbat biztanleren elikagaia dena, tartean balearena (zeinak gorotzekin bazka emango dion berriro fitoplanktonari…). Eta hildakoan, baleak itsasoaren sakonean utziko du dozenaka tona pisatzen duen gorpuan metatutako CO2 guztia.

Horra zergatik balea populazioaren gainbehera erloju-bonba bat den planetaren oreka ekologikoarentzako. Balea ehiza euskaldunek hasi zuten XI. mendean eta ondoko 700 urteetan Europa inguruko itsasoek ikusi zuten zetazeo hori urritzen. XIX. mendean, ordea, industrializazioa iritsi zen ozeanoetara ere eta XX.a amaitzerako planeta osoan zeuden 4 edo 5 milioi baleak murriztu ziren 1,3 milioitaraino. Atera kontuak zer nolako eragina ekarri duen galerak itsasoko bizidun guztien artean, krill, arrain, ugaztun eta hegaztiak barne.

“Baleei –dio NDFko ekonomialarien txostenak– utziko balitzaie ugaritzen ehiza industriala hasi aurretik ziren 4 edo 5 milioi izateraino, fitoplankton kopurua asko handituko litzateke ozeanoetan eta horrek karbono asko harrapatuko luke. Soilik fitoplankton kopurua %1 handitzeak eragingo luke urtero milaka milioi CO2 tona gehiago harrapatzea, bat-batean bi milioi zuhaitz heldu gehiago agertuta adina”. NDFko ekonomialariek dirutan ere neurtu dute afera. Batetik dago gaur turismoarekin mugiarazten duten dirutzari. Baina horri gehitu behar zaio animaliok karbonoaren katean eragiten dutenaren balioa, CO2aren emisio-konpentsazio merkatuaren prezioetan. Dena zenbatuta, NDFeko ekonomialariontzako balea handi batek 2 milioi dolarreko balioa dauka eta balea handi guztien artean erraz gainditzen dute bilioi bat dolar. Zergatik ez hasi baleak bizirik atxikitzea saritzen?

“Planetako karbono emisioen %17 basoen suntsiketak eragiten dituela ohartuta, Nazio Batuen Erakundeak REDD izeneko konpentsazio programa abiarazi du beren basoei eusten dietenak saritzeko, CO2a atmosferatik at edukitzen laguntzen dutelako. Gisa berean sortu ditzakegu finantza-tresnak planetako balea populazioak berriro leheneratzen laguntzeko”. Horrela finantzatuko lirateke ez bakarrik azken balea ehiztariak lehorrean gelditzeko dirulaguntzak, baizik eta baita ere, esaterako, itsasontzi handiek –animalion beste etsai itsuak– baleekin talka egin ez dezaten konpainiek egin beharko dituzten ibilbide aldaketak ere.

Irakurle mesfidatiarekin batera galde dezakegu guk ere: balea batek benetan balio ote ditu bi milioi dolar? Zilegi da koste eta etekinen kalkuluetan hesitzea izaki bizidunak eta ura edo haizea bezalako baliabide naturalak?

“Noski baietz”, erantzungo digute Greenwashing doktore-ek. Eta laster, Petronorrek ez bada Zabalgarbik edo Gipuzkoako GHK-k beren CO2ak ordainduko dituzte baleak babestuz