Articles du Vendredi : Sélection du 14 juin 2019


Le bassin de l’Adour enclenche sa transition climatique
Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/le-bassin-de-l-adour-enclenche-sa-transition-climatique,97930

Lancée il y a trois ans, l’étude Adour 2050 se conclut ce 11 juin avec la présentation d’une longue liste d’actions d’adaptation au réchauffement climatique. Une transformation en profondeur pour les acteurs de l’eau, l’agriculture, l’aménagement du territoire, l’industrie, le tourisme et l’énergie.

Place à l’action. Dans le bassin de l’Adour, l’heure n’est plus au diagnostic ni à la prospective. Les acteurs locaux savent qu’en 2050, le mercure aura grimpé de 1 à 1,5 degré Celcius (jusqu’à 2 °C dans les Pyrénées). Les canicules seront plus fréquentes et les ressources en eau auront régressé de 40% en été si l’on suit la tendance actuelle.

Un pilote dans l’adaptation

Au contraire, l’institution Adour -un établissement public interdépartemental(1) financé en priorité par l’Agence de l’eau Adour-Garonne- a décidé d’enclencher une stratégie d’adaptation ambitieuse en associant les secteurs de l’eau, de l’agriculture, de l’industrie, de l’aménagement du territoire, du tourisme et de l’énergie. Deux scénarii assez proches ont été retenus en mai par un comité de pilotage composé des principaux acteurs du territoire : 4 départements, 2 régions, Agence de l’eau, préfet de bassin, etc. «L’objectif principal est d’aboutir à une utilisation plus sobre de la ressource en eau et à une évolution de l’aménagement urbain en lien avec les espaces naturels», résume Mathilde Chaussecourte, chargée de mission à l’institution Adour.

Moins c’est mieux

En matière d’eau, priorité est donnée aux économies de consommation qu’il s’agisse des particuliers (via une tarification incitative), des agriculteurs (sélection de variétés moins gourmandes en eau, irrigation plus performante, réduction des pesticides, soutien à l’agriculture biologique et à l’élevage extensif, développement des circuits courts) et des industriels. Citée, la création de réservoirs artificiels ne sera pas acceptée localement pour la seule alimentation de quelques producteurs céréaliers, comme l’a démontré l’affaire du barrage de Sivens.

Deuxième priorité: augmenter les ressources par la réutilisation des eaux usées (stations d’épuration par exemple) et la récupération des eaux de pluie.

Côté aménagement, l’adaptation ne sera au rendez-vous qu’avec une interdiction forte de construire en zone inondable. Un programme complété par une limitation de l’imperméabilisation des sols, l’essor de procédés favorisant l’infiltration des eaux pluviales (espaces enherbés), une végétalisation accrue dans la ville et de nouveaux projets d’agriculture urbaine. Plus largement, les collectivités devront accentuer la préservation des espaces naturels et en particulier des zones humides.

Tous ensemble

Cette feuille de route s’appuie aussi sur un principe d’économie circulaire, pour limiter les déchets et les pollutions des ressources en eau, et sur une solidarité entre les territoires: urbains/ruraux, amont/aval, touristiques ou non.

Par ailleurs, les mauvaises actions d’adaptation seront traquées. Exit donc le recours à la climatisation et le dessalement d’eau de mer, trop gourmands en énergie, ou encore la plantation d’espèces d’arbres non résistances à de fortes températures.

Echelle réduite

«Le territoire de l’Adour est si varié que les actions doivent être menées à une échelle réduite. Il existe des zones littorales, de montagne et un vaste territoire de plaine. Mais tous ces acteurs doivent aller dans la même direction, en étant accompagnés tout au long de leur adaptation par des outils réglementaires et notamment les plans locaux d’urbanisme (PLU), les schémas de cohérence territoriale (SCOT) et les plans climat air énergie territoriaux (PCAET)», conclut Mathilde Chaussecourte. Objectif: une transition observée dans les faits d’ici à 2035.

(1) Regroupe 4 départements : Hautes-Pyrénées, Gers, Landes et Pyrénées Atlantiques

Beti Bizi ! Climat d’urgence
Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/beti-bizi-climat-durgence

En 304 pages, 180 photos et une cinquantaine d’affiches, le livre “Beti Bizi ! Climat d’urgence” (1) retrace les dix premières années du mouvement basque Bizi ! Voici les grandes lignes de ce témoignage d’une décennie de luttes et de travail ininterrompu.

C’est au début un collectif qui naît sur le B.A.B. dans le contexte de la mobilisation internationale pour exiger un accord international pour combattre le réchauffement climatique, juridiquement contraignant, ambitieux et juste au Sommet de Copenhague.

L’objectif premier de Bizi est de faire le lien entre la question sociale et la question écologique en Pays Basque.

D’entrée de jeu, il marche sur deux jambes, le global et le local. La bataille pour freiner et limiter le dérèglement du climat est internationale et menace l’espèce humaine, et le vivant en général, dans sa globalité. Mais elle se joue également au plan local, et les émissions de gaz à effet de serre peuvent et doivent être réduites au niveau de chaque territoire, de chaque communauté.

Le “logiciel” Bizi

Fruit de beaucoup d’expériences, collectives et variées, qui l’ont précédé, Bizi naît d’emblée avec un “logiciel” spécifique, une méthodologie particulière, un certain type de fonctionnement qui vont marquer son action quotidienne et son évolution lors de ces dix premières années.

Ils sont décrits et expliqués dans le livre, et ont permis à ce petit collectif de passer de 20 membres à sa naissance à plus de 600 adhérent- e-s aujourd’hui(2) et de réaliser des choses assez étonnantes pour un petit groupe local.

Le premier chapitre revient ainsi sur le lien entre le défi climatique et la justice sociale, le radicalo-pragmatisme caractérisant l’approche générale de Bizi, sa vision stratégique non-violente et déterminée, tentant d’articuler résistances et construction d’alternatives, le renouvellement des modes opératoires et de la communication militante, et un fonctionnement visant à allier démocratie, participation, efficacité, rapidité de décision et de réaction.

Implantation et essaimage

Les chapitres suivants décrivent comment Bizi va s’implanter et se renforcer, malgré un reflux du mouvement climat dans les années 2010-2012. L’échec du Sommet de Copenhague et les effets de la crise économique et sociale des années 2008-2011 font disparaître l’urgence climatique du centre des préoccupations et du débat. La plupart des collectifs climatiques nés en 2009 dans la dynamique de mobilisation liée au sommet de Copenhague périclitent ou disparaissent. L’ancrage local et la méthodologie particulière de Bizi l’amènent au contraire à se développer et à élaborer de nouvelles perspectives stratégiques. Il s’agit de contribuer au niveau local à créer ou renforcer un éco-système d’alternatives permettant de préfigurer la société plus juste et plus soutenable que nous revendiquons. Au niveau global, il faut aider à construire un rapport de forces obligeant les dirigeants politiques et économiques à stopper les politiques et projets les plus climaticides, et à agir réellement pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre. Bizi se fixe comme objectif de susciter l’apparition d’une “génération climat” dans l’Hexagone, afin de participer à la construction d’un mouvement climat international qui pèse réellement. Ce sont les années de construction des dynamiques Alternatiba et ANV-COP21 : on en dénombre aujourd’hui 108 groupes locaux différents sur tout l’Hexagone ! Ce sont aussi des années d’essaimage des méthodes de Bizi : actions non-violentes déterminées (via la campagne Alpha Coal / Société Générale ou celle des Faucheurs de chaises dans les banques complices de l’évasion fiscale), boite à outil municipale climat-énergie et Pacte de transition, fonctionnement et méthodologie “à la Alternatiba” etc.

Nouvelle feuille de route et changement d’échelle

Bizi apprend beaucoup dans cette période où il tente de “soulever des montagnes” et où il rencontre tant de gens différents, et ses capacités d’action et d’influence en sortent largement renforcées. Pendant ce temps le travail local n’a jamais cessé : contribution à la création et au développement de l’eusko, aide aux différentes alternatives locales, étude sur les emplois climatiques, suivi des engagements municipaux, initiatives diverses sur les terrains des transports et mobilités, de la consommation responsable, actions contre tel projet de mines d’or ou participation à la mobilisation générale pour un processus de paix juste et durable en Pays Basque, création de groupes locaux en Soule, en Basse- Navarre et en Sud Labourd…

Un processus de réflexion et de débat aboutit à la rédaction du projet Euskal Herria Burujabe ou Bizi définit sa vision et ses propositions pour un Pays Basque souverain, soutenable et solidaire.

Le dernier chapitre du livre s’intitule “Là ou croît le péril croît aussi ce qui sauve”. Alors que le dérèglement climatique s’accélère et s’aggrave, qu’on s’approche dangereusement des seuils de rupture faisant risquer à l’Humanité un emballement irréversible du climat, on assiste depuis septembre 2018 à un changement d’échelle du mouvement climat, de sa capacité de mobilisation et de pression. C’est encore loin d’être suffisant, mais on voit bien que tout ce qui a été semé cette dernière décennie ne l’a pas été en vain. Cela commence à donner des résultats, le rapport de forces augmente, les capacités à construire les alternatives indispensables également.

C’est bien cela que Bizi compte célébrer les 14, 15 et 16 juin prochain, au cours de trois journées de fête populaire(3) mais également de conférences, actions, expositions permettant de découvrir ou de mieux comprendre la stratégie et les perspectives d’action du mouvement climat.

 

(1) En vente dans toutes les librairies au prix de 10 euskos

(2) Bizi lance, à l’occasion de ses 10 ans, une campagne d’adhésion, pour appeler à renforcer son action et le travail à mener les 10 prochaines années. On peut adhérer dans son local, sur ses stands ou directement en ligne sur : https://bizimugi.eu/adherer

(3) Bizi fêtera ses 10 ans les 14, 15 et 16 juin sur la place Patxa de Bayonne. Voir le programme sur le site www-bizimugi.eu

 

Burujabe, pour remettre les pieds sur terre
ALDA ! Interview Nicolas GOÑI
www.enbata.info/articles/burujabe-pour-remettre-les-pieds-sur-terre

L’année 2018 a permis au mouvement Bizi ! de mettre sur le papier un projet de territoire souverain, soutenable et solidaire. Cette feuille de route nommée “Burujabe, Reprendre possession de nos vies”, est le fruit du travail, des réflexions et débats de Bizi !. Elle a été diffusée au public à l’occasion d’Alternatiba Baiona en octobre dernier. Document considéré comme base de départ à enrichir par les remarques, retours, critiques et propositions des lecteurs, “Burujabe” prend en compte les dernières évolutions liées à l’urgence climatique, tout en liant l’urgence écologique et la justice sociale, de même que la préservation du climat et la défense et la valorisation des territoires. Alda ! a posé quelques questions à Nicolas Goñi membre du groupe de travail Burujabe de Bizi !

Le terme « Burujabe » a déjà souvent été traité en Pays Basque. Quelle est la nouveauté dans cet apport de Bizi ! au débat général ?

Un des points de départ est que le monde d’aujourd’hui est très différent de celui du XXe siècle, dans lequel les questions de souveraineté étaient surtout envisagées sous un angle essentiellement étatique. Souveraineté était plus ou moins synonyme de disposer d’un état indépendant avec ses frontières et son administration.

Par rapport au XXe siècle où on se posait les questions en termes plus simples et où l’abondance de pétrole nous a fait développer des modes de vie (et de compréhension du monde) de plus en plus “hors-sol”, aujourd’hui la réalité matérielle de la planète se rappelle durement à nous: dérèglement climatique et épuisement des ressources, avec les conflits qui en découlent et les réfugiés qui fuient par centaines de milliers des contrées devenues invivables, dans un contexte où les politiques qui se prétendaient “la seule alternative” génèrent un monde d’inégalités où une minorité de riches pollue et abîme les ressources futures des enfants d’aujourd’hui. Ces constats nous ont amenés à reprendre la question de la souveraineté dans une approche plus terrestre, en essayant de partir de la base la plus immédiate: nos vies. De quoi et de qui dépendons-nous aujourd’hui pour nous loger, nous chauffer, nous nourrir, nous déplacer, et plus largement nous construire en tant que personnes au sein d’une communauté humaine? Autrement dit quelles sont les conditions de nos vies. Ces conditions de nos vies sont autour de nous, chez nous, en nous, elles sont notre territoire. Nous devons les défendre, les renforcer, pour construire aujourd’hui des territoires capables de nous accueillir et de nous nourrir toutes et tous, ainsi que celles et ceux qui nous succéderont. C’est cette reprise de possession des conditions de nos vies que nous appelons souveraineté.

Quand vous parlez d’éléments concrets, quels sont les axes de cette feuille de route?

Cette feuille de route a été structurée selon 9 axes, qui étaient aussi les 9 espaces thématiques d’Alternatiba Baiona en octobre dernier: Agriculture et alimentation ; sobriété ; ré-usage réparation et recyclage ; énergies renouvelables ; transports et mobilité soutenable ; relocalisation de l’économie ; biens communs, solidarité et partage ; écoféminisme (qui était en bonne partie notre “fil conducteur” philosophique) ; alternatives territoriales (qui recoupent l’ensemble des autres axes).

Cette structure de la feuille de route n’a rien de définitif, elle est ouverte à d’autres propositions et d’autres axes pourront éventuellement être ajoutés ou remodelés.

Ces neuf axes ont tous des dimensions à la fois matérielles et sociales. Nous avons des choix individuels et collectifs à faire sur toutes ces questions d’agriculture, transports, énergie etc. pour le Pays Basque, et nous ne pouvons bien les faire qu’en percevant et en comprenant bien que nous sommes une part de notre territoire et de notre environnement, que nous y sommes liés de multiples façons.

Comme vous parlez de territoire et de “reprise de possession de nos vies”, peuton assimiler Burujabe à l’indépendance ?

Pas vraiment, car il ne suffit pas d’être un état indépendant pour garantir sa souveraineté.

 

Les traités de libre-échange tels que l’accord UEMercosur, le TAFTA, le CETA etc. ainsi que les politiques d’austérité de l’UE ou du FMI nous l’ont fait voir, à travers les cas de l’Argentine, de la Grèce et de tant d’autres pays dont les biens publics ont été dépecés. La question de la souveraineté concrète et matérielle transcende celle de l’indépendance telle que conçue dans le cadre de pensée du XXe siècle. Aujourd’hui une souveraineté concrète passe par le fait de reprendre à l’économie mondialisée de nombreux pans de nos activités. C’est aussi cela que nous voulons dire par “reprendre possession de nos vies”.

Alors, la clé réside dans le fait de repenser l’économie?

Complètement, car l’économie imprègne actuellement nos vies jusqu’au trognon, pour ainsi dire: le travail nous demande d’être toujours plus productif·ve·s et mécaniques (jusque dans notre pensée), en compétition avec tout le monde, et cette imprégnation s’étend au-delà de notre activité salariée ou commerciale. Les plantes cultivées qui doivent être adaptées à l’industrie par le biais de la transgénèse, l’“humain augmenté” par le transhumanisme (et dans le même temps “rétréci” dans sa capacité à établir des liens car dans l’illusion d’une toute-puissance individuelle) ou la géo-ingénierie qui croit pouvoir régler le système atmosphérique comme une machine à rouages, en pulvérisant ici ou là du soufre ou des particules de fer. Cette pensée purement mécaniste et quantitative nous fait oublier que nous ne sommes pas des machines, que les liens d’interdépendance qui ont fait et font de chacun ·e de nous ce que nous sommes ne sont ni quantifiables ni interchangeables.

Comprendre ces liens nous fait remettre à sa place l’économie telle qu’on nous la présente presque partout, l’économie hors-sol et irrationnelle qui n’admet pas la contradiction et prétend dicter les règles de fonctionnement de la société. En ce sens elle se rapproche bien moins d’une science que d’un fondamentalisme religieux, qui d’un côté érige en absolu, par exemple la “règle des 3% de déficit” et exige de nous d’y sacrifier l’éducation de nos enfants ou l’entretien de notre réseau ferré, mais qui dans le même refuse de prendre en compte les “externalités négatives”, c’est à dire tous les dégâts en termes de destruction de richesses écosystémiques tangibles (car si elle devait les reconnaître et les payer, c’est à dire si on généralisait le principe pollueur-payeur, aucune grande industrie ne serait rentable), dégâts que paient aujourd’hui les plus pauvres et que paieront demain les générations futures.

On entend souvent qu’on vit dans un monde trop matérialiste, mais c’est le contraire: on n’est pas assez matérialiste, dans le sens où on a besoin de reprendre prise avec la terre, avec le concret qui nous permet de respirer, manger, nous abriter, nous déplacer, établir des liens. À l’heure où le climat s’approche des seuils d’emballement, il s’agit aujourd’hui de remettre les pieds sur terre, c’est à dire comprendre ce qui constitue les conditions de nos vies, et s’organiser pour en prendre soin et le défendre.

Et, là, on n’est pas face à une contradiction? Vous mentionnez le climat au début, et maintenant le fait de remettre les pieds sur nos territoires. Que doit-on faire alors, lutter contre le changement climatique à l’échelle mondiale ? Ou, défendre nos territoires ?

Les deux vont de pair, et on peut même dire que l’un ne peut aller sans l’autre. Si on ne parle du climat que de façon désincarnée, abstraite, uniquement à base de chiffres, de degrés et de dates, mais sans relier ça aux territoires dans lesquels on vit, on ne rencontrera qu’un faible écho car le problème sera perçu comme distant, comme s’il ne concernait que des régions lointaines dans un futur lointain, on en comprendra difficilement l’urgence.

En revanche les gens se mobilisent beaucoup plus fortement pour défendre leur territoire, comme on l’a vu contre la 2×2 voies, la LGV, les projets de mines d’or ou d’aménagement ridicule du sommet de la Rhune. Car les territoires font partie de nos vies de façon beaucoup plus concrète et perceptible. Ces luttes pour les défendre sont des luttes locales, mais qui prennent une dimension beaucoup plus vaste si on les relie aux autres territoires menacés par la même logique de l’économie horssol et irrationnelle, cette même logique également à l’origine du dérèglement du climat. En faisant ce lien, d’une part on comprend de façon plus palpable que “défendre la planète” ce n’est pas défendre une abstraction mais c’est défendre chaque territoire de cette planète, que sur chaque territoire vivent des gens qui y sont liés comme nous au nôtre, et que chaque groupe humain sur chaque territoire est menacé de façon très concrète par le changement climatique et sa multiplication des événements météorologiques extrêmes. D’autre-part, on se rend également compte que les stratégies mises en oeuvre pour renforcer la résilience des territoires face aux aléas météo et celles pour limiter les émissions de gaz à effet de serre passent concrètement par les mêmes actions: augmenter la teneur en carbone d’un sol agricole le rend également plus résilient aux sécheresses ou fortes pluies ; une monnaie locale qui réduit les distances parcourues par ce que nous consommons, renforce également l’économie d’un bassin de vie ; des réseaux décentralisés de production d’énergie renouvelable renforcent également la souveraineté d’un territoire ; le ré-usage et la réparation qui outre la réduction des déchets génèrent des ressources locales, etc.

Climat ou territoires, les deux sont indissociables. Prendre soin, renforcer et défendre nos territoires, et maintenir le climat sous les seuils d’emballement, tout cela revient à préserver et reprendre en main les conditions de nos vies.

Burujabe, un projet de territoire souverain solidaire et soutenable
ALDA ! Conférence de David LANNES
www.enbata.info/articles/burujabe-un-projet-de-territoire-souverain-solidaire-et-soutenable

David Lannes, de la commission Euskal Herria Burujabe de Bizi! a participé aux côtés de Geneviève Azam, économiste et membre du Conseil scientifique d’Attac et de Paul Ariès, essayiste, penseur de la décroissance, à la table ronde “Alternatives au capitalisme et à son monde” lors d’Alternatiba 2018. Son intervention spécifique s’intitulait “Burujabe, un projet concret de territoire souverain, solidaire et soutenable”. Alda ! retranscrit ici une partie de cette intervention, accessible dans son intégralité sur le site bizimugi.eu.

C’est paradoxal. La prise de conscience de l’ampleur des enjeux climatiques génère souvent un sentiment de découragement qui inhibe l’action. Car même si nous nous efforçons d’avoir un comportement écologiquement responsable, notre contribution est complètement dérisoire si on la mesure à l’aune du désastre climatique en cours, ou à celle du pillage des ressources de la planète. À quoi bon faire tous ces déplacements à vélo, consommer bio et local, acheter des vêtements d’occasion alors que chaque jour 10.000 camions circulent à deux pas d’ici sur l’A63 et l’A8, que les collectivités locales continuent de se battre pour l’implémentation de grandes surfaces qui asphyxient le commerce de proximité alors qu’elles vendent déjà 76% des produits alimentaires au Pays Basque nord ? Très peu, et certainement pas assez, n’est fait au niveau de l’État, des collectivités et des entreprises pour imposer les mesures radicales que l’urgence climatique exige. Ce serait à nous, simples citoyens et consommateurs, d’assumer la responsabilité de la lutte contre le réchauffement climatique ? C’est une responsabilité bien trop forte et tout naturellement, nous optons souvent pour le déni et préférons faire l’autruche. Il est d’ailleurs d’autant plus facile de faire l’autruche que le discours ambiant nous y invite : qu’on pense par exemple aux mirages si souvent brandis des solutions technologiques ou de la croissance verte. Et quand nous ne nous laissons pas leurrer par ces mirages, nous avons la désagréable sensation de servir de légitimation à un système qui refuse de se remettre en cause. Dans les deux cas, le même doute surgit: à quoi bon s’imposer des contraintes ou des privations?

Contraintes ou entraves à la liberté d’action

Mais à vrai dire, quelles sont les contraintes qui pèsent sur nous ? Une contrainte, par définition, c’est une entrave à la liberté d’action. Si l’on ne change pas de smartphone tous les six mois, si l’on ne prend pas la voiture quand on peut marcher ou prendre un bus, est-ce que l’on souffre d’une entrave à sa liberté d’action ? Ou bien, au contraire, est-on en train de résister à cette maladie mentale collective que certains appellent Affluenza : “une douloureuse maladie contagieuse transmise par la société et dont les signes sont un sentiment de remplissage, le doute, l’anxiété et le dégoût qui résulte de l’idéologie du toujours plus”? Il ne suffit malheureusement pas d’être conscient d’être atteint par cette maladie mentale collective pour en guérir. A des degrés divers, nous sommes probablement tous contaminés, alors que nous sommes conscients de l’absurdité des comportements qu’elle suscite. Le problème, c’est que les symptômes de cette maladie ont réussi à s’imposer comme critères de normalité. Et il est extrêmement difficile, au niveau individuel, d’assumer un comportement qui remet en cause la normalité socialement acceptée : notre alimentation est trop carnée pour être écologiquement soutenable, mais les végétariens passent toujours pour de mauvais coucheurs ; les employeurs, ou même les services de l’État pour les zones rurales, considèrent encore comme normal que les citoyennes et les citoyens soient motorisés. Pire encore, nous considérons nous-même cette exigence comme normale ! Ainsi, alors que le coût moyen annuel d’une voiture est estimé à 5.000 euros, dans une ville comme Bayonne où le salaire médian est de 1574 euros, près de 20% des ménages ont deux voitures. Mais ce qui est vécu comme une contrainte, ce n’est pas de devoir avoir deux voitures pour avoir l’air “normal”, ce sont les rares restrictions qui commencent à être mises à l’usage de la voiture…

“Normalité” d’hier, absurde aujourd’hui

Pour espérer des changements d’habitudes à grande échelle et donc un impact plus significatif sur les enjeux climatiques, il faut donc changer ce qui est perçu comme la normalité.

Et c’est tout à fait possible ! Il y a 30 ans, il était “normal” pour les adultes d’être fumeurs et la société était organisée pour le bien être des fumeurs: cendriers dans les transports en communs, dans les salles d’attente, etc. Aujourd’hui, la normalité d’hier est perçue comme absurde, voire criminelle. Il est évident que c’est comme cela que sera perçue notre addiction à la voiture dans quelques années, il faut juste espérer et contribuer à ce que cela se fasse très vite. S’il faut donc assurément changer la normalité actuelle, doit-on pour autant chercher à construire une normalité alternative, qui soit socialement et écologiquement responsable? À notre avis, ce n’est pas une bonne stratégie. La normalité consumériste s’appuie sur des campagnes de marketing dont le financement en 2017 s’est élevé dans le monde à 559 milliards de dollars (c’est à peu près 10 fois plus que le “Fonds vert pour le climat” destiné à lutter contre le réchauffement climatique et promouvoir l’adaptation à ses effets). La publicité vend du rêve, mais un rêve qui est un véritable cauchemar pour les populations des pays du Sud dont les ressources sont pillées et qui travaillent dans des conditions effroyables. Il n’en demeure pas moins qu’elle est redoutablement efficace et qu’elle nous a en grande partie domestiqués.

Normalité alternative pour chacun

Dans le cours laps de temps qui nous reste avant que le dérèglement climatique ne devienne incontrôlable, il est peu probable que nous arrivions à contrer cette machine publicitaire hyperpuissante pour promouvoir au niveau planétaire un idéal de sobriété écologiquement soutenable. Mais vouloir proposer une normalité alternative est déjà en soi un renoncement. C’est accepter les conditions imposées ces dernières décennies par l’économie capitaliste : la globalisation et l’uniformisation culturelle. Ce n’est pas une normalité alternative que nous devons construire, mais des milliers, des millions, une pour chaque population ou territoire ! Le logiciel de rentabilité économique préfère avoir à traiter avec des agents interchangeables, sans racines et sans horizon, qui ont perdu leur humanité en même temps que la faculté de comprendre l’humanité d’autrui. Pour reprendre une phrase d’Edgar Morin, il faut inverser cette logique: “Les humains doivent se reconnaître dans leur humanité commune, en même temps que reconnaître leur diversité tant individuelle que culturelle”. L’unité et la diversité sont indissociables : nous ne serons jamais unis si nous ne respectons pas nos différences, et c’est au travers de la multiplicité de nos différences que nous ferons l’expérience de notre humanité commune.

Reprendre possession de nos vies

La démarche de Burujabe se fonde en grande partie sur ce constat : si nous voulons mettre un terme à la folie consumériste qui dévaste la planète, nous ne devons pas l’attaquer sur son terrain, celui de la mondialisation et de l’uniformisation, mais sur le nôtre, en reprenant pied sur nos territoires. Nous devons utiliser notre propre cadre de pensée pour décrire notre propre réalité et nos besoins. C’est en connaissant notre territoire, ses ressources et ses limites, que nous pourrons définir collectivement une nouvelle normalité socialement et écologiquement soutenable, ou pour le dire autrement, que nous reprendrons possession des conditions de nos vies. C’est donc selon nous vers les territoires qu’il faut déplacer le terrain de la lutte contre la folie consumériste et l’ordre capitaliste. Dans un territoire sur lequel nous avons prise, nous échappons au piège de la globalisation, nous pouvons imposer une logique qui n’est pas celle du profit, et nous avons les moyens de reconquérir une à une nos souverainetés.

Exemples de souverainetés

— Souveraineté culturelle. La mémoire collective, la réappropriation de nos langues, de notre ou plutôt de nos histoires, sont les garantes d’un peuple résilient, capable de faire face collectivement à des difficultés et dont les usages (entraide entre proches et voisins, fêtes, créations, initiatives collectives faisant vivre les villages et les quartiers…) ne succomberont pas à la logique marchande. Ici, au Pays Basque, l’euskara est l’une des meilleures armes dont nous disposons pour résister à l’uniformisation culturelle, c’est un indicateur de résistance à l’uniformisation. (…)

— Souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire, c’est la possibilité laissée aux populations de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées sans que cela puisse avoir un effet négatif sur les populations d’autres pays. Comment imposer un tel changement à l’agro-industrie qui bénéficie de moyens financiers considérables, du soutien des laboratoires et de nombreux lobbies ? Encore une fois, en menant la lutte sur nos territoires. (…)

— Souveraineté économique. Nous pensons que la relocalisation a un vrai potentiel révolutionnaire auquel nous pouvons toutes et tous contribuer dès à présent. (…) La relocalisation telle que nous la concevons est au contraire une émancipation du mode de production capitaliste. Il s’agit de replacer un projet territorial, conçu collectivement, au coeur du processus de production. L’éco-conception, qui consiste à prendre en compte dès la conception d’un produit son impact environnemental en est un élément-clé. (…)

— Souveraineté énergétique. Un premier avantage des énergies renouvelables est qu’elles permettent de rapprocher et de créer un lien entre consommation et production d’énergie, un lien qui pousse à réfléchir sur ce que devrait être un niveau de consommation soutenable. (…) C’est l’objectif que défendent ici, au Pays Basque, I-Ener (société citoyenne pour la réalisation de projets dans les énergies renouvelables) et Enargia (fournisseur d’énergie renouvelable). Il s’agit de quelques exemples parmi d’autres pour illustrer la nécessité de reprendre pied sur nos territoires, de les redécouvrir et de s’appuyer dessus pour nous affranchir de la vision du monde délirante imposée par l’économie productiviste.

Diversité et attachement au territoire

Nous pensons que notre diversité est notre principal atout pour guérir de cette maladie mentale collective, et que l’attachement au territoire est un sentiment très fort que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer. Prenons l’exemple de la Catalogne. Quelle que soit notre opinion à ce sujet, nous somme forcés de constater que la Diada, la fête nationale de la Catalogne, a encore rassemblé plus d’un million de personnes en septembre, et nous avons devant nos yeux l’exemple de Puigdemont, un respectable notable de centre-droit qui se lance dans un formidable mouvement de désobéissance civile à cause duquel il se retrouve en exil et risque 30 ans de prison. Pourquoi n’y a t-il pas partout une mobilisation au moins similaire contre le réchauffement climatique alors que les enjeux sont encore plus importants ? Ne serait-ce pas fantastique de pouvoir s’appuyer sur ce sentiment d’attachement au territoire, qui est si fort, pour enclencher la métamorphose sociale et écologique qui s’impose pour pouvoir affronter le défi climatique ? Pour nous, la défense de la planète passe par la défense de chaque territoire. Défendre une souveraineté socialement et écologiquement soutenable pour notre territoire, selon un modèle qui lui est adapté et dans le respect des autres pays ou régions, travailler à sa résilience, ce n’est pas être égoïste, au contraire, c’est le meilleur moyen d’être solidaires des autres populations de la planète, car c’est remplir notre part, la part qui nous incombe, d’un objectif global commun.

Klimaren erritmoan mugitzen
Joanes Etxebarria
https://iparraldekohitza.eus/2019/06/07/klimaren-erritmoan-mugitzen

Bizi mugimenduak hamar urte bete dituela markatzeko, haren ibilbidea azaltzen duen liburua plazaratu dute. Ospakizunen aldi izanen da ekainaren 14an, 15ean eta 16an Baionako Patxa plazan, gibelera so egin, hausnartu eta geroa aztertzeko parada galdu gabe.

Asteartean Bizi mugimenduak prentsa deitua zuen bere urtebetzearen berri emateko. Taldeak ezagutzen du hedabideengana heltzeko bidea: hitzetan sobera luzatu gabe mezu argiak eman eta argazkia zaindu. Etxeko bixkotxa ekarria zuten eta kandelak ufatu zituztenerako argazkia egina zen. Beti Bizi! Urgentzia klima (jatorriz elebidunean: Beti Bizi! Climat d’urgence) liburua ere aurkeztu zuten, hamar urteko ibilbidea hitz eta argazkietan laburbiltzeko. Klima aldaketa erdigunera ekarri nahi duen bortxarik gabeko mugimenduaren sortzaileetan zen Jean Noel Etxeberri, Txetx. Hastapenetatik hona, klima beroketari aurre egiteko neurriak ez, baina testuingurua aldatzen ikusi du: “Gauzak anitz aldatu dira. Aurten ikusi dugu aldaketa klimatikoaren kontrako mobilizazioa frantziar estatuan: martxak, mobilizazioak eta abar izan dira, eta hori berria da. Guk alimaleko indarrak egin behar genituen jendeak mobilizatzeko. Kontzientzia hartze bat zabaldu da gizartean”.

Kopenhageren ondokoak

Kopenhageko gailurraren urte berean sortu zen Bizi hogei bat kiderekin, eta gaur egun 600 kidez goiti ditu. Hazkundea ez zen, aukeztu berri duten liburuan irakur daitekeenaz, Kopenhageko gailurraren “porrot” ondotik eten. “Desmobilizazio egoera orokor horren alderantzizko zentzuan zihoan garapenak” esplikazio bikoitza zuen idatzi dutenaz: “Lurraldean finkatua izatea (…) eta Biziren funtzionamendu eta antolaketa bereziak oso ongi ibiltzen dira lurraldean”, diotenaz. Hainbat borroka gogora ekartzen dituzte, urtebetetzea kari: Chronobus autobusen defentsa, AHTaren kontrako borroka, bankuen salaketa, basoberriaren defentsa… Klimaren aldaketa ardatz harturik. “Behar da sistema aldatu eta jendartearen beharrak asetu kapitalaren beharrak baino”, orokortzen du Mattin Ihidopek. Hastapenetik alderdi sozialari garrantzia eman izanak argitzen du, Ihidoperen ustez, zergatik krisi ekonomikoarekin Bizik hazten segitu zuen beste mugimendu batzuk ahultzen edo desagertzen zirelarik: “Segitu dugu azpimarratzen biak elkar lotuak direla”.

Saretzean eragile

Biziren ezaugarri dira umorean oinarritu protestak —langile manifestazioetan janzki eta gorbatekin agertuz besteak beste—, baita sinbolika batzuen erabilpen militanteak ere, berriki Herriko Etxeetatik Macron presidentearen portretak hartzeko kanpainarekin agerikoa izan den bezala. 2013an Baionako Alternatiba herrixka antolatzearekin, berriz, saretzeko gaitasuna ere erakutsi zuen mugimenduak, alternatiba desberdinak elkartuz 12.000 bat pertsonaren parte hartzearekin.

Biziren bilan positiboaren parte da geroztik munduan gaindi eta bereziki frantziar estatuan egin diren Alternatiba herrixka desberdinak. Liburuan aipamen berezia du Pariseko Cop21 gailurrera joateko antolatu zuten Alternatiba bizikleta birak eta kontra-gailurraren antolaketak ere. Estatu mailan garatzea hautua izan zenez galdeturik, ezetz ihardesten du Etxeberrik: “Guk indar anitz egin dugu Alternatibak Euskal Herrian ere garatzeko: izan dira Zokoan, Donibane Garazin, Donostian, Bilbon, Iruñean… Lasarten izanen da bat hilabete honetan… Baina egia da Estatu frantziarrean, Kopenhage garaian eta ondotik, klima aldaketaren gaia plazaratu dela Hego Euskal Herrian baino gehiago, han —Estatu espainiar osoan bezala— krisi ekonomikoa izugarri azkarra izan delako, bere ondorioekin, eta gogoak horri begira zeuden”. Mugimenduak egiten dituen gogoeta prozesu erregularretan Hego Euskal Herrian Estatu frantziarrean baino eragin gutxiago ukan dutela ondorioztatua dute kideek, Etxeberrik dionaz.

Gehitzen du, halere, azken denboretan klima aldaketaren gaia gehiago aipatzen dela Hego Euskal Herrian ere: “Han sortzen balitz hemen Bizik egin duen gisa bereko mugimendu bat, han dagoen antolaketarako gaitasunarekin, Europako beste guneetan eragina ukan lezake guk Hexagonoan eragin dugun bezala”.

Erradikala eta pragmatikoa

Urtemuga, nola ez, aitzina begiratzeko parada da mugimenduko kideentzat. Gaur egungo testuinguruan, Mattin Ihidoperen hitzetan, “mugimendua masifikatzen segitzeko” beharra ikusten dute “baina erradikalizatzeko ere; ez baldin bada arduradun eta agintarien partetik jiten, guk behar dugu oinarritik hasi eraikitzen beste sistema alternatibo bat”.

Bere burua erradikal-pragmatikotzat definitzen du Bizik. Erradikalaren eta pragmatismoaren artean “kurtsorea kokatzen asmatzea” da gakoa, Etxeberrik dionaz: “Etengabe mugitu behar duzun kurtsore bat da, testuingurua etengabe aldatzen delako aktualitatearen arabera, zure borrokaren ondorioekin edo Estatu eta sistemaren erantzunaren arabera. Urte batez balio duenak ez du balio urte batzuk berantago”. Egokitzen ikasteko formakuntzak balore handia du kide historikoaren erranetan. Duela hamar urte, mugimendua sortu aitzin Manu Robles Arangiz fundazioak eskaini formakuntzetan ibili ziren sortzaileak, eta gaur egun ere kideak formatzen dira, berriki hamar egunez egin duten bezala.

Txetx Etxeberriren hitzetan, beste giltza antolaketa da: “Bestalde, gobernantza kolektiboak pisu handia du: lau urte oroz zazpi hilabete hartzen ditugu bilan sakon bat egiteko eta ibilbidea markatzeko. Gero bada berrogei pertsonaz osatu koordinaketa bat ere —hogei emazte eta hogei gizon—, lantalde guztietako kidez eta biltzar nagusian hautatu ordezkariez osatua, hamabost egun oroz biltzen dena eta kurtsorea etengabe bideratzen duena”.

“Kurtsorea” kokatzearen erronka, azken denboretan, bereziki garraioetan edo klimaren lurralde planean dute, Etxeberriren arabera: “Zer bataila eraman behar dugun gogoetatzen ari gara momentu hauetan. Gauza aski azkarrak izan behar dira beharrezko diren aldaketen neurrian izateko, baina aldi berean sobera ‘muturreko neurriak’ badira ezin dira kausitu”.

G7koen gailurra Biarritzera heltzearekin, Mattin Ihidopek uste du “bistan da behar dela eduki aldetik erakutsi hemen Euskal Herrian beste gizarte eredu bat entseatzen garela egiten. Hau ez dela Frantzia, Euskal Herria dela eta badela beste errealitate bat, besteak beste beste hizkuntza bat. Klimaren gaia entseatuko gara azaleratzen ere, gisa batez edo bestez”.

Baina kurtsorearen metaforari jarraiki, azpimarratzen du “tranpan ez erortzea” dela erronka, “aitzinetik idatzia den film txar bat bezala baita G7a: badira manifestazio baketsuak, badira bortizkeriak, bortizkeriari erantzuteko beste manifestazioak… G7a hala ere iragaten da eta aste batzuen buruan testuingurua ez da aldatu”. Horretan utzi beharreko indarrak neurtzeko premia ikusten du, bere ustez “esperantzetatik urrun gelditzeko arriskua” hor baita. Bizik hausnartuko du beraz nola parte hartuko duen estatu buruen gailurrean “sistema elikatuz” baino, “eraginkorrena zer den xerkatuz”.

…besta ere bai

Ospakizunek gogoetarako parada eskainiko badute ere, “hamar urte ospatzen dira!” Ihidoperen erranetan, eta “beharko da jin trago baten edatera, besta egitera”. Ekainaren 14tik 16ra Baionan estreinatu berri den Patxa plazan ospatuko dute lehen hamarkada, hiru egunetan. Biziko kideen hitzaldiak, geroari behakoak, larunbat gaueko kontzertuak edo igandeko bazkariak iragarriak dira, besteak beste. Mugimendua aurkezteko paradaz baliatuko dira larunbat goizean, “poteo militantearen” aitzakiarekin Biziko 21 lantaldek beren lana aurkeztuko baitute, interesa pizteko intentzioz. Zehaztasun gehiago ez, ordea, “familia giroan” eginen den ekintzarentzat: igande goizeko iragarri dute, mugimenduaren izpirituan: “%100 bortxa gabeko desobedientzia zibileko ekintza alai eta aldarrikatzailea”. Antolaketarako deia ere luzatu dute, 50 bat laguntzaile behar baitituzte.

“Mugarri bat pausatzen da, hamar urtez eta gehiagoz segitzeko nahiarekin”. Ihidopek borrokarako deia ere zabaltzen du “borroka horretan ez baikara sekula aski eta bakoitzak parte hartzen ahal baitu bere heinean, izan egunero, hilabetean behin edo ahal delarik. Baina ekarpen guztien artean lortzen ahal dugu, emeki-emeki, erronka horri erantzuten”. Jean Noel Etxeberri Txetx-ek: “Guk ez diogu jendeari erran nahi zer den ona, guk gure estrategia garatzen dugu uste dugulako batailak irabazteko balio duela, eraginkorra dela”.