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Articles du Vendredi : Sélection du 11 juillet 2014 !

« Buen vivir » et biens communs au centre de l’université d’été de la solidarité internationale

par Collectif 30 juin 2014
www.bastamag.net/Des-alternatives-pour-des

Quelle justice sociale à l’heure de la transition énergétique ?

par Collectif 8 juillet 2014
www.bastamag.net/Quelle-justice-sociale-a-l-heure

Les ressources énergétiques sont au coeur des conflits internationaux

Noël Mamère
www.reporterre.net/spip.php?article6118

Mais pourquoi les collectivités ont-elle réduit leur consommation d’énergie?

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/mais-pourquoi-les-collectivites-ont-elle-reduit-leur-consommation-d-energie,47962?xtor=EPR-9

Face au traité de libre-échange, des Italiens rêvent d’économie solidaire et de commerce équitable

Alberto Zoratti, Monica Di Sisto
www.bastamag.net/Face-au-traite-de-libre-echange

Kapitala XXI mendean: Hautsak harrotu dituen liburua

Aiala Elorrieta, Manu Robles Arangiz fundazioa.
www.mrafundazioa.org/eu/artikuluak/kapitala-xxi-mendean-hautsak-harrotu-dituen-liburu

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« Buen vivir » et biens communs au centre de l’université d’été de la solidarité internationale

par Collectif 30 juin 2014
www.bastamag.net/Des-alternatives-pour-des

Du 2 au 5 juillet, Rennes accueillait l’Université d’été de la solidarité internationale, coordonnée par Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID). Au programme : des débats, des ateliers, des animations pour se former au contact de nombreuses associations, rencontrer des personnes de tous horizons, débattre, construire des passerelles et lancer des initiatives.

Le modèle de développement actuel, et mondialisé, a clairement montré ses failles, tant du point de vue économique, social, géopolitique et démocratique que du point de vue environnemental et écologique.

La question de nos modes de vie, de production, de consommation, de répartition des richesses et de décisions est source de nombreuses polémiques. La mise en place en 2000 des Objectifs du Millénaire pour le Développement n’a pas suffi à éradiquer l’extrême pauvreté, ni à assurer des conditions de vie décentes à tou-te-s. De multiples manifestations de la crise touchent aujourd’hui toutes les populations de la planète. Par ailleurs, cela fait déjà plusieurs années que nous savons que l’impact de l’activité humaine sur nos écosystèmes n’est plus seulement préoccupant, mais tout à fait alarmant. Les mises en gardes deviennent récurrentes : nous ne pouvons pas continuer ainsi, au risque de créer une catastrophe écologique et climatique remettant en question l’avenir de l’Humanité.

Des changements s’avèrent donc nécessaires, primordiaux. Heureusement, face aux crises qui nous assaillent, les citoyen-ne-s ne restent pas démuni-es. Bien au contraire, comme la deuxième face d’une même pièce, les alternatives au système existant fleurissent un peu partout sur la planète. Des femmes et des hommes du monde entier construisent des alternatives à leur échelle. en s’appuyant sur de nombreux concepts développés ces dernières années : du concept du « buen vivir » tel que prôné et réclamé par des millions de personnes souhaitant se mettre au diapason d’un autre rythme de vie, à celui des « biens communs » pris comme base de construction de modèles alternatifs aux modèles marchands et financiers. Les nouveaux modes de vie, de production et de consommation qui en découlent n’ont rien d’anecdotiques : économie sociale et solidaire, circuits courts, commerce équitable, habitat partagé, médias libres, villes en transitions…tous sont viables économiquement, justes socialement et soutenables écologiquement.

Le dynamisme sans faille qui caractérise ces initiatives doit nous permettre de ne pas tomber dans le piège des discours anxiogènes qui tiennent le devant de la scène. Le temps de la dénonciation est passé. Nous savons ce qui ne fonctionne pas, et nous savons pourquoi. Heureusement nous savons aussi que des solutions engageantes existent, et que loin de dépendre de la seule volonté de nos personnels politiques, leur mise en œuvre peut passer par l’action citoyenne. Ce que nous montrent les exemples d’alternatives cités plus haut, c’est que les transitions que nous appelons de nos vœux sont déjà engagées, qu’elles sont à portée de main et qu’il nous suffit de comprendre comment les soutenir à notre tour pour contrer cette angoissante vision de l’avenir que l’on nous propose trop souvent.

« Bien vivre ensemble, c’est possible », c’est l’affirmation que nous portons aujourd’hui, sans naïveté aucune, mais animés par un puissant désir de solidarité internationale, d’entraide, de respect et de réciprocité.

L’Université d’été de la solidarité internationale 2014 se propose de mettre en avant ces alternatives, et de porter le thème des transitions (sociales, économiques, démocratiques, géopolitiques, écologiques…) pour s’inscrire dans une dynamique optimiste et communicative. Faisant écho à des processus en cours, ces 4 jours de rencontres et de dialogues ont eu pour but d’échanger et de former les citoyen-ne-s que nous sommes aux moyens à mettre en œuvre pour la construction de transitions solidaires.

Quelle justice sociale à l’heure de la transition énergétique ?

par Collectif 8 juillet 2014
www.bastamag.net/Quelle-justice-sociale-a-l-heure

« Quelle justice sociale à l’heure de la transition énergétique ? Un défi pour l’Europe. » C’est le thème du colloque international organisé par le Centre de Recherche et d’Action sociales (Ceras) du 10 au 12 septembre 2014, à Paris. Trois jours pour débattre, avec des responsables associatifs et syndicaux, des chercheurs, des élus, des personnes en situation de grande pauvreté, sur comment mieux articuler lutte contre les inégalités et impératif de transition énergétique. Avec une conviction : pour réfléchir à un projet de transition énergétique viable, il est nécessaire de prendre en compte les questions de justice sociale.

Préparé pendant plus d’un an avec des scientifiques et des organisations de la société civile, ce colloque fera dialoguer pendant trois jours des acteurs généralement cloisonnés : militants associatifs et syndicaux, personnes en situation de grande pauvreté, chercheurs, cadres d’entreprises et décideurs politiques français ou européens.

L’enjeu ? Mettre en débat les questions de justice sociale soulevées par la transition énergétique et faire émerger des zones de convergence autour de réformes économiques et institutionnelles possibles.

Les politiques et initiatives de « transition énergétique » font florès en Europe, et ailleurs, pour répondre au double défi posé par le réchauffement climatique et la dépendance aux énergies fossiles. Mais derrière un quasi-consensus sur la nécessité d’une telle transition demeure l’idée que, face à l’urgence immédiate de l’emploi et du remboursement des dettes, mieux vaut profiter de « l’aubaine » des gaz de schiste, attendre d’en savoir plus sur les risques climatiques et travailler à ce que le nucléaire devienne une technologie intrinsèquement sûre. Dans un contexte de crise, les gouvernements ne souhaitent pas faire peser des charges supplémentaires sur des ménages et des entreprises déjà fragilisés. Pourtant, l’inaction n’empêchera pas l’avènement d’inégalités sociales plus grandes encore : la précarité énergétique s’accroît en Europe tandis que, dans les pays du sud, les plus marginalisés revendiquent un accès aux ressources naturelles.

Ce colloque se structure autour de cette conviction : la réflexion d’un projet de transition énergétique viable suppose de comprendre les problèmes de justice sociale qu’elle soulève. L’enjeu est de dépasser les discussions technicistes actuelles sur la transition énergétique et de mettre en débat les questions de justice sociale sous-jacentes.

Comment articuler – en théorie et en pratique – la lutte contre les inégalités et l’impératif de transition énergétique ? Comment encadrer les tarifications et la fiscalité de sorte qu’elles stimulent des économies d’énergie sans pour autant exacerber les risques de polarisation sociale ? Les acteurs européens, nationaux et régionaux sont-ils en mesure de prévenir des situations de précarité énergétique qui dépendent aussi des conditions géopolitiques d’accès ? Comment penser une dimension internationale de la justice qui ne se réduise pas à une question de ‘partage des efforts’, mais passe par une vision positive des inflexions que doit prendre la dynamique de mondialisation pour être vraiment soutenable ?

Ce colloque débouchera sur une réflexion autour de questions transversales importantes pour l’action collective et les projets de société. Peut-on imaginer une culture et un mode de développement moins énergivores ?Quelles méthodes pour mettre en débat les controverses autour des initiatives à prendre, les risques pris et les problèmes de justice sociale ? Comment nos choix énergétiques remodèlent la démocratie ?

Une quarantaine d’intervenants seront présents à ce colloque, parmi lesquels : Youba Sokona, conseiller spécial développement durable au Centre Sud ; Nebojsa Nakicenovic, directeur de l’institut international pour l’analyse des systèmes appliqués, membre du GIEC ; Dominique Méda, sociologue ; Gaël Giraud, économiste ; Andrew Dobson, politologue de l’université de Keele (GB) ; Bernard Perret, socio-économiste ; Pascal Canfin, ancien ministre délégué au Développement ; Anabella Rosemberg, responsable développement durable de la Confédération Syndicale Internationale ; Pablo Solón, directeur de l’organisation « Focus on the Global South ».

Les ressources énergétiques sont au coeur des conflits internationaux

Noël Mamère
www.reporterre.net/spip.php?article6118

La plupart des conflits internationaux sont des « conflits verts », ayant pour cause le contrôle des ressources énergétiques. En vue de la Conférence Climat de 2015 à Paris, les écologistes doivent intégrer ces nouveaux enjeux géopolitiques dans leurs réflexions et leurs analyses.

L’écologie politique a, dit-on, une vision planétaire, du local au global. Pourtant cette vision du monde ne prend que très peu en compte la nouvelle géopolitique issue de la mondialisation.

La question énergétique au coeur de tous les conflits

Ce que nous voyons au Proche et Moyen Orient, comme en Afrique ou en Asie ou encore en Ukraine, devrait pourtant nous faire réfléchir. Dans tous les conflits de basse ou haute intensité, la question énergétique est devenue centrale. Ce n’est pas nouveau. Depuis le XIXe siècle la bataille pour le contrôle des ressources énergétiques a toujours été un des éléments déterminants de la course à la guerre.

Si la Grande guerre ne fut pas déclenchée, directement, pour une raison liée à l’environnement, elle n’en fut pas moins la résultante de multiples conflits entre puissances coloniales, telles que l’Allemagne, la France et l’Angleterre, quant au contrôle du monde et de ses ressources.

L’Angleterre avait compris que, pour développer son immense Empire, elle avait besoin du pétrole ; l’Allemagne misait sur l’acier et le charbon. C’est le dernier entrant dans la guerre, les Etats-Unis, qui emporta la mise en réalisant un accord stratégique avec le chef de la tribu musulmane conservatrice des Saoud, seigneurs et maîtres de l’Arabie saoudite.

Le gaz, nouvelle source de conflits internationaux

Aujourd’hui, les conflits de l’Ukraine ou de l’Irak sont, une fois de plus, liés à la bataille énergétique. Le fait est que le gaz sera la principale source d’énergie du XXIe siècle, à la fois comme alternative à la baisse des réserves mondiales de pétrole et comme source d’énergie propre.

Par conséquent, le contrôle des zones gazières du monde par les anciennes et les nouvelles puissances, est à la base d’un conflit international dont les manifestations sont régionales. Gazprom est le bras armé de la Russie dans les différents conflits en cours. L’Ukraine est l’objet d’un bras de fer sur le gaz entre la Russie et les pays européens.

Faute d’avoir réorienté à temps leur politique de transition énergétique, ces derniers sont dépendants du bon vouloir de Poutine. Celui-ci a misé sur une stratégie d’influence dans tout le Caucase pour s’approprier le contrôle du gaz. Via Gazprom, il obtient la cession d’actifs de ces pays débiteurs (Moldavie, Ukraine, Kirghiztan, Biélorussie) contre le remboursement partiel de leurs dettes énergétiques.

Il pratique une politique tarifaire différentiée, préférentielle et versatile, selon la docilité des gouvernements de sa zone d’influence. Il instrumentalise les minorités ethniques pour peser indirectement dans les négociations (Russes en Ukraine, Abkhazes et Ossètes en Géorgie).

Le pétrole, butin de guerre

En Irak et en Syrie, l’Etat Islamique du « Calife Ibrahim » a mis la main sur de vastes champs pétroliers et entend les exploiter tel un butin de guerre.

Pour les peuples de cette région, le pétrole n’est pas une « manne » mais un mal qui corrompt les dirigeants et qui, au lieu de conforter les Etats, les affaiblit durablement. La guerre d’Irak voulue par Bush était d’abord une guerre pour le contrôle des ressources pétrolières de ce pays, afin d’empêcher la Chine d’avoir accès à des champs pétroliers indispensables à son développement. Elle déboucha en fait sur la déstabilisation de tous les Etats de la Région.

En Palestine, la bataille fait rage autour des ressources en eau. L’Etat d’Israël et les colons asphyxient la Palestine en ouvrant ou fermant le robinet selon leur bon vouloir.
En Afrique, la guerre du Mali n’est pas – contrairement au storytelling humanitaire que l’on nous raconte – une guerre dénuée d’enjeux économiques. La proximité des sites d’uranium du Niger, exploités par Areva, comme les ressources exploitables dans le Nord-Mali, sont au cœur de ce conflit.

Le peuple de l’écologie doit prendre en compte ces nouveaux enjeux géopolitiques

Les conflits verts, c’est aussi la bataille autour des « terres rares », indispensables aux composants des matériaux et des technologies de l’avenir, qui ne fait que commencer, de la Mongolie à l’Amérique latine. La lutte contre « l’extractivisme » est en train de devenir un puissant facteur de rassemblement du peuple de l’écologie, partout dans le monde.

Les écologistes ne peuvent rester indifférents à ces nouveaux enjeux géopolitiques. Alors que la conférence climat, la Cop 2015, sera organisée l’année prochaine en France, je propose de placer ces nouveaux conflits au centre de notre réflexion. Nombreux seront les écologistes de tous les pays à venir en France. Nous devons en profiter pour mutualiser nos analyses et nos actions.

Ce que je vois à travers ma mission parlementaire sur l’Arctique et l’Antarctique me le confirme : nous sommes à la veille d’un bouleversement généralisé qui donnera naissance à un nouvel ordre mondial. Ne pas s’en préoccuper serait irresponsable.

Mais pourquoi les collectivités ont-elle réduit leur consommation d’énergie?

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/mais-pourquoi-les-collectivites-ont-elle-reduit-leur-consommation-d-energie,47962?xtor=EPR-9

Les communes ont réduit leur consommation d’énergie entre 2005 et 2012, montre une enquête de l’Ademe. Reste à savoir pourquoi.

C’est une bonne nouvelle. Pour la première fois depuis que ce suivi est réalisé, les consommations d’énergie finale des communes sont à la baisse. C’est du moins ce qui ressort d’une lecture un peu rapide de la dernière mouture de l’étude Energie et patrimoine communal, publiée en fin de semaine dernière par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)[1].

Un point, d’abord, sur la consommation globale. En prenant en compte les écoles, les équipements sportifs, les bâtiments administratifs, mais aussi l’éclairage public et les flottes de véhicules, les communes ont consommé 27,6 térawattheures d’énergie finale en 2012. Soit à peu de chose près ce qu’elles avaient englouti en… 1990 (27,2 TWh). Entre 2005 et 2012, période suivie par l’étude, leur demande globale chute de 11,3%. Pas mal, si l’on se souvient que depuis plus de deux décennies, la population urbaine s’accroît, en moyenne, de 0,5% par an.

Plus nombreux, les urbains ont vu leur demande d’électrons, de fioul et de gaz passer de 513 à 475 kilowattheures par an: une baisse de 9,3% en 7 ans. Faut-il en déduire que les collectivités sont devenues plus économes? Possible, mais pas sûr.

Trois raisons essentielles

L’Ademe pointe trois raisons essentielles pour expliquer pareille évolution. Les communes de 2012 gèrent moins de bâtiments publics qu’en 2005. Entretemps, les intercommunalités ont récupéré maints équipements des villes qui n’apparaissent donc plus dans le bilan énergétique de ces dernières.

Second facteur d’économie: il a fait plus… chaud (en métropole, du moins) en 2012 qu’en 2005. Le nombre de degrés jours unifiés (DJU) cumulé France entière est de 2.368 DJU en 2012 contre 2.494 en 2005[2]. L’évolution des prix des énergies n’est sans doute pas totalement étrangère à un resserrement de la ceinture à kWh. En 7 ans, rappelle l’Ademe, le prix de l’électricité a progressé de 40%, contre 65% pour celui du fioul. Le montant des factures de gaz naturel s’envolant, lui, de 60 à 85%. Globalement, le montant de la facture énergétique des communes a augmenté de 35,5%, quand la consommation baissait de 11,3%.

La lumière des DOM

Désormais, l’énergie pèse 4,2% du budget de fonctionnement des villes, contre 3,8% en 2005. En métropole, les bâtiments représentent le principal poste de consommation (71%), devant l’éclairage public (19%) et le carburant des véhicules communaux (10%). Dans les DOM, ce sont les lampadaires qui coûtent le plus cher (45%), devant les bâtiments (35%) et les véhicules (20%). Il est vrai que sous les tropiques, on installe 45 points lumineux par kilomètre de voirie contre 33, en moyenne, dans l’Hexagone.

 

Des élus peu impliqués

L’explosion des coûts énergétiques et la multiplication des aides publiques ou parapubliques (certificats d’économie d’énergie, aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), soutiens des régions), ont conduit les communes à vouloir maîtriser leur budget énergétique. Ce qui n’est pas simple. Car moins d’une ville sur 4 dispose d’un élu s’occupant d’énergie. Et seuls 5% des heureux bénéficiaires d’une délégation explicite y consacrent l’intégralité de leur temps d’élu.

Malgré un net repli, entre 2008 et 2010, les communes ont accru de 16,5% leurs investissements entre 2005 et 2012. «Ce qui a probablement facilité le lancement de travaux de maîtrise de l’énergie, même si les investissements et les actions les plus faciles avaient sans doute en partie été réalisés dans le passé», avance l’Ademe. Nombre de communes ont ainsi réduit le nombre de lampadaires et remplacé les anciennes sources conventionnelles par des lampes au sodium ou des LED, moins énergivores.

Côté bâtiments, les collectivités ont surtout privilégié l’isolation des portes et fenêtres et la rénovation des chaufferies. A noter qu’une large majorité des villes comptant moins de 2.000 habitants avouent ne pas avoir fait de travaux d’isolation des parois opaques, de régulation d’énergie ou d’amélioration de l’éclairage public. Dans les DOM, les collectivités ont concentré leurs efforts sur l’éclairage public et des bâtiments.

Moins de camions, moins de conso

Marginale, la consommation de carburants ne cesse de diminuer. Une évolution imputable à la modernisation des flottes, au transfert aux intercommunalités des véhicules les plus lourds (plus de 3,5 tonnes). Enfin, les carburants alternatifs commencent à faire leur apparition: 12% des communes sont équipées d’au moins un véhicule roulant au GPL, au gaz naturel, à l’électricité, contre 15% des groupements de communes. Cette présence croît avec la taille de la commune: 24% des villes de 2.000 à 10.000 habitants ont au moins un véhicule à énergie alternative, et 87% des villes au-delà de 50.000 habitants.

Finalement, «entre l’évolution du climat, les transferts de compétences et les travaux réalisés, on obtient une baisse des consommations, mais on est bien incapable aujourd’hui de dire quel facteur a été le plus efficace», reconnait-on dans les couloirs de l’Ademe. Et c’est bien la principale limite de ce genre d’enquête: trop irrégulière pour apporter une information exploitable, tant par les pouvoirs publics que par les élus locaux.


[1] Réalisée en partenariat avec l’Association des ingénieurs territoriaux de France (AITF) et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), l’étude Energie et patrimoine communal a été conduite par TNS Sofres auprès de 1.646 collectivités métropolitaines et ultra-marines de plus de 500 habitants. Elle exclut les villes de Paris, Lyon et Marseille.

[2] Le nombre de degrés jours unifiés (DJU) est calculé, sur une période de chauffage, à partir de relevés de températures extérieures effectués par Météo France en faisant la différence entre la température de référence, par exemple 18°C, et la moyenne de la température minimale et la température maximale de chaque jour.

Face au traité de libre-échange, des Italiens rêvent d’économie solidaire et de commerce équitable

Alberto Zoratti, Monica Di Sisto
www.bastamag.net/Face-au-traite-de-libre-echange

Négocié dans l’opacité, le projet d’accord commercial entre l’Union Européenne et les États-Unis inquiète. Pour mieux comprendre les enjeux, Basta ! ouvre ses colonnes aux représentants de la société civile. Après l’Allemagne, les États-Unis, la France et les Pays-Bas, voici une tribune venue d’Italie, où la mobilisation prend de l’ampleur alors que l’Italie prend la présidence de l’Union européenne. « Avalanche de produits bon marché mais de piètre qualité », « réduction massive des droits sociaux »… Autant de risques dénoncés par Monica Di Sisto et Alberto Zoratti, de l’ONG Fairwatch.

« Cher Obama, nous allons utiliser l’opportunité offerte par la présidence italienne de l’Union européenne à partir de juillet 2014, pour accélérer les libéralisations et privatisations proposées dans le cadre du TTIP (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, aussi appelé Tafta, ndlr), miraculeux remèdes pour se relever de notre crise profonde ». Point. Signature de haut rang sur Twitter : Le formidable Premier ministre italien Matteo Renzi. Voilà le message sans ambiguïté envoyé par le gouvernement italien aux classes dirigeantes américaines à l’occasion du récent séjour d’Obama en Europe.

Une manière de faire que notre pays connait bien : arguer du besoin d’une « thérapie de choc » économique pour favoriser les intérêts des entreprises privées, pourtant l’un des facteurs principaux de la crise sociale, environnementale, économique mais également institutionnelle, qui affecte l’Europe – et notre pays plus particulièrement – depuis des années. C’est une stratégie de communication perverse mais efficace que « le Premier ministre le plus adepte des réseaux sociaux en Europe » souhaite exporter vers le reste du continent. Et c’est la même politique que ses prédécesseurs, de Berlusconi à Monti, sans aucune distinction, avaient eux aussi imposée. Sans tenir compte des impacts sociaux et environnementaux qu’elle pouvait avoir sur le pays.

Le paradigme italien

Aux yeux du reste du monde, l’Italie se targue de sa « marque de fabrique » nationale depuis son entrée dans l’ère industrielle. Le « Made in Italy » dénote pour l’imagination collective, une attention particulière portée aux matériaux et aux processus de production, à la beauté, et à la durabilité sous tous ses aspects. À une échelle économique plus large, les promoteurs du « Made in Italy » présentent leur organisation industrielle en pôles regroupés de production comme un modèle unique, qui contribue fortement et positivement à la qualité finale des produits et des services fournis. D’autant plus que ces derniers sont très profondément ancrés dans les territoires où ils sont produits et s’identifient à leurs styles de vie, particulièrement dans le cas de l’alimentation, du vin, de la mode, des meubles, mais aussi des services publics et culturels.

Mais ces slogans du « Small is beautiful », de la production basée sur la diversité territoriale et culturelle sont également brandis par de (très) grands spéculateurs nationaux, qui s’abritent derrière cette identité collective pour poursuivre leurs propres pratiques et intérêts insoutenables. Une partie des entreprises les plus célèbres du « Made in Italy », mettent en place des infrastructures et des chaînes d’approvisionnement injustifiables en Italie et au niveau international. Elles produisent, importent et distribuent des énergies sales. Elles ne recyclent pas suffisamment et produisent énormément de déchets par rapport aux normes européennes. Sans la fermeture de nombreuses usines et la diminution de notre niveau général de consommation, nos émissions de gaz à effet de serre seraient largement plus élevées que les objectifs dont s’est dotée l’Union européenne.

Tels sont les avantages comparatifs qui ont permis aux dix premiers exportateurs italiens de s’accaparer plus des deux tiers des exportations nationales totales. Ce sont les seuls acteurs, aux côtés des actionnaires analysant et représentant leurs intérêts, qui ont quelque chose à gagner d’un accord tel que le TTIP. Le TTIP n’est pas seulement une question de commerce ; il s’agit de la manière dont ces entreprises entendent commercialiser notre avenir et nos vies.

Lever le voile sur le TTIP

Les mouvements sociaux en Italie sont fluides mais très divers et résilients : apparus au moment du Sommet de Seattle, et malgré une dure répression au moment du G8 de Genève en 2001, nous nous sommes battus et nous sommes parvenus à créer des réseaux, des connexions, à mener des campagnes et des actions massives débouchant sur des résultats concrets : mobilisations pour la paix, le premier Forum social européen dans le cadre du Forum social mondial [à Florence en 2002, Ndlr], campagnes pour le développement de l’économie solidaire en lien avec des organisations de consommateurs critiques, campagne contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les Accords de partenariats économiques, les OGM, le changement climatique, la privatisation des services publics, et – dernier point, mais non des moindres – le succès du référendum d’initiative citoyenne affirmant le droit à l’eau pour tous en tant que bien public.

Aujourd’hui, environ 70 associations, groupes communautaires, ONG, syndicats, organisations environnementales, de commerce équitable et de consommateurs, avec l’aide de certains partis, luttent ensemble pour lever le voile sur le TTIP auprès de l’opinion publique italienne et obtenir son abandon, dans la solidarité et aux côtés d’autres organisations et mouvements européens et américains.

L’Europe dont nous rêvons

Une économie de petite échelle, fragile mais résistante, ancrée dans le social et respectueuse de l’environnement, est une réalité en Italie. Elle constitue la seule source de travail et de nourriture pour les personnes exclues ou précarisées, mais aussi pour une partie des classes moyennes qui subsistent encore dans le pays, malgré les efforts de nos élites ces dernières années pour les sacrifier aux intérêts privés. Usines récupérées par leurs ouvriers et transformées en entreprises sociales durables ; projets des réseaux paysans et marchés ruraux et urbains assurant des débouchés à des milliers de petits producteurs ; une agriculture biologique qui conquiert tous les ans de plus en plus de surfaces et de parts de marché malgré la crise ; occupation et redéveloppement de parcelles de terrains et d’espaces abandonnés et dégradés dans les villes, qui deviennent des lieux de production de biens, mais aussi de savoirs, de culture, de services pour une nouvelle économie sociale communautaire.

C’est aussi cela l’Italie et l’Europe dont nous rêvons, et pour lesquelles nous luttons au quotidien. Une société où les individus, l’environnement et les droits sont au cœur de valeurs partagées. Où l’économie est un outil et non une fin en soi. C’est cette Italie que le TTIP menace d’enterrer sous une avalanche de produits bon marché mais de piètre qualité, accompagnée d’une réduction massive des droits sociaux, environnementaux et du travail, pourtant déjà fortement impactés par les politiques d’austérité et de réduction des dépenses publiques promues depuis une vingtaine d’années.

Dire non au TTIP représente pour nous une manière de dire oui à ces communautés solidaires, résistantes, radicales et féroces, à ces hommes et à ces femmes qui luttent « lentius, profundius, suavius », selon les mots d’Alexander Langer, l’un d’entre nous, dans l’un de nos langages les plus anciens et les plus universels : « plus lentement, plus profondément, plus doucement ».

Monica Di Sisto et Alberto Zoratti, Fairwatch/STOP TTIP campaign – Italie

Kapitala XXI mendean: Hautsak harrotu dituen liburua

Aiala Elorrieta, Manu Robles Arangiz fundazioa.
www.mrafundazioa.org/eu/artikuluak/kapitala-xxi-mendean-hautsak-harrotu-dituen-liburu

Thomas Pikettyren azken liburuaren argitalpena aparteko fenomenoa izan da. Seiehun orriak pasatzen dituen liburu mardul hau azken hilabeteetako best-sellerra izan da, batez ere jatorriko frantseseko bertsioa ingelesera itzuli denetik. Desberdintasun globalaren gaineko ikuspegia ematen digu: datu estatistiko zabalean oinarrituta, Kapitalismoak historian zehar geroz eta desberdintasun handiagoak sortzeko izan duen joera bistaratzen du.

 

Ez da desberdintasunen inguruan egiten den lehen lana, baina Krugmanen hitzetan “Epe-luzera desberdintasunaren joerak ulertzeko eran iraultza ekarri du. Gure diskurtso ekonomikoa eraldatu du. Aurrerantzean ez dugu aberastasuna eta ezberdintasunaz lehen bezala hitz egingo”.

Pikettyren maisulanak kritika zabala jaso du ikuspegi eta korronte desberdinetatik, eta eskumako ideologoek Pikettyren tesiak baztertzen dituzten arren, taxuz egindako lan zientifiko honetan autoreak erabili dituen datuen sendotasuna eta maila handia goraipatu dituzte den-denek.

Pikettyren ustetan, desberdintasunak areagotzeko joera Kapitalismoaren baitako fenomenoa da eta desberdintasunen sortze horretan, jabegoak, ondareak, eta oinordetzak jokatzen duen funtsezko papera nabarmentzen du.

Pikettyren ustetan, desberdintasunak areagotzeko joera Kapitalismoaren baitako fenomenoa da eta desberdintasunen sortze horretan, jabegoak, ondareak, eta oinordetzak jokatzen duen funtsezko papera nabarmentzen du: oinordetzaren bidezko aberastasunaren transferentziak desberdintasunak gehitzeko duen gaitasuna, alegia. Baieztapen hau esaldi sinple batean sintetizatzen digu Pikettyk: “Hobe da metatutako aberastasun batekin abiatzen baduzu jokoa. Jokoan sartzen bazara soldata soilarekin, oso maila handiko soldata izan beharko du”.

Desoreka honen sakonean formula matematiko batekin egiten dugu topo. Formularen arabera, Kapitalaren errendimendua neurtzen duen itzulera-tasa (r), ekonomiaren hazkunde tasa (g) baina handiagoa da. Ekonomiako fakultate bateko arbelean r˃g idatziko genukeen hori, beste era honetan adierazi liteke:

“Metatutako edozein aberastasunek, ekonomia bera baino erritmo azkarragoan birkapitalizatzeko joera du. Errentaren hazkundea baina azkarrago”. Horixe da Pikettyrentzat, kapitalismoaren kontraesan nagusia.

Egin dezagun atzera 100 urte eta azter dezagun nola funtzionatzen duen gauzak lehen munduko gerra aurretiko Belle Epoque garaian. Sasoi hartan, inbertsioetatik %4-5 inguruko irabaziak jasotzea espero zuten kapitalaren jabeek, zerga minimo batzuk ordaindu ostean. Bitartean, ekonomiaren hazkundea %1aren bueltan mugitzen zen. Jokaldia bistakoa da: aberatsenek beren irabaziak inbertituz bermatu egiten zuten haien aberastasuna -eta diru-sarrerak- ekonomiaren hazkundearen gainetik haziko zirela. Bide horretatik, beren nagusitasun ekonomikoa betikotzeko gaitasuna zuten.

Baina bene-benetan joera betikotzea ahalbidetzen duena oinordekotza da. Aberatsenek, berriz ere zerga minimoak ordaindu eta gero, hil ondoren haien ondorengoei transmititzen zieten ondarea, aberastasuna. Hau da, aberastasunaren zatitik handiena (%90) oinordetzaren bidez metatzen zen, eta ez, aurrezki edo diru-sarreren bidez.

Garai hori agortuta dagoela pentsa genezake, gaur egun ez dela hori gertatzen. Baina hain zuzen ere horixe da Pikettyk esaten diguna: gerra aurreko puntu horretara iristen ari garela.

Horrela laburtzen du Krugmanek, Kapitala XXI. Mendean liburuaren mamia: “XIX. Mendeko desberdintasun mailara itzultzeaz gain, kapitalismo patrimonialaren bidean ere bagaude. Ekonomiaren pisu izugarria familia dinastiek kontrolatzen dute, eta ez talentua duten pertsonek”.

 

Kapital sarrerak eta oinordetzan hartutako aberastasuna oraindik ere gakoa dira desberdintasunak definitzeko orduan, geroz eta garrantzitsuagoak gainera.

Kapital sarrerak eta oinordetzan hartutako aberastasuna oraindik ere gakoa dira desberdintasunak definitzeko orduan, geroz eta garrantzitsuagoak gainera -nahiz eta oraindik ez diren Belle Epoque garaiko mailara itzuli-. Frantzian, esaterako, gerra garaian eta gerraosteko hazkunde garaian nabarmen hondoratu zen oinordetzan hartutako aberastasunaren zatia. 1970 urtean %50ren azpitik jaitsia zen, baina egun %70a iritsi da berriro eta goranzko joera du. Aldiz, gaur egun AEBtan sumatzen den ezberdintasun maila, XX. mende hasieran Europan zegoenaren parekoa da.

Beraz, kapitalaren jabegoak eta oinordekotzak, garrantzi kapitala izaten jarraitzen du. Bere estimazioen arabera, AEBn, gaur egungo desberdintasunaren herenak, kapitalaren-sarreretan du jatorria. Era berean, beste desberdintasun iturri baten loratzea nabarmentzen digu: soldata astronomikoak jasotzen dituen elitearen indartzea.

Datu bilketa osatzeko, XVIII menderaino egiten du atzera, bai diru-sarrera mailaren eta baita aberastasunaren datuak ere erreskatatzeko. Irabazi-mailaren eta aberastasun-mailaren datuak fusionatzen ditu beraz, eta hogei herrialdeetako datuak maneiatzen ditu dagokion lan konparatiboa aurrera eraman ahal izateko. Metodologiaren berritasunetako bat, zerga-erregistroetara jo izana da.

XX. mendean zehar zerga-sistema progresiboek diru-sarrera eta aberastasunaren kontzentrazioa murrizten lagundu dute. Pikettyren arabera, kaosaren emaitza iragankorra izan da hori, eta ez, demokraziak desberdintasunari aurre egiteko duen bide naturalaren emaitza. Bi mundu gerrak, hondamena, eta ondorengo oparoaldi garaia izan ez bagenitu, ez genukeen zerga-sistema progresiboaren onurarik lortzeko gaitasunik izango. XX. mendeko progresibitatearen arrakasta akzidentala izan den arren, liburua ixteko, zerga-sistema progresiboen eta aberastasunaren gaineko zergen gaineko aldarria egiten du.