Articles du Vendredi : Sélection du 22 mars 2019


Manifestants pour le climat, soyons cohérents, soyons radicaux
Hervé Kempf
https://reporterre.net/Manifestants-pour-le-climat-soyons-coherents-soyons-radicaux

Un moment de basculement est en train de se produire pour le climat. Il appelle de la part de celles et ceux qui manifestent et ont pris conscience un engagement réel et durable. Qui ne sera pas toujours facile.

Le succès de la marche pour le climat samedi 16 mars à Paris et dans de nombreuses autres villes, les quelque 2 millions de signatures à l’appui de l’Affaire du siècle, le mouvement international des jeunes pour le climat, et pour tout dire, la vague qui s’est levée depuis septembre dernier pour déclarer l’état d’urgence climatique, constituent un mouvement de fond, un moment de basculement. La question écologique est clairement en train de passer un nouveau cap, de sortir des invocations floues et distantes pour s’incarner dans une forte revendication populaire. Et c’est un moment réconfortant, joyeux, stimulant, roboratif.

Mais pour que la vague soit vraiment puissante, qu’elle envahisse comme la marée la plage atone du conservatisme des politiques et des habitudes, les manifestantes et manifestants doivent être cohérents, et donc radicaux. Cohérents ? Si l’on affirme qu’il y a urgence climatique, qu’il n’y a plus que cinq, dix, quinze ans pour éviter un réchauffement planétaire d’1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, qu’il faut agir fortement à la mesure de la gravité du moment, on ne peut se contenter de retourner chez soi et de continuer comme avant. Il faut réfléchir davantage, s’engager plus loin, changer plus avant.

La cohérence, c’est de comprendre que les mots ne sont pas futiles : que les slogans « Justice climatique, justice sociale » et « Ce n’est pas le climat qu’il faut changer, c’est le système » appellent une transformation globale de la société. Comprendre aussi que revendiquer, parce qu’elle est indispensable, une division par huit des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 suppose un changement radical du mode de vie et des habitudes de consommation dans le sens de la sobriété. Et ce ne sera pas facile (y compris pour l’auteur de ces lignes !) : pas ou presque plus d’avion, du vélo et beaucoup moins d’autos, moins de viande, beaucoup moins de tous ces objets dont on a pris l’habitude de les considérer comme normaux, pas ou plus de publicité, on en passe. Pour le dire autrement, faire face à l’urgence climatique, ce n’est pas mettre des éoliennes partout, c’est réduire drastiquement la consommation d’énergie donc la consommation matérielle. Autant l’avoir en tête si l’on ne veut pas se bercer d’illusions.

Être cohérent implique aussi d’être radical. Changer le système implique que ce ne sont pas les gestes de chacun — même s’ils sont indispensables — qui changeront la donne, comme voudraient nous le faire croire les dominants, à commencer par M. Macron. Non, cela implique de changer les politiques et les rapports de pouvoir.

Et dès lors, la radicalité commence par un constat : les gouvernants, aujourd’hui, ne sont pas de braves gens qui, par pure ignorance, ne voudraient pas agir pour le climat et qu’il faudrait ramener à la raison. Ce sont les instruments d’une oligarchie qui vise essentiellement à maintenir la position privilégiée des ultra-riches et un système économico-financier qui préfère la prédation de la planète à la baisse des profits. Autrement dit, les gouvernants aujourd’hui ne sont pas des alliés, mais des ennemis, et seul le rapport de force — ou le changement de gouvernants — peut faire évoluer fortement les politiques.

La radicalité se prolonge par un engagement : celui de ne pas en rester à des paroles, à des slogans, à des pancartes. Mais de s’engager soi-même ou au moins de soutenir effectivement celles et ceux qui agissent. On peut le faire de façon non violente mais avec efficacité — en se mettant d’ailleurs en danger juridique voire physique — comme le montrent, entre autres, les militants d’ANV-COP21, quand ils vont décrocher les portraits de Macron, les étudiants pour le climat quand ils vont envahir la Société générale, les militants contre le « grand contournement ouest » de Strasbourg ou contre Europacity — pour ne citer que quelques exemples.

Urgence climatique ? Urgence sociale, urgence politique, urgence d’agir.

 

Macron va-t-il rester sourd aux exigences des marches et grèves pour le climat?
Maxime Combes
whttps://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/180319/macron-va-t-il-rester-sourd-aux-exigences-des-marches-et-greves-pour-le-climat

Les centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes mobilisés ces 15 et 16 mars pour dénoncer l’inaction des pouvoirs publics en matière climatique placent Emmanuel Macron et son gouvernement face à leurs responsabilités : vont-ils continuer à se défausser de leur responsabilité en l’imputant sur chacun.e d’entre nous plutôt qu’accélérer une véritable transition écologique et sociale ?

 

Il y a des dates et des mobilisations citoyennes qui marquent une génération. La grève scolaire mondiale pour le climat du vendredi 15 mars en est une. Les chiffres frappent les esprits : plus d’un million de jeunes mobilisés aux quatre coins de la planète, dont 160 000 en France, font de cette journée la plus grande mobilisation internationale pour le climat jamais organisée. Qu’au lendemain de cette journée historique, 350 000 manifestant.e.s aient à nouveau manifesté dans 220 villes du pays pour un « printemps climatique et social » indiquent qu’un mouvement citoyen d’ampleur est en train de s’enraciner dans la durée et sur tout le territoire.

Un saut quantitatif – les manifestations climat de l’automne avaient regroupé environ 150 000 personnes – qui s’accompagne également d’un saut qualitatif notable : au fil des manifestations et de l’absence de réponse des pouvoirs publics, les discours se font à la fois plus précis et plus exigeants. Aux revendications en matière d’urgence climatique se mêlent désormais des revendications rodées et largement partagées en matière de justice sociale et fiscale. Ainsi qu’un discours plus affirmé sur le rejet du racisme, des violences policières et de la nécessaire démocratisation de nos institutions et pratiques politiques. De quoi permettre une alliance durable et féconde entre gilets jaunes, mouvement climat et marche des solidarités ?

Make Our BlaBla Great Again

Depuis cet automne, Emmanuel Macron et son gouvernement cherchent à amadouer ces nouveaux manifestants pour le climat, en court-circuitant les ONG et associations mobilisées depuis des années. Emmanuel Macron n’est-il pas celui qui s’est opposé à Donald Trump lorsqu’il décida de retirer les Etats-Unis de l’Accord de Paris ? L’Elysée et les ministres du gouvernement, comme Brune Poirson, agitent le slogan « MakeOurPlanetGreatAgain » dès qu’ils sont mis en cause, espérant sans doute qu’il leur serve de de totem d’immunité.

Profitant des sommets internationaux, Emmanuel Macron n’hésite d’ailleurs pas à multiplier les discours offensifs pour dénoncer le capitalisme financier ou la prédation des ressources. Il est temps de « transformer l’économie de marché contemporaine mondiale pour qu’elle intègre les critères environnementaux et durables » vient-il d’ailleurs d’affirmer depuis le sommet sur l’environnement de Nairobi. Une tactique désormais utilisée par certains de ses ministres, de Bruno Le Maire à Brune Poirson,

Des petites phrases qui ne semblent pas marquer l’opinion. Sans doute parce qu’elles sonnent faux au regard des politiques productivistes et inégalitaires menées par l’exécutif : Emmanuel Macron n’a-t-il pas signé des accords de commerce qui ne sont pas climato-compatibles ? Ne déroule-t-il pas le tapis rouge au monde de la finance ? Sa majorité à l’assemblée ne vient-elle pas coup sur coup de rejeter une proposition de loi visant à interdire que l’épargne populaire continue de financer les énergies fossiles, et repousser à 2025 l’interdiction de la production de certains pesticides ?

L’exécutif cherche à minorer sa responsabilité

Mis à l’index pour ses contradictions et son inaction climatique, l’exécutif semble désormais plus nerveux et moins sûr de lui. Dans sa réponse, indigeste, à la pétition de l’Affaire du siècle, François de Rugy tente ainsi de diluer la responsabilité du gouvernement en affirmant que le défi du réchauffement climatique ne pourra être relevé « que grâce aux décisions individuelles de chacun ». Un axe de défense qu’Emmanuel Macron mobilise également  : « la solution au réchauffement climatique, c’est d’abord chacune et chacun d’entre nous » a-t-il déclaré à Gréoux-les-Bains le 7 mars dernier, avant d’affirmer depuis Nairobi, qu’en matière de réchauffement climatique, « ce n’est pas le peuple contre le gouvernement – il faut arrêter ces bêtises – c’est nous tous ».

Compte-tenu des slogans et de la détermination affichées lors de la grève scolaire du 15 mars et lors de la manifestation du 16 mars, il paraît peu probable de voir Emmanuel Macron et son gouvernement convaincre ainsi l’opinion. Pourtant, si l’on en croit les bruits qui nous parviennent de l’Elysée et du ministère de la transition écologique, il semblerait que l’exécutif n’ait aucune intention de faire des annonces rapides pour donner plus d’ambition à sa politique climatique.

Emmanuel Macron et son gouvernement vont-ils donc se contenter de dire aux centaines de milliers de personnes mobilisées qu’elles n’obtiendront rien ? Pensent-ils que la nouvelle mouture attendue du (petit) projet de loi « Energie » que François de Rugy doit prochainement présenter en Conseil des ministres suffira à calmer cette mobilisation historique ? Vont-ils se limiter à vouloir remettre sur le tapis une taxe carbone pourtant à l’origine du mouvement des gilets jaunes et alors que des propositions alternatives existent pour réduire les émissions et financer la transition (taxer les plus gros pollueurs) ?

Finalement, Emmanuel Macron et son gouvernement vont-ils rester sourds à cette puissante lame de fond qui parcourt une partie significative de la société ?

 

PS : pour info, les 14 propositions de Attac France, pour nourrir le débat et nos revendications collectives

14 mesures pour amorcer la transition écologique

  1. Mettre fin aux exonérations de taxe carbone pour les pollueurs industriels, le transport aérien et maritime (kérosène, fioul lourd), les sites industriels soumis au marché carbone européen.
  2. Garantir les lignes ferroviaires du quotidien, rouvrir les gares et lignes permettant de réduire l’usage des véhicules individuels et développer le fret pour réduire le nombre de camions sur les routes.
  3. Abandonner les sept nouveaux projets d’autoroutes (GCO, A69, etc) et basculer les financements sur les transports collectifs du quotidien et mobilités douces, notamment en milieu rural et péri-urbain.
  4. Financer un vaste plan de rénovation et d’isolation des bâtiments existants en mettant la priorité aux matériaux produits localement et/ou biosourcés et en privilégiant les ménages modestes touchés par la précarité énergétique
  5. Financer un vaste plan de création d’emplois publics pour assurer la transition énergétique et écologique et assurer les droits des travailleurs touchés par cette transition
  6. Introduire un moratoire sur tout nouveau projet d’étalement urbain en matière résidentielle ou commerciale (centres commerciaux, grands projets inutiles) afin de ne pas encourager de nouveaux déplacements et de mettre fin à l’artificialisation des terres.
  7. Rapprocher les services publics et les activités économiques des lieux d’habitation, notamment en milieu rural et péri-urbain et mettre en place une politique d’encadrement des loyers et du foncier afin de permettre aux ménages les plus modestes de pouvoir vivre dans les centre-villes
  8. Limiter l’utilisation des pesticides et des engrais et mettre fin à l’agriculture industrielle pour la remplacer par une agriculture paysanne en développant l’emploi agricole, en réorientant les subventions vers le bio et local. Prescrire le bio et/ou local et la réduction des gaspillages dans la restauration collective.
  9. Planifier la politique énergétique afin d’arrêter le nucléaire le plus rapidement possible, de donner la priorité à la sobriété énergétique et au développement des énergies renouvelables
  10. Stopper immédiatement les investissements publics dans les énergies fossiles (AFD, CDC, BEI, BERD, Banque Mondiale) et dans les fausses solutions technologiques qui visent à pérenniser le gaspillage.
  11. Annuler les autorisations de forage délivrées pour Total en Guyane et mettre fin au projet d’exploitation aurifère de la Montagne d’or.
  12. Flécher réglementairement l’argent de l’épargne populaire vers les seuls projets contribuant à la transition énergétique, écologique ou sociale
  13. Stopper l’application provisoire du CETA, jugé non climato-compatible, et ne pas le ratifier.
  14. Œuvrer pour une politique climatique de l’UE plus ambitieuse, en terme de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, de développement des énergies renouvelables et de sobriété énergétique

 

« Nous appelons Emmanuel Macron à rejeter toutes négociations commerciales avec Donald Trump »
ActionAid France – Peuples Solidaires, Aitec, Amis de la Terre, Attac France, Collectif Stop-TAFTA, Confédération Paysanne, Greenpeace, Institut Veblen, Réseau Roosevelt, Solidaires
www.politis.fr/articles/2019/03/nous-appelons-emmanuel-macron-a-rejeter-toutes-negociations-commerciales-avec-donald-trump-40181

Tribune. La reprise des négociations entre l’Europe et les États-Unis pour une nouvelle version du Tafta, l’accord de libre-échange transatlantique, est à l’ordre du jour du Conseil européen ces 21 et 22 mars. Dix organisations de la société civile dénoncent les dommages d’une telle politique pour le climat, l’agriculture et l’emploi.

Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris ! » L’engagement prononcé par Emmanuel Macron le 25 septembre 2018 à la tribune de l’ONU était clair, net et précis. Il visait directement les États-Unis : en plus d’avoir décidé de quitter l’accord de Paris sur le climat, Donald Trump menaçait l’Union européenne de nouvelles hausses de droits de douane – au-delà de l’acier et de l’aluminium – en cas de refus de négocier un accord commercial transatlantique favorable aux intérêts américains.

Six mois plus tard, les États-Unis n’ont pas changé de stratégie : Donald Trump dispose d’un rapport du département du Commerce qui pourrait l’autoriser à augmenter les droits de douane sur les voitures européennes, actuellement fixés à 2,5 %, jusqu’à 25 %. Face à cette menace, qui inquiète fortement le lobby automobile européen, aucun État membre n’a publiquement pris position contre l’ouverture de négociations transatlantiques : sont-ils donc prêts à négocier avec un revolver sur la tempe et à sacrifier le climat sur l’autel des intérêts de l’industrie automobile ?

Pour tenter – sans succès – d’amadouer Donald Trump, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a déjà fait beaucoup de concessions. Lors de son déplacement à Washington en juillet 2018, il s’est en effet engagé à accroître les importations de soja américain et celles de gaz naturel liquéfié. Résultat : les premières ont augmenté de 112 % entre juillet et décembre 2018 et vont désormais alimenter la production d’agrocarburants européens tandis qu’on ne compte plus les méthaniers chargés de gaz de schiste américain en direction des ports européens.

Aucune ligne rouge

Mais ce n’est pas tout. La Commission est également pressée d’obtenir des États membres l’autorisation de négocier un accord transatlantique visant à réduire les droits de douane sur les biens industriels et à « harmoniser » des normes et réglementations. Les propositions de mandat qu’elle a rédigées ne fixent aucune ligne rouge. Ni les produits chimiques, ni la sécurité sanitaire des aliments ou les OGM n’en sont formellement exclus non plus. Or on sait que la coopération réglementaire conduira nécessairement à ce que les normes édictées par l’industrie elle-même prennent le pas sur les recommandations des scientifiques ou des ONG.

La Commission n’a d’ailleurs procédé à aucune étude d’impact, pourtant obligatoire en cas de négociations commerciales « significatives ». Elle communique sur les gains économiques espérés, mais elle est incapable d’indiquer les impacts attendus en matière d’emplois ou d’émissions de gaz à effet de serre. Des études indépendantes avaient pourtant montré que le Tafta initialement envisagé aurait pu détruire des centaines de milliers d’emplois en Europe, dont plusieurs dizaines de milliers en France. Une tendance que le bilan de l’Accord de libre-échange nord-américain semble confirmer.

Sacrifier l’agriculture ?

Par ailleurs, comment croire la Commission européenne quand elle affirme que l’agriculture est exclue du champ de la négociation alors que les États-Unis affirment le contraire et détaillent par le menu leurs objectifs en la matière : « garantir un accès complet au marché pour les produits agricoles américains dans l’UE en réduisant ou en supprimant les droits de douane », « éliminer (…) les obstacles non tarifaires discriminatoires à l’égard des produits agricoles américains ».

 

Les négociateurs américains disposent donc d’un mandat de négociation offensif et étendu. Robert Lighthizer, le négociateur en chef de Donald Trump, a d’ailleurs récemment affirmé que « les États-Unis ne peuvent pas avoir un accord commercial avec l’Europe qui ne traite pas de l’agriculture » et 114 membres du Congrès américain ont aussi déclaré qu’un accord sans agriculture serait inacceptable. Comment être certain que la Commission ne pliera pas sur l’agriculture pour éviter que Donald Trump ne mette à exécution sa menace d’augmenter les droits de douane sur les voitures européennes ?

« Non aux négociations avec Donald Trump »

Le 14 mars dernier, une majorité d’eurodéputés ont rejeté les mandats de négociation sous leur forme actuelle. Il n’y a donc pas de majorité au Parlement européen pour soutenir l’ouverture de ces négociations transatlantiques ! La balle est désormais dans le camp du Conseil européen : nous appelons donc les États membres, et notamment Emmanuel Macron, à rejeter purement et simplement – et non à repousser après les élections européennes comme le propose Paris – toute négociation commerciale avec les États-Unis de Donald Trump, au nom de la protection de l’agriculture, du climat et de l’emploi.

 

La consommation des plus riches est la moins écoresponsable
Odile Plichon
www.leparisien.fr/economie/la-consommation-des-plus-riches-est-la-moins-ecoresponsable-14-03-2019-8031855.php

Si les classes supérieures ont une sensibilité environnementale plus développée, en revanche leur empreinte écologique est plus élevée malgré leurs petits gestes du quotidien.

Il est de ces études fouillées qui balaient, chiffres à l’appui, certaines de nos idées reçues. La dernière enquête* du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) est de celles-là.

Sévèrement intitulée « Consommation durable : l’engagement de façade des classes supérieures », elle démonte point par point la conviction, selon laquelle plus on est éduqué, plus on pratique l’écologie au quotidien, et moins on pollue. « Il y a un fort décalage entre les discours très théoriques sur la planète, et la réalité des pratiques », résume Pascale Hébert, l’une des auteurs de l’étude.

En 2018, l’impact d’un consommateur sur l’environnement – ce qu’on appelle son empreinte écologique –, notamment à travers ses émissions de gaz à effet de serre, dépend clairement du revenu et des diplômes : les personnes qui disposent à la fois de fortes ressources et sont très diplômées ont un score d’empreinte écologique élevé de 46,4, contre 40,2 seulement, pour les personnes ayant de faibles ressources et étant peu diplômées. Autrement dit, les plus privilégiés polluent davantage que les autres !

Non que les classes supérieures ne soient pas au courant des enjeux sur la protection de la planète. Au contraire. Elles ont même une sensibilité environnementale bien plus poussée que les autres classes sociales. Et elles effectuent bien, au quotidien, toute une série de « petits gestes » écolos, comme acheter des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, des produits alimentaires vendus en vrac et privilégient les circuits courts. Les achats d’occasion sur Internet, comme le phénomène du covoiturage, ou le fait de manger moins de viande, participent eux aussi de pratiques respectueuses de l’environnement chez les classes supérieures.

Les voyages des CSP+ polluent beaucoup

Mais alors, où est le problème ? Si les « CSP+ » (catégories socioprofessionnelles supérieures) sont les moins vertueuses c’est parce qu’elles utilisent par ailleurs de très nombreux équipements numériques qui consomment beaucoup d’énergie et qui sont constitués avec des matériaux polluants. Et, surtout, ils multiplient les voyages en voiture ou – pire encore – en avion.

Or, comme le rappelle l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le transport aérien représente 2 à 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Un aller-retour Paris-New York pour une personne sur une ligne régulière, soit un voyage de 12 000 km, représente autant d’émissions de CO2 que la consommation annuelle de chauffage d’une personne !

Autant dire, expliquent les auteurs de l’étude du Crédoc, que même si ceux qui voyagent le plus en avion tentent de limiter leur impact sur l’environnement en multipliant les petits gestes écolos, cela ne compense pas.

Dans ce monde de contradictions, on trouve néanmoins une certaine cohérence « dans le domaine politique », conclut l’enquête : « la mise en pratique de la consommation durable est ancrée à la gauche ». En clair ? « Les personnes se déclarant proches de la France insoumise ou d’Europe Ecologie les Verts, non seulement ont une sensibilité environnementale record, mais ont par ailleurs une empreinte moyenne de 41, contre 45,3 pour les proches du Rassemblement national (RN), soit une différence de près de 10 % ».

*Etude issue de l’enquête « Tendances de consommation » réalisée par téléphone. Echantillon de 1 000 individus âgés de 18 ans et plus ; elle respecte les quotas sur l’âge, la profession, le sexe, la région et la taille d’unité urbaine.

 

Klima ez, sistema aldatu
Iñaki Barcena
www.argia.eus/argia-astekaria/2633/klima-ez-sistema-aldatu

Change the change. Lerroburu hori jarri diote Donostian antolatu den Klima Aldaketaren Nazioarteko Konferentziari. Hiru egunetan, bertoko eta nazioarteko adituak elkartuko dira “historia arrakastatsuak eta “negozio-eredu berriak” aurkezteko eta klima-aldaketaren ondorioen aurrean gizarte gisa ditugun erronkez eztabaidatzeko. Programan, hizlari nagusien artean, Iñaki Arriola, Eusko Jaurlaritzako Ingurumen sailburua, Jose Ignacio Asensio, Gipuzkoako Foru Aldundiko ingurumeneko diputatua, Ignacio S. Galán, Iberdrolako presidentea eta Gonzalo Sáenz de Miera, Iberdrolako Klima Aldaketako zuzendaria, Ernesto Gasco, Donostiako alkateordea eta Teresa Ribera, Trantsizio Ekologikorako Espainiako ministroa. Sarrera arrunta 180 euro eta 100 euro ikasle eta langabetuentzat. Ez dut dudarik orri asko beteko dutela komunikabide mainstream-etan baina nire buruari galdetzen diot, pertsonaia horiek eta ordezkatzen duten enpresa eta interesak klima arazoaren parte dira ala soluziobidearena?

Iberdrolako zuzendaria eta AHT, erraustegia, superportuak, Coke, errepide eta azpiegitura berriak, instituzio politiko eta enpresetatik defenditzen dituztenak, ez daude justizia klimatikoarekin lerraturik, sistemaren parte dira

 

Iberduero kanpora! Hala kantatu du urte luzeetan euskal mugimendu antinuklear eta ekologistak Lemoizko aferan. Al Gorek, Nobel saridunak, aldiz, Bilboko Guggenheimean euskaldunok zorte handia genuela esan zigun. Aldaketa klimatikoari ekiteko Iberdrola eta Gamesa tresna oso baliotsuak baitira, bere ustez. Gamesa duela gutxi Siemens alemaniarrari saldu diote eta nire aburuz, Iberdrola dugu arazoaren parte (nagusia) eta ez soluzioarena. Espainiako Estatuaren CO2ko isurketen %1aren erantzulea da. Beste multinazional batzuek gehiago kutsatzen dute, noski, Endesak %10, Gas Natural, EDP eta Repsol-Petronor hirukoteak %3 bakoitzak. Cepsa, Cemex, ArcelorMittal, Viesgo eta Cementos Portlandekin batera, hamar enpresa horiek heren bat sortzen dute (%28). Erantzukizun oso nabarmena, aldaketa klimatikoan.

Klima ez, sistema aldatu! Hau da justizia klimatikoaren leloa mundu osoan.  Kapitalismoaren eredu soziala gainditzeko eredu energetikoa aldatu beharra dago eta trantsizio energetiko hori egitekotan aldeko eta kontrako indarrak eta eragileak borrokan gaude. Iberdrolako zuzendaria eta AHT, erraustegia, superportuak, Coke, errepide eta azpiegitura berriak (Araban, Barroneko urtegia, azken alea dugu), instituzio politiko eta enpresetatik defenditzen dituztenak, ez daude justizia klimatikoarekin lerraturik, sistemaren parte dira. Behetik sortzen diren aldaketak, jende asko biltzen dutenak lotu behar ditugu eta bidaia luze horretan instituzio eta enpresen munduan aliatuak egon badaude, zorionez. Change the change moduko ekimenek ez dute ezer aldatzen/ekartzen… Sistema bera irauteko egiten dira. Zoritxarrez!