Articles du Vendredi : Sélection du 7 juin 2013 !

Il fera 4 °C de plus en 2100 si rien n’est fait contre le CO2

AFP
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L’Assemblée résolue en faveur d’une fiscalité écologique

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/l-assemblee-resolue-en-faveur-d-une-fiscalite-ecologique,34958?xtor=EPR-9

Mobilisation nationale pour la collecte sélective des biodéchets

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/mobilisation-nationale-pour-la-collecte-selective-des-biodechets,34938?xtor=EPR-9

L’uranium a disparu des documents officiels‏ !

Bernard Laponche (Mediapart)
www.reporterre.net/spip.php?article4280

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Il fera 4 °C de plus en 2100 si rien n’est fait contre le CO2

AFP
www.lemonde.fr/planete/article/2013/06/04/il-fera-4-c-de-plus-en-2100-si-rien-n-est-fait-contre-le-co2_3423875_3244.html

Le climat de la France pourrait se réchauffer de 3,8 °C d’ici la fin du XXIe siècle, par rapport à la température actuelle, si l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) se poursuit au rythme actuel, selon une étude rendue publique lundi par le CNRS.

A l’échelle globale, seul un scénario comprenant des “mesures très agressives” pour réduire les émissions de CO2 permettrait de limiter la hausse de la température moyenne à 2 °C, la cible visée par les négociations internationales sur le climat, selon les chercheurs du laboratoire Sciences de l’univers au Cerfacs (Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique).

2 À 3 % D’AUGMENTATION PAR AN D’ÉMISSIONS DE CO2

L’étude, parue dans la revue Comptes rendus Geoscience, a consisté à évaluer les changements climatiques possibles en France à partir des données provenant de 25 modèles numériques internationaux. “Selon le scénario le plus sévère, le réchauffement, par rapport au climat présent, serait de 3,8 °C en moyenne annuelle à la fin du XXIe siècle, et plus fort en été (5,3 °C) qu’en hiver (3 °C). Dans un futur proche (sur la période 2020-2049), il serait de 1,4 °C (1,9 °C en été et 1,1 °C en hiver)”, indique le CNRS dans un communiqué.

Cette nouvelle évaluation est “plutôt une confirmation” de simulations précédentes et équivaudrait, en y ajoutant la hausse de 0,7 °C déjà acquise, à une augmentation de 4,5 °C en France par rapport à l’époque préindustrielle, a indiqué Laurent Terray, chercheur au Cerfacs. Ce scénario “le plus sévère” est “grosso modo un scénario qui dit : on continue à émettre au même rythme qu’actuellement, c’est-à-dire 2 à 3 % d’augmentation par an d’émissions de CO2, explique-t-il. Des mesures contre le CO2 permettraient de contenir ce réchauffement à 1,9 °C à la fin du siècle par rapport à aujourd’hui, voire 1,2 °C selon d’autres scénarios testés par les chercheurs.

LE SEUIL D’UN RÉCHAUFFEMENT DE 2 °C ATTEINT DÈS 2035 ?

L’étude, en comparant différents modèles, visait notamment à mieux identifier les nombreuses incertitudes liées aux projections climatiques. Pour les précipitations, où les incertitudes sont plus grandes encore que pour la température, l’étude montre “une diminution significative des précipitations en été, en particulier sur le sud de la France, et une faible augmentation en hiver, principalement pour le nord du territoire français”, selon le CNRS.

En parallèle, les chercheurs ont cherché à dater, à l’échelle de la planète, quand pourrait être atteint le seuil d’un réchauffement de 2 °C (par rapport à l’époque préindustrielle), retenu par la science pour éviter les conséquences les plus graves du réchauffement. Cela pourrait se produire, selon eux, dès 2035 à 2040 pour le scénario le plus sévère et entre 2040 et 2050 dans un scénario plus modéré.

“Le scénario le plus agressif” contre le CO2 est “le seul avec lequel on a une bonne probabilité de rester sous les 2 °C”, affirme Laurent Terray. Un scénario qui correspondrait, selon lui, à “une réduction des émissions très forte mais aussi à des mesures de captation et de séquestration du carbone importantes et un bouquet énergétique différent”.


L’Assemblée résolue en faveur d’une fiscalité écologique

Stéphanie Senet
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Les députés ont adopté, ce 4 juin, une résolution «en faveur de la fiscalité écologique au cœur d’un développement soutenable», soutenue par les groupes socialiste et écologiste et largement inspirée des travaux du Comité pour la fiscalité écologique.

Son fondement est de «tarifer l’usage et la dégradation des ressources naturelles» afin d’inciter les acteurs économiques à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement. Au passage, le texte rappelle à François Hollande ses engagements. Lors de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre dernier, le président n’avait-il pas déclaré souhaiter «une fiscalité qui taxe moins le travail mais plus les pollutions ou les atteintes à la nature, dissuade les mauvais comportements et accélère les mutations»?

Alors que le produit des taxes environnementales reste très faible en France par rapport à la moyenne européenne (4,4% du PIB contre 6,2% dans l’UE), les députés pressent le gouvernement d’agir dès la loi de finances 2014.

Anticipant les craintes d’atteinte à la compétitivité française ou de taxation accrue des ménages, la résolution avance deux exemples. La Suède, notent les députés, a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de près de 20% entre 1990 et 2009 grâce à une taxe carbone introduite en 1991 (qui s’élève à 114 euros la tonne en 2011). Dans le même temps, son PIB s’est accru de 50%. En taxant le pétrole, la Danemark a trouvé une source de financement pour les travaux d’isolation des bâtiments et la filière éolienne, devenue le premier employeur du pays et qui exporte aujourd’hui des équipements dans le monde entier.

Au final, les parlementaires donnent priorité au réexamen des mesures fiscales défavorables à l’environnement, qui permettrait de dégager 20 Md€ par an selon la Cour des comptes, notamment grâce à la fiscalité sur les carburants, et en réduisant l’écart actuel de 18 centimes qui sépare les fiscalités de l’essence et du diesel.

Deuxième piste: la contribution climat-énergie, à étendre à l’ensemble de l’économie, avec un démarrage à 32 €/t, pour atteindre 100 €/t en 2030. Comme le préconisait en son temps la commission Rocard. La résolution ajoute que des mesures d’accompagnement aux ménages et aux entreprises devront être prévues (allocation forfaitaire, crédit d’impôt, aides à l’investissement économisant l’énergie). Plus généralement, les députés ont voté en faveur d’une généralisation des taxes sur les consommations d’énergie, afin d’éviter le report des énergies fossiles sur l’énergie électrique, et en faveur d’une suppression des mesures fiscales destructrices de biodiversité. La fiscalité de l’eau et de la consommation d’espaces n’est pas suffisamment incitative selon eux.

Dans un communiqué commun, plusieurs ONG –dont France Nature Environnement, le réseau Action Climat, la Fondation Nicolas Hulot, Les Amis de la terre, le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), le WWF- ont salué le texte adopté dans l’après-midi, demandant au gouvernement «d’entendre les députés et d’agir avec volontarisme dès 2014». Elles demandent le début du rattrapage entre l’écart de taux de TICPE entre gazole et essence, l’introduction d’une contribution climat-énergie assortie d’un taux progressif dans le temps, les premières réformes fiscales en faveur de la biodiversité et la suppression des dérogations dommageables à l’environnement, à commencer par celle sur le kérosène. On pourrait ajouter la hausse de la TGAP sur l’incinération et la mise en décharge…

Selon Claude Bascompte, président des Amis de la terre Paris et membre du Comité de la fiscalité écologique (CFE), la résolution de l’Assemblée nationale est largement inspirée de la position de Christian de Perthuis, qui préside le CFE depuis le 18 décembre dernier. «La proposition du CFE sera votée le 13 juin prochain, mais une réunion préparatoire, organisée ce 4 juin, a étudié la création d’une contribution climat-énergie, et envisagé une convergence entre les fiscalités de l’essence et du diesel à l’horizon 2020.»

Selon lui, ces mesures ouvrent le champ du possible mais restent confinées autour d’un compromis mou. «Selon les 4 scénarios proposés par Bercy, on envisage au mieux une taxe carbone à 20 €/t, touchant aussi les secteurs soumis au système de quotas européen ETS, au pire à 7 €/t en excluant ces secteurs», explique-t-il. «Quant à la convergence entre les fiscalités du diesel et de l’essence, elle ne démarrerait pas avant 2015, pour aboutir en 2020 seulement, ce qui est très insuffisant.» Avec de telles mesures, la France restera loin de l’exemple suédois.

Mobilisation nationale pour la collecte sélective des biodéchets

Stéphanie Senet
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A l’initiative du Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), plusieurs associations lanceront un appel, demain 4 juin, auprès des responsables politiques pour qu’ils développent les collectes sélectives de biodéchets en France.

3% de la population: tel est le poids (plume) de la collecte sélective des biodéchets made in France. Seulement 2,2 millions d’habitants ont le privilège de détenir une poubelle spécifique pour leurs déchets alimentaires (1). Une situation très marginale en France, due au seul bon vouloir de la collectivité responsable de la gestion des déchets (la municipalité, l’intercommunalité ou le syndicat). Ceux-ci –un peu moins d’une centaine- ont permis de valoriser 205.000 tonnes de déchets putrescibles l’an dernier, majoritairement par la production de compost (56 kilogrammes par habitant et par an selon la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement ou Fnade).

Il faut ajouter à ces collectes les milliers d’initiatives de compostage partagé qui ont fleuri dans les écoles, les cours d’immeubles, les associations, etc. Aucune donnée chiffrée ne les comptabilise aujourd’hui, mais le nouveau site internet lancé par le Cniid (jeveuxmonbacbio.org) a pour mission de les recenser, afin qu’elles poursuivent leur essor.

Au bout du compte, ce ne reste qu’une goutte d’eau par rapport à l’Allemagne dont 50% de la population est équipée d’un collecteur de biodéchets (voir JDLE). Une goutte d’eau également par rapport aux 16,5 Mt de résidus compostables produits chaque année en France, selon les chiffres de la Fnade, et qui sont majoritairement incinérés (70 kg/hab/an) puis stockés (44 kg/hab/an). Infime, la méthanisation ne concerne qu’1% des biodéchets.

«Parmi les freins au développement de la collecte séparée des biodéchets, on observe avant tout le désarroi des collectivités. Elles hésitent à adopter le tri mécano-biologique, un investissement lourd, sur 25 ans, alors que les critiques s’accumulent et que la réglementation européenne à venir sur la sortie du statut de déchet devrait exclure les composts qui en sont issus. Mais elles ne sont pas convaincues d’investir pour autant dans la collecte sélective car elles craignent des coûts importants», analyse Laura Caniot, chargée de mission Prévention au Cniid. Pourtant, l’association a observé que la mise en place d’une collecte sélective de biodéchets améliore la qualité du tri des autres déchets et, au final, réduit le coût global de leur traitement.

D’autres études récentes confirment le bien-fondé de l’opération. En mars dernier, l’agence européenne de l’environnement notait que l’interdiction d’enfouir des déchets biodégradables et la mise en place de collectes sélectives de biodéchets augmentaient globalement les taux de recyclage et réduisaient la mise en décharge (voir JDLE). Même constat de la Cour des comptes européenne le 31 janvier dernier: la création d’une collecte séparée allège plus globalement la production de déchets municipaux (voir JDLE).

Lancée demain, la campagne du Cniid est soutenue par Agir pour l’environnement, Les Amis de la terre France, l’Appel de la Jeunesse, le Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler), la Fondation France Libertés, France Nature Environnement, Générations futures, le réseau Action-climat France, le réseau Compost citoyen, et le réseau Environnement-santé.

Déclinée en deux supports principaux –un site internet et une pétition-, elle s’adresse principalement aux autorités municipales, qui ont la compétence de mettre en place une collecte sélective, ainsi qu’au gouvernement, qui planche sur une future loi-cadre sur les déchets pour l’automne. Gageons que les prochaines élections municipales, en 2014, offriront un espace de choix à cette question.

(1) la définition des biodéchets peut varier selon les organismes. Il s’agit ici des déchets alimentaires, y compris carnés. Les déchets verts, ou de jardin, ne sont pas visés.

L’uranium a disparu des documents officiels‏ !

Bernard Laponche (Mediapart)
www.reporterre.net/spip.php?article4280

Depuis près d’un demi-siècle, le fer de lance de la politique énergétique de la France est la production d’électricité d’origine nucléaire : dix-neuf centrales équipées de cinquante-huit réacteurs nucléaires assurent 75% de la production d’électricité du pays.

Un réacteur nucléaire produit de la chaleur par la combinaison de la fission et de la réaction en chaîne dans les éléments combustibles, initialement constitués d’oxyde d’uranium. Cette production de chaleur permet de produire de la vapeur, puis de l’électricité grâce à un turboalternateur, par un cycle thermodynamique.

L’électricité d’origine nucléaire est donc produite par une centrale « thermique » tout à fait comparable dans son principe à une centrale à charbon. Dans ce dernier cas, la chaleur est produite par la combustion du charbon, dans le cas d’un réacteur nucléaire (que l’on appelle aussi souvent « chaudière nucléaire »), elle est produite à partir de la fission dans les éléments combustibles : la matière première de la production d’électricité d’origine nucléaire est l’uranium. Le rendement d’une « tranche nucléaire » (réacteur + turboalternateur) est de 33% (33 kWh d’électricité produits à partir de 100 kWh de chaleur produite dans le réacteur).

Quoi de plus naturel pour qui veut se renseigner sur ce fleuron de l’industrie énergétique de la France que de consulter le document de référence en la matière : le Bilan énergétique de la France pour 2011, publié en juillet 2012 dans la collection Références du Commissariat général au développement durable.

Ce document, gros de quatre-vingt-quatorze pages, fournit des informations extrêmement détaillées sur le charbon, le pétrole, le gaz naturel, les énergies renouvelables et les déchets, sources primaires de la consommation d’énergie en France. On y trouve les quantités consommées et leur évolution, les prix, les stocks, les pays de provenance, souvent de façon très détaillée, etc.

Mais, ô surprise, la source primaire « uranium » ne figure pas dans cette présentation (1). Non seulement l’uranium n’apparaît pas, mais pas non plus (pas une fois) la dénomination « réacteur nucléaire ». Quant à la « centrale nucléaire », on ne la trouve mentionnée qu’une fois, en page 84, en annexe, pour expliquer la façon dont l’électricité produite par une centrale nucléaire est comptabilisée dans le bilan énergétique.

Du coup, aucune information n’est fournie sur les quantités consommées et les stocks d’uranium, les pays d’origine (la totalité est importée), les implantations des centrales sur le territoire, les activités industrielles d’enrichissement de l’uranium, de retraitement des combustibles irradiés, les quantités de déchets radioactifs et leur stockage, etc.

Que l’on se rassure : ces disparitions ne sont pas sans raison. Puisque l’on a fait disparaître la véritable source primaire, cela permet sans rougir de présenter la quantité de chaleur produite dans le réacteur comme énergie primaire (2) et de la comptabiliser comme une énergie « nationale ». Le tour est joué et on nous présente un « taux d’indépendance nationale », rapport de la production nationale primaire à la consommation primaire totale, de plus de 53,5% !

Mais l’uranium est totalement importé, comme l’est la quasi-totalité des trois combustibles fossiles, soit au total environ 90% de la consommation d’énergie primaire. Par conséquent, avec la même définition du taux d’indépendance, celui-ci n’est que de 9,1%.

De fait, c’est la notion même d’un « taux d’indépendance énergétique » qui n’a guère de sens. L’utilisation d’un indicateur unique est beaucoup trop simplificatrice et l’appréciation de la sécurité énergétique doit être plus subtile, multicritère et analysée pour chaque source d’énergie et ses usages.

Serait-ce que l’utilisation de l’uranium est incompatible avec le développement durable ?

L’uranium : le vice caché du bilan énergétique français …

Notes

(1) Pour être plus exact, on ne trouve le mot « uranium » que deux fois, dans les rubriques relatives à la consommation d’électricité, où il est mentionné que la consommation d’électricité de la branche énergie comprend la « consommation nécessaire pour enrichir l’uranium » (page 41) et dans les notes de bas de page des tableaux des bilans énergétiques et électriques (page 61 et suivantes), avec la même explication. Le lecteur qui s’apercevrait de cette mention serait bien étonné de voir apparaître cet « enrichissement de l’uranium » alors qu’on ne parle pas du tout d’uranium dans tout le rapport. / (2) Et en plus appelée « électricité primaire », ce qui est une autre supercherie.