COP21 : un mois de mobilisation intense pour les militant-e-s Alternatiba
Malgré une année plus que remplie, marquée notamment par l’organisation d’une centaine de Villages des alternatives au changement climatique qui ont attiré plusieurs centaines de milliers de citoyens, et la traversée de 187 territoires différents en 4 mois par le Tour Alternatiba, les militant-e-s d’Alternatiba se sont mobilisés sur Paris pendant plus d’un mois d’affilée dans le cadre de la préparation et de la tenue de la COP21. Ils l’ont fait dans des conditions extrêmes, notamment à partir des attentats sanglants du 13 novembre, de l’état d’urgence et des interdictions des mobilisations pour le climat. Le mot d’ordre d’Alternatiba a été dès lors « On lâche rien ! », inspiré du titre d’une chanson d’HK.
Mobilisation non-stop pour le climat : on lâche rien !
Alternatiba avait installé une base militante fixe –le Quartier Génial– à l’Ile-Saint-Denis, commune populaire et particulièrement engagée dans une démarche ambitieuse de transition sociale et écologique. Ce QG a été inauguré le samedi 28 novembre, en présence de Jean Jouzel, Christophe Aguiton, Pauline Boyer, Denis Cheyssoux, Cindy Wiesner (USA), Godwin Uyi Ojo (Nigeria) et du maire de la commune Michel Bourgain. Près de 200 militant-e-s ont ainsi été logés ensemble durant les 15 jours de la COP21 dans un gymnase, aménagé en lieu de vie alternative, et servant de centre de coordination et de préparation des actions et mobilisations. Des moments de partage et de solidarité ont été organisés avec les habitants de l’Ile-Saint-Denis.
L’organisation du Village Mondial des Alternatives s’est poursuivie pendant tout ce temps. Les militants ont continué à travailler d’arrache-pied malgré la quasi-certitude de voir l’évènement interdit. Il aura finalement lieu, en même temps que le Climat Forum de la Coalition Climat 21, et présentera 277 solutions concrètes pour relever le défi climatique, provenant de plus de 20 pays différents. Il connaîtra un vrai succès et réunira près de 30 000 personnes sur deux jours.
La réussite de la chaîne humaine du 29 novembre et des diverses mobilisations tenues en régions le même jour, puis celle du Village Mondial des Alternatives, ont rendu de moins en moins tenable la position du gouvernement interdisant tout rassemblement pour le climat le 12 décembre. Un Appel au maintien des mobilisations avait rassemblé en quelques jours 23 000 signatures de personnalités et citoyen-ne-s divers-e-s. Le jeudi 3 décembre, Alternatiba a formulé au ministre de l’Intérieur lui-même, dans le cadre d’une délégation de la Coalition Climat 21, la volonté d’organiser un rassemblement le 12 décembre au Champ-de-Mars. Malgré la levée de l’interdiction des rassemblements, le gouvernement a réaffirmé dès le lendemain son refus d’autoriser toute mobilisation pro-climat à ciel ouvert ce jour-là. A l’unanimité des 150 participant-e-s d’une assemblée d’Alternatiba tenue le 8 décembre, il a été décidé de passer outre le véto du gouvernement et de rendre public l’appel à un rassemblement le 12 décembre, ainsi que de le maintenir en cas d’interdiction et malgré les risques d’arrestations massives.
L’appel au rassemblement a été lancé -avec plusieurs autres organisations comme les Amis de la Terre, ANV-COP21 ou l’UNEF, membres ou pas de la Coalition Climat 21- dès le 9 décembre. Il a fait l’objet de distributions massives de tracts, notamment au Bourget. Le gouvernement a renouvelé l’interdiction de ce rassemblement, mais devant la détermination des militant-e-s à le maintenir et la perspective de terminer la COP21 par des milliers d’arrestations, il a finalement cédé le vendredi 11 décembre et autorisé la manifestation la veille de sa tenue. Près de 700 militants mobilisés en 2 jours (dont plus de 500 provenant d’ Alternatiba et ANV-COP21) ont parfaitement encadré et sécurisé cette manifestation qui s’est déroulée sans le moindre incident. 20 000 personnes se sont ainsi rassemblées entre la Tour Eiffel et le Mur de la Paix du Champ-de-Mars, pour déclarer l’état d’urgence climatique et dénoncer le contenu de l’Accord en cours de finalisation au Bourget. Le combat pour la justice climatique y a été présenté comme une des conditions indispensables à la construction d’une paix durable et de sociétés soutenables.
Alternatiba a donné une lecture très critique de l’Accord voté au Bourget. Malgré les belles déclarations et l’inscription d’un objectif -en complète contradiction avec le contenu réel de l’Accord- de maintien en dessous de 1,5°C, la COP21 mène le monde vers un réchauffement supérieur à 3°C, ce qui équivaut à franchir les seuils incontrôlables et irréversibles d’emballement climatique. Alternatiba affirme que la COP21 a trahi son mandat qui était de maintenir le réchauffement climatique au dessous du seuil déjà trop élevé des + 2°C. L’absence de mécanismes obligeant à réviser les objectifs de réduction de gaz à effet de serre avant 2023 est inacceptable. Pour Alternatiba, malgré les apparences trompeuses, c’est une capitulation totale et un véritable crime contre l’humanité que les chefs d’Etat viennent de voter à Paris. L’urgence est donc au renforcement des alternatives citoyennes et initiatives de transition prises par les territoires, les villes et les régions ; la pression sur les entreprises et les Etats, la mobilisation et la construction d’un rapport de force permettant de gagner des batailles décisives pour le climat dans les quelques années à venir.
Alternatiba s’inspire donc désormais d’une seconde chanson d’HK :
« C’est pas fini, pas fini, ça ne fait que commencer ! »
Une Coordination exceptionnelle du mouvement se tiendra les 20 et 21 février à Bordeaux pour mettre en place les suites de son action.