2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde
Le Monde avec AFP
www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/08/2019-deuxieme-annee-la-plus-chaude-dans-le-monde_6025193_3244.html
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Les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, selon le service européen Copernicus sur le changement climatique.
2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, concluant une décennie record, a annoncé mercredi 8 janvier le service européen Copernicus, qui décrit des signes « inquiétants » alors que l’Australie brûle et que les événements météo extrêmes se multiplient.
« 2019 a encore été une année exceptionnellement chaude, en fait la deuxième plus chaude dans le monde selon nos bases de données, avec de nombreux mois qui ont battu des records », a commenté dans un communiqué Carlo Buontempo, patron du service européen Copernicus pour le changement climatique (C3S).
L’année écoulée se classe deuxième, à seulement 0,04 °C derrière 2016, qui reste l’année la plus chaude, mais marquée par un épisode El Niño particulièrement intense.
« Des signes inquiétants »
Au-delà d’une année prise individuellement, Copernicus confirme que les cinq années les plus chaudes jamais enregistrées ont été les cinq dernières : le mercure est monté entre 1,1 °C et 1,2 °C au-dessus de la température moyenne de l’ère préindustrielle. Et la décennie 2010-2019 a également été la plus chaude depuis le début des mesures.
« Ce sont incontestablement des signes inquiétants », a souligné Jean-Noël Thépaut, directeur du Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) dont dépend le C3S.
En raison des émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines, la planète a déjà gagné au moins 1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, entraînant des impacts dévastateurs à travers le globe.
Une année exceptionnelle
L’année 2019, marquée par la mobilisation sans précédent de jeunes réclamant des actions immédiates et radicales des gouvernements, a vu de nombreux événements extrêmes, conformes aux prévisions des climatologues. En Australie, les incendies précoces en cours, trouvant un terrain idéal du fait de la sécheresse et des températures exceptionnelles, ont déjà ravagé 80 000 km2, soit une superficie équivalente à celle de l’Irlande.
Pendant l’été de l’hémisphère Nord, l’Europe a, de son côté, enregistré plusieurs périodes caniculaires sans précédent. Selon Copernicus, 2019 a d’ailleurs été l’année la plus chaude en Europe, devant 2014, 2015 et 2018. Les températures ont également été particulièrement élevées en Alaska et dans de grandes parties de l’Arctique.
Au rythme actuel, la planète pourrait gagner jusqu’à 4 à 5 °C d’ici à la fin du siècle.
L’accord de Paris de 2015 vise à limiter ce réchauffement à 2 °C, voire 1,5 °C, mais même si les quelque 200 pays signataires respectent leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre, le réchauffement pourrait dépasser les 3 °C. Les scientifiques ont déjà montré que chaque demi-degré supplémentaire augmente l’intensité et la fréquence des canicules, tempêtes, sécheresses et inondations.
Copernicus souligne d’ailleurs mercredi que la concentration de CO2 dans l’atmosphère a continué d’augmenter au cours de ces dernières années, y compris en 2019.
Servigne : « Avec les mégafeux, le projet moderne a trouvé plus fort que lui »
Gaspard d’Allens
https://reporterre.net/Pablo-Servigne-Avec-les-megafeux-le-projet-moderne-a-trouve-plus-fort-que-lui
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Le penseur Pablo Servigne, qui a forgé le concept de collapsologie, parle d’un « effondrement de la normalité » et d’un « basculement rapide et massif de l’opinion publique » en Australie, car les mégafeux montrent bien que les catastrophes ne sont ni lointaines ni hypothétiques.
Pablo Servigne est chercheur indépendant et essayiste, coauteur de l’ouvrage Comment tout peut s’effondrer (2015, Seuil) avec Raphaël Stevens. Son domaine d’étude est ce qu’il appelle la « collapsologie », l’étude de l’effondrement.
Reporterre — Un brasier incontrôlable, 100.000 personnes évacuées, un milliard d’animaux tués… L’Australie vit-elle une forme d’effondrement ?
Pablo Servigne — Il y a un côté destructeur, gigantesque, imprévu et irréversible dans ce que vit l’Australie. On pourrait parler d’effondrement, mais c’est encore trop tôt pour dire si l’Australie se relèvera ou pas de tels mégafeux. Nommer un effondrement à grande échelle est une question pour les historiens du futur.
À l’échelle locale des écosystèmes forestiers, il s’agit clairement d’effondrements. Ces forêts sont habituées aux feux de savane, ça fait partie du cycle de vie, mais dans ces mégafeux il y a une puissance nouvelle qui risque de mettre à mal le côté réversible des choses… Attendons de lire les études des écologues.
Du point de vue de la collapsologie, il y a plusieurs choses intéressantes dans le cas australien. La première, c’est l’impression qu’il y a eu un basculement rapide et massif, et peut-être irréversible, de l’opinion publique, une sorte d’effondrement de la normalité, de l’imaginaire « on-va-s’en-sortir-avec-les-mêmes-politiques », et de la croyance « de-toute-façon-les-catastrophes-c’est-pour-dans-longtemps ».
Deuxièmement, on reçoit là une bonne leçon d’humilité, de comment le projet moderne — ce rêve de tout contrôler en ignorant la biosphère — a trouvé plus fort que lui. Les mégafeux participent à cet effondrement des concepts philosophiques de modernité et de progrès.
Et enfin, ces mégafeux montrent bien l’interdépendance entre des domaines qu’on pense trop souvent séparément : climat, biodiversité et infrastructures, par exemple. Les scientifiques appellent cela un nexus, l’étude des interactions entre deux ou trois domaines. En Australie, on a par exemple un changement climatique qui détruit la biodiversité, qui en retour empire les conditions climatiques. On a aussi un climat qui provoque des feux qui mettent en danger les infrastructures électriques et hydrauliques… qui sont nécessaires pour lutter contre les feux ! Sans compter que pour lutter efficacement contre les feux, désormais fréquents et récurrents, et pour ensuite reconstruire les dégâts, il faut aussi des véhicules puissants, donc du pétrole, et beaucoup d’eau… précisément ce qui aggrave le réchauffement climatique. Bref, on a plusieurs effets domino entrelacés, ce qui est le signe de risques systémiques.
Ce qui se passe en Australie est-il inédit ?
Deux choses semblent se dégager : 1, c’est nouveau, et 2, c’est parti pour durer. Ceci dit, les climatologues avertissent depuis des années que les événements extrêmes vont augmenter en intensité et en fréquence ! Les faits confirment la tendance, voilà tout. Et encore une fois, il faudra attendre des études pour tout confirmer, mais quand tout le monde sera bien sûr du bazar, il sera trop tard ! C’est frustrant.
Avez-vous vu le film australien d’anticipation « Mad Max » avec Mel Gibson ? Avec le dérèglement climatique, la réalité va-t-elle dépasser la fiction ?
J’ai vu les films, mais je n’avais pas fait le lien. De là à ce que certains Australiens de ces régions commencent à se déguiser en Mad Max… En tout cas c’est une bonne idée pour les mouvements activistes !
Eh oui, la réalité dépasse bien souvent la science-fiction, et malheureusement pas seulement sur le climat. C’est le cas de la [« société de surveillance », ou encore de la stupidité des dirigeants, comme dans [la comédie satirique] Idiocracy… On devrait prendre beaucoup plus au sérieux les récits d’anticipation.
L’an dernier, un terrible cyclone a frappé le Mozambique. Les médias en ont très peu parlé contrairement aux incendies en Australie. Notre émotion est-elle à géographie variable ?
Oui, bien sûr, mais je suis sûr que je ne vous l’apprends pas. La force émotionnelle est proportionnelle au PIB et à la ressemblance à notre pays. L’Australie a beau être à l’autre bout de la planète, c’est un pays riche et industrialisé qui nous ressemble. Donc il y a des enjeux économiques énormes, et il y a de l’empathie ! Mais surtout, le cas australien est intéressant pour les médias car il va à l’encontre de l’idée commune (et fondée) que ce sont les pays pauvres, les moins polluants, qui trinquent le plus, et les pays riches qui trinquent le moins. On dirait que le vent peut tourner… Et aussi, c’est un cas médiatiquement intéressant à cause d’un Premier ministre qui fait la part belle aux lobbies et au charbon, et qui se retrouve dans une situation caricaturale.
Il semble que cela soit la première fois qu’un pays riche soit aussi violemment touché, quelles vont en être les conséquences ?
La Californie et la Russie ont déjà bien trinqué ! Pour ma part, je crains qu’on aille vers du solutionnisme technique du genre géo-ingénierie comme des sprays aériens qui provoquent la pluie ou que sais-je encore… Mais j’ai espoir que ces chocs réveilleront de plus en plus de consciences et de vocations, aussi bien chez les élites politiques et économiques que chez les activistes, et que l’Australie passera réellement le cap de l’action de masse, qu’elle fera une révolution, qu’elle changera son récit et passera à une économie de guerre, ou d’exception, prenant des mesures radicales, qui feront des émules chez les voisins.
En Europe, nous avons l’impression de vivre la catastrophe par procuration, assis derrière notre écran. Cette profusion de vidéos alimente-t-elle une forme de société du spectacle ?
Oui, forcément, parce que ça se passe loin de chez nous. La saturation des médias exacerbe les signaux d’alerte. Ceci dit, nous avons aussi beaucoup de signaux d’alerte ici en France ! Les inondations, les tempêtes, les canicules, les périodes de sécheresse qui font baisser les nappes phréatiques, la mort des arbres, la fragilité de nos vieilles installations nucléaires face à la chaleur, l’effondrement des Alpes, la décimation des oiseaux et des insectes, la pollution massive et rémanente, la politique migratoire, les verrouillages politiques insupportables, etc. Profitons du fait que ces signaux soient encore modérés pour nous y mettre ! N’attendons pas une grave crise pour bouger !
L’effondrement pousse-t-il à la coopération et à l’entraide ? Pensez-vous que l’incendie va créer un sursaut politique en Australie ?
On sait tous que les catastrophes ponctuelles créent des comportements altruistes, c’est une évidence, et c’est bien documenté. Mais, comme nous le résumons dans notre livre L’entraide, il y a deux problèmes. Le premier arrive quand la catastrophe dure trop longtemps et que l’entraide s’effrite… Pour contrer ça, il y a des mécanismes de stabilisation de l’entraide pour les groupes, ils sont connus, il faut les maîtriser et les mettre en place. Je pense que c’est une question de volonté et d’éducation. Deuxième problème, c’est la culture de compétition de nos sociétés. Plus elle est forte, plus les comportements seront égoïstes et plus les freins à l’entraide seront forts. Or, en Australie, et dans les pays riches, capitalistes et individualistes, cette culture est bien ancrée. Mais ce n’est pas irréversible, nous les humains, possédons une grande capacité à l’entraide, c’est profondément ancré en nous, naturellement, et assez facile à déployer culturellement. Et puis, disons qu’à plus long terme, la grande leçon du monde vivant, c’est que si les populations australiennes ne s’entraident pas et ne trouvent pas d’aide ailleurs, elles courent le risque de décliner plus rapidement. Et alors, les historiens du futur auront moins d’hésitation à nommer cette période un effondrement.
« Il s’agit de laisser mourir des condamnés en prison, à petit feu, sans témoin »
Collectif : Maritxu Paulus Basurco (avocate), Xantiana Cachenaut (avocate), Serge Portelli (magistrat honoraire, avocat), Philippe Texier (conseiller honoraire à la Cour de cassation), Michel Tubiana (avocat et ancien président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme).
www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/09/pour-d-ex-membres-de-l-eta-detenus-en-france-une-mise-a-mort-discrete_6025251_3232.html
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Un collectif d’avocats et de magistrats demande à la justice française, dans une tribune au « Monde », de faire preuve d’humanité à l’égard de membres d’un commando de l’ETA condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
Oh ! Rassurons les bonnes âmes, l’échafaud ne sera pas remonté demain dans une cour de prison. Le projet est moins dérangeant et bien plus hypocrite : il s’agit de laisser mourir des condamnés en prison, à l’abri des regards, à petit feu, sans témoin. Les pouvoirs publics et une partie de la justice antiterroriste collaborent dans cette mise à mort discrète. Il est vrai que ces hommes ont été condamnés pour des actes graves. Dès lors, pour certains, les arguments du droit ou les évidences de la simple humanité deviennent inaudibles.
Frédéric Haramboure, Ion Parot et Jakes Esnal, condamnés en France à la réclusion criminelle à perpétuité, y sont détenus depuis presque trente ans. S’ils avaient été jugés en Espagne, ils seraient libérés dans quelques semaines puisque, dans ce pays et dans leur cas, les peines ne peuvent être exécutées au-delà de trente ans. Ils ont tous trois, à plusieurs reprises, demandé leur libération conditionnelle.
La cour d’appel de Paris, avec un rare acharnement, refuse tout aménagement de peine. A lire ses arrêts, il ne fait pas de doute que ces détenus mourront en prison : « Au regard de l’exceptionnelle gravité des faits, la peine doit garder tout son sens et son effectivité en s’exécutant dans la durée. » En accord avec le parquet antiterroriste, cette juridiction à compétence nationale refuse de prendre en compte l’évolution historique du Pays basque, le long processus de paix depuis la conférence internationale d’Aiete en 2011… Elle prétend même qu’il existe un risque de réitération des faits. Les juges de première instance, appliquant la loi et la jurisprudence ordinaire en la matière, avaient pourtant fait droit aux demandes de ces détenus. Ils avaient pris en compte cette réalité historique incontestable qu’est le processus de paix. Ils avaient notamment souligné le sérieux et la solidité des projets de réinsertion, l’importance de l’accompagnement familial et l’absence de risque de renouvellement de l’infraction.
Faire preuve d’imagination
Depuis 2011, les armes se sont tues au Pays basque, en France comme en Espagne. Le 8 avril 2017, les stocks d’armes de l’ETA ont été remis aux autorités françaises, et, le 3 mai 2018, cette organisation prononçait sa dissolution. On aurait pu croire que ce processus, largement soutenu par la société civile et les élus de tout bord du Pays basque français et accompagné d’une déclaration reconnaissant les torts causés, entraînerait un changement de paradigme judiciaire dans la foulée du changement politique intervenu. Bien sûr, nul n’imaginait, ni n’avait d’ailleurs demandé, que tout s’efface. Des procédures sont en cours, des prisonniers purgent leur peine, des victimes attendent encore de savoir et ceci concerne toutes les parties au conflit.
Sans doute sera-t-il nécessaire de faire preuve d’imagination pour traiter d’un conflit ayant débuté avant la seconde guerre mondiale et ne pas le laisser continuer à hypothéquer la reconstruction d’une société apaisée. Mais il n’était pas interdit de penser qu’en attendant un règlement plus global, le traitement judiciaire des situations engendrées par ce conflit s’imprègne du changement politique que signifient et l’autodissolution de l’ETA et le large soutien dont bénéficie le processus de paix au moins au Pays basque français.
« Le Pays basque est pour moi un exemple, quand je regarde ces dernières années, de résolution d’un conflit et de sortie des armes, affirmait le 17 mai 2019, le chef de l’Etat à Biarritz. Le devoir de l’Etat est d’accompagner le mouvement. Nous ne devons pas faire bégayer l’Histoire, il faut l’accompagner. »
Il serait bon que la politique de la France gagne en cohérence et en humanité et que le dernier pas de ce chemin vers la paix au Pays basque soit enfin franchi sous le regard bienveillant de la justice.
Mikel Gonzalez Egino – «Alde soziala kontuan hartzen ez badugu, trantsizio ekologikoa ez da egingo»
Irune Lasa
www.berria.eus/paperekoa/1913/006/001/2020-01-05/alde-soziala-kontuan-hartzen-ez-badugu-trantsizio-ekologikoa-ez-da-egingo.htm
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Mikel Gonzalez Eginok, BC3 Basque Centre for Climate Changeko ikertzaileak onartu du trantsizio ekologikoak bidezkoa izan behar duela, eta uste du bidezkoa izan daitekeela: politika klimatikoak ongi diseinatuz gero, transformazioak onura ugari ekarriko dituela herritarrentzat.
Klima larrialdiak ez du, berez, baikortasunerako aukera handirik ematen, baina haren kontrako borrokak dakartzan aukerak ikusteko gai da Mikel Gonzalez Egino (Gasteiz, 1978). Gaiaz badaki pixka bat, besteak beste, BC3k egin duelako eragin sozioekonomikoen ebaluazioa Espainiako Klima eta Energia Plan Nazionalean.
Eta gauza hauek biharko uzten baditugu? Tarte bat hartu zerga hau edo beste neurri hori ezarri aurretik…
Hain zuzen, hainbatetan klima aldaketaren kontrako neurriak biharko utzi direlako gaude gaur klima larrialdian. Kalteak espero genuen baino handiagoak dira, eta haiek murrizteko neurriak, are presazkoagoak. Klima aldaketarena ez da arazo berria; ezagutzen genuen duela hogei urte, eta neurriak duela hogei urte hartu behar genituen. Orain ezin dugu gehiago ezer atzeratu, ekintzak etorkizunerako utzi; bestela, arazo oso serio bat izango dugu.
Larrialdia da egiaz, ezta? Izendapen hori ez da maila sinbolikora mugatzen.
Inor gutxik gogoratuko du 2007an Artikoak ustekabeko izotz galera bat izan zuela, eta hori jada larrialdi bat izan zen; horrek eragin behar zuen erreakzio bat. 2012ko udan ere antzeko zerbait gertatu zen: satelite erregistroak ditugunetik Artikoan neurtutako izotz galerarik handiena. Horrek ere eragin behar zukeen erreakzio bat, zerbait larria gertatzen ari zela ekarri beharko zukeen gogora, baina ez zen halakorik gertatu. Orain, badirudi gazteen mugimenduak lortzen ari direla gobernuak jabetzea larrialdiaz.
Baina jendea jabetzen da erronkaren neurriaz, deskarbonizazioak ekonomiarentzat ekarriko dituen aldaketa handiez? Hau guztia ez dela konpontzen soilik auto elektriko bat erostera?
Hasi gara ulertzen honek guztiak ondorio sakonak dakartzala gure gizartearentzat. Batetik, klimaren aldaketak berak ere inpaktu bat izango du; erabakiak hartu arren, aldaketaren eraginekin bizi beharko dugu. Eta, bestetik, konponbideek ere eraldaketa sakona ekarriko dute. Hamarkada batean berotegi gasen isuriak ia erdira murriztu behar ditugula diogu, mende erdirako erregai fosilen ia erabilera guztiak desagertu behar liratekeela. Transformazio hori itzelezkoa da, baina posible da. Horretarako, gure garapen eredua aldatu behar dugu, eta planetaren muga fisikoen barruan bizitzen ikasi lehenbailehen. Arazoa ez da bakarrik gure autoak aldatzea, ez. Hori parterik errazena da.
Printzipioz, mundu guztiak egiten du klima aldaketaren aurka. Zer gertatuko da neurriek gure bizimoduarekin talka egiten dutenean? Beti aipatzen da Jaka Horien krisia erregaien gaineko zergak piztu zuela.
Hor bi ideia hartu behar ditugu aintzat. Batetik, ez dugu zertan pentsatu energia berriztagarri eta garbiagoetarako trantsizio ekologikoak herritarrentzat kostu gehiago ekarriko duenik. Argindarraren sektorean eta bidaiarien mugikortasunean, kontsumitzaileentzat aurrezkiak izan daitezkeen puntuan gaude. Eta, bigarrenik, familia zaurgarrienentzako inpaktuak baldin badaude, gakoa da nola diseinatzen duzun politika. Jaka Horiak aipatu dituzu; Jaka Horiena niretzat adibiderik onena da ikusteko politika klimatikoan gauzak nola ez diren egin behar. Emmanuel Macronek, desberdintasun sozial eta polarizazio testuinguru batean, krisi ekonomiko sakon baten ostean, fortuna handien gaineko zerga kendu zuen, eta, gero, dieselaren gaineko zerga ezarri. Jaka Horien inguruan, gero, badaude beste konnotazio batzuk, baina neurri horiek modu hobean komunikatu izan balira eta familia zaurgarrienentzako neurri aringarriekin iritsi balira, jendea ez zen haserretuko.
Deskarbonizazioaren kontrako erantzun bat sor daiteke.
Politikak ondo diseinatzen ez baditugu, gerta daiteke. Horregatik, politika koherenteak behar ditugu, herritarrei ongi esplikatuak. Batzuetan, klima aldaketaren kontu honetan, badirudi guztia aldaketa teknologikoa dela, eta egia da hor iraultza datorrela; baina alde soziala ezin dugu ahaztu. Biak bateratzen ez baditugu, alde soziala kontuan hartzen ez badugu, trantsizioa ez da egingo. Orain esaten den moduan, trantsizioak bidezkoa izan behar du, justua.
Zein momentutan gaude klima politika horien diseinuan?
2015ean onartu zen Parisko Hitzarmenean ezarri zen nolabaiteko arkitektura instituzionala. Arkitektura hori martxan dago, eta sendotu egin behar da. Herrialdeak beren deklarazioak egiten ari dira, akordio horri egingo dioten ekarpena jasota. Orain artekoan, badakigu ekarpen horiekin ez dela betetzen Parisko Hitzarmena. Anbizio handiagoa izan behar du, bide zuzenean egoteko. Ez dugu minutu bat galtzeko; politika indartsuak behar ditugu orain.
Proposamenak orain ari dira aztertzen, ezta? Funts globalak, eskubideen merkatuak, ingurumen zergak, muga zergak…
Horietako batzuk ez dira berriak; adibidez, denbora da klimarentzako funts berdea negoziatzen ari dela. Baina egia da eferbeszentzia bat badagoela maila globaleko politikei eta tresnei buruz. Funts berde globalarekin, esaterako, hitzemandako 100.000 milioi euroak ez dira bete, eta momentua da gehiago ez atzeratzeko, herrialdeei laguntzeko funtsak jartzeko. Hori justizia kontua ere bada: herrialde txiroenek egin dute gutxien arazoaren sorreran, baina ondorioak jasango dituzte. Gainera, herrialde batzuetan laguntza txiki batek alde handia egin dezake, eta eragotzi, adibidez, ikatzezko zentral gehiago eraikitzea, pixka bat garestiagoak diren alternatibei bide emanez, edo haietarako azpiegiturak garatuz.
Eskubide merkatuek ez dute esperotako emaitzarik izan.
Nik uste dut Europako merkatuak hobeto funtziona zezakeela. Baina mekanismoa hobetuz joan da. Europako Batzordeak emisio eskubideen erreserba bat sortu zuen merkatua egonkortzeko. Eta, hori egin bezain pronto, CO2aren prezioak igotzen hasi ziren, eta jada hasiak gara CO2 garestiago horren ondorioak ikusten: ikatzezko zentral gehienak ez dira errentagarriak.
Karbonoari muga zergak jartzea ere aipatzen ari dira.
Politika klimatikoa eta komertziala nahasten dituzten neurri horietan kokatu behar dira. Espero dezagun ez dela gertatuko, baina posible da etorkizunean izatea herrialdeak Parisko Hitzarmenarekin bat egiten ez dutenak, eta horrek haiei abantaila bat ematea, merkeago produzitzen dutelako, ez dutelako ingurumen araurik bete behar. Horretarako, mugako doikuntza mekanismoak izan daitezke presio modua. Ez dira errazak, merkataritza libreko tratatuekin talka egin dezaketelako. Zailak dira diseinatzen eta ezartzen, baina iruditzen zait beharrezkoak izango direla, Europak ezarri beharko dituela, bere industria babestu beharko duelako lehia desleialaren aurrean.
Ingurumen zergekin bildutako dirua nora doan ere garrantzitsua da, ezta?
Hori aztertzeko, zerga erreformei buruzko ikerketak egin ditugu BC3n. Alternatibak dira, adibidez, zerga batzuk igotzea eta besteak jaistea. Eta hor, ez da berdin zergak lanari kentzea edo, Macronek egin zuen bezala, kapitalari jaistea. Eta ez da berdin jasotako diru hori zuzenean familietara banatzea. Ondorio bat argia da: osotasunean hartuta, ingurumen neurriek ez dute zertan erregresiboak izan. Alderantziz, zuzen diseinatuta, oso progresiboak izan daitezke; onura gehien ateratzen dutenak izan daitezke errenta txikieneko familiak. Beste kontu bat da gai izatea herritarrak konbentzitzeko hori hala izan daitekeela, erakundeen prestigio faltako testuinguru batean gaudenean.
Nola daude ingurumen politikako planak Euskal Herrian?
Hiru ideia azpimarratuko nituzke. Hasteko, oso garrantzitsua izan da Eusko Jaurlaritzak egindako Larrialdi Klimatikoaren Deklarazioa. Argazki hori, lehendakaria bere sailburu guztiekin, klimaren aldaketari dagokion garrantzia aitortzen eta hura bere agenda politikoaren lehen mailan kokatzen.
Izango da pentsatzen duenik deklarazio hori komunikazio keinu bat besterik ez dela. Baina niretzat oso inportantea da, orain, behin deklarazio hori eginda, zure gobernuak egin behar dituen ekintzek maila horretan egon behar dutelako. Albistea agian pixka bat oharkabean pasatu da, baina oso inportantea zen sailburu guztiak ikustea argazki horretan. Azkenean, klimaren aldaketa ez da jada Ingurumen Sailak edo Ingurumen Ministerioak egiten duen zerbait. Orain, Eusko Jaurlaritzak deklarazio horren mailan egon behar du. Adibidez, uztailean Aldaketa Klimatikoaren Lege Aurreproiektua aurkeztu zen Eusko Legebiltzarrean, eta, klima larrialdi bat badugu, aurreproiektu horrek lehentasun garrantzitsua izan behar du, bertan jasotako helburuak ahalik eta handinahienak izan. Hori da azpimarratu nahi nuen bigarren ideia. Lege horretan aipatzen da EAEk isurietan neutroa izan beharko lukeela 2050ean. Eta, hirugarrenik, nabarmentzekoa iruditzen zait legebiltzarrak eskatuta sortu den adituen batzordea ere. Prestigio handiko adituak dira, eta haiek diseinatuko dituzte 2050erako bide orri horren oinarriak.
Zenbateraino aldatuko da energia sortzeko eta kontsumitzeko modua?
Gauza asko aldatuko dira, eta ondorio onekin. Iturri fosilen tokian, sorkuntzan energia berriztagarriak izango dira, eta, gainera, ez gara soilik kontsumitzaileak izango: sortzaileak ere izan gaitezke —herritarrak, auzoen komunitateak, udalak—. Energia berriztagarriagoa, garbiagoa eta banatuagoa izango da. Jendeak parte hartuko du, eta uste dut hori oso positiboa izango dela, jendea ahaldundu egingo dela eta trantsiziotik onura zuzenak lortu ahalko dituela.
Baina Alemanian, adibidez, arazoa daukate, jendeak ez baitu nahi haize errotarik bere etxetik hurbil.
Horregatik, oso garrantzitsua da jendeari ondo azaltzea zergatik egiten diren gauzak; eta jendeak parte hartzea. Oraindik NIMBY [Not in my back yard. Ez gure etxe ondoan] efektua egon daiteke, baina asko murriztu dezakegu gauzak ondo egiten baditugu. Horretarako ere garrantzitsua izan daiteke adituen batzordea. Legebiltzarraren agiria du energiaren inguruko itun soziala sortzeko. Itun bat lortzen badute, baretu ditzake geroago sor litezkeen tentsio sozialak. Ziurrenez, berriztagarriek presentzia fisiko handiagoa duten inguru batean bizi beharko gara, baina hori minimiza daiteke, eta, jakina, inpakturik ez eragin babesa behar duten ingurune naturaletan. Euskadin, gure orografiarengatik, zailagoak dira zenbait berriztagarri, baina eguzki energiarentzat teilatu mordoa ditugu. Eta aukera bat dira orain.
Baikorra zara.
Fokua alde positiboan jartzea gustatzen zait, bai. Klima aldaketak hainbeste alde negatibo ditu bere eraginengatik.. Horiek azaldu behar dira, ezer gozatu gabe. Baina egia da trantsizioak hainbat eragin positibo dakartzala. Lortzen badugu jendeak ulertzea zergatik den hau guztia inportantea, ikustea justizia dagoela ezartzen diren politiken atzean, jendeak onartuko du, eta trantsizioak dakartzan gauza positiboez gozatu ahalko dugu. Niretzat hau da gure bizimodua aldatzeko aukera, gure planeta eta gure etorkizuna errespetatuz. Bizitza soilagoa izan dezakegu, eta hobeto bizi ahal izango dugu. Ez dago kontraesanik bizitza hobe baten eta klima aldaketaren aurkako borrokaren artean.
Eta hor daude gaiztoak dei ditzakegunak, aurkako botere ekonomikoak…
Iraganean, argi dago sektore batzuk ez direla aliatuak izan klima aldaketaren kontrako borrokan; batez ere petrolioaren sektoreaz ari naiz. Adibidez, AEBetan Exxon Mobil auzitan dago, bazuelako informazioa klima aldaketaren larritasunaz duela 20-30 urtetik, eta jarraitu zuelako klima aldaketa zalantzan jartzen zituzten ikerketak ordaintzen. Gaur egun, hori pixka bat aldatzen ari da. Enpresa horiek esaten ari dira irtenbidearen parte izango direla, eta nik sinetsi egin nahi diet. Horretarako, euren inbertsio estrategiak benetan aldatu beharko dituzte bizkor. Petrolioaren eskaria azkar ari da murrizten, eta oso garrantzitsua da enpresa horiek euren trantsizioa egitea, haien akziodunen, langileen eta kokapeneko herrialdeen mesedetan.
Bestalde, kezkaz ikusten ditut boterera iristen ari diren alderdi eta lider politiko populistak, desberdintasun sozial handien ondorioz. Haietako batzuek ez dute lotsarik gezurra esateko, eta, klima aldaketaren kasuan, batzuek esaten dute ez dela existitzen. Eta horiek arriskuan jar dezakete derrigorrezko ditugun erabakiak hartzea. Desberdintasuna ez da justizia kontua soilik, planetaren etorkizuna eta demokrazia bera ere leku askotan arriskuan jar ditzakete.